doing my best, but if you're not there... (léanche)

Dans la rivière qui bordait le bois, on entendait les rires de Jonah et les éclaboussements de l'eau qui se heurtaient contre le corps du petit garçon. « Arrête, arrête », qu'il gloussait au travers des attaques de rivière de la blonde qui lui donnait finalement ce qu'il quémandait : une pause. Elle s'approchait lentement de lui, levant les bras en l'air comme pour lui faire comprendre qu'elle ne cherchait pas une meilleure façon de l'attaquer à nouveau, venant tout près de lui pour parler à voix basse. Léo regardait sans doute la scène, de son petit coin d'île où il était, au sec. Blanche n'avait pas insisté, elle lui laissait cette solitude dont il avait semblé avoir besoin dans les derniers jours. Léo ne le lui avait pas dit avec des mots et son sourire charmeur qu'il revêtissait aurait pu en berner quelques-uns, mais pour Blanche, c'était différent. Elle l'avait trouvé tout habillé comme la veille dans son (leur, peut-être ?) grand lit, la main enflée, ivre de sa soirée précédente, l'odeur de whisky qui avait remplacé celle que la blonde aimait tant. Elle n'avait pas posé de questions, elle s'était plutôt occupée d'apposer un peu de glace sur l'enflure et de proposer sa présence aux urgences. Elle savait pourtant bien, la blonde, que quelque chose clochait. Mais ce quelque chose, ce n'était pas sa bataille. Et elle avait respecté son silence. Elle était aussi sans doute trop faible pour risquer d'affronter une crise entre eux, l'agression lui était toujours un peu fragilisant, elle ne s'en était pas totalement remise.

C'était un peu pour lui, un peu pour Jonah et un peu pour elle qu'elle avait donc proposé cette escapade d'une nuit dans la forêt. Une nuit dehors, à manger des guimauves autour d'un feu et, mais surtout, à regarder les étoiles. Mais avant ça, il fallait que la nuit tombe. Et si le campement était déjà bien installé depuis quelques heures maintenant, la nuit n'était pas encore tombée. Ils profitaient donc de la fin d'après-midi pour se baigner, soulager cette chaleur accablante qui enveloppait encore Bowen. À la hauteur de Jonah, Blanche lui murmura un plan fou dans lequel son père était la cible. Et le petit garçon ne se fit pas prier pour arroser Léo qui se tenait maintenant près de la rivière, avec ses gloussements d'enfants presque heureux. Blanche levait à nouveau les mains telle une innocente, mais fendit en rire rapidement. « C'est un peu ma faute, désolée ! », lâchait-elle avec sa gueule d'ange, tentant de l'amadouer.

Les éclats de rire de Jonah et Blanche s'envolaient dans les airs, ils faisaient sourire Léo sur sa berge, ils étaient légers, contagieux, bienfaiteurs. Blanche avait presque dû traîner son amant pour cette nuit au bord de l'eau, il n'était pas vraiment emballé au départ, mais Jonah avait capté leur conversation et comme s'il avait réellement besoin de prendre l'air, il avait sauté sur l'occasion, trépignent déjà d'impatience à l'idée de ce camping. Avec toutes les disputes entre ses parents ces derniers temps, Jon paraissait éteint, renfermé, alors en le voyant si heureux, Léo n'avait pas pu dire non. Et puis il lui devait bien ça, à Blanche, il se souvenait de son réveil, quelques semaines plus tôt, de cette main qui le faisait souffrir et de sa gueule de bois monumentale. Blanche était là, elle avait fait preuve d'une douceur exceptionnelle, elle avait pris soin de lui, sans rien dire, sans rien demander. Les jours qui avaient suivi avaient été rythmés par l'emménagement de la blonde chez son photographe favori, il n'avait pas vraiment pu aider à cause de sa main en écharpe et il s'en était voulu. Il avait vu le regard accusateur de Charlize sur lui, même s'il n'avait pas besoin de ça. Il se sentait déjà assez coupable, pour Blanche, pour Alba, les femmes de sa vie qu'il détruisait à petit feu. Sous ses airs d'homme qui n'avouait jamais ses erreurs et qui ne se remettait pas non plus en question, derrière ce regard orageux, il cogitait, Léo, il se posait tellement de questions, il se rongeait les sangs, incapable de savoir comment réparer. Cette sortie en pleine nature était déjà un premier pas, une bouffée d'air pour le couple et le petit garçon. Jonah était heureux, son père ne l'avait pas vu ainsi depuis bien longtemps, à tel point qu'il avait failli proposer à Alba de le garder en exclusivité parce que leur fils n'avait pas l'air bien chez lui. Mais finalement il ne savait pas non plus comment ça se passait chez elle, puisqu'ils ne communiquaient plus. Emerson savait qu'il devait faire des efforts pour communiquer avec son fils, pour ne pas lui faire ressentir son malaise. Et il devait également parler avec Blanche, la pauvre subissait les disputes de son compagnon et son ex, difficile pour elle de trouver sa place dans cette histoire. Pourtant elle l'avait, sa place, Léo voulait encore y croire, il voulait que les choses marchent entre eux, il la voulait, cette chance pour leur histoire. Perdu dans ses réflexions, un carnet de croquis qu'il tenait péniblement sur ses genoux, avec quelques gribouillis mais rien de concret, il regardait l'agitation face à lui sans vraiment la voir. Il ne remarqua donc pas que Jon et Blanche préparaient un coup contre lui, ni qu'il s'étaient approchés doucement pour lui lancer une gerbe d'eau dans le visage. Léo sursauta, elle était fraîche, Jonah s'écroula de rire et Blanche tentait de se contenir. Fut une époque où les jeux d'eau entre les deux amants étaient propices à des débordements bien plus intimes. Mais pas aujourd'hui. Léo rit face à l'hilarité de son fils. C'est pas juste ! On ne s'attaque pas à un homme déjà à terre ! Il se leva donc, s'approcha des deux complices, envoya une trombe d'eau à Blanche avec un pied. Puisque c'est de ta faute ! Puis il attrapa Jon sous le bras, je vais me venger, ahahah ! Rire diabolique, et le plongea dans l'eau, se mouillant également. Il n'était pas libre de tous ses mouvements mais qu'importe, il fallait qu'il se donne un coup de pied aux fesses, qu'il s'amuse, qu'il arrête de ruminer.

Elle acceptait. Elle ne pouvait pas comprendre, Blanche, mais elle acceptait. Elle ne pouvait pas comprendre, parce qu'elle n'était pas maman. Elle n'avait pas d'enfants, elle n'avait pas de relation avec sa propre mère non plus. Alors tout cet aspect de maternité, d'obligations familiales. Ce n'était pas parce qu'elle n'en avait pas voulu, d'enfants. Peut-être que si sa vie avait été différente, si elle avait rencontré d'autres hommes dans sa vie, si elle avait ouvert ses horizons, peut-être qu'elle aurait exprimé ce désir de fonder sa famille. Et peut-être pas, aussi, d'ailleurs. Mais à 16 ans, morte de trouille devant un monsieur Emerson autoritaire, elle n'avait eu d'autre choix que d'avorter cette seule opportunité à la famille qu'elle avait eu dans sa vie. Non pas qu'elle le regrettait, mais il en était ainsi. Alors, Blanche, elle ne comprenait pas ce que Léo et Alba vivaient, mais elle acceptait. Elle acceptait pour Jonah qui n'avait rien demandé de tout ça. Elle acceptait parce qu'ils s'étaient dit les choses, Léo et elle, depuis presque un an. Et qu'elle avait exprimé ses peurs, mieux que jamais, et qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes : ils s'aimaient, ils en avaient marre de se fuir et se poursuivre comme des souris. Ils avaient besoin d'une pause, de douceur et de tendresse entre eux. Ils avaient besoin de se retrouver. Et c'est ce que Blanche avait cherché aussi à faire comprendre à Emerson lorsqu'elle avait accepté finalement cette offre de retrouver la vie à deux qu'il ne cessait de lui proposer, cette maison qui, finalement, était peut-être un peu sienne aussi, comme il se disait si bien. Mais les choses ne s'étaient pas faites en claquant des doigts non plus. Blanche avait pris quelques temps pour déménager ses effets personnels, elle en avait peu ça avait donc été plutôt simple. Ses meubles, elle les avait laissé au studio dans l'espoir de trouver un locataire qui chercherait un chez-soi meublé. Si elle ne trouvait pas, elle aviserait. Mais pour le coup, ça valait la peine d'essayer. D'essayer vraiment. Ce n'était pas un échappatoire, ce n'était pas dans le but d'avoir un chez soi au cas où tout échouait, Blanche voulait réellement mettre toutes ses chances dans cette relation qu'elle mourrait envie de consommer librement depuis trop longtemps. Mais si vraiment les choses se complexifiaient, au moins elle ne débarquerait pas chez Charlize, encore, telle une sans domicile fixe.

Alors, comme elle acceptait sans comprendre, Blanche s'était faite discrète dans les dernières jours. Elle s'était faite toute petite. Elle avait accepté parfois l'impatience de son homme sur elle, alors qu'elle aurait eu besoin de douceur et de réconfort. Parce qu'il n'y avait pas que lui qui vivait une passe difficile. Elle aussi, elle en vivait une. Elle s'était fait agressée. Et même si dormir à deux l'aidait vraiment à ne plus être morte de trouille, elle aussi, elle avait ses journées dures. Mais elle ne disait rien, par respect envers la générosité de Léo. L'optique de ce weekend à la belle étoile, c'était de leur changer les idées, à tous. À Jonah, à Léo, à Blanche. Et pour l'instant, cela semblait fonctionner avec le petit Jon qui riait aux éclats et qui se laissait embarquer dans toutes les idées folles de Cambridge. La dernière en date, d'ailleurs, avait été d'attaquer son paternel, ce qu'il avait réussi avec brio. Léo en bon mauvais perdant, se leva pour faire avaler une tasse d'eau à la blonde qui laissa un rire franc tapisser l'air. « J'accepte ma sentence », soufflait-elle en levant les bras, vaincue. Il s'attaqua ensuite à Jon, qui riait de plus belle, et voulant observé ce moment à deux, Blanche s'était retirée sans même le remarquer. L'eau perlait sur sa peau dénudée, elle attrapa une serviette posée sur le bord de la rive pour se sécher et s'envola l'espace d'une minute, le temps de revenir près d'eux avec une citronnade dans une bouteille retenant la fraîcheur et trois verres. « Un petit remontant les garçons ? » Elle s'était vite rhabillée, posant un short en jean par dessus son maillot de bain.

Blanche détestait les conflits, ce n'était pas pour rien qu'elle avait longtemps accueilli Léo, encore et encore, au fil des années, sans quasiment jamais rien lui dire. Il l'avait ains prise pour une femme qui manquait de caractère, de répondant. Et pourtant il se trompait, c'était une de ses forces, à la belle tatoueuse, elle se battait pour ce à quoi elle croyait, c'était une amoureuse, dans le plus joli sens du terme. Elle se battait pour ceux qu'elle aimait et Léo avait une chance folle d'être parmi ceux là. C'est pourquoi elle refusait à nouveau de laisser le négatif s'installer, elle avait imaginé cette sortie en forêt, elle avait tout prévu pour que Léo retrouve le sourire et la complicité avec son fils. Il restait sur la défensive au départ, un peu en retrait, laissant Jonah et Blanche s'amuser dans l'eau, griffonnant sur son carnet sans trop y réfléchir. Mais une nouvelle fois il se laissa surprendre par les ressources de la jeune femme, inépuisables. Elle entraînait le petit blond dans ses coups fourrés et c'était payant, le photographe réagit , il se prit au jeu de lancer de l'eau sur la blonde qui capitulait rapidement, laissant le père et le fils se battre dans le cours d'eau. A la fin ils étaient tous les deux trempés jusqu'aux os mais ils s'en moquaient pas mal. Léo n'avait même pas remarqué que Blanche s'était éclipsé, à vrai dire ça faisait longtemps qu'il ne s'était pas amusé de la sorte et ça faisait du bien à son moral. Même les traits de son visage étaient moins tirés, il redevenait le Léo que tout le monde aimait. Quand Cambridge réapparu elle avait un pichet de citronnade entre les mains et un sourire sincère ourlait ses lèvres. Les garçons se redressèrent en cœur, Jonah, trop heureux, se précipita vers elle et demanda un verre poliment avant d'aller s'asseoir sur la berge. Léo suivit avec un petit sourire en regardant la belle. J'en veux bien aussi s'il te plaît. Tandis qu'elle le servait, il s'approcha, gardant tout de même une petite distance, parce qu'il se savait observé du coin de l'œil par son fils. Il se pencha doucement vers elle pour chuchoter. Je préférais la tenue moins habillée miss Cambridge. Quoi que son petit short était, à sa façon, tout à fait sexy. Toujours est-il qu'il revenait à ses humeurs badine, preuve que cette petite escapade commençait à porter ses fruits auprès du déprimé. Ils prirent le goûter en riant en écoutant l'eau couler et les oiseaux chanter, au bord de la rivière il ne faisait pas si chaud et c'était agréable. Après ils décidèrent de se balader autour de leur campement pour trouver des branchages pour leur feu de camp du soir. Et alors que Jon marchait joyeusement en tête, Léo attrapa la main de Blanche. Merci d'avoir insisté pour cette sortie. C'est une bonne idée, Jon est heureux. Et lui, est ce qu'il était heureux ? Auprès d'elle il l'était, oui, mais pas sur qu'elle en soit consciente.

Quelque chose tracassait Léo. Blanche le connaissait comme personne, elle avait appris, avec les années, à enregistrer ses humeurs, à les analyser. À force, elle savait lorsque quelque chose clochait. Elle en connaissait rarement les raisons, Léo détestait les discussions aussi sérieuses et ne s'était jamais réellement livré à la blonde. Ce qui fonctionnait pour eux, dans une situation pareille, c'était l'amour charnel qui les électrifiait. C'était dans des moments comme celui-ci que la blonde devenait la parfaite échappatoire de Emerson. Mais cette fois, c'était plus grave qu'à l'habitude, que toutes ces années où Blanche avait été la maîtresse qui ne posait pas de questions, parce qu'il avait même pris des distances physiques avec elle. Et la blonde, elle n'avait pas forcé le destin. Elle acceptait, silencieuse, préférant éviter les conflits supplémentaires, se doutant bien que Emerson n'était pas en état de se prendre une prise de bec de la part de la nouvellement copine délaissée. Ils dormaient tous les deux, ensemble, mais sans vraiment l'être, chacun de leur côté dans le grand lit de la chambre du photographe. Par moment, il venait poser une main sur la taille fine de Cambridge ou une caresse sur ses cuisses dénudées la nuit. Mais ils ne s'étaient pas retrouvés, physiquement, depuis ce matin où elle l'avait retrouvé ivre de la veille, la main éclatée.

Dans ses mains, Blanche portait un pichet froid de citronnade, interrompait les rires des deux garçons aussi gamin l'un que l'autre. Jonah, poli petit homme, la servait de s'il vous plaît et de merci alors que Blanche lui versait un verre qu'il buvait sans perdre de temps, posant ses fesses sur la berge. Léo était remonté vers elle moins rapidement que l'enfant, un sourire qui fit du bien à la blonde sur les lèvres. L'effet que ce sourire lui faisait était indescriptible, il lui passait un courant électrique dans tout le corps. Il lui faisait du bien. Il la rassurait. Et, à cet instant, elle ne se sentit pas de trop. Pas comme toutes les nuits précédentes. Pas comme toutes ces fois où elle s'était demandé si emménager avec lui était finalement une si bonne idée. Pourtant, ça avait été le souhait d'Emerson des mois durant, à partir du moment où elle avait claqué la porte la première fois. Et maintenant qu'il l'avait pour elle, Léo ne semblait même pas en être heureux. « Avec plaisir », soufflait Blanche en lui servait un verre également. Et lorsqu'elle lui tendit, il se pencha plus près que nécessaire, lui glissant à l'oreille une réplique qui la fit à son tour sourire. « Fut un temps où tu me l'aurais fait comprendre autrement », répondit-elle en le regardant, moqueuse.

Jonah avait avalé sa dernière bouchée de sandwich en complimentant l'accord de Blanche. Elle riait, elle qui n'avait que mis quelques tranches de viande entre deux pains, rien de gastronomique. Et à peine le repas pris que le petit homme voulait passer à l'exploration du site. Il avait fait un plan pour le feu du soir, avait calculé le nombre de branches exactes qu'il leur faudrait pour faire un feu en plus de celles qu'ils utiliseraient pour faire griller des guimauves. Enfin, nombre exact, c'était selon le gamin. À son plan, Blanche et Léo rajouteraient sans doute quelques branches afin que le feu brûle durant quelques heures plutôt qu'un très généreux cinq minutes. L'important, c'était que Jon était heureux. Et la mission, elle avait été largement remplie déjà. Alors qu'il s'amusait à sauter d'un rocher à l'autre, s'imaginant un monde bien à lui dans lequel il était le héros, Blanche et Léo trottaient derrière. La douceur de la main du photographe rencontra celle de Cambridge qui serra ses doigts contre ceux de l'homme. « C'était rien, vraiment », soufflait-elle. « Tu en avais aussi besoin, toi aussi », se risquait la blonde. Il avait besoin d'être loin de tout ce qui te préoccupe dans son quotidien. « T'as pas besoin de me le dire pour que je comprenne que tu n'es pas bien... J'espère seulement que là, en ce moment, tu es bien. »

Ce qui tracassait Léo, il ne pouvait pas en parler à Blanche, pas de tout en tout cas. C'était entre sa conscience et lui, c'était une affaire de sentiments contraires, de cette dualité, toujours la même, celle qui faisait de lui l'homme instable qu'elle avait trop bien connu. C'était une question d'attirance, de désir et de confiance surtout. C'était une question de femmes, comme toujours avec Léo, et malheureusement pour elle, Blanche était toujours dans ces histoires, malgré elle. Cette fois-ci pourtant il n'avait pas intérêt à faire d'écart, il savait que c'était sa dernière chance avec la blonde, elle avait déjà trop donné, trop subit, trop souffert à cause de son amant terrible. Alors il avait résisté à toucher Alba, il l'avait virée de chez lui quand pourtant il aurait eu envie qu'elle reste, pour préserver sa belle histoire avec Cambridge. Et ça le rendait malade, pas de se priver d'elle, mais d'avoir monté un mur entre son ex et lui, d'avoir été odieux, pour qu'elle le déteste, pour rendre les choses plus simples. Sauf que rien ne l'était, simple, quand il s'agissait de sentiments et depuis, Emerson se sentait mal, coupable, pour les deux femmes, en colère contre lui et frustré en même temps. Plus le temps passait, au bord de cette rivière, plus il avait l'espoir que cette escapade lui fasse du bien, lui fasse oublier ses écarts, pour mieux se rappeler combien il l'aimait, Blanche. Et quand il voyait la complicité entre elle et Jonah, à quel point c'était simple entre la jeune femme et son fils, il se prenait à sourire. L'attirance physique, elle aussi, renaissait, dans les détails, dans les vêtements de Blanche, dans sa sensualité naturelle. La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvé sexuellement datait d'avant cette fameuse soirée, depuis Léo ne l'avait plus touchée, ou à peine que ça en devenait anecdotique. Même le soir de son emménagement, alors qu'elle passait sa première nuit dans leur nouvelle vie à deux et que ç'aurait dû être le moment parfait pour marquer à nouveau de leurs corps tous les endroits de cette maison, il n'avait rien fait. Il avait plutôt passé son temps à lorgner sur le mur défoncé de son salon, témoin de sa rage contre toute cette situation. Il se savait froid, glacial même, envers celle qui n'avait rien demandé d'autre que d'être aimée comme elle l'aimait. A tel point que même si l'amour était encore présent, dans tout son être, quand il la regardait, Léo n'était pas certain d'être capable de le lui montrer correctement. Il devait pourtant essayer, pour eux. A cette époque on n'avait pas de petit monstre dans les pattes ! Emerson regardait son fils avec tendresse, Jon était l'excuse parfaite, il fallait l'avouer. Après le goûter joyeux et un dîner frugal près du campement, Jonah décréta qu'il avait besoin de dix branches pour faire un feu convenable, dix, pas une de plus, parce qu'il avait appris, la semaine passée, à compter correctement jusqu'à ce nombre à l'école et qu'il en était très fier ! La balade en forêt s'imposait donc, toute une aventure pour le petit garçon qui s'amusait follement. En fin de cortège, les amoureux se retrouvèrent enfin, timidement. Ce n'est pas rien, non. Tu ne te rends pas compte de tout ce que tu fais pour lui. Il baissa les yeux, elle avait raison, lui aussi en avait besoin. Oui, moi aussi. Merci. Il la fixa quelques secondes, étrangement Blanche fuyait son regard, peut être avait-elle peur d'y lire qu'il y avait une autre femme, on lisait tellement de choses dans les yeux azures de son compagnon, bien plus que ce qu'il disait oralement. Là, en ce moment, je ne voudrais être nulle part ailleurs. Qu'avec toi. Il soupira, esquissa un sourire doux et sincère. Il avait du mal à parler, les mots s'étranglaient dans sa gorge, alors qu'il aurait tant aimé être capable de lui parler de son mal.