On ne choisit pas sa famille mais... [Perring]

Vendredi soir, Perry allait passer d'un moment à l'autre pour récupérer Siobhan pour le week-end. Cela faisait deux jours qu'Isaiah lui avait annoncé qu'il n'était plus certain de vouloir des enfants. Deux jours qu'elle ne trouvait pas le courage de lui parler de sa grossesse. A vrai dire, elle ne savait même pas si elle devait lui en parler. Est-ce qu'elle devait simplement faire comme si cet "enfant" dans son ventre n'avait jamais existé ? Aller à l'hôpital, prendre le cachet, et oublier ? N'en parler à personne ? Elle était complètement perdue, et elle ne savait pas quoi faire de sa détresse. Elle restait là, adosser contre le mur en regardant Siobhan colorier sans vraiment la regarder.

Elle non plus, elle n'aurait pu ne jamais naître, ou du moins, ne jamais connaître ce foyer-là. Si Perry n'avait pas été là, il ne faisait aucun doute qu'elle aurait mis sa fille à l'adoption. Parce qu'à l'époque, elle était incapable de gérer un enfant toute seule. Que ça lui était tombé du ciel, comme ça. Mais à force de patience, d'amour, et de soutient, Siobhan avait prit une grande place dans sa vie. Est-ce qu'elle serait capable d'abandonner son petit frère, sa petite sœur ? Est-ce que...

Les yeux sur la tête blonde de sa fille, elle sentit une larme couler sur sa joue. Est-ce qu'elle pouvait mettre fin à ce début de vie qui s'était accroché ? Est-ce que ça pouvait être aussi facile, après l'avoir désespérément attendu pendant des mois ? Son coeur lui faisait mal rien que d'y penser. Sous l'impulsion, elle prit sa fille dans ses bras, la serrant fort contre elle. Et si elle s'était débarrassée d'elle comme elle envisageait de le faire ? Non, elle ne pouvait pas...

Elle entendit toquer à la porte et se redressa, lâchant Siobhan pour se laisser tomber sur une chaise, la main sur le ventre.

-Ca doit être papa !

Se forçant à lui sourire, elle acquiesça d'un petit signe de tête.

-Oui, sûrement, va lui ouvrir ma puce.

Perry entra et elle détourna le regard. Elle se sentait encore plus perdue, et en même temps, elle sentait qu'elle avait déjà prit sa décision. Une partie d'elle en tout cas.

Comme souvent les vendredis soirs, Perry passait chez Aisling pour récupérer ou déposer leur fille. Depuis qu’il était revenu ils avaient convenu d’un système de garde qui semblait leur convenir à tous les deux. Chacun a leur fille autant de temps, que ce soit la semaine ou le week-end. Il y a parfois des jours où ils s’arrangent, par exemple lorsque l’un ou l’autre a prévu quelque chose et tout cela se passe dans une entente assez cordiale. S’ils ne sont pas toujours d’accord tous les deux et que leurs discussions sont parfois tendues, pour ce qui est de leur fille ils arrivent souvent à s’entendre et à trouver un accord rapidement. Ils savent tous les deux qu’ils ne veulent que le bien de Siobhan, son père étant du genre papa poule un peu trop protecteur parfois. Il sait bien que cette situation n’est pas idéale mais leur fille semble assez bien le vivre même si elle a rapidement compris, depuis qu’elle a des petits camarades de classe que sa famille n’est pas vraiment ordinaire. Elle n’a jamais connu ses parents ensemble, à vivre sous le même toit et elle a même vécu pendant un moment quasiment que avec sa mère, malgré les allers-retours réguliers de Perry entre l’Australie et les États-Unis. A présent les choses sont beaucoup plus stables et le jeune homme a l’habitude du trajet entre son appartement et la maison de la blonde. En arrivant, il toque à la porte. Celle-ci s’ouvre sans qu’il ne voit personne derrière mais en baissant la tête il voit sa fille qui est venu lui ouvrir, ça le fait sourire. Il la prend dans ses bras et lui dit « Bonjour mon cœur ! Tes affaires sont prêtes ? » lui demande-t-il avant de la déposer et qu’elle lui réponde « Vais les chercher. » Elle s'en va dans sa chambre pour récupérer ce dont elle a besoin. Il relève ensuite la tête vers Aisling pour lui dire « Salut ! » Il remarque qu’elle n’a pas l’air vraiment dans son assiette. Il n’est pas vraiment très doué pour remarquer ce genre de choses globalement mais il connaît la blonde et vu sa tête, une personne normale aurait aussi remarqué un truc qui cloche. « Ça va ? » demanda-t-il un peu inquiet. En général quand ils se voient elle est plutôt neutre ou énervée mais pas triste.

Aisling ne faisait pas de difficulté dans el partage de la garde de Siobhan. Mais ce n'était pas parce qu'elle vivait dans le monde des bisounours avec Perry, c'est parce qu'elle ne voulait pas faire de mal à sa fille. Ô combien elle aurait aimé l'avoir plus, la voir plus souvent, et ô combien elle trouvait ça légitime ! Perry s'était barré pendant des mois en leur abandonnant leur fille alors qu'elle n'était pas prête, et il revenait comme une fleur, maintenant, pour partager la garde. Même dans dix ans, Aisling l'aurait toujours en travers de la gorge, ce culot. Mais elle n'avait pas l'intention de priver sa fille de son père, surtout que Perry était un bon père, en tout cas, selon ses standards à elle. Elle savait bien qu'il ne ferait rien qui nuirait à leur fille, même s'ils avaient des différents, elle lui faisait au moins confiance là-dessus. Et le sourire de Sio' quand elle allait ou revenait de chez Perry ne trompait pas.

A vrai dire, elle ne détestait pas Perry. Mais elle aurait aimé le détester. Leur relation était un peu particulière, et c'était parfois émotionnellement difficile à gérer pour Aisling. Il faut dire qu'elle n'avait jamais su gérer ses émotions, et que Perry n'avait jamais réussi à les accueillir avec tact. Et pourtant... A cet instant précis, alors qu'il passait le seuil de sa porte et lui demandait si ça allait, elle ne trouvait absolument personne d'autre à qui se confier. Elle leva la tête vers lui à sa question, n'arrivant pas à cacher ses émotions. Sa main restait sur son ventre, elle essayait de chercher ses mots.

-Je...

Elle tourna la tête pour vérifier que Siobhan ne revenait pas en courant.

-Pas vraiment, c'est compliqué.

Elle prit son visage dans ses mains, fermant les yeux un instant.

-Isaiah n'est plus certain de vouloir des enfants. Le problème c'est que...

Elle leva ses yeux clairs vers Perry.

-Je suis enceinte. Et maintenant je ne sais pas comment je vais pouvoir lui dire.

Perry se doute bien que si la blonde a des soucis, ce n’est pas forcément vers lui qu’elle ira pour se confier. Ils ont été proches à une époque, mais les choses ont changé et il l’a trop blessé pour que leur relation redevienne celle qu’ils ont connu il y a quelques années. Il ne faisait pas vraiment exprès. Ce n’est pas vraiment dans sa nature de vouloir blesser les gens ou d’être méchant mais avec elle il a toujours été maladroit, il n’a jamais trop su comment exprimer les choses pour qu’elles ne soient pas blessantes. Malgré tout, leur relation reste cordiale et ils ne font pas partis de ces parents qui font tout pour que l’autre ne voit pas leur enfant. La priorité de Perry a toujours été la famille, que ce soit la sienne au Texas ou ses filles. Il fera toujours tout pour leur bonheur, quitte parfois à être un peu trop papa poule et conciliant. Il sait tout de même les gronder mais il a du mal à être sérieux dans ces situations.

Le jeune homme repère que quelque chose ne va pas, même si ce n’est peut-être rien. Il ne s’attendait pas à ce qu’Aisling lui parle de ses problèmes, pensant qu’elle les mettrait de côté d’un revers de main. Pourtant elle lui confie, tristement, qu’Isaiah ne semble plus aussi sûr de vouloir devenir père mais que c’est trop tard car elle est enceinte et elle ne lui a pas dit. Perry met quelques secondes à assimiler l’information. Si elle ne s’est jamais vraiment confié à lui sur le sujet, il sait qu’elle et Isaiah voulait un enfant et pour l’instant ça ne semblait pas porter ses fruits. Il la prit dans ses bras sans rien dire, essayant de ne pas parler trop vite pour une fois. « Je suis sûr que si tu lui dis, il sera heureux, ça arrive d’avoir des doutes. » explique-t-il calmement. Lui même, il y a quelques années, il ne se voyait pas père et pourtant quand il a reçu cette lettre lui annonçant qu’il était le dernier parent connu de Penny et que s’il ne l’adoptait pas, elle irait en foyer, il n’a pas hésité longtemps. La voir arriver dans sa vie est sans doute une des meilleures choses qui lui soit arrivée, avec la naissance de Siobhan.

Aisling fut surprise qu'il la prenne dans ses bras. Elle resta muette et immobile quelques instants, avant de finalement passer ses bras autour de lui à son tour. Elle appuya doucement sa tête contre lui. Ca faisait du bien, de le dire, de se soulager, mais aussi d'être câlinée. Ca ne résoudrait pas son problème, c'était certain. Mais, pendant quelques instants, avant que sa fille ne l'abandonne pour aller rejoindre son père, elle se sentirait un peu moins seule.

Elle secoua doucement la tête, presque imperceptiblement.

-Je... Je ne suis pas sûre, ce n'était pas que des doutes, il...

Elle prit une profonde inspiration.

-Il avait l'air de remettre tellement de choses en question.

Elle resserra ses bras autour de Perry, crispant son visage de toutes ses forces pour ne pas pleurer.

-Si... Si jamais je lui dis et qu'il n'en veut pas, qu'est-ce que je vais faire, Perry ?

Elle avait tellement peur Aisling, peur d'être rejetée, que sa grossesse soit rejetée. Et puis... Si Isaiah lui mentait ? S'il lui disait qu'il était heureux et qu'il voulait du bébé alors que c'était faux ? Est-ce qu'elle saurait le déceler, est-ce qu'elle ferait semblant d'y croire pour son propre confort ?

De manière générale, Perry n’est pas le meilleur conseiller lorsqu’il s’agit de choses sérieuses, Aisling le sait bien. Mais avec les enfants, il en a connu des surprises, des émotions, il peut comprendre les doute qu’il est possible d’avoir à l’idée de devenir père. Lui a été mis devant le fait accompli, n’ayant à chaque fois pas prévu d’avoir un enfant. Mais il sait qu’il n’a jamais regretté que ses filles soient nées et qu’il les aime plus que tout. Le jeune homme explique qu’Isaiah doit avoir des doutes mais qu’il changera d’avis si la blonde lui annonce sa grossesse. Elle lui explique que ce n’était pas seulement des doutes mais que c’était plus que ça. Perry caresse son dos avec sa main pour la rassurer même s’il sait bien que ça ne sera pas suffisant. « Remettre quoi en question ? » demanda-t-il alors. S’il n’y a pas que le fait d’avoir un enfant qu’il pourrait remettre en question, que peut-il y avoir d’autres ? A-t-il des doutes par rapport à sa relation avec la jeune femme ? Perry n’a pas envie qu’elle souffre même si ça semble déjà trop tard. Si lui n’a pas réussi à la rendre heureuse, essentiellement par sa faute à lui, il a tout de même envie qu’Isaiah le puisse. « Tu le connais mieux que moi mais Isaiah est un gars bien, il va pas t’abandonner, toi et le bébé. Je sais qu’il a certains principes et tout mais l’amour d’un père pour son enfant ça dépasse tout ça. Pareil pour une mère, tu le sais bien. » Lui n’a pas toujours été présent pour Siobhan mais il a toujours fait au mieux pour la voir, bien qu’Aisling ait dû gérer une grosse partie sans être prête. Au début elle n’en voulait pas de cet enfant et puis Perry a su la convaincre petit à petit, à apprendre à l’aimer. Si elle a pu le faire, Isaiah aussi.

Aisling avait toujours eu du mal à s'exprimer. C'était pour elle, fondamentalement difficile. Parce qu'elle se sentait vulnérable quand elle le faisait. Parce qu'elle n'avait pas envie de compter sur les autres pour se sentir mieux. Parce que... Elle pourrait sûrement trouver plein de raisons. Mais elle devait faire un effort, pour avancer, pour que Perry puisse l'aider, même si c'était un peu étrange à imaginer, Perry qui l'aide.

-Le... Que... Le monde dans lequel on dit. Le fait qu'il y ait encore un espoir... Ce genre de choses... Je... Je ne l'ai pas écouté avec assez de compassion parce que j'étais tellement... bouleversée.

Admettre qu'elle était bouleversée était un effort en soit. Il était si difficile pour elle d'être tout sans-dessus-dessous, qu'elle pouvait être ébranlée.

-Peut-être...

Elle se pinça les lèvres, retint ses larmes.

-Et s'il acceptait tout ça juste par... responsabilité ? Mais qu'il n'était pas heureux ?

Elle appuya son visage contre Perry.

-J'ai tellement peur...

Sa voix tremblait.

-Pourtant je... je suis sûre qu'il ferait un très bon papa. Et qu'il aimerait ça. Il aime tellement faire découvrir des choses aux autres... Il ne peut pas se priver de ça juste parce que... parce que la planète va mal... Il n'y peut rien...

Perry écouta attentivement Aisling, ce n’est pas le moment de merder en ne captant que moitié des informations. Elle lui fait confiance pour se confier à lui, il n’a pas envie que la relation qu’ils ont pris du temps à construire ces derniers mois s’effondre comme un château de cartes parce qu’il ne fait pas les choses bien, comme à chaque fois. La jeune femme expliqua que son copain a remis en cause l’avenir du monde et leur place sur terre lors de cette conversation. Ça ne l’étonnait pas vraiment. Il connaît suffisamment Isaiah pour savoir que ses convictions écologiques sont très importantes pour lui. Il ne pensait cependant pas que ça pourrait remettre autant de choses en question. Il ne voudrait donc plus avoir d’enfant pour préserver la planète ? Pour le préserver de la future planète ? Il préfère ne pas trop demander de détails à la jeune femme qui a l’air déjà suffisamment bouleversée comme ça, il hocha simplement la tête, la rassurant sur le fait que son copain ne va pas abandonner un enfant, ça ne serait pas son genre. « Il sera heureux. Il l’a voulu cet enfant, ça arrive d’avoir des doutes. Peut-être qu’il se dit que pour la planète ça serait mieux de pas en avoir mais c’est pas pour ça qu’il ne serait pas heureux d’être papa au final. Je suis sûr que vouloir transmettre sa manière de penser à votre enfant ça lui ferait très plaisir. » expliqua-t-il simplement. Il ne peut se mettre à la place ni de l’un ni de l’autre, il tente d’imaginer toutes les choses qu’Isaiah peut ressentir. « Mais tu dois lui parler, tu peux plus lui cacher. »

Heureux... Aisling serait comblée si Isaiah était heureux de la nouvelle. Mais est-ce que ce sera vraiment le cas ? Elle savait que s'il faisait semblant, s'il accueillait la situation malgré lui, en faisant comme si tout allait bien, en se convaincant lui-même que ça lui allait, ça la détruirait. Elle ne voulait pas faire de mal à Isaiah, le rendre malheureux, l'emprisonner.

-Je... C'est ce que je crois aussi... Qu'il... Est fait pour ça, tu vois ? Un peu comme toi. Pas de la même façon que toi mais... Je pense qu'il ferait un très bon papa et j'ai toujours cru que c'était ce qu'il voulait mais si je me trompais ?

Elle prit sa tête dans ses mains quelques instants, soupirant.

-Je ne veux pas... Je ne peux pas lui imposer quelque chose d'aussi important.

Aisling essuya les dernières larmes qui coulaient au coin de ses yeux et acquiesça d'un signe de tête.

-Je sais que c'est ce qu'il faut que je fasse... Mais je n'arrive pas à... rassembler mon courage. J'ai l'impression que je vais faire une crise d'angoisse à chaque fois.

Perry comprenait les doutes de la jeune femme. La situation n’est pas simple. Au moins en temps qu’homme, il n’aura jamais ce genre de dilemme, il n’aura jamais à annoncer à quelqu’un qu’il attend un enfant de l’autre personne. A part si dans le futur les hommes peuvent tomber enceinte mais pour l’instant ça ne semble pas vraiment être la priorité de la médecine. « Oui je pense aussi mais vu c’que tu me dis il veut être père mais c’est le monde qui l’entoure qui lui fait peur. » Il tentait d’aider Aisling comme il pouvait mais il ne sait pas quel autre conseil il pourrait lui donner à part discuter. Ce n’est pas le genre de discussion facile à avoir mais elle ne peut pas repousser indéfiniment la chose. « Si tu veux j’pourrais essayer de lui parler, juste pour avoir son avis sans lui dire que t’es enceinte tu vois...ou quelqu’un d’autre qui soit un peu plus subtile que moi ! Mais en tout cas si tu veux que j’t’aide pour un truc j’suis là. » répondit-il avec un sourire affectueux. Il sait bien qu’il n’est pas le plus doué en matière de discrétion mais dans tous les cas il va bien devoir tenir sa langue jusqu’à ce qu’elle parle au futur papa, histoire de ne pas tout gâcher.

Aisling était perdu, amis Perry semblait rationnel. Etonnamment rationnel par rapport à leurs discussions habituelles d'ailleurs. Mais c'était de cela qu'elle avait besoin aujourd'hui, de quelqu'un qui voyait les solutions plutôt que les problèmes.

-Oui je... je crois aussi.

A sa proposition, la blonde secoua doucement la tête de gauche à droite avant d'avoir un petit rire, entre ses larmes, alors qu'il parlait de subtilité.

-Je ne crois pas pouvoir te confier ce genre de tâche, tu ne sais pas mentir.

Elle lui sourit finalement et prit doucement sa main dans la sienne, la serrant un peu.

-Merci d'être là, Perry.

Elle esquissa un petit sourire.

-J'avais besoin d'en parler.

Perry s’étonnait lui-même de ne pas être de si mauvais conseil au final. Serait-il devenu un minimum mature et censé avec le temps ? C’est bien possible, la paternité et la trentaine doivent y être pour quelque chose. Il proposa de parler subtilement à Isaiah de la paternité mais il se doutait bien que sa proposition ne serait pas très bien accueillie. Aisling a raison, il serait incapable de ne rien dire et de ne pas faire de bourde, ce qui n’arrangerait pas vraiment la situation. « Ouais t’as raison mais maintenant que je le sais, va pas falloir que tu attendes trop pour lui dire parce que chaque moment où je le verrai sera une possibilité de gaffe. » dit-il en souriant. Elle le remercia d’être là. Il était touché par ces mots, sachant ce que tout cela représentait pour eux, la confiance, la présence. « J’sais que j’ai fait des conneries mais j’suis là, peu importe où j’suis en vrai, si t’as besoin de parler, j’suis là. » Ils sont liés pour toute leur vie avec Siobhan alors il ne risque pas de ne plus jamais la revoir, quoi qu’il arrive.

Effectivement, il était évident que maintenant qu'elle l'avait dit à quelqu'un, la nouvelle pouvait s'ébruiter. Pas que Perry allait le crier sur tous les toits, mais c'était Perry. Elle pouvait aussi se dire qu'il n'avait pas vraiment de raison de trop voir Isaiah en ce moment étant donné qu'il était dans sa caravane et pas à la maison.

-Va falloir que tu évites de le voir surtout !

Elle esquissa tout de même un sourire.

-Non, je sais qu'il faut que je finisse par en parler. C'est le moment...

Elle ne pouvait pas reculer l'échéance indéfiniment. Reculer pour mieux sauter... Ca n'avait jamais été quelque chose de vraiment convaincant.

Aisling hocha doucement la tête alors qu'il lui assurait qu'il était là pour l'écouter. Leur relation devenait spéciale avec le temps. Enfin, elle l'avait toujours été. Mais elle évoluait différemment.

-Merci, j'espère un jour pouvoir te rendre la pareille.

Perry s’imaginait devoir se cacher dès qu’il croiserait Isaiah. Bon, il n’y a pas forcément trop de raisons qu’il le croise mais on ne sait jamais, entre deux boîtes de pâtes et de sauce tomate, ce qu’il peut se passer au supermarché. Ce serait d’autant plus dur à expliquer si Siobhan est là. Il ne pourra pas lui dire : ne t’inquiète, je me cache parce que ta maman va avoir un enfant et tu vas avoir un petit frère ou une petite sœur mais chut faut pas le dire. Parce que oui, il n’y a pas qu’au petit copain d’Aisling à qui il ne doit rien dire, mais à leur fille aussi. Elle ne le harcèle pas de questions concernant un potentiel futur enfant donc ça ne devrait pas être si dur mais un accident est si vite arrivé. « Oui, si tu le fais pas je t’enverrai des messages jusqu’à c’que tu le fasses. » répondit-il en riant. Il fut heureux de voir que si lui même avait des problèmes, il pouvait venir la voir et qu’elle essaierait de le conseiller au mieux. « Si jamais j’ai besoin de quelqu’un, j’sais que j’peux compter sur toi. »

Aisling eut un petit rire aux fausses menaces de Perry. Même si... il était bien capable de le faire. Il aurait probablement tellement peur de ne pas savoir garder le secret qu'il paniquerait à chaque nouveau jour où la nouvelle ne serait pas officielle.

-N'en fais pas trop, je me sentirais obligée de riposter sinon !

La blonde acquiesça d'un signe de tête à ses mots. Oui, il pouvait compter sur elle. Et tout le monde ne pouvait pas dire ça. Elle ferait au moins de son mieux.

Siobhan finit par redescendre avec son sac et prêt et campa aux pieds de son père.

-Je suis prête !

Se penchant vers elle, Aisling embrassa sa fille dans les cheveux avant de relever le regard vers Perry.

-Passer un bon week-end tous les deux.