that's my girl (letícia)

Rien de mieux pour me remonter le moral que de sortir et voir du monde. J’ai changé de boulot mais je n’ai toujours pas trouvé de quoi mon futur sera fait et ça me bouffe mais je n’ai pas envie de passer ma vie à déprimer dans ma chambre ou dans les bars. J’ai envoyé un message à Leti’ pour savoir si elle était dispo pour qu’on se fasse une petite sortie à deux. Ça fait un moment qu’on s’est pas vu et je me suis dit que ça pourrait me changer les idées de discuter un peu. Et puis j’ai aussi besoin de quelques conseils sur de futurs achats. On se donne rendez-vous devant le sex shop de Bowen pour une petite séance shopping. Je sais qu’il y a des gens qui pourraient trouver ça bizarre mais je vois pas pourquoi acheter des sex-toys ou autres trucs du genre devraient se faire en solo ou en ayant honte. Je me cache pas pour acheter une robe alors je vois pas pourquoi je devrais le faire pour le reste. Et puis, je découvre une toute nouvelle facette de ma sexualité en couchant avec des femmes, j’ai envie d’explorer ce qui se fait de ce côté là et sortir un peu de mes habitudes. Je prends mes affaires que je fourre dans mon petit sac à dos et je file vers le lieu du rendez-vous. J’arrive à peu près à l’heure. Arrivant à la hauteur de mon amie je lui dis « Salut ! Prête pour un peu d’shopping ? »

Ces derniers mois Letícia connut de gros chargements notamment son départ en tant que barmaid, mais pas que. Elle vivait son histoire d'amour avec une confiance aveugle pour l'avenir, une grande première pour cette femme qui n'avait vécut que des relations tumultueuses. Même si sa vie désormais ne tournait qu'autour de Fede elle essayait de voir ses amies, notamment Vega avec qui elle avait justement rendez-vous dans un sex-shop. La sexualité de Letícia n'était pas tabou, elle avait simplement son petit jardin secret comme tout le monde. Par ailleurs, elle s'apprêtait à faire un petit achat ou deux pour pimenter ses nuits déjà bien satisfaisantes avec son bel italien. Arrivées au point de rencontre, les deux femmes se saluèrent chaleureusement. Oui prête! assura-t-elle gaiement. J'espère qu'on ne va pas voir de vieux pervers. rigola Letícia qui vit une vieil homme en costume rentrer. Elle rentrèrent alors dans la boutique côte à côte et toutes les têtes présentes tournèrent vers elles. Il n'y avait aucun homme. Letí se retint d'éclater de rire. On fait le tour? suggéra-t-elle alors qu'elle réprimait un sourire. Elle aurait aimé avoir l'air le plus naturel possible mais les regards appuyés de certains clients l'amusait.

Avant de venir je me suis un peu renseignée sur les différents accessoires que je pourrais acheter pour explorer ma nouvelle sexualité. Ashlee m’a aussi donné quelques conseils, elle a bien plus d’expérience sur le sujet que moi. J’ai fait une petite sélection en essayant de garder un budget raisonnable, même si je n’ai plus autant de frais universitaires, je ne croule pas non plus sous l’argent et je n’ai pas envie de me retrouver dans le rouge parce que j’ai acheté trop de sex-toys. En arrivant mon amie me confie qu’elle espère ne pas tomber sur des vieux pervers, je la rassure « T’en fais pas, ils seront bien trop occupés à regarder les vitrines. » Enfin j’espère, je n’ai pas vraiment envie de gâcher ma sortie en m’engueulant avec un gars pour essayer de lui faire comprendre que son comportement n’est pas normal. En entrant je jette un coup d’œil à la ronde. En général j’achète ce dont j’ai besoin sur internet alors je ne suis pas trop familière avec l’endroit. « Ouep. Tu sais ce que tu veux toi ? » je lui demande alors. Aux dernières nouvelles elle est toujours avec son copain mais je n’ai pas vraiment de détails sur leur vie sexuelle.

L’innocence de Vega fait sourire Leti. Elle n’est pas aussi certaine que les clients ne les regardent pas. Sans prétention, bien entendu. Mais il y avait très peu de femmes qui venaient dans ce genre d’endroit. D’ailleurs bien que Leti se sente très libre avec sa vie sexuelle, ce n’est pas pour autant qu’elle venait ici très souvent. Elle aussi avait l’habitude de passer sur internet, mais être sur place avait ses avantages. Elles pourront toutes deux visualiser le produit.  J’ai envie de m’acheter un vibro, viens. Leti l’entraine aussitôt  dans un rayon. T’as entendu parler du « womanizer » ?  Il y a plein d’avis positifs sur internet. Ça coute une blinde, mais j’ai trop envie d’en prendre un. Elle jette un œil dans les étagères pour voir si elle trouve le fameux vibromasseur. Si elle y était très intéressée ce n’était pas que pour la bonne publicité que le produit reflétait, Leti aimait aussi pimenter ses ébats avec ce genre de petit accessoire.

Tandis qu’on se balade entre les rayons, Leti m’explique qu’elle aimerait bien s’acheter un vibro mais pas n’importe lequel, le roi des vibros, le womanizer. J’en ai forcément entendu parler, dès qu’il y a un article qui parle du top des vibros il est dedans. Le principal problème étant qu’il coûte super cher et que de mon côté je n’ai pas vraiment envie de dépenser autant pour un appareil. « Ouais j’en ai entendu parler. Si tu le prends, faudra que tu m’dises si c’est si bien que ça. Mais j’ai vu qu’il a plusieurs options donc au moins même s’il coûte cher, ça permet quand même de varier les plaisirs. » Je regarde dans les vitrines autour de moi les différents objets. Je sors mon téléphone pour regarder ma petite liste. Je ne sais pas si je vais trouver mon bonheur dans ce coin. Comment est organisé un sex-shop ? Je n’en ai aucune idée. Je ne sais pas vraiment dans quelle catégorie se classent les objets que j’ai sélectionné. « Tu as aussi prévu de prendre des trucs que tu peux utiliser avec Fede ? Fin autre chose qu’un vibro quoi. »

Le womanizer était le produit phare en ce moment. Letícia en avait entendu parler, Vega aussi. Les médias vantaient les mérites du vibromasseur. Silencieux, avec différentes variations de vibration, waterproof, il avait effectivement la réputation de coûter cher mais de d'obtenir un orgasme assuré. Vu le prix, j'espère bien. lui fit-elle remarquer avant de prendre une boite entre les mains. Le prix indiquait 170 dollars pour le coffret collector. Elle le prit en rouge, sa couleur de prédilection. Fede approuvera, songea-t-elle.  Non pas vraiment. Je me suis dis qu'on allait déjà bien s'amuser avec ça. avoua-t-elle avec un sourire malicieux. Pas que leur vie sexuelle était monotone, bien au contraire, mais elle avait déjà hâte de l'essayer. Avec cette arme, Fede accomplira des prouesses, une fois de plus. Et toi tu voulais acheter quoi? demanda Letícia à son tour.

Leti n’a pas tord, pour le prix vaut mieux espérer qu’il a plusieurs options. Enfin des fois, ça coûte cher et au final le résultat est décevant. Mais là les critiques sont relativement unanimes sur la question. De mon côté je ne suis pas prête à dépenser aussi cher pour un seul truc. Surtout que j’ai fait toute une sélection d’objets divers et variés dont j’ignorais l’existence il y a encore quelques jours. « C’est un bon début ! » Je lui réponds en souriant avant qu’elle ne me demande ce que je compte acheter. « Euh...je sais plus à quoi correspond chaque nom mais j’ai une petite liste. » lui dis-je en montrant mon téléphone. « C’est des trucs qui sont plus utilisés dans les relations lesbiennes du coup je découvre. » Je sais plus trop de ce dont je l’ai informée sur ma vie sexuelle, notamment ma découverte de l’homosexualité et du fait que je suis un peu paumée sur ma sexualité.

Le choix de Letí se porta sur un seul et unique objet, qui était déjà coûteux mais dont la réputation n'était plus à démordre. Elle avait la certitude qu'elle allait bien s'amuser avec Fede, et que ce soir en rentrant elle n'hésitera pas à l'essayer pour la première fois sous une lingerie quasi transparente. Maintenant qu'elle avait trouvé son bonheur, elle demanda à Vega ce qu'elle voulait acheter de son coté. Elle lui parla d'une liste. Fais voir ça. lui dit-elle avant qu'elle ne lui tende son téléphone. Il s'agissait surtout d'objets utilisés par les lesbiennes. Letí regarda Vega d'un air surpris. Ah oui tu vois une fille en ce moment? s'étonna Leti, qui jugeait la bisexualité comme un sujet banal. Bien qu'elle était une hétéro convaincue, elle comprenait qu'une femme pouvait être attirée par les deux sexes. Chaque individu ne choisit pas sa sexualité, selon elle on ne devient pas bisexuelle du jour au lendemain, c'est quelque chose qui est en nous depuis toujours et que l'on peut, en revanche, le découvrir par soi-même plus tard.  Peut-être était-ce le cas pour son amie Vega.

Je suis bien contente que Leti ait trouvé son bonheur que ce soit pour ce dont nous sommes venues ou même dans sa vie de couple. Je sais qu'il n'y a encore pas si longtemps elle ne s'imaginait pas finir casée et puis elle a rencontré Fede. J'aimerais bien finir par rencontrer quelqu'un et être bien mais de ce côté là je n'ai pas trop de chance alors je préfère juste arrêter d'y penser et peut être qu'un jour je trouverais le perfect match. En attendant je lui parle de ma petite liste et de tous ces objets que je n'ai jamais testé. Elle regarde un peu ce qu'il y a dedans et me demande si je vois une fille en ce moment. « Nan rien de sérieux mais ouais j'ai commencé à élargir mes horizons, je voulais tester et au final ça me plaît bien. » J'ai jamais eu de problèmes avec ma sexualité mais avant je ne m'étais jamais posé la question de mon orientation, comme si je ne pouvais être qu'hétéro. Au final je découvre que j'aime aussi mes femmes. Je ne sais pas jusqu'à quel point, je ne sais pas si c'est purement sexuel mais j'ai envie de découvrir toute cette partie de moi dont j'ignorais l'existence.

Au fil de la conversation, alors que les deux amies traversaient les rayons, Vega montra son intérêt pour les objets plus destinés aux lesbiennes. Une grande première car Letí n'avait souvenir que Vega fréquente des hommes. Mais oui tu as raison, pourquoi se priver? lui dit-elle en haussant les épaules. Et puis ce n'était pas comme si c'était un choix. L'attirance est une question d'alchimie, songeait-elle. Pour sa part elle n'avait connu que des hommes, beaucoup d'hommes. Les femmes, aussi superbes qu'elles soient, ne l'avait jamais attiré. Elle trouvait ça plutôt bien que son amie voit d'autres horizons. Le principal, après tout, c'était qu'elle soit heureuse. Vega lui fit comprendre toutefois qu'elle ne vivait pas quelque chose de sérieux. Cela suffisait assez pour éveiller la curiosité de Letícia. Comment s'appelle cette fille? Ça fait longtemps que tu la connais ou la vois? interrogea-t-elle avide d'avoir plus de détails.

Je savais que Leti ne serait pas du genre à me faire des réflexions mal placées sur ma sexualité, c’est pour ça que je l’aime bien, elle s’en fiche de tout ça, elle ne juge pas les gens pour ce qu’ils aiment, ce qui les attirent. Après tout on se retrouve dans un sex-shop pour une sortie entre copines alors je pense qu’il lui en faut un peu plus que ma découverte de mon attirance pour les femmes pour la perturber. Je reste assez vague sur mes fréquentations parce qu’après tout il n’y a pas grand-chose à dire. Mais mon amie, dans sa grande curiosité, me questionne. Je ne peux m’empêcher de rire. « Il n’y a pas de fille, spécialement. » Je lui réponds. Enfin si, il y a Ash mais c’est tellement la galère avec elle, on ne peut pas vraiment parler de relation durable ou quoi que ce soit. « J’me laisse porter pour l’instant. » J’ajoute avant de lui demander « Ça t’a jamais tenté toi, de tester avec une femme ? » J’ai pas envie qu’elle pense que je lui propose un truc mais ça m’intéresse de savoir si elle a pu vivre des expériences dans le genre.

Devant le rayon destiné aux jouets lesbiens, Vega confia à Letí qu'elle avait "élargie" ses horizons. Tout de suite dans sa tête, elle s'était dit qu'elle avait rencontré une fille. Son côté fleur bleue avait exclu l'hypothèse qu'elle pouvait papillonner et butiner à sa guise.  Ah je pensais qu'il y en avait une qui t'avais tapé dans l'œil lui dit-elle sur ton d'excuse face à ce malentendu. Elle avait oublié qu'elle aussi avait été dans cette phase. Pas de relation sérieuse, pas d'histoire d'amour. En revanche elle n'avait jamais tenté quoique ce soit avec une autre femme. Oui, enfin pas plus que ça. J'ai toujours été attiré par les hommes alors je me suis jamais vraiment posé la question admit Letícia. Et puis maintenant qu'elle était folle amoureuse de Fede, elle ne voyait même plus les autres hommes. Si autrefois la jeune femme aimait papillonner, désormais elle avait la certitude d'avoir trouvé le bon. C'était un sentiment très puissant qu'elle n'arrivait pas à l'expliquer. D'ailleurs cela ne devait pas être si différent pour son orientation sexuelle. On ne choisit pas d'être hétéro, homo ou bisexuelle. Je pense que ce genre de chose ne se décide pas, pas vrai? Vega ne se serait pas forcé à avoir une quelconque relation avec une femme si elle ne se sentait pas attirée par elle. Et l'attirance, ne se contrôle pas.

Je ris en voyant Leti comme s’excuser d’avoir pensé que je pourrais avoir une femme en vue, une avec qui ça serait un peu plus qu’un coup d’un soir. « T’as pas totalement tord mais c’est juste qu’au final ça a pas abouti à grand-chose pour tout un tas de raisons. » Et je préfère pas me prendre la tête là-dessus. Tout ne peut pas toujours marcher, moi ça fonctionne quand même jamais trop mais on va dire que je suis encore jeune, j’ai toute la vie devant moi. Et je suis pas contre les coups d’un soir mais même ceux là aboutissent à des trucs foireux alors au bout d’un moment je vais pas devenir none non plus. Mon amie m’explique qu’elle s’est jamais sentie attirée par les femmes donc elle ne s’est jamais trop questionné sur sa sexualité. « Ouais je vois, moi aussi. P’t’être que si je m’étais jamais posée la question je serai restée hétéro sans me rendre compte que les femmes me plaisent aussi. » Je réponds en haussant les épaules. « Nan ça se décide pas, y’en a qui disent ça mais c’est vraiment du bullshit. » Les gens qui sortent qu’une femme est lesbienne parce qu’elle n’a pas trouvé le bon mec ou juste parce qu’elle a été déçue des autres hommes ça me fait vraiment bondir.

Vega prenait sa vie amoureuse avec légèreté et Leti ne pouvait qu’approuver cette philosophie dont elle avait partagé pendant longtemps, elle aussi. « Faut pas te prendre la tête, quand ça ne va pas, ça ne va pas. Ça sert à rien de forcer le destin. » approuva Leticia qui en avait fait les frais autrefois. Maintenant qu’elle avait Fede dans sa vie, elle réalisait qu’elle avait perdu bien trop de temps et d’énergie pour des histoires / des hommes, sans importance. Cette fois, elle savait qu’elle avait trouvé « le bon ». Depuis, elle ne se posait plus de questions et encore moins concernant son orientation. « Mais c’est bien que tu l’aies découvert, ça doit ouvrir pas mal d’horizons maintenant ? Enfin, je veux dire, t’es à l’aise d’en parler ? » interrogea Leti, qui se disait que le lieu était idéal pour soulever tous les tabous. Les deux amies n’en avaient pas forcément, mais c’était une telle nouveauté dans la vie de Vega que Leti ne pouvait s’empêcher d’être un peu plus curieuse à ce sujet.

Ne plus me prendre la tête c’est bien ce que j’ai décidé de faire, que ce soit dans ma vie amoureuse ou ma vie en général. Je crois que des fois je réfléchie trop, je pense trop. Alors qu’il faudrait juste que je laisse les choses se faire, naturellement. Au final ça ne l’a pas fait avec Ash, tant pis, ma vie n’est pas finie et je la laisse dans le passé et voilà. Sauf qu’on se parle parfois par messages et ça ne m’aide pas forcément à tout oublier. Mais je fais au mieux. « De toute façon je crois que même si j’essayais de forcer le destin, il me ferait comprendre que c’est lui qui décide. » Je réponds à mon amie en riant. Pour l’instant j’ai un karma pourri en amour, tant pis, il faut juste que je m’y fasse et un jour ça changera, j’espère. C’est pas que je demande une grande histoire d’amour digne d’un téléfilm romantique mais juste un truc qui soit pas une catastrophe à tous les niveaux. Pour changer, légèrement, de sujet, on parle de mon orientation et ma découverte de mon attirance pour les femmes, attirance que Leti ne partage mais je sais qu’elle est très ouverte. Je ne pourrais pas être amie avec elle si ce n’était pas le cas de toute façon. « Oui, ça change pas mal de choses. Mais non t’inquiète ça me dérange pas d’en parler, j’suis pas du tout gênée par ça ou quoi. »