unbreak the broken (jamie/jonas)

Est-ce que tu as bien fait, Jonas, de tout plaquer pour atterrir dans ce trou paumé. Aurais-tu perdu la raison en même temps que la mémoire, voilà ce que t’a dit ton père avant ton départ, mais il ne t’a pas empêché de quitter Perth, votre fief, parce qu’il a confiance en toi, tu ne l’as jamais déçu. Pantin de tes parents, tu n’es jamais à contre-courant de leur avis, mais ton amour incommensurable pour Jamie était ingérable, est ingérable, il te désinhibe, t’empêche de faire fonctionner normalement ton cerveau formaté depuis l’enfance. Est-ce que cette fille t’a marabouté, tu te poses sérieusement la question. Alors malgré les avertissements de ton grand frère, tu es persuadé que débarquer à Bowen était la seule chose à faire. Quoiqu’il en soit, tu ne peux pas vivre sans ton cœur, et c’est elle qui le détient. Absorbé par tes pensées sentimentales, la voix de ton GPS te fait regagner la terre ferme, il semblerait que tu sois arrivé à destination : le modique tribunal de Bowen. Le moteur vrombissant de ta Audi R8 incite des regards curieux à se retourner sur ton passage. Les quelques places de parking disponibles sont prises, alors tant pis, tu n’as aucun scrupule à te stationner sur un emplacement réservé aux handicapés. À l’affût de la moindre personne qui franchit les portes du bâtiment, planqué dans ta voiture de sport, tu ressembles à un tueur en série à la recherche d’une potentielle victime. Un tueur en série à l’élégance indiscutable, comme à ton habitude ; costume trois pièces, chaussures de circonstance, ta plus belle montre au poignée et des Ray-Ban Clubmaster couleur écaille, une tenue casual à tes yeux. Il se passe des secondes, des minutes, des heures, tu verrouilles et déverrouilles l’écran de ton iPhone une centaine de fois, tu juges la dégaine des passants dans la rue, tu te regardes plusieurs fois dans ton retro intérieur et au bout d’une éternité elle apparaît, Jamie. En quittant ton bolide, tu saisis à une main le bouquet de roses rouges et l’écrin posés sur le siège passager, puis tu presses le pas pour ne pas qu’elle t’échappe. Une fois planté devant elle, lunettes sur le nez, tu les enlèves pour que tes yeux verts aillent à la rencontre des siens. Un sourire se dessine sur ton visage apaisé, le visage d’un homme qui a retrouvé sa moitié. “Tu m’as manqué chaque seconde de chaque jour.” Ta voix s’enraille, traduisant la sincérité de tes mots. Et de la manière la plus naturelle possible, tu l’embrasses passionnément.

En ce moment, les choses étaient un peu compliquées pour Jamie, mais elle voyait les zones d’ombre disparaitre au fur et à mesure. Elle devait laisser Owen faire sa vie, après tout c’était elle qui n’avait pas répondu à ses excuses. C’était elle qui avait décidé de mettre fin à cette relation qui était quand même bien amochée. Puis elle avait Carter. Cet anglais lui faisait battre son cœur à mille à l’heure. Son passé trouble faisait douter Jamie, mais elle l’aimait. Jamais il n’avait été violent avec elle, c’était même tout le contraire. Depuis qu’elle le connaissait il la couvrait de câlin et de tendresse. Il l’a faisait rire et il y avait bien longtemps qu’elle ne s’était sentie aussi bien dans les bras de quelqu’un. Alors peut-être qu’elle ferait une erreur, mais il préférait vivre sa vie que de ne rien faire de peur d’être blessée. Ce soir elle avait décidé d’aller chez lui. Certes il lui avait menti mais que pour son bien. Elle serait capable de passer outre son passé parce qu’il lui faisait ressentir des tonnes d’émotion qu’elle ne voulait pas rejeter. Mais pour le moment, elle était concentrée sur son affaire. Pour une fois, il ne s’agissait pas pour l’avocate idéaliste de protéger un océan ou une terre. Non cette fois-ci, elle s’occupait d’une femme qui avait subi des agressions en raison de ses origines. L’acte délictuel était motivé par des raisons racistes et haineuses. Jamie ne pouvait pas rester passive devant ce genre d’action. L’Australie était malheureusement pas avance quand il s’agissait des agressions discriminatoires en raison des origines autochtones. Le procès durait plusieurs heures et évidemment le délibéré ne se ferait pas de suite. C’était vers dix-huit heures qu’elle sortait enfin du tribunal, fatiguée mais sereine quant au verdict. Elle n’avait qu’une hâte, rentrer chez elle pour prendre sa douche et rejoindre Carter. Mais elle fut stopper par cet homme qui s’arrêtait devant elle avec un imposant bouquet de rose rouge. Elle s’arrêtait avant de le reconnaître. « Jonas … » C’était lui. Elle reconnaîtrait ses yeux verts n’importe où et ce sourire si chaleureux qu’il lui avait offert tellement de fois. La rousse n’arrivait pas à comprendre pourquoi son ex mari était devant elle à Bowen, avec un bouquet de fleur et un sourire ravageur. Ce n’était que quand il l’embrassait que l’avocate retrouvait tout ses esprits. Elle le repoussait aussitôt. « Mais ça ne va pas ! » Ils ne s’étaient pas revus depuis au moins deux ans et aux dernières nouvelles, ils se détestaient. « Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?! » Disait-elle hors d’elle.