unbreak the broken (ruby)

laying in the silence, waiting for the sirens. signs, any signs i'm alive still.

Il avait dû dormir deux ou trois heures tout au plus, pas franchement étonnant lorsqu’on connaissait son rythme de vie et sa manière de gérer son temps. Il avait passé la soirée à travailler, lui à qui on confiait de plus en plus souvent les fermetures au Wojna’s, chose qui n’était pas pour lui déplaire. Ne trouvant pas le sommeil après son service, Levi était finalement rentré chez lui, ayant en tête de peindre jusqu’à l’aube, jusqu’à ce que son corps ne réponde plus de rien, que le sommeil ne finisse par l’emporter. Et il s’était finalement endormi comme ça, se réveillant en apercevant le pinceau tombé sur le sol du salon, devant la toile encore fraîche, Levi s’étirant avant de rejoindre la douche pour se préparer à cette nouvelle journée. Conscient qu’il ne parviendrait pas à tenir debout toute la journée sans caféine, il traîna son corps à peine réveillé jusqu’au Starbucks, commandant la boisson la plus grande que l’enseigne possédait, pensant qu’il lui fallait au moins ça pour tenir jusqu’à son service. Il eut la confirmation que ses insomnies le rendaient catastrophique lorsqu’il trébucha maladroitement contre un pied de table, à deux doigts de renverser sa boisson qui se trouvait fort heureusement protégée par un couvercle. « Merde, j’suis désolé… Tout va bien ? » Souffla-t-il, vérifiant dans la précipitation que son interlocutrice n’avait pas été impactée par sa maladresse, son regard n’ayant toujours pas croisé celui de la femme qui se trouvait devant lui.

Cette garde avait été interminable. Il y avait eu plein d’accouchement cette nuit à Bowen, mais surtout trois urgentes pour lesquelles Ruby avait dû intervenir. Habilitée pour les chirurgies, elle avait dû prévoir deux césariennes. Fatiguée et las, elle n’avait pas la force pour l’instant de rentrer chez elle. Il lui fallait de la caféine, beaucoup de caféine et en intra-veineuse si c’était possible. Heureusement qu’elle avait sa journée de libre et qu’elle n’allait au cabinet que le lendemain après-midi. Il fallait qu’elle choisisse entre le cabinet ou l’hôpital parce que le rythme n’était plus possible. Sauf, qu’elle ne voulait pas choisir, elle aimait les deux aspects du travail. Elle essayait de négocier avec le directeur de l’hôpital d’installer son cabinet au sein de celui-ci pour suivre des patientes tout en restant active en tant que gynécologue de cet hôpital, ainsi elle pourrait combiner ce qu’elle aimait. Pour l’instant, son cerveau n’était pas apte à réfléchir, elle s’arrêtait au Starbucks. Habituellement, elle marchait cent cinquante mètres de plus pour aller dans un salon de thé plus local, mais pas aujourd’hui. Il lui fallait une bonne dose de caféine maintenant. A la grande surprise de la serveuse, elle ne commandait pas un mais deux café. Elle profitait de cette petite pause pour sortir son livre du moment. Elle ne lisait que depuis une dizaine de minute quand elle fut arraché de sa lecteur par un coup de pied au niveau de son mollet. Le coupable ? Il essayait de se rattraper comme il le pouvait. « Ce n’est rien, ce sont des choses … » Elle le connaissait. Sur le coup, elle cru à un rêve, sûrement à cause de la fatigue. « Levi ? » Demandait-elle pour être sûr. D’après ses souvenirs, Levi n’était pas australien et elle ne le connaissait pas de Bowen.

Il ne s’accordait aucune pause, incapable de ralentir le rythme, lui qui avait l’impression qu’on lui avait déjà bien trop longtemps imposé une vie qu’il n’avait jamais choisie. Il avait peur de rater quelque chose, de se réveiller avec des regrets, d’avoir perdu du temps à se concentrer sur des futilités alors que les années s’écoulaient. Levi, il voulait vivre à mille à l’heure, ressentir l’adrénaline dans chaque pore de sa peau, dans chaque cellule de son corps. Comme avant. Bien évidemment, ce choix de rythme ne pouvait avoir que des répercussions, notamment sur sa concentration, sur son attention bien moins en alerte. C’était ce que lui confirma sa maladresse matinale lorsqu’il trébucha malencontreusement après avoir commandé son café, immédiatement inquiet pour la victime de son inattention. « J’aurais dû faire attention… » Lâcha-t-il, affichant une moue désolée, jusqu’à ce que son prénom ne retentisse au milieu de cette conversation sans qu’il ne s’y attende. « Décidément, le hasard fait vraiment bien les choses. » S’amusa-t-il après avoir laissé quelques secondes de silence s’écouler, le temps de lui permettre de resituer ce visage qu’il n’avait pas oublié. « Comment tu vas ? J’ai l’impression que ça fait une éternité. » Admit-il, esquissant un faible sourire, lui qui en venait presque à ne plus regretter d’avoir été aussi maladroit.

Les yeux concentrés sur sa lecture, Ruby était une sphère où rien ne l’atteignait. La fatigue avait tendance chez elle à réduire son champ d’attention. Elle ne prêtait d’attention qu’à son livre. Elle sursauta de surprise quand on trébuchait sur son pied. Ce fut un retour brutal à la réalité. Elle sortit de ses pensées et de son livre en un instant, retrouvant ses esprits pas aussi facilement que lorsqu’elle était bien éveillée. S’inquiétant pour l’homme, elle relevait la tête. C’était lui, Levi. Elle le connaissait. Un souvenir d’un voyage, même un doux souvenirs. Jamais elle ne pensait le revoir à Bowen. Il faisait partie de ces rencontres qui marquent mais qui souvent restent éphémère. Le revoir en chair et en os fit sourire la gynécologue. « C’est ça ! Tu aurais pu trébucher sur n’importe qui d’autre. » Surtout au Starbucks alors que Ruby n’y va presque jamais. C’était vraiment un hasard hasardeux. Elle venait au starbucks peut-être une fois par an et il a fallu que ce soir ce jour. « Oui ça fait une éternité, au moins six ans je crois ? » Elle avait déjà Luke lorsqu’elle avait rencontré Levi. Son petit Luke avait tellement grandit. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? » Ici, à Bowen ? Ce n’était pas la plus grande ville d’Australie puis surtout dans ses souvenirs Levi n’était pas australien. Elle rangea son livre. « Assied toi ! » Disait-elle avec un sourire l’invitant à rejoindre la tablée des fatiguée.

Il était toujours autant fasciné par ce que lui réservait le destin, lui qui aurait été à mille lieues de se douter qu’il tomberait nez à nez avec Ruby aujourd’hui, surtout après ces longues années où la vie les avait séparés. Néanmoins, un sourire sincère s’était dessiné sur ses lèvres alors que son regard se posa enfin sur elle, ses souvenirs remuant son esprit, lui rappelant les instants qu’ils avaient passés ensemble lors de ce voyage qu’il n’avait pas oublié. « Du coup, on est devrait remercier ma maladresse, non ? » S’amusa-t-il, sans la quitter des yeux, hochant la tête à ses mots. « Oui, au moins. Comment va ton fils d’ailleurs ? » Demanda-t-il, l’éclat dans ses opales traduisant cette excitation palpable à l’idée d’avoir retrouvé cette amie de longue date. « Je t’avais dit que j’avais la bougeotte à l’époque, non ? Ça s’est pas calmé depuis. » Pouffa-t-il, lui qui avait toujours eu cette soif d’aventures, depuis son plus jeune âge. Il prit place sur la banquette après son invitation, posant son café devant lui, détaillant les traits de Ruby qui ravivaient les souvenirs d’une vie passée. « T’as pas changé. Qu’est-ce que tu deviens ? » Demanda-t-il, le sourire flottant sur ses lèvres ne le quittant pas.

La plupart des journées se ressemblent, Ruby se lève, prépare Luke pour l’école, travaille et retourne se coucher. Parfois, elle travaille de nuit comme celle qui venait de passer. Puis, il y a ces journées spécifiques où un détail change tous le cours des prochaines heures. Fatiguée, elle aurait pu s’énerver sur cette personne qui avait trébucher sur elle, ce ne fut pas le cas. Devant elle se tenait un ami de longue date. Luke était encore si jeune à cette époque, il marchait à peine. Ruby n’était pas mariée et ne connaissait même pas Antoni. Elle ne pensait pas un jour retrouver Levi, cet anglais qui avait rythmé quelques semaines de sa vie en Nouvelle-Zélande. « Tout à fait ! Ta maladresse légendaire est bien pratique aujourd’hui. » Disait-elle en souriant. Elle prit une gorgée de son café, regardant avec joie cet ami. « Oh oui il va bien. Tu ne le reconnaitrais plus. » Il avait huit ans maintenant, ce n’était plus le petit bébé d’autrefois. Elle posait ses affaires à un autre endroit, invitant Levi à s’asseoir, espérant qu’il n’ait pas autre chose à faire. Bowen était une petite ville et pas forcément touristique, alors elle était surprise de la voir ici. « Je vois ! » Disait-elle en riant. « Mais quand même, Bowen … Y’a pas des villes plus intéressantes ailleurs ? » Elle pensait aux grandes métropoles, plus propices aux mélanges des populations. Elle voulait tout savoir de ce qu’il avait fait depuis qu’ils s’étaient quittés. Ruby n’était pas douée pour garder contact, elle aurait pu lui envoyer un message de temps en temps, mais elle s’était laissée envelopper par ses trop longues études. « Comme tu peux le voir, je suis fatiguée. » Répondait-elle en pouffant de rire. Plus sérieusement, elle reprit une gorgée de son café. « J’ai terminé mes études – enfin- et je travaille à l’hôpital. Luke a rencontré son père, la vie quoi. » Il y en avait eu des choses dans la vie de la jeune médecin, mais ce n’était pas le moment de parler de tout. Elle voulait juste profiter de son ami retrouvé.

C’était à la fois déroutant et grisant, ce hasard qui n’arrêtait visiblement pas de le surprendre. Ruby, il l’avait rencontrée il y a des années de cela, lors d’un de ses nombreux voyages, se liant d’amitié lors de ces quelques semaines où ils avaient appris à se connaître, où il s’étaient partagés leurs centres d’intérêt. La revoir aujourd’hui faisait remonter ces doux souvenirs à la surface, remuant une partie de cette vie qui lui paraissait lointaine mais qu’il n’avait pas pour autant oubliée. « C’est tout ce que t’as retenu de moi alors ? Ma maladresse légendaire ? » S’amusa-t-il, retrouvant cette complicité naturelle qui avait toujours existé entre eux. « J’imagine oui. Ça va que je reconnais encore la mère, aussi charmante qu’il y a six ans. » La flatta-t-il avec cette lueur espiègle, Levi finissant par prendre place face à son amie après son invitation à la rejoindre. « Sûrement. Mais elle se défend bien je trouve, elle a ce que les autres n’ont pas. » Ajouta-t-il avec ce mince sourire sur les lèvres, pensant à tout ce qu’il avait trouvé ici, des moments qu’il avait vécus aux relations qu’il avait nouées et qui avaient marqué son existence à tout jamais. Ruby le connaissait assez bien pour savoir qu’il avait parcouru un bon nombre de kilomètres autour du globe, mais certains endroits avaient cette faculté à marquer les esprits plus que d’autres. Et Bowen était cette exception pour Levi. Il avala quelques gorgées de son café en écoutant son amie, toujours abasourdi de l’avoir devant lui après toutes ces années écoulées. « Félicitations docteur. » Répondit-il avec un sourire pour rebondir sur ses mots, ressentant cette fierté de savoir que son amie avait accompli sa destinée. « La vie, oui. » Conclut-il avec un bref sourire, lui qui n’était pas certain de vouloir étaler la sienne et les péripéties qui en avaient découlé. « Et la peinture, dans tout ça ? » S’amusa-t-il, Levi se rappelant parfaitement de ces journées qu’ils avaient passées ensemble à s’adonner à cette passion qui les avait rapprochés.

Un part de son passé se réouvrait en voyant Levi devant elle. C’était une rencontre qui marquait, celle qu’on pensait éphémère. Sauf que parfois le destin se jouait des êtres humains et Ruby redécouvrait Levi. Cet âme voyageuse, ce petit bonbon anglais qui avait animé quelques semaines dans la vie de l’ancienne étudiante. Les souvenirs revenaient assez rapidement, par vague, se souvenant des quelques fois où les pieds de Levi lui avaient fait défaut. « Je peux te rappeler les quelques chutes assez majestueuses dont j’ai été témoin. » Répondait-elle en pouffant légèrement de rire. La fatigue d’auparavant l’avait quitté, retrouvant une forme par cette rencontre hasardeuse. Il avait connu Luke quand il était tout petit, tenant à peine sur ses deux jambes. Elle riait à sa flatterie. « Beau parleur va ! » En six ans, la vie de Ruby avait changé considérablement. Elle ignorait que Levi avait cette attache particulière à Bowen, un point commun qu’ils n’avaient jamais évoqué lors de leur dernière rencontre. Oui, Bowen avait ce petit quelque chose. Ce petit détail qui donnait envie aux personnes de revenir, comme si elle appâtait les personnes de la plus douce des manières. « Sûrement. Tu étais venu quand ? » Peut-être connaissaient-ils du monde en commun ? Six ans écoulé et Ruby était devenue enfin médecin, ce qu’elle s’empressait de dire à son ami. C’était une grande fierté pour elle. « Merci ! » Elle voulait savoir ce qu’il était devenu, quel voyage avait-il fait. Tout. « J’espère que la vie t’as épargnée ces dernières années. » Elle souhaitait qu’il n’ai pas vécu de gros drames, ou de gros chagrins. Peut-être que sa vie à lui a été aussi douce que les quelques semaines qu’ils ont eu en commun en Nouvelle-Zélande. Elle grimaçait légèrement à sa question, appréhendant le reproche qu’il pourrait lui faire. « J’ai abandonné par faute de temps et peut-être d’envie parfois. » Il y avait des tas de raisons qui avaient empêché Ruby à reprendre son pinceau.

Levi aussi avait l’impression de redécouvrir Ruby, bien des années après, se doutant évidemment que leurs vies respectives avaient changé depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Chacun avait avancé, avec les aléas du quotidien, avec les surprises du destin. « Comme quoi, j’ai pas tant changé que ça, tu vois. » Répondit-il en riant à son tour, abasourdi par cette complicité qui animait leur échange, comme s’ils ne s’étaient jamais vraiment quittés. Il arqua un sourcil malicieux à la réponse suivant sa flatterie, un sourire amusé se dessinant sur ses lèvres avant que Ruby évoque les changements qui avaient bouleversé sa vie. Il mentionna Bowen, et les souvenirs qu’il y avait déjà crées quelques années auparavant, lui-même surpris de l’attachement qui l’avait lié à la ville. « En 2015, j’y suis resté deux ans avant de repartir à Londres. » Expliqua-t-il, se remémorant ces deux années comme si c’était hier, convaincu que Bowen l’avait aidé à remonter la pente à cette époque où il s’était perdu. Il ne put s’empêcher de féliciter son amie en comprenant qu’elle était parvenue au bout de ses études, avec succès, haussant finalement les épaules en parlant des longues années qui étaient passées. « Il y a eu des hauts et des bas, comme toujours j’imagine. » Répondit-il avec un faible sourire, lui qui n’aurait certainement pas su par où commencer s’il avait dû expliquer à Ruby tout ce que la vie lui avait réservé. « Mais tu vois j’suis là, avec quelques rides en plus, mais toujours là. » S’amusa-t-il, ses yeux accrochant ceux de Ruby, l’envie de savoir si elle entretenait toujours son rapport avec l’art lui brûlant les lèvres. « Ça va pas du tout ça, va falloir arranger ça. » Avança-t-il, faisant mine de secouer la tête, une lueur malicieuse valsant dans le bleu de ses iris. « Ça te dirait pas de reprendre ? » Demanda-t-il, sans préciser qu’il serait plus que ravi de l’accompagner si elle le désirait.

Ruby avait du mal à croire que plusieurs années séparaient leur rencontre en Nouvelle-Zélande et ce moment-là. Elle retrouvait le Levi d’auparavant. Il avait toujours les mêmes expressions, se regard malicieux et ce sourire charmeur. Sa maladresse avait été une blague redondante durant leur temps ensemble chez les kiwis. Très vite, elle se permit de blaguer sur ce défaut qui rendait attachant Levi. « Je vois ça ! » Disait-elle en riant. Elle prit un gorgée de son café, la fatigue l’avait quitté dès l’instant où ses yeux s’étaient posés sur cet homme. Levi, il avait fait partie de sa vie à un moment charnière. Luke était né il y a peu et Antoni n’était pas encore arrivé dans la vie de la gynécologue. Levi avait été son phare pendant ces quelques mois, s’attachant à cet anglais et à sa légèreté. Elle se rendait néanmoins compte qu’elle ignorait des choses sur son ami. Il avait déjà vécu à Bowen, en 2015 juste après leur rencontre. « Tu étais venu pour quoi faire ? » Demandait-elle avec curiosité. Bowen ce n’était qu’une ville parmi tant d’autre pour Ruby. Elle avait grandi ici et vécu tout un tas d’expérience. Elle comprenait que parfois on se sente attaché à un endroit. Ruby savait qu’elle aurait du mal à retourner à Queenstown parce que ça lui rappellerait trop de souvenirs avec son mari. Après le départ de Levi, elle avait vécu des choses la gynécologue et pas des forcément des choses simples. Alors elle espérait que Levi ait été épargné du deuil, de la perte ou de la souffrance. Elle riait à sa dernière remarque. « Quelques rides mais toujours aussi charmeur. » Elle lui souriait. Entre Levi et elle, il n’y avait rien de plus qu’une belle amitié. Elle grimaçait par contre quand il enchaînait sur le sujet de la peinture. Il manquait du temps à Ruby pour pouvoir se relancer dans cet art. « Oh si j’aimerais reprendre ! » Evidemment mais elle n’avait pas le temps. « J’ai juste un emploi du temps de dingue. Mes toiles prennent la poussière depuis des mois maintenant. » Elle soupirait, se rendant compte que la peinture lui manquait mais qu’elle ne savait pas où caser ça dans son emploi du temps.

Si les années les avaient séparés physiquement, Levi restait persuadé que l’âme qu’il avait rencontrée il y a de ça une éternité restait intacte. Elle était toujours cette femme pleine de vie, aux ambitions et aux rêves immenses qui était venue éclairer son quotidien le temps de quelques mois de sa vie. Et la complicité qu’ils avaient partagée à l’époque semblait ne pas avoir bouger d’un pouce, comme s’ils ne s’étaient jamais réellement quittés. « Ça peut servir parfois, même si dieu merci que tu n’aies pas finie ébouillantée. » S’amusa-t-il, plutôt satisfait que l’un de ses défauts l’ait mené à tomber sur cette amie de longue date qu’il n’aurait jamais pensé recroiser. « Repartir à zéro. On le fait tous à un moment de notre vie j’imagine. » Répondit-il, lui qui préférait lui passer les détails de cette époque où il avait fui le continent américain pour se reconstruire ailleurs, pour se protéger. Il n’avait pas imaginé à cette époque trouver un refuge tel que Bowen, où il s’était senti à sa place, pour la première fois depuis longtemps et où son cœur s’était remis à vibrer, contre toute attente. « Venant de toi, c’est plutôt flatteur. » Renchérit-il, pour appuyer les mots de son amie, amusé par cet échange qui lui rappelait à bien des égards les moments qu’ils avaient partagés ensemble. Comme ceux où leur passion commune s’était accordée, Levi n’ayant certainement pas oublié ces heures entières qu’ils avaient dédiées à la peinture. « J’imagine, oui. » Grimaça-t-il, lui-même peinant parfois à trouver le temps de s’octroyer un moment pour exercer son art. « Faudrait qu’on remédie à ça, qu’on essaye de se refaire des sessions comme avant. » Ajouta-t-il avec un sourire aux effluves nostalgiques, son regard captant toujours celui de Ruby. « Même si c’est qu’une heure par semaine, t’en dis quoi ? »