•• When i remember that day when our eyes first meet •• Wt Samuel

3 mois déjà que je suis sur Bowen et sans boulot pour aider ma mère à payer les factures. Elle a été assez gentille pour m’héberger, moi et Daeron, le temps que je me fasse une place dans cette petite ville. Seulement, je sais que depuis le décès de papa, elle a beaucoup de mal, entre les traites de la maison et le reste. J’aimerais l’aider, mais pour l’instant, les seuls petits boulots que je trouve, ressemblent plus à des missions de 2 ou 3 jours et ça ne paye qu’un peu de nourriture. Pourtant, je n’étais ni fainéante, ni gauche, je passais mes journées des Cv’s sous le bras, mais peu de mes possibles futurs employeurs m’appelaient pour me donner une réponse positive. Ce matin là, j’accompagnais Daeron à l’école, le déposant comme toujours avec un peu de retard, ce qui écourtait nos câlins d’au revoir. « Allez ! File ! Je viens te reprendre à 11h30 pour le déjeuner ! » Après un bisou et une courte étreinte, je laissais mon petit bonhomme avec ses amis. Comme la maison n’était pas très loin, je m’en retournais à pied n’entendant pas tout de suite mon portable sonner. Je le sortis juste quelques secondes trop tard et je me mis à pester contre moi-même, c’était peut-être important, peut-être une proposition de job. Voyant le numéro affiché secret, je haussais des épaules, tant pis…Si c’est important, ils laisseront un message, pensais-je. Seulement, ma mauvaise étoile en avait décidé autrement. Un garçon monté sur un skateboard ne percuta, m’arrachant mon Blackberry , d’à peine 4 mois, des mains. Je n’eus même pas le courage de crier qu’il était déjà loin, non décidément, ce n’était pas ma journée. Maintenant, j’allais devoir me rendre au commissariat pour faire une déclaration de vol. Je passais par la maison, annonçant à ma mère que je lui empruntais sa voiture pour me rendre dans le centre ville. A peine quelques minutes après, j’étais sur place, me garant sur un emplacement à cet effet et grimpant 4 à 4 les marches avant de pousser la porte du poste de police. Une jeune femme en uniforme prit quelques informations et me demande de patienter qu’on allait venir me chercher. J’attendis à peine 5 minutes qu’un homme s’approcha de moi, je levais la tête et je restais là, la bouche ouverte et plus que surprise de cette coïncidence. J’avais devant moi, Samuel. Le 'Sam' qui justement d’après les dires de Kelly n’était plus en ville. « Bonjour… » Je ne voulais pas amorcer une conversation trop personnelle, après tout, il s’était écoulé 8 ans et peut-être ne se souvenait il plus de moi. « Je viens pour une plainte, on m’a voler mon portable…arraché serait plus judicieux, d’ailleurs… »

Je me contentais d’un hochement de tête pour lui signifier qu’il ne s’était pas trompé. J’avais eu quelques nouvelles de lui, via Callie et parfois j’avais quelques bribes d’informations avec mon amie d’enfance Kelly, mais rien qui me disait qu’il travaillait comme flic. Sinon, j’aurais envoyé ma mère pour la plainte. Enfin, d’un côté, ne n’avais pas à me sentir nerveuse ou coupable, je devais juste me montrer naturelle et pas du tout séduite par cet apollon d’un mètre quatre-vingt treize. J’attendis qu’il me pause d’autres questions, observant pensant ce temps, la décoration minimaliste de la pièce. La dernière fois où je m’étais retrouvée dans un commissariat, c’était pour une plainte déposée à tort par un tordu qui voulait me faire du mal. « Euh…Entre l’école… » Je me grattais la tête, je pris une respiration et je priais qu’il ne réfléchisse pas à la raison de ma présence entre l’école et chez moi. « Entre l’école primaire de Vernus Street et Queen avenue. Il y environ 30 minutes maintenant et tout ce que j’ai vu, c’est son sweet à capuche et son skateboard… » Je soupire croisant son regard quelques secondes à peine, ce qu’il ressemblait à Daeron, c’était même troublant. Si je me souvenais de cette nuit là, son visage avec le temps, je ne m’en rappelais plus. Mon fils avait les cheveux plus clairs, mais les mêmes mimiques, malgré qu’ils ne se soient jamais rencontrés. C’était troublant et je me sentais très mal à l’aise de le revoir. Pourtant, je ne pouvais que me rendre compte de l’attraction que j’avais pour lui, encore…même après toutes ces années. Si je m’étais posée la question pour laquelle j’avais couché avec lui, maintenant, je savais pourquoi. « Ca ne va pas pouvoir beaucoup t’aider, je m’en rends compte, mais tout ce que je veux, c’est enregistrer ma plainte pour avoir une preuve pour l’assurance » Je ne voulais pas poser de questions sur lui, mais j’étais curieuse, de trop et mon impulsivité l’emporta finalement. « Alors comme ça, tu es flic ? Je ne t’aurais jamais imaginé dans un boulot comme ça…enfin, pas que j’ai pensé à toi durant toutes ces années, mais…Passons, bref…Sinon…Tu n’avais pas quitté Bowen ? » Je n’allais pas accuser Kelly pour rien, elle n’était peut être pas au courant, qu’il était revenu ici.

Je tendis le bras pour me saisir du papier qu’il me tendait, avec ça au moins, je pourrais appeler mon assurance et aller rapidement m’acheter un nouveau mobile. « Merci…C’est gentil. C’est assez désagréable de se faire voler, mais, il ne m’a pas non plus frappé ou pire encore, alors…enfin, nous avons tous été jeunes un jour. Ce qu’il faut c’est juste le remettre dans le droit chemin. » Samuel, se mit à m’expliquer qu’il était du FBI, comme si cela avait une vraie importance, flic n’était pas non plus un sot métier. Mais peut-être que l’égo masculin avait besoin d’un petit coup de pouce pour s’élever. Je souris, amusée, tout en gardant mes pensées rien que pour moi. Là, il entamait une conversation un peu personnelle pour moi et je décidais de me contenter du strict minimum. Je pris place sur le fauteuil, croisant mes jambes, comme si je ne voulais pas non plus trop de confidentialité. N’importe quel psy vous dirait que de faire ça, signifie qu’on ne veut pas dialoguer. Et c’était vrai pour moi en ce moment même. Il enchaina sur une seconde question, encore plus délicate car elle signifiait que j’avais potentiellement pris de ses nouvelles pendant ces quelques années. « Comme ça…j’avais cru l’entendre dire, par un amie d’ici…C’est sur qu’à Sydney, je n’ai pas pu garder les mêmes contactes avec les autres. Donc…Voilà…je suis partie sur Sydney il y a presque 8 ans, j’ai fait ma vie là-bas et j’avoue que la tranquillité de Bowen m’a beaucoup manqué. Les grands espaces et le paysage aussi. Tu sais pourquoi, je suis revenue je suppose ? Tu as du être au courant du décès de mon père, comme tu travailles ici. Enfin, bref…je ne pouvais pas laisser ma mère toute seule, alors j’ai décidé de revenir vivre ici et…je galère pour trouver un job depuis 3 mois maintenant. Une vie normale, sans imprévu » Sam ne me quittait pas des yeux lorsque je lui parlais et son regard sur moi, comme ça, me rendait atrocement nerveuse. J’avais oublié la couleur de ses yeux, j’avais oublié son sourire, volontairement, probablement, parce que ce souvenir de lui, de cette nuit là, de nos échanges auraient été bien trop douloureux. J’étais partie sur un coup de tête, je n’avais pas voulu qu’il sache pour le bébé, égoïstement ou par peur qu’il se sente responsable de mon erreur. Peut-être que c’était la nôtre, nous ne nous étions pas protégés et je ne prenais aucun moyen de contraception. Cette nuit n’avait pas été préméditée, cela s’était produit, voilà tout. « Tu as changé depuis toutes ces années, tu étais moins…musclé à l’époque. Enfin d’après mes souvenirs, c’est loin, 8 ans…et ce n’est pas comme si nous étions de bonnes connaissances » Il me fit un sourire charmeur, avant que je décide de mettre fin à cette conversation, si je pouvais le faire en regardant l’heure. « Je dois partie, il va falloir que je téléphone à l’assurance, à mon opérateur pour qu’il bloque ma puce et j’en passe… Des choses très agréables » Ironie, lorsque tu nous tiens.

Je lui fis savoir que la mort de mon père n’avait pas été un si grand chagrin. Mon père m’avait rayé de sa vie lorsqu’il avait su pour mon bébé. Il m’avait presque traité de petite salope qui avait couché avec n’importe qu’elle homme. Il avait pour principe que si je ne voulais pas lui dire qui était le père, j’étais une trainée. Seulement, je connaissais mon père, il aurait été voir les parents de Samuel ou Sam en personne et les choses ne seraient pas bien passées. Et puis, il y a 2 ans, il avait été diagnostiqué cancéreux, mais je n’étais jamais allée le voir, il avait refusé de connaître Daeron, de le voir en photo et seule ma mère venait sur Sydney pour voir son petit fils. Pour lui, je n’avais été juste qu’une déception dans sa vie et je ne comptais pas m’apitoyer sur son sort. Alors je voulais partir, je sentis une pression sur mon poignet et ce fut comme si j’avais été traversée de part en part par un courant électrique puissant. Il retira rapidement sa main et je le regrettais fortement, j’allais le regretter, je le sentais. Je mourrais d’envie de le revoir, mais je savais qu’en faisant cela, je mettais Daeron en avant. Il avait peut être le droit de savoir, après tout, il n’avait rien de type que je m’imaginais qui n’avait aucune relation fixe, qui couchait juste et après tournait la page. « Je veux bien prendre un café avec toi…mais c’est maintenant…ou jamais…A toi de savoir ce que tu veux ? » Sans attendre sa réponse, je lui tournais le dos pour me diriger vers la porte de sortie et aller prendre un peu l'air, s'il était le type qui ne voulait que coucher, il ne viendrait pas, s'il voulait renouer quelque chose, il viendrait. La balle était dans son camp.

J’entendis la porte s’ouvrir et je ne pus retenir un petit rictus de satisfaction. Allez savoir pourquoi, Sam avait été important et même si je ne désirais pas qu’il fasse partie de notre vie avec Daeron, une partie de moi me hurlait de lui laisser une chance. Après tout, ce n’était qu’un café, une discussion et rien de plus. *Si tu savais ce que cela me fait lorsque tu poses tes yeux ainsi sur moi, Sam* Je remis rapidement une mèche de mes cheveux bruns derrière mon oreille et tout en lui souriant, je haussais les épaules. « Qui sait ? J’y serais peut-être… » Sans attendre sa réaction, je me mordis la lèvre inférieure et je repris mon chemin vers ma voiture. Ma tête me disait une chose et mon cœur une autre, maintenant, il s’agissait de prendre une décision, soit j’allais à ce rendez-vous, soit je lui posais un lapin. Il fallait que je parle à quelqu’un…J’avais le choix, Kelly, mais vu le petit mensonge sur le soi-disant départ de Samuel, je n’avais pas vraiment envie de me prendre la tête. Je composais alors le numéro de Callie, elle connaissait bien Sam, je le savais parce qu’elle me racontait souvent ses moments avec lui. Seulement, je ne devais pas forcément évoquer ma nuit avec lui, même si Callie n’était pas stupide, je savais qu’elle se doutait de quelque chose, mais le point positif, elle ne savait pas que je connaissais Sam. Je ne pouvais donc pas le lui en parler. Par chance, elle ne répondit pas et je raccrochais. Bon sang, j’avais besoin de parler. Après un après-midi chargé, entre mes demandes et mes déclarations, j’allais rechercher Daeron à l’école. Main dans la main, il me raconta sa journée et moi, la mienne, en omettant bien sûr de lui annoncer que j’avais revu son père.

13h30 le lendemain. Je me regarde dans le rétroviseur de la voiture. Est-ce que je suis certaine de ce que je fais ? S’il est en ville, je finirais par le croiser à un moment ou un autre et il finirait par savoir la vérité. Soupirant un bon coup, je démarrais, faisant grogner le moteur avant de me rendre au bar de la plage. Je n’avais pas fait d’effort vestimentaire, si ce n’est un peu de eye-liner et un peu de gloss pour me donner une bonne apparence. Je claque la portière une fois garée et je me dirige vers le bar, j’aperçois sa silhouette. Ma montre affiche 13h50, il est en avance…Une fois près de lui, je me racle la gorge et je hausse les épaules, me mordant la lèvre. « Finalement, j’ai décidé qu’aujourd’hui, c’était bien aussi. Mais ne va pas croire que je fais ça pour tout le monde…Je ne le fais qu’aux gars bien baraqués et au sourire charmeur… » Il sourit et je m’assoie en face de lui, posant mon sac sur la banquette. « Alors ? Et maintenant ? »

Le serveur arriva et il commanda sa boisson, je n’avais plus l’habitude de boire, pour tout dire, cela faisait un moment que le seul alcool que je prenais ressemblais vaguement à une bière avec un mélange de limonade. « Je prendrais…un Sunrice blend, s’il vous plait » mon cocktail favori, 100% sans alcool, que des jus de fruits, mais je trouvais que le nom sonnait pas mal, personne ne me demandait d’ailleurs, s’il y avait de l’alcool dedans. Je reportais mon attention sur Sam, comment refaire connaissance avec une personne qu’on ne connaissait déjà pas avant. Nerveusement, je me mordis les lèvres et je frottais mains sur mon jean. « Et bien…je vais bien et ma journée…pour le moment…ne s’est pas trop mal déroulée…Et la tienne ? » J’attendis qu’il me réponde, on était vraiment trop con, l’un en face de l’autre, avec l’envie de savoir ce que l’autre était devenu et en même temps la gêne ressentie à cause de notre seule et unique nuit ensemble. « Je crois qu’il va falloir qu’on crève un peu la chose qui nous empêche de discuter…Je ne sais pas pour toi, mais…cette nuit, il y a 8 ans…c’était assez cool…On a rien à se reprocher, on en avait envie, on s’aimait bien…c’était…un bon moment, qui appartient au passé » Je baissais la tête regardant mes mains s’entrelacer nerveusement. « Je n’ai pas oublié cette nuit là…même si je ne t’ai jamais rappelé, même si je suis partie de Bowen, je n’ai jamais oublié. » Je me mis à rire, posant ma main sur mon front, mon dieu, que je me sentais gênée de parler de ça, mais il fallait pour me détendre que je lâche la pression. « Ne va pas croire que tu as été le meilleur coup d’un soir que j’ai eu…hein ? » Je lui souris, j’avais envie de rire et je sentais que lui aussi commençait à se détendre.

Il n'avait oublié, des mots justes qui me faisaient du bien à entendre. Je n'avais pas été que cette fille dont il ne connaissait presque rien, vite baisée et vite oubliée. Je l'avais peut être mal jugée après tout, Samuel n'était pas le petit prétentieux que je pensais à 19 ans. "Des choses que tu ne soupçonnais pas ? Mon Dieu, tu attises ma curiosité, je veux en savoir plus !?" Il sourit et je le mordis à nouveau ma lèvre inférieure, d'après ma mère je le faisais toujours pour séduire un garçon l'attirer à regarder ma bouche. Je lui avais toujours soutenu le contraire, pourtant aujourd'hui, je devais admettre, qu'elle n'avait pas tort. Je bu une gorgée de mon verre tout en cherchant quoi lui répondre sur ma vie privée qu'il désirait visiblement connaitre et je ne lui en voulais pas. "Et bien, j'ai...un homme dans ma vie, oui. On vit même ensemble. Il a....beaucoup de ressemblances avec toi...c'est assez troublant d'ailleurs." Bien entendu je ne parlais pas d'un amant, mais de Daeron, notre fils. J’espérais en lui disant ça qu'il ne chercherait pas à savoir ou bien le voulais je justement ? "Et toi ? Une petite amie, une femme ? un homme peut être ?" Je rougis de ma bêtise, en reculant sur mon siège avant d'attendre sa réponse.

Wow, ça c’était de la révélation. Je ne savais pas si je devais me sentir flattée ou gênée par le fait que je lui avais ouvert des portes dans l’intimité. Qu’est ce qui m’arrivait, j’avais cette envie au fond de moi, de ressentir la même chose qu’il y avait 8 ans, cette nuit où je m’étais donnée sans aucune inhibition à un garçon que je ne connaissais que depuis quelques heures. Sam avait toujours la même attractivité sur moi, mais je me devais de résister à mes pulsions, la situation n’était plus la même qu’il y avait plusieurs années. Je ne savais pas si c’était mon imagination ou non, mais je perçu une légère contrariété dans son visage, il était clair que ce rendez-vous n’avait rien d’anodin, on ne disait pas à une fille qu’elle avait été exceptionnelle au lit sans vouloir en redemander dans le présent. Il avait une petite amie…wow et il me donnait rendez-vous…là, il venait de perdre des points. Qu’entendait-il de moi, un coup d’un soir comme avant ? Tromper sa copine…finalement avait il changé autant que ça ? « Tu es en train de me poser des questions sur ma vie privée, là…qui te dis que j’ai envie d’y répondre ? Je veux dire…C’est assez personnel, comme conversation. Est-ce que je te demande le prénom de ta petite amie ? Mais je n’ai rien à cacher…Alors…j’ai dit que j’avais un homme dans ma vie, je n’ai pas dit qu’il s’agissait de mon petit ami…L’homme de ma vie…il n’a que… » J’allais dire 7 ans, mais je m’attendais à une courte réflexion de sa part, Sam était intelligent, d’après mes souvenirs. « 6 ans…Il s’appelle Daeron » Je ne désirais pas lui mentir, même si je n’étais pas encore prête pour lui dire que Daeron était son fils.