there is nothing left to hide when you're helpless, waiting to collide (emilia)

Vendredi soir. Malgré l’échec total de mon premier rendez-vous de Bowen Bow Tie avec Sara, qui avait utilisé une photo de profil qui n’était même pas sa propre personne, qui utilisait le visage d’une autre femme, j’avais décidé de donner une seconde chance à cette application de rencontres. C’était peut-être aussi parce que j’avais récemment appris qu’Alba avait recommencé à voir le père de Jonah, Léo. C’était peut-être aussi parce que je n’avais pas revue Freja depuis un bon moment, du moins pas comme nous nous étions parfois revus depuis notre rupture. Nous avions pris nos distances, je comprenais que si nous en restions à cette ambiguïté cela ne fonctionnerait pas pour toujours. Nous avions besoin, autant elle que moi, d’aller de l’avant, de tenter de tourner la page sur cette relation qui avait été belle et forte mais qui ne suffisait pas à éteindre les doutes en moi. Les femmes envers lesquelles j’avais développé des sentiments prenaient leur propre chemin et il fallait que je fasse pareil. Je ne pouvais plus m’accrocher à des espoirs vains. J’étais donc retourné sur l’application et j’avais matché avec certaines femmes. L’une d’entre elles était Emilia, qui était d’ailleurs une de mes partenaires dans la Fête de la mangue cette année. Une petite tranche d’ananas, comme moi, et pas n’importe laquelle ! Elle était la créatrice de notre mascotte Alan Anas, qui à l’heure actuelle devait être bien moisi, en fait. Bref, le courant été déjà bien passé pendant notre activité d’équipe aux glissades d’eau, et le tout s’était confirmé dans notre discussion sur BBT. Elle était drôle, elle me faisait rire, et elle me rappelait un peu Perry dans son humour, ce qui était évidemment un gros bonus. En même temps, si ça allait plus loin, il ne faudrait quand même pas que j’aie l’impression de coucher avec mon meilleur ami au féminin, mais bon, on verrait bien. Je me rendis au Summergarden vers 20h50, question d’être déjà là lorsqu’Emilia arriverait. Cette fois j’avais laissé le bonnet fleuri de côté – de toute façon, je ne l’avais plus, c’était Cali qui en avait hérité. Je m’étais habillé assez décontracté, question d’être prêt à m’adapter à toutes situations. Je m’étais préparé à vivre toutes éventualités. J’avais promis à Emilia une soirée haute en rebondissements et ce, malgré que le rendez-vous se passe devant un film. J’allais devoir faire preuve d’imagination et j’avais peur d’avoir mis la barre trop haute. C’était sans doute pour ça, pour le stress, que je me sentais un peu nauséeux, j’avais chaud et j’avais le cœur tout croche.

Emilia et moi étions sur la même longueur d’ondes, parce que dès que je la vis vêtue d’un jean et d’un t-shirt, en plus d’une veste pour couvrir ses bras, mes pensées et ma réaction furent : « Oh tiens ça t’arrive de te promener en public autrement qu’en sous-vêtements. » Je ris. Ça pouvait paraître déplacé comme commentaire mais j’avais l’impression qu’Emilia ne serait pas du genre à en être offusquée. En tout cas, à voir nos échanges sur BBT, je sentais qu’elle n’avait pas froid aux yeux et que ça lui en prenait beaucoup pour se choquer. Après ma blague nulle, je rattrapai le reste de la conversation. « Mmh, je vais bien, je vais bien. Et toi ? » Pourtant, l’allure de ma tête trahissait ces paroles que je voulais convaincantes. J’avais le teint pâle, j’étais en sueur, on aurait dit que je venais de voir un fantôme. J’ignorais pour quelles raisons je me sentais aussi faible. J’avais déjà eu des premiers rencards dans ma vie, quand même, bordel j’avais trente-et-un an, ce n’était pas mon premier rodéo. La blague d’Emilia me fit sourire. « Je suis pas stressé pourtant, enfin, c’est pas la première fois qu’on se rencontre alors c’est pas … c’est pas pareil. J’dois avoir mangé un truc que j’aurais pas dû, j’sais pas. » Mais Emilia étant Emilia, elle renchérit en disant qu’il ne fallait pas que je me mette dans tous mes états comme ça même si elle était impressionnante. Je ris de bon cœur. « T’es pas possible. » Ça deviendrait ma phrase préférée, avec elle. « Ça va passer, quand on sera installé devant le film ça ira mieux. On y va ? » Le Summergarden ne contenant que quatre salles, il n’y avait pas masse choix de films mais il s’agissait des quatre les plus populaires au box-office. Je laissai Emilia choisir, en bon gentleman. Elle allait rentrer dans la grande salle mais je l’arrêtai d’une main plutôt faible. Vraiment, mon corps était un raté ce soir. « Non, pas par là. » Lui dis-je avec un sourire malicieux. Un des jeunes employés du cinéma était aussi un des jeunes fréquentant mon organisme. Je m’étais arrangé avec lui pour qu’il nous installe dans la petite salle du projecteur, celle surplombant la salle de visionnement afin de projeter le film sur l’écran. Je rejoignis le jeune, Chris, qui nous fit monter jusque-là. Je guettai la réaction d’Emilia. « D’ici, on va pouvoir voir tout ce qui se fait de louche par les spectateurs de la dernière rangée. » J’étais quand même content de mon plan, même si je savais que ce ne serait pas suffisant pour rendre cette soirée inoubliable. J’avais plus d’un tour dans mon sac, cependant. Je détournai mon regard de la lumière dans cette petite salle de projection, le néon me donnait des vertiges. Sauf qu'en dérivant mon regard, je regardai à travers la petite fenêtre de projection, et comme j'avais déjà le vertige, mon malaise se fit plus grand encore. « Tu veux t’asse… Woh. » Je n’eus pas le temps, moi, de dire que j’avais bien envie de m’asseoir, que mes faiblesses se firent plus prononcées. Je m’appuyai sur le mur à côté de moi. La pièce dans laquelle on se trouvait donnait l’impression de tourner, comme le twisted corridor dans le temple de la forêt, dans Zelda. « Je me sens pas très bien … » Je n’étais plus juste pâle, j’étais blanc. Et mon grand corps mou tomba lourdement sur le tapis de cette salle de projection du cinéma de Bowen.

Je ris. C’est vrai que n’importe quel homme un tant soit peu attiré par les femmes appréciait un corps féminin en sous-vêtements. J’aurais été menteur de prétendre le contraire. Cependant, les jeans bien collés à sa peau qu’elle portait ainsi que le t-shirt un peu plus ample, ça lui donnait une allure décontractée que j’appréciais également. Ça faisait différent de la voir habillée ainsi, et ça me prouvait encore une fois que c’était une femme magnifique, puisque même dans des vêtements plutôt ordinaires, elle détonait par rapport aux autres. Ou alors c’est moi qui ne regardais qu’elle. « Ouais et puis c’est mieux que ta peau touche le moins possible aux bancs du cinéma … on n’sait jamais trop trop ce qu’il y a là-dessus. » Et rien que l’idée de me l’imaginer, ça me donna la nausée. Sans doute parce que j’avais déjà un peu le cœur au bord des lèvres. Peut-être qu’une fois assis, ça se stabiliserait un peu. Je proposai donc qu’on rentre sans plus tarder, de toute façon j’avais mon plan à mettre à exécution et le film n’allait pas tarder à débuter. Emilia sélectionna, parmi les quatre choix de salle, celle qui projetait un film d’action. Cette décision me plaisait – une fille qui n’avait pas froid aux yeux. En même temps, je n’étais pas bien bien surpris. Je ne connaissais pas beaucoup Emilia mais je voyais plutôt bien quel genre de femme elle était. Je me doutais donc que mon idée d’aller là où se situait la machine de projection allait lui plaire. Comme de fait, arrivé dans la petite salle en haut, Emilia m’adresse un large sourire. « Plutôt cool hein !? » Renchéris-je alors qu’elle venait de m’affirmer que l’idée lui plaisait. Je nous imaginais déjà passer la prochaine heure à faire du voyeurisme du haut de notre privilège. Malheureusement, mon corps en décida autrement. J’entendis à peine la blonde me demander si ça allait. Mes jambes flanchèrent et je m’écroulai de long en large sur le tapis. Le reste était le noir total. Je n’entendis pas Emilia demander à Chris d’amener de l’eau et un tissu humide. Je ne la sentis pas prendre mon pouls et s’assurer que je respirais toujours. J’étais k.o., pour une raison des plus nébuleuses. Ce n’est que lorsqu’elle m’épongea le visage avec le tissu frais que je repris peu à peu mes esprits. J’avais mal à la tête, mal au cœur, j’avais l’impression que la pièce tournait encore et pourtant j’avais toujours les yeux fermés. Les formes lumineuses projetées sur mes paupières closes dansaient une valse vertigineuse. J’entendis Emilia me demander de serrer sa main si je l’entendais. Mes doigts des plus faibles pressèrent tout légèrement la paume de la jeune femme. Ma bouche s’entrouvrit, et je soufflai dans un difficile murmure : « Ça tourne encore … » Et mon cœur se débattait dans ma poitrine. Sans doute était-ce aussi le stress de me retrouver dans une pareille situation. En tout cas, chose certaine, j’avais accompli ma mission : Emilia se souviendrait longtemps de ce rencard !

Emilia ne put s'empêcher d'afficher une grimace de dégout quand Concho lui dit qu'il vaut mieux éviter que sa peau ne touche les sièges. "Brrrr tu vas me faire vomir à m'imaginer des choses là ..." Elle ne sait pas ce qui a pu se passer sur ces sièges et elle va définitivement ne plus regarder les choses de la même façon. Elle qui adore passer son temps au cinéma, il est clair qu'elle va s'y prendre à deux fois sur le choix de son fauteuil à présent. Et alors qu'elle s'imaginait déjà devoir s'asseoir sur un fauteuil qui en a certainement vu passer des choses, après le choix du film, Concho l'invite à la suivre non pas dans la salle du cinéma mais dans la petite pièce qui sert de pièce à projection du film. Emilia était déjà très impressionnée qu'il ait pu organisé ça, c'est bien la première fois qu'elle se trouvait ici et pourtant des cinémas dans sa vie elle en avait vu. "C'est super cool même" L'italienne observait déjà tout avant de voir Concho se sentir encore plus mal qu'avant et surtout de le voir s'effondrer sur le sol. Ni une ni deux son métier à vite refait surface, et elle donna quelques ordres à Chris le temps qu'elle prenait en charge Concho. Elle avait pourtant bien vu qu'il n'était pas au top de sa forme, elle aurait peut-être dû lui proposer de reporter ce rendez-vous. Elle s'en voulait un peu dans le fond de ne pas avoir pris les devant, elle aurait pu éviter ce malaise. Après elle préfère que ça se passe avec elle plutôt que peut-être seul ou en plein milieu d'une rue. Alors qu'elle passe le tissus humidifié sur son visage, elle sentit les doigts de Concho bouger légèrement et surtout de l'entendre murmurer "Ne bouge surtout pas pour le moment, je suis là, je te rappelle je suis médecin donc ça va aller" Elle continuait de lui passer sur son visage le tissus "On a appelé le samu ils ne devraient pas tarder je pense" Elle gardait sa main dans celle de Concho lui caressant doucement pour le rassurer. "Je l'avais dit que je t'impressionnais trop, mais au moins je vais m'en souvenir de cette soirée" Elle rit légèrement essayant de le détendre aussi, elle ne savait pas trop s'il s'agissait d'une crise de panique intérieur qui avait mal fini ou un coup de chaud, mais elle voulait le rassurer du mieux qu'elle pouvait. "Je pense que tu me devras un deuxième rendez-vous!"

Je ris en voyant Emilia frissonner de dégoût. « Ça y est je viens de te dégoûter à tout jamais des cinémas. Tu veux y aller quand même ? » Demandais-je avec humour. De toute façon, elle aurait l’agréable surprise de ne pas avoir à s’asseoir sur un banc de cinéma. On aurait nos propres chaises, dans la petite pièce où l’appareil de projection se trouvait. Bon, ce serait peut-être moins confortable que les bancs rembourrés, mais au moins on aurait la certitude que moins de trucs louches s’étaient déroulés sur ces chaises. Une fois en haut, Emilia me confirma que mon idée était bien pensée, alors qu’elle trouvait ça super cool. J’aurais dû sentir la pression redescendre maintenant que je pouvais un peu arrêter de stresser sur mon choix d’activité, et pourtant c’est tout le contraire qui sembla se produire. Ma tête tournait, mon cœur battait beaucoup trop vite pour que mon corps soit capable de suivre, alors plutôt que d’essayer de se calmer il décida carrément de se laisser tomber par terre. Je n’arrivai pas à me rattraper à quoi que ce soit, ma main glissa le long du mur et je m’affalai sur le tapis. Tout le reste s’échappa de ma mémoire, ou plutôt je n’avais tout simplement plus conscience de tout ce qui se passait autour. Et pourtant, il y avait pas mal de trucs qui se déroulaient devant mon corps allongé. Chris courait vers le bas de l’escalier, Emilia me parlait, attrapait ce que Chris lui ramena, et juste comme ça, la blonde sut exactement quoi faire pour me ramener à moi. Je repris tranquillement mes esprits, encore un peu dans le brouillard, mais sa main dans la mienne me ramenait à la surface. Ses paroles me rassurèrent : c’est vrai, on avait appris aux glissades d’eau qu’Emilia était médecin. J’hochai doucement la tête. « Le SAMU ? Non, non … c’est pas nécessaire … » Soufflais-je en essayant de me relever, en vain. Je redéposai rapidement ma tête au sol. Je sentais les nausées revenir de plein fouet dès que j’arrêtais de fixer un point fixe. Ce point fixe, c’était le regard d’Emilia. Elle me regarda d’ailleurs moqueusement. Elle allait se souvenir de cette soirée, qu’elle me dit. Je souris bêtement. « Mission accomplie, alors. » Dis-je doucement. J’hochai à nouveau la tête quand elle m’affirma que je lui devais un deuxième rendez-vous. « Je pense même pas qu’on peut qualifier ce qui vient de se passer de premier rendez-vous … » Au moins, je retrouvais un peu mes couleurs, et mon sens de l’humour !

Jamais Emilia avait eu ces pensées en tête concernant les sièges et pourtant le cinéma elle y va très souvent "Pas à tout jamais, mais je risque d'y aller moins souvent, ou alors de penser à toi à chaque fois" dit-elle en riant. Ce qu'elle ne savait pas à ce moment précis de la conversation c'est où elle allait au final passer la soirée, non pas dans la salle de cinéma habituelle mais plus haut, dans la cabine d'où les films sont diffusés. C'est donc avec grande surprise mais surtout avec joie qu'elle se trouvait dans cette pièce. Elle lui a dit qu'elle était vraiment impressionnée, elle lui avait demandé de passer une soirée qu'elle n'oublierai jamais, et ça commençait vraiment très bien. Malheureusement les choses allaient vite mal tourner puisque quelques minutes après être entré dans cette pièce, elle voit Concho s'étaler sur le sol. D'instinct étant dans le médical elle va direct à son secours. Demandant à Chris de lui apporter certaine chose et d'appeler aussi le Samu. Au bout de quelques instant Concho reprend doucement ses esprits. Elle lui dit qu'elle avait appelé le samu "Ils t'emmèneront pas si tu te ressaisis d'ici là" Elle lui sourit tout en essayant de le rassurer du mieux qu'elle pouvait, une main dans la sienne et l'autre à toujours passer délicatement le tissus humide tout en lui disant que c'était certain qu'elle se souviendrait de sa soirée avec lui. Rare sont les rendez-vous qui finissent par un malaise. Elle continuait de lui sourire pour lui montrer que les choses vont bien, et lui dit qu'il lui devra un deuxième rendez-vous. "La soirée n'est pas encore finie, je suis pas encore rentrée chez moi et toi chez toi" Elle lui sourit en restant près de lui "Comment tu te sens?" Quand elle lui dit ça, Chris arrive en informant que les pompiers sont là. Elle reste près de Concho en expliquant alors aux pompiers ce qu'il s'est passé.

J’esquissai un sourire quand Emilia affirma qu’elle risquait de penser à moi à chaque fois qu’elle irait au cinéma, désormais. Tout ça pour une histoire de fluides dégueulasses sur les bancs. Il y avait de meilleures manières de marquer l’esprit de quelqu’un, certes, mais tant pis ! « Ça me va, si tu penses à moi à tous tes prochains rendez-vous au cinéma … » J’étais un homme, quand même, alors je gardais cette petite pointe de fierté en moi. Je n’irais pas jusqu’à parler de marquer son territoire ou une bêtise du genre, c’était juste animal et dégradant, mais de savoir qu’Emilia pourrait penser à moi en compagnie d’autres hommes, c’était quand même flatteur. Même si ce n’était pas nécessairement pour les raisons que mon égo aurait voulues. On monta finalement dans la pièce tout en haut, là où le projecteur se trouvait. J’aurais voulu profiter un peu plus longuement, et pleinement, de la réaction d’Emilia. Malheureusement, mon corps en décida autrement. Dans le temps de le dire, je me retrouvai allongé au sol, inconscient. De longues secondes sans doute interminables pour Emilia et Chris passèrent, pendant lesquelles je ne donnai aucun signe d’éveil, jusqu’à ce que la blonde me passe une lingette froide sur le visage et dans le cou. Lentement mais sûrement, je retrouvai mes esprits, mes paupières s’ouvrant pour me laisser voir la jeune femme penchée sur moi. « Je vais me ressaisir … » Mais en le disant et en essayant de me relever, je m’écroulai à nouveau, ma tête me faisant trop mal pour que je la tienne droite. Je la reposai sur le plancher, là où les nausées étaient un peu plus supportables. Emilia joua de l’humour, pour alléger l’atmosphère sans doute, et ça fonctionna. Elle me détournait les pensées de mon mal de cœur, aussi. « Avec un peu de chance ils m’emmèneront pas à l’hôpital pour un check-up, alors … Tu rentrerais chez toi direct et là, ce serait échec et mat. » Soufflais-je. La jeune femme me demanda ensuite comment je me sentais. Chris arriva pour dire que les pompiers arrivaient. J’eus juste le temps de lui répondre : « Encore un peu faible » avant que les pompiers n’arrivent. Emilia leur expliquait tout, avec des mots que je ne comprenais pas toujours pour expliquer une situation que j’avais pourtant vécue aux premières loges. Elle était sexy, quand elle s’exprimait en langage médical. Et moi je les regardais se parler, de moi, sans rien dire. On me fit passer quelques tests rapides, sans trop d'équipement, juste la base pour mes signes vitaux peut-être ou un truc du genre. Juste pour s'assurer que tout allait bien, on me conseilla d'aller passer quelques examens à l'hôpital, pour écarter certaines causes de ma chute. Je soupirai. « Bon ... Em', je suis désolé, j'aurais aimé te raccompagner mais, je me doute que messieurs ne feront pas un détour jusqu'à chez toi ... » Je souris faiblement.

Emilia ne put s'empêcher de sourire quand Concho lui dit que ça lui allait si elle pensait à lui lors de ses prochains rendez-vous au cinéma. A vrai dire, elle doit être une des rares à aimer aller au cinéma seule, car en soit, pendant le film on peut pas parler, alors avoir un rendez-vous au cinéma, ce n'est en général pas son genre, comme elle avait indiqué à Concho, il fallait qu'il lui prouve qu'un rencard au ciné pouvait être tout à fait stylé. Et plus le rendez-vous avancer et plus il marquait des points. L'avoir emmené dans la petite salle de projection, on ne lui avait jamais fait et ça pouvait lui prouver que oui, un rendez-vous au cinéma pouvait être stylé. Après, tout le monde n'a pas forcément accès à cette petite pièce, Concho devait avoir des connaissances comme ce Chris par exemple pour avoir l'exclusivité de venir ici. Mais les choses ont vite mal tourné puisqu'il s'évanouit devant elle, heureusement, elle a assez de reflexe et de sang froid vis à vis de son métier pour prendre les choses en mains et tenter de le faire revenir à elle. Ca n'a pas été l'étape la plus compliqué, maintenant il fallait qu'elle le maintienne éveiller et surtout qu'elle essaye de le faire se ressaisir. "Ca sera pas échec et mat t'inquiètes pas" Elle lui fait un clin d'oeil pour le rassurer que même si la soirée venait à se terminer maintenant, elle comptait bien le revoir pour avoir un rendez-vous digne de ce nom, qui ne sera pas clôturé à cause d'un malaise. Les pompiers finissent par arriver et Emilia leur explique alors ce qu'il s'est passé et ce qu'elle a fait en attendant qu'ils arrivent. Elle s'écarte ensuite pour les laisser bosser tout en les observant et gardant un oeil sur Concho. Elle les entend parler de test à l'hôpital et elle en était quasiment sur qu'il irait. Elle revient alors vers lui en souriant pour le rassurer "T'inquiètes pas, l'important c'est que tu ailles bien, on remet le rendez-vous à plus tard. Promis je vais pas m'enfuir de la ville demain à cause de ce rendez-vous" Elle rit légèrement pour détendre du mieux qu'elle peut l'atmosphère. "T'as mon numéro, j'ai ton numéro.. Tout n'est pas perdu" Elle lui sourit en l'aidant alors à se redresser tranquillement.

Emilia me confirma que ce n’était pas un échec et mat, même si notre rendez-vous s’arrêterait peut-être ici. Bordel, ça faisait à peine dix ou quinze minutes, quoi. C’était probablement mon pire score et pourtant, Dieu sait que j’en avais eu, des rencards foireux. Je n’étais pas le plus grand séducteur en ville, au contraire j’étais plutôt maladroit. Il n’était cependant même plus question de maladresse actuellement. Mon corps complet avait décidé d’être un gigantesque détritus en s’écrasant au sol sans prévenir. Bon, sans prévenir … il avait un peu prévenu, quand même, avec mon visage blanc comme neige, mes étourdissements et mes maux de tête. J’avais préféré ignorer tout ça, ne voulant absolument pas remettre ce rendez-vous avec la jolie blonde. Elle n’avait d’ailleurs pas mis de temps à remarquer que je n’avais pas bonne mine. Elle ne s’imaginait probablement pas que ça irait aussi loin, aussi vite. « En tout cas, si on veut continuer dans les échecs, j’suis clairement plus Fou du roi que Chevalier ce soir. » Je ris légèrement, autant que ma forme me le permettait. Les pompiers arrivèrent finalement, probablement déboussolés d’avoir à se rendre à cette petite salle en hauteur pour prendre en charge un grand gaillard comme moi. Emilia prit leur accueil en main en leur expliquant ce qui venait de se passer. Je la laissai faire, sachant fort bien qu’elle était mieux placée que moi pour leur donner l’heure juste. Je me redressai finalement avec l’aide des pompiers qui m’adossèrent au mur. Ils parlaient de tests plus approfondis à passer à l’hôpital, et je soupirai, croisant le regard d’Emilia avec tristesse. Malgré tout, je tentai une petite blague en parlant du peu d’espoir que j’avais que les pompiers fassent un détour pour la reconduire chez elle. J’aurais aimé pouvoir faire au moins ça, mais non. Ça se terminait déjà. « Promis, la prochaine fois, ça va être marquant mais pour de meilleures raisons. » Je souris. J’hochai la tête quand elle me dit que j’avais son numéro et elle le mien. Elle m’aida à me redresser avec l’aide d’un des pompiers. « J’vais sûrement avoir hyper honte pendant quelques jours mais je te ferai signe quand j’me penserai capable de piler sur mon orgueil. » Je ris doucement. Elle était quand même géniale, Emilia, de réagir comme elle le faisait. Ça me donnait carrément envie de la revoir.

Pour un premier rendez-vous avec un homme de cette ville il est vrai que Émilia aurait aimé s'attendre à mieux. Malgré tout ce qui était certain c'est qu'elle n'oublierai pas Concho de sitôt. Non pas qu'elle soit moqueuse ou que le rendez vous était un désastre, au contraire les choses avaient plutôt bien commencé, Émilia sentait de bonne vibes émanant de l'homme face à elle malgré son malaise. Le courant été facilement et surtout rapidement passe entre eux dans l'application, malheureusement ni l'un ni l'autre n'aurait pu prévoir ce petit incident. Clairement Émilia ne lui en tiendrai pas rigueur. Elle rit quand il continue sur le thème des échecs "De toute façon je préfère les fous du rois aux preux chevaliers, la vie est bien plus amusante avec eux" Alors qu'il était encore pas tellement bien, les pompiers ont fait leur apparition et Emilia ne pouvant déroger à son métier leur explique alors la situation avant qu'ils ne prennent en charge Concho. Il est vrai qu'elle aurait préféré passer plus de temps avec lui, pour apprendre à mieux le connaître en face à face plutôt qu'à travers a un écran, mais ce n'est que parti remise comme elle dit si bien. Elle fut tout de même un poil déçu de savoir que les pompiers emmenait le jeune homme passait des examens plus approfondis mais elle gardait le sourire face à lui pour le rassurer et surtout lui faire comprendre qu'elle le reverrait avec grande joie. "Je ne me fais aucun soucis que le prochain rendez vous sera au top, déjà là tu avais vraiment bien démarré, donc je sais que tu peux réussir à me surprendre" Émilia lui sourit en l'aidant à se relever. "Franchement, il faut pas que t'es honte, dis toi que malgré le malaise, tu es loin d'être le pire de mes rencards" Elle lui sourit avant de laisser les pompiers le récupérer "Faites attention à lui, me l'abîmer pas!" Emilia s'approche de Concho et lui fait un petit bisous sur la joue réconfortant "Remets-toi bien vite qu'on puisse le finir se rendez-vous"

Mon pari était gagné, en tout cas. Emilia n’oublierait certainement jamais ce rencard. J’aurais préféré remporter cette manche d’une manière un peu plus gracieuse que ça, mais je prenais ce qui passait, comme toujours. Qui sait, peut-être que ça nous ferait une bonne anecdote à raconter aux gens de notre entourage, si ça allait plus loin que ce premier rendez-vous. Ou peut-être qu’on deviendrait juste de bons amis – je ne pourrais quand même pas lui en vouloir de me friendzoner après un tel fiasco. Nos potes communs se feraient un plaisir de se moquer de moi. Et j’en rirais aussi, probablement. Pour ce soir, c’était un peu trop frais comme coup à encaisser, alors mon humour était surtout là pour cacher ma honte, mais avec le temps qui passerait, je m’en remettrais. Je tentai une autre référence aux échecs, en me qualifiant cette fois de fou plutôt que de chevalier. La répartie d’Emilia me fit sourire. « Ah pour ça … tu risquerais pas de t’ennuyer avec moi, ça, c’est clair. » Le mot maladresse avait été inventé pour moi, et ça me mettait bien souvent dans des situations loufoques. « T’aurais du matériel pour rire pendant des années, si tu passais un peu plus de temps avec moi et mes maladresses. » Ajoutais-je pour qu’elle comprenne un peu mieux où je voulais en venir. Je ne prétendais pas être quelqu’un de volontairement amusant. Je l’étais, mais malgré moi, bien plus souvent qu’autrement.  Les pompiers arrivèrent finalement et me prirent en charge, même si j’avais l’impression qu’Emilia avait fait le plus gros du travail en me ramenant aisément à moi. Je comprenais cependant qu’il fallait déterminer la cause de ce malaise afin d’écarter de mauvais scénarios. Le petit tour à l’hôpital s’imposait donc, ce qui signifiait malheureusement que mon rencard avec la belle blonde tirait à sa fin. « Le temps d’attente à l’hôpital va me permettre de penser à de prochaines idées pour te surprendre, ouais. » Je souris. Il n’était pas faux de croire que j’allais songer à Emilia pendant les heures qui m’attendaient entre ces murs blancs. Elle m’épatait, cette fille. Elle m’aida à me relever en m’affirmant que je n’étais pas le pire de ses rencards. J’arquai un sourcil. « Va falloir que tu me racontes ça quand on se reverra, alors. Ma curiosité est piquée. » Ça nous ferait une bonne conversation, ça : les pires rencards qu’on avait vécus, qui détrônaient celui-ci. Je regardai les pompiers qui pivotèrent vers la sortie, prêts à m’y accompagner de près au cas où je tombe de nouveau. C’était donc le moment de dire au revoir à Emilia, qui déposa un bisou sur ma joue. Je rougis un peu, comme un con. « J’vais faire de mon mieux. Et je te ferai signe. » En espérant qu’elle ne change pas d’idée d’ici-là et qu’elle y réponde, à ce signe. « À bientôt, Emilia. » Je lui souris, avant de lui tourner le dos en suivant les premiers répondants.