Would you save my heart ? ( Tahlia)

Retour mouvementé auquel tu ne t’attendais pas et depuis, tu erres dans les bars l’âme en peine. Carcasse vide que tu trimballes, douleur qui pèse une tonne que tu peines à dissimuler au reste du monde. Tu joues la carte du mec qui s’en fou, qui va bien. Le coureur de jupon vénéré de tous en ville, mais pourtant, à l’intérieur de toi, il y a quelque chose de mort. Ce soir, tu comptes bien remettre ta destinée sur les rails en oubliant tout le reste. Ta famille, ton amour perdu, tout ce qui t’empêche d’avancer dans la bonne humeur comme toi seul sait si bien le faire. Tes collègues ainsi que ceux du poste de police ont choisi d’organiser une petite fête pour célébrer ton retour en ville, mais pas que, une jeune femme est promue au titre de reine à tes côtés, parce que tout comme toi, elle revient après une longue période d’absence. Le thème de la soirée: uniforme ! Tu as l’habitude d’en porter au travail, mais la particularité est que ce soir, tu dois incarner un métier qui diffère du tien. Prêt à mettre le feu dans la place, tu te rends à la caserne reconvertie en salle de fête, vêtu d’un short rouge ainsi que des tongs dans les pieds. Casquette de la même couleur que le maillot rabattu sur tes mèches rebelles, sans oublier le sifflet qualification du sauveteur pendu à ton cou. ‘’ Hey hey tout le monde ! Le plus beau est dans la baraque ! ‘’ Timbre de voix enjoué, sourire de petit con plaqué sur les lèvres, tu exposes fièrement ton corps de dieu grec finement découpé et durement gagné à la sueur de ton front. Poignée de main secrète pour chacun de tes compatriotes, sans oublier les salutations pour vos amis les policiers, tu t’avances vers la table des rafraîchissements pour te prendre une bière. Regard qui migre vers la droite, tu remarques la présence d’une jolie jeune femme non loin de toi. Goulot coincé entre les lippes, tu inclines légèrement la tête en direction de la belle afin de mieux la contempler. ‘’ C’est toi la reine de cette soirée, non ? ‘’ Tu demandes, car elle est de loin la plus jolie dame présente ici ce soir, mais aussi parce qu’un diadème trône au-dessus de sa tête. D’ailleurs, la couronne du roi ne tarde pas à venir se poser sur ton crâne agrémenté de mille et un éclats de rire de la part de tes copains. ‘’ Lorenzo, mais tu peux m’appeler Enzo. ‘’ Main tendue dans sa direction, tu lui adresses ton plus beau sourire, retenant ton désir de la détailler dans ce costume d'infirmière qui lui sied à merveille.

« Hey Tahlia, ce soir, on va chez les pompiers pour une petite fête entre nous. Il y a l'un de leurs collègues qui revient à la caserne. Tu viens ? On fêtera aussi ton retour. » Une fête ? Voilà qui tombait à pic. Comme sa fille était chez son père, Tahlia était libre comme l'air. Il était donc évident qu'elle accepte d'être présente. « Le thème, c'est uniforme. Evite quelque chose de trop sexy. Tu connais les mecs... » dit Andrews, son collègue qui avait toujours un œil protecteur sur elle, en grimaçant. « Compte sur moi. » dit Tahlia, un étrange sourire sur le bout des lèvres. Le soir-même, elle débarqua à la caserne, dans un petit uniforme d'infirmière qui laissait entrevoir sa silhouette élancée, alors qu'elle avait porté deux enfants. Alors qu'on lui avait demandé de ne pas être trop sexy, Tahlia avait fait tout le contraire, par pure provocation. Et probablement par défi. Il fallait qu'elle oublie, qu'elle oublie tout ce qu'il s'était passé, sept mois auparavant, qu'elle fasse l'impasse sur sa douleur, ne serait-ce que pour quelques heures. Evidemment, sa tenue ne laissa pas de marbre, les lèvres de quelques collègues s'étirant en un sourire évocateur, une étrange lueur dans leurs yeux. Mais ils n'étaient pas assez effrontés pour affronter la tornade brune qu'elle était. En revanche, il y en avait un qui osait. Alors qu'elle était près des boissons, son choix se portant sur une bière fraîche, elle vit ce grand brun ténébreux lui jeter un regard en coin. Tahlia l'observa sans vraiment s'en cacher. Il avait bien choisi son uniforme, lui. Il avait la carrure digne d'un acteur d'Alerte à Malibu. Tahlia en viendrait presque à oublier qu'elle savait nager. Très vite, l'homme l'aborda. « Je suppose que c'est ce fichu diadème qui m'a trahi ? » Elle voyait cela comme une sorte de bizutage de la part de ses collègues. Mais elle termina à peine sa phrase que quelques pompiers affluèrent autour du dernier arrivant pour l'affubler, lui aussi, de sa couronne. « Bienvenue au club. » dit-elle taquine. Et alors qu'il se présenta, la première pensée de Tahlia fut putain, encore un italien...Elle se ressaisit néanmoins et serra la main du dénommé Lorenzo. « Enchantée Enzo. Je suis Tahlia. » Elle lui rendit son sourire, relâchant sa main, ramenant sa bouteille de bière vers ses lèvres pour en boire une gorgée. « Alors comme ça, c'est toi qui es de retour ? Comment ça se fait que nous ne nous sommes jamais croisés ? » Elle les connaissait tous. Mais lui, étrangement, elle l'avait loupé.

Tu es toujours partant pour une soirée, encore plus depuis que tu as remis les pieds en ville. Avec ta jumelle les choses semblent vouloir s’arranger, mais avec Fede c’est un peu plus compliqué. Tu lui en veut affreusement pour ses paroles et comme t’es du genre rancunier, l’harmonie risque de mettre un certain temps à revenir. Ce soir, tu veux oublier ces disputes à deux balles, tu veux célébrer ton retour en compagnie de tes compatriotes qui t’ont accueilli comme le fils prodigue. Tu as envie de faire de nouvelles rencontres, de tisser de nouveaux liens. Repartir à zéro tout simplement. Le bar est l’endroit tout indiqué pour toi. L’alcool et toi, une grande histoire d’amour, au moins, elle, elle ne te laissera jamais tomber. Tu commences par la base, une bière. Le whisky sera pour plus tard lorsque viendra le temps de jouer au strip poker. Rafraîchissement en main, une silhouette féminine attire ton regard. Une jolie brune, très séduisante dans son costume d’infirmière. Tu te doutes de son titre puisqu’elle ne vient pas de la caserne, ce qui rend les choses d’autant plus intéressantes. Une fois face à elle, tu la questionnes, billes lunaires captivées par la beauté et la finesse de ses traits. Elle répond à ton interrogation, ce qui provoque un rire que tu t’empresses d’étouffer. ‘’ J’opterais pour le charme naturel plus que le diadème. ‘’ Car il faut l’avouer, il craint. Vient ensuite ton tour de te coltiner ce bout de plastique ridicule sur la tête, chose qui ne change en rien ton humeur du moment. Tu as la pêche, mode séduction enclenché, car il faut l’avouer… cette nana te retourne la tête. ‘’ On fait une sacrée paire! ‘’ Ajoutes-tu suite à sa plaisanterie. Autant se réjouir dans les petites choses. On aurait pu te jumeler à une moche et l’ambiance aurait grave changé pour toi. ‘’ Enchanté ! ‘’ Sourire ravageur collé aux lèvres, tu portes ta bouteille à ta bouche histoire de cueillir quelques gorgées de ce doux nectar ambré et amer. La belle relance la conversation et cette fois, tes sourcils se froncent. Il est vrai qu’avant ce soir, tu n’as jamais été emmené à la croiser. Sans doute un coup du destin… tu n’étais pas libre à l’époque, ce qui est une bonne chose niveau timeline. ‘’ Je crois que t’es de retour aussi ? ‘’ C’est la raison première donnée à cette soirée après tout. ‘’ Un coup du hasard ? Va savoir. J’ai quitté la ville pour huit mois alors… j’imagine que ça pèse dans la balance. ‘’ Un léger rire fait trembler tes cordes vocales. ‘’ Tu as quitté l’Australie aussi ? ‘’ Tu ne veux pas trop t'immiscer dans sa vie privée, certaines personnes détestent ça. Au moment où tu t’apprêtes à prendre parole, un de tes collègues fonce droit sur ta compagne, ignorant tout de sa trajectoire, trop absorbé par l’objet de sa quête, soit d’attraper le ballon de football lancé à l’aveuglette. Tu as l’habitude de cette jungle, mais tu doutes que ce soit le cas de la ravissante amazone qui te tient compagnie. D’un geste délicat et prévenant, ton bras s’enroule autour de la taille de la belle que tu ramènes jalousement contre toi le temps d’inverser les positions. Le placage est inévitable et quelque peu brutal, mais vaut mieux toi que elle. ‘’ Eh bastard! Regarde ou tu mets les pieds ! ‘’ Tu lui envoie une claque derrière la tête avant de te mettre à rire, amusé par cette situation. Le calme quelque peu revenu, tu réalises que ton bras n’a pas bougé, qu’il est toujours accroché à sa taille finement dessinée. ‘’ Désolé, je ne sais pas faire la différence entre un ballon et une belle demoiselle, ou peut-être étais-ce un prétexte pour t’avoir près de moi ? ‘’ Humour dans le timbre de la voix, tu lui adresses un clin d’oeil joueur tout en récupérant le membre qui t’appartient. On peut dire que la franchise est une qualité qui te sied à merveille .

Elle les connaissait tous, Tahlia. Elle les connaissait si bien qu'elle savait pertinemment ceux qu'il fallait fuir comme la peste. Etre en minorité dans un monde masculin poussait parfois au repli, à la méfiance. Il fallait, certes, s'assumer, se faire une place mais en contrepartie, il fallait aussi faire attention à ses provocations qui pouvaient très vite faire passer de mauvais messages. Mais ça, Tahlia s'en contrefichait et son petit costume - sexy - en était la parfaite démonstration. Evidemment, elle attira les regards mais il y en eut un qui l'attira plus. Ce brun aux yeux d'un marron si profond venait de lui taper clairement dans l'oeil. Plaisantant sur ce diadème qui trônait sur sa tête, Tahlia jeta un regard vers l'homme, feintant l'indifférence - même si son sourire en coin la trahissait - alors qu'il évoqua son charme naturel. "Flatteur, à ce que je vois.' dit-elle en buvant une gorgée de sa bière. Mais très vite, elle comprit qu'il serait son binôme de la soirée. Les pompiers vinrent rapidement affubler l'homme d'une couronne qui permit à Tahlia de comprendre que c'était lui, le fameux collègue de retour. Tahlia pencha la tête sur le côté, ses yeux verts le sondant, faussement songeuse, avant de rétorquer : "Là aussi, le charme naturel fait tout." Un rire ponctua sa phrase, hochant doucement la tête quand il souffla qu'ils faisaient une sacrée paire. "En effet..." murmura-t-elle, gardant son sourire sur le bout des lèvres. Il avait un charme dangereux, cet homme. Il avait le sourire ravageur, le regard transperçant, tout ce qui touchait Tahlia en plein coeur. Et quand il se présenta, elle comprit, elle comprit d'où venait ce charme qui l'atteignait. Cet accent n'était pas anodin. C'était un latin. Probablement italien. Le talon d'Achille de la brune. Peut-être qu'il faudrait le fuir, mais pourtant, tout la poussait à rester. Elle avait des envies d'ailleurs, Tahlia et sans doute, cette soirée pourrait la guider sur une autre route. Il fallait qu'elle se change les idées, qu'elle tisse de nouveaux liens, qu'elle réapprenne à vivre. Se morfondre ne lui ressemblait pas. Retomber dans ses travers n'était pas la meilleure solution mais c'était beaucoup plus attirant que de rester au fond du gouffre. Alors qu'elle s'étonnait de ne l'avoir  jamais vu dans le coin, elle comprit que c'était un retour après de longs mois. "Nous sommes presque partis au même moment. ça pèse énormément dans la balance, même" dit-elle, d'abord, même si son départ du commissariat était encore plus ancien. Elle secoua négativement la tête quand il lui demanda si elle avait quitté l'Australie. "Non, juste Bowen. J'avais besoin de voir ce qu'il se passait ailleurs. Mais du coup, toi, je suppose que tu as quitté l'Australie ?" Il attisait sa curiosité. On disait souvent que Tahlia était très curieuse - ce qui était parfois gênant - mais c'était toujours fait avec bienveillance et non pas une curiosité malsaine. Elle aimait connaître les histoires des gens. ça en disait énormément sur eux. Gardant son regard sur lui, obnubilée par ce regard si captivant, elle ne vit pas la brute qui accourait jusqu'à eux, son attention vers ce ballon qui fonçait droit vers eux. Elle sentit juste le bras d'Enzo attraper sa taille, de façon à la faire virevolter pour qu'il soit celui qui prenne tout le choc. Malgré tout, ils reculèrent sous le choc encaissé, Tahlia posant ses mains sur son torse d'Apollon. Très vite, un rire franchit ses lèvres. "Moi qui croyais que les pompiers étaient plus délicats..." dit-elle alors que son collègue s'excusa après avoir reçu une claque de la part d'Enzo. Au bout de quelques secondes, ils réalisèrent qu'ils étaient toujours accrochés l'un à l'autre. Tahlia le regarda avec amusement : "T'es en train de sous-entendre que je suis aussi ronde qu'un ballon ?" Évidemment qu'elle le taquinait. "Je préférerai que ce soit un prétexte pour me garder près de toi." Elle se détacha de lui et but une gorgée de sa bière. "Je me disais qu'après la fête, on pourrait peut-être aller boire un verre dans un lieu plus tranquille ?"

Tu n’es pas du genre à te cacher derrière une excuse ou encore une timidité quelconque. Quand tu as quelque chose à dire, tu vas droit au but, que ce soit agréable à entendre ou non. Tu ne t’attendais pas à rencontrer une beauté en venant ce soir, mais il faut dire que tu es plus qu’heureux d’être tombé sur elle. Sourire envoûtant, regard de braise. Cette policière ne te laisse pas indifférent et encore moins dans ce costume plus qu’intriguant. Les compliments fusent, l’humour est reine et il faut avouer que tu n’as nullement envie de changer de partenaire. Tu les connais toutes, pour toi, c’est du déjà vu, mais elle, elle est différente. Elle dégage quelque chose de captivant, ce qui te pousse à creuser davantage. Tu la questionne sur son départ et tu comprends vite qu’elle cherchait à fuir quelque chose ou encore à trouver certaines vérités ou qui sait, trouver mieux que Bowen. ‘’ Tu as trouvé ce que tu cherchais ? ‘’ Ajoutes-tu, curieux. Tu es du genre vivre et laisser vivre, mais lorsqu’une personne t’intéresse, tu pousses l'interrogatoire un peu plus loin. ‘’ En effet ! J’ai fait le tour du monde. ‘’   Ça peut paraître impressionnant, mais lorsqu’on connaît les raisons, le charme et la magie s’envolent. Pour les grands romantiques de ce monde il s’agit d’une belle preuve d’amour et pour les pessimistes, une perte de temps… et pour être honnête, tu ne sais pas dans quel groupe tu te trouves. La conversation va bon train, sourire qui perdure. Chaque fois que tes prunelles se posent sur elle, ton rictus s’élargit. Elle a un charme magnétique, qui te pousse à redoubler d’ardeur pour l’enjôler, la conquérir. Au moment de poursuivre, un fâcheux incident se produit. Rôles inversés, tu encaisses le coup, ce qui vous mène devant la table à dessert. Bras solidement accroché à sa taille, tu la gardes jalousement contre toi, profitant de cette proximité grisante avant de la relâcher dans un rire. ‘’ La courbe du ballon de foot est plus effilée. Le cuir et les lacets, c’est affreusement sexy tu sais. ‘’ Tu joues le jeu de ton côté aussi, déposant la bouteille vide pour en entamer une seconde. ‘’ Je n’ai pas besoin d’un prétexte pour te garder près de moi. ‘’ Voix feutrée, tu attrapes une fraise que tu glisses entre tes lèvres et doucement, tu approches ton visage du sien. Tu fais un pas devant, laissant ton corps épouser le sien à nouveau et délicatement, tu viens caresser sa joue de la pulpe de ton pouce sans déloger tes billes de ses prunelles. Distance réduite à presque rien, tu presses le fruit juteux et sucré contre ses pulpeuses jusqu’à ce que vos bouches s’effleurent. Le temps semble s’être figé dans le sablier de Chronos. Le monde autour de vous s’est éteint pour ne laisser que vos âmes illuminer cette pièce. Un long frisson parcourt ton échine, t’as l’impression d’être en chute libre. ‘’ J’ai emménagé un petit coin secret là-haut si tu préfères ‘’ Tu n’as rien contre un verre dans un endroit tranquille, mais au grenier, ça peut être intéressant aussi. Tu as créé une magnifique pièce à l’insu de tes compatriotes. Au moment d’attraper sa main pour la mener au paradis, vous vous faites interrompre par le maître de soirée qui hurle dans son micro. Légèrement en retrait du reste du monde, on vous prie de rejoindre l’ensemble de la population afin d’inaugurer la soirée dansante. Soupir las, tu lèves les yeux au ciel tout en nouant tes phalanges à celles de la belle. Une fois au centre de l’attention, tu la fais tourner sur elle-même avant de l’attirer contre la forteresse qu’est ton corps. Sourire ravageur au coin des lèvres, tu laisses ta main libre s’ancrer à sa chute de rein, rapprochant ainsi la belle de sa bête. ‘’ Tu vois, toutes les raisons sont bonnes pour te garder près de moi. ‘’ Souffles- tu dans le creux de son oreille avant de venir déposer un baiser fiévreux contre la peau fine et soyeuse de son cou.

Avait-elle trouvé ce qu'elle cherchait en partant de Bowen ? Bonne question. La brune secoua doucement la tête alors qu'elle répondit : "Non, pas vraiment. On va plutôt dire que j'ai fui plutôt que d'affronter le problème." Cela avait été lâche sur le coup, mais nécessaire pour Tahlia. Elle avait cru prendre la bonne décision. Elle s'était dit qu'elle repartirait sur de bonnes bases, dans une nouvelle ville. Mais cela avait été une erreur monumentale. Elle s'était perdue encore plus là-bas. Elle espérait que, pour Enzo, le départ avait été plus joyeux. Quand il lui avoua avoir fait un tour du monde, un sourire vint étirer ses lèvres. "Oh c'est vrai ? Mais c'est une super expérience, ça !" s'exclama-t-elle, loin d'imaginer que c'était pour partir à la recherche d'un amour perdu. "Et qu'est-ce qui t'a ramené à Bowen, du coup ?" Il avait le monde à ses pieds. Pourquoi revenir se perdre dans ce patelin australien ? Ses yeux verts scrutaient le jeune homme, avide de curiosité. Elle était du genre sauvage, Tahlia, surtout de prime abord. Mais quand on attirait son attention, elle ne lâchait rien et aimait découvrir les petits détails qui nourrissaient le caractère et la personnalité de son interlocuteur. Et Enzo semblait avoir de la personnalité. Toutefois, elle ne put gratter davantage puisqu'un collègue d'Enzo, avec ses bêtises, vint interrompre la discussion. Tahlia manqua de peu de se prendre un plaquage digne des matchs de rugby australiens. Heureusement pour elle, le beau pompier avec des réflexes. Habile, il inversa les positions et encaissa ce choc qui les fit reculer de quelques pas. Ils mirent d'ailleurs quelques secondes pour se détacher l'un de l'autre, tant leur rapprochement semblait naturel. Dans ses bras, elle n'avait senti aucune gêne. "Justement, je comptais venir avec un uniforme qui rassemblait du cuir et des lacets, mais on m'a dit qu'il ne fallait pas être trop provocatrice, alors..." ...alors elle avait opté pour le costume d'infirmière sexy, ce qui était tout aussi provocateur. Quand il lui souffla qu'il n'avait pas besoin de prétexte pour la garder près de lui, elle arqua un sourcil, cet étrange sourire plein de défi sur le bout des lèvres. "Ah bon ?" Son sourire ne disparut pas et son regard ne le quitta pas alors qu'il attrapa une fraise qu'il porta à sa bouche. Puis, avec sensualité, il s'approcha d'elle, leurs corps se heurtant délicieusement. Elle recueillit le fruit sucré qu'il lui tendit, laissant sciemment ses lèvres frôler celles de l'italien. Elle joua même encore plus le jeu quand, en croquant chacun le fruit, elle laissa ses dents taquiner la lèvre inférieure de cet Apollon. Et à cet instant, elle comprit qu'elle en voulait plus. Il était envoûtant. Et elle était si faible. Elle en oubliait l'endroit où ils étaient, l'heure qu'il était et les collègues qui les entouraient. Il n'y avait que lui dans son champ de vision, que lui qu'elle entendait. Son invitation, d'ailleurs, elle la saisit pleinement. "Un coin secret ? C'est encore mieux." murmura-t-elle, le regard fiévreux, l'esprit bouillonnant à l'idée d'être seule avec lui. Mais de nouveau, la réalité les rattrapa. Alors qu'ils étaient à deux doigts de s'échapper, on les appela sur la piste afin de lancer dignement la soirée. Elle soupçonnait surtout leurs collègues d'avoir pris plaisir à interrompre l'alchimie si palpable entre les deux, les sourires amusés et malicieux en témoignant parfaitement. Le même soupir s'échappa des lèvres du roi et de la reine de la soirée, mais ils jouèrent le jeu en avançant sur la piste. Un tour sur elle-même et très vite, elle retrouva l'étreinte ferme et assurée du jeune homme. Elle esquissa un sourire à ses mots, alors qu'elle plaça sa main libre sur son bras si bien bâti. "Si en plus de tout ça, tu me montres que tu sais danser, je risque de vite craquer." Elle se voilait surtout la face : elle était déjà en train de craquer. Un frisson s'empara d'elle quand il posa ses lèvres dans son cou, à l'endroit parfait où la peau était si fine que cela la chatouillait agréablement. La musique leur donna le bon tempo pour balancer leurs corps au rythme des notes. Elle ne chercha même pas à savoir si c'était une chanson qu'elle aimait ou non. Elle était juste à mille lieues d'ici, à sentir son parfum qui l'enivrait, à apprécier le chemin de ses doigts qui remontaient le long de son bras jusqu'à son torse. "Dis-moi qu'on ne fait qu'une danse et qu'on s'éclipse ensuite très vite d'ici..." lui souffla-t-elle, dans un ton enfiévré qui laissait clairement comprendre ce qu'elle imaginait ensuite pour eux. Leur place n'était décidément plus ici. "Je meurs d'envie de visiter la caserne, évidemment." le taquina-t-elle.

Le sujet devient un peu plus sérieux et pour une fois, tu ne ressent aucune forme de malaise. Les mots se bousculent d’eux-même, guidés par la forte envie d’en apprendre plus sur elle et pas uniquement de manière charnelle. Cette beauté est intéressante à bien des égards. Belle comme le jour, mystérieuse comme la nuit. Tu ne résistes pas à ce genre de femme et visiblement, y’a pas qu’à l’entre-jambe qu’elle fait de l’effet. Elle te réchauffe le cœur, apaise les tourments par sa simple présence. Elle ne te connaît pas et pourtant, elle se livre avec une telle franchise que s’en est presque déconcertant. ‘’ Que cherchais-tu à fuir ? Si ce n’est pas indiscret ? ‘’ Sans doute pour les mêmes raisons que toi, sauf que toi, tu as foncé droit dans un mur en choisissant de poursuivre une chimère lorsqu’il fallait battre en retraite. La policière semble être emballée par ton récit, mais si seulement elle savait… Les choses ne sont pas ce qu’elles semblent être. ‘’ C’est une expérience à vivre en effet, peut-être dans de meilleures circonstances. ‘’ Tu pouffes de rire pour dédramatiser la chose. Tu dois avancer et passer à autre chose. Inutile de t'apitoyer sur ton sort, cela ne servirait à rien. ‘’ Pour être honnête, je l’ignore… ‘’ Et c’est peu de le dire, car tu as l’impression d’être un inconnu depuis ton retour. ‘’ J’ai de la famille ici. ‘’ Clin d’oeil à l’appui, c’est à ce moment précis que tu inverses les positions pour te prendre un placage d’une force incontrôlée. La proximité de vos corps te fait oublier tout le reste. La douleur qui fait tressauter les muscles fermes et détaillés de ton dos n’existe plus. Le fruit qui repose désormais entre tes pulpeuses devient ta seule et unique raison de vivre à l’instant. Cette proximité grisante, contact enivrant et fiévreux, t’es au bord du vertige. Chute fatale qui s’abat sur toi lorsque vos lèvres se touchent, davantage encore lorsque ses ivoires viennent s’ancrer au charnu de ta lippe inférieure. L’envie monte en flèche, le désir devient omniprésent. ‘’ J’suis sûr qu’avec un col roulé et une paire de jogging troué tu trouverais le moyen d’être provocatrice. ‘’ Car elle a un charme naturel fou. Elle n’a besoin d’aucun artifice pour attirer les regards et lorsqu’on parle avec elle, on comprend vite qu’elle n’est pas une petite écervelée. Elle en a dans le crâne. ‘’ Voglio baciarti ‘’ Souffles-tu d’une voix rauque tout près de son oreille. L’italien, ta langue natale, tu aimes l’employer lorsque tu ne trouves pas les mots dans une autre… des mots assez puissants pour transmettre ton désir. Paume de la main épousant la courbe fine de sa joue, tu t’apprêtes à lui voler un baiser lorsqu’elle évoque l’endroit secret dont tu viens à peine de lui parler. Sourire malicieux au coin des lèvres, tu prends ton mal en patience, repoussant l’envie d’une minute ou deux pour répondre à ses propos. ‘’ Très confortable en prime. ‘’ Tu t’es assuré qu’un matelas confortable trône au milieu de la pièce, le tout recouverts de draps soyeux et d’une panoplie de coussins en tout genre et de toutes les textures possible afin d’attiser les sens. Tous les moyens sont bons pour faire naître le désir. Tu t’apprêtes à la mener au paradis lorsqu’on vous interromps à nouveau. Tu lèves les yeux au ciel, complètement blasé par la situation. Si à ton arrivée tu crevais d’envie de faire la fête, là, c’est autre chose qui prime. Tu ne veux pas passer pour un queutard, mais tu ne peux pas non plus cacher ta vraie nature. Une chose est sûre, c’est que tu sais que tu risques de la revoir… encore et encore sans jamais te lasser d’elle. C’est une conviction qui te transperce chaque fois que ton regard croise le sien et encore plus lorsqu’elle se retrouve à nouveau contre toi, dansant au rythme de la musique sous le regard à la fois curieux et envieux de vos collègues. ‘’ Alors craque ! ‘’ Dis-tu simplement avant que tes lèvres prennent d’assaut son cou. Tu profites de l’occasion pour laisser le bout de tes doigts glisser le long de son échine pour en allumer les terminaisons nerveuses, arrêtant le supplice à la naissance de ses fesses. Gestes à la fois sensuels et calculés, tu es prêt à tout pour lui faire perdre la tête. ‘’ Merde, moi qui voulait enchaîner les danses… ‘’ Dis-tu, taquin en laissant tes porcelaines titiller sa lèvre inférieure à ton tour. Des petits cris primitifs s’élèvent dans la pièce, tes collègues trépignent comme des bêtes à la vue de cette scène beaucoup trop romantique pour un mec comme toi. Des ‘’ ouuuh ouhhh, ouaiiiis, vas-y ‘’ fusent autour de vous, ce qui t’arrache un nouveau rire. Le niveau de maturité dans cette caserne est très bas, voire quasi inexistant les soirs de fête. ‘’ Bientôt je devrai te demander en mariage j’espère que tu en es consciente. ‘’ Le comble quand on y pense, mais toi, y’a rien qui t’arrête. ‘’ La caserne, évidemment. Un incontournable. ‘’ Histoire de pousser le jeu à son paroxysme, tu lâches sa main le temps d’incliner les genoux et d’une aisance déconcertante, tu la soulèves telle une princesse. ‘’ I tuoi desideri sono ordini ‘’ Le regard que tu poses sur tes compatriotes est clair, aucun d’entre eux n’est autorisé à vous retenir ici désormais. Sans plus attendre, tu quittes la pièce principale, trésor inestimable au creux des bras. Tes opales ne quittent pas les siennes tout le temps du trajet que tu connais par coeur et une fois en hauteur à l’abri des regards, tu la déposes sur le matelas, laissant ton corps surplomber le sien tandis que tu viens cueillir le nectar de ses lèvres dans un baiser sauvage et fiévreux. Corps qui s’emboîtent parfaitement comme deux pièces de casse-tête destinées l’une à l’autre, tu lui fait sentir l’émoi qu’elle fait naître en toi en laissant ton bassin titiller le sien. Tu ne peux plus te retenir, le supplice est beaucoup trop grand. Elle t’a eu.

Que cherchait-elle à fuir ? Tahlia resta silencieuse quelques secondes, songeuse. « Moi-même. Le regard des autres. Ma culpabilité. En réalité, je me suis interdit d'être faible. » Pendant longtemps, elle avait cru qu'elle n'avait pas le droit d'être triste, qu'elle n'avait pas le droit de ployer face aux coups rudes de la vie. En fuyant de Bowen, en se donnant l'opportunité de vivre ailleurs, elle avait cru qu'elle pourrait garder ce masque de femme forte sans qu'on ne cherche à lui retirer, à dévoiler ses cicatrices. Ici, à Bowen, face à sa famille, ses amis, Ciàran, elle aurait été obligée de faire exploser son mal-être et elle s'était refusée de leur infliger cela. Enzo, quant à lui, évoqua son tour du monde. Mais ses mots l'intriguèrent. « Dans d'autres circonstances ? » demanda-t-elle avec douceur. Cependant, la même raison avait fini par les faire revenir ici : la famille. Elle n'eut toutefois pas le temps d'en demander davantage qu'un plaquage manqua de les envoyer, les quatre fers en l'air. Le contact de leurs corps, son torse brûlant contre le tissu de sa fausse blouse, semblèrent suspendre le temps. La sensualité qui découlait de ses gestes fit fondre la jeune femme, qui répondit à ses provocations sans hésitation. Cette fraise entre leurs lèvres les poussa établir un contact rapproché, qui déclencha un frisson chez la jeune australienne. Qu'il était sexy... « Tu voudras vérifier ? » murmura-t-elle quand il parla de jogging et de col roulé, esquissant un plus large sourire quand elle l'entendit parler en italien. Elle ne savait absolument pas ce qu'il voulait lui dire, mais son corps le laissait comprendre. Il n'en fallait pas plus pour se laisser aller, prête à lui demander de retrouver ce lieu secret qu'il lui vendait. Mais c'était sans compter sur les collègues de la caserne qui, eux, ne comptaient pas les laisser partir aussi facilement. Quiconque se trouvait à proximité sentait l'électricité qui émanait d'Enzo et Tahlia. Et cela devait être encore plus amusant pour les collègues de jouer les trouble-fête. L'occasion était trop belle. Invités à mener la première danse, Tahlia et Enzo s’avancèrent sur la piste. Néanmoins, ce détour ne suffit pas à annuler l'attirance entre eux. Cela l'augmenta même encore plus, à coups de regards, de sourires bien placés, de leurs corps qui se mouvaient harmonieusement. Tout était propice à éveiller la fougue de Tahlia. Alors craque... Doux murmure au creux de l'oreille qui la poussa à abdiquer. Elle pencha la tête sur le côté, lui offrant son cou qu'il parsema de délicieux baisers. Inutile de vous dire à quel point cette zone la faisait réagir. Cet homme avait entre les mains toutes les ficelles du plaisir féminin. Ses gestes, minutieusement calculés, sensuels, pouvaient sans aucun doute faire craquer la plus prude des femmes. Et il réussit aussi haut la main avec Tahlia qui, du bout des lèvres, le supplia presque de ne pas danser une danse supplémentaire. « Bon, on peut rester là, si tu tiens tant à danser... » dit-elle sur le même ton taquin, ses lèvres esquissant un sourire quand il retourna le jeu contre elle, en venant mordiller sa lèvre. Geste qui fit réagir les collègues, à coup de cris de singes. « Ah ouais, t'es un rapide, toi. » enchaîna-t-elle en riant quand il parla de mariage. Mais enfin, il accepta de lui faire 'visiter' la caserne. Elle poussa un cri de surprise quand il la souleva dans les airs, passant un de ses bras autour de son cou, l'autre retenant le bas de son uniforme, au risque d'offrir une vision sur ses sous-vêtements très peu couvrants à tous ses collègues. « Allons-y, soldat ! » clama-t-elle, en riant alors qu'ils passaient devant les collègues, hilares. Elle le laissa l'amener jusqu'à son antre secrète, son regard ne le quittant pas un instant tout le long du trajet. Quand il la déposa sur le matelas, elle se laissa tomber en arrière l'embarquant avec elle, son corps réclamant le sien avec ferveur. Enfin, il l'embrassa. Et ce baiser, passionné, fièvreux était à la hauteur de ses espérances. Non, c'était même encore mieux. « Et en plus, tu embrasses bien... ! » s'amusa-t-elle à dire, ses lèvres contre le sienne avant de lui offrir un nouveau baiser, tout aussi fougueux que le précédent. Ses mains descendirent le long de son dos, ses doigts dessinant les contours de ses muscles. « Ce n'est pas du jeu... » souffla-t-elle, entrecoupée par les baisers. « T'es bien moins habillé que moi. » Et pour schématiser ses paroles, elle le repoussa et s'installa à califourchon sur lui. Là, avec sensualité et sans quitter son regard, elle déboutonna sa blouse d'infirmière, bouton par bouton, laissant traîner l'instant où elle dévoilerait sa peau hâlée, ses sous-vêtements en dentelle, ses courbes divines. Ses gestes étaient teintés, certes, de provocation, mais on sentait aussi une once de timidité. Cela faisait longtemps, bien longtemps qu'elle n'avait plus fait face au regard d'un homme, sous cet angle-là. Alors, pour ne pas faire face à un éventuel jugement, elle se pencha rapidement sur lui, poitrine contre son torse, ses lèvres se logeant dans son cou. Puis, ses baisers continuèrent le long de son torse, de ses abdominaux jusqu'à la lisière de son short. Sa main, aventureuse, se glissa sous le bout de tissu, allant provoquer l'objet de son désir. Elle ne devait pas être la seule à craquer ce soir...