leger ' Soraya & Alister

L'envie de faire le pitre, de profiter de la vivifiante et contagieuse jeunesse qui semblait passer, comme une transfusion, des veines de Soraya aux siennes
Le bellâtre vieillissant et la lolita, serait-ce une allégorie moderne du vampirisme...
Mordre dans la vie...dans son cou...
Modérer ses envies, et sagement poser les lunettes sur son nez...un peu de biais, comme pour l'inviter à rectifier leur position, comme pour,.. l'inviter à s'approcher, au moins de la main?

- Pas mal, mais un peu instable, non?


L'envie de la sentir prés de lui , contre lui, autour de lui, prenait des allures de moins en moins floues.

Ce qu'Alistair avail envie de dire, c'était simplement,..."viens!"

Mais manifestement le temps n'était pas venu pour se montrer aussi percutant...Il lui semblait même que la complicité naissante entre la jeune fille s'amenuisait. S'était il juste agit d'un simple coup de chaud estival, d'un embrasement qui lui avait fait percevoir quelques opportunités de glissements licencieux?

Il s'efforça de prendre un peu moins à la légère le choix de ses nouveaux verres...Sans vraiment y parvenir, parce qu'au premier balayage de la pièce, aucun modèle n'avait vraiment retenu son attention. Oui il était d'une honteuse coquetterie concernant ses lunettes, ce qui le rendait un point sourcilleux en terme de choix.
Mais force était de constater que dans le maigre choix de la boutique, la jeune fille avait fait les plus judicieux

-Les trois me plaisent également, en vérité. Je vous laisse trancher

Il sentait une pointe de deception le gagner. dommage de clore par un vulgaire achat, pas vraiment exaltant, cette courte promenade qui avait semblé contenir de bien plus stimulantes promesses.
Et, si une certaine élégance, parfois un peu affectée, faisait légitimement sa fierté , il n'en restait pas moins vrai que l'abnégation ne faisait pas franchement partie de ses qualités.

- Vous savez, s'il devait y a avoir ici une seule chose que j'aie vraiment envie d'emporter, ce serait vous!

-Vous découvrir à l'aveugle,...en vous devinant du bout des doigts, ne serait pas pour me déplaire

Dans l'enthousiasme, il avait répondu spontanément, et il se sentait maintenant un peu honteux d'avoir été si cavalier!
le reflex conditionné par son éducation anglaise sanctionna son audace sur le champ*
- Hem! Je vous prie de m'excuser...

Et de crainte que cet automatisme ne le fasse définitivement passer pour aussi guindé que sa vielle tante Margaret, ou pire, son sinistre frère ainé Sir Bernard, il s'empressa de poursuivre

- En fait, pour rester honnête, je ne regrette pas totalement ma sincère spontanéité... Votre fraicheur m'enchante, et votre belle humeur ensoleillerait cette fin e journée si besoin était

Saisissant d'une main distraite avec désinvolture la monture choisie et de l'autre nettement plus appliquée, avec délicatesse la taille de la jeune fille

- on paye la rançon au marchand de verre et je vous enlève, donc?

la source de jouvence amarrée souplement à son coté, Alistair quitta la boutique, avec une conscience de plus en plus ténue de l'âge de ses artères. Douce et régressive promenade, qui s'amorçait pour eux!

-Je suis bien avec vous, vous savez...

Il se laissait progressivement aller contenant tout de même , au moins pour un temps, les lubriques pulsions que leur proximité induisait. Il était partagé entre le désir croissant de sortir de son emballage la friandise gourmande qui aiguisait ses luxurieuses envies et celui de prolonger cette attente délicieusement émoustillante partagé, indécis, il claquait son pas sur celui de Soraya

-Ou puisez vous cette merveilleuse énergie qui irradie jusqu' à moi, jolie môme?

Le surnom, un brin canaille, comme ses actuelles pensées, un tantinet désuet, aussi, comme hélas, le temps se chargeait de le rendre, lui était venu de façon tout aussi impromptue que son audacieux aveux dans la boutique. Mais, à présent, enhardi par leur mutuelle proximité, il n'éprouvait plus de gêne, juste une pointe d'amusement. Il était bien. Il aimait se sentir libéré du carcan des conventions, aussi par moments.

-Alons...
Insista-t-il tout en accentuant son propos par un resserrement de son étreinte autour de sa taille
-ne soyez pas is mystérieuse...dites moi tout...

Alistair songeait qu'une bonne heure de marche les séparaient de sa maison de bois au bord de l'eau, et que, si lutiner en cheminant était agréable, il serait cependant regrettable de parvenir à destination épuisé, les pieds gonflés et conséquemment l'humeur en déroute.

- Je vais vous confier quelque chose, pour vous inciter à oser...

Il se pencha périlleusement vers son oreille, respirant le parfum fleuri de sa chevelure qui caressait sa joue, pour murmurer

- J'habite à une heure de marche... et j'ai mal aux pieds

La fin de la phrase n'était pas rigoureusement exacte. Il anticipait simplement, car si les bottiers Italiens savent magnifier la fleur d'agneau, ils infligent souvent en retour des angles d'un inconfort proportionnel à l'audace des lignes de leurs bottines!

- Alors, un taxi? Ou avez vous peut être une destination moins lointaine à nous proposer?

L'idée d'aller chez elle le séduisait...
D'une part parce que c'était découvrir un peu d'intimité sous une forme certes différente de celle qui lui était de prime abord venue à l'esprit, mais cependant non dénuée d'intérêt.
Se donner la chance d'être agréablement surpris, tel était son projet, tant dans l'immédiat que sur le long terme. Et oui, cela impliquait l'acceptation du risque de la déception, ou du grain de sable ruinant la mécanique porteuse du projet. Mais ça ouvrait aussi parfois des perspectives fabuleuses.
Et globalement l'incertitude le rassurait d'avantage que la mortelle assurance des opérations parfaitement planifiées... La planification, c'était ce qui l'avait le plus rapidement ennuyé lorsqu'il s'était essayé au jonglage financier.

-Chez vous, ça semble si ...dangereusement excitant... J'accepte

Il avait soufflé à voix très basse le dernier mot, mais compte tenu que ses lèvres étaient à un cheveux d'effleurer son oreille, il était certain d'avoir été entendu

Il écarta sa bouche de la peau de Soraya, afin de laisser la tension monter d'elle même... Et grand bien lui pris, car il détourna son regard sur la rue juste à temps pour éviter de marcher dans un colombin douteux.

- On marche, ou on se fait conduire, alors?

Il convenait qu'Alistair prît garde de na pas paraitre plus cacochyme qu'il était. Certes sa coquetterie des pieds risquait de lui couter un peu, mais pas sur une si courte distance.
Il fallait qu'il se montre plus attentif, au risque de transformer son badinage en propagande répulsive.
Se tirer une balle dans le pied, vraiment? Crime de lèse cordonnier, absolument!

- Rassurez vous, à vos côtés , délicieuse amie, j'irais au bout du monde, donc 10 minutes de marche, c'est une futilité!

Il aimait sa moue de baby doll déformant, avec une ingénuité parfaitement dosée pour se faire tentatrice, d'un croc mignon ,la ligne trop fluide de ses jolies lèvres.
Une bouche qui prenait alors de troves inclinaisons, prometteuses d'interlopes invitations.

Alistair savourait la montée de désir qui se faisait en lui, paliers par paliers...
Et pour ne point gâcher la spirale dynamique, émoustillante, qui emportait en doucer ses émotions, il contenait les envies qui parfois éclataient, au détour d'une spire,en décharges électriques séches brutales et crues, fulgurantes comme des éclairs estivaux.

Embrasser, saisir, palper...
Sa paume palpitait d'impatience, caressant malgré sa volonté de préserver les délices de l'attente, lentement le tissu de la robe de Soraya, acclimatant sa courbure au galbe de ce corps qu'il devinait déjà.

- Je crains que ces 10 ridicules minutes ne me paraissent une éternité... Vous êtes...envoutante, en vérité!

-Lutter certes mais ensembles, alliés...Perspective de fort bel aloi!

Alistair se morigénait d'oser encore, alors que manifestement la nécessité ne s'en faisait nullement sentir, de continuer à glousser, presque pour le seul vil plaisir égoïste de savourer ses propres saillies verbales. Oui, le ridicule de sa parade digne d'un dindon de basse cour ne lui échappait point, mais manifestement, nonobstant le puissance de ses désirs charnels, le force de la vanité arrivait encore à faire loi.
Il comprenait à quel point celle qui semblait tout autant que lui volontaire pour danser avec lui la parade du corps accord n'avait au fond cure de ses clownesques effets de langue...Que chez cette belle fille, le naturel primait sur les artifices. Et il en avait d'autant plus fortement  conscience que c'était manifestement cette qualité qui l'émouvait le plus chez elle. Non qu'elle ne fut plantureuse, épanouie, insolemment appétante, telle un fruit gourmand fraichement cueillit offert sur une simple natte de verdure tressé. Mais la fraicheur des primeurs , nombre de jeunes filles à peine écloses pouvaient s'en prévaloir. Trait plaisant mais somme toute banal, laissant sur la descente de lit une verdeur détestable aux relents de déjà vu.
Pour se donner une illusoire originalité, souvent se sentaient-elle forcées de se farder de grossiers artifices.
Que ce soit dans les excès vestimentaires...
Oui, lui le dandy flirtant dangereusement avec la préciosité , il osait juger les fautes de gout en matière d'habillage. Démonstration si le besoin de la faire se ressentait encore, de sa paradoxale morgue!
...Que ce soit dans une préciosité ridicule du langage, qui rapidement, trahissait leurs limites de la maitrise de la pompe...
Sa vergogne semblait définitivement infrangible
...Ou pire, dans des comédies surjouées même pas digne des piètres actrices qu'elle singeaient!
Irrécupérable, Alistair!

Soraya avait l'instinct de ne pas doser, et de rester élégamment à la juste mesure... En toute chose!
Ce dont , malgré les ans, Alistair était encore incapable!
Cette aisance , sans affectation, simple, généreuse parce qu'elle offrait vraiment, sans entacher son don d'une contemplation narcissique de l'acte.
Soraya ne parlait pas, n'agissait pas, n'agitait ni pensée ni air pour créer une dynamique autour d'elle.
Elle se contentait d'être, et là était la clef du mystère.
Son aisance était l'expression de la réponse à sa récente question.

-C'est très agréable de vous contempler être

Alistir lui ne savait communiquer sans outils...
Et, même s'il mesurait au fil de ses paroles à quel point elles pouvaient paraitre absconses pour qui n'avait pu lire le vagabondage de ses pensées, il ne regrettait pas d'avoir complimenté avec sincérité cette jeune fille, véritablement charmante, et qui méritait au moins une once de loyauté!

Le second bénéfice de ses errances avait été de distraire ses pensées des projections licencieuses qui se faisaient de plus en plus intenses, ce qui lui permit , sans trop d'effort, de respecter le désir de ne pas pousser l'impudence trop loin avant d'être arrivé à destination.

Mais ce corps si désirable et désiré ne s'était pas suffisamment absenté de ses preoccupations pour qu'il ne remarquât pas que le pas de sa cavalière ralentissait.
Ils s'arrêtèrent même à la hauteur d'un immeuble, et il eut le bon reflexe de relâcher son étreinte avant qu'elle n'ait à manifester son besoin de retrouver une aisance suffisante pour puiser au fond de son sac son trousseau de clefs.
La frustration de ce décollement corporel fut estompé par l'offre d'un plaisant panoramique sur la jeune fille en pied.
Harmonieuse vraiment...au point de raviver ses désirs plus avant encore que lorsqu'il s'en était pour quelques minutes seulement distrait.

-donc...Je vous suis?... Sans regrets?