Je serai cet endroit où l'on m'attend et m'espère ı Pippa

Je me réveillai en sursaut à 10h49. J’avais sentis Liam se lever avant 8h comme à son habitude pour aller faire son sport, mais je m’étais rendormie aussitôt. Je ne savais pas comment faisait mon mari, pour veiller tard et se lever tôt, il faisait parti de ces gens qui n’avaient besoin que d’un tout petit quota de sommeil. Si j’étais loin d’être une marmotte, il me fallait bien mes 8h minimum par nuit, et comme il m’arrivait fréquemment d’attendre que Liam rentre du club - en général aux alentours de 3h du matin - je me retrouvai souvent à dormir toute la matinée. Sauf qu’aujourd’hui, j’avais rendez-vous. Dans un tout petit peu plus de trente minutes, je devais être au bureau de Charlène. Et je ne pouvais clairement pas me présenter à elle en chemise de nuit froissée et cheveux en bataille, quand bien même nous étions proches.
Je filai donc, ni une ni deux, sous la douche, après avoir noué mes cheveux en chignon, j’optai pour un maquillage léger, à peine trait de liner et du mascara puis enfilai un robe fluide en soie verte puis appelai un taxi pour me conduire en ville. J’avais le permis, mais je détestais conduire, et ce depuis des années, aussi préférai-je tout faire à pied ou bien…quand j’étais en retard, en taxi. Quand j’arrivais dans le bureau de Charlène, le soleil de son sourire illumina ma journée.
— Merci, tu es resplendissante aussi.
Son ventre rond commençait à se voir, et je la trouvais magnifique.
— Je meuuuuuuuurs de faim, fis-je, théatrale.
Je n’avais rien avalé depuis la veille, et mon estomac criait famine.
— Alors, tu as pu lire ma dernière version ? demandai-je en entrant dans le vif du sujet.

Avec Charlène, ça n’était pas qu’une relation de travail. Elle était mon éditrice et elle était très compétente dans son domaine. Nous savions travailler avec sérieux et passion, parfois plusieurs heures, ensemble, sur les finissions d’un manuscrit mais si j’appréciais, d’une part qu’elle me laisse intervenir dans chaque étape de la parution - ce qui n’était pas toujours si évident que ça dans le monde de l’édition - je l’appréciais aussi et surtout pour la femme qu’elle était. Charlène et moi étions amies et ce genre de relation m’était précieuse. D’autant que je savais qu’elle ne me brossait pas dans le sens du poil simplement parce que nous nous apprécions l’une et l’autre, son avis est toujours sincère et ses remarques justes. Elle est le genre d’être humain qui pousse vers le haut, qui donne envie de donner le meilleur de soi.
— Oh je suis contente si tu as aimé et…Oui, c’est assez détaillé, comme tu dis.
Je partis dans un petit rire, parfaitement consciente des détails dont elle parlait. Ce roman était un peu différent de ceux que j’avais pu produire jusque là. Je m’étais lâchée complètement, j’avais mis mon coeur et mes tripes et l’idylle que je vivais en ce moment avec Liam, mon mari, m’avait inspiré d’une manière que je n’aurais jamais cru possible. Charlène croyait énormément au potentiel de cette histoire et j’étais touchée qu’elle me le dise ainsi.
— C’est vrai ? Merci Charlène, tu sais à quel point ton soutien m’est précieux ! Et tu sais que je vais tout donné pour aller le plus loin possible.

Beaucoup de choses c’était passé dans ma vie cette dernière année et cela avait bien évidemment influencé mon écriture. Comprendre que je ne voudrais jamais concevoir d’enfant, que je ne me sentais pas l’âme d’une mère, par exemple. Prise de conscience que j’avais eu après mon avortement notamment, épreuve qu’il m’avait fallu traverser. Puis, il y avait eu cette révolution dans ma vie, le mariage…avec Liam. Moi qui croyait avoir renoncé à la vie conjugale des années auparavant lorsque mon ex Juliann et moi avions décidé d’interrompre nos fiançailles. Liam, simplement Liam. Le laisser entrer dans ma vie et dans mon coeur, révéler la femme que j’étais. Il s’était passé beaucoup de choses en effet et j’étais heureuse d’avoir pu les retranscrire à l’écrire.
— Ca me touche énormément, ce…roman est très personnel, je crois. C’est sans doute la chose la plus intime que j’ai écris jusque là.
C’était la vérité. Car si mon livre était une fiction, beaucoup d’éléments étaient inspirés par mes propres expériences ou traduisaient mes pensées et mes réflexions. J’espérais qu’il toucherait mes lecteurs en tout cas, car c’était leur coeur que je visais, en leur livrait un récit presque sans fard. Ce nouveau roman était une mise à nu presque totale.
— Merci Charlène…vraiment.

Ce roman n’était pas purement autobiographique, je n’y avais pas raconté ma vie telle quelle, mais je m’étais inspirée de nombreuses de mes expériences, des mes émotions, de mes sentiments, de mes reflexions, des états d’esprit par lesquelles j’étais passée. Que Charlène me disent ce ce livre l’avait touché me faisait plaisir, cela m’atteignait en plein coeur parce que je la savais sincère. Un sourire ne quittait pas mes lèvres quand mon éditrice et amie me proposa de sortir du bureau pour aller manger. Je hochai doucement la tête.
— Je te suis ! je meurs de faim !
Une personne qui me connaissait bien savait que je ne pouvais pas refuser un repas. La nourriture, chez moi, c’était sacré. Pourtant, et aussi étrange que cela puisse paraitre, j’étais incapable de cuisine moi-même. J’aurais adoré avoir ce talent, mais j’avais tendance à tout faire cramer. Nous quittâmes donc le bureau de Charlène et nous dirigeâmes vers le centre ville, direction l’adresse que mon éditrice avait séléctionné pour nous.

Charlène savait parfaitement ce qui pouvait me faire plaisir, et un déjeuner tout simple avec elle faisait parti des choses qui pouvait me coller un sourire pour la journée. Charlène et moi nous connaissions depuis quelques années maintenant, elle avait participer à ma croissance en temps qu’autrice, elle m’avait prise sous son aile avec cet approche maternelle qui m’avait réchauffé le coeur tout de suite. En plus d’être mon éditrice, mon amie, j’admirais cette femme pour son parcours de vie, pour cette bienveillance naturelle qui se dégageait d’elle et pour son professionnalisme qui semblait ne jamais faillir. Je suivis mon éditrice dans le restaurant qu’elle avait sélectionné pour nous, puis, après qu’un jeune homme nous ait indiquer une table, je m’installai en face de Charlène, un sourire ravi toujours accroché aux lèvres.
— J’ai super hâte de dévoiler enfin ce livre à mes lecteurs, avouai-je toute heureuse.
La sortie d’un livre était toute une aventure et je m’y lançai toujours avec énormément d’entrain. Et lorsqu’on était soutenu par une personne comme Charlène, c’était encore plus enivrant. Je posai alors un coude sur la table, puis calai mon menton dans ma paume pour regarder mon amie avec un sourire.
— Bon et toi alors ?fis-je en baissant doucement les yeux sur son ventre. Comment tu te sens ?

Les choses trainent rarement avec Charlène et elle a un tel soucis du détails qu’il n’y a jamais à avoir peur du travail baclé. Charlène est le genre de femme qui sait ce qu’elle fait, qui connait son métier parfaitement et qui l’exécute avec un professionnalisme qui n’a d’égal que sa bienveillance et son intégrité. Je souris à mon éditrice.
— Ca marche ! J’ai hâte de voir la couverture.
C’était une des étapes qui était très existante pour un auteur, qu’on révèle la couverture qui allait habillé son histoire. Je faisais entièrement confiance à Charlène pour choisi les bon illustrateur et graphiste pour mettre le mieux en valeur une oeuvre.
Le déjeuner quitta sa dimension professionnel bien vite, et j’en profitai pour demander des nouvelles de la grossesse de mon amie. Elle m’exposa sa joie et ses doutes, je l’écoutai tranquillement, jetant un oeil distrait à la carte.
— J’imagine que tout ça est normal, dis-je. Mais tu as un partenaire formidable, je suis certaine que tout se passera à merveille.
Je jetai mon dévolu sur le burger végétarien de la carte puis levai les yeux sur Charlene quand elle m’interrogea sur Liam. Un sourire naquit sur mes lèvres.
— Le personnage de Ryan est inspiré de lui donc…comme tu l’imagines, ça se passe plus trèèèèès bien, fis-je en terminant ma phrase par un petit rire qui voulait tout dire.

Je comprenais parfaitement les inquiétudes de mon éditrice. Cette grossesse était inattendue et bien qu’elle soit un évènement, elle était à risque comme le soulignait Charlène. Il fallait être plus vigilant encore qu’en temps normal et j’étais rassurée de savoir mon amie si bien entourée. Cela comptait énormément.
— Je suis heureuse de te savoir soutenu par un homme comme lui.
Je connais peu Tayron, et en y réfléchissant, je ne savais de lui que ce que m’en avait dit Charlène et elle en parlait constamment avec des yeux brillants, cela me suffisait.
Nos fumes rapidement servis, comme il était de coutume dans ce petit restaurant. Je baissai le nez sur mon burger végétarien qui avait l’air délicieux. Je n’étais pas complètement végétarienne, mais je minimisais ma consommation de viande et optai pour des versions végétales dès que je le pouvais. Par ailleurs, je savais que ces burgers étaient délicieux, il n’y avait donc aucune raison de s’en priver.
La conversation bifurqua sur Liam, et ce fut à mon tour d’avoir les yeux qui brillent.
— Oui…c’était complètement inattendu notre histoire. Mais je crois qu’on s’est trouvé.
C’était si rare, et j’avais parfois du mal à y croire. Liam et moi étions deux électrons libres et lorsque l’amour nous était tombé dessus, nous n’avions pas envisagé, l’un et l’autre de nous mettre en couple. Pourtant, aujourd’hui, c’était comme un évidence.