Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: somebody told me (Ary) Sam 3 Juil 2021 - 10:37
somebody told me
Cette journée ressemblait au départ à absolument toutes les autres. Réveillée et levée depuis tôt le matin, Lyra avait pris un petit-déjeuner de fruits et de café, puis s'était préparée et maquillée soigneusement avant de lire le journal Bowenien, puis de fuir son appartement avant Elio. Pour aller donner des cours à ses élèves, elle prenait toujours soin de s'habiller aussi classe que possible. Souvent, elle attachait ses cheveux dans une queue de cheval basse puis revêtait un pantalon de costume droit et une chemise, qu'elle agrémentait toujours d'une petite veste vintage. Aujourd'hui, le pantalon était bleu marine, la chemise blanche, et la veste blanche à motifs floraux bleu en dentelle. Dans cette tenue, elle se sentait à l'aise, car personne ne voyait son corps et elle faisait tout de suite moins jeune, ce qui était un avantage face à des étudiants qui eux, avaient parfois trop facilement son âge. Comme toujours, elle arrivait en avance, prenait un peu de temps avec ses collègues pour boire un nouveau café puis allait aligner ses stylos et ses notes sur son bureau avant de préparer son ordinateur pour lancer le diaporama. Une fois que tout était en place, elle faisait un petit exercice de respiration puis laissait les élèves entrer dans l'amphithéâtre pour donner un nouveau cours magistral avec toute la passion dont elle savait faire preuve. Dans la peau de professeur, elle était loin de la jeune femme un peu timide et peu sûre d'elle qu'elle arborait tous les jours. Mais à la fin de la journée, alors que les derniers étudiants quittaient la salle, elle redevenait elle, et se recroquevillait bien vite la tête dans les épaules. Le calme régnait à nouveau sur la salle et elle se trouvait seule à ranger sa mallette, baissant la tête en priant pour que personne ne vienne la déranger. Finalement, c'est le bruit de la lourde porte de l'amphi qui la fit sursauter, et elle se tourna vers cette dernière, les yeux ouverts par la surprise. « Je... Euh... Excusez-moi mais, les cours sont terminés pour aujourd'hui, vous ne devez pas être au bon endroit. » lança-t-elle à l'interlocuteur alors qu'elle descendait de l'estrade en avançant d'un pas dans sa direction, inquiète de ce nouveau visiteur sur son lieu de travail.
— Curiosité qui absorbe de plus en plus les songes du jeune homme depuis quelques semaines, se demandant et si les rêves peuvent être réalité. Prunelles avides de cette immensité déployée devant lui, Ary sent son cœur tambouriner dans sa poitrine. Il ne l’a dit à personne, et il s’est aventuré sur le campus universitaire après ses heures d’apprentissage. Quelques secondes, il a l’impression de trahir son patron, de trahir ce métier qui, pourtant, le fait longuement saliver. Cependant, à dix-huit ans, ses désirs sont parfois changeants, différents, se balançant au rythme de la musique qui lui offre ces rêveries. Myocarde assourdissant sous les pas peu assurés quand sa silhouette se confond parmi les nombreux étudiants qui ne tournent pas la tête vers lui. Ary se sent si petit. Ses mains serrent les pans de sa veste alors qu’il poursuit sa route, ignorant par où aller, à qui demander. Mais demander quoi ? Puis, comme un signe, peut-être, pour l’aider à progresser, un bruit attire son attention. Un bruit étouffé, petit jappement craintif. Chien tout petit qui s’est pris la patte dans un buisson, qui n’arrive pas à s’en défaire. Aussitôt, l’asiatique se rue vers lui en lui murmurant des mots calmes, parvenant à l’enrouler dans sa veste qu’il lui prête. Et c’est ainsi qu’il pousse la porte du premier amphithéâtre qu’il voit, à moitié essoufflé, à moitié inquiet. Ses pieds manquent de trébucher et une professeure l’interpelle. Ses joues deviennent probablement encore plus rouges, bien ennuyé. « J-je suis désolé, est-ce que vous pouvez m’aider ? J’ai trouvé ce petit chiot, il s’est blessé à la patte… » Son cœur continue de cogner sous son torse tandis qu’il presse avec chaleur l’animal contre lui, enveloppé dans sa veste. Néanmoins, sans l’autorisation de son interlocutrice, conscient qu’il ne devrait pas être ici, Ary n’ose pas avancer davantage dans sa direction. « Je ne sais pas à qui m’adresser… » Il baisse le visage pour observer le chiot, espérant que ce n’est rien de grave. Ary est assez impressionné de s’être invité tout seul dans un tel endroit. C’est la première fois qu’il y met les pieds, n’ayant vu d’amphithéâtre que dans les films ou les séries télévisées.
Coucou, je me suis permis J'espère que cela te plaira ! N'hésite pas à me mp
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Sujet: Re: somebody told me (Ary) Mer 14 Juil 2021 - 11:27
somebody told me
Tout à coup c'est le dépourvu qui se présente à elle. Figée dans l'espace comme dans le temps, Lyra essaie de calculer les probabilités qu'une scène pareille se déroule sous ses yeux. Faible, elle en est sûre désormais, et pourtant, il s'agit effectivement de la réalité. Le trublion qui se présente à elle est jeune, trop jeune pour être à la fac elle en est certaine, et ses traits sont aussi épuisés que s'il avait couru pour sa vie. Inquiète, la blonde cesse aussitôt ses occupations. « Oh. » Sa bouche s'arrondit alors qu'elle est partagée entre la pitié et l'agacement. Il y a pourtant un éclair de tendresse qui fuse dans son regard quand le petit chiot pointe enfin son nez sous la veste du jeune homme. « Vous auriez mieux fait de trouver le professeur de sciences, ses compétences sont plus proches d'un vétérinaire que moi. » Il est vrai qu'elle ne possède aucune compétence qui puisse actuellement aider ce pauvre chiot. Elle décide de franchir les derniers pas qui les séparent. « Où l'avez-vous trouvé ? Il ne porte pas de collier ? » demande-t-elle, inquiète, alors qu'elle tend les mains en direction de son interlocuteur. « Je peux le voir ? » demande-t-elle cette fois plus doucement que précédemment. Après tout, ce jeune intrus n'est pas venu pour lui faire du mal mais pour demander de l'aide, et si elle peut l'aider, elle le fera. Ce qui la met le plus en colère dans cette histoire, c'est l'idée que ce pauvre chiot ait été abandonné à lui-même avant d'être trouvé par cet inconnu. Elle en avait rencontré, des animaux abandonnés à force de faire du bénévolat à droite et à gauche, et c'était toujours une vision qui la révoltait. Pourtant, malgré les campagnes, la cruauté des gens dépassait de loin toutes les attentes.
— Une seconde, Ary ne sait pas tellement s’il ferait mieux de rebrousser chemin ou continuer d’insister auprès de cette jeune femme. Il se mordille la lèvre inférieure tandis que son visage va de la professeure au petit animal enfoui dans sa veste entre ses bras. « Oh, euh, j-je ne fais pas partie de l’université. » Sa gêne revient aussitôt colorer le haut de ses oreilles qui commencent à chauffer. Cet aveu signifiant donc qu’il ne devrait pas se trouver au beau milieu du campus, et encore moins avec un animal entre les mains. Mais les coïncidences sont parfois étonnantes, n’est-ce pas ? C’est pour cela qu’elles se nomment ainsi. « J’ignore qui est le professeur de sciences… Je suis entré ici en premier. » Alors qu’elle finit par s’approcher, Ary secoue légèrement la tête, n’ayant pas pensé à regarder si le chiot possède ou non un collier, ou une quelconque identification. L’une de ses mains vient fouiner doucement sur le cou de la petite bête qui n’a effectivement aucun collier. « Je l’ai trouvé dans les buissons près de l’amphithéâtre. Sa patte était coincée et je l’ai aidé à le tirer de là, mais il tremble encore. » Il acquiesce encore pour tourner doucement le chien vers son interlocutrice pour le lui montrer avec plus d’aisance peut-être. Mais Ary a du mal à se détacher de lui. Dans le fond, le chiot lui fait un peu penser à lui, à toute son histoire depuis ces dernières années, et il ne peut s’empêcher de se projeter avec trop de facilité dans cette situation inédite. Sa gorge se serre tandis qu’il observe son aînée analyser l’animal enroulé dans sa veste. Il sait qu’il ne devrait pas penser de la sorte, mais il n’a pas envie de se séparer de lui. Pourtant, il ne lui appartient pas. « Vous croyez qu’il est blessé ? J’espère qu’il ne s’est rien cassé… »
Ohlala, merci beaucoup je suis ravie si Ary te plaît !
Invité
Sujet: Re: somebody told me (Ary) Ven 16 Juil 2021 - 9:29
somebody told me
Même sans le préciser, elle se serait aisément douté qu'il n'était pas d'ici. Rien que sin doux visage le trahissait, avec ses traits encore presque enfantins. Elle ne le jugeait pas, elle aussi faisait souvent plus jeune que son âge, à tel point qu'on la confondait avec beaucoup de ses élèves. Sans ses tenues strictes, son accent slave et son maquillage, elle perdait toute crédibilité. Et en même temps, l'université est un lieu public. Même s'il est inhabituel d'y voir des personnes qui n'y sont pas inscrites, certains viennent simplement visiter les lieux ou faire des interventions. Rares étaient pourtant les visiteurs accompagnés d'un animal de compagnie. Ces derniers n'étaient pas explicitement proscrits, pour laisser les chiens guides d'aveugles acquérir leur scolarité, mais ils n'étaient pas pour autant entièrement acceptés. « Oh. Disons que c'est au moins à dix minutes d'ici. Le campus est grand. » L'aile sciences, elle la connaissait bien. Malgré son appartenance à la section Histoire, elle allait souvent s'y balader pour visiter ses amis professeurs. Peu importe, maintenant, il était ici et elle n'allait pas lui dire de courir appeler à l'aide à l'autre bout du campus, ce serait malvenu. « On dirait bien qu'il a été abandonné à son propre sort... » souffle-t-elle sur un ton dramatique malgré elle, digne d'une horrible prophétie. Observant la bête, Lyra tendit prudemment la main vers elle pour le laisser sentir sa main et accepter sa présence. Elle lui caressa doucement la tête, puis pris sa patte dans sa main délicatement, mais la retira quand le chiot se mit à couiner de douleur. Ce petit gémissement lui fendit le cœur, lui rappelant terriblement l'enfant qu'elle était les quelques minutes après l'accident, et celles encore où elle avait découvert ces marques indélébiles sur son corps. Le regard ébrile, elle hocha la tête et recula d'un nouveau pas. Croisant les bras sur sa poitrine, se renfermant dans ses souvenirs, son regard quitta l'animal pour se poser sur le visage du jeune homme. « Je crois, oui. Ce pauvre chiot va avoir besoin d'aide. » lâcha-t-elle, poussant un long soupir de désespoir. Tournant le dos au jeune homme, elle se dirigea vers son bureau et s'empara de ses affaires précipitamment. « Je peux vous emmener chez le vétérinaire le plus proche, si vous le voulez. » proposa-t-elle gentiment en revenant vers lui. « Vous avez un prénom ? » quitte à devoir l'aider, autant qu'ils sachent comment communiquer tous les deux. Malgré sa façade froide, Lyra n'en restait pas moins profondément touchée par la situation.
— Si Ary se sent soulager que son interlocutrice ne le réprimande pas en lui disant qu’il ne devrait pas être dans ces lieux, il l’est bien moins lorsqu’elle constate que le petit chiot semble blessé. L’entendre couiner quand il rétracte sa petite patte serre le myocarde de l’asiatique qui se mordille la lèvre, ne sachant pas vraiment comment l’aider. Aller voir le professeur de sciences, peut-être, comme la jeune femme face à lui lui a conseillé ? Voudra-t-elle l’accompagner car il ignore où et qui trouver ? La panique embrouille ses pensées durant quelques brèves secondes et, alors qu’il ouvre la bouche pour reprendre la parole, elle le devance et l’apaise sans même le savoir. « Vous pensez que c’est grave ? Je ne veux pas qu’il… » Mais les mots demeurent bloqués dans sa gorge tandis qu’il déglutit en serrant avec tendresse la boule de poils tremblante un peu plus contre son torse. Sa sensibilité grandit mais il sait qu’il doit garder la tête froide s’il veut être d’une quelconque utilité pour l’animal. Il secoue alors légèrement la tête comme pour éloigner les larmes qui embrument ses prunelles, et il décline son identité en se courbant un peu. « Oh, pardon ! Je ne me suis même pas présenté... J-je m’appelle Ary, Ary Williams. Merci de nous aider, je n’ai pas de voiture alors je ne sais pas combien de temps j’aurais mis pour rejoindre la clinique vétérinaire la plus proche… » Alors que le petit trio quitte finalement l’amphithéâtre, Ary marche dans les pas de la professeure. « Est-ce que vous avez des animaux ? » Parce qu’il a bien senti la caresse dans le regard de son interlocutrice lorsqu’elle s’est approchée pour analyser le chiot. Si elle n’en possède pas, en tout cas, elle doit probablement les aimer. C’est aussi le cas d’Ary qui, depuis toujours, rêve d’avoir un animal à lui. Les circonstances de la vie ont fait que les choses se sont déroulées différemment, mais les bêtes l’ont toujours intéressé. Quelque part, il trouve dans leurs regards une sincérité déroutante qui lui plaît et le rassérène. Que quelqu'un ait pu abandonner ce chiot lui fait beaucoup de peine.
Sujet: Re: somebody told me (Ary) Dim 18 Juil 2021 - 14:45
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Qu'il meure ? Bon sang, elle ne s'était pas imaginé que quelqu'un puisse être aussi pessimiste. Pourtant, il semblait l'être. Ce pauvre chiot était juste un peu terrorisé, et blessé certes, mais une patte cassée ne mettait clairement pas ses jours en danger. Décidemment, ce pauvre garçon semblait cacher bien des secrets et des mystères pour avoir une sensibilité à fleur de peau. Remarque, elle pouvait bien se moquer, vu qu'elle était elle-même terrorisée à chaque fois qu'on la regardait, comme si on était capable de voir sous ses vêtements l'immonde corps qu'elle y cachait. Mais face à lui, elle regorgait d'assurance, et décida de s'en servir pour lui proposer de l'aide dans cette étrange situation. « Eh bien, Ary Williams, tu es un bien énigmatique personnage. » souffla-t-elle alors que son accent étranger faisant trembler son nom d'une douce poésie. « Je suis Lyra Svaljek. Mais je t'en supplie, appelle-moi Lyra, et non madame. » Disons que même s'ils étaient au sein de l'université, une fois les cours terminés, elle aimait bien se dire qu'elle pouvait avoir une vie sociale et ne pas être appelée Madame à tout va était plus appréciable. Lentement, elle le guida hors de l'amphithéâtre, un sourire éclairant ses lèvres à la question du jeune homme. « Non, je n'ai pas d'animaux. Mais j'ai été bénévole dans des associations d'animaux. » commenta-t-elle en sortant les clés de sa voiture de son sac. Son véhicule n'était pas le plus sexy non le plus luxueux qui soit, mais au moins, il roulait encore. Arrivée face à ce bolide blanc, elle déverrouilla la portière et posa ses affaires dans son coffre avant de s'installer au poste conducteur. « Si tu n'es pas à l'université, tu es au lycée ? Tu as l'air bien jeune pour être sur le campus. » demanda-t-elle, curieuse, en attendant qu'il se soit confortablement installé avec son petit chiot dans le véhicule. De toute façon, elle allait attendre un peu les fenêtres ouvertes le temps que le véhicule n'absorbe un peu d'air frais.
— Si la gêne de déranger la professeure dans sa fin de journée était déjà présente, elle redouble de violence lorsqu’il se rend compte de la puissance des mots qu’il n’a fait que sous-entendre. Son étreinte se concentre sur la petite boule de poils entre ses bras quand ses lippes cherchent à se justifier. « J-je ne voulais pas paraître triste ou quoique ce soit, enfin, je… je suis désolé. » Parce que la condition lui fait bien trop penser à ses propres blessures, le voilà en train de projeter tout son malheur sur cet animal. Dans le fond, peut-être n’a-t-il pas été abandonné ? Peut-être s’est-il enfui et perdu ? Ary déglutit en relevant le visage pour croiser le regard de son interlocutrice. Dans sa hâte de sauver le chiot, il ne s’est même pas présenté et c’est son aînée qui lui a demandé son identité. Cette situation l’immerge dans une certaine panique et c’est pour cela qu’un léger rire nerveux s’échappe de ses lippes. « D’accord, d’accord, Lyra. Je trouve que c'est un très beau prénom. » Et à l’accent de cette jeune femme, Ary se doute bien qu’elle n’est peut-être pas d’ici, elle non plus. Néanmoins, il accepte sa proposition d’aide, la suivant à travers le campus afin de trouver sa voiture. Marcher fait du bien au garçon qui reprend son souffle et paraît se détendre un peu de ces deux rencontres inopinées. Ses mains demeurent toujours bienveillantes autour de l’animal blessé et Ary laisse finalement sa curiosité déborder – comme à chaque fois. « Vous avez dû apprendre beaucoup de choses en faisant du bénévolat. J’aimerais bien être capable d’en faire, moi aussi, mais voir des petites bêtes malheureuses me fait mal au cœur… » Le véhicule de Lyra en face d’eux, Ary fait attention en grimpant côté passager, parvenant à boucler sa ceinture en décalant légèrement le chiot, continuant de lui dire doucement que ça va aller. A la nouvelle interrogation de la professeure, Ary répond aussitôt : « En fait, je viens d’avoir dix-huit ans et je suis en apprentissage dans une boulangerie ! Oh, je pourrais peut-être vous offrir des viennoiseries ou du pain pour vous remercier ? Il y en a de toutes les sortes, ils sont tous si bons. » Et, pour la première fois en ces quelques minutes, un large sourire fend son visage tandis qu’il pense aux délicieuses odeurs qui s’échappent du four à chaque fois qu’il est ouvert. « Et vous Lyra, vous êtes professeure de quelle matière ? » Pour l’heure, il omet de parler de sa présence à l’université. On ne sait jamais.
Sujet: Re: somebody told me (Ary) Ven 30 Juil 2021 - 8:44
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Des étudiants tristes ou quoi que ce soit, comme il le dit si bien, elle en voit tous les jours. Il lui est déjà arrivé de devoir consoler un étudiant avec des problèmes familiaux, qui n'avait pas pu s'empêcher de venir pleurer de culpabilité à la fin du cours, et ce n'est pas quelque chose qui la dérange. On a tous des problèmes, et oui, parfois, on a aussi envie de pleurer. Ce jeune homme très sensible à l'avenir de ce chien en avait également, des raisons de verser sa larme face à l'ignominie de l'Homme. « Tu sais, tu es encore jeune. Tu ne sais pas toute la misère que ce monde endure. Au départ, tu es triste à chaque fois que tu croises le regard d'un chiot esseulé. Puis plus le temps passe, plus la colère s'en mêle, et tu finis par accepter ce fait. Quand tu en seras là, tu apprendras à les secourir avec le sourire, parce que ce que tu feras, ce sera un bon geste et tu ne seras pas le seul à en faire. » A dix-huit ans, c'est normal d'avoir encore cette sensibilité. Elle ne disparaîtra pas, mais Lyra est certaine qu'il saura l'affronter, parce que c'est inscrit dans ses gênes. Alors, une fois installés dans la voiture, elle enclenche son GPS en direction du vétérinaire et ne met pas longtemps à prendre la route, conduisant prudemment. La volonté de la remercier en lui offrant du pain la fit tout de suite sourire tant la situation était inhabituelle. « Un stage dans une boulangerie ? Ce doit être vraiment merveilleux. Et... c'est très gentil de ta part, ce serait avec plaisir. » Il est toujours compliqué de refuser un cadeau de remerciements, justement parce qu'il est fait pour remercier. Tournant légèrement la tête pour le regarder, la blonde fut soulagée de le voir sourire enfin et pour de vrai. Il semblait enfin se détendre et son visage venait d'un coup de s'illuminer. Reportant son attention sur la route, elle-même eu un petit sourire en coin quand il lui retourna la question. « Histoire. Mais l'Histoire de l'Égypte ancienne. J'en suis passionnée, alors ne me lance pas sur le sujet ou je vais devenir un vrai moulin à paroles. » se confie-t-elle, le regard brillant comme à chaque fois qu'elle en parle.
— Ecoutant avec attention les paroles de son interlocutrice, Ary ne sait néanmoins pas quoi y répondre. Elle a raison, il est encore jeune, mais les bagages sur ses épaules le vieillissent plus qu’on ne peut l’imaginer. La parade la plus simple est celle de sourire, de montrer cette joie qu’il a pourtant toujours eu en lui, et de la décupler. Bon, à l’évidence, en cet instant, il se sent ennuyé pour ce petit chien qu’il encadre de sa chaleur, mais, bien vite, il finit par se remettre à sourire, Ary. Il pense à la boulangerie, à un moyen de remercier la professeure pour sa bienveillance et son aide. « C’est un grand stage, j’y travaille presque tous les jours ! Ce n’est pas toujours facile, mais j’aime bien apprendre alors je fais de mon mieux. » Il acquiesce d’un mouvement de la tête comme pour appuyer ses propres mots, ravi que Lyra accepte une viennoiserie ou qu’importe ce qu’elle voudra en guise de remerciement. Il lui préparera lui-même avec un peu plus de générosité qu’à l’accoutumée. Ary est certain que son patron sera d’accord pour le laisser faire. Finalement, c’est la curiosité du jeune homme qui le pousse à demander dans quelle spécialité elle donne ses cours. Un « o » se forme sur ses lèvres à la réponse donnée. « Vous avez vraiment l’air d’aimer ce que vous faites, c’est important, n’est-ce pas ? Moi, je n’y connais vraiment rien à l’Histoire de l’Egypte Ancienne, désolé. » Il hausse doucement les épaules tandis que l’une de ses mains vient caresser avec tendresse le haut du crâne du petit animal recroquevillé contre lui. Est-ce qu’il peut dire, lui, que d’une certaine façon, c’est la famille Williams qui l’a enveloppé dans une couverture avec douceur ? Il se mordille la lèvre et reprend la parole alors que ses prunelles se perdent sur la route qui défile au-devant. « Tout à l’heure, vous avez dit qu’après la tristesse vient la colère, puis l’acceptation… Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire. » Parce que dans son cœur tout s’embrouille. « J’aimerais juste sauver ce chiot. » Comme on m’a sauvé moi.