Take my hand, jump in the ocean I swear that we'll keep on floating along (sara)

Tu rentrais finalement à la maison. Après un quinze heures de boulot, t’étais épuisé. Brûlé. T’aurais voulu dire bonjour à Sara, mais elle devait dormir et quelque part, tu la comprenais. Il était passé 23 heures. T’aurais bien voulu être au pieu toi aussi. Mais tu n’avais pas choisi la facilité, t’avais choisi le métier gratifiant, mais accaparent aussi. T’avais choisi ce métier pour lequel tu n’avais pas le choix d’être constamment au top de ta forme, ce métier pour lequel tu ne comptais plus les heures depuis belle lurette. Rosie vient te saluer et bouge la queue. Presque comme si elle était heureuse de te voir. « Hey toi. » Que tu lui dis en la caressant avec un sourire. « Va rejoindre Sara, va dormir. » Que tu lui suggères gentiment. Tu t’avances dans la maison en passant ta main sur ton visage puis dans tes cheveux pour les ébouriffer en soupirant. Tu te dirigeais, comme toujours, vers le sous-sol lorsque tu rentrais à pas d’heures, t’allais prendre une douche dans la salle de bain d’en bas. Tu laissais tes vêtements de travail au sol et tu allais prendre la douche de ta vie : une douche bien chaude pour apaiser tes muscles endoloris par la fatigue et le travail. T’étais si bien.

Les pieds lourds, Sara poussait la porte de sa demeure. Le coeur lourd et léger à la fois. Est-ce que ça en était possible? Sans doute un peu, sans doute que dans sa situation on pouvait arriver à ressentir deux sentiments complètement contraires. Le bien être absolu, pas trop loin de cette grand culpabilité qui venait la ronger. Elle avait trompé Hugo. Après des semaines à jouer avec les limites de l'acceptable, de jouer avec les limites de son couple, Sara avait finalement succombé à ce qu'elle s'était promis secrètement de résister : elle avait trompé Hugo. Et pas que d'un baiser. Un baiser, des sentiments et une nuit passée dans les bras d'une autre. Elle sentait d'ailleurs surement encore le corps de Maé, son parfum avait dû se mêler aux cheveux de la Portugaise.

Rosie faisait la fête. Elle agitait sa queue dans tous les sens, sortait la langue, sautait sur les jambes de Sara. « Calme-toi », demandait-elle d'une toute petite voix. Et quand l'animal s'était enfin calmé, la brune se pencha à sa hauteur pour mieux la caresser. Elle s'ennuyait, Rosie. Parce qu'elle avait été toute seule toute la nuit, ses deux maîtres avaient été absents. Hugo bossait. Et Sara ne savait pas combien de temps il en aurait encore. C'était toujours une lotterie, ça dépendant des urgences. Un regard rapide à son portable pour s'assurer qu'il ne lui avait pas laissé de message et elle sauta dans la douche avant de regagner le lit, Rosie à ses pieds.

Elle dormait d'ailleurs près de Sara, une fois la belle brune dans les draps, jusqu'à sortir brusquement du lit pour faire la fête à la seconde personne à entrer dans la maison, quelques heures plus tard. Sara émergea de son sommeil que très peu réparateur, et de courte durée, entendant le bruit de Rosie et de Hugo. Il ne voulait pas en faire, du bruit. Et il était adorable, à descendre à pas de souris les marches vers le sous-sol. Mais c'était déjà trop tard, Sara était maintenant debout. « Hugo? », faisait-elle d'une voix endormie, suivant le chemin de vêtements qu'il avait laissés au sol. « Hugo, tu es où? »

Tu es ressorti de la douche quelques instants plus tard. T’avais eu l’impression d’en profiter plus que d’habitude. Peut-être que ces 5 minutes de plus avaient été suffisantes à te combler de ce bonheur qu’était l’eau chaude. Tu t’essuyais rapidement en entendant la voix de Sara, tu souriais. Elle était éveillée et chaque fois, t’étais toujours entre la joie de la voir puis l’autre côté, celle de l’indignation de la réveiller. « Je suis dans la salle de bain. » Que tu dis un peu plus fort que d’accoutumée. Tu mets ta serviette autour de ta taille et tu t’apprêtes à remonter dans votre chambre pour aller chercher des vêtements propres pour la retrouver, mais elle te retrouve avant. « Hey. » que tu lui dis en l’approchant et en lui posant un baiser sur son front. Son odeur te faisait froncer les sourcils. « Nouveau parfum? » Que tu lui demandes avec un sourire. « Il te va à ravir, chérie. » Tu l’étreins doucement contre toi. Malgré la routine qui s’était imposée entre vous deux, tu restais un amant tendre.

Le sommeil de Sara était léger. Un rien ne l'extirpait hors des bras de Morphée. Une gouttelette qui tombait dans l'évier alors que la maison était complètement silencieuse, un grand vent et des branches qui craquaient ou même le fruit de son imagination, trop développé, qui lui faisait s'imaginer tout un tas de scénarios improbables, mais qui lui paraissaient si vrais. Ça avait même été étonnant que la porte qui s'était ouverte n'avait pas réveillé la brune ou même le bruit de Rosie qui s'exaltait de sa présence dès son entrée dans la maison. Ça n'avait été que quelques minutes plus tard qu'elle avait senti une présence et était sortie du lit. Peut-être que quelque part elle ressentait une quelconque culpabilité. Peut-être que quelque part son subconscient l'avait forcé à sortir de ses rêveries où le visage de Maé se glissait pour retrouver la réalité qu'elle voulait, malgré tout, tenter de préserver.

Suivant la voix de son petit ami, elle le rejoignait au sous-sol. Alors qu'il souriait en l'apercevant, Sara imitait son geste en s'approchant de lui. « Hey », murmurait-elle à son tour, accueillant son baiser frontal en élargissant son sourire. Sourire qui se fana à l'instant où Hugo commentait son odeur corporelle différente. Elle était pourtant certaine de s'être assez bien lavé pour faire disparaitre l'odeur de Maé de ses cheveux, ou alors commentait-il seulement son nouveau shampoing? Pourquoi devenait-elle tout à coup paranoïaque? Est-ce que c'était la norme, quand on venait de tromper son petit ami?

Sara choisissait d'ignorer le commentaire de son petit ami, rejoignant son étreinte, posant sa tête contre son torse encore nu de la douche. « Tu as passé une bonne journée? », demandait-elle avec douceur. « Il est tard.. Tu dois être brûlé. Et t'as sans doute pas mangé.. » Sara n'était pas la meilleure derrière les fourneaux. Mais il y avait bien une chose qu'elle savait réussir à coup sûr. « Je sais ce qu'il te faut », fit-elle en éloignant son visage, maintenant toujours l'étreinte, juste assez pour lui montrer la brillance de ses yeux alors qu'elle mijotait quelque chose. « Un brownie dans une tasse! Tu en veux un bébé? »

Elle ne remarquait plus ton compliment, elle ne les remarquait plus point à la ligne. Peu importe ce qu’il comportait. Tu as une jolie robe, tu as un beau sourire, tes yeux sont magnifiques… Tu aurais pu tous les passer, mais Sara les aurait sans doute tous niés de toute façon. Elle ne tardait pas à questionner ta journée et tu soupirais vivement. « Grosse journée. » Confessais-tu en haussant les épaules. « J’ai vu des trucs qui te feraient faire des cauchemars pour le reste de la semaine. » Que tu lui admettais. Tu ne lui disais pas grand-chose de l’hôpital. Parce que même si toi ça ne te coupait pas l’appétit, tu savais qu’elle était plus sensible que toi. Toi, t’avais décidé et choisi de faire de la médecine. Pas elle. Tu voulais l’épargner un minimum. « Et toi, ta journée? » que tu lui demandes avec un petit sourire, un baiser sur le front plus tard.

Elle relatait les faits. Il est tard, c’était vrai. Tu avais tellement changé de quarts de travail récemment que tu ne savais même plus quelle heure il était. Tout ce que tu savais, c’était que Sara était parfaite. Parce qu’elle t’accueillait comme si c’était le jour et que tout était normal. Parce que c’était un peu votre normalité, la non normalité… Tu caresses son dos avant qu’elle ne s’éloigne un peu. Un brownie dans une tasse. Ça y est, t’avais la putain de femme parfaite. Ton sourire s’agrandissait. « Évidemment que j’en veux un! » Son regard te charmait encore et tu la tirais vers toi. Tu l’embrassais et tu lui murmurais à l’oreille que tu l’aimais et que t’étais chanceux de l’avoir. « Toi, t’as faim? »

Cette fois, ça n'avait rien de l'habituel. Cette fois, c'était la culpabilité qui poussait Sara à ignorer le commentaire d'Hugo, comme si son cerveau refusait que ce soit là, maintenant, tout de suite que la vérité devait éclater. Pas maintenant. Or, oui, en temps normal, elle avait du mal à voir les compliments de son petit ami. Peut-être parce qu'ils étaient plus subtils que dans leurs débuts. Peut-être parce qu'ils étaient un peu acquis, avec le temps. S'il ne la trouvait plus jolie ou séduisante, ne l'aurait-il pas quitté depuis longtemps? Mais le poids des mots, les compliments, être au centre des yeux de celui qu'elle aimait, pourtant, c'était ce que Sara recherchait. Et, quelque part, elle se mettait tous les jours jolie dans le simple but qu'il la remarque. Mais lorsqu'il le faisait... Elle, elle ne le remarquait plus. « Pas encore une histoire de doigt coupé et recollé? », demandait Sara dégoutée. Ce genre de choses venaient titiller ton coeur sensible. Elle, elle avait même peur de son propre sang. Elle était incapable de soigner ses propres éraflures. Par chance, Hugo était toujours là pour la sauver. « J'ai bossé tard à l'atelier et j'suis allée rejoindre une copine avant de rentrer ici, j'avais pas envie d'être seule », ne mentait-elle pas. C'était bien la vérité. Elle avait travaillé tard sur les commandes personnalisées qu'elle avait reçues et avait rejoint Maé, Sara qui détestait se sentir seule, encore plus alors que la maison était terrifiante sans la présence rassurante de Hugo. Mais c'était tout ce qu'elle pouvait dire de Maé, sans s'emmêler les pinceaux. Sara ne tenait pas à mentir davantage à Hugo, elle omettait seulement de dire ce qu'elles avaient fait, toutes les deux. Pas maintenant.

La proposition qu'elle lui fut était acceptée sur le champ. Un brownie, dans une tasse au micro-ondes, alors que le petit matin s'apprêtait à se lever, quoi de plus normal, non? Sans doute pas. Mais s'ils ne se créaient pas de petits moments comme ceux-là, déjà qu'ils étaient plutôt rares avec l'emploi du temps chargé de son petit-ami, quand se verraient-ils? Sara lui rendit son baiser avant de l'attirer par la main vers la cuisine, à l'étage. « Non, non non je n'ai pas faim », faisait-elle en sortant les ingrédients pour la recette. « Je te volerai une bouchée du tien », ajoutait-elle en tirant la langue. Dans la langue de Sara, ça voulait dire, plusieurs bouchées. Mais ça, Hugo le savait. Peut-être devrait-il la convaincre d'en faire deux tasses, plutôt qu'une. Elle posa un nouveau regard sur son torse nu, puis sourit. « Je devrais te dire d'aller te changer, mais.. Mais c'est grave si j'en ai pas envie? »

« Pas encore une histoire de doigt coupé et recollé? » « Des orteils. » Confessais-tu avec une légère grimace. Ça et autre chose, mais t’allais lui épargner les détails. Les petits bobos comme ceux de Sara n’étaient pas ceux que tu traitais habituellement aux urgences. Tu voyais des trucs inhabituels, des trucs plus tristes, d’autres choquants… L’autre jour, t’avais une femme qui n’était plus capable de retirer son tampon. T’étais profondément découragé, cette fois. Ta copine te disait qu’elle avait bossé tard et qu’elle était aller rejoindre une copine. Tu esquissais un sourire. « C’est chouette. T’es allée rejoindre qui ? » que tu demandes pour faire la conversation plus que par réelle curiosité. « Oh et l’énorme commande que tu as reçue, tu l’as complétée, finalement? » Tu t’intéressais à ce qu’elle faisait même si t’oubliais souvent des détails qui t’apparaissaient plus ou moins importants au final.

Elle n’avait pas faim selon ses dires. Ce qui signifiait en langage humain qu’elle allait sans doute dévorer la moitié de ton brownie, sinon plus. Tu le savais ça et mieux que personne. De toute façon, tu n’étais pas très affamé. Ces nuits avaient tendance à te mettre tellement à l’envers que l’appétit ne te venait plus aussi facilement. Elle t’observait d’une nouvelle façon, une façon qui te gênait presque sur le coup. Elle t’avait déshabillé du regard. Agréablement surpris par son questionnement, tu la regardais les grands yeux. « T’as pas envie que j’me rhabille? » Que tu demandes. Tu t’avances vers elle et tu l’assois sur le comptoir. Tu l’embrasses une énième fois. « Pourquoi t’as pas envie que j’me rhabille, dis-moi. » Tu lui rendais son regard, amusé par la situation.

« Eurk eurk, eurk eurk eurk! », grimaçait la brune en secouant la tête. « Tu t'arrêtes ici, c'est bon j'ai... Eurk... Bon, ça y est, j'ai l'image dans ma tête !!! », ajoutait-elle sur un air découragé avant de soupirer. « J'ai préféré ton histoire de tampon pris dans le vagin à cette vision d'horreur qui me glace le sang... Eurk... » Exagérait-elle? Pour un médecin qui en voyait des vertes et des pas mûres tous les jours, sans doute. Mais pour une Sara au coeur sensible, ça n'était que très léger comme réaction. Et surtout, ça devait être hilarant de la voir se tortiller de douleur, parce qu'elle était compatissante envers les malades et les blessés. Et, peut-être, parce que son imagination était trop débordante et lui facilitait l'image des douleurs.

Hugo lui avait lancé la question à son tour et Sara s'était montrée à demi honnête. Elle n'avait pas caché ce qu'elle avait fait ce soir, sans pour autant tout lui raconter. « Chez Maé et April », répondit-elle comme si de rien n'était. Il connaissait April, elle lui en avait parlé plusieurs fois d'autant plus qu'elle avait été la copine de Esras, l'un des très bons amis de Sara. Et il devait aussi reconnaître le nom de Maé puisqu'elle lui avait dit qu'elle en avait fait la connaissance au yoga, sans parler évidemment de leur connexion surréaliste, et la drôle de coïncidence avec le fait qu'elle était aussi la meilleure amie d'April. Qu'est-ce que Bowen était petite, au final. Et ça finirait par lui retomber sur la tête, à la belle Sara. « Oui, c'est terminé. J'ai fait les dernières pièces ce soir », confiait-elle dans une conversation banale, mais qui leur ressemblait bien, s'intéressant l'un à l'autre, chacun son tour, avec douceur.

Dans la cuisine, cependant, l'air et l'ambiance avaient changé. Le regard de Sara posé sur le torse encore dénudé d'Hugo avait laissé un tout autre ton à la discussion. Et le résident en médecine s'en jouait, bien évidemment, venant s'asseoir sur le comptoir alors que Sara coupait des morceaux de chocolat qu'elle mettait dans la tassa allant au micro-ondes pour le brownie. « Parce que t'es beau », fit-elle en lui souriant avant de lui tendre un morceau de chocolat. Puis, elle le contournait sur le plan de travail alors qu'elle portait la tasse au micro-ondes pour faire fondre le chocolat, première étape de la recette qu'elle se lançait comme défi de réaliser avant que leur petit jeu ne lui empêche de le charmer par l'estomac.

Elle s’emportait et toi tu riais gentiment à voir sa réaction. Tu levais les yeux au ciel en l’entendait. « C’est drôle, mais pas moi. J’préfère rabibocher des orteils. » que tu lui dis franchement. Tu apprenais qu’elle était passée chez Maé et April, tu hochais la tête. « April et Esras se sont disputés récemment. » que tu crois l’informer, quoi qu’en tant que fille, elle devait bien le savoir et le savoir avant toi-même… Et en savoir plus. Pour Maé, tu ne savais que ce que Sara t’avait dit et c’était plus que suffisant dans le contexte. Tu savais que les trois demoiselles allaient faire un trio de choc. Toi, en attendant, t’étais plutôt sage. Sara disait qu’elle faisait les dernières pièces ce soir. « C’est bien. » Que tu lui dis. Puis, quelques instants plus tard, Sara te nourrissait avec un morceau de chocolat que tu dévorais sensuellement. Elle savait tout ce que tu étais capable de faire avec tes lèvres, mais tu te disais qu’elle avait bien besoin d’un rappelle. « Toi, t’es belle. » que tu renchéris à ce que la brune te disait un peu plus tôt.

Sara secouait la tête frénétiquement. « Non, non, non non non, tu n'y penses même pas, je ne me coupe pas l'orteil pour te faire le plaisir de le recoudre, même si je suis certaine que tu couds bien les orteils. » C'était si simple, entre eux. Si naturel. Si facile. Pourquoi donc avait-elle eu besoin de faire planter leur relation en laissant son coeur s'ouvrir à une autre personne ? Parce que ce qui se passait avec Maé, ce n'était pas que physique. Il fallait se mentir pour nier l'effet que la Balinaise avait sur le coeur de la brune. Et pourtant, entre Hugo et Sara, ce n'était pas platonique. Plus routinier, certes, oui, mais pas inexistant. L'amour, il était encore et toujours là. Et quand Sara posait les yeux sur lui, elle savait au plus profond d'elle qu'elle l'aimait autant qu'au premier jour, si ce n'était pas plus. Alors, pourquoi? Pourquoi l'avait-elle trompé? Les mots lui manquaient. Et elle préférait chasser la question pour aujourd'hui. Et pour demain, aussi.

« Je sais », répondait-elle en riant. Et ce n'était pas parce qu'April lui en avait parlé. C'était Esras qui s'était confié. Et qui lui avait, qui plus est, interdit de s'en mêler. « C'est dommage.. », finit-elle par avouer, amoureuse romantique, amoureuse rêveuse, elle qui aimait que les histoires se terminent bien. Elle y croyait, à leur fin heureuse. Sans doute qu'elle était trop optimiste au sujet de l'amour et que la génération des histoires de princesses avait nourri cette croyance. Peu importe, Sara ne se cachait pas d'être une hopeless romantic.

C'était aussi pourquoi elle croyait en leur couple, après toutes ses années, même si la routine s'était installée et que les moments de spontanéités comme ce soir étaient plutôt rares. Mais ce soir, ils se débrouillaient plutôt bien. Sara en remercierait presque sa culpabilité. Elle nourrissait Hugo d'un morceau de chocolat, le contournant ensuite pour accéder au micro-ondes où elle faisait fondre les carrés dans la tasse. Son compliment la fit sourire, mais elle était dos à lui, retirant la tasse chaude pour venir la reposer sur le plan de travail. « Mais moi, j'suis encore habillée », répondait-elle, taquine, pointant du doigt ses vêtements de nuit avant de reprendre l'assemblage des ingrédients secs.

Tu pouffais de rire. « Je ne te demanderais jamais une chose pareille! » Que tu t’exclames. « En plus, tu perdrais des sensations et certaines capacités. On ne souhaite pas ça pour tes petits pieds. » Que tu lui dis avec le sourire. Tu comptais pas lui couper les orteils dans son sommeil tout de même. Après, ce qui s’était passé était arrivé à un travailleur, pas à une belle brune.

Elle savait qu’Esras et April, ce n’était pas au beau fixe. Elle le savait qu’elle disait. « Esras m’a semé à la course et le pauvre chien haletait. Faut dire que j’étais pas dans un meilleur état que lui. » Que tu lui disais en levant les yeux au ciel, riant un peu de toi-même. « Peut-être que ça reviendra, qui sait. » que tu lui disais finalement. « Mais toi, t’as toujours ton prince charmant. » que tu lui soufflais en attrapant sa main pour lui faire un baisemain en galant homme que tu étais. « Mais toi t’es belle, habillée comme déshabillée, mais tu sais ça s’arrange. » que tu lui dis en débarquant de ton comptoir pour te retrouver derrière elle. Tu passais tes mains sous ses vêtements de nuit, caressant sa peau douce et chaude. Tu l’embrassais doucement dans le cou. Ta main trouvait l’élastique de son bas de pyjama et tu jouais avec gentiment. Tu n’irais pas plus loin à moins qu’elle te donne officiellement la permission. T’étais toujours trop gentil, tu lui demandais toujours la permission et même si ça tuait parfois un peu l’amour, tu préférais ça.

« Ouf! », soufflait Sara, faussement soulagée. Évidemment, il y avait beaucoup d'humour dans ses dernières réactions, mais le fond du discours n'était pas moins faux : elle aurait horreur qu'un de ses orteils soit coupé par accident. Et sans doute qu'elle tomberait dans les pommes avant même d'être en mesure d'appeler les urgences. « J'ai encore besoin de mes deux petits pieds », soulignait-elle en remuant ses orteils nus. Cette conversation était, bien qu'humoristique, moins agréable pour Sara la sensible que la suivante. Parler d'amour, même déchu, c'était tellement plus dans les capacités de la brune. « Toi, la course? », plaisantait-elle de nouveau avant de s'arrêter sur l'important de la conversation. « Je l'espère pour Esras.. », c'était lui, son ami, d'abord. « Et pour April aussi. » D'autant plus que savoir April célibataire et trop près de Maé ne lui faisait pas totalement plaisir. Sara ne s'autorisa pas à maintenir cette pensée alors que Hugo attrapait sa main pour l'embrasser. Elle lui caressa le revers de la main de son pouce, sans le quitter des yeux. « Je ne compte pas le laisser filer », dit-elle avec sa plus grande honnêteté. Bien qu'elle l'avait trompé, elle n'avait aucune intention de le laisser lui filer entre les doigts. C'était peut-être pour ça, aussi, qu'elle avait cherché à le séduire, pour se le prouver, pour le lui prouver, pour lui montrer qu'elle le désirait toujours autant, malgré la culpabilité qui s'installait. « Oh, mais toi aussi tu l'es », l'assurait-elle, remuant les ingrédients secs et mouillés ensemble dans la tasse. Hugo, lui, se montrait à son tour joueur, attrapant le pan du pyjama de sa douce pour l'attirer vers elle et y montrer ses intentions. « Il est de trop, non, ce pyjama? », faisait-elle, sourire aux coins des lèvres.

Elle avait toujours besoin de ses deux pieds et ça t’arrachait un sourire. Elle te questionnait sur la course et tu secouais la tête. « C’était pas ça le point! » Que tu lui rappelais alors qu’elle se montrait empathique à l’égard de ton meilleur ami et de sa… copine, plus copine mais qui allaient se rabibocher. Elle ne comptait pas te laisser filer alors que t’avais un petit sourire aux lèvres. « Ah non? » demandais-tu pour confirmer. Sara ne tardait pas à te confesser qu’il était de trop, ce pyjama. Tu hochais la tête positivement et tu le faisais tomber le bas de son pyjama sur le sol. Tes mains allaient retrouver sa peau douce que tu caressais lentement. Tu ne tardais pas non plus à passer tes mains sous son haut allant caresser sa poitrine du bout des doigts. « J’crois qu’on va attendre pour le brownie. » Que tu lui souffles en la retournant vers toi pour l’embrasser passionnément. « Tu me manques, Sara. » que tu lui dis en toute transparence, une main glissant sur sa joue pour approfondir le baiser que tu t’empressais de lui donner.

Ce n'était pas ça le point. Il avait raison et sa réflexion arracha à la brune un sourire moqueur. C'était plus fort qu'elle, définissant toute l'affection qu'il y aurait toujours entre eux. Mais, bien rapidement, Sara se remettait au sujet important. « On taquine ceux qu'on aime », fit-elle avant de se fondre en mea culpa et d'adresser la tristesse qu'elle ressentait envers Esras et April. « J'ai pourtant pas l'impression que leur histoire se terminera de cette façon. Il y a de ces histoires qui, même si elles touchent de bas très bras, ne peuvent se résigner à s'éteindre aussi facilement. » C'était comme si elle parlait en connaissance de cause, comme si elle parlait avec précision. Peut-être projetait-elle trop ce qu'elle ressentait elle-même. Et lorsque Hugo sembla douter de la confession de sa petite amie, toute cette projection pris sens. « Tu doutes? », demandait-elle, beaucoup trop détendue.

Il était beau. Comme le tout premier jour. Et elle se laissait guider par cette envie de lui, cette envie que leur relation ne soit pas qu'un simple souvenir, cette idée que de le laisser filer était une erreur et cette culpabilité qui ne cessait de la hanter. « Tu me manques aussi », finit-elle par répondre, après quelques secondes à fixer le vide, l'émotion qui venait la rattraper d'assaut. Il lui manquait, c'était indéniable. Et ses lèvres se perdirent contre celles d'Hugo. Ses lèvres et tout son corps. Elle se blottit contre lui, profitant de la chaleur de sa peau contre la sienne, de cette caresse qui n'avait pas eu lieu depuis des lunes et qui lui faisait tellement de bien.

Elle te taquinait parce qu’elle t’aimait, c’était ce qu’elle te disait et ça t’arrachait un sourire. Elle parlait d’Esras et d’April alors que tu soupirais doucement à l’entendre. T’avais un peu l’impression qu’elle parlait de vous aussi… « T’as probablement raison. » que tu lui disais en haussant les épaules. Sara te demandait si tu doutais d’elle et tu secouais la tête négativement. Elle était calme, paisible et si douce. Elle était attentionnée comme au premier jour.

Tu lui manquais et elle te manquait. Tu l’embrassais tendrement à la suite, la ramenant contre toi. T’avais besoin d’elle, de sa peau, de qui elle était. Tes mains baladeuses allaient lui retirer le haut de son pyjama et tes lèvres s’abaissaient dans son cou. « J’ai envie de toi, bébé. » que tu lui disais. T’avais encore et toujours envie d’elle, malgré que ce n’était plus la folie et la passion des premiers jours. Ça s’était tassé pour laisser place à une intimité plus forte, différente. Puis, tu t’arrêtais soudainement en réalisant qu’elle ne semblait pas apprécier le moment autant que toi. « Ça ne va pas? » que tu lui demandes en remettant une mèche derrière son oreille.