she's not only my daughter anymore... (Asher)

« On lui explique avec honnêteté qu'on a fait une bêtise un jour et que de cette bêtise est venue la plus belle chose qui pouvait nous arriver. Elle. Et si elle ne comprend pas tout, ce n'est pas grave, on lui ré expliquera à chaque fois qu'elle demandera. » Ça avait l'air simple comme ça, mais ça allait surement être beaucoup plus compliqué. Cali posait beaucoup de questions, c'était une enfant très intelligente, alors elle allait y aller de sa petite touche.

Kara avait filé pour aller vomir dans les toilettes, et malgré ça elle gardait son humour. Je tentais de garder le cap pour elle, mais même le verre d'eau que je lui avais apporté l'avait fait vomir. J'étais mal à l'aise, mais je gérais mes émotions. Tout cela changea lorsque la brunette remarqua du sang sur sa robe. Je n'aurais pas su quoi faire si elle n'avait pas parlé des hôpitaux. Je n'avais eu la notion de bébé que quelques minutes, mais l'idée qu'il n'y en ai plus me dérangeait grandement. Je le voulais.
Je tendis la main à Kara pour l'aider à se relever, j'essayais d'être délicat, mais ce n'était pas mon point fort. « Ça va aller ? » Je demandais pour le bébé, les nausées, le moral... « Faut aller à l'hôpital ? » Demandais-je en essayant de récupérer quelques informations sur ce que je devais faire pour elle pour l'aider. Une autre robe ou une serviette, j'étais prêt à fouiller pour lui trouver ça. « Viens t'asseoir au moins. C'est peut être juste le fait d'avoir vomis, ou de me le dire. C'est peut être juste une fausse alerte, ok ? Ça va aller Kara. » Un sentiment de panique s'engouffrais en moi malgré le fait que j'ai envie de rester fort pour ma moitié.

Tu fronces les sourcils. « Notre fille n’est pas une bêtise, j’refuse qu’on lui dise ça. » Que tu t’offusques presque immédiatement. Tu réfléchis parce que ça ne vous avance pas plus qu’il ne le fallait. L’enfant était allumée et elle allait poser des questions pour vous mettre dans l’embarra, il ne faisait aucun doute. « On peut juste lui dire qu’on s’aimait beaucoup, à la place? » Que tu demandes sans trop savoir si le résultat allait satisfaire l’enfant.

Ton meilleur ami tendait sa main vers toi pour que tu te relèves. Tu remontes ta robe pour voir s’il s’agit de ta cuisse qui s’est rouverte ou bien pour découvrir que t’avais du sang dans tes sous-vêtements et que ça avait débordé. Tu soupires à sa deuxième question, t’as aucunement envie d’y aller. « J’crois que… j’crois que oui.. » que tu finis par échapper. Tu vas t’asseoir sur une chaise, un peu perdue. « Tu peux me prendre une culotte et une robe propres? » que tu lui demandes alors que tu retires ce que tu peux, ta belle robe vaporeuse essuyait maintenant du sang. Et ta culotte, tu la jetais aux poubelles, tu ne pouvais pas sauver ça même avec le meilleur détachant du monde. Tu enfilais la paire qu’Asher te tendait et tu changeais ta robe en douceur. Comme si t’étais une poupée de porcelaine qui menaçait de craquer à tout moment. Tu te lèves, tu piques une serviette, t’attrapes les clés et tu sors de la maison avec Asher sur les talons. Tu installes la serviette sous tes fesses dans la voiture, pas question que tu taches son SUV. « Maintenant. » que tu lui dis, en le sortant de sa rêverie.

« Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Cali n'est pas une bêtise, mais sa conception oui. On était saouls et encore aujourd'hui je n'arrive pas à m'en rappeler. » Ça allait être de toute façon très compliqué à expliquer à la petite fille qui comprenait déjà beaucoup de chose pour son âge. « Tu veux lui mentir ? C'était pas une question d'amour d'après ce que tu m'as raconté, c'était l'alcool. »

Kara s'était mise à saigner et notre entrain était vite redescendu. Elle m'indiquait ce que je pouvais faire pour elle et je le faisais en essayant d'être le plus réactif possible. Elle n'était plus comme avant, en plus d'avoir l'air fatiguée, elle agissait comme un zombie en mode automatique. Le chemin pour aller aux urgences fut silencieux et encore une fois je me senti très inutile au moment de l'enregistrer. Je n'y connaissais rien, je ne savais pas grand chose sur ce qu'il se passait, je ne savais pas comment l'expliquer. Elle était toute pâle. « Si ce bébé est comme son père, il t'aime trop pour partir comme ça. » Dis-je en m'asseyant à côté d'elle, posant un baiser sur le haut de sa tête. J'avais la trouille alors je plaisantais pour essayer de ne pas le montrer. Elle ne parlais plus beaucoup et la salle d'attente des urgences était bondée, je ne savais pas combien de temps j'allais pouvoir la faire tenir parce qu'elle n'avait vraiment pas l'air dans son assiette. « C'est bientôt à toi, ça va aller, je te le promet. »

« Essaye de faire comprendre la nuance à une enfant de son âge. » Que tu lui dis doucement. Toi, tu t’en rappelles encore. T’as un petit sourire aux lèvres d’ailleurs. L’homme parlait d’un mensonge. « Tu sais très bien que je t’aimais comme une folle à cette époque. » Que tu lui rappelles doucement.

Rapidement, on t’enregistrait à l’hôpital. Asher te suivait fidèlement et toi, tu tentais de suivre. « T’es adorable. » Que tu lui dis avec un petit sourire. Ton nom est finalement appelé pour une évaluation. On t’examine et t’entends les infirmières parler tout bas entre elles. Tu te retournes vers Asher les yeux écarquillés, anxieuse, sur le point de pleurer alors qu’une d’entre elle observe on ventre avec son appareil. « C’est une grossesse nerveuse. Le corps a voulu s’en défaire et a provoqué ce qui pourrait être semblable à une fausse couche. » Tu ne crois pas à ça… Tu ouvres la bouche doucement. Les yeux pleins d’eau. « Ash… Ash… » Tu paniques et tu frôles la crise d’angoisse. « Le…bébé… » T’as la gorge nouée, les yeux pleins d’eau et t’arrives pas à assimiler ce qui se passe. Tu la vois quitter pour un instant la salle, tu te retrouves seule avec ton meilleur ami. T’oublies tout. Tu ne comprends pas ce qui se passe.

Kara connaissait mieux sa fille et la psychologie des enfants que moi, alors je lui faisais confiance. Puis elle n'avait pas tort, j'avais beau avoir bu ce soir là, j'avais fait l'amour à la brunette parce que je l'aimais. C'était une évidence depuis longtemps. « Mais tu étais mariée. » Murmurais-je.

A l'hôpital je suivais plus que je n'agissais. J'assistais aux examens, en silence dans un coin du box, j'essayais d'écouter, de comprendre, mais je ne comprenais rien. Je m'étais rapproché lorsqu'un membre de l'équipe médicale était arrivé avec un appareil à échographie. Si je pouvais voir mon bébé, je voulais être aux premières loges. C'était quoi une grossesse nerveuse ? Ce n'était pas un bébé que je voyais, c'était un écran noir. Je n'étais pas bête, j'entendais le mot fausse couche et je voyais Kara qui s'effondrait, alors même si mon cœur se brisait, je la pris dans mes bras pour la serrer. « Ça va aller my love... » Mais non, ça n'irait pas. Parce que même si nous n'étions pas prêt à accueillir ce bébé, nous avions eu un peu de temps pour y penser, s'y attacher... Je restais fort pour elle, je refusais qu'elle me voit flancher maintenant alors qu'elle avait juste besoin de quelqu'un sur qui se reposer. « Je suis là pour toi. Je le serais toujours. » Elle sanglotait dans mes bras et je me sentais complètement impuissant. Elle perdait un bébé qui n'avait jamais existé si j'avais bien compris... L'infirmière revint dans la pièce, elle posait des questions et donnait des traitements à Kara. En sortant de la pièce, elle me dit qu'elle lui avait donné un léger sédatif pour l'aider à se calmer. J'aurais aimé pouvoir avoir la même chose, parce que j'avais du mal à encaisser la nouvelle moi aussi.

« Ça, elle n’est pas obligée de le savoir. » Que tu glisses en douceur à ton homme peu avant que tout éclate.

En attendant, tout se déroulait trop vite. Il te prenait dans tes bras quand tu comprenais que ton corps t’avait trahi. Il ne portait pas ou plus la vie, tu ne saurais trop dire. Ton cœur se brisait en mille miettes. Tu l’écoutais te dire que ça irait bien, que tout irait bien. L’homme disait être présent pour toi et qu’il le serait toujours. Tu pleurais à chaudes larmes. « On l’aurait gardé cet enfant, toi et moi. » Il aurait eu la plus belle vie que tu puisses rêver. L’infirmière revenait et t’étais sous le choc, tu essuyais maladroitement tes yeux bouffis par la peine. Elle te remettait le papier avec les médicaments pour un suivi éventuel. Tu te brisais en mille morceaux. T’avais des anti-douleurs, quelque chose pour tout faire sortir, parce qu’apparemment, ce n’était pas la fin… Tu trouvais aussi des calmants sur ta feuille et des anti-dépresseurs. Tu ne savais pas trop comment le prendre dans le contexte… Tu t’effondrais de nouveau en te disant que t’étais une mauvaise mère et que c’était pour ça que le bébé s’était sauvé. Il s’était sauvé de toi, un point c’était tout. T’étais indigne d’avoir Cali et c’est pour ça qu’il s’échappait pendant qu’il le pouvait toujours. Tu caressais ton ventre d’une main en te disant que la petite poussière n’y était plus… Avait-elle déjà été là? Tu n’en savais trop rien. Tu redressais ton regard mouillé vers Asher et tu sembles déterminée. « J’crois que j’veux un deuxième enfant, Ash. » Tu essuies tes larmes, comme si t’avais trouvé une issue à tout ce cauchemar.

Bien sur qu'on l'aurait gardé cet enfant, malgré ce que j'avais pu suggérer, je savais au fond de moi que l'on n'aurait pas pu aller au bout de cette option. Ce bébé aurait vu le jour et on aurait trouvé des moyens afin de l'accueillir dans un foyer uni. On aurait été des supers parents.
Et en étreignant Kara, en essayant de calmer ses sanglots, je réalisais qu'en l'espace de quelques heures, je m'étais déjà attaché à l'idée d'avoir un deuxième enfant avec elle. Et quand elle avoua avoir la même envie, il me fallut rassembler toute ma volonté pour ne pas craquer. Ne pas lui proposer de juste lui faire un bébé, sans avoir droit à la relation que je voulais tant. « Tu l'auras Kara... Peut être pas tout de suite, mais tu l'auras. » Mais peut être pas avec moi. Je ne le disais pas, car c'était une option qui faisait trop mal. Elle me regardait et je me devais d'être fort pour elle. Elle avait essuyé ses larmes, sa main était toujours sur son ventre plat... Le silence qui nous enveloppait témoignait de notre besoin d'être là l'un pour l'autre dans ce genre de situation, dans notre bulle. « T'es une mère fantastique et je suis certain que quand tu auras retrouvé quelqu'un de bien dans ta vie, il voudra te faire un bébé. » Je l'embrassais sur le front, j'étais toujours très tendre avec elle, encore plus quand je la sentais mal. Remettant une mèche de mes cheveux en arrière, je me relevais. « Tu as eu une année éprouvante et ce qu'il s'est passé entre nous a surement réveillé des souvenirs ancrés dans ton corps, il a reproduit le même schéma qu'avec Cali, sauf que ce n'était pas le bon moment. » Tentais-je de rationaliser autant pour elle que pour moi.

Dans un contexte différent, un contexte plus compliqué, peut-être que tu aurais pu avorter, mais actuellement, c’était une vie qui mettait le frein à une autre. T’aurais voulu être avec Asher et former une vraie famille. Il faisait partie de ta famille, Asher. Tu l’avais comme ton égal. Asher te réconfortait en attendant. Il te disait que tu l’aurais. Pas tout de suite, mais tu l’aurais éventuellement. Ça te faisait soupirer durement. T’aimais pas qu’on te refuse des choses, quitte à paraitre pour une enfant pourrie gâtée. Ta main ancrée sur ton ventre, il te rappelait que t’étais une mère fantastique. « Je sais pas si je vais rencontrer quelqu’un, Ash. » Que tu lui soufflais, un peu indécise. T’avais été habituée de quasi faire tout toute seule. Il t’embrassait le front, il était plus fort que toi. L’homme te rappelait l’année éprouvante que tu venais de traverser… Un divorce, des sentiments confus, le fait d’apprendre que Cali était ta fille et celle d’Asher et non celle de Myles, le fait que Myles le savait… Tu prendrais bien une courte pause le temps d’un instant. Ça suffisait les drames. En attendant, tu calais ta tête contre Asher. « Tu veux bien rester un peu plus longtemps, avec moi? » Tu le regardes avec tes grands yeux mouillés. T’avais pas envie de tourner la page aussi rapidement.

Kara était détruite et je détestais la voir comme ça. J'aurais aimé être capable de pouvoir faire plus pour elle, mais il n'y avait absolument rien de ce que je pourrais dire ou faire qui aurait pu la consoler. Elle venait de perdre un bébé, et même si celui ci n'avait jamais existé, dans sa tête il avait été bel et bien présent. Alors je la gardais dans les bras et je l'embrassais, j'essayais d'être fort et présent. D'être un bon meilleur ami... Jusqu'à ce qu'elle me dise qu'elle ne savait pas si elle allait rencontrer quelqu'un d'autre. « Tu n'en as pas besoin. Je suis là. Je te ferais un bébé. » Lui affirmais-je. Après tout ce que nous avions vécu ces derniers temps, c'était le moment pour affirmer ma position dans sa vie. Le timing n'était pas encore le bon, mais bientôt il le serait et nous pourrions avoir une vraie relation. Et viendrais le temps pour un bébé après. Il fallait juste un peu d'imagination pour y croire.

« Je vais rester là le temps qu'il faudra Kara. » Dis-je en me détachant un peu d'elle pour faire glisser mon pouce sous ses yeux, effaçant ses larmes. J'avais envie de l'embrasser, mais ça aurait été profiter de sa faiblesse... Je la regardais avec envie. Presque prêt à dépasser ce cap, malheureusement le moment se brisa lorsqu'une nouvelle personne entra dans la pièce pour vérifier l'état de santé de la brunette. Je me mis sur un tabouret à l'autre bout de la pièce pour la laisser se faire examiner. Je regardais en direction du sol pour lui laisser un peu d'intimité. Le médecin semblait dire qu'elle allait rester quelques heures avant de pouvoir sortir et rentrer à la maison. Il assumait que l'on vivait ensemble et que j'allais prendre soin d'elle, je n'avais pas le cœur de lui dire que ce n'était pas le cas. De toute façon j'allais rester sur son canapé jusqu'à ce que ça aille un peu mieux.

« Est ce que tu veux que j'aille récupérer Cali à la garderie ? »

T’étais impuissante, assise dans un lit d’hôpital, la moue bien ancrée au visage. L’homme te rappelait qu’il était là et qu’il te ferait un autre bébé. Il s’engageait et cela te touchait au plus profond de ton cœur, mais quelque part, ça voudrait dire que tu élèverais cet enfant toute seule. Cali avait été une amour, mais tu ne savais pas trop si tu serais capable d’en avoir un deuxième toute seule. Asher te promettait la lune et toi, tu te demandais si les étoiles allaient approuver. Doucement, tu te laissais aller à une nouvelle étreinte parce que t’en avais besoin. Il se détachait de toi pour essuyer tes larmes et tu trouvais tellement le geste touchant, que de nouvelles larmes apparaissaient au fur et à mesure.

Un médecin entrait pour te poser d’autres questions et te faire examiner. Doucement, tu hochais la tête en comprenant que ton calvaire n’était pas encore terminé. Tu déglutissais. « J’ai pas envie d’être toute seule. » que tu lui déclarais jusqu’à ce qu’il mentionne Cali. Mais t’avais pas envie de rencontrer quelqu’un d’autre, non plus. T’avais pas envie que ta fille te retrouve encore sur un lit d’hôpital. Tu soupirais et tu passais ta main dans tes cheveux maladroitement. « C’est égoïste de dire que j’veux te garder pour moi, pour le moment? » T’avais besoin de lui, plus que jamais. Tu pouvais demander à Romy d’aller récupérer Cali, elle le ferait sans doute.

L'hôpital semblait devenir notre lieu de prédilection pour nous retrouver. Elle s'était fait tirer dessus, ensuite Cali avait fait une réaction allergique impressionnante, et maintenant ça... Ce n'était pas comme ça que ça aurait du se passer et pourtant les évènements se répétaient inlassablement. Elle s'était de nouveau faite examiner et je lui avais laissé un peu d'espace avant de revenir dans son lit pour qu'elle puisse se caler dans mes bras. Nous en avions tous les deux besoin, car cette perte nous impactait ensemble. « C'est pas égoïste du tout. J'ai aussi envie de rester avec toi. » Lui avouais-je en passant une main dans mes cheveux. Même si j'aimais Cali par dessus tout, je n'aurais pas été capable d'aller la chercher en laissant Kara derrière moi. Je l'avais proposé parce que c'était la bonne chose à faire. Avoir ma brunette dans mes bras prenait tout son sens à cet instant. Nous faisions notre "deuil" de ce petit bout de vie qui nous avait uni pendant quelques heures. Je m'accrochais à elle en espérant que ma présence lui ferait du bien, qu'elle finirait par réussir à calmer les sanglots qui la secouait. « Tout va bien se passer. Pour nous. Pour notre avenir. On est plus fort que ça, c'est difficile aujourd'hui, mais on va réussir à surmonter cette épreuve et on en sortira plus fort. » Même si aujourd'hui les larmes étaient difficilement contrôlables. « Je serais toujours là pour nous. T'es la personne que j'aime le plus au monde. »

T’avais passé beaucoup trop de temps dans les hôpitaux au cours des dernières semaines. Pour toi, pour Cali. Il ne restait qu’Asher à y passer et tu priais pour que ça n’arrive pas. Tu t’étais fait examiner rapidement et c’était effectivement toujours la même chose qu’on te disait. T’avais plus besoin de l’entendre. T’avais besoin de l’accepter et de passer à autres choses. Ton meilleur ami passait une main dans ses cheveux et tu l’observais attentivement, guettant ses réactions. Il avait envie de rester avec toi. Tu te blottissais contre lui, comme une enfant qui avait besoin d’un support plus fort. « Tu le penses vraiment? » que tu lui demandes en entendant tous ces beaux mots, toutes ces belles promesses qui te faisaient revivre peu à peu. Tu attrapais sa main que tu gardais dans la tienne. T’avais besoin de lui plus que ton corps avait besoin de toi actuellement. « Toujours, tu le promets? » C’était aussi la personne à qui tu tenais le plus au monde, en dehors de ta fille Calista. C’était tout simplement normal qu’elle fasse la première place avec Asher. « J’veux pas qu’ils me gardent ici encore longtemps. » Que tu dis en essuyant tes larmes, t’en avais marre de pleurer. T’avais juste envie de quitter ce foutu lit trop blanc pour toi et rentrer à la maison pour te reposer. Avoir ta petite fille à tes côtés qui gazouille et qui sautille partout et son père près de moi. J’avais besoin de ça, plus que d’un hôpital bien maudit.

Kara était blottie contre moi, sa main dans la mienne. Je pouvais sentir ses larmes à travers mon tee shirt qui en était imprégné et je restais fort pour elle, mais je n'en menais pas large non plus. J'aurais aimé que cet enfant soit réel, qu'il puisse nous aider à nous rapprocher. J'aimais Kara plus que tout, mais j'avais l'impression de mal m'y prendre avec elle. Elle finissait toujours dans les bras du premier clown du coin, plutôt que dans les miens. Ça ne serait plus jamais le cas, me promis-je. J'allais enfin être à la hauteur pour cette femme que j'aimais tant.
« On va bientôt rentrer. Je vais demander pour sortir quand quelqu'un repasse. » Dis-je sans la quitter des yeux. Elle n'allait pas être seule et même si ça risquait d'être un peu bizarre entre nous, j'allais reprendre ma place sur son canapé pour quelques temps. « Tu n'as pas mal ? » Demandais-je un peu inquiet. Parce que même si elle voulait rentrer, je ne voulais pas faire ça n'importe comment. J'allais m'assurer que tout était mis en place pour que sa douleur, autant physique que psychique, soit prise en charge. Kara en avait besoin.

Un médecin était passé et nous avait donné le feu vert pour partir de l'hôpital. J'avais pris la main de ma brunette dans la mienne et je nous avais mené vers la sortie pour rejoindre la voiture. Je n'étais pas garé loin, mais ça me parut long car Kara marchait tout doucement. Elle était encore sonnée, ce qui était totalement normale. « Qu'est ce que tu veux faire quand on rentre ? Tu veux qu'on s'arrête quelques parts pour manger ? Qu'on aille récupérer Cali ? Dis moi ce que tu veux et je m'exécute. »

Il était fort pour toi et toi, t’étais égoïste, tu ne voyais même pas que tu pouvais l’aider lui à être différent pour toi. Asher te disait que vous alliez bientôt rentrer et tu hochais la tête positivement. C’était tout ce que tu voulais. Il te demandait si tu avais mal, tu haussais les épaules. « Un peu, mais ça va. » que tu lui disais plus calme à l’idée de rentrer à la maison. Tu obtenais finalement le feu vert pour partir et t’étais un peu assommée par la médication. T’étais plus lente qu’à l’habitude, t’avais une main sur le ventre et t’avais mal au ventre. T’avais l’impression d’avoir eu des tas d’examens gynécologiques profonds. Asher te questionnait. Trop de propositions à la fois. « Je… Heum… » Tout ça semblait lui paraitre évident, mais pour toi, c’était difficile de tout coordonner. Ta tête était confuse. « Je veux prendre une douche et faire une sieste. » que tu dis dans un premier temps. C’était essentiel, tu détestais l’odeur des hôpitaux, en retirer tout ça, ça allait t’aider. « Que tu dormes avec moi, que tu veilles sur moi. » Ensuite que tu lui dis, comme si ça t’aidait à rapatrier tes idées. « On demande à Romy de garder Cali pour ce soir. » Ensuite, il fallait parler de nourriture et tu soupirais. Tu te mettais à pleurer parce que ça, c’était trop pour toi. Tu savais que t’allais avoir faim, mais quoi faire? Quoi commander? T’en savais rien. Est-ce que vous aviez l’argent pour commander? Tu ne pouvais pas tout demander constamment. Tu t’assoyais dans le véhicule, encore secouée, tu ne savais pas. « C’est trop difficile. » Que tu échappes finalement d’un souffle. T’étais exténuée, tu ne pensais même pas à manger.

Nous étions sortis de l'hôpital et je l’assommais de questions sans faire attention à l'impact que ça pouvait avoir sur elle. Elle tenta d'y répondre avant de s'effondrer au moment de me dire ce qu'elle voulait manger. J'avais été trop loin, trop vite. Je l'aida à monter en voiture et le trajet jusque chez elle fut silencieux. Sa main dans la mienne était mon unique moyen de lui communiquer ma force, ma présence pour elle... Mais ce n'était pas suffisant et je le voyais à chaque fois que je lançais un coup d’œil dans sa direction. Elle pleurait, une main sur son ventre. Je détestais la voir comme ça.
« On est arrivé. » Dis-je tout bas en éteignant le moteur de la voiture. Je fis le tour de celle ci pour aller lui ouvrir la portière en lui tendant la main. Elle s'en saisit et je l'emmenais vers chez elle. Nous étions partis précipitamment et il y avait encore tout en place comme avant. Je la fis vite passer pour qu'elle ne regarde pas trop autour d'elle, et je l'emmenais dans la salle de bain pour qu'elle puisse enlever la saleté de l'hôpital comme elle me l'avait demandé. Kara semblait stone, les médicaments, le choc, elle n'était pas comme à son habitude. Tout doucement, je l'aidais à retirer ses vêtements, elle se laissait faire sans pudeur, je la connaissais nue de tout façon. Puis je comptais y aller avec elle de toute manière pour qu'il ne lui arrive rien. Alors une fois que l'eau fut assez chaude, je lui indiquais qu'elle pouvait y aller, mais elle n'y alla pas. Non, elle attendit que je sois nu moi aussi pour reprendre ma main et y entrer avec moi. Elle avait besoin de support et je lui offfrais en étant une épaule sur laquelle elle pouvait pleurer. Je gardais son visage sur mon torse et je ne bougeais pas, je laissais juste l'eau couler sur nous.