i'm outta love (anna)

i'm outta love

S’entraîner au self-defense, c’était un moyen d’empowerment et de reprise de pouvoir sur soi et sur la société, mais c’était aussi un excellent moyen de se défouler. Depuis plusieurs semaines, Aïnhoa s’était laissé emmener dans pleins de projets, des interviews pour des podcasts féministes et écoféministes, des enregistrements et des jam session, du travail au cabaret, aller courir, s’occuper de Laël et le motiver à trouver des activités tout aussi épanouissantes et dignes d’intérêt… Bref, elle s’était un peu emportée, dans son besoin de mettre ses idées au bon endroit et d’utiliser son énergie dans des choses productives. Mais ça lui avait fait du bien, de se concentrer sur elle et sur son fils. Depuis un mois, elle évitait un peu Judas, même si elle s’en voulait pour ça. C’était simplement… Compliqué, pour elle. Elle ne savait pas faire autrement. Aujourd’hui, elle s’était remise au self-defense, et restant finalement au complexe sportif après la séance, elle se retrouva embarquée dans un cours de boxe additionnel à celui de base. Pourquoi pas, en fait. Ça faisait du bien et c’était intéressant d’avoir des notions pour compléter ce qu’elle apprenait dans ce groupe de self-defense réservé aux femmes. En tout cas, elle en voyait tout l’intérêt. C’est comme ça qu’elle se retrouva rapidement, après avoir mis quelques frappes en solo, face à une jolie blonde d’un niveau supérieur, avec qui elle pouvait mettre en pratiques les quelques trucs qu’elle venait d’apprendre. « Salut ! Bon, je suis sûre que tu peux me mettre k.o. en quinze secondes, mais dans le but de mon apprentissage à faire fuir un potentiel agresseur, je te prie de me laisser une chance ! » plaisanta la brune.

Te défouler à la salle de sport, c’est ce que tu faisais le mieux. Après tout, tu faisais ça depuis ton plus jeune âge. Et puis, ton meilleur ami t’avait légèrement forcer à t’inscrire avec lui à cette salle. Grâce à ça, tu avais pu faire des combats de boxe et de MMA, et tu avais même fini championne ! C’était pas rien. En fait, c’était un peu ta fierté, la seule fierté même. Jakob y était pour beaucoup mais tu t’entrainais assez souvent pour avoir mérité ta médaille. Aujourd’hui, il y avait un cours additionnel de boxe, où des débutants et des gens plus confirmés se retrouvaient. C’était pas plus mal, tu pourrais partager avec des gens ton expérience et ils pourraient t’apprendre des choses. Enfin elles, parce que c’était un cours dédié aux femmes. Un cours de self-défense. T’y allais de temps en temps. Même si tu étais quand même très douée de tes poings, c’était pas plus mal de faire ce genre de cours, pour pas tuer quelqu’un en l’espace de deux secondes. Parce qu’on va pas se mentir, mais tu en étais largement capable. Il fallait que t’apprenne à retenir tes coups un peu. Et c’était l’occasion de le faire. Tu te retrouvais face à une brune, qui te faisait un sourire. Sa phrase te faisait rire. « Hey ! Promis, je ferai de mon mieux pour pas te casser les jambes » dis-tu avec ta voix cassé et ton léger accent russe. Tu lui serrai la main quand même, après avoir enlevé tes gants, afin de te présenter. « J’m’appelle Anna » dis-tu en lui tendant ta main gentiment, un sourire aux lèvres.

Voilà qui commençait bien. Aïnhoa était quand même soulagée de percevoir la plaisanterie dans la voix aux accents rustiques de sa partenaire, ou plutôt adversaire. Parce qu'elle n'avait pas prévu de perdre ses jambes aujourd'hui. « Merci, je me sens déjà plus en confiance ! » répondit la brunette sur le même ton, haussant les sourcils d'un air presque enjoué, mais sans doute plutôt résigné. Si elle devait y laisser des plumes, c'était le destin. Aïnhoa esquissa tout de même un sourire malicieux par la suite, avant de serrer la main que lui tendait la blonde avec une poigne ferme, pour la forme. Valait peut-être mieux affirmer qu'elle n'était pas en sucre, sinon la jeune femme allait vraiment la prendre pour une mauviette. Et ça, Aïnhoa n'était pas. D'ailleurs, elle était même excitée par ce petit challenge face à quelqu'un d'expérience dans les sports de combat. « Moi c'est Aïnhoa ! » se présenta jovialement la couturière à son tour, s'amusant de la proximité sonore de leurs prénoms alors qu'elles n'avaient clairement pas les mêmes origines. Ce serait un petit affrontement entre voix du nord et voix du sud.

Ce cours de self-défense était bien parce que ça mélangeait les groupes de niveaux. Cette fille en face de toi avait peur que tu ne fasses qu’une bouchée d’elle. « J’t’apprendrai à casser les jambes des gens qui t’emmerdent, promis » dis-tu à la brune comme si tu lui disais un secret. Tu serrais la main de ta partenaire pour le cours et tu lui souris. T’avais l’habitude de t’entrainer seule d’habitude, mais changer et faire quelques échanges avec une autre personne c’était pas une mauvaise idée. Les gens à la salle de sport te voyait t’entrainer comme une dingue et ça leur faisait peur des fois. Pourtant, t’es pas une méchante, au contraire. A son tour, ta partenaire se présenta. « Enchanté, Aïnhoa » dis-tu avec un sourire. Le cours commençait alors et vous enchaîniez quelques poses ensembles, enseignées par le prof de sport qui vous faisait le cours. « C’est pas comme ça qu’on va dissuader quelqu’un de nous agresser » dis-tu en posant ta main sur le côté de ta bouche pour que seulement Aïnhoa t’entende. T’espérais que le prof ne t’entendrais pas, parce que bon, c’était pas toi qui donnait des cours. Mais bon, c’était des gestes un peu nul et trop basique que tout le monde connaissait déjà qu’il était entrain de vous apprendre.

Bon, et bien ça c’était plutôt une bonne nouvelle, non ? Enfin, pas qu’elle ait pour objectif de péter des jambes. Sauf si elles appartenaient à un vieux misogyne raciste et homophobe. Ou même s’il ne remplissait qu’un des trois critères. Oui, selon la gravité des potentiels actes d’un tel personnage, ça pourrait être utile de savoir lui péter les jambes. Aïnhoa secoua la tête, se réprimandant mentalement : elle avait un fort tempérament, mais elle n’était pas pour la violence dans ses combats sociaux non plus. Même si on pouvait établir que pour certains, c’était mérité, il était important de tracer une limite et de savoir gérer ce qu’on ressentait tout en agissant efficacement. La diplomatie, dans une certaine mesure, mais verser dans la violence physique et l’anarchie n’était pas une option efficiente non plus, selon elle. « J’espère que ça me sera utile un jour ! » répondit néanmoins la brune avec un clin d’œil. Une fois les présentations faites, les deux filles se mirent à l’entraînement, ou plutôt à l’amuse-bouche. Il ne fallut que quelques minutes d’enchaînements basiques appris en self defense pour que Anna ne chuchote son avis. Aïnhoa pouffa discrètement de rire, tout en continuant ce qu’on leur demandait. Pour elle, c’était déjà pas mal, de connaître ces mouvements et réflexes, enfin c’était mieux que rien. Si ça pouvait sauver des gens de situations on ne peut plus périlleuses, au moins un peu… Mais Anna avait piqué sa curiosité. Après tout, elle s’y connaissait bien mieux et n’avait pas tort non plus, c’était pas avec ce cours que la brune allait pouvoir mettre k.o. un agresseur un minimum réactif et fort. « J’imagine que tu connais de meilleurs tricks, oui ! » répliqua Aïnhoa sur le même ton, s’arrêtant quelques instants. « Si t’as des coups inratables à m’apprendre, j’dis pas non ! » conclut-elle avec un petit haussement d’épaules enjoué.

C’est toujours bien ce genre de cours, ça pouvait servir dans n’importe quelle situation. Et puis, si tu pouvais aider quelqu’un à apprendre de nouveaux mouvements de boxe, tu ne pouvais pas refuser. Une jeune femme avait été mise avec toi, en binôme. Et vous veniez de sous présenter l’une à l’autre. Elle semblait sympa, celle-là. La dernière fois, tu étais tombé sur une sale pimbêche à qui tu avais cassé un ongle dans une prise basique et sans danger. « T’inquiète, ça sert toujours ce genre de technique » dis-tu avec un clin d’oeil. Avant, tu étais vachement sujette aux intimidations dans la rue, maintenant on ne t’embêtait plus dans la rue. Une fois que tu as mis un gars par terre devant tous ces potes, plus personne n’a voulu t’emmerder ou te faire des réflexions désobligeantes. Tu écoutais attentivement ce que le prof te disait, mais ça te semblait un peu naze pour le coup. Pas forcément de bonnes techniques pour le self-défense. Alors que tu faisais semblant d’écouter, tu faisais part à ta partenaire de sport que ce n’était pas la meilleure façon qu’il vous apprenait à vous défendre. « Dès qu’il a fini son spitch, je t’apprends tout ce que je sais » dis-tu avec un petit sourire en coin à la jeune femme. T’allais pas non plus lui apprendre à attraper quelqu’un à la gorge parce que c’est pas la meilleure chose à faire mais au moins tu pouvais lui apprendre deux/trois trucs qui allait lui être utile si jamais elle venait à se faire agresser ou si elle voulait défendre quelqu’un qui ne le pouvait pas par exemple. Il faut se serrer les coudes.

Aino’ se doutait que la jeune femme face à elle devait être bien plus experte. Elles ne jouaient clairement pas dans la même catégorie, ça c’était indéniable. Aïnhoa ne cherchait pas à maîtriser les sports de combat non plus, juste à savoir maîtriser un potentiel agresseur, ou au moins s’ouvrir une porte de sortie. Elle ne faisait sans doute pas le poids face à Anna qui semblait bien savoir ce qu’elle faisait, mais à son niveau, Aïnhoa n’était pas nulle non plus. Elle pratiquait le self-defense depuis quelques années, et était déjà contente des outils que ça lui donnait. Elle n’était vraiment pas mauvaise, on pouvait lui reconnaître ça. Mais pas au point de péter des jambes, bien que la blonde lui affirma que c’était une technique qui pouvait toujours être utile. « Je te crois, mais si je peux éviter de fracturer des os à quelqu’un, ça me va aussi ! » répondit Aïnhoa avec humour, même si elle était un peu sérieuse dans le fond. Bon, en cas de force majeure, voilà, valait mieux que ce soit la personne en face qu’elle qui trinque. Mais elle était quand même assez convaincue qu’on pouvait mettre ko un agresseur ou au moins bien le calmer, sans pour autant le briser en deux. « Ça roule ! » chuchota-t-elle à moitié avec un clin d’œil complice et amusé. Elles écoutèrent néanmoins ce que le prof avait encore à dire, avant d’appliquer ses consignes au moins quelques fois, pour ensuite partir sur la version d’Anna, alors que chaque binôme s’entraînait de son côté. Personne ne prêtait vraiment attention aux autres, elle était libre de découvrir ce que la boxeuse avait à lui apprendre. « Y a des techniques que tu connais qui servent à des situations d’agression spécifiques ? » s’enquit Aïnhoa, vu qu’on leur apprenait souvent en cours à faire des mouvements qui correspondaient à un certain type d’attaque.

L’auto-défense ça te connaissait plutôt pas mal. Mais en tant que championne de MMA, tu étais plutôt du genre à donner des coups gratuitement. Il ne fallait pas vraiment t’emmerder dans la rue. Mais ce n’est pas ce que tu avais envie de montrer à ta partenaire du jour, c’était vraiment dangereux et inutile de faire des choses comme ça. « Promis, on cassera les os de personne, on va juste les bousculer un peu » dis-tu avec un petit rire. Tu étais sage, tu écoutais quand même ce que disais l’instructeur du cours mais tu n’en avais un peu que faire. T’étais inscrite dans ce cours non pas pour te perfectionner, mais pour aider les autres. C’est le prof du cours qui t’avait demandé de venir, toi et d’autres boxeurs de la salle de sport. Alors vous attendiez qu’il finisse de parler pour vous mettre en binôme, l’une en face de l’autre avec Aïnhoa et commencer quelques exercices. « On peut commencer simplement » dis-tu à la jeune femme en te plaçant devant elle. Tu lui montrais des mouvements pour ne pas qu’elle se sente sans défense lors d’une agression. C’est alors que tu commençais à lui expliquer. « Alors, tu vas faire l’agresseur et je vais faire la demoiselle en détresse » dis-tu avec un rire. Donc, tu étais devant elle, mais de dos et tu commençais tes explications à la brune. « Si un vilain monsieur devient trop insistant envers toi et qu’il se colle un peu trop à toi, le meilleur moyen de le dissuader de t’emmerder c’est un coup de coude ici » dis-tu en balançant ton coude vers son visage mais sans la toucher. « Et une fois qu’il est bien sonné, tu peux lui donner un autre coup de coude ici » ajoutas-tu en mimant un coup de coude dans son ventre.

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La Belgo-sénégalaise marqua son accord avec un air presque de défi, même si elle ne cherchait pas du tout à se lancer dans un concours aujourd’hui. Déjà, c’était pas son truc, de se battre pour se battre, et puis c’était perdu d’avance face à la jolie blonde. Elle la mettrait sûrement par terre en trois secondes et demi. Juste bousculer, c’était déjà bien. Anna lui proposa donc de se mettre dans la peau de l’agresseur, ce qui était courant dans les exercices en binôme, chacun adoptait un rôle différent à son tour. « La warrior indestructible, tu veux dire. » plaisanta à moitié Aïnhoa. La demoiselle en détresse, c’était un concept et un cliché très répandu dans leur société. Mais depuis longtemps maintenant, la brune ne voyait aucune femme de cette façon. On leur avait fait croire qu’elles étaient des proies en détresse, alors qu’elles avaient en elles ce feu intérieur, indestructible, qui renaissait toujours de ses cendres. Elles n’avaient besoin de personne pour se défendre à part elles-mêmes. Aino suivit avec attention les explications de sa mentore du jour, observant les mouvements. Elle savait parfaitement se mettre en situation, même si c’était une chose que son esprit occultait volontairement, entraîné à ne pas se laisser submerger par les cicatrices du passé. L’exemple qu’elles jouaient ici toutes deux n’était pas du tout semblable à ce que la jeune maman avait vécu, dix ans plus tôt. Mais une agression était une agression. « Ça marche, merci ! Et dans le cas où l’agresseur me bloque déjà ? Je veux dire, si on est maintenue par quelqu’un avec plus de force physique ? » continua Aïnhoa après avoir répété les mouvements, cette fois avec Anna dans le rôle de l’agresseur, pour bien voir comment et où viser.

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Vous aviez déjà établi un état de confiance entre vous, et c’est ce qui était le plus important. Tu voulais montrer à la jeune femme qu’elle n’avait rien à craindre de toi, seulement apprendre quelques tips pour ne pas se fair intimider dans la rue. Tu ris légèrement à la remarque d’Aïnhoa. « Si tu le dis » dis-tu dans un rire. Tu te mettais donc à la place de la victime et tu tentais une manoeuvre pour lui montrer qu’elle pouvait se défaire facilement et surtout rapidement d’un agresseur. Tu lui montrai quelques mouvements qui pouvaient facilement l’aider et vous commencer à les imiter sans vous faire mal entre vous, bien évidemment. Là n’était pas le but. Rares avaient été les fois où on t’avait emmerder dans la rue, où on avait voulu t’intimider. Mais elles étaient arrivée. En général, c’était dans ta jeunesse en Angleterre que le mal avait été fait. Enfin bref, vous continuiez vos mouvements pour qu’elle s’exerce et qu’elle trouve celui qu’elle peut faire le mieux. « Alors là, y’a rien de plus simple ! » dis-tu avec un rire. « Un bon coup dans les parties, et le tour est joué. Je peux te jurer que ça en fait fuir plus d’un » ajoutas-tu avec un autre rire. Le moniteur te faisait les gros yeux alors tu reprenais ton sérieux mais tu voulais ajouter quelque chose. « Ou dans les genoux, si tu tiens vraiment pas à lui abimer son futur héritage » dis-tu avec un sourire et un clin d’oeil. C’était pas la méthode qu’on apprenait dans ce genre de cours, mais au moins, elle était bien plus efficace.

C’était dans la bonne humeur que les deux jeunes femmes poursuivaient l’entraînement, ou plutôt, qu’Aïnhoa répétait avec attention les mouvements et les astuces que lui présentait la blonde. C’était instructif, même si la métisse avait déjà eu l’occasion d’apprendre pas mal de trucs en self-defense, ici, elle apprenait des façons de faire différentes, des petites astuces supplémentaires. Et puis c’était cool d’avoir les conseils de quelqu’un qui avait vraiment de l’expérience dans le combat. La couturière demanda ensuite à Anna ce qu’elle pouvait faire dans le cas où elle était dans l’impossibilité de se défaire d’un agresseur. La jeune femme lui répondit en riant, et Aïnhoa aurait sûrement rit aussi, si elle n’avait pas déjà vécu un moment où elle n’avait pas su fuir l’agresseur, ni lui faire suffisamment mal pour qu’il la lâche. Elle se contenta d’un sourire un peu forcé, ne voulant pas amener ses blessures passées dans cet entraînement. « Ça se tente. » répondit-elle en feignant un petit air amusé, mais on pouvait lire la part d’ombre qui s’était rajoutée sur le tableau de son visage. Aïnhoa avait accepté ce qui était arrivé depuis longtemps, elle n’en faisait plus de cauchemars, ou presque jamais. Et elle était incroyablement heureuse d’avoir Laël, son fils, comme issue positive. Mais même dix ans plus tard, des séquelles restaient, ineffaçables. Parfois, elle pouvait encore sentir le poids du corps de ce garçon sur le sien, la bloquant totalement.

Pendant l’entraînement, tu faisais en sorte que la métisse se sente à l’aise et qu’elle soit bien. Surtout, qu’elle comprenne les gestes que tu faisais même s’ils étaient doux et qu’ils n’étaient pas dangereux sur le coup. Tu faisais de ton mieux pour être pédagogue mais c’était vraiment pas ton truc de l’être. Aïnhoa te posait quelques questions à son tour pour savoir comment se débattre d’un agresseur. Ça ne t’étais jamais vraiment arrivé, en général, tu leur faisait trop peur avec ton franc parler et ta posture en garde. Mais tu avais eu des mauvaises mésaventures quand tu étais encore à Londres, c’est un peu pour ça que tu avais décidé de te mettre à la boxe et surtout au MMA. Tu essayais de faire rire la jeune femme mais tu voyais que ça ne marchait pas trop. Tu fronçais les sourcils en te détachant d’elle. « J’ai dis quelque chose qui fallait pas ? » demandas-tu à la jeune femme un peu inquiète. Tu ne pensais pas que si elle te demandait ça, c’est parce qu’elle avait elle-même vécu une situation de ce genre et dont elle n’avait pas pu se dépatouiller. « J’suis désolé, j’mets souvent les pieds dans le plat » dis-tu avec un rire un peu gêné, assez rapidement. Tu n’avais pas forcément envie qu’elle te raconte, même si tu étais curieuse. Mais tu savais que ce genre de chose ne se racontait pas facilement, et qu’on ne confiait pas à la première inconnue qu’on rencontre qu’on s’est faite agresser.

Aïnhoa ne devait pas être bonne actrice, car sa partenaire de ring arrêta leurs gestes pour questionner sa réaction. Enfin, en réalité, la brune n’avait pas vraiment cherché à donner le change non plus. Elle n’était pas quelqu’un qui tentait de garder ses émotions vives sous contrôle ou de masquer ses réactions, aussi était-elle assez facile à déchiffrer. « Non non, pas du tout. Désolée, c’est moi qui ai amené le sujet. » s’empressa de répondre la jeune maman. Elle ne voulait pas qu’Anna se sente mal à l’aise, elle ne pouvait pas savoir, encore moins quand c’était Aino’ qui posait des questions en lien avec son vécu traumatique. « J’ai juste déjà vécu cette expérience, et… ça s’est mal terminé pour moi, à l’époque. » expliqua d’une voix plus basse la brunette, s’exposant avec franchise. Elle ne voulait pas faire semblant de rien et laisser planer le mystère, autant donner à la blonde une explication claire, sans rentrer dans les détails sordides. Aïnhoa n’avait pas honte de ce qui lui était arrivé, même si ça avait longtemps été le cas. Réaction très répandue chez les femmes victimes de viol, d’ailleurs. Mais avec le temps et la thérapie adéquate, la jeune femme avait pu apprendre à dealer avec ça et à en parler, à se retrouver dans tout ça et à ne pas se faire engloutir par ses blessures. Même si c’était loin d’être son sujet de conversation favori, évidemment. « Mais tu ne pouvais absolument pas savoir, je veux dire, t’excuses pas. » sourit-elle avec un air bienveillant.

Tu avais remarqué que la jeune femme avec qui tu étais entrain de faire le cours de self-défense était mal à l’aise tout d’un coup. Tu ne voulais pas du tout que ça se passe ainsi, et tu avais peur d’avoir dit quelque chose qu’il ne fallait pas. Alors tu t’excusais assez rapidement, parce que tu ne voulais pas la gêner, à Aïnhoa. Elle t’expliquait alors qu’elle avait vécu une expérience similaire il y a quelques années et que ça ne s’était pas très bien terminée pour elle. « Oh je vois… j’suis désolé si j’ai dis quelque chose qu’il ne fallait pas, vraiment » dis-tu en répétant tes excuses. Tu n’osais pas demandé mais la question te brûlait les lèvres alors tu la posais. « C’est pour ça que tu as pris ce cours ? » demandas-tu curieusement. Tu ne voulais pas l’offenser, c’était pas du tout le but. Tu préférais l’aider plutôt que de la blesser. « T’es pas obligée de répondre, j’suis désolé j’fais trop ma curieuse » ajoutas-tu rapidement. Elle était bienveillante en te disant d’arrêter de t’excuser parce que tu ne pouvais pas savoir ce qu’elle avait vécu mais tu devrai pourtant savoir peser tes mots. Tu n’avais jamais vécu ça, de ton côté, tu avais vécu d’autres choses. Tout aussi dur, mais rien n’est vraiment comparable quand on parle de violence ou bien de choix difficile à prendre. Tout ce que tu allais faire à présent, c’était aider la brune et faire qu’elle se sente bien.