Work, work, work (Thomas)

On lui disait de rebondir, alors il rebondissait. Peut-être pas de la manière dont il voulait, s'éloignant royalement de son domaine de prédilection, mais il n'avait pas beaucoup de choix. Maintenant, il avait une famille et il ne pouvait rester sans travail, à ne rien faire de ses journées au risque de s'encroûter et de devenir exécrable. Alors, oui, il n'avait pas encore terminé l'affaire Effimero, mais, déjà, Livio s'était lancé dans les petites annonces, à la recherche d'un emploi qui lui changerait au moins les idées. Son regard s'était arrêté sur cette petite annonce d'emploi dans un haras. Un haras. C'était étonnant mais cela l'intéressait. Il avait envie d'être en plein air, de se rapprocher peut-être de l'essentiel, lui qui avait vécu dans la superficialité, le m'as-tu-vu pendant tant d'années. Après quelques sms échangés avec le propriétaire, le jour du rendez-vous était arrivé. Le CV était prêt. Livio, aussi. Et évidemment, il n'avait pu s'empêcher de jouer sur son style, qui ne convenait sûrement pas au haras. Pantalon chino beige, la petite chemise blanche déboutonnée sur le haut, les baskets de la même couleur pour casser le côté sérieux du look et lunettes de soleil sur le bout du nez. Voilà comment il arriva au haras. Comme convenu, il s'arrêta à l'accueil où un homme d'une trentaine d'années se trouvait. « Bonjour. » dit-il, avec entrain. « Je viens voir si Monsieur Rankin est présent aujourd'hui ? »

Une fois n’est pas coutume, tu étais arrivé un peu tard au haras. En effet, tu avais passé la soirée avec ton fils à jouer aux jeux vidéos et papa n’est plus tout jeune il faut qu’il dorme. Heureusement que c’était les vacances et que lui ne devait pas aller à l’école, ce petit garnement. Tu y allais seulement parce que tu devais voir quelqu’un pour un entretien d’embauche. Après avoir enfilé ton attirail de cavalier, tu étais monté dans ta voiture pour aller directement au club. Une fois là-bas, tu en avais profité pour passer un coup de brosse à ton fidèle destrier Aberdeen et saluer tous les employés qui bossaient en ce jour. Tu avais fini par rejoindre l’accueil, te posant sur la terrasse de ce dernier avec un café à la main et une cigarette dans l’autre, lunettes de soleil sur le nez. C’était habituel de te voir comme ça, et tes employés se moquaient souvent de toi. Mais ils avaient raison de le faire, en même temps tu faisais le flemmard alors que tout le monde était entrain de trimer pour rendre cet endroit merveilleux. Tu te relevais de ton siège, riant avec un employé quand tu voyais un jeune homme arriver au loin. Est-ce que c’était lui, celui que tu attendais pour un entretien d’embauche ? En tout cas, avec ce style, il n’était pas prêt pour ce qui allait lui arriver. « Bonjour jeune homme » dis-tu avec un sourire en te relevant de ton siège, enlevant tes lunettes de soleil. Tu lui tendais ta main pour la serrer en laissant échapper un petit rire. « Vous devez être Livio, c’est bien ça ? » demandas-tu avec un léger sourire avant de reprendre. « Je vous ai déjà dis que Monsieur Rankin était mon père, vous pouvez m’appeler Thomas » dis-tu en faisant un clin d’oeil au jeune homme.

Allez donc savoir pourquoi Livio avait postulé à cette annonce. Il y avait certes un sentiment d'urgence, ne serait-ce que pour le bien de sa famille, pour permettre à Aura de poursuivre son rêve de détenir un jour sa propre boutique. Mais il ne pouvait l'expliquer, il y avait quelque chose qui l'avait attiré dans l'idée de bosser dans un haras. Sans doute avait-il un grand besoin de travailler à l'extérieur, de partir sur quelque chose de manuel, qui lui convenait bien plus. Mais Livio fit quand même du grand Livio. Haras ou non, c'était un entretien professionnel. Et qui disait entretien, disait forcément tenue qui allait avec. Certes, sa tenue n'était peut-etre pas en adéquation mais au moins, on ne pouvait pas dire qu'il s'était mal présenté ! Arrivé à l'accueil, il se présenta à l'homme qui se trouvait devant. Il serra la main de celui-ci avant de hocher la tête, avec surprise, quand l'homme énonça son prénom. « Oui, c'est bien moi ! » L'homme était donc Monsieur Rankin. Ou plutôt, Thomas. « C'est vrai, vous me l'avez déjà dit, Monsieur Rankin. Euh... pardon... Thomas. » Il esquissa un léger sourire, avant d'ajouter : « Promis, j'arriverai à vous appeler Thomas d'ici quelques temps. » C'était quand même une marque de respect, surtout envers un éventuel patron. « Comme convenu, je vous ai amené mon CV. » Il regarda autour de lui, observant l'endroit. « Vous avez un bel haras. » Et il ne disait pas cela pour mettre des points de son côté. « Je veux dire, ça doit être apaisant de travailler ici. Ça change de ce que j'ai connu jusqu'à présent. » Il garda son sourire sur les lèvres, avant d'ouvrir sa pochette pour sortir son CV qu'il tendit au jeune homme. « S'il vous faut quoique ce soit de plus, n'hésitez pas, je suis là. » Là, et prêt à se vendre.

En ce moment, t’avais besoin de renfort au haras. Tu n’arrivais plus à tourner à plein régime comme avant et puis surtout, la rentrée arrivait et la plupart de tes employés étaient débordés. Beaucoup de palefrenier s’étaient improvisé moniteur ou même certains avaient trouvés l’herbe plus verte ailleurs, te laissant dans une sacré mouise. Tu avais fais cette proposition d’emploi sur internet, et tu ne t’attendais pas à avoir une réponse aussi vite. Le jeune homme qui avait postulé arrivait devant toi en te demandant où était le patron. « Y’a pas de soucis, vous vous y ferez » dis-tu avec un clin d’oeil. T’aimais pas qu’on t’appelle Monsieur, tu trouvais que ça te vieillissait. Mais bon, tu n’allais pas lui enlever cette habitude aussi facilement. Et puis, t’as toujours eu envie d’être proche de tes employés, donc qu’on t’appelle par ton prénom c’est primordial. Il te tendait son CV que tu pris et tu lui faisais signe de te suivre. « On va faire le tour du haras en même temps, ça ne vous dérange pas ? » demandas-tu au jeune homme. « Merci, je m’efforce à ce que cet endroit soit apaisant » ajoutas-tu avec un sourire. Tu faisais en sorte que tout le monde se sente bien ici, les animaux, les employés et les clients. Et c’était chose faite, même si certains employés avaient désertés le haras. Tu admirais le CV du jeune homme et quelque chose t’interpella. « Vous étiez dirigeant de votre propre entreprise ? Effimero ? J’espère que je le prononce comme il faut » demandas-tu à Livio en levant les yeux vers lui. Qu’est-ce qu’il pouvait bien s’être passé dans son entreprise pour qu’il vienne demander du travail ? Encore plus dans un haras. C’est pas vraiment la même chose que le monde de la mode.

Il avait côtoyé des grands noms de la mode, Livio. Alors forcément, les marques de politesse et de respect étaient de mise. C'était pour cela qu'il avait du mal à se détacher de tout ça, de ces Monsieur qui instauraient le respect. Mais c'était bon, aussi, de retourner vers quelque chose de plus simple, de plus naturel. Aussi Livio esquissa un sourire quand Thomas lui confia qu'il s'y fera. Bien sûr qu'il s'y ferait, surtout s'il était embauché ! Après avoir tendu son CV, Thomas lui proposa de faire le tour du haras. Un haras qui dégageait une certaine sérénité, selon Livio. Ce qui sembla plaire à Thomas, pour qui c'était visiblement le crédo. « Je crois que vous avez réussi. » répondit le jeune italien avec un large sourire. En tant qu'ancien propriétaire d'une entreprise, il savait ce que c'était. C'était important que tout le monde se sente bien, impliqué, motivé. C'était valorisant pour l'employé, pour le patron et pour ceux qui avaient affaire avec l'entreprise ou le haras dans le cas présent. D'ailleurs, en parlant d'entreprise, Thomas s'arrêta sur l'expérience de Livio. « Oui, Effimero. » répéta-t-il, quant à lui, avec son accent italien. Livio marqua un temps d'arrêt avant de reprendre : « J'ai été dirigeant pendant six ans. Mais j'ai dû mettre la clé sous la porte, il y a quelques semaines. Ça ne s'est pas vraiment terminé comme je le souhaitais. » Il haussa les épaules. « Et c'est la raison pour laquelle je suis devant vous, aujourd'hui. » Autant être honnête. « J'avais envie de partir sur quelque chose de nouveau. » C'était aussi parce qu'il voulait assurer les arrières de sa famille. « Vous avez beaucoup d'employés ici ? » demanda-t-il, curieux.

« Merci » soufflas-tu avec un sourire. Livio et toi, vous preniez la route pour faire le tour du haras à pieds pour que tu puisses lui montrer comment c’était vraiment. C’est bien beau comme ça, mais c’est une façade, on va pas se le cacher. Alors tu avais son CV entre les mains et tu commençais à le lire, tout en faisant attention où tu marchais. Ici, faut faire gaffe où on met ses pieds parce que c’est un terrain un peu miné. Le jeune italien avait eu sa propre marque de vêtement il y a quelques temps. Tu trouvais ça étrange qu’il veuille se lancer dans le monde des chevaux après ça. « Effimero » répétas-tu en essayant l’accent italien. Pas sûr que tu y sois arrivé comme il le fallait mais bon, t’avais envie de tenter d’imiter son accent. « Oh, mince… j’suis désolé pour vous » dis-tu en posant un regard sur le jeune homme. Tu ne savais pas ce que tu ferai si le haras venait à couler et que tu devais t’en séparer. C’est dur de faire place à autre chose quand on est passionné. C’est ce qu’il s’était passé avec ta carrière d’acteur, mais tu étais plus épanoui maintenant avec ta deuxième passion. « Pour le coup, c’est du tout nouveau » dis-tu avec un sourire. Tu pliais le CV du brun pour le mettre dans ta poche arrière de jean et tu rentrais ensuite tes mains dans les poches de ta veste. Vous longiez le long des box, quelques chevaux sortaient le bout de leur nez. « On est pas énormément pour la grandeur du haras. J’ai deux moniteurs d’équitation et deux palefreniers. Les moniteurs font souvent le boulot des palefreniers parce qu’il y a beaucoup de choses à faire » dis-tu simplement. C’était pas non plus un grand centre équestre mais c’était quand même une bonne superficie et pour les 5 personnes que vous étiez, c’était pas beaucoup. En plus, tes palefreniers étaient aussi cavaliers alors il fallait qu’ils soient aussi disponible pour monter à cheval. « Ça vous fait pas peur la crasse, l’odeur nauséabonde ? » demandas-tu en t’arrêtant devant un box. C’était celui de ton cheval, Aberdeen. « Je veux pas vous décourager, mais juste vous préparer » ajoutas-tu avec un léger rire.

Alors qu'il l'invitait à faire le tour du haras, Livio regardait tout autour de lui, enjambant parfois le terrain miné pour éviter de revenir avec ses nouvelles baskets toutes crottées. Il n'avait décidément pas opté pour le meilleur look.  L'italien esquissa un sourire quand Thomas répéta le nom de son ancienne marque avec l'accent. « C'est ça ! » dit-il, amusé, pour montrer qu'il appréciait l'effort pour l'accent. Son sourire s'atténua néanmoins quand il dut expliquer ce qu'il s'était passé pour sa marque. Il fit un petite geste de la main nonchalant quand Thomas lui confia être désolé. « Ce n'est pas grave, ça n'a pas été simple, mais il est naturel de vouloir rebondir. » Et pour rebondir, il rebondissait sur quelque chose de totalement nouveau. Ce qui ne passait pas inaperçu chez Thomas. Livio espérait surtout qu'il ne prenne pas peur en prenant un débutant. Alors qu'ils marchaient près des box, le jeune italien sourit largement en voyant les chevaux, tout curieux, passaient les têtes hors des box. Il prêta une oreille attentive aux mots du jeune homme qui lui expliquait le fonctionnement du haras et notamment la main d'oeuvre nécessaire pour le faire tourner. « Oui, je comprends, la polyvalence doit être de mise dans un endroit tel que celui-là. » C'était grand, il y avait donc beaucoup de boulot. Ils s'arrêtèrent ensuite devant un box et là, Thomas lui posa la question-piège. La question qui, clairement, devait dénoter par rapport à l'attitude de cet italien tiré à quatre épingles. « Oh vous savez, j'ai un enfant. On devient moins sensible face aux odeurs. » Il éclata de rire. Oui, il avait osé comparer avec son bébé. « Sérieusement, non, ça ne me fait pas peur. » Il marqua un temps d'arrêt avant de reprendre : « Par contre, il est vrai que je suis totalement novice dans le domaine. Je sais que ça peut faire peur. Mais j'apprends vite. » Il tenait à le préciser, à montrer sa motivation pour ne pas qu'il croit que c'était une simple lubie. Il avait de nombreux défauts, Livio, mais personne ne pouvait lui reprocher son manque de sérieux. Quand il s'engageait, il allait jusqu'au bout des choses.

Vous faisiez le tour du haras parce que tu voulais montrer à Livio l’ensemble des box ainsi que toutes les infrastructures que vous aviez ici. C’était vaste, y’avait beaucoup de choses à voir. Tu répétais le nom de son ancienne société avec la bonne prononciation et tu affichais un sourire victorieux quand il te disait que c’était bien ça. Tu lui confiais aussi que tu étais désolé pour lui. Si le haras venait à disparaître, tu serais dans de beaux draps toi aussi. « Bien sûr, mais ça fait toujours quelque chose » confias-tu avec un petit sourire compatissant. Quand tu avais lâché ta carrière d’acteur, tu avais été mal mais c’était pour la bonne cause que tu avais fais ça. « Exactement, il faut savoir faire pas mal de choses et surtout ne pas avoir peur de se salir les mains » dis-tu avec un léger rire. Ça t’avait fait tout drôle au début, quand tu avais repris le haras parce que tu ne pensais pas qu’il y avait autant de boulot à faire. Et surtout à quel point tu pouvais sentir mauvais à la fin de la journée. Mais tu n’échangerai ce boulot pour rien au monde maintenant. « Oh, vous avez un enfant ? Quel âge a-t-il ? Ou elle peut-être ? » demandas-tu curieusement au jeune italien. Ça vous faisait un point commun, même si Arthur était surement plus âgé que celui de ton interlocuteur. En même temps, vous n’aviez pas le même âge tous les deux. Il devait surement avoir un nouveau né. « Pas de soucis ! On sera ravis de vous apprendre le métier ! » dis-tu avec un sourire. La plupart de tes employés ne connaissait pas le job avant d’avoir été embauché ici, et vous aviez tous appris au fur et à mesure. « Est-ce que vous savez monter à cheval ? » demandas-tu curieusement. Ce n’était pas obligatoire mais bon, c’était un petit plus. Et puis s’il ne savait pas, il n’y avait pas de raison à ce qu’il n’apprenne pas ici.

Il hocha doucement la tête. Même s'il fallait rebondir, en effet, ça faisait toujours quelque chose. Mais Livio ne s'attarda pas trop dessus, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie. Les échecs et lui, ça ne faisait pas bon ménage. Il n'arrivait pas encore à tirer les leçons en se disant que ça le ferait avancer. A cet instant, il se voyait surtout comme une merde, voilà tout. Il préféra donc s'intéresser à ce qui sera – peut-être – le prochain endroit où il bossera. Thomas lui affirma que la polyvalence était de mise, ce qui plaisait à Livio, mais qu'il fallait aussi ne pas avoir peur de se salir les mains. Sur ce point-là, l'italien se mit à rire : « C'est pourquoi je ne viendrai plus habillé de la sorte. » Il rit joyeusement, mettant le doigt sur le fait qu'il n'avait vraiment pas la tenue adéquate. Mais il avait voulu faire bonne impression. En tout cas, la saleté et les odeurs ne l'effrayaient pas. Il tenta le trait d'humour en disant qu'il avait un enfant, ce qui l'aidait à supporter tout ça. « Oui, j'ai un petit garçon de deux mois. Il est tout neuf. » dit-il en riant. « Et vous ? » se permit-il de demander. Continuant d'avancer, les deux hommes s'arrêtèrent néanmoins devant un box. Livio regarda le cheval qui sortit sa tête, curieux, et le caressa doucement. Il avoua être novice dans le métier, mais il était prêt à tout apprendre. Et chose positive, Thomas et son équipe étaient prêt à tout lui apprendre : « C'est vrai ? » Il garda son sourire sur les lèvres, se disant qu'il avait peut-être une chance de décrocher le boulot. Il avait tellement l'habitude de voir des gens chercher des personnes expérimentées qu'il oubliait que d'autres donnaient la chance à n'importe qui. Thomas lui demanda ensuite s'il savait monter. « J'ai su monter. » dit-il d'abord. « Mes grands-parents avaient un cheval. Mais un jour, je suis tombé et j'avoue n'être jamais remonté. » Il n'avait pas peur des chevaux, mais il avait toujours préféré rester sur terre, à côté d'eux. « Je sais, c'est une grosse erreur. » termina-t-il par dire. On disait toujours qu'il fallait remonter pour ne pas développer de peurs. Livio, lui, avait préféré jouer la carte de la sécurité.

Le jeune garçon semblait être prêt et d’attaque pour avoir le job. Il était chanceux, car tu prenais en général tout le monde, même sans expérience. Seule la motivation prônait pour toi. Tu lui demandais s’il n’avait pas peur de la saleté. Ici, avec les chevaux, c’était quand même prédominant. « C’est la réponse que j’attendais » dis-tu avec un rire quand il t’avoua ne plus venir habillé ainsi. L’italien te confiait qu’il avait un enfant. Tes yeux de papa se posèrent sur le brun pour lui demander quel âge avait ce petit bébé. 2 mois. Qu’est-ce que tu rêvais de revenir à l’époque où Arthur avait 2 mois. Pas de problèmes avec les devoirs, moins de problèmes de disciplines enfin moins de problème tout court. « Ohhh, des félicitations sont de mises alors » dis-tu avec un sourire. A ton tour, tu répondais à la question du futur employé. « J’aimerai bien que mon fils revienne à ses 2 mois… mais il a 15 ans » dis-tu avec un léger rire. « Vous le verrez surement un jour, il vient souvent monter » ajoutas-tu avec un sourire. Il venait souvent car il avait son cheval, lui aussi. Et puis il adorait l’équitation autant que toi. Alors quand il serait embauché, Livio croisera souvent ton fils. Tu confiais d’ailleurs au jeune homme que tu étais prêt à tout lui apprendre, avec ton équipe déjà en place. « Bien sûr, j’adore partager ma passion et je sais que les gens déjà présent ici sont comme moi » répondis-tu avec un sourire. L’engouement de l’italien te faisait vraiment plaisir. Dans ta tête, il était déjà pris mais tu laisser durer le suspense. Tu lui demandais ensuite s’il savait monter à cheval. C’était quand même un plus quand on travaille dans un haras. Il te confiait alors qu’il avait su monter, mais qu’il avait une chute sans jamais remonter. « J’avoue, ce n’est pas bien » dis-tu avec un léger rire. « On pourrait peut-être remédier à ça, si vous voulez bien venir travailler ici » dis-tu avec un sourire en coin.

Certes, il n'avait pas vraiment fait bonne impression avec sa tenue qui n'était clairement pas adaptée au lieu, mais Livio usa de l'humour et de l'auto-dérision pour montrer que la saleté ne lui faisait pas peur. Il esquissa un sourire quand Thomas fut satisfait de la réponse. Vint alors le sujet des enfants. Quand Livio avoua qu'il avait un petit bébé de deux mois, son sourire resta sur les lèvres alors qu'il répondit : « Merci. » Lui retournant la question, Livio se mit à rire à sa réponse. « Ah oui en effet, 15 ans, ce n'est plus le petit bébé. » Et ça réveillait les parents d'une autre manière quand ils ne rentraient pas à l'heure d'une soirée entre amis, par exemple. « Je serai ravi de le rencontrer, dans ce cas. » Enfin, s'il revenait par ici. « C'est bien de partager une telle passion. » conclut-il avec un sourire attendri. Il espérait, lui aussi, avoir des passions en commun avec Leandro, qu'ils puissent partager des moments père-fils qui seraient à jamais gravés dans sa mémoire. Arrivant près des box et alors qu'un cheval montrait le bout de son museau, Livio posa doucement sa main sur sa tête, caressant sa crinière. Livio reposa son regard sur Thomas quand celui-ci confia qu'il était prêt à former les nouveaux arrivants, tout comme l'équipe déjà présente. Ce qui était rare dans le monde du travail, où l'on voulait des personnes efficaces dès les premiers jours. « ça se sent que vous aimez partager. » Il ne jouait pas le lèche-bottes, c'était sincère. On voyait que cet haras, c'était toute la vie de Thomas, qu'il y mettait son cœur et son âme. Alors qu'il lui demanda ensuite s'il savait monter, Livio confia sa chute et le fait qu'il n'était pas remonté depuis. « J'avoue, je n'étais pas très serein à l'idée de monter. » Il avouait sa peur, mais il était prêt à la surmonter. Il fallait peut-être qu'il soit poussé, tout simplement. Et Thomas semblait d'accord pour jouer ce rôle-là. Livio reporta rapidement son regard sur lui en entendant ses derniers mots : « ça veut dire que vous êtes prêt à m'embaucher ? » Il resta bête un instant, avant de se reprendre, tout enjoué : « Enfin, oui, bien sûr, on pourrait remédier à ça. Et pour tout le reste. » Il se mit à rire. « Ce que je veux dire, c'est que je serai ravi de travailler ici. »

La réponse de Livio t’avait satisfait. Il était prêt à se remonter les manches et à travailler dans la saleté. Quand vous parliez de vos enfants, tu imaginais ton fils quand il avait 2 mois et ça te faisait sourire. « Profitez bien de ces instants, avec ta femme, ce sont les meilleurs quand ils sont tout petit » dis-tu avec un sourire attendri. Pour avoir vécu loin de ton fils pendant son enfance, ou du moins avec des absences à répétitions à cause de ton boulot, tu voulais que tes mots sonnent sincères aux oreilles de l’italien. Et puis, s’il allait bosser ici, tu ne lui infligerai pas des heures à dormir debout pour qu’il profite de son fils. « Oui, c’est sympa, j’l’ai même pas forcé en plus. Donc il traîne souvent ici avec des copains ou à faire des balades, des cours tout ça » dis-tu avec un sourire. Arthur était un vrai fan d’équitation comme toi. Tu espérais pour le jeune homme qu’il connaisse ça avec son fils, qu’ils partagent tous les deux la même passion pour grandir ensemble plus proche que jamais. A Bowen, ça vous avez beaucoup rapproché, l’équitation. Et tu aimais partager cette passion avec les autres. Notamment avec tes employés, comme tu le confiais à l’ancien styliste. Tu étais prêt à partager ton savoir, comme d’autres t’avaient partagé le leur. « J’aime beaucoup en effet » confirmas-tu avec un léger rire. Tu avais laissé cette passion de côté quand tu étais acteur, et tu ne voulais plus jamais la quitter maintenant. C’est l’acting qui était devenu un hobby. Livio te confiait qu’il avait su monter, dans le temps, avec ses grands-parents. Mais que depuis une chute, il n’était pas remonter à cheval. C’était la première erreur à faire, mais tu comprenais totalement. « Ça se comprends, ça fait peur » dis-tu simplement en hochant la tête. Quand il te demandait si tu étais prêt à l’embaucher, tu riais légèrement. Tu voyais qu’il s’empêtrait dans ses mots alors tu allais essayer de le sortir de là. Tu lui tendais la main pour la serrer. « Alors si vous êtes prêt à bosser ici, bienvenue au Horseshoe Riding » dis-tu avec un sourire.

Livio esquissa un sourire quand Thomas lui conseilla de profiter des premiers instants de son fils. « ça sent le vécu ! » Il rit. « Petit enfant = petit problème. Grand enfant = grand problème. C'est ce qu'on dit, non ? » Et sans doute Thomas devait connaître les grands problèmes avec son adolescent. Néanmoins, il semblait très proche de son fils, ce dernier venant souvent ici, au haras de son père, pour monter et partager cette passion avec lui. Le sourire de Livio était attendri. « Les moments père-fils, c'est quelque chose d'inégalable. » Il avait lui-même connu de beaux moments avec son père, et il espérait maintenant vivre de beaux moments avec son fils. En tout cas, la notion de partage semblait être très ancrée chez Thomas, puisqu'il était prêt à partager son expérience avec un novice comme Livio. Ça, c'était la preuve que c'était un vrai passionné. Et Livio était ravi d'avoir la chance de rencontrer une personne prête à le former, là où il ne connaissait rien. Le peu d'expérience qu'il avait avec les chevaux s'était soldée par une chute qui l'avait poussé à ne plus jamais remonter. Erreur. Il savait qu'il n'avait pas choisi la meilleure solution, repoussant sans cesse et se créant des craintes qui n'avaient pas lieu d'être. Se trouver ici serait peut-être l'occasion d'affronter sa peur.Encore plus en étant embauché. C'était apparemment la volonté de Thomas. Livio était très surpris. Il sentait que l'entretien s'était bien passé, mais il ne pensait pas avoir la réponse aujourd'hui. Encore moins qu'elle soit positive. Mais il était vrai que le feeling était bien passé entre les deux hommes et c'était bête, mais Livio se sentait déjà impliqué. Il n'avait pas envie de décevoir cet homme qui lui offrait un boulot, à un moment où il en avait tant besoin. Il serra la main qu'il lui tendit, esquissant un large sourire quand il lui souhaita la bienvenue. « Je suis plus que prêt ! » dit-il enjoué. « Vous voulez que je commence quand ? »

« Oooh oui ! » dis-tu avec un rire. Les premiers moments avec son fils allaient être précieux et tu voulais lui faire partager ton vécu, du moins un minimum. « C’est bien ça ! Plus ils grandissent, plus ils font des problèmes. Bon courage quand il arrivera à l’adolescence » dis-tu avec un rire en tapant légèrement son épaule. Arthur était un garçon adorable, mais il avait quand même ses tourments et ses problèmes. Et c’était difficile à gérer. Mais tu étais content de l’avoir eu assez jeune, car ce n’était pas si loin pour toi, même s’il avait la quinzaine et toi la quarantaine. Brrrr, la quarantaine, ça fait peur de dire ça mais pourtant c’est vrai. Mais ce n’est pas le sujet. Tu expliquais alors à Livio que tu étais prêt à le prendre en charge et à l’aider pour commencer cette aventure dans ton haras, qu’il s’y sente bien et surtout qu’il n’est pas peur de se tromper. Toi-même tu t’étais trompé plusieurs fois quand tu avais commencé dans ce domaine là, puisque tu n’y connaissais pas grand chose à part monter un cheval, s’en occuper et faire des compétitions. Là, il fallait gérer toute la paperasse et l’entretien du club en même temps. C’était pas chose facile mais tu avais des employés en or qui t’aidaient à tout faire. Et tu faisais en sorte que tout le monde se sente bien et heureux dans son job, au haras. Donc, tu proposais à l’italien de prendre son poste en tant que palefrenier même s’il n’y connaissait pas grand chose au métier. Cette main que tu lui tendais, il la prenait pour te serrer la main et tu souris. Il avait l’air extrêmement motivé. « Je pense que vous pouvez commencer la semaine prochaine, histoire que je fasse les papiers tout ça » proposas-tu avec un petit sourire en coin. « Et qu’on parle de votre emploi du temps » ajoutas-tu toujours avec un sourire. Tu lui avais dis que tu serai flexible là-dessus, car tu sais comment c’est compliqué de s’occuper d’un nouveau né.

« Un ado, c'est si terrible que ça ?! » demanda-t-il faussement affolé, avant qu'un rire ne vienne ponctuer sa phrase. « Courage ! » souffla-t-il, avec compassion, pour ce père d'un sacré adolescent, visiblement. Et encore, Thomas avait l'air d'avoir eu son fils jeune, sans doute avait-il une relation très complice avec son adolescent. Mais cela, Livio le découvrira sûrement au fur et à mesure. En effet, Thomas semblait prêt à recruter le jeune italien, même si ce dernier n'avait aucune formation, ou diplôme dans ce domaine-là. Mais il avait l'envie et c'était sûrement l'essence même de ce recrutement. Le jeune Rankin semblait être une personne très ouverte, prêt à donner sa chance à tous, à les former et à transmettre sa passion. Un cocktail qui réjouissait Livio et qui lui donnait l'envie d'apporter sa patte et d'aider comme il se doit cet homme pour qui le haras représentait tant. Et ce fut en serrant sa main qu'il conclut ce pacte, déjà tant enjoué à l'idée de venir travailler ici. Il ne le savait pas, Thomas, mais il lui enlevait une sacrée épine du pied. Avec le naufrage d'Effimero, Livio s'était senti face à un mur, avec la pression de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Ce qui était bête puisqu'il avait suffisamment d'épargne pour des années et des années. Mais c'était psychologique. Il n'avait pas envie d'être le moins que rien, celui qui n'avait pas su garder son entreprise. Alors, Thomas lui offrait la chance de rebondir, de tenter quelque chose de nouveau pour l'aider à sortir la tête de l'eau.Très vite, Livio demanda quand il voulait qu'il commence. « Semaine prochaine ? Très bien, je serai là. » dit-il tout sourire. Thomas était même prêt à parler de son emploi du temps, se disant sûrement qu'il aurait besoin de temps avec son bébé. « Je veux être là quand vous aurez besoin de moi. » C'était prévu que Leandro aille chez une nounou. Et même si c'était difficile de se dire qu'il verrait moins son fils, c'était ce qu'on appelait la vie. « Vous avez mon numéro, vous pouvez m'appeler quand vous le souhaitez pour que l'on parle de tout ça. » Et puis, il rajouta, avec engouement : « J'ai hâte. » Le sourire qu'il affichait à ce moment montrait sa sincérité. Cela n'allait pas être facile au début, mais Livio en était certain : il prendrait bien vite ses marques ici.