L'affaire du vol de vêtements - Isaac

Isaac préférait les salles de sport le soir après les heures d’affluence. Lorsqu’il n’y avait pas à demeurer attentif pour savoir quand sauter de sa machine à celle tout juste délaissée par un autre individu. Il aimait qu’il y ait de la place, un peu d’intimité. Il ne venait pas pour faire la conversation, ni pour sociabiliser après tout. La salle de sport, où il se trouver ce soir là était la première de la ville qu’il avait essayée. Il était à sa troisième séance et n’avait pas à s’en plaindre. Il venait ici une, deux ou trois fois par semaines en fonction de l’activité sportive qu’il avait pu avoir les autres jours. Comme ses horaires de visite pouvaient varier du tout au tout, parfois très tôt le matin, en plein milieu de l’après-midi ou plutôt tard le soir, les visages qui l’entouraient étaient à chaque fois différent. Il n’en avait mémorisé aucun en particulier. De plus soucieux de respecter la sphère privée de chacun, il ne faisait pas partis de ceux qui dévisageait les autres.

Pour évacuer ses contrariétés récentes, il avait monté d’un cran sa séance du soir. Quand il réfléchissait aux faits, il se demandait si déménager sur un coup de tête était vraiment une bonne idée. Ca ne lui ressemblait pas. Mais il tenait tant à tenir sa promesse. Et la seule piste qu’il avait l’avait conduit à Bowen. Cette ville avait d’ailleurs un je ne sais quoi qui l’avait séduit dès son arrivée. Peut-être qu’il devrait recourir à un détective privé. Il termina sa séance légèrement apaisé. Il avait eu beau forcé un peu pour se vider l’esprit, la séance n’avait pas tout à fait eu l’effet escompté. Il était fatigué et certains muscles tiraient plus que d’accoutumé. Pas une grande réussite cette soirée.

Il entra dans les vestiaires sans vraiment faire attention à ce qui l’entourait. Il eut vaguement conscience qu’une porte de douche se fermait quand il entra. Devant les vestiaires non loin de là où se trouvait son casier il aperçut un petit tas de vêtement posé sur le banc devant. Isaac était un brin maniaque sur le rangement. Quant tout n’était pas parfaitement clean il était…embêté. Au moins les affaires étaient pliées ce qui était une bonne chose, car si elles avaient été en vrac ça aurait pu être nettement plus dérangeant. C’était pour ça aussi qu’il venait quand il y avait peu de monde ou qu’il préférait les activités en solo. Il n’avait pas à se justifier de cette sorte de toc. Il avait acquis cette notion du rangement avec sa mère de cœur et l’année passée en prison n’avait rien arrangé.

Son mollet droit tirait encore. Il n’avait aucune envie de finir avec des courbatures et comme il n’avait pas encore réouvert son casier, il décida de ressortir faire quelques étirements. Il revînt quelques minutes plus tard. Pour le moment ça lui semblait mieux. Il n’avait plus qu’une envie, rentrer chez lui et prendre une bonne douche, voir un bain. Il ne fit aucune attention à la présence d’autres personnes, se dirigeant droit à son casier. Il l’ouvrit et en retirait son sac quand une voix attira son attention.

- Excusez-moi ? Il y avait ici des vêtements m'appartenant, auriez-vous vu ou ils ont pu passer ?

Au départ il ne pensa que cela puisse lui être adressé mais comme personne ne parlait il commença à en douter. Il se retourna et vit un homme en serviette qui clairement lui parlait bien à lui. Un peu étonné, il fit la corrélation entre le tas de vêtement qu’il avait vu un peu plus tôt. Instinctivement son regard se porta sur l’endroit où il les avait vu plutôt.

« Euh non. Je suppose que c’était ceux qui était là-bas ? » dit-il en indiquant vaguement l’endroit en question de la main. « Je les ai vu avant d’aller m’étirer, mais je n’ai aucune idée d’où ils ont pu passer depuis. »

Isaac se disait que ce n’était vraiment pas de chance pour le gars en face de lui. Personnellement, lui-même aurait détesté que ses affaires disparaissent ainsi. Même s’il ne savait pas vraiment comment il aurait pu réagir. Sûrement aurait-il été partagé entre la gêne et la colère. Dans tous les cas, la direction aurait fini par entendre parler de lui. Mais au moins cet évènement réglait la question de savoir s’il se doucherait ou non ici un jour.

Quand le gars d’en face lui dit vouloir vérifier un truc et s’approcha, Isaac ne pensa pas tout de suite que l’autre avait pu le suspecter du vol. Pourtant avec le recul, ça paraissait évident. Ils étaient seuls et Isaac savait où s’était trouvé les vêtements à un moment donné. Sans oublier le fait qu’il avait des antécédents dans le domaine du vol, même si franchement les vêtements n’avaient jamais fait parti des objets recherchés à l’époque. Puis c’était si loin tout ça. Alors sur le moment, il fut seulement interloqué de voir l’autre se pointait devant lui. Il baissa un peu le regard pour soutenir celui de l’autre homme, un point d’interrogation dans l’œil avant de comprendre une demie seconde avant la réplique suivante de son interlocuteur les soupçons qu’il avait nourri à son encontre.

« Non en effet ce n’est pas moi. Mais si vous voulez en être sûr, je vous en prie. »

Il sorti son sac du casier qu’il laissa ouvert sur le banc à côté de lui. En tout et pour tout, il ne contenait que le linge propre et soigneusement plié qu’Isaac avait sur lui avant de faire sa séance ains que sa montre et son téléphone. Il avait une serviette à la main ainsi que sa gourde. Son casier ouvert ne contenait plus rien. Un coup d’œil suffirait pour voir qu’il ne cachait rien en ces endroits. De toute façon l’autre ne semblait plus vraiment pensait que c’était lui.

« Non malheureusement. Vos affaires était là la première fois que je suis revenu. Puis je suis ressortit m’étirer dans la salle de Gym. Je n’y suis pas resté plus de 5 minutes mais n’importe qui aurait pu passer pendant ce temps. »

Voyant le second homme regardait autour de lui, Isaac enchaîna :

« Vous souhaitez que j’avertisse quelqu’un ? Un membre de l’équipe de la salle peut-être ? Il y a peut-être encore quelqu’un après tout. »

Se faisant il sortit les dernières affaires de son casier pour les mettre dans son sac. La salle était en libre-service 24h/24h, mais pas les coachs. Il y avait peut-être quelqu’un pour la sécurité cependant. Y avait-il des caméras ? Probablement pas dans les vestiaires mais peut-être dans la salle. Au vu du cas présent ce serait une bonne chose. Son acolyte aurait ainsi peut-être une chance de retrouver ses affaires.

« Avec un peu de chance, quelqu’un vous fait juste une mauvaise farce. Vous connaissez du monde ici ? »

Isaac se montrait patient et se proposer d’aider, tout simplement parce que s’il avait été la victime de ce larcin il aurait voulu que quelqu’un agisse. Quoiqu’après réflexion, Isaac n’était même pas sûr qu’il aurait abordé quiconque. Il n’aimait ni les situations gênantes (surtout s’il en était le sujet) ni les situations qu’il ne pouvait contrôler. Et clairement se retrouver sans vêtement dans un lieu « public », aurait eu de quoi mettre à mal sa notion de contrôle. D’ailleurs au vu des circonstances, Isaac estimait que l’autre homme s’en tirait sacrément bien. A sa place, Isaac aurait sûrement déjà perdu son sang-froid.
Il expliqua à l’autre homme sa courte absence pour aller réaliser des étirements supplémentaires et haussa les épaules à la remarque de l’autre homme. Oui, lui non plus ne voyait pas quel intérêt il y avait à voler des habits dans une salle de sport. Une montre, un téléphone pourquoi pas. Facile à prendre et à sortir en douce. Mais des habits… Si le but c’était de les revendre sur Vinted, pas sûr que le cambrioleur se fasse beaucoup d’argent. Franchement Isaac penchait davantage pour un autre motif. La blague, comme il l’avait déjà supposé, serait certes de mauvais goût mais sans grande conséquences. Un maniaque ? serait déjà bien plus dérangeant...Une vengeance peut-être ?

Son vis-à-vis accepta qu’il aille chercher quelqu’un d’autre pour voir si cela pourrait débloquer la situation tout en précisant que ce n’était pas son truc de se balader. « Oui j’imagine bien. Ce n’est pas comme être à la plage ou au bord de sa piscine. Je vais voir s’il y a quelqu’un. » Il se dirigea vers la sortie des vestiaires et s’arrêta un instant pour répondre à la dernière phrase de son interlocuteur. « D’autant plus que vous n’êtes pas vraiment mon genre » A choisir, il préférait déshabiller des jeunes femmes. « Mais ne vous inquiétez pas, s’il y a un voleur qui sévit ici, je préfèrerai autant qu’il soit attrapé. » Aujourd’hui, c’étaient des habits sur un banc et un jour ce serait un casier fracturé. Quand un voleur réussit son coup, il s’enhardit et vise plus haut. C’est addictif le vol. il était bien placé pour le savoir d’ailleurs. Et regrettait d’autant plus de ne pas avoir fait attention aux gens qui l’entourait plus tôt dans la salle. Par le passé il aurait été bien plus attentif.

Isaac pénétra donc dans la salle principale du club de sport. C’était un grand club et la salle était vaste mais malheureusement vide. Il revint vers l’accueil. Il se rappeler avoir vu, des membres du personnel prendre une porte sur laquelle était noté privée par le passé, un peu après l’accueil, il supposait donc qu’il y avait au moins une salle réservait aux employés. Un bureau peut-être. Tout à son objectif, il faillit ne pas remarquer un bout de tissus dans sa vision périphérique. Au départ, il pensa à une serviette oubliée sur une machine et son côté maniaque allait clairement désapprouver quand il vit que c’était une chaussette. Sur un guidon de vélo ? Voilà qui était fort inapproprié. Il s’approcha, intrigué. Au vu des circonstances, une chaussette solitaire abandonné là avait quelque chose d’un peu étrange. C’était même une singulière coïncidence. Sans y toucher cependant, il observa la chaussette. Elle semblait propre et était trop loin du sol pour être tombée par inadvertance d’un sac entrouvert. Elle pendouillait, parfaitement immobile. Alors qu’il était quelque peu perplexe, il laissa de nouveau son regard errer sur la pièce et n’eut pas à aller bien loin. A quelques vélos de là, une autre chaussette était enfilée sur l’une des poignées du guidon… Commençant finalement à se dire que tout ceci ressemblait de plus en plus à une blague il récupéra les deux chaussettes et bien qu’il lui semblat voir une chemise un peu plus loin, il retourna directement dans les vestiaires. Un peu embêté il tendit la paire de chaussette à son compère et dit :

« Serait-ce à vous par hasard ? Sinon un autre individu sème ses affaires. Je viens de les trouver sur deux des machines. Et d’autres affaires semblent poser par ci par là. Je n’ai vu personne, je pense que vous pouvez venir même si je me suis arrêté dès que j’ai trouvé les chaussettes. »

A vrai dire s’il devait retourner à la chasse aux vêtements il n’avait rien contre, mais il préférait autant que l’homme récupère lui-même ses sous-vêtements.

« Finalement, peut-être qu’un plaisantin a pris de l’avance sur Halloween… »