introducing me (oliver)

Cette première rencontre avec Oliver avait été un bonheur pour toi. Enfin, tu avais pu rencontrer ton père et mettre un visage et un prénom sur la personne. Il était temps. Tes recherches avaient portées leur fruit. Vous ne vous étiez pas revu depuis cette entrevue au Starbucks mais vous aviez échangés par message. C’était bien aussi. Il fallait que vous appreniez à vous connaître. Aujourd’hui, tu n’avais pas encore repris les cours, alors vous aviez prévu de vous voir. Tu avais même proposé à Oliver de lui faire visiter les endroits que tu préférais dans la ville, vu qu’il n’était pas là depuis longtemps. Vous aviez fait un petit tour de la ville jusqu’à vous aventurer dans les fins fonds de la forêt. Il y avait là bas une crique que tu aimais beaucoup, tu trouvais ça apaisant comme endroit. « Promis, on est bientôt arrivé » dis-tu avec un léger rire. C’était pas la porte à côté, mais le chemin en valait la peine. Alors tu suivais le chemin qui menait vers murray’s creek en menant la marche. Puis quelques minutes plus tard, vous y arriviez. Tu t’asseyais sur le rebord d’une falaise pour admirer la vue. T’aurais tellement aimé avoir ce genre d’endroit quand tu étais à New-York, pour t’apaiser. A la place, c’était les toits d’un building ou le sous-sol d’un restaurant que tu connaissais bien. Rien de glamour comparé à cette crique. « J’aime bien venir ici, c’est … plutôt calme et agréable » commenças-tu à dire en levant les yeux vers ton père. Ton père… c’est toujours aussi bizarre de dire ce mot là. Mais tu vas devoir t’y habituer. Pour l’instant, tu ne l’appelles pas papa mais peut-être qu’un jour ça va arriver. « Ca te plait ? » demandas-tu en posant les yeux vers la crique.

@Oliver Harrisburg

Après ce temps un peu éloigné l’un de l’autre, t’avais décidé de prendre contact avec Oliver pour continuer à apprendre à vous connaître. Heureusement, les téléphones existaient et il y avait un moyen de communiquer entre vous. Tu avais décidé d’emmener ton père voir la crique dans la forêt, l’endroit où tu allais quand tu te sentais seul ou que tu n’allais pas bien. C’était un bon moyen pour te soulager ou pour être avec tes pensées. Tu confirmais à ton père que vous étiez bientôt arrivé, en voyant la crique au loin. « C’est pas si loin ! » dis-tu en riant avec l’américain. Bon ok, tu lui avais peut-être fait traversé toute la forêt pour lui montrer cet endroit mais ça en valait la peine. Et puis il semblait aussi époustouflé que toi. À chaque fois, ça te faisait la même chose. Tu étais subjugué par la beauté de cet endroit. Alors tu t’essayais pour admirer l’eau qui s’écoulait de la cascade jusque dans la crique. Tu lui demandais si ça lui plaisait tout en regardant l’eau et le décor. Il n’y avait pas que la crique mais tout ce qu’il y avait autour aussi. « C’est sûr que ça change des buildings new-yorkais » avouas-tu avec un léger rire. Tu connaissais ces décors, tu les avais vu pendant toute ta jeune vie, jusqu’à tes dix-neuf ans. Et jamais tu n’avais croisé ce genre d’endroit dans Brooklyn, ça se saurait s’il y en avait ! Tu préférais largement les arbres, la mer au béton et aux immeubles beaucoup trop haut pour toi. Même s’il y en avait à Bowen, c’était différent des Etats-Unis. Il te demandait comment tu t’étais retrouvé ici pour la première fois, comment tu avais découvert cet endroit. Tu riais légèrement lorsqu’il demanda si c’était au cours d’une soirée. « Pas du tout. Je venais juste d’arriver chez ma tante et j’avais besoin de voir du pays. Alors j’ai pris mon sac à dos, mon vélo et j’suis parti dans la forêt » commenças-tu à dire en levant les yeux vers l’homme à qui tu parlais. Puis tu reprenais. « J’me suis arrêté ici, et j’suis resté pendant deux bonnes heures à réfléchir à ce qu’allait devenir ma vie à Bowen » ajoutas-tu simplement.

Cette forêt était tellement agréable. Tu y avais passé des heures à chercher l’inspiration, les idées mais surtout à méditer quand tu étais arrivé à Bowen. Jusqu’à tes 19 ans, tu avais toujours été seul. Réfléchir seul, vivre seul, alors c’était étrange d’arriver dans une ville où tu avais quelqu’un qui s’occupait de toi, qui ne voulait que ton bonheur. Même si tu étais en adoration devant ta tante Jolene, tu avais eu besoin de calme à des moments. Et c’était là que tu l’avais pris. Oliver comprenait pourquoi tu avais choisi cet endroit comme ton préféré dans la ville. C’était calme et reposant, même lui l’avait remarqué. Il était plus habitué à la folle vie de New-York ou bien au rythme dingue de l’hôpital alors tu savais que c’était totalement différent pour lui. Mais il avait l’air d’apprécier le calme de la crique. « C’est certain » dis-tu simplement avec un regard vers le brun. Tu avais même été faire un tour ici après ta rencontre avec ton père. Il faut dire que c’est un changement radical dans ta vie, ça. Avoir un père, tu n’aurai jamais imaginé que ça pouvait arriver. Techniquement, c’était obligatoire, au point de vue biologique. Mais tu ne pensais pas le rencontrer un jour. Finalement, c’est lui qui t’avait devancé et qui avait fait le chemin jusqu’à toi. Il te demandait si c’était ainsi que ta vie s’était déroulé, comme tu l’avais prédis le jour où tu as découvert la crique. « J’me suis imaginé heureux, avec ma tante. A faire ce que je voulais, enfin. C’était une vision de paradis, et c’est ce qui est arrivé » dis-tu simplement, le regard perdu. « Mais jamais j’aurai pensé emmener mon père voir cette crique » dis-tu en levant les yeux vers lui.

Avant de venir à Bowen, ta vie n’avait pas été un long fleuve tranquille mais plutôt une rivière tumultueuse qui ne savait pas où se jeter. Ta mère avait été des plus horribles, enfin si on peut appeler ça une mère. Parce que ce n’est pas ainsi que tu la considères. Et lorsque ton père a débarqué à Bowen, tu avais peur qu’il soit comme elle. Vicieux, odieux et méchant. Mais non, tu avais été surpris de la gentillesse de cet homme et tu te demandais encore comment il avait pu avoir une relation, certes brève, avec ta mère. Ils étaient si différents tous les deux ! Enfin, c’est ce que tu en pensais maintenant, après plusieurs jours à lui parler. « En effet, nous sommes là » dis-tu avec un sourire dirigé vers ton père. Ton père… T’as toujours du mal à penser à ce mot là. C’est tellement étrange. Mais c’est ce qui se passe. Ton entourage familial s’était agrandi, depuis que tu étais à Bowen. Et tu étais heureux qu’il se soit agrandi, on va pas se le cacher. Tu as gagné une toute nouvelle famille et c’était le plus important à tes yeux. « D’ailleurs… j’ai pas osé te poser la question mais… qu’est-ce que ça t’as fais d’apprendre que tu avais un enfant de 22 ans ? » demandas-tu en regardant de nouveau devant toi. Ça avait forcément du être un choc d’apprendre cette nouvelle. C’était pas habituel qu’on vienne te voir et te dire : au fait, on s’est pas vu depuis plus de 20 ans mais on a eu un enfant ensemble, toi et moi. Et puis, est-ce qu’il avait prit du temps avant de venir à Bowen ou il avait réfléchi avant de poser ses valises dans le pays des kangourous ? « Promis, les bestioles on s’y fait ! » ajoutas-tu avec un léger rire. Non, faux, on ne s’y fait pas. En même temps, les araignées sont dignes d’être des monstres et on peut croiser toute sorte de serpent si on s’aventure un peu trop dans les hautes herbes hors de la ville.

Tu demandais à Oliver ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait appris qu’il avait un fils. Et puis un fils certes, mais un fils déjà adulte. Et ça c’était pas rien. La preuve que ça n’avait pas été facile, lors de votre rencontre, il s’est fait passé our quelqu’un d’autre et il t’a avoué que plus tard que c’était lui, ton père. C’est avec sa réponse qu’il te confirmait que ça n’avait pas été une nouvelle facile à entendre ou à assimiler. « Oh, toi aussi tu n’as pas eu de père ? Enfin j’veux dire, il était pas présent. Enfin, j’veux pas dire ça méchamment hein, mais… t’as compris quoi » dis-tu avec ton éternel bégaiement. Tu ne voulais pas le vexer en lui disant qu’il n’avait pas été là pour toi. En même temps, comment aurait-il pu ? Il n’était même pas au courant que tu existais. Alors tu ne lui en voulais pas, tu ne pouvais pas lui en vouloir. C’était peut-être dans les gênes, de vivre ou du moins grandir sans son père. L’homme reprit son regard vers l’horizon, face à la crique et il t’avouait qu’il était heureux. Ça t’écorchait un sourire. T’étais content de savoir qu’il était heureux d’être là, dans la même ville que toi. T’étais tout aussi content de l’avoir dans ta vie, tu allais pouvoir enfin partager des choses avec ton paternel et surtout lui parler de toi et de découvrir ta vie. Comme découvrir le pays où tu vivais maintenant. Les Etats-Unis sont bien plus loin dans ton esprit et tu faisais tout pour oublier. Sur un sujet plus léger, vous parliez des bestioles qu’il y avait dans ce pays. C’est sûr que les araignées étaient trois fois plus grosses que celles de New-York. « Promis, t’en croisera pas souvent » dis-tu avec un petit rire.

Tu ne savais pas qu’Oliver aussi, n’avait pas grandi avec une figure paternelle. C’était une histoire que tu entendrais peut-être un jour, mais il n’avait pas l’air de vouloir en parler. Tu n’allais pas non plus le forcer. Et visiblement, tes mots ne les avaient pas blessé. En même temps, tu n’avais pas trouvé une meilleure façon de tourner ta question. Au moins, il avait compris. « Oh d’accord, je vois. Merveilleux, je sais pas, mais ça nous fait un point commun » dis-tu avec un sourire en coin à l’encontre de ton père. T’aurai aimé avoir un père dans ta vie, avoir une figure paternelle. Mais la vie n’avait pas voulu de cette chance là pour toi. Enfin plutôt ta mère. Lorsqu’il te dit qu’il était soulagé que tu n’es pas mal tourné malgré la vie difficile que tu ai eu, tu souriais face à l’horizon. T’aurai pu être un sale gosse qui frappe tout le monde, t’aurai pu être un délinquant, mais non, tu t’étais rangé du côté des gentils. « J’étais pas non plus un ange, à New-York. Mais j’avoue qu’être ici m’a beaucoup apaisé. Commencer les études, avoir quelqu'un qui s’occupe bien de moi, enfin avoir une vraie vie quoi » répondis-tu en haussant les épaules. Jolene y était pour beaucoup dans tout ça. C’est elle qui t’avait poussé à reprendre des études, elle t’avait un peu élevé et elle t’avait fait te sentir aimé. Eve aussi, avec le boulot qu’elle t’a donné au salon de thé, la découverte de cette famille inconnue mais cette femme te donnait tellement d’amour. Elle était comme une soeur pour toi. Tu étais un jeune homme sain, enfin du moins c’est ce que tu essayais d’être parce que tu ne voulais faire que le bien autour de toi. « Alors on va trainer dans cette forêt si tu veux pas en croiser » dis-tu dans un rire. Tu te relevais de là où tu étais assis et tu admirais la vue une dernière fois avant de prendre le chemin pour rentrer. « Elle était comment ta vie, à New-York ? » demandas-tu alors que vous aviez commencé à prendre la route du retour. T’étais curieux de savoir comment sa vie s’était déroulé jusque là, avant votre rencontre. Parce qu’il ne faut pas oublié qu’il avait tout plaqué pour toi.

Au final, vos histoires n’avaient pas l’air si différentes à tous les deux. Vous aviez eu une enfance avec un père absent, c’était le plus gros point commun de votre vie. C’était une histoire que tu entendrai une prochaine fois, tu ne voulais pas non plus lui forcer la main et le forcer à te raconter de suite. Les bestioles faisant un peu peur à Oliver, vous preniez le chemin inverse pour rentrer dans la ville, là où vous étiez plus susceptible de les croiser. « Fais attention quand tu vas aux toilettes, y’a un serpent qui peut sortir des canalisations » dis-tu avec un regard malicieux. C’était une petit blague mais bien sûr que ça pouvait arriver. Dans ton cas, tu n’en avais jamais rencontré en tout cas. Alors que vous étiez entrain de marcher, tu demandais alors à ton père comment était sa vie à New-York, dans votre ville mouvementée de Manhattan. « Oh oui, je comprends. L’hôpital est plus petit ici et puis il y a moins de gens c’est sûr » dis-tu simplement. Tu avais ce souvenir des rues de new-yorkaises bondées et où tu pouvais à peine passer parce que les gens ne te voyaient pas. Alors tu n’imagines même pas l’hôpital. Ensuite, il te disait que même s’il ne travaillait pas, il était souvent ailleurs. Chez des amis surement, mais tu ne posais pas la question. C’est ce que tu en déduisais. Et juste après, tu entendais qu’il avait été marié. « Ça, je ne savais pas ! » dis-tu un peu surpris, menant la marche sur le sentier. Il était donc marié, tu avais un million de questions mais c’était peut-être indiscret. Combien de temps était-il resté avec elle ? Qui était-elle ? Pourquoi il parlait au passé de ce mariage ? Plein de choses pour satisfaire ta curiosité malsaine. Puis, il venait à te demander pourquoi tu n’étais pas un ange, quand tu étais dans ton pays natal. « J’ai volé pas mal de choses à des gens, parce que… j’ai pas d’excuse mais je pouvais rien m’acheter alors je faisais que voler. C’est différent ici, maintenant » dis-tu, en n’oubliant pas d’insister sur la dernière phrase. Tu étais mieux ici, tu avais plus de libertés. « Je devais faire pas mal de choses pour ma mère, et pas forcément des belles choses. J’allais lui chercher sa dope, son alcool alors que j’étais pas majeur, tout ça quoi… Et des fois, j’m’en servais » dis-tu en haussant les épaules. « De l’alcool, jamais de la dope » ajoutas-tu pour préciser, quand même.

« C’est très sérieux ! » dis-tu avec le plus calme possible. Mais tu ne pouvais pas rester calme longtemps puisque tu te mettais rapidement à rire. Ce moment de complicité avec ton père, tu en avais rêvé pendant tant d’année. L’américain te parlait un peu de sa vie, après que tu lui ai demandé. Tu voulais tout savoir sur lui, qui il était, comment il était devenu comme ça et surtout par quel chemin de malheur il avait rencontré ta mère. C’était pas vraiment du malheur, parce que tu étais né de cette union. Notamment, il était marié pendant un certain temps. Tu le savais maintenant. Mais il n’avait pas eu d’enfants et ça, tu ne savais pas trop pourquoi. Mais c’était peut-être délicat comme sujet alors tu n’allais pas mettre les pieds dans le plat en lui demandant. A ton tour, tu lui apprenais deux trois choses sur toi, qui lui étaient inconnus avant d’en parler. Un voleur, t’en étais un oui, c’était certain. « J’ai volé à manger, j’ai volé des trucs pour mon ordinateur de fortune, j’ai pas volé grand chose mais ça m’est arrivé » dis-tu en te pinçant les lèvres. Tu atténuais un peu la vérité, on va pas se le cacher. Mais tu ne voulais pas qu’il voit que tu étais un mauvais garçon. Tu avais tellement fait d’effort depuis que tu étais arrivé à Bowen que tu voulais oublier l’ancienne personne que tu étais avant. Puis tu parlais d’alcool. Oh, l’alcool ! Ta mère était une fervente amatrice de whisky, mais surtout du bas de gamme. Et en général, c’est elle qui t’envoyait en acheter avec sa carte de crédit. Ce que tu faisais, c’est que tu achetais des provisions pour toi en même temps. C’est pas vraiment ce que doit fair gun gamin de 14 ans mais bon, tu le faisais quand même. « J’oubliais… J’oubliais la douleur, le mal-être tout ça quoi » dis-tu en haussant les épaules simplement. « Donc oui, ça m’aidait en quelque sorte » avouas-tu à ton père. T’étais pas fier de ça, mais tu t’étais repris en main maintenant. Tu ne faisais plus d’écart comme avant, et tu n’étais plus celui que tu étais avant. Tu voulais juste lui dire la vérité.