ten miles outa Sydney on Freeway Five, the radio's playin' just as fast as you drive (Perry)

Si Perry avait davantage l’habitude de faire un travail d’introspection et de réfléchir aux choses, il se serait rendu qu’il y a un truc avec Jackson, qu’il n’est pas franchement comme toutes les personnes avec qui il couche, enfin à ses yeux. Il a bien parlé avec Livio d’amour mais ça l’a pas franchement encouragé à se poser plus de questions. Il lui faudrait quelqu’un qui le pousse à en parler pour qu’il réalise certaines choses, ou alors que le brun lui demande de mettre les choses au clair. En dehors de ça il y a peu de chances pour qu’il y pense ou qu’il veuille y penser. Il a toujours l’excuse de ne pas vouloir se prendre la tête pour ne pas y penser mais au bout d’un moment il faudra bien qu’ils mettent des mots et des émotions sur tout ça, il ne pourra pas rester éternellement dans le flou. C’est aussi le risque de ne plus voir Jackson et ça il n’en a pas trop envie, même s’il a du mal à se l’avouer.

Il peut être plein de surprises mais il a tout de même un minimum de respect pour les gens. Il lui arrive de dépasser certaines limites sans s’en rendre compte. Rien d’extrêmement grave, Perry s’assure toujours du consentement des gens et fait d’autant plus attention maintenant. Mais il peut parfois être insistant, un peu lourd. Si à une époque tout ça n’était pas franchement mal vu ou en tout cas pas ouvertement, les choses changent. Il fait un peu plus gaffe maintenant lorsqu’il drague à quelqu’un. Il a du mal à voir les signes de malaise des gens ou à comprendre les choses quand on ne lui dit pas clairement mais il tente de s’améliorer pour ne surtout pas que quelqu’un se sente obligé de faire quoi que ce soit avec lui. C’est un gars plutôt cool, jamais il ne pourrait forcer quelqu’un consciemment. « Pas ce genre de surprises ! J’fais plutôt des bonnes surprises en général. » En l’occurrence faire des avances à une personne endormie ne semble pas vraiment en être une bonne. Mais à présent Jackson est bien réveillé alors Perry ne met pas longtemps avant de lui faire comprendre qu’il a bien envie de commencer sur un bon moment ce petit week-end. Le brun n’est pas difficile à convaincre et les voilà à tester le lit. A présent ils peuvent manger leur pizza, le jeune homme propose de commander directement à l’hôtel. « En général j’suis plus pepperoni mais j’suis pas contre tester la végé, on est là pour tester des trucs de toute façon. » Il pense surtout à la bouffe mais ça pourrait s’appliquer à d’autres choses, comme par exemple, au hasard, passer un week-end avec un type attirant. Il se pencha donc de son côté du lit pour attraper le téléphone posé sur le table de chevet. « Bonjour ! Est-ce que ce s’rait possible de commander une pizza végé s’il vous plaît ?….Ok pas de soucis...oui mettez ça sur la note. » Il se retourna ensuite vers Jackson pour lui annoncer « Ça devrait arriver dans dix minutes à peu près. » Le jeune homme proposa, pour sortir un peu de la chambre, ils pourraient sûrement y passer leur week-end sinon, d’aller un peu se balader. « Ouais carrément ! L’opéra est genre à dix minutes à pied si tu veux et j’crois que la balade autour est sympa. Après j’avoue j’ai lu ça sur la brochure qu’on avait dans l’avion donc j’sais pas si c’est très fiable. » répondit-il en riant.

Et toi, de trouver le courage de te montrer aussi vulnérable face à Perry, en t’ouvrant à lui et en lui demandant de mettre les choses au clair, ce n’était peut-être pas près d’arriver. T’avais encore des blessures de ta pseudo-relation avec Lincoln, de l’emprise qu’il avait eue sur toi, de toutes ces paroles rabaissantes que t’avais reçues sans d’abord comprendre tout l’impact que ça aurait sur ta confiance en toi par la suite. Tu ne savais pas si tu pourrais encore te mettre à nu face à quelqu’un sans craindre de te faire blesser. Perry, il avait beau être sans malice, il te ferait quand même du mal s’il se montrait fermé à un engagement plus grand que celui que vous aviez actuellement. Tu préférais te convaincre qu’à toi aussi, ça suffisait, cette relation simple et sans attache. Tu essayais de te forger une carapace pour ne pas être trop jaloux de toutes les personnes sur qui les yeux de Perry se poseraient après toi, ou même pendant que t’étais avec lui. Tu te ferais du mal à toi-même, mais c’était déjà plus facile à accepter que de te faire faire du mal par un homme, encore.

« Ouais, j’ai bien vu ça. » Lanças-tu à propos des bonnes surprises. T’avais eu droit à ces surprises-là, toi aussi, depuis le début de ce cycle de rencontres inopinées mais toujours agréables. Et ce qui suivit votre conversation, même si ce n’était pas vraiment une surprise, ce n’en était pas moins agréable ! C’était écrit dans le ciel que vous alliez passer sous les draps dès votre arrivée à l’hôtel, au fond. Vous étiez incapables de vous tenir plus de quelques heures, et ce long trajet vous avait demandé bien de la patience. Maintenant que c’était réglé, vous pouviez penser à autre chose : manger, pour l’instant. « Tu vas adorer. Généralement avec le pepperoni on ne goûte même pas les légumes, là, t’auras une explosion de saveurs. » Les champignons, les poivrons, les tomates, les oignons, tout cela goûtait bien plus lorsqu’il n’y avait pas de viande pour mêler les goûts. Tu laissas Perry passer la commander, souriant bêtement en l’écoutant, la tête posée sur l’oreiller. « C’est du service rapide en plus ! » Dix minutes pour préparer la pizza, la faire cuire et la monter jusqu’en haut, t’espérais que les employés étaient bien payés, pour fournir aussi vite. Tu proposas ensuite à Perry d’aller marcher, après la pizza, question de repérer ce qui allait composer vos journées suivantes. « Tu lis les brochures, toi ? » T’aurais pu juste demander tu lis, toi ? mais c’était peut-être un peu moins gentil. Tu le regardas, amusé. « Bon, en attendant que ça arrive, je vais aller me nettoyer rapidement. » Tu plaquas tes lèvres sur la bouche de Perry, furtivement, avant de te lever et d’aller à la salle de bain. Avec une serviette blanche – trop blanche, t’étais gêné -, tu t’essuyas l’entre-jambe avec un peu d’eau et du savon. Tu te lanças également de l’eau au visage, après ce vol t’avais l’impression d’avoir la peau asséchée. T’entendis cogner à la porte, alors t’attendis dans la toilette que Perry règle ça avec l’employé. T’allais quand même pas ressortir tout nu, et tes vêtements étaient encore au sol de la chambre. Tu le vis, à travers la fenêtre floutée de la salle de bain, revenir avec la pizza. Tu sortis donc de la salle de bain et enfila au moins tes caleçons. « Je meurs de faim ! » Dis-tu en te lançant sur le lit, ayant décidé que vous alliez la manger là.

Peut être que sans Jamie il n’en serait pas là tous les deux. Il faut toujours des gens pour pousser Perry à agir sinon il ne fait rien, estimant que la situation est très bien comme ça. Elle lui a dit de tenter des choses, d’essayer de pas juste coucher avec des gens mais d’apprendre à les connaître aussi. Comme il ne fait pas les choses à moitié il s’est dit qu’il allait offrir un week-end à deux au brun pour son anniversaire. Il voulait aussi savoir si c’était lui qu’il choisirait pour partir en week-end. C’est aussi peut être pour ça qu’il ne s’engage pas Perry, il est bien trop flippé que ça ne match pas et qu’en fait quelqu’un lui vole sa place. Ça ferait mal à son ego d’avoir des sentiments pour quelqu’un et qu’ils ne soient pas réciproques. Alors pour éviter ce genre de déconvenue, il évite d’en développer en ne s’attachant pas aux gens avec qui il couche et jusqu’à maintenant il s’est senti très heureux de cette situation. Il n’a jamais ressenti le besoin d’avoir d’amour dans sa vie, enfin d’amour type couple. Les amitiés et sa famille ça lui suffit très bien. Mais à force de voir les gens autour de lui en couple ou même à se marier, il a fini par accepter de faire des efforts, notamment en essayant d’en apprendre plus sur Jackson. Mais pour l’heure il a surtout envie de retourner à leurs bonnes habitudes. Après plusieurs mois sans se voir il ne fallait pas espérer qu’il pense à autre chose. Et son partenaire ne lui a pas mis un stop, sans doute ayant les mêmes idées en tête.

Perry décida de commander la pizza, les deux jeunes hommes se mettant d’accord sur une pizza végé, pas forcément le premier choix du blond mais quitte à vivre un week-end unique, autant le faire à fond. « J’pense que c’est surtout les légumes qui n’ont pas de goûts et que c’est pour ça qu’on les sens pas….mais on verra ! » répondit-il tout de même un peu perplexe. Lui ne mange pas beaucoup de légumes, il en met un peu forcément, histoire de se donner bonne conscience et que ça soit plus simple de se maintenir en forme mais ce n’est clairement pas ce qu’il préfère. Au fond il espère qu’il y aura plein de fromage sur cette pizza, pour qu’il sente surtout ça et oublie ce qu’il y a d’autre dessus. Après avoir commandé, ils évoquèrent l’idée d’aller se balader ensuite, Perry expliquant que l’hôtel n’est pas très loin de l’opéra et qu’une balade sympa y mène. Jackson reste perplexe face au fait qu’il lise les brochures de l’avion. Ce n’est pas trop son genre effectivement mais quitte à rien faire comme d’habitude, autant le faire à fond ! « Pas d’habitude mais quand mon voisin dort tout le long, faut bien que je m’occupe. » répondit-il en lui tirant la langue. Le brun partit ensuite dans la salle de bain, en attendant que la pizza arrive. Quand quelqu’un frappa à la porte, Perry se leva et attrapa le peignoir qui à la base était posé sur le lit à leur arrivé mais qui n’avait pas tenu longtemps dessus. Il l’enfila et alla ouvrir. Une fois la pizza récupéré, il s’avança vers le lit et vers Jackson qui était revenu dedans. « Cette pizza risque bien de combler votre faim... » dit-il en essayant d’imiter une James Bond girl. Il posa une de ses mains sur sa hanche, l’autre tenant la pizza et sorti une jambe de son peignoir, tel Angelina Jolie aux Oscars. Il fit ensuite quelques pas, tentant d’imiter ceux d’un mannequin, puis se tourna pour laisser tomber son peignoir par terre et finalement s’approcha de Jackson pour venir se glisser à côté de lui dans le lit, tout en gardant la pizza en équilibre. Il la posa sur le lit et dit « Et moi je compte bien vous rassasier d’une autre manière. » Il ne pouvait pas garder son sérieux plus longtemps et éclata de rire en imaginant ce que pouvait donner son petit numéro.

Tu pouffas de rire à la réponse de Perry à propos du goût des légumes. Franchement, même après tous ces mois et toutes ces rencontres inopinées dans divers contextes, tu ne connaissais pas encore tout de Perry et il continuait à te surprendre. En même temps, des réponses pareilles, il fallait t’y attendre avec le Youtubeur. Il n’était pas vraiment le poster child des saines habitudes de vie. De ton côté, tu l’étais de moins en moins, depuis que t’étais arrivé à Bowen. Cependant, certaines routines, certains goûts, ne changeaient pas. Tu avais toujours énormément apprécié les fruits et les légumes, et ça ne faisait pas exception sur les pizzas – enfin, pour les légumes (ainsi que la tomate, ce débat n’étant pas encore tout à fait réglé dans ta tête). « J’sais pas combien de fois ça fait que je te dis ça mais … t’es pas possible ! » T’exclamas-tu finalement devant son air perplexe. « Tu te rabattras sur le goût de la sauce et du fromage, si t’es pas content … » Tu  lui volas un baiser bien ferme, signe que t’allais pas changer d’avis sur ton choix de pizza malgré ses doutes. Tu étais cependant bien ouvert à toutes les options d’activités possibles et Perry semblait déjà mieux informé que toi, puisqu’il avait lu la brochure pendant le vol. Tu t’en voulais d’avoir dormi, du coup. T’aurais aimé la consulter avec lui et rêvasser à tout ce que vous alliez pouvoir voir ensemble. Dear God, t’étais niais. « Toi tu dors jamais ou … ? » C’est vrai que depuis que tu le connaissais, t’étais toujours le premier endormi, et le dernier réveillé. T’avais jamais vu Perry Peach dormir, en vrai. Tu le regardas alors avec des petits yeux suspicieux, reculant la tête. « T’es genre Edward Cullen en fait. Ça expliquerait tellement de trucs ! » T’exclamas-tu, comme si tu venais de trouver la vérité absolue, le plus grand mystère de la vie. Après avoir réglé cette histoire de vampires, tu t’éclipsas à la salle de bain, de laquelle tu ne ressortis qu’après avoir nettoyé tes parties génitales, nettoyé ton visage, repeigné tes cheveux, reparfumé ton corps, bref t’avais pris le temps de te redonner une belle apparence pour pas garder cet air fatigué post-vol d’avion. La pizza était là, dans une main de Perry, lui qui prenait la pose. Tu t’esclaffas, faisant mine de rajuster ta cravate imaginaire, couché dans le lit. « Oh, il n’y a pas que ma faim à combler … » Déclaras-tu, trop solennellement pour ce genre de réplique. Perry fit tomber son peignoir par terre au bout de son catwalk invisible, et il te rejoignit avec le carton carré. « Oh, dites-m’en plus ! » Dis-tu avec empressement, théâtralement, sans même savoir si t’avais correctement formulé cette phrase. Tu ris de bon cœur, tout en ouvrant la pizza. « Aaaah, regarde comment elle a l’air délicieuse ! » Et sans plus tarder tu t’emparas d’une pointe.

Clairement Perry était le genre d’enfant qui ne voulait jamais manger de légumes. Il fallait noyer le tout sous une avalanche de fromage fondu pour qu’il accepte d’en manger un peu. Il n’est pas non plus né dans le pays où les plats à base de légumes font fureur. A une époque, peut être même encore maintenant, il devait sans doute connaître davantage de noms d’enseignes de fast-food et leur menu plutôt que de légumes. Par contre les fruits il aime bien, sans doute parce que c’est sucré. Il n’en mange pas non plus des corbeilles mais il ne dit pas non à de la mangue ou de l’ananas, sauf sur la pizza parce qu’il a beau être tolérant, il y a des limites. Il ne put s’empêcher de sourire lorsque Jackson lui dit qu’il est vraiment pas possible comme type. « Oui je sais mais je suis beaucoup trop adorable donc les gens m’adorent. » répondit-il en faisant une petite tête mignonne, enfin c’est ce qu’il espérait comme rendu. « C’est c’que je comptais faire. » Ignorer les légumes et ne penser qu’au goût du fromage. Ayant du temps à tuer dans l’avion, il a un peu lu des brochures sur Sydney. Le brun se demanda alors s’il lui arrivait de dormir et que peut être il est un vampire. « J’passais mon temps à dormir avant et puis j’ai eu un boulot, deux enfants et j’ai pas arrêté les soirées donc j’ai appris à être méga sexy même avec deux heures de sommeil, c’est tout un art. » lui expliqua-t-il, ne pouvant s’empêcher de ne pas rester totalement sérieux. « Mais j’espère pas ressembler à Edward parce que le côté boule à facettes au soleil j’trouve pas vraiment ça sexy. » Et il est important pour lui qu’il se trouve attirant, ce qui arrive la plupart du temps. En récupérant la pizza, Perry eu l’idée de se lancer dans un petit numéro. Il eut du mal à garder son sérieux face aux réactions de Jackson mais il réussit à le faire, jusqu’à ce qu’il pose la pizza sur le lit. Chacun attrapant une part. « Ouais, heureusement parce que sinon j’l’aurais envoyé balader pour qu’on se lance dans un deuxième round. » Avec Jackson nu à côté de lui, il ne lui en faut pas beaucoup. Mais une pizza chaude, même aux légumes, ça a de quoi calmer un peu ses ardeurs. Il goûta un morceau et commença à faire une tête de quelqu’un qui analyse le goût. « Le fromage est bon. » dit-il pour taquiner Jackson qui se serait peut-être plus attendu à une réflexion sur les légumes. « Mais les légumes passent bien aussi, j’approuve cette pizza. » ajouta-t-il d’un air solennel.

Fidèle à lui-même, Perry te répliqua que son attitude le rendait adorable et que du coup, les gens l’adoraient. Déjà, c’était qui, les gens ? La planète entière ? Tu esquissas un sourire tout en relâchant de l’air à travers tes lèvres, un tsss exagéré parce que c’était tout ce qu’il méritait, quand il prenait la grosse tête comme ça. T’aurais pu avoir la même réaction quand il affirma qu’il comptait justement ignorer le goût des légumes en se concentrant sur le fromage et la sauce, mais tu ne répliquas rien. C’était ta proposition, après tout, tu ne pouvais pas lui reprocher de la mettre en action par la suite. Tu réagis plutôt à propos du sommeil de Perry, qui semblait ne pas avoir besoin de dormir, te laissant ainsi deviner qu’il puisse être un vampire. Sa contre-argumentation avait assez de sens. « Mais un moment donné ça va t’rattraper, c’est pas possible de dormir deux-trois heures par nuit et d’être quand même fonctionnel tout le temps ! » T’indignas-tu. C’était pas par jalousie, parce que bien honnêtement t’aimais tellement dormir que tu ne voulais pas qu’on te vole de ces précieuses heures de relaxation et de détachement. C’était plutôt par … inquiétude ? Et un peu de fascination, aussi. T’avais pas envie que Perry surmène son corps et le brûle à petit feu en ayant de telles habitudes. Si tu t’en faisais autant, c’était sans doute parce que pour toi il avait passé le stade du simple amant. « Moi c’est plutôt le teint blême et les yeux shootés qui me refroidissent. La boule disco, ça peut être cool. » Tu ris, avant de t’éclipser à la salle de bain pour te redonner une apparence convenable. À ta sortie, Perry s’était lancé dans un sacré numéro dans lequel tu embarquas volontiers. Ton ventre grondant d’impatience, tu y mis cependant fin assez vite en t’emparant d’une pointe de pizza. Tu secouas la tête en signe de négation quand Perry te parla. « Mmh-mmh. Faut laisser à c’corps le temps de reprendre ses énergies. » Dis-tu en désignant ton propre corps. Tu analysas sa réaction à sa première bouchée, levant les yeux au ciel en l’entendant commenter le fromage. Heureusement, il approuva ensuite les légumes. « Boooooon ! Tu vois c’est important d’essayer de nouvelles choses. » Tu continuas à discuter de tout et de rien avec Perry entre chaque bouchée – et parfois avec la bouche pleine, soyons honnêtes. Trois pointes de pizza plus tard, tu t’essuyas les mains avec une napkin. « On s’rhabille et on sort ? » Proposas-tu, puisque c’était ce qui était convenu, de terminer cette soirée en arpentant les rues environnantes de votre hôtel à Sydney.

Au fond il trouvait ça un peu mignon que Jackson s’inquiète pour lui de dormir aussi peu. Perry aurait pu répondre sur le ton de la rigolade en faisant une fois de plus une référence graveleuse mais il sentait que cela préoccupait réellement le brun. « Nan mais je dors plus que ça t’en fais pas. En général je suis autour de 7 ou 8 heures en semaine et un peu plus le week-end si je fais rien. Mais c’est juste que j’arrive aussi à être en forme quand je dors moins, mais c’est pas siii souvent que ça non plus. » Il sort régulièrement mais la plupart du temps il arrive un peu plus tard au travail et s’arrange pour ne pas avoir de réunions importantes avant dix heures, histoire d’être sûr d’être là. Avec le temps il tient moins l’alcool que dans sa vingtaine mais du coup il boit moins, la plupart du temps. « J’espère que j’ressemble pas à ça quand même ! » dit-il en ayant un peu peur de la réponse. Il n’a pas envie d’avoir l’air d’un drogué. C’est vrai qu’à choisir entre ça et la boule disco, il préfère la boule disco, au moins ça met un peu d’ambiance. Perry sourit lorsque le jeune homme lui dit qu’il avait besoin de laisser son corps un peu se reposer pour repartir sur un nouveau round. Perry aussi en a besoin mais il arrive vite à recharger les batteries lorsqu’il s’agit de sexe. Jackson semblait content que la pizza soit approuvée, déclarant qu’il est important de tenter de nouvelles expériences. « Oui, merci pour celle-là. » déclara le jeune homme avant de l’embrasser brièvement. Au fond il ne pensait pas que à ça mais à tout le reste, à toutes ces choses auxquelles il se refuse de penser. Ils continuèrent de manger leur pizza et une fois repus, le brun proposa d’enfin faire cette balade dont ils avaient parlé. « T’as raison, faut qu’on se bouge sinon on sortira jamais d’ici. » déclara-t-il en riant. Ça ne l’aurait pas tant dérangé mais voir Jackson avec des vêtements l’aidera peut être à penser à autre chose qu’au sexe. Le week-end se poursuivit comme il a commencé. On pourrait même faire un petit montage comme dans les comédies romantiques avec une musique joyeuse et plein de scènes où les deux personnages principaux rient et échangent des moments de complicités. Sauf que dans les téléfilms, les scènes de sexe sont bien moins explicites que celles des deux jeunes hommes qui ne se privent pas de tester la salle de bain dès qu’ils en ont l’occasion. Ils manquent presque de créer un dégât des eaux avec toute l’eau qu’ils réussissent à mettre sur le sol. Heureusement ils arrivent à réparer les dégâts grâce aux serviettes très absorbantes de l’hôtel, un autre avantage des hôtels cinq étoiles. Le lendemain, tels deux touristes ils se baladent sur la plage, dans les quartiers sympas de Sydney, bref toutes les choses que Perry a pu repérer dans la brochure de l’avion, qui s’avère être leur seule réelle source d’information. Le soir venu, après avoir mangé dans un petit restaurant de burgers, un truc moins fancy que l’hôtel c’est certain, Perry eut la brillante idée de proposer d’aller dans un des bars gays de la ville. A Bowen ce n’est pas vraiment légion alors autant profiter d’être dans une grande ville pour y aller. C’est vrai ça, quoi de mieux qu’un bar gay lors d’un week-end pseudo romantique entre deux hommes à la relation non définie ? Il n’a définitivement pas les meilleures idées, surtout pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’amour. En entrant, il se sent directement dans son élément. Les bars, ça le connaît. Il se dirige directement vers le comptoir pour commander « J’vais prendre un mojito s’te plaît ! » dit-il à l’attention du barman avant de se retourner vers Jackson et de lui demander « Tu veux quoi toi ? »

Tu hochas la tête en apprenant que les mauvaises habitudes de Perry par rapport au sommeil se limitaient à quelques occasions seulement. Ça te rassurait, c’est vrai. « Bien. Parce que ça va un temps quand on est jeunes mais après, ça peut entraîner des problèmes de santé. » Lâchas-tu comme si t’étais son docteur en train de le gronder. T’étais juste son amant en train de se dire que t’avais envie de pouvoir profiter de lui et de sa belle énergie pendant plusieurs années, si possible. Mais pour ça, il vous fallait un engagement plus grand, un engagement plus clair, parce qu’évidemment demeurer amants pendant cinq ans ça commençait à devenir un peu long, stagnant. Tu te rappelas à l’ordre. Ne pas se projeter, pendant cette escapade. « Est-ce que j’ai l’air refroidi ? » Demandas-tu avec un sourire alors que tu venais de dire que les yeux shootés et le teint blême d’Edward Cullen ne te donnaient pas très chaud. Ça avait semblé inquiéter le Youtubeur, qui pourtant n’avait rien à craindre. La pizza arriva une quinzaine de minutes plus tard, t’avais au moins eu  le temps de t’arranger le visage pour ne pas que tes traits tirent vers le vampirique, justement. Tu mangeas avec appétit la pizza que même Perry sembla apprécier, malgré les légumes. « Avec plaisir. J’compte t’en faire vivre plusieurs autres. » Tes joues légèrement rougies, tu lui souris, espérant pouvoir lui faire voir le monde parfois différemment. Vous veniez visiblement de deux mondes complètement différents, et s’il te montrait une bonne facette du sien avec ce voyage plutôt luxueux, t’espérais aussi pouvoir lui faire comprendre que pour toi, le bonheur se trouvait dans les petites choses simples. Dans son sourire, par exemple. Ayant terminé tes trois pointes gourmandes, tu proposas de sortir pour le reste de la soirée, ce que vous fîmes. La soirée ressembla au lendemain, c’est-à-dire des rires, des découvertes, des baisers échangés à la va-vite et d’autres auxquelles vous vous étiez un peu plus attardés, des photos, beaucoup de photos, un bon nombre de pas te méritant des félicitations de la part de ton application sportive sur ton téléphone. Puis vint le soir de votre seconde journée à Sydney. Perry te proposa d’aller dans un bar gay et, évidemment, tu acceptas avec grand plaisir. À Bowen, il n’y avait que le Adam & Yves et, à un moment, t’avais fait le tour des visages homosexuels que tu connaissais maintenant par cœur. Un plus grand bassin, ce ne serait pas de refus, même si en vrai t’en voyais pas trop l’intérêt si ton seul désir était de terminer sous les mêmes draps que Perry. Ce n’était peut-être pas son intention à lui et ça te foutrait une sacrée gifle en pleine gueule. Accoudé au bar, tu passas à ton tour ta commande, après une trop grande hésitation. « Euh … juste une bière rousse, s’te-plaît ! » Il fallait que t’arrêtes ta manie de toujours prendre des mojitos, juste parce que ça te faisait sentir plus proche de Perry. T’étais avec lui pour tout le weekend, tu pouvais bien prendre autre chose. En attendant vos verres, tu te tournas vers le bar. « En tout cas, c’est pas mal plus vivant et bondé qu’à Bowen, tu trouves pas ? » Pas que le Adam & Yves n’était pas fréquenté, au contraire, mais ici c’était plus grand et malgré tout bien rempli. « Alors … euhm … t’as repéré quelqu’un qui te plaît ? » Demandas-tu, essayant de voir plus clair dans les intentions de Peach.

La réponse très sérieuse de Jackson faisait un peu flipper le jeune homme, qui lui explique que temps qu’il est jeune tout va bien mais qu’ensuite le manque de sommeil peut avoir des répercutions sur la santé. « T’es encore plus flippant que mon médecin ! » répondit-il alors qu’il préférait éviter que la discussion prenne une tournure dramatique. Pour Perry, tout ce qui tourne autour de son âge, de la vieillesse, ça le fait flipper. Il ne s’est toujours pas remis de son passage de la trentaine alors qu’il va bientôt en avoir trente-deux. Il essaie de relativiser en se disant qu’il n’est pas vieux, que tout va bien, trente ans ce n’est pas la mort mais pourtant il commence à se prendre des réflexions sur son âge. Que ce soit lorsqu’il drague ou juste par des gens qui lui disent de faire attention à lui, comme s’il avait quatre-vingts ans. Dire que lorsqu’il avait vingt ans c’était lui qui faisait ce genre de réflexions, le voilà passé de l’autre côté du miroir à présent et il trouve ça beaucoup moins drôle. La discussion sur la potentielle origine de vampire de Perry allégea un peu les choses. Ce dernier sourie lorsque Jackson lui demanda s’il avait l’air refroidi. Effectivement leurs activités d’il n’y a pas si longtemps le confirment. Ils goûtèrent tous les deux la pizza, Perry étant moins déçu et même plutôt satisfait, que ce qu’il attendait. Il se demandait quelles autres expériences le brun lui fera découvrir. Quelque part il a un peu hâte. Leur week-end se prolongea comme il avait commencé, légèrement, sans prise de tête. Le jeune homme fuyait toute conversation sérieuse pour profiter du week-end sans tout gâcher par son incapacité à voir plus loin que l’instant présent. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent dans un des bars gays de la ville, plutôt bondé un samedi soir. Les deux jeunes hommes commandèrent et Perry glissa un billet au barman pour payer leurs deux consommations. Jackson avait payé pour les burgers, les choses étaient équilibrées, non ? « C’est clair ! Et surtout avec moins de têtes connues. » Étant arrivé il y a dix ans maintenant à Bowen, il a eu le temps de faire un peu le tour de toutes les possibilités, surtout en matière d’hommes gays, qui ne sont pas non plus si courants que ça dans la petite ville australienne. Jackson lui demanda s’il avait repéré quelqu’un à son goût ce qui fit sourire Perry. S’il était totalement honnête il pourrait dire que tous les hommes sont à son goût. Mais il fit passer son regard sur la salle avant de répondre. « Y’a du choix mais difficile à dire précisément, c’est pas comme si j’avais un type précis. Et toi ? » Il était curieux parce qu’au fond ça l’aurait emmerdé de passer la nuit seul à l’hôtel ou en tout cas passer la nuit sans Jackson. Il a juste du mal à assumer ce qu’il ressent alors il essaie d’orienter toujours les choses pour ne pas avoir à parler sérieusement. Peut-être qu’un jour il fera fuir le brun qui trouvera quelqu’un de moins réticent que lui à s’ouvrir sur ses sentiments et à les assumer, ce jour là il s’en mordra les doigts, mais ça sera trop tard, il aura laissé filer l’occasion. Et des occasions comme ça il n’y en a pas souvent, il y a eu Aisling, qui a trouvé son bonheur avec Isaiah et à présent il y a Jackson.

Tu baissas la tête en riant alors que Perry te qualifiait de plus flippant que son médecin. T’étais pas là pour lui faire la morale, ni pour le sensibiliser en fait. Enfin, pas tout à fait. Tu voulais juste sous-entendre qu’il était important pour toi et que conséquemment, sa santé l’était aussi. T’avais pas envie de le retrouver en très mauvaise forme physique dans vingt ans. T’avais envie de pouvoir vivre de beaux et intenses moments encore à cet âge-là, auprès de lui. Peut-être que Perry ne lisait pas à ce point entre les lignes – sans doute ne lisait-il pas du tout entre les lignes, en fait, autrement il aurait déjà compris à quel point tu ne voulais pas le perdre, à quel point il n’était pas qu’une histoire de plusieurs soirs seulement pour toi. Parfois, tu te faisais toi-même flipper en te disant qu’il était une histoire de tous les soirs de ta vie. Heureusement qu’avec cette réplique de la part de Perry, il n’y avait aucune chance que vous rentriez dans ce sujet-là. T’étais pas prêt à démêler tous les sentiments que t’avais en-dedans.

Bien plus tard, après la pizza, après la soirée passée à errer dans Sydney, après la nuit et le petit-déjeuner, après une journée à jouer aux touristes et à t’arrêter devant chaque mur coloré pour te faire photographier, voilà que Perry te proposait de te rendre dans un bar gay. Tu commandas une bière rousse, pour faire différent des mojitos que t’avais tendance à prendre depuis quelques mois. « Ouais. Ça fait grave bizarre. J’ai l’impression d’être en soirée après un spectacle de cirque. Tout le temps de nouveaux visages à rencontrer. » À Bowen, à la place, tu créais des habitudes, tu reconnaissais les visages familiers, certains n’étaient même plus juste familiers, t’avais carrément fait le tour des gens qui t’intéressaient et que tu intéressais en retour. Heureusement que dans cette ville qui paraissait pourtant si aléatoire sur une carte, il y avait sans cesse de nouveaux habitants à rencontrer. Quoique … s’il y en avait un peu moins, peut-être que Perry aurait moins tendance à continuer d’aller voir ailleurs. « Pareil, j’ai pas trop de type précis … Mais en tout cas c’est pas décevant. » Tu esquissas un sourire, même si t’avais pas trop le cœur à ce genre de conversation. C’est con mais t’aurais préféré qu’il te dise qu’il s’en foutait bien, des autres, du choix, de la sélection, puisqu’il t’avait toi. « Alors c’est quoi le plan ? J’risque de te perdre pendant la soirée et d’rentrer seul pour trouver une chaussette accrochée à la poignée de notre chambre d’hôtel ? » Là, ça ne pouvait pas être plus clair. Perry allait forcément te faire miroiter ses intentions, dans sa réponse. T’en aurais le cœur net, sur ses envies pour la nuit.

Est-ce que Perry a des bonnes idées ? Lorsqu’il s’agit de faire des conneries et de rire, sûrement, et encore, mais lorsqu’il s’agit du reste, il est plutôt mauvais. Il pensait qu’aller dans un bar gay serait une bonne idée parce que s’il avait été seul c’est probablement ce qu’il aurait fait. Mais il a oublié un petit détail, trois fois rien : il n’est pas seul Jackson l’accompagne et pas seulement pour jouer les touristes. S’il essaie de se convaincre que ce week-end est juste un moment avec quelqu’un qu’il apprécie, il faut bien se rendre à l’évidence, après avoir passé une journée à déambuler dans la ville tous les deux, que c’est un peu plus que ça. Mais bon si le brun a accepté l’invitation à aller dans ce bar c’est qu’il ne doit pas être totalement contre l’idée, non ? Oui il essaie de se convaincre comme il peut qu’il n’agit pas comme un nul. Le jeune homme lui explique que ça lui rappelle les soirées au cirque où il voyait sans cesse de nouvelles personnes. « J’aurais dû faire du cirque en fait ! » répondit-il en souriant. Comme ça au lieu de coucher avec tout Bowen et parfois des gens en dehors de la ville quand il est en voyage, il aurait pu coucher avec tout un tas de gens dans le monde. Mais Perry n’a absolument aucun talent artistique. Il joue un peu de guitare et encore il a appris à en jouer uniquement pour réussir à encore mieux conclure. Oui une grande partie de sa vie tourne autour du sexe, chacun son truc après tout ! Il resta vague dans sa réponse sur les personnes qui peuplent le bar, n’ayant pas trop eu le temps de vraiment regarder qui étaient là mais aussi parce que s’il aime les personnes plutôt dans les standards de beauté actuels, soit musclé globalement, il fait plutôt les choses au feeling, en discutant. Mais là il a surtout envie de discuter avec Jackson plutôt qu’avec un inconnu, aussi beau gosse soit-il. Et puis le brun est quand même sacrément sexy alors il n’a pas vraiment besoin d’aller regarder ailleurs quand il l’a sous les yeux. Celui-ci eut une réponse du même type, restant assez évasif mais enchaîna avec une nouvelle question, souhaitant savoir s’il risque de se retrouver sans toit pour ce soir, Perry le remplaçant par un autre pour une nuit. « J’vais quand même pas te laisser dehors alors qu’on a un lit de malade ! » Ou l’art d’éviter soigneusement tous les sous-entendus de la question de Jackson. « Mais de toute façon, dès que t’es là c’est avec toi que j’veux finir la soirée. » ajouta-t-il, mettant un peu plus les pieds dans le plat cette fois. Heureusement le barmaid, comme un signe du destin, vint un peu le sauver en apportant leurs consommations. Rien de mieux qu’un mojito pour changer de sujet, non ? « A notre week-end ? » proposa-t-il de trinquer.

La réponse de Perry à propos du cirque ne pouvait pas vraiment te surprendre : évidemment qu’il aurait adoré partir en tournée avec un cirque. La vie sur la route, certes ça avait un côté un peu bohème, le cliché des vagabonds, mais il y avait aussi cette liberté, cette opportunité de rencontrer à toutes les semaines de nouvelles personnes, de nouvelles âmes. Ce mode de vie avait bien sûr contribué à construire l’homme que t’étais aujourd’hui. Un homme ouvert d’esprit, un homme bienveillant, un peu rêveur également. Ça faisait partie de toi, et même une vie plus sédentaire à Bowen ne t’enlèverait plus cette manière d’être. « C’est vrai que t’aurais fait un bon clown. » Ça te fit sourire, parce que ça te rappela l’une de vos premières conversations, à Perry et à toi. Ça remontait déjà à un an, au mois d’août 2020. Vous voilà en septembre de l’année d’après, et encore à ce jour, tu baignais un peu dans le flou. Et dans les blagues de clown. Tu retirais cependant tes paroles de cet après-midi-là : même en clown, Perry serait sexy, ouais. Tu l’aurais trouvé beau dans n’importe quel accoutrement. Est-ce que c’est ça, l’amour ? Cette pensée te fit rougir alors tu te contentas de continuer à sourire, un peu moqueur, pour ne rien laisser paraître de ce flot de souvenirs qui venait de te passer par la tête. Si ça se trouve, Perry n’avait pas trop de mémoires à propos de votre conversation dans ton jardin, l’année dernière. Et peut-être que dans un an, il ne se souviendrait pas non plus de cette conversation que vous aviez actuellement dans un bar gay de Sydney. Ça t’attristait. Mais il fallait que t’y penses si tu ne voulais pas te créer trop de faux espoirs. Surtout que vous étiez en train de mater d’autres personnes, là. Cependant, la réplique du Youtubeur à propos de son souhait de vouloir terminer la soirée avec toi, eut un effet exaltant. Un sourire béat sur les lèvres, t’allais répliquer, mais la barmaid vous tendit vos consommations. Tu pris ta bière et la levas, prêt à trinquer. « À notre week-end ! Qui me fait voyager comme jamais j'l'avais fait avant. » Lanças-tu en cognant légèrement ta pinte au verre de mojito de Perry. « Toi aussi t’es celui qui m’intéresse le plus dans toute la place, by the way. » Un sourire gêné plus tard, tu baissas les yeux sur ton verre pour boire une gorgée du liquide ambré.

A part clown il n’aurait sûrement pas pu faire grand-chose dans un cirque. Et encore les clowns sont souvent aussi acrobate ou jongleur et pas seulement là pour faire rire l’audience. Il aurait peut être pu présenter les numéros, ça c’est dans ses cordes, parler aux gens, mettre de l’ambiance. En dehors de cette possibilité, il ne lui reste plus grand-chose. Contrairement à Jackson, il n’est pas un artiste dans l’âme. Pour réponse il tira la langue. Chacun évalua ensuite les possibilités qui s’offraient à eux pour la soirée. Au fond le jeune homme n’avait pas vraiment envie de draguer qui que ce soit en dehors de Jackson, qui ne sera sans doute pas le plus dur à convaincre de finir la soirée à deux. Il était venu là plus par réflexe qu’autre chose. Mais le brun le questionnait sur ses intentions et il ne put pas les cacher longtemps, même s’il ne dévoila pas toutes les choses qui pouvaient tourner dans sa tête depuis le début du week-end, et même un peu avant. Comme un signe du destin pour que la conversation ne devienne pas trop sérieuse, leurs boissons arrivèrent au même moment. Ils purent trinquer à ce week-end qui pour l’instant se déroulait plutôt bien. Perry avait eu peur au début mais tout semblait aller comme sur des roulettes. « En même temps un voyage avec Perry Peach est unique. » répondit-il, ne manquant pas une occasion pour se venter un peu. Jackson ajouta qu’il était celui qui l’intéressait le plus parmi les personnes présentes. « J’aurais pas à trouver un plan b comme ça, ça me rassure. » Oui ça le rassurait vraiment, pas juste pour lui éviter de trouver un plan b mais parce qu’ils sont plus ou moins sur la même longueur d’onde en ce qui concerne leur soirée et avec qui la finir. Il goûta le mojito et ne put s’empêcher de dire « Les miens sont meilleurs. » Malgré tout il prit une nouvelle gorgée. Il sentit alors son téléphone vibrer dans sa poche, il le sortit, vérifiant si c’était quelqu’un d’important ou s’il pouvait laisser l’appel filer sur messagerie. En voyant le nom d’Aisling s’afficher, il comprit « C’est ma fille, je reviens dans deux minutes. » dit-il en se levant pour sortir dehors. Il arrive parfois, avant d’aller se coucher que Siobhan veuille parler à son père. Le fait qu’elle sache qu’il est à Sydney pour le week-end, sans en connaître la raison, l’a sans doute rendu curieuse de savoir comment est la ville, si les immeubles sont grands, s’il y a plus de monde qu’à Bowen, bref des questions d’un enfant de cinq ans, littéralement. Le jeune homme sortit donc dehors pour être un peu plus au calme. La conversation avec sa fille dura quelques minutes, le temps de répondre à ses interrogations et de lui souhaiter bonne nuit. En rentrant dans le bar il vit que sa place était à présent occupé par un type qui n’avait visiblement pas attendu longtemps pour venir discuter avec le brun. Perry s’approcha d’eux, récupéra son mojito sur le comptoir et se plaça à côté de Jackson, plaçant une main sur son épaule. Il n’a pas vraiment envie que quelqu’un vienne lui piquer son compagnon de week-end alors il se pourrait qu’il soit un poil possessif. « Salut. » dit-il d’un ton amical même si au fond il attendait juste de pouvoir récupérer sa place.

Tu levas les yeux au ciel quand Perry mentionna qu’un voyage en sa compagnie, c’était unique. Rien à voir avec n’importe quel autre voyage possible. Comme si sa simple présence surpassait tout. Ça te fit sourire en même temps, parce que dans ton cas, y’avait sûrement un peu de ça aussi. T’aurais apprécié l’escapade avec n’importe quel de tes proches, mais comme il y avait certains sentiments qui se développaient envers Perry et que ce voyage les consolidait, c’est sûr que c’était unique.  « Mouais. » Répondis-tu cependant, parce que ta mission auprès de lui était qu’il se prenne un peu moins la grosse tête, c’était pas la première fois que tu essayais un peu de briser ça chez lui d’ailleurs, même si au fond t’avais appris à apprécier ce trait de personnalité chez lui. Tu ne voulais pas non plus te mettre à l’encourager. « T’aurais à ce point eu besoin d’un Plan b ? Un gars aussi unique que toi, justement, tu dois bien apprécier quelques moments solo avec ta propre personne, non ? » Demandas-tu, amusé. S’il s’aimait et se considérait autant, normalement il n’aurait pas dû avoir de mal à passer quelques heures seul. En même temps, tu disais ça mais t’avais beau respecter la personne que tu étais et tout, ça ne signifiait pas que tu n’aimais pas être tout le temps entouré. Tu ris à la remarque de Perry sur son mojito. « Ouais mais tu ne sais faire que ça. » Lui reprochas-tu gentiment. Le serveur, lui, devait connaître tout un tas de recettes de cocktails, c’était un atout. Mais tu ne te plaindrais jamais de tous les mojitos que Perry pourrait te faire, cela dit. Il est vrai qu’ils étaient délicieux. Le téléphone portable de l’homme vibra et il t’annonça que c’était sa fille. Tu hochas la tête. « Ok. » Lanças-tu avant de prendre ta bière et de regarder autour de toi, maintenant que t’étais seul. Tu ne le restas pas bien longtemps, cependant. Un homme probablement dans la mi-vingtaine, à peu près de ton âge, vint s’asseoir sur la chaise que Perry venait de quitter. « Euh … » T’allais lui dire que la place était prise et que ton ami allait revenir d’une seconde à l’autre, mais le mec se lançait déjà dans une tirade de séduction. Tu échangeas quelques banalités avec lui, dans l’attente de trouver le moment pour lui dire que t’étais déjà en bonne compagnie ce soir, mais Perry eut le temps de revenir avant ça. Il plaça une main sur ton épaule et ce mouvement un peu territorial te fit sourire, et pas mal plaisir, fallait l’avouer. « J’voulais te prévenir que tu perdais ton temps mais t’étais très motivé. » T’excusas-tu auprès de l’homme devant toi. Enfin, ce n’était pas vraiment des excuses … Tu levas le regard vers Perry et lui adressa un sourire, à la fois désolé et amusé.

Jackson se demanda si Perry avait réellement besoin de se trouver un plan B s’il s’avérait que son compagnon de voyage trouve quelqu’un d’autre pour la nuit. C’est vrai qu’il est plutôt du genre sûr de lui mais il a terriblement besoin des autres aussi. Il aime être entouré, se retrouver seul le fait réellement flipper. Il ne ressent pas le besoin d’avoir quelqu’un pour partager sa vie de manière amoureuse mais il a besoin de gens qui l’entourent. Il est en colocation pas par obligation mais parce qu’il aime ça, parce qu’il vit avec son meilleur ami, parce qu’il aime rencontrer du monde. Les soirées seul sont rares, soit il passe sa soirée dehors dans un bar à draguer pour finir la nuit en charmante compagnie, soit à discuter avec Concho, à jouer avec Penny, bref il s’occupe bien. « J’préfère les moments à deux qu’en solo. » répondit-il avec un clin d’œil, faisant évidemment référence au sexe parce qu’il est bien incapable de se confier sur lui, sur son ressenti et toutes ces choses qu’il peut ressentir à l’intérieur. C’est sans doute pour ça qu’il préfère évoquer un éventuel plan B plutôt que de penser à ce que ça impliquerait si ça se passait réellement. Il serait déçu, c’est certain et il a un peu du mal à accepter le fait qu’il ne passerait pas à autre chose comme il le fait toujours. Leurs verres arrivent pour clore un peu cette conversation avant qu’elle ne devienne plus sérieuse et qu’il doive trouver un moyen pour la contourner et éviter de se confier. Perry en profite pour faire un commentaire sur ses propres mojitos, Jackson ne manquant pas l’occasion pour lui dire qu’il ne sait faire que ça, sous entendant que le serveur connaît un peu plus que un cocktail. « Nan c’est juste que j’révèle pas tous mes secrets d’un coup. » répondit-il avec un sourire. En vrai, il ne sait faire que les mojitos sans recette. Sinon, avec une recette il se débrouille pour arriver à des résultats tout à fait correct mais il faut dire que ce n’est pas forcément sorcier d’arriver à un résultat acceptable lorsqu’il s’agit de mélanger trois boissons différentes. Il n’a guère le temps de profiter de son verre que sa fille l’appelle. Après quelques minutes au téléphone, il revient dans le bar et découvre que sa place est occupé par un type, charmant certes, mais il n’a vraiment pas envie de se trouver un plan B. Il fait donc comprendre au type, en passant son bras autour des épaules de Jackson, que le brun n’est pas vraiment dispo, ce que l’intéressé confirma, ce qui fit sourire Perry. Le type partit donc et le jeune homme retrouva sa place. « J’peux pas partir deux minutes sans qu’un type essaie de piquer ma place, j’vais pas te lâcher du week-end. » dit-il en riant, même si effectivement, il n’a pas vraiment décroché son regard du jeune homme du temps qu’ils ont passé à Sydney.