you don't know me as I know you | Charllie

Avec cette grossesse bien avancée, les sorties se font plus limitées. En gros, tu veilles à faire ce qui est important, mais pas de folies. Ça se résume donc à faire quelques achats, aller chercher une boisson à emporter ou même de bons petits plats. En effet, vu cette grossesse gémellaire et ton âge avancé, tu veilles à ce que tes deux petits bouts restent le plus longtemps possible. C'est mieux pour eux après tout. Tu as posé ton congé maternité afin de pouvoir profiter de ces derniers jours, voir dernières semaines de grossesse qu'il te reste et tu prends ça au sérieux. Même si tu adores la maison d'édition et que ça te manque, tu n'y as pas remis les pieds depuis le début de ce congé. Par contre, il y a un endroit où tu n'as pas cessé d'aller malgré ce ventre bien rond et imposant, c'est au Starbucks. Avant, tu y commandais un café mais maintenant, tu optes plutôt pour un thé afin d'éviter la caféine. Même si la caféine te manque un peu, tu dois avouer qu'ils vendent de très bons thés. Ça reste toujours une alternative, mais surtout une bonne raison de sortir et de te dégourdir les jambes.

Lorsque tu sors du café avec ton thé en main, tu t'apprêtes donc à reprendre le chemin menant à ton domicile. Du moins, ça, c'était ton projet initial mais ça ne s'est pas exactement passé comme tu l'imaginais. En effet, un homme que tu ne connais absolument pas s'est écroulé non loin de toi. S'est-il évanoui ? A-t-il trébuché sans que tu ne l'aies vu ? A-t-il fait un malaise ? Difficile à dire. Sauf que toi, t'as un trop bon coeur. T'as jamais eu tendance à laisser les autres dans les ennuis, qu'importe qui ils peuvent être. Et pourtant, si tu savais ce que cet homme représente réellement pour toi, et si tu savais qu'il ne s'agissait que d'une comédie, tu aurais probablement tracé ta route. Sauf que ça, tu ne peux absolument pas le savoir puisque tu ne doutes aucunement de la véracité de ce qu'il vient de se passer. Sans y réfléchir davantage, tu t'approches de lui afin de lui tendre la main et ce, malgré ton ventre t'empêchant carrément de voir tes pieds depuis un petit moment maintenant. Venez, je vais vous aider à vous relever. On va s'installer à l'intérieur du Starbucks afin que vous puissiez reprendre vos esprits. Hors de question que je vous laisse seul dans cet état. Lui dis-tu naturellement. Quoi qu'il se soit passé, il n'a pas l'air d'aller très bien. Pire, il semble un peu pâle, ce qui rend probablement son mensonge un peu plus crédible alors qu'il n'en est rien du tout.

Le mensonge est une chose que tu ne tolères pas. Au grand jamais. Pareil lorsqu'il s'agit de cacher des choses. Ça a d'ailleurs failli te coûter ta relation naissante avec Tayron par le passé, lorsque tu l'as croisé si proche d'une autre femme. Heureusement, ce n'était qu'un malentendu mais ce qui vous a mené là c'est qu'il ne t'ait pas dit ce qu'il faisait réellement avec la bratva. Ton ex-mari, lui, ne cessait de te mentir sur tout et n'importe quoi. En plus de s'être montré violent avec toi, cet homme n'avait définitivement rien pour plaire. De toute façon, dans cette histoire, tu aurais dû prétendre ne pas t'attacher à lui. Fuir aurait été bien plus simple que d'être déçue d toute façon. Le mensonge n'est donc pas quelque chose que tu apprécies, tu en as même horreur. Tout comme ce n'est clairement pas dans tes habitudes, tu préfères amplement évoquer une vérité blessante qu'un mensonge qui l'est encore plus.

A tes yeux, cette histoire liée à ton ex-mari est derrière toi. Il n'est plus en vie et, puisque tu n'as pas eu de contact avec sa famille depuis très longtemps, ce n'est pas une source d'inquiétude pour toi. Tes enfants sont à l'abris, il ne risque pas de revenir puisqu'il n'est plus de ce monde depuis déjà plusieurs mois. A aucun moment, tu ne peux imaginer que cette histoire pourrait potentiellement remonter à la surface. Vu le calvaire qu'il était à deux doigts de te faire vivre en mars,  c'est même mieux ainsi. Tu te sens donc plus légère, sans réelle inquiétude... Et pourtant, tu devrais le savoir. Le bonheur est généralement éphémère. Sauf que tu ne te doutes à aucun instant que quelque chose du genre pourrait te tomber dessus. D'ailleurs, tu t'apprêtais à retrouver ton petit-ami à la maison mais les choses ne se sont pas exactement passé comme tu l'imaginais. En effet, un homme s'est écroulé non loin de toi. Pourquoi ? Difficile à dire, tu n'es pas médecin et tu ne le connais pas. Impossible pour toi de t'en aller, tu n'es pas une femme sans coeur non plus et même si ça bouscule tes projets initiaux... Tant pis.

Arrivée à son niveau, ton regard croise donc le sien. Tu lui tends la main afin de l'aider à se relever. Ton plan repose surtout à l'emmener s'installer à l'intérieur du Starbucks pour qu'il puisse y reprendre ses idées. Je sais bien que je n'y suis pas obligée, je ne m'y sens pas forcée, ne vous en faites pas. Lui dis-tu afin de le rassurer. S'il n'a pas mangé, raison de plus de l'emmener au Starbucks afin de prendre un petit quelque chose à manger. Que ce soit un donut, un muffin, quelque chose de sucré et qui va agir au plus vite finalement. On ira vous chercher quelque chose à manger en même temps alors. Ça va aller. Comme si tu ressentais ce besoin de le rassurer. Sans perdre davantage de temps, tu l'aides donc à se rendre jusqu'au Starbucks où il va pouvoir se poser et apaiser cette crise d'hypoglycémie qu'il a pu faire. Et bien... Pourquoi pas ? Je vous accompagnerais en même temps, vu que vous allez certainement prendre quelque chose. Non ? Lui demandes-tu en lui adressant un léger sourire. Il ne tarde pas à se présenter, ayant donc la possibilité de mettre un nom sur son visage. Elliott. A ton tour, il est temps que tu te présentes à lui. Enchanté Elliott. Je m'appelle Charlène. Charlène Stappord Qui est donc le nom de ton père, ce nom dont tu as hérité à la naissance.

Encore à l'heure actuelle, ton ex-mari reste un sujet assez tabou pour toi tant c'est difficile d'en parler. A vrai dire, tu préfères laisser penser les gens que ta vie a été douce et heureuse alors que ce n'est pas le cas. Ceux qui ne savent pas la vérité n'ont pas besoin de la découvrir, préférant laisser cette image de la femme tendre et aimante que tu peux être. Et pourtant, ce qu'il t'as fais vivre te hante encore à l'heure actuelle. Bien trop souvent, il t'arrive d'en faire des cauchemars tant ça a été difficile. Pourtant, tu es du genre à essayer de pardonner mais lui est allé bien trop loin pour ça. Ses actes sont irréparables, c'était trop. Et ce sont, à tes yeux, des raisons suffisantes de ne pas vouloir parler de lui. Il appartient à ton passé et il a tout intérêt à y rester. En soi, il n'y a pas grand chose à dire au sujet de sa mort, tu n'as jamais su de quoi il était décédé et tu ne poses pas la question. Probablement d'une maladie ou de son alcoolisme, mais tu t'en fiche. Rien qu'en repensant à cette vision de son corps au dessus du tien, de ses mains se posant contre ta peau, prêt à assouvir ses désirs contre ton gré. Rien qu'en y repensant, tu as des hauts-le-coeur. Jamais tu n'as détesté quelqu'un autant que tu l'as haïs.

Puisqu'il ne semble pas aller bien et qu'il t'a parlé d'une crise d'hypoglycémie, tu insistes pour qu'il mange quelque chose avec toi. S'il avale quelque chose avant de repartir, ça te rassurerait réellement. Un peu trop bienveillante ? A ton goût, ce n'est jamais trop, mais bon. Disons que tu aurais très mauvaise conscience si tu le laissais partir sans être persuadée qu'il se sent mieux. Quel meilleur moyen pour ça que de manger un petit quelque chose ? Heureusement, ils servent quelques pâtisseries donc c'est l'occasion idéale afin qu'il puisse se poser et se sentir mieux. Alors qu'il s'est présenté, tu n'as pas tardé à en faire de même tout en lui adressant un sourire. C'est bien ça. Il s'agit de mon nom de jeune fille. T'oses-tu à lui dire. En effet, tu portes toujours ce nom auquel tu tiens comme à la prunelle de tes yeux, et tu n'es pas prête à en changer de si tôt. Tes projets ne s'y prêtent pas de toute façon.

Elliott semble aller mieux, suffisamment que pour arrêter sa décision sur sa consommation du jour. Je vais prendre un muffin aux myrtille et au crumble. Lui dis-tu avec un léger sourire. Quelques instants plus tard, il revient donc avec vos consommations. Merci beaucoup. Après tout, il n'était pas obligé. Toi ? Tu as cherché à l'aider par simple gentillesse. Ce n'est pas comme si tu espérais un retour quelconque. Tu n'attends jamais de retour de toute façon. Il ne tarde pas à te poser des questions sur ton boulot et, puisque tu n'as rien à cacher, tu t'oses à lui donner cette information. Je suis à la tête d'une maison d'édition depuis un an et demi, voir même presque deux ans maintenant. Mais, pour l'instant, je suis en congé maternité. Et vous alors ? Autant discuter et échanger sur quelques banalités puisque vous allez quand même passer un moment ensemble. Loin de toi l'envie de le fixer dans le blanc des yeux jusqu'à attendre que ce moment passe.

Après avoir quitté ton ex-mari, il y a une chose dont tu étais profondément persuadée : Jamais, au grand jamais tu ne retournerais à ses côtés. Maintenant, ce n'est plus vraiment possible puisqu'il ne fait plus partie de ce monde, ce monstre étant décédé et même si tu culpabilises rien qu'en ressentant ça, la vérité est la suivante : sa mort te soulage. Tu as su il y a quelques mois qu'il avait perdu la vie et ça t'as ôté un poids. Evidemment, tu n'as rien à avoir là dedans et tu ne sais pas du tout ce qu'il s'est passé, mais tu n'as pas besoin de le savoir. Si tu as divorcé de lui, ce n'est pas sans raison et c'est très bien ainsi. Libérée, délivrée comme le dirait si bien cette chanson qui hante l'esprit de tout ceux ayant eu un enfant en bas âge dans son entourage lorsque ce film est sorti, pour la plus grande hantise de certains parents. En effet, plutôt courant ! Je pense que c'est pas si rare d'apprendre que quelqu'un d'autre possède un nom de famille qu'on a déjà entendu et ce, sans être de la même famille. Lui dis-tu en haussant légèrement les épaules. D'ailleurs, tu ne tardes pas à boire une gorgée de cette boisson avec laquelle tu avais prévu de partir avant de tomber sur Elliott. Quitte à l'avoir avec toi, autant profiter d'être installée en sa présence pour la consommer, non ? Face à ses propos, tu lui adresses un léger sourire. C'est très riche, en effet. Mais ce n'était pas du tout ce dont je rêvais à l'origine pour tout vous avouer. J'avais entamé une carrière dans la danse. Lui avoues-tu avec un brin de nostalgie. Si tu es épanouie dans ce domaine ? Oui, bien-sûr. Tu t'es battue pour t'en sortir et en arriver là. Mais tu ne peux pas non plus nier que la danse te manque. Sauf que tu n'es plus toute jeune, et même si tu as repris les entrainements pour le plaisir il y a ... Quoi ? Un an et demi ? Deux ans ? Tu restes persuadée que tu ne peux plus remettre les pieds dans ce métier comme avant. Tu n'en as certainement plus la capacité même si certains te disent que c'est comme le vélo et que ça ne s'oublie pas. Eh bien... Une fille et un garçon ! J'attends des jumeaux. Cette question te paraît tout simplement banale, comme quelqu'un qui cherche à faire la conversation à une étrangère qui l'a aidé, rien de plus. Ce n'est pas gênant pour autant, pas pour toi en tout cas. C'est un très beau métier j'imagine ! Et en effet, dit ainsi, ça prend tout son sens. Tu ne tardes pas à prendre une bouchée de ton muffin qui te faisait de l'oeil depuis qu'il l'a ramené. C'est une merveille !

Dès que tu en as eu l'occasion, tu as souhaité reprendre ton nom de jeune fille afin de ne plus posséder le nom de ton ex-mari. Pour toi, il était important de prendre tes distances autant que possible et ça implique donc de ne rien garder de lui. Le quitter a été une véritable libération. Cet homme aurait été capable de te tuer et tu le sais. D'ailleurs, ça a failli arriver. Ce soir là, c'était le stade de non retour pour toi. C'est sans aucun regret que tu as pris la fuite et c'était assurément la meilleure chose à faire. Maintenant, tu revis. Ni plus, ni moins. J'ai repris la danse en tant que loisir, mais ce n'est pas du tout la même chose. Après, je sais pourquoi je n'ai pas poursuivi ma carrière, mais ça me manque. Enfin ! Je verrais bien ce que me réserve l'avenir. Pour l'instant, ce n'est pas envisageable. Dis-tu en riant, faisant évidemment référence à ton ventre bien arrondi puisque ton accouchement aura lieu d'ici peu. Pour l'instant, ce n'est donc pas envisageable. Pour ce qui est d'après la grossesse, quand tu te seras bien remise, tout est envisageable. Chaque chose en son temps et tu te dois de bien réfléchir à ce que tu vas faire. Après tout, d'ici peu, trois enfants seront encore à ta charge et tu ne veux pas non plus faire n'importe quoi. Alors qu'il te demande s'il s'agit d'une fille ou d'un garçon, tu lui réponds donc que tu attends les deux. Sa réponse, elle, te fait plutôt rire. Exactement. J'aurais deux filles et deux garçons au total, un équilibre parfait. Redevenir maman à ton âge était totalement inattendu, c'est une certitude mais tu es plutôt heureuse et épanouie à cette idée. Suite à ton avortement peu après avoir quitté le domicile conjugal, tu avais fais une croix sur cette idée mais finalement, le destin a prévu bien d'autres choses pour toi. Pour te remercier de t'être arrêtée afin de l'aider, Elliott te propose de t'envoyer deux places pour venir le voir jouer du théâtre. Cette proposition te surprend. Mais... Vous êtes sûr ? Je veux dire... J'en serais ravie, bien-sûr, mais c'était normal à mes yeux de m'arrêter pour vous aider. Ton père t'as élevée dans ce principe de tendre la main à ceux qui en ont besoin, de leur venir en aide lorsque tu le peux donc... Selon toi, c'était tout simplement normal.