Y'a pas que les gènes qui font les familles ı Elliott

Il t’arrivait parfois de repenser à ton arrivée dans la famille Collins. Petit, t’avais peur de tout. Totalement incertain, les grands t’intimidaient. Mais pour une raison que tu ne comprenais pas encore, Hunter avait eu ce petit truc qui t’avait rassuré. Là, seul dans cette famille où ta mère t’avait salement abandonné, sans un au revoir, ni une explication, il avait été ton point de repère, ton attache. Puis, au fil du temps, tu avais appris à connaître ton père. Sévère, tu avais mis longtemps avant de comprendre que c’était pour votre bien. Et si vous n’aviez pas été toujours d’accord (et c’était d’ailleurs encore le cas, de temps en temps : pour tes parents, t’aurais probablement cinq ans toute ta vie, à ton plus grand regret !), tu n’avais jamais manqué de rien, certainement pas de tendresse ; surtout depuis l’arrivée de celle qui devint ta mère de coeur, puis, au bout de quelques années, ta mère tout court. Bien sûr, au fond, tu n’avais pas forcément besoin de rendre ces choses là officielles. Mais malgré tout, tu avais été soulagé, lorsque ce fut le cas. Enfin. Enfin celle que tu appelais maman et à qui tu serais probablement lié par des liens indéfectibles jusqu’à la fin de ta vie serait légalement ta mère. C’était la meilleure chose qui te soit arrivée à cette époque. Et , depuis, rien n’avait changé entre vous. Parfois, il t’était difficile de dégager du temps, le théâtre bouffant parfois l’intégralité de tes journées. Mais tu t’efforçais de ne jamais rester trop loin : messages, appels, facetimes, tout y passait. Mais ce que tu aimais plus que tout, c’était encore de venir lui rendre visite.

Comme à ton habitude, tu l’avais prévenue en avance : aujourd’hui, tu étais disponible. Pas de répétitions, Flore avec son con de mari, et tes amis disparus dans la nature, tu pouvais enfin passer autant de temps que vous le voudriez avec ta mère. Lorsque tu étais arrivé, il n’avait pas fallu plus de temps pour qu’elle ne te serre dans ses bras. Un énorme sourire aux lèvres, tu la serrais contre toi et embrassais sa joue : « Salut m’man ! » tu te séparais de son étreinte et entrais. Ici, rien n’avait changé. La même maison que tu avais toujours connue. La même odeur rassurante. home is where the heart is, qu’ils disent ? Ça, tu n’allais pas les contredire.

Tu posais tes affaires dans l’entrée, avant d’hocher la tête « il revient tard, papa ? » t’aurais bien aimé lui dire bonjour. Là, tu reportais ton regard sur ta mère, souriant : « je vais bien ! Et toi alors ? » Tu te dirigeais vers la cuisine, te servant un grand verre d’eau, avant de poursuivre « quoi de neuf ? Et papa ? Il est toujours hyperactif? » ton père était incapable de rester en place, et ce n’était pas son absence qui allait dire le contraire. Au fond de toi, ça te faisait marrer… Et douter : si c’était héréditaire, t’aurais presque pu te demander s’il n’était pas en réalité ton père biologique…