just need to escape ~ elliott

Tu as juste besoin de t'échapper de Bowen, le temps d'un instant. Tu adores cette ville, plus que n'importe quelle autre ville où tu as pu aller par le passé. Et pourtant, en ce moment, elle t'étouffe. Tu as l'impression d'être enfermée, esclave de tes mouvements. C'est pour cette raison que tu quittes la ville le temps d'un weekend. Tu prends ta voiture plutôt que le bus ou le train. Tu adores rouler pendant des heures sans réellement savoir où tu vas. Tu adores conduire. Tu te sens tellement libre, tellement bien derrière un volant. C'est une sensation que tu n'expliques pas réellement mais que tu n'as pu retrouver nulle part ailleurs. Cette sensation te complète, tout simplement. Tu roules pendant quelques heures avant de te garer à Townsville. Le paysage qui s'offre à toi est divin. Heureusement pour toi, tu as pensé à ton appareil photo. Tu captures cet instant magique. Au loin, tu aperçois quelques montagnes et juste devant, quelques buildings. Mais ce qui est le plus beau, à tes yeux, c'est cette eau à perte de vue. Tu prends encore quelques clichés avant d'aller te poser sur un bain. Le soleil caresse ton visage et te réchauffe. Ce moment unique t'apaise et te fais du bien. Tu pourrais presque t'endormir, là, sur ce banc. Une personne se pose finalement sur le banc, à quelques centimètres de toi. Tu ne remarques pas tout de suite que, cet homme, tu l'as déjà croisé quelques jours plus tôt, à Bowen. Ce n'est que lorsqu'il tourne la tête vers toi que tu comprends. Tu soupires, soudainement tendue. « Putain, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? » Demandes-tu sans réellement attendre de réponse. Il fallait que tu tombes sur lui, ici, dans ton petit coin de paradis. Il fallait qu'il vienne gâcher ce moment unique, ce moment d'apaisement. Ce type, c'est ce flic qui t'as arrêté quelques jours plus tôt et qui t'as mis en cellule pour la nuit. C'est ce flic que tu as frappé parce que tu le trouvais insolent. Et cela n'a pas changé. Tu as toujours autant d'amertume et de mépris envers cet homme. « Vous pouviez pas choisir un autre banc ? » Demandes-tu en t'écartant légèrement du jeune homme comme s'il avait la peste.

Ce petit road trip était censé être un moment d'échappatoire. Un moment pour toi et toi seule. Tu n'en as que très peu, d'ailleurs, des moments de ce genre. Mais tu en ressentais le besoin depuis un moment déjà. Malheureusement pour toi, ce moment est interrompu par le policier qui t'as arrêté quelques jours plus tôt. « Hmm... si, mais j'aime bien celui-ci... Et vous? » Tu soupires, agacée. Tu regardes autour de vous et remarques qu'il y a des dizaines de bancs de libres. Il aurait pu prendre n'importe lequel, mais non, il a pris le tien, comme par hasard. Pour toi, c'est de la provocation pure et dure. Tu es légèrement remontée lorsque tu prends à nouveau la parole. « Bah, je l'aime beaucoup moins maintenant que t'es dessus. » Tu ne te gênes pas pour le tutoyer, après tout, il ne doit pas être beaucoup plus vieux que toi. Et lorsqu'il reprend la parole, il fait de même. Ce qui te prouves qu'il n'est pas choqué que tu l'ai tutoyé. « Tu ne m'aimes vraiment pas à ce que je vois. » Automatiquement, tu roules des yeux sans même t'en rendre compte. « Bah... J'aime pas les flics qui abusent de leur pouvoir. » Rétorques-tu, toujours assez sèchement.

« Qui abuse de leur pouvoir? » Il ne semble pas comprendre la question et au début, t'as l'impression qu'il fait semblant de ne pas voir où tu veux en venir. « Je n'ai pas abusé de mon pouvoir. J'ai voulu t'aider et tu m'as frappé! Qu'est-ce que j'aurais pût faire de plus? Tu étais ivre sur la voie public. Je n'avais même pas l'intention de t'arrêter pour ça! Mais quand tu m'as frappé, c'est devenu une agression sur un officier de police, je n'avais pas le choix. » Tu le regardes comme subjuguée par ses paroles. Toi, c'est pas du tout comme cela que tu voyais la situation. Tu as plutôt eu l'impression qu'il voulait t'arrêter pour une connerie et lorsqu'il a approché, tu t'es défendue, voilà tout. Mais maintenant que tu as ses explications à lui, ta réaction te semble tout suite inappropriée. « C'est pas du tout ce dont ça avait l'air. » Dis-tu comme pour te défendre. Mais après tout, tu étais ivre, ce soir-là. Genre vraiment ivre. Alors ton jugement est sans doute légèrement obstrué. « Mais je peux me tromper. Le seul point positif c'est que je comptais prendre ma voiture et que tu m'as sans doute sauvé la vie. » Ajoutes-tu en haussant les épaules, un peu moins sur la défensive qu'auparavant.

Tu dois bien l'avouer, tu t'es trompée sur le jeune homme. Tu n'aurais pas imaginé qu'il aurait voulu te venir en aide ce soir-là. En réalité, tu pensais tout le contraire. Mais maintenant que tu connais la vérité, tu changes un petit peu d'avis sur lui. « Avec autant d'alcool dans le système, tu ne devais pas avoir les idées très clair non plus. » Tu ne peux t'empêcher de sourire parce que sur ce point-là, encore une fois, il n'a pas tort. Mais tu es trop fière pour l'admettre. « Tu n'imagines pas la dose d'alcool que je suis capable d'ingurgiter. » Dis-tu en lui adressant un clin d’œil, amusée. Le jeune policier confirme ce que tu disais en ajoutant que sa présence était sans doute un cadeau du ciel. S'il n'avait pas été là, Dieu seul sait où tu en serais aujourd'hui. Dans une tombe, sans doute. « C'est bon maintenant? Je peux rester assis là ou tu veux toujours me voir partir? » Tu fais mine de réfléchir un moment, simplement pour le taquiner. « Tu peux rester. D'ailleurs, je me disais, je ne connais même pas ton prénom. Dans ma cellule, je t'appelais connard mais je ne crois pas que ça soit ton vrai nom. » Rétorques-tu, en rigolant légèrement. Tu t'amuses de lui parce qu'au fond, tu sais qu'il ne le prendra pas mal. Même si tu le connais depuis peu.

La situation semble quelques peu s'arranger entre vous. On ne peut pas dire que vous êtes les meilleurs amis du monde, c'est certain, mais vous vous entendez mieux maintenant que lors de votre rencontre. Ce n'était pas bien compliqué, en même temps. Dans cette cellule, tu aurais méprisé même une souris si elle passait par-là. « Fait gaffe tout de même. Je n'aimerais pas devoir être -encore- obliger de t'arrêter! » Tu souris, légèrement amusée par la réflexion du jeune policier. « ça ne risque pas, je ne me ferai plus prendre monsieur l'agent. » Réponds-tu, prenant un air angélique. Alors qu'il doit le savoir, maintenant, tu es tout le contraire. Et même si parfois on pourrait le penser en te regardant, c'est loin d'être le cas. « Je ne connais pas ton prénom non plus. Je m'appelle Elliott. Mais tu peux m’appeler Agent Miller si tu préfères. » Tu hoches la tête et attrapes sa main poliment. Même si tu étais assez remontée contre lui il y a quelques minutes, tu n'es pas du genre rancunière. Mais l'appeler Agent Miller, ça, trop peu pour toi. « Tu rêves si tu veux que je t'appelle Agent Miller. » Dis-tu en lui donnant un léger coup de coude. « Je suis sûre que des tas de filles adorent ça mais pas moi. » Ajoutes-tu en roulant des yeux. Non, c'est quelque chose que tu n'apprécies pas, toi. Mais il faut le dire, t'es pas comme la majorité des filles. Non, tu es bien différente. « Ah, au fait, moi c'est Freja. »

Toute cette tension entre vous semble s'être évaporée. Et si vite que ça en est presque déroutant, pour toi. En général, tu gardes une rancœur assez accrue envers les policiers. Mais Elliott pourrait bien te faire changer d'avis, après tout. Tu le taquines finalement sur son nom d'Agent. Toi, tu ne risques pas de l'appeler comme ça. Elliott te convient très bien. Agent Miller ça fait trop autoritaire à tes yeux. Et tu détestes ça, l'autorité. Sans doute plus que tout au monde. « Un homme a toujours le droit de rêver. Je peux comprendre tant fait pas. » Tu souris et le remercie d'un signe de tête. Tu aimes le fait qu'il soit si compréhensif, c'est une qualité que peu de policiers possèdent, il faut l'avouer. Finalement, le jeune policier te complimente sur ton prénom te demandant l'origine de celui-ci. C'est vrai qu'il est assez peu répandu à Bowen, tu n'es même pas certaine qu'une autre Freja existe, ici. Après tout, tu n'en as jamais croisé et ton prénom fait toujours tiquer les gens. « De Norvège. » Dis-tu, un sourire nostalgique au coin des lèvres en pensant à ton pays d'origine. Et même si parfois, ta famille te manque, tu aimes vivre ici, en Australie. « Et toi, tu proviens d'ici ? » Demandes-tu, intriguée. Après tout, tu ne connais rien d'Elliott. Tu t'es arrêtée au simple fait qu'il est policier. Et au début, c'était bien assez à tes yeux. Mais après, tu désires en savoir plus. Bien plus.

Tu as toujours eu un avis négatif concernant les policiers. Tes rapports avec ces derniers n'ont jamais été très bons, en voilà la raison. Mais en ce qui concerne Elliott, c'est différent. Tu remarques au fil de la conversation qu'il n'est pas comme tous ces poliers imbus d'eux-mêmes et du pouvoir qui leur est conféré. Vous apprenez finalement à vous connaître et ce n'est pas désagréable, bien au contraire. « C'est exact. J'ai toujours vécu ici. » Tu souris bien que tu ne comprends pas ce besoin de rester tout le temps au même endroit. Toi, tu as besoin de voir du pays et de prendre l'air ailleurs. Et une fois que tu seras lassée de Bowen, tu quitteras sans doute la ville. Et même si ce n'est pas le cas actuellement, tu es certaine qu'un jour tu partiras. Quand ? C'est autre chose. « Et tu comptes y rester toute ta vie ? » Demandes-tu, curieuse. Tu aimerais savoir si Elliott a les mêmes ambitions que toi ou pas du tout. Même si tu penches plutôt pour la deuxième affirmation. « Ça fait longtemps que tu as quitté la Norvège? » Tu réfléchis quelques secondes avant de répondre. « Bientôt cinq ans, déjà. J'ai l'impression que c'était hier. » Dis-tu, presque étonnée par le temps que tu as passé ici. Tu n'aurais jamais imaginé que ça faisait si longtemps. Et pourtant, tu en as vécu des choses ici.

Il ne t'as pas fallu longtemps pour comprendre que tu t'étais trompée concernant Elliott. Il est bien plus gentil et attentionné que tu ne l'aurais imaginé. Et ce fameux soir, où tu étais ivre, il désirait simplement t'aider. Voilà tout. Mais toi, bien trop amère envers les hommes, tu as compris tout de travers. Ce ne serait pas la première fois, d'ailleurs. Ni la dernière. Bref, vous voilà maintenant à parler de vos vies respectives et c'est un sujet qui vous passionne tous les deux, visiblement. Vous vous montrez tous les deux curieux comme deux personnes désireuses d'apprendre à se connaître. « Peut-être. Personne ne sait ce que le vie me réserve pour plus tard! » Tu hoches la tête, pensant la même chose que le jeune policier à ce sujet. Toi non plus, tu ne préfères pas te prononcer. Tu préfères vivre au jour le jour et voir où la vie te mène. « Et c'est mieux comme ça, non ? » Demandes-tu, un sourire légèrement nostalgique au coin des lèvres. « Et oui, le temps passe vite. Trop vite à mon goût... » Au tien aussi. Encore un sujet sur lequel vous semblez d'accord. Tu as plus de point commun avec Elliott que tu ne l'aurais imaginé. « Tu penses à quelque chose en particulier quand tu dis ça ? » Demandes-tu, légèrement curieuse.