I'm out of my head, out of my mind ı Archie

T’avais jamais été du genre à rester collé à qui que ce fut. En fait, c’était même le contraire. De façon générale, t’étais ce vieux loup de mer solitaire, et il n’aurait pas été étonnant, de te retrouver sur un brise glace, Commandant Cousteau Style dans une autre vie… Généralement, tes conneries, tu les faisais seul. Ou avec ton frère, à la rigueur. Seulement voilà. Clairement, là, t’étais surpris. Parce que pour la première fois de ta vie, tu t’apprêtais à faire des conneries avec quelqu’un d’autre que ton frère. Mieux encore, pour une fois, tu n’étais pas l’instigateur du truc. Wow. Toi, le génie du mal, avais trouvé quelqu’un à qui te frotter ? Il fallait croire. Parce que quand tu as reçu le message de Grace, tu te serais attendu à tout sauf à… ça ? Vegas, hein ? Quand ? Trois jours plus tard. Pourquoi ? surprise, motherfucker ! tu le verrais au moment même. Bordel. T’étais pas en stress, t’étais totalement paniqué. Parce qu’en temps normal, c’était toi qui le provoquais, ce putain de saut dans l’inconnu. Pas toi qui en étais la cible.

Le jour j, tu étais arrivé en avance. Bu cinq café, fumé la moitié d’un paquet, t’avais du mal à camoufler ton excitation lorsque Grace arriva. Et dans l’avion, ça s’était sans doute ressenti : t’avais pas arrêté de parler, Grace ne te laissant jamais dans ton monologue. Pour ton plus grand plaisir. Au bout de quelques heures, vous étiez enfin descendus. Ton sac sorti du coffre au dessus de vos têtes, tu lui adressais un sourire,arquant un sourcil malin « non mais… bien sûr que j’suis en pleine forme ! J’suis sous coke depuis que je sais qu’on doit partir ! » tu éclatais de rire, avant d’ajouter « j’suis quand même curieux, de savoir ce que tu as pu imaginer… Comment t’est venue cette idée de génie ? » ça te faisait rire. Parce qu’au fond, tu ne te serais jamais attendu à une telle idée de la part de qui que ce fut qui ne portait pas ton nom. Curieux et émerveillé tu regardais partout autour de vous. Comme un gamin de cinq ans à Disney World, tu regardais partout autour de vous t’engouffrant dans le taxi à la suite de Grace, une fois que tu l’eus aidée à ranger vos affaires dans le coffre… Et quelques minutes plus tard, vous arriviez à destination. Tu ouvrais de grands yeux « la vache ! C’est grandiose ! Comment t’as trouvé ça ? » impatient, tu entrais dans l’hotel, te dirigeant vers l’accueil, et donnais le nom de Grace « on a réservé deux chambres. » supposais tu en toute logique. « je suis désolée monsieur. Ce n’est pas le cas. Vous êtes deux dans une chambre double… et… c’est plutôt logique pour de futurs mariés ! Très bonne, votre blague ! Quand je vais dire ça à mon patron ! » t’avait répondu sans pression aucune la jeune femme, avant de te donner la clé de votre suite. Suite ? Une putain de suite ? T’étais sans voix. Tu te tournais vers Grace, incrédule et lançais en murmurant : « et donc… on est « mariés ? » c’était quoi ça ? » tu éclatais de rire, avant d’hausser les épaules « j’ai comme l’impression qu’on nous a surclassés… ça te dit d’aller voir ce qui nous attend ? » avais tu proposé d’un air malicieux…

L’attachement pour toi ? Une légende. Un vague truc dont tu étais loin de connaître tous les codes. Un peu comme certains hommes avec le clitoris : tu savais que ça existait, t’en avais déjà entendu parler, mais impossible de savoir pour toi ce que ça représentait réellement. Encore, toi, tu faisais partie des chanceux qui n’avaient pas trop de problème avec l’anatomie féminine. Mais l’attachement… c’était un tout autre chose… Du moins, jusqu’à l’arrivée de Grace dans ta vie. Est-ce que tu te considérais attaché à elle ? Techniquement … non. Tu avais toujours ta liberté. Tu ne te sentais pas pieds et poings liés. Mais pourtant… quelque chose avait changé. Tu ne ressentais plus ce besoin de passer la nuit avec n’importe quelles courbes félines. Pour être plus exacte, c’étaient d’ailleurs les siennes, qui accompagnaient le plus souvent tes rêves. Rêves ? Ça faisait bien longtemps, que tu n’en avais plus faits. En fait, depuis que tu t’étais fait tirer dessus, pour être un peu plus précis. Mais il avait suffit que tu rencontre Grace pour changer la donne. Maintenant, tes nuits n’étaient plus seulement peuplées d’insomnies et de flashbacks de cette intervention où t’avais manqué de perdre la vie : elle venait te rendre visite de façon récurrente, dans ton sommeil. Et pour être tout à fait honnête, t’en étais assez heureux.
La veille du départ, t’étais pire qu’un gosse à Noël. Incapable de dormir, tu comptais un peu, pour être honnête, sur le voyage en avion. Mais c’était sans compter sur vos langues bien pendues : impossible d’arrêter vos bavardages : comme des enfants, vous aviez papoté tout le long du voyage, au grand désarroi de certains passagers qui visiblement auraient préféré dormir, mais quelle importance ? Tout ce que tu retenais, toi, c’était ce moment agréable que tu allais passer avec la brunette. Nom de dieu, t’étais méconnaissable, comme un enfant le soir de Noël. A son refus de te répondre, ton nez se plissait. Pas que tu sois déçu… mais un peu quand même. Merde, elle avait piqué ta curiosité, tu crevais d’envie de savoir. Lui lançant un regard suppliant, digne du chat potté dans Shrek, tu faisais trembler ta lèvre inférieure : « même pas un tout petit indice ? Allez ! S’il te plait tu ne peux pas me laisser comme ça sans savoir ! J’peux pas rester comme ça, je vais mouuuurir de frustration! » tu éclatais de rire, avant de lui adresser un clin d’oeil malin, incapable de rester sérieux plus longtemps.

Une fois à l’intérieur, tu demandais à l’accueil vos deux chambres. T’avais hâte de poser tes affaires et de pouvoir te poser avec Grace avant de commencer les festivités. Mais à la réponse de la jeune femme, tu restais stupide. Une suite nuptiale ? Il devait y avoir une erreur ! Tu adressais un regard interrogateur à Grace, arquant un sourcil à sa réponse : « une erreur tu es sure ? » avais tu murmuré, mordillant légèrement ta lèvre inférieure, avant de poursuivre pour que seule Grace puisse entendre : « c’est dommage… j’crois que pour toi… j’me serais fait à l’idée. » aveu de faiblesse ou taquinerie ? Tes mots en avaient dit bien plus que tu n’aurais voulu l’admettre, mais pour être honnête, tu t’en foutais pas mal. Peu importait où ça finirait, ce que tu vivais avec elle te plaisait, et si tu n’étais pas pour l’idée de te caser, il fallait bien admettre que d’être avec elle te faisait plus que plaisir.
Enfin, tu adressais un sourire innocent à la jeune femme en charge de l’accueil et récupérais la clé de la suite qui vous était destinée… Tu t’y rendais, curieux et ouvrais la porte : c’était encore plus beau que dans tes rêves les plus dingues : « woaaah ! C’est génial ! Ça donne presque envie de faire semblant d’être mariés ! T’en pense quoi ? » tu éclatais de rire, laissant ta valise dans un coin de la suite avant de t’asseoir sur le lit : [b] « regarde la vue sur Las Vegas ! C’est magnifique ! » lançais-tu, émerveillé.

Ta vie amoureuse ? Elle avait été assez catastrophique pour que tu puisse assurer que ce concept de couples qui terminent ensemble pour le restant de leurs jours, c’était quand même n’importe quoi. Plus jamais tu ne t’attacherais, plus jamais tu n’aimerais. Tu préférais n’avoir que les avantages, aussi restais tu généralement le temps d’une nuit. Pour ne jamais redonner de nouvelles. En temps normal, ça marchait assez bien, mais tu n’avais pas prévu de rencontrer quelqu’un comme Grace. Nom de dieu. A la base, tu l’avais approchée pour avoir des informations sur la personne que tu suspectais être responsable de ton « accident », lorsque tu étais encore lieutenant. Mais peu à peu… tu avais perdu ton objectif de vue. Putain, merde, Archie ! C’était ton frère, en temps normal, l’évaporé qui avait tendance à s’éparpiller ! Toi, t’étais le calculateur qui pensait le moindre détail de tes larcins ! Mais pas cette fois-ci. La situation t’avait totalement échappée, si bien que tu te retrouvais à accepter, sur un coup de tête, une virée à Vegas en qualité de… de quoi au juste ? Amis ? Plans cul ? Collègues ? PIRE QUE CA. Visiblement, vous étiez, sur le registre de l’hôtel, un putain de couple marié. Oh, tu savais que tout était possible à Vegas, mais quand même ! Ça ; c’était loin d’être dans tes plans. A sa réponse, tu te mis à rire, bienveillant : « preuve supplémentaire que nous sommes faits pour nous entendre… j’fais toujours les choses sur un coup de tête, moi aussi. » tu lui adressais un clin d’oeil, la taquinant sur la question du mariage. Mais là… c’était l’arroseur arrosé, le serpent qui se mordait la queue, que dis-je ! L’enc… oui, bon, vous avez compris l’idée ! Sa réponse te laissait pantois. Bouche bée, tu lui adressais un regard plein d’incompréhension, tentant tant bien que mal de déceler un semblant de moquerie sur son visage. Mais… rien. Poker Face. Tu te raclais la gorge, avant de mordiller ta lèvre inférieure, et demandais : « attends… parce que tu serais pour ?? » tu te mis à rire, et entrais dans la chambre, haussant les épaules à sa question. Là, t’avais arqué un sourcil, puis tu avais ri « ben...peut-être les deux, qui sait ? » guettais sa réaction, avant d’aller voir la vue « j’avoue… que c’est la même chose pour moi. Que dirais-tu d’un changement d’identité ? On reprend tout à zéro, on s’établit ici, on fait fortune, bam ! » ton plan était parfait. Et pour tout dire, il fallait bien admettre qu’il te ferait presque – totalement rêver. Tournant la tête vers elle, tu t’étais mis à rire : « moi ? Peur ? Rappelle toi que lors de notre première rencontre… c’est toi qui avais peur de moi ! » tu riais de plus belle, lui tirant malicieusement la langue avant de conclure : « rassure moi, t’es pas une psychopathe prête à me découper dans la nuit ? Parce que … si ce n’est pas le cas… ça devrait assez bien se passer, ce partage de chambre ! » tu souriais, t’installant auprès d’elle. Pour être tout à fait honnête, tu bénissais le stagiaire de s’être planté de réservation. Mais pas sûr que le couple sensé être à votre place soit aussi heureux que toi de cette confusion !