looking for trouble (jolene)

Quand le maire de Bowen à annoncé ce nouveau partenariat et un voyage tout frais payé dans les Alpes pour les habitants qui le voulaient, Charly était dubitatif. Il a hésité avant d’y aller. Lui qui a passé toute sa vie en Australie, et même plus précisément à Perth, c’était l’occasion de changer un peu de climat. Il avait les moyens de voyager, les a toujours d’ailleurs mais il n’a jamais été un grand adepte de l’avion ou des destinations exotiques. Mais il n’a pas eu beaucoup d’occasions de voir la neige dans sa vie, on ne peut pas dire qu’il neige souvent à Perth, même si le climat y est moins doux qu’à Bowen. Et puis, c’est un adepte de sport alors ça sera l’occasion pour lui de se mettre au ski, au lieu de seulement le regarder à la télé. Comme le jeune homme n’a pas encore trop repris contact avec ses connaissances de Bowen depuis son arrivé, il a préféré prendre une chambre seul plutôt que de se retrouver avec des inconnus. En arrivant à la réception, on lui confie une clef, lui indiquant le chemin pour aller jusqu’à son logement. Il trouve ça un peu étrange étant donné qu’il pensait qu’il s’agirait d’une chambre d’hôtel mais il se dit qu’ils ont peut être des chalets individuels et que ça serait très mignon comme endroit. Il aime bien les endroits cosy, le bois et il est très heureux de se retrouver entouré de neige dans une ambiance qui sent encore bon Noël. En arrivant il ouvre la porte et à la stupeur de découvrir qu’une jeune femme est déjà présente dans le chalet. « Désolé... » dit-il avant de dire « Je crois qu’on ne m’a pas donné la bonne clef. » Il sort alors son téléphone pour regarder la confirmation qu’il a reçu par mail. « C’est bizarre, ça correspond bien au numéro que j’ai réservé. » Sur le mail il est clairement écrit 202, tout comme sur la clef qu’il tient dans ses mains et le numéro affiché sur le chalet.

Intérieurement Charly pesta contre le système de réservation et les gens incompétents qui le géraient. Comment était-il possible qu’il ait pu se planter ainsi ? Ce n’était quand même pas compliqué d’attribuer la bonne chambre à la bonne personne sans se tromper. Il souffla un coup pour garder son calme et ne pas s’énerver contre la jeune femme en face de lui qui n’y était pour rien dans toute cette affaire. Elle confirma avoir le même numéro que lui et donc qu’il s’agissait bien d’une erreur, à moins qu’un petit farceur ait décidé de les mettre dans le même chalet pour une raison inconnue. « Oui ça doit être ça, je vois pas autre chose. » répondit-il avant que la jeune femme ne demande s’il ne vaudrait pas mieux appeler l’accueil. « Oui, je vais faire ça. » dit-il en composant le numéro indiqué sur la réservation. Il s’éloigna un peu pour se mettre dans un coin de la pièce. « Bonjour...je vous appelle parce qu’il y a une erreur dans ma réservation, je suis dans un chalet alors que j’avais demandé une chambre….Charles Verczinsky….non, non, j’avais bien demandé une chambre...comment ça vous pouvez rien faire ? Vous n’avez qu’à me donner une chambre à l’hôtel...oui je sais que la réservation fait foi !...Au pire trouvez-moi une place dans un autre chalet, ce n’est pas grave...ah, super….Oui c’est ça rappelez-moi...au revoir. » Il avait essayé de rester calmer mais le ton de sa voix laissait transparaître sans difficulté son agacement face à la situation. Revenant vers la jeune femme il annonça, même si elle avait entendu son bon de la conversation. « Ils n’ont plus de chambre de libre, ils m’ont dit qu’ils allaient voir pour me trouver une place ailleurs mais j’ai peu d’espoirs qu’ils me rappellent. » Il les connaît les on vous rappellera, les gens rappelle rarement. « Je vais regarder pour me trouver un hôtel ailleurs. » Tant pis il paierait cher sans doute pour une chambre pas vraiment à la hauteur mais il ne voulait pas se retrouver à partager sa chambre avec une inconnue. Ce n’est pas contre elle mais il n’a pas envie que la situation devienne gênante pour la moindre chose. Et puis vivre avec quelqu’un, ça fait des années qu’il ne l’a pas fait.

Le jeune homme ne cacha pas son agacement en appelant la réception. Il avait fait plus d'une dizaine d'heures d'avion pour ces vacances tant attendues, pour pouvoir découvrir le ski et la cuisine française et voilà qu'il se retrouvait dans un chalet. S'il avait compris un peu plus tôt ce qu'il se passait, il n'aurait jamais accepté les clefs que lui tendait la réceptionniste. Malgré son agacement, la location ne put rien faire pour arranger sa situation. Comme il ne payait pas le logement, offert par le maire, il ne put pas faire peser dans la balance l'argument financier. Charly expliqua brièvement la situation à la jeune femme, ajoutant qu'il allait chercher une chambre d'hôtel pas très loin. Le problème étant qu'en haute saison, trouver une chambre d'hôtel correcte disponible pour le soir même n'est pas chose aisée. Elle lui proposa de chercher quelqu'un ayant une chambre individuelle qui voudrait bien échanger sa place, ou alors de cohabiter le temps des vacances. Il était dubitatif sur la première proposition. « Je ne connais personne qui soit en chambre individuelle. Vous connaissez quelqu'un vous ? » Parce qu'il n'a pas vraiment envie d'aller toquer à toutes les portes de l'hôtel pour jouer les négociateurs. Il sent bien que sa présence met mal à l'aise la jeune femme. Il n'a pas envie qu'elle passe de mauvaises vacances à cause de lui mais il ne peut pas non plus aller dormir dehors. « Je vais rester, si ça vous va. Mais si je trouve une chambre disponible ou si la réception me rappelle, je vous laisse. » Il ne veut pas s'imposer mais il lui faut bien un lit. Il essaiera d'être le plus discret possible. De toute façon, il n'est pas vraiment dur à vivre. Il n'étale pas ses affaires partout, il est respectueux de l'espace de chacun, il aime faire à manger et il ne passe pas 3 heures dans la salle de bain.

Il commençait à se résigner, il n’y avait pas de solution miracle, ils vont bien devoir partager une chambre. Il a bien pensé à inverser sa place avec une personne ayant une chambre individuelle qui aurait bien voulu venir avec la jeune femme mais il n’y en avait pas, du moins pas à leur connaissance à tous les deux. Il se dit qu’il y a sans doute pire comme situation, la femme à côté de lui a l’air tout à fait respectable et sympathique, en tout cas elle ne l’a pas engueulé et n’a même pas dit grand-chose au final. Charly peut bien faire quelques efforts pour être un bon colocataire le temps d’une semaine et rester discret. De toute façon ce n’est pas comme s’il allait ramener quelqu’un ici, à part si par miracle il se passe quelque chose avec Jamie mais ses espoirs sont de plus en plus minces. La jeune femme lui expliqua avoir déjà installé sa valise mais qu’ils peuvent très bien échanger de lit s’ils le souhaitent, que ça ne lui changera rien pour elle. Charly esquissa un sourire avant de répondre. « Je n’ai pas de préférence alors le lit libre me convient très bien. » affirma-t-il avant d’aller installer ses affaires. Il ne compte pas déballer grand-chose puisqu’au moindre signe d’une chambre libre, il débarrasse le plancher pour laisser la jeune femme tranquille. « Puisque visiblement on va cohabiter ensemble au moins une nuit, autant connaître nos prénoms. Moi c’est Charly. » dit-il en lui tendant sa main. Il est plutôt fier de l’évolution qu’il a pu connaître ses derniers mois, s’il n’a pas été des plus courtois au téléphone, il sait bien qu’à une autre époque en plus de s’en prendre à la réception à l’autre bout du fil, il en aurait sûrement voulu à la jeune femme qui n’y est pour rien dans cette histoire. Il se serait emporté et ils auraient fini par se disputer et se détester.

La première impression qu’il a pu donner à la jeune femme n’est pas forcément la meilleure. Charly a fait ressortir ses vieilles habitudes du travail en n’étant pas réellement très sympathique. Il a toujours été comme ça, à la fois charmeur quand il en a eu besoin mais aussi froid et sans sentiments. Il essaie de changer grâce à ce renouveau à Bowen. Il a changé de travail, même si ce n’est toujours pas celui de ses rêves et a fait un long travail sur lui-même pour être un peu moins ce stéréotype du gars insupportable en costard cravate qui pense que tout lui est dû. Il n’en est pas encore à être le type le plus sympa et bienveillant du monde mais il s’est amélioré. Il espère pouvoir partir sur de bonnes bases avec la jeune femme qui sera sa colocataire. De toute façon elle subit la situation autant que lui. Sachant qu’il seront dans la même pièce pour dormir, autant ne pas se la mettre à dos sinon qui sait ce qu’il pourrait lui arriver, on ne sait jamais. La jeune femme se présenta avant de lui serrer la main. Charly se dit qu’il pourrait essayer de discuter un peu plus avec elle pour apprendre à la connaître mais il n’est pas franchement du genre sociable avec des inconnus. Ses amis, il les a depuis longtemps et ceux qu’il se fait, viennent pour la plupart du rugby qu’il pratique plusieurs fois par semaine. Le jeune homme repartit donc vers son lit pour sortir rapidement quelques affaires dont il pourrait avoir besoin pour la nuit, même s’il a encore du temps avant qu’elle n’arrive, il préfère être prévoyant. « Vous êtes plutôt couche tôt ou couche tard ? » demanda-t-il alors puisqu’ils vont partager la même chambre, il préfère savoir à l’avance.