Sometimes it needs a little things for hurricane (emersen)

«Maman, regarde mon bonhomme de neige ! » Criait Jonah enthousiaste et joyeux jusqu’au bout de ses doigts. Le petit garçon voyait la neige pour la première fois de sa vie. Déjà trois jours qu’ils étaient à Chamonix et Alba s’était imaginée un séjour différent. Peut-être qu’elle aurait dû se méfier des messages de Léo quand il disait qu’il n’aimait pas ce genre de voyage. En l’apparence, tout se passait bien, le soir ils se retrouvaient dans le jacuzzi à s’aimer toute la nuit. Mais la journée, c’était autre chose, elle faisait face à un Léo bougon qui critiquait tout. Certes, c’était organisé par le Maire, ils avaient voyagé en éco mais Jon était heureux, ils avaient un chalet pour eux tout seul. Alba se sentait démunie, sentant son humeur descendre au fur et à mesure. La veille, elle avait esquivé le jacuzzi se sentant fatiguée, et surtout ne voulant pas voir Léo puisque son comportement l’énervait. Ça se sentait que c’était tendu, il y avait moins de geste tendre l’un envers l’autre. Avec son bonnet blanc, et sa tenue d’hiver, elle observait son fils jouer. Elle souriait. Léo était partit chercher un chocolat chaud et deux vins chauds pour la famille. Alba en profitait pour s’approcher de son fils et jouer avec lui. Elle retrouvait son sourire d’enfant, celui qui était étincelant. Elle le portait pour l’aider à mettre le bonnet qu’ils avaient acheté pour l’occasion. « Je vais l’appeler Sven ! » Disait Jon en pouffant de rire. Elle ne remarquait pas son petit rire malicieux mais en trente secondes il envoyait une boule de neige sur sa mère en riant fort. « Oh toi tu ne perds rien pour attendre. » Répondait-elle avant de lui courir après. Mère et enfant riaient de bon cœur et toutes les personnes à côté pouvaient participer à cette scène. Elle attrapa son fils qu’elle fit tourner en l’air avant de le mettre dans la neige. C’était ce genre de scène, c’était ce dont elle avait rêvé Alba, mais avec Léo. Elle aurait voulu qu’il se sente plus investit, peut-être qu’elle lui en demandait trop. Peut-être qu’il n’était pas comme elle et que finalement, elle devait l’accepter ainsi. Mais quelle déception, elle ne lui en voulait même pas, c’était juste elle qui avait mit ses espérances trop hautes. Il arrivait avec les trois boissons, Jon était remplie de neige et riait encore. Alba s’arrêtait de sourire, se relevant. « Merci d’être aller les boissons. » Elle prit le chocolat chaud qu’elle donnait à son fils, assis dans la neige. « T’as vu Sven papa, il est beau ! » Il montrait fièrement son bonhomme de neige alors qu’Alba s’essuyait les fesses trempées par la neige.

Le corps nu d’Alba qui se glissait dans l’eau vaporeuse, ses baisers brûlants, ses caresses indécentes et leurs soupirs étouffés. Les bouteilles de bon vin qu’ils vidaient en une nuit et la hâte, au petit matin de rejouer la même scène une fois la nuit tombée. Ç’aurait pu être suffisant, ça l’était, presque. Jensen avait promis à son amant des nuits torrides dans le jacuzzi et elle avait tenu parole. Mais Léo n’était pas seulement son amant, plus maintenant. A présent ils étaient un couple, une famille, même, tous les trois avec le tout Bowen, coincés dans une station de ski dans les Alpes françaises. Quelque part le tableau aurait pu être idyllique, surtout pour le français qu’Emerson était. Alors peut-être que c’était son côté français, oui, qui ressortait ici, sa propension à râler pour un rien quand il était agacé, peut-être que c’était réellement ce genre de voyage pour lequel il n’était pas fait. Il n’en savait rien, mais il n’était pas le Léo enjoué et facile à vivre qu’il pouvait être habituellement. Et croyez bien qu’il voyait que ça affectait Alba, alors ça le rendait encore plus amer, à ce stade c’était un cercle vicieux dont il n’arrivait pas à se sortir. Pourtant ils étaient là, avec leur fils qui découvrait les joies du sport d’hiver pour la première fois de sa vie, c’était une chance inouïe. Mais peut-être que c’était ça, au fond, qui le rendait si irritable, ils jouaient la parfaite petite famille en vacances, mais ils n’en étaient pas une, dans la pratique, ils ne vivaient pas ensemble, ils ne faisaient que composer avec des tas de morceaux d’une histoire disloquée qu’ils avaient recollé. L’équilibre était si fragile, Alba n’avait pas confiance en son compagnon, il le sentait, il le savait, malgré leur séjour parfait en Thaïlande quelques semaines plus tôt, il fallait plus, tellement plus pour que toutes les pièces se rassemblent correctement. Pas parfaitement, on ne pouvait pas demander la perfection après tout ce qu’ils avaient vécu, il y aurait toujours des failles, des brisures, mais pour l’instant ils étaient encore le cul entre deux chaises et Léo ne supportait plus cette situation, voilà, finalement, ce qui lui gâchait son séjour, prétendre, pour ne pas aborder les vrais problèmes. Ce qui le rendait d’autant plus fou c’est qu’il n’osait pas, lui, faire le premier pas et en parler, quand ils se retrouvaient seuls, il préférait se jeter sur sa maîtresse et la faire sienne pour taire ses doutes et leurs craintes. Et évidemment celui qui subissait toujours c’était Jonah, ce petit garçon qui n’avait rien demandé d’autre qu’une famille unie et un brin de normalité. Accoudé au bar il soupirait en attendant sa commande, ce matin il avait été infecte, il le savait, il devait se ressaisir, pour ne pas gâcher son séjour à Alba. Il paya les consommations et maquilla son visage d’un sourire pour revenir vers les siens. En marchant il avait assisté à la scène, un vrai moment de bonheur entre un fils et sa maman, la complicité touchante, les rires qui s’envolaient, c’était beau, il avait de la chance, il en était conscient. Et ça le foutait encore plus en vrac, de voir qu’il passait à côté de tout ça. Il arriva à leur hauteur. Attention, boissons chaudes en approche ! Il se forçait un peu, mais le sourire de son fils l’encourageait à continuer. Il tendit le chocolat à Alba avec un sourire tendre. Avec plaisir. Fait attention Jon, le chocolat est vraiment chaud. Mais le petit garçon s’en moquait presque, il voulait montrer son œuvre à son père. Sven ?! C’est un personnage de dessin animé ça, non ? Il n’y connaissait pas grand-chose mais il était prêt à le parier. En tout cas le bonhomme de neige avait fière allure, il fallait l’avouer. Il est très réussi ! A croire que tu en avais déjà fait ! Le petit garçon sourit, si fier que son père le complimente. Léo s’assit dans la neige près d’Alba et lui tendit son gobelet. Toi aussi, fait attention. Il la regardait s’essuyer les fesses, elle devrait certainement investir dans une combinaison imperméable. Il l’attrapa alors par la main et la fit s’asseoir sur ses jambes, comme ça elle serait au sec. Puis il la serra contre lui alors que Jon s’éloignait un peu pour fabriquer un copain à Sven. T’es belle avec ton bonnet et ton nez rouge. Il faisait de gros efforts et espérait que ça payerait, sur son moral à lui et sur l’ambiance qui devenait pesante entre eux. J’suis désolé Alba. Il enfouit son nez dans le cou chaud de la blonde et la serra un peu plus contre lui.

Il y avait encore tellement de chose à soigner entre ces deux âmes. Les blessures qu’ils avaient ouvertes n’étaient pas juste des égratignures. C’était des plaies où chaque point de suture était sur le point de sauter à chaque erreur. Alba pensait que ce moment entre eux trois suffiraient à raviver cette flamme familiale entre eux. Ils n’en étaient pas loin, ils pouvaient toucher le bout, mais il y avait toujours un truc qui les ramenait à l’étape d’avant. Elle ne connaissait peut-être pas si bien Léo que ça. Il ne semblait pas heureux en France avec elle. C’était peut-être un pays qu’il ne voulait pas partager avec Alba, mais avec les autres femmes de sa vie. Ils y étaient allés Blanche et lui, dans ce pays romantique. Ils avaient aussi voyagé dans des beaux endroits et qu’Alba n’était peut-être que la femme de la Thaïlande. Il y a quelques semaines, là-bas ils avaient été heureux et aujourd’hui, même les jacuzzi nocturne n’arrivait pas à faire taire les doutes d’Alba. Ils ne se souriaient plus, et quand ils se parlaient c’était tendu. Pour l’instant Jon n’avait pas l’air d’avoir remarqué cette distance aussi glaciale que l’air entre ses deux parents. La confiance avait été brisée, et Alba passerait sa vie à douter de l’homme qu’elle aimait. S’il était partit une fois, pourquoi ne pouvait-il pas recommencer ? Pui elle non plus n’était pas parfaite, parce qu’Alba avait tendance à aimer facilement. Il y en avait encore qui trottait dans sa tête, profitant des instants où elle était seule pour prendre des nouvelles d’eux par les réseaux. Ils avaient tout à reconstruire Alba et Léo, et à Chamonix ils paraissaient être une belle petite famille. Ils l’étaient mais à leur manière et ça suffisait à la photographe, peut-être que ça ne suffisait pas à Léo. Jamais elle n’avait eu comme exemple une belle famille traditionnelle. Elevée par deux papas, Alba avait grandit entouré d’amour, dans une famille qui se respectait. Ses parents s’étaient disputés parfois et réconciliés. Il n’y avait pas de schéma type de famille. Et Léo, Alba et Jonah en était une toute aussi belle que les autres même si elle était différente. Jon et elle jouaient avec la neige, alors que le petit garçon était fier d’avoir fait un bonhomme de neige tout seul pour la première fois. Léo revenait avec ce sourire faux et figé qu’elle connaissait. Leur corps parlaient pour eux, et Alba pouvait lire Léo dans son regard comme lui le faisait aussi pour elle. Ce sourire était là, mais la lumière scintillante de ses yeux ne l’étaient pas forcément. Et Alba aussi avait un sourire mais un regard triste. Le petit bouclé se posait dans la neige, goûtant son chocolat chaud avant de le recracher. « Jon ! Papa t’a dit que c’était chaud ! » Grondait-elle. Elle ne voulait pas que son petit garçon se brûle langue même s’il était adorable avec la langue tirée pour essayer d’avoir du froid dessus. En attendant que sa boisson refroidisse il montrait son chef d’œuvre à son père. Son regard pétillait de fierté, il était contente de rendre son papa fier. Il se rasseyait pour boire la suite de son chocolat suivi de ses deux parents. Alba n’avait prit sa combinaison imperméable aujourd’hui, mais elle regrettait puisque son jean était humide. La main de Léo l’obligeait à s’asseoir sur ses jambes afin de lui éviter de se mouiller encore plus. « Merci. » Disait-elle timidement. Elle le regardait dans les yeux, alors qu’elle goûtait sa boisson. Elle rougissait à sa phrase, son nez rouge ne devait pas la rendre du tout belle. « Ne dis pas n’importe quoi ! » Elle avait l’impression qu’ils étaient en train de recommencer, comme si ces derniers mois ne s’étaient jamais produit. Il se perdait dans sa nuque réchauffant Alba avec son souffle. « Est-ce que tu es heureux ? » Demandait-elle avec une boule dans la gorge. « Avec moi ? Est-ce que tu es heureux ? » Cette question elle la trainait depuis des semaines. Il avait le droit de dire non, mais Alba avait besoin de savoir.

Il avait un sale caractère, Léo, Alba le savait depuis le temps. Seulement il était compréhensible qu’elle soit perdue, alors qu’ils avaient tout pour être heureux, dans le pays favori du brun, pour la première fois que leur fils voyageait vraiment, dans un cadre idyllique, il y avait de quoi ne rien comprendre à sa mauvaise humeur. Si seulement il avait su parler, mettre des mots sur ce qu’il ressentait, ouvrir son cœur pour lui faire comprendre son malaise, elle aurait sûrement compris. Tout aurait pu s’apaiser facilement et peut-être ouvrir la voix à une vraie discussion nécessaire entre les deux amants. Mais il ne disait rien, rongeant son frein, laissant les deux amants mijoter chacun dans son coin. Il avait pourtant presque réussi lors de leur séjour en Thaïlande à faire qu’ils se confient l’un à l’autre, mais, dans ce cadre parfait ils s’étaient simplement laissé porter par la douceur du climat, la chaleur des souvenirs et leur facilité à s’aimer quand il n’y avait qu’eux deux. C’était leur première fois tous les deux en France, Léo y avait déjà fait quelques séjours avec d’autres femmes, enfin surtout avec Charlie, mais c’était du fait de leurs origines communes, il avait eu quelques conquêtes sur place, mais c’était une autre histoire, rien de sérieux. Il avait effectivement rêvé d’y emmener Blanche, après tout elle aussi était française, mais elle ne lui avait jamais laissé lui faire ce cadeau, elle le trouvait trop luxueux, trop trop. Alors que Léo ne voyait pas les choses de cette façon. Entre Cambridge et lui c’était tout un monde, le voyage, l’argent, tout ce qu’elle refusait qu’il lui offre alors que Léo ne voyait que des souvenirs à partager et un brin d’aventure qu’il aurait aimé vivre avec elle. De toute façon c’était une autre, vie, un passé auquel il refusait de penser parce que tourner la page de cette blonde là c’était encore un peu difficile à digérer, même s’il ne regrettait aucunement son choix. Puisqu’Alba, de toute façon, était son évidence. Evidence qui ne crevait néanmoins pas les yeux depuis quelques jours, Emerson essaya alors de se mettre un coup de pied aux fesses pour ne pas foutre en l’air ce bonheur auquel ils avaient droit, tous les trois avec Jon. Il avait peint un sourire sur son visage, mais la blonde n’était pas dupe, il le savait bien, elle le connaissait bien trop pour savoir qu’il ne fallait pas simplement regarder sa belle gueule et qu’en lisant dans son regard on pouvait y lire tout le malaise qu’il ressentait. Il pouffa de rire alors que Jensen se fâchait contre leur fils, il était impatient, il tenait ça de son père et sa grimace en tirant la langue pour attraper les flocons était adorable. La scène était parfaite, bon dieu qu’il était con de se sentir si mal. Au fond de lui c’était tout ce qui tournait en boucle, cette culpabilité de ne pas réussir à profiter de l’instant, ça le rongeait. Il tenta de la faire taire en félicitant Jonah, parce que son bonhomme était vraiment beau et qu’il avait l’air si heureux. Et Alba était belle, qu’elle se détrompe, même avec son nez rouge elle était attirante, simplement parce qu’elle avait l’air épanouie, ici. Il enfouit son visage qui devait être glacé dans le cou chaud de la blonde, cette sensation était si réconfortante, s’il pouvait commander à son esprit d’arrêter de vagabonder en cherchant les complications, il comprendrait qu’il était parfaitement à sa place, ici, maintenant. D’ailleurs, comme si elle lisait dans ses pensées, la photographe lui posa cette question qui fit relever le nez à Léo, il fronça les sourcils. Elle planta son regard inquiet dans celui de son compagnon et réitéra sa question, comme pour bien lui faire comprendre. Bien sûr que je le suis. Qu’il affirmât comme si c’était évident. Alors que ça ne semblait pas l’être tellement, pour elle. Il soupira. Tu en doutes ? Et toi, tu l’es, heureuse ? Avec moi ? Il caressa ses cheveux dorés, puis passa une main sur son visage à lui, il avait les traits tirés. Leur fils n’écoutait pas, il était bien trop occupé et heureusement, parce qu’il se passait là quelque chose entre ses parents, comme si tout commençait à se fissurer à nouveau. Léo sentait presque le sol s’ouvrir sous ses pieds.

Parfois Léo était là sans l’être, perdu dans les songes de ses histoires passés. Alba se rassurait en se disant qu’il avait dû penser à elle quand il était dans les bras d’une autre et que là il pensait aux autres. Et pourtant, ça ne lui enlevait pas ce pincement au cœur qui demeurait toujours souvent silencieux mais quand il était bruyant il faisait mal. Le cadre était idyllique et n’était que la continuité de ce fabuleux voyage en Thaïlande. Ils avaient l’opportunité de faire découvrir le pays de Léo et de faire découvrir à Jonah les voyages qu’aimaient tant ses parents. C’était dans l’ADN du petit garçon les aventures et les destinations inconnues. Aujourd’hui, il découvrait les joies de la neige, des nouvelles sensations et ce froid sec qui rendait l’atmosphère respirable. Alba avait toujours aimé la neige, même si elle était Australienne. Elle se souvenait des longues promenades la nuit tombée dans les campagnes danoises chez sa famille. Elle avait cet attrait particulier pour le froid adorant porter des pulls en laine bien chaudes ainsi que des bonnets doux laissant apparaitre le blond de ses cheveux. La maman était une amoureuse de la planète, se contentant de chaque paysage, mais aujourd’hui elle adorait voir son fils s’amuser dans la neige et faire un bonhomme de neige. Ils auraient pu tous les trois profiter de Chamonix pour construire encore un peu plus cette belle famille qu’ils étaient. Il y avait juste quelques obstacles et les plus gros étaient Leo et Alba. Même la Thaïlande n’avait pas suffit à faire taire les craintes de la blonde qui s’attendait toujours à un départ imminent du photographe. Pourtant, au fond d’elle, elle sentait qu’il en partirait pas parce que lui et elle s’était presque évident. Ça lui rappelait cette conversation avec Gabriella qui lui disait que parfois c’était juste évident. Mais ils se battaient tous les jours face à leur démon pour réussir à survivre dans cette relation si tangible. Pourquoi ? Pourquoi Alba se battait tant ? Ils s’aimaient et c’était la raison suffisante, ils s’aiment. Sauf qu’elle aurait voulu qu’il soit présent, tout son corps et tout son âme, qu’il sourisse comme il le faisait les matins où ils se réveillaient l’un à côté de l’autre. Elle voulait Léo l’amant mais aussi Léo le compagnon. Pourquoi était-il si ouvert dans l’intimité et fermé dans le reste du monde ? En Thaïlande il était avec elle tout le temps, ne se perdant pas dans ses pensées. Ils étaient un Un harmonieux. Jonah se fit disputer par sa mère, impatient qu’il était il s’était brûlé avec le chocolat chaud. Sans se préparer, Léo fit asseoir sa belle sur ses genou, un geste tendre l’empêchant de se mouiller encore plus les fesses. Le froid de son nez venait caresser la nuque chaude d’Alba lui procurant un frisson dans tout son corps. Elle soupirait. Alba voulait savoir. Parfois il valait mieux une vérité dure qu’un mensonge facile qui ne ferait qu’arracher une vérité plus tard. « D’accord ! » Répondait-elle simplement à sa réponses alors que ses yeux regardaient son fils. A son tour il posait la question et Alba soupirait. Son visage se retournait vers celui de son amant, il avait les traits tirés. Et elle, elle avait le regard légèrement triste, peiné de cette attitude. « Tu n’es pas là. Enfin tu es là sans l’être. » Lui avouait-elle. Elle le voyait regarder parfois au loin, perdu dans un passé confus. « Je n’aurai pas dû nous forcer à venir là. Tu n’en avais pas envie et tu l’as fais que pour me faire plaisir. » Concluait-elle. En même temps Léo ne voulait pas venir ici. Il ne voulait pas partager la France avec les autres habitants de Bowen et c’était Alba qui avait insisté, pensant que ça leur ferait du bien à eux trois. Elle se tournait à nouveau pour voir Jon, lui il avait l’air si heureux dans cette neige fraiche.

C’était bien là tout le problème de leur manque de communication. Léo s’enfermait dans le silence alors qu’il n’allait clairement pas bien et Alba se faisait des idées. Parce qu’il ne pensait pas à ses histoires passées, il était bien au clair avec ça, elles étaient passées. Elles avaient été belles, pour la plupart, importantes, pour certaines, douloureuses, à chaque fin, mais elles étaient terminées et il n’en avait pas la nostalgie. Le problème étant plus qu’il aimerait avancer avec Alba mais que ça lui foutait la trouille, qu’il ne savait pas comment faire, pas comment lui dire, qu’il ne se sentait pas complètement à l’aise dans cette histoire si particulière, dans ce quotidien décousu, ensemble mais pas totalement, une famille sans en être une. Pour cet homme aux habitudes bien conventionnelles, c’était tout un travail de ne pas entrer totalement dans une case. Il préférait nettement ne pas à avoir à se poser de question, c’était bien plus simple. Mais là, avec un enfant, ça changeait toute la donne. Il avait cru que leur séjour improvisé à Bangkok aurait aidé, quelque part c’était le cas, puisque dorénavant Léo était convaincu qu’il ne pouvait plus se passer d’Alba, pourtant ça n’avait pas réglé tous les problèmes, à leur retour en Australie et surtout avec ce séjour en France, le malaise éclatait, encore plus dérangeant qu’avant. Dans les fraîches nuits alpines, Emerson était l’amant parfait, celui qui faisait taire tous les doutes, les siens et ceux de sa maîtresse, mais dans la journée il se fermait, se détestant pour ce comportement, incapable d’agir autrement. Il ne mentait pas à la question que la blonde lui avait posée, il était heureux avec elle, même si l’amour et le bonheur de quelques moments partagés ne suffisaient visiblement pas. Il manquait la confiance, la même vision de l’avenir, les projets et l’envie d’avancer. Et c’était tout ça qu’il n’y avait pas. C’était bien beau de vivre au jour le jour, à vingt ans, sans gamin, c’était même tout ce qu’il demandait. Mais à présent il avait besoin de plus, pas de grand-chose, en fait, mais un peu plus que cette vision floue de ce qu’ils pourraient être. Et il ressentait surtout le besoin de mettre des mots sur leurs craintes, sur le manque de confiance qu’Alba avant en lui. Ça avait suffi, au départ, les longues nuits à s’aimer pour lui prouver qu’il n’avait pas d’autre femme en tête, mais plus maintenant, il le savait. Seulement il avait la trouille d’amorcer cette conversation, comme si elle allait faire sortir le diable, elle allait étaler tous les problèmes de leur couple et ils allaient devoir y faire face. Mais en seraient-ils capables, étaient-ils assez forts ? Le photographe en doutait et il s’en détestait. Comment pouvait-on avancer dans une histoire avec autant de craintes ? En vérité, quand il y pensait, ce qu’il refusait de faire, il comprenait que c’était perdu d’avance. Alors il souriait à Alba, d’un sourire qu’elle savait forcé, il lui offrait tout la tendresse qu’il avait pour elle dans ses caresses, parce qu’il l’aimait, tellement, mais si mal. Mais au moins elle saurait, si un jour ils venaient à se séparer, elle saurait qu’il l’avait aimé, qu’elle avait sa place auprès de lui, qu’ils avaient leur chance, même s’ils refusaient de se la donner totalement. Il baissa les yeux, elle avait raison, il n’était pas là, pas totalement, pas assez. Quelques secondes de silence passèrent, pour qu’il rassemble ses idées. Je crois que je suis resté là-bas. On était si bien, tous les deux. Mais c’est pas ça la vie, n’est-ce pas ? On ne peut pas se contenter de sexe et de cocktails … Alba s’était tournée vers leur fils et Léo le regardait aussi, il était beau, Jonah, leur plus belle réussite, le plus doux cadeau qu’ils aient pu se faire l’un à l’autre. Il les avait réunis, à Bowen, par deux fois. Et grâce à ce petit garçon ils avaient fini par se rendre compte qu’il y avait plus qu’une année idyllique en Thaïlande entre eux. Mais à force de tout faire en fonction de lui, ils faisaient tout de travers.

Depuis toujours, Alba ne s’était jamais imaginée dans une relation traditionnelle. C’était même tout le contrait, elle qui voulait aimer autant qu’elle le pouvait pour effacer ce manque d’amour qu’elle avait vécu à sa naissance. Jamais elle n’avait imaginé qu’elle souhaitait une relation des plus traditionnelles. Ce genre d’histoire où un homme et une femme ont un enfant, une maison, un chien, et tout ce qui va avec. C’était presque hilarant pour Alba de désirer ça. Mais seul Léo, lui donnait cette envie et pourtant plus ils essayaient et plus leur histoire s’ébranlait. Ils ne se comprenaient pas comme s’ils se mettaient des barrières à cette amour qui pourrait être simple. Alba n’avait pas confiance, quand bien même Léo faisait tous les efforts. Mais les blessures du passé ressurgissait toujours au mauvais moment. Peut-être n’étaient-ils faits que pour s’aimer dans le secret de tous. Bangkok avait confirmé l’amour que portait Alba au photographe et elle n’imaginait pas sa vie sans lui. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés, elle savait que Léo jouerait un rôle important dans la vie d’Alba. Au départ, après son départ, elle avait cru à une belle histoire qui avait fini dans la douleur. Mais Jon avait pointé le bout de son nez, preuve ultime d’un fantasme qui avait réellement existé. Si pour Alba, Léo était une évidence, ce n’était peut-être pas le cas pour lui. Des femmes il en avait eu et chaque nouvelle blonde était une menace. Et Alba se détestait de ressentir cette jalousie. Pendant un instant, elle avait cru qu’elle pourrait vivre une vie où elle croiserait Léo mais sans envie particulière. Qu’est-ce qu’elle s’était leurrée. Il n’avait fallu que quelques mois pour qu’ils retombent dans les bras de l’autre et que les incertitudes repartent. Elle était dans ses bras, elle sentait son souffle sur sa nuque, mais il n’était pas là. Souvent, elle se demandait s’il ne pensait pas à d’autres comme Blanche. Ou Grace. Le souvenirs de ces femmes lui fit mal à Alba comme si toute sa confiance en elle s’évanouissait. Elle soupirait à la remarque de son amant. C’était exactement ce dont elle pensait sauf qu’il avait raison … Si en Thaïlande ils étaient parfaits, la réalité était tout autre. « Non on ne peut pas … » Enfin ils le pouvaient mais Alba avait envie de plus. Elle voulait des projets, un mariage, des promesses, des plans et l’espoir de vieillir ensemble. Peut-être rêvait-elle trop. Jon était adorable avec ses joues et son nez rouges. Alba quittait les bras réconfortants de Léo pour réinstauré un froid entre eux. Il était temps de rentrer, ils n’arrivaient même plus à communiquer. Et le reste de Chamonix se déroulait de la même façon. S’enchaînaient des nuits intenses dans leur chambres alpines ou dans le jacuzzi avec vue sur le Mont-Blanc. Dehors, ils faisaient bonnes figures. Personnes ne pouvaient deviner ce qui se tramait entre eux. Puis, ce jour-là, les doutes de la blonde ne firent qu’augmenter. Léo et elle croisèrent une connaissance du photographe, une jolie française au sourire étincelant. Et Léo semblait différent, lui-même, ouvert et heureux sous les yeux témoins d’Alba. La photographe était loin d’être agréable et gentille, c’était même tout le contraire montrant un côté froid et mesquin, chose qui lui arrivait si peu. La pauvre française ne devait rien comprendre. Le retour au chalet était d’un froid glacial que même Jon pouvait ressentir puisqu’à leur retour il s’isolait dans sa chambre. Alba soupirait fouillant dans les placards.

Ils arrivaient au point de rupture, Léo le sentait, il le voyait, de plus en plus nettement et était incapable d’éviter l’impact, encore moins de prédire les conséquences qu’il aura. Il le redoutait, plus que tout. Tout ce qu’il voulait c’était être heureux avec Alba et qu’Alba soit heureuse avec lui. Il n’avait jamais eu aucun plan concernant cette relation qui le dépassait à chaque fois, ils s’étaient cachés au départ, puis ils avaient fini par accepter que ça pourrait être sympa d’être un vrai couple, une vraie famille surtout, tous les trois. Mais il fallait être honnête, ils avaient commencé à construire ce nouveau quotidien sur des fondations tellement instables que la chute était programmée d’avance, même si aucun des deux n’avait voulu l’admettre. Ce séjour en France aurait pu être chouette, un nouveau souvenir qui aurait renforcé leurs liens, leurs sentiments et cette certitude qu’ils avaient tous les deux que Jonah serait plus heureux avec ses deux parents unis. Pourtant ils s’éloignaient tous les jours un peu plus. Alors si c’était ça, être une famille pour leur fils, si c’était la soupe à la grimace pour Léo et la peur de l’abandon pour Alba, autant qu’ils n’infligent pas cette nouvelle épreuve au pauvre enfant qui avait suffisamment morflé. Pour le français c’était un sentiment terrible d’échec, de gâchis monumental, il ne se sentait pas à la hauteur de la blonde, il avait peur de mal faire et cette peur le bouffait tout entier, lui faisant, par conséquent, tout faire de travers, ironie du sort. Il sentait qu’il la perdait, qu’elle n’avait pas confiance en lui, mais s’ils ne se parlaient pas, si elle ne lui faisait pas part de ses angoisses, il ne pourrait jamais la rassurer. Seul, s’il n’était pas un peu poussé, il était incapable de lui avouer de lui-même qu’il était fou d’elle, qu’il ne s’était jamais senti autant en phase avec une femme qu’avec elle, que ce sentiment il l’avait ressenti lors de leur année en Thaïlande et qu’il n’aurait pas dû fuir cette fois-là, ça leur aurait évité d’en arriver là. Elle était probablement la femme de sa vie, Alba, il le ressentait jusque dans ses tripes et ça lui foutait la trouille autant que ça le rendait euphorique. Lui qui avait couru après les femmes toutes sa vie, il l’avait pourtant trouvée depuis longtemps, son évidence. Il voulait qu’elle et Jon emménagent avec lui, dans une nouvelle maison, si sa garçonnière lui faisait trop peur, il s’en foutait pas mal de sa maison, c’était matériel, tout ce qu’il voulait c’était cette foutue normalité qui l’avait toujours effrayé jusque-là. Alors qu’il n’y avait aucun mal à vouloir un peu de stabilité, parce qu’il savait que sa vie, son quotidien, ne seraient jamais ennuyeux avec Jensen, parce qu’il l’aimait, il le lui avait déjà avoué. Néanmoins il gâchait tout et peut-être n’aurait-il jamais l’occasion de lui dire tout ça. Ils ne pouvaient pas vivre sur les souvenirs de leur séjour idyllique à Bangkok, la réalité était là et elle les attendait, elle les menaçait. Elle les faisait vibrer toutes les nuits, les rendant ivres de l’autre et d’espoir, pour que le tout s’évapore une fois le soleil levé.
Ce matin là ils avaient croisé Cécile au marché, c’était totalement improbable qu’elle se trouve ici, alors que Léo ne l’avait pas vue depuis des années. La jolie parisienne leur avait appris qu’elle avait un chalet familial dans cette station et elle était venue y passer quelques jours. Avec Emerson ils avaient brièvement évoqué le passé, leur rencontre dans une boite de nuit de Paname dans leur folle jeunesse, les quatre cent coups qu’ils avaient fait cet été là et la bande d’amis que Léo avait rencontré grâce à elle. C’était des souvenirs joyeux, sans aucune ombre d’ambiguïté entre les deux amis, pourtant le photographe avait bien senti qu’Alba été jalouse, elle s’était montrée froide et distante envers Cécile, ce qui ne lui ressemblait pas. La française avait donné son numéro à Léo, il ne l’avait plus dans ses contacts et ils s’étaient quittés. Alba restait mutique, à une époque il aurait pu trouver ce comportement charmant, qu’elle soit jalouse, c’était la preuve qu’elle tenait à lui, mais ce jour-là il la trouvait juste exaspérante. Ils étaient rentrés au chalet alors que le vent commençait à se lever, la météo avait annoncé une tempête, ils avaient entendu d’autres touristes en parler, mais ils ne s’en étaient pas formalisé. Léo s’était décapsulé une bière tout en observant Alba s’activer en cuisine, ou du moins, brasser de l’air. Il soupira en s’approchant d’elle, la situation avait trop durée. Tu veux me dire ce qui ne va pas depuis ce matin ? Pour ne pas dire depuis des jours… La blonde ne daignait pas le regarder ce qui l’agaça. Il l’attrapa doucement par le bras et la força à s’arrêter. Hey, Alba, je suis là, parle-moi ! Le ton avait été plus dur qu’il ne le voulait, on pouvait lire la dureté dans sa voix alors qu’il sentait juste qu’il la perdait et que ça l’effrayait.

Peut-être se sabotait-elle. Alba avait toujours eu cette peur vivace au fond de ses tripes, celle de l’abandon. Même si elle avait été aimée par ses pères et choyées par ses oncles et tantes, il y avait cette angoisse latente. Léo avait été son deuxième abandon, ce lit vide alors qu’elle pleurait seul dans les draps qui avaient été témoins de tant émoi. Léo elle le désirait au plus profond d’elle et elle l’aimait. Il n’y avait pas de doute. Malheureusement, les doutes persistaient et le photographe n’arrivait pas à les dégager. Depuis plusieurs jours maintenant ils étaient à Chamonix. Cette neige douce aurait pu apaiser leur cœur, mais il y avait un malaise. Elle ne lui faisait pas confiance. Pourtant elle aurait voulu se lâcher complètement, se rendre vulnérable pour lui. Mais une fois de trop, elle jouait la prudente, préférant saboter cette belle relation plutôt que de saboter une fois de plu son cœur. Il n’avait pas l’air heureux ici, toujours perdu dans ses pensées. Qu’est-ce qu’elle aimait voir Léo le regard brillant de malice et le sourire rieur. Il avait été comme ça avec elle, quelques fois. Leur première fois à Bangkok n'avait été que l’accumulation de beaux moments parsemés d’embuche qu’ils avaient gravi avec douceur. Enfin, jusqu’à la chute brutale. Quelques semaines auparavant, Alba se perdait dans les bras de son amant préféré avec le son des vaguelettes finissant leur danse sur le bord de mer. Sur les terres françaises, rien n’était pas doux, comme si le caractère froid et austère des français avaient eu raison sur les deux amants. En apparence, ils étaient beaux, une vraie famille. Ils en rêvaient chacun de leur côté de cette famille à trois, lui, elle et Jonah. Elle l’aimait Léo, et elle voulait le lui dire. Elle voulait lui dire à quel point elle avait peur et qu’elle n’était pas sûr de réussir à réessayer si un jour leur relation flanchait. Comment faire confiance quand par deux fois il avait trahit. Alba n’était pas l’ange non plus de cette relation. Léo était sa première vraie relation, celle dans laquelle elle s’était imaginée une vie. La jeune Alba n’avait pas rêvé de cette famille. Elle aimait trop et plusieurs personnes à la fois. C’était sa façon de vivre, les gens manquaient trop d’amour pour n’en donner qu’à une personne. Léo a été le premier pour lequel Alba avait accepté l’exclusivité. Il lui avait fait goûter à ce dessert doux et aujourd’hui elle n’en voulait pas d’autres. Mais en ce moment, ils n’étaient pas en phase et Alba se demandait si elle el rendait heureux. Il avait beau affirmé que oui, son regard pétillant n’était pas apparu que lorsqu’il avait croisé sa vieille amie. Cécile. Elle n’était pas jalouse d’elle mais plutôt de ce que sa présence avait comme conséquence que Léo. La tristesse d’Alba se transformait en mutisme et elle était devenue aussi hautaine que ces mauvais jours. Depuis, il n’y avait que le silence entre eux, même Jon avait compris que ce soir, il allait jouer dans sa chambre. Elle brassait de l’air Alba, évitant le regard brûlant de son amant. Mais il parlait. Depuis quand Léo était un fanatique des conversations ? C’était elle à la base qui voulait communiquer. Et maintenant qu’elle aurait préféré un silence lourd de sens il décidait de parler. Peut-être que si elle ne disait rien, il baisserait les bras. Alors elle fit l’autruche la belle Alba, ouvrant des placards pour rien. Il n’y avait aucun but dans cette cuisine, à part faire à manger, mais elle n’avait même pas réfléchit quoi faire. Mais il l’arrêtait, l’obligeant à croiser ce regard brûlant et perdu. « Lâche moi. » Ce contact la pétrifiait parce qu’elle avait mal. C’était insensé et pourtant elle avait l’impression que quelque chose n’allait pas. « Je ne comprends pas pourquoi avec le monde entier tu es heureux et pas avec moi… » Lâchait-elle subitement. Il pouvait le nier mais son changement d’attitude de tout à l’heure prouvait le contraire. La photographe ne pouvait pas rester ici. « Je vais aller acheter à manger ! » Elle avait vaguement entendu parler d’une tempête mais tout de suite, elle voulait surtout éviter celle qui allait commencer dans cet appartement.

Comment arrêter le train en marche ? Celui qui fonçait droit dans le mur à une vitesse folle ? Depuis plusieurs semaines déjà ça n’allait pas, pour peu qu’il y ait réellement eu un espoir un jour. Léo avait voulu y croire, Alba aussi, très certainement. Ils avaient tous les ingrédients pour que ça marche, seulement une chose manquait, la confiance, c’était bête, c’était si peu, comparé à tout l’amour qu’ils se portaient, mais c’était essentiel, c’était la clé pour avancer. Il n’y avait pas de bases saines dans cette histoire, simplement un besoin irrépressible d’être ensemble. Et visiblement, les deux amants étaient la preuve vivante qu’on pouvait s’aimer le plus fort possible, parfois ça n’était pas suffisant. Il y avait eu quelques beaux instants, des moments de grâce, comme leurs retrouvailles intenses à la galerie, comme ces rapprochements timides des débuts. Comme leur séjour à Bangkok qui avait été une véritable lune de miel, comme la rencontre entre Léo et les parents d’Alba, qu’il avait finalement, contre toute attente, réussi à charmer, même le plus réfractaire de deux. Emerson était un homme auquel on pouvait facilement s’attacher, beaucoup de femmes le lui avait déjà reproché, quand il avait des sentiments et l’envie de s’investir il pouvait être parfait, tout simplement. Seulement ses démons le rattrapaient toujours, ses doutes, ses peurs dans l’avenir, son manque de confiance en lui et en sa capacité à aimer. Il sentait bien qu’il était entrain de perdre Alba, pas par sa faute, pour une fois, mais parce qu’il était incapable de lui donner confiance en lui. Malheureusement son comportement ne rassurait pas la jolie blonde, son comportement fuyant et froid lui donnaient plus l’impression qu’elle avait toutes les raisons d’avoir peur, alors qu’elle se trompait. Mais la machine était en route, le train fonçait dans le mur et la cadence s’accélérait de jour en jour, sous le regard impuissant du photographe qui faisait tout de travers. Et il avait une nouvelle fois fait passer un mauvais message à Alba le matin même alors qu’il avait renoué avec beaucoup d’entrain avec l’une de ses anciennes amies. Evidemment il ne voyait pas le mal, Léo était d’un naturel avenant et démonstratif, alors dans la cuisine du petit chalet, alors que l’ambiance était glaciale entre les deux amants, il tenta d’arranger la situation, en s’y prenant très mal. Lui qui n’avait pas pour l’habitude d’aller chercher le dialogue ou la confrontation, plutôt abonné au rôle de l’autruche, il démontrait là qu’il était très mauvais pour désamorcer une situation difficile. Il détesta le silence de Jensen, qu’il interpréta comme un caprice, néanmoins il ne s’attendait pas à ce qu’ils aillent directement au clash, à cause de la façon dont il essaya de retenir son attention. Sa réponse le saisit, figeant le français dans son geste, alors que la blonde se dégageait. Il bafouillait déjà, mais aucune réponse intelligible ne sortit, il était simplement décontenancé par ce reproche qui sortait de nulle part selon lui. On a tout ce qu’il faut ici, ne sors pas ! Il commençait à lui donner des ordres, incapable de radoucir la façon dont il s’adressait à elle, il se détesta, pensant instinctivement à son père et à la façon dont il traitait sa mère, qu’il avait toujours détesté. Et évidemment elle ne l’écoutait pas, enfilant déjà son manteau devant lui, Léo soupira. Il va neiger Alba, ce n’est pas raisonnable, c’est stupide de partir parce que j’ai osé être sympa avec une autre femme que toi. C’était sorti tout seul et ça suffit à ce que la photographe lui claque la porte au nez. Il lâcha un nouveau soupire, il était furieux, Alba était une tête de mule, mais ça il le savait déjà. Il était près de midi lorsqu’elle était sortie et la tempête ne tarda pas à s’abattre sur la station. Les heures qui suivirent furent source d’angoisse et de colère mélangée pour le brun qui tenta mainte fois de joindre sa compagne, en vain, il n’y avait plus aucun réseau et quand bien même, elle n’aurait sûrement pas répondu. Il s’inquiéta énormément mis ne pouvait rien montrer face à son fils qui posait mille questions, l’heure n’était plus à en vouloir à Alba, au moins pour un temps, il devait rassurer Jonah. Quand elle rentra enfin, alors que la nuit était déjà tombée et que le petit garçon s’était endormi sur le canapé devant un dessin animé, Léo l’accueilli avec un regard mauvais. Il était soulagé de la voir revenir, mais il lui en voulait terriblement d’avoir déserté de la sorte. Elle n’avait pourtant aucune leçon à recevoir de lui, habituellement c’était lui qui fuyait ainsi. Il se leva pour lui faire face, le regard dur et plein de reproches, elle avait l’air frigorifiée alors il ferma les yeux, lâchant un long soupire, le soulagement l’emportait sur la colère à ce moment précis. Ne refais plus jamais ça. Jon était mort de trouille. Il aurait pu dire que lui aussi, parce que c’était vrai, mais il lui en voulait trop pour l’avouer.

Elle pleurait Alba. C’était incontrôlable, les larmes ne faisaient que couler le long de ses joues. Elle errait dans les rues de Chamonix, passant devant plusieurs superettes. L’excuse des courses avaient été bidons, tout ce qu’elle voulait c’était s’éloigner de Léo. A quel moment les choses avaient-elles dérapé ? Encore quelques semaines, elle se perdait dans ses bras en Thaïlande, rêvant d’un futur étincelant pour lui, elle et Jonah. Penser à son fils lui fit mal. Finalement, elle n’arrivait pas à le rendre heureux comme elle n’arrivait pas pour son père. Elle lui en voulait tellement à Léo de se montrer si froid avec elle et chaleureux avec les autres. Ces derniers jours, elle avait tenté en vain de le faire sourire et de voir l’étincelle brillante dans ses yeux. Et elle était revenue cette étincelle mais pas grâce à elle. C’était cette française qui avait réussi. Oui Alba était jalouse. Elle crevait de jalousie qu’elle y arrive alors qu’elle non. Peut-être que leur relation était vouée à l’échec. Dans ses oreilles, le son de la porte qui claque continuait de tonner. Et ses larmes repartaient de plus belles. Peu importe la neige, le froid, la tempête, tout ce qu’elle voulait c’était de s’éloigner de cet homme. Oui elle l’aimait, mais est-ce que l’amour suffisait ? Ils n’arrivaient plus à parler, ils ne se faisaient pas confiance. Sans celle-ci tout était voué à l’échec. Alba avait peut qu’il reparte et lui avait peur qu’Alba ne lui fasse pas confiance. C’était le serpent qui se mordait la queue. Plutôt que de parler, ils avaient toujours préféré éviter la discussion favorisant le plaisir de la chair. Elle était perdue, dans sa vie, dans ses sentiments et dans ses certitudes. Pour elle, Léo avait toujours été une évidence, mais s’il n’était pas heureux avec elle ? Peut-être que la photographe de se comporter de manière égoïste et de laisser l’amour de sa vie partir … Cette pensée lui brisait le cœur, parce qu’elle avait toujours cru au plus profond d’elle-même que Léo et elle c’était plus qu’un amour simple ou qu’un flirt d’un an. Il y avait toujours eu plus, cette alchimie parfaite, ce désordre de sentiment qui les rendait fou. Mais peut-être s’était-elle trompée et que finalement, ils n’étaient pas fait pour être ensemble. C’est avec ses pensées qu’elle s’accrochait à quelqu’un, une bouée de sauvetage dans le flot de ses pensées douloureuses. Concho … S’il y avait bien une personne qu’elle n’avait pas imaginé voir c’était bien lui. Pourtant, elle s’apaisait presque s’autorisant à fondre en larme dans ses bras. Ils discutèrent quelques minutes, souriant de temps en temps, regrettant aussi. Combien de fois avait-elle cette petite pensée que peut-être elle aurait dû le choisir. Mais Léo elle l’aimait de toute son âme. Puis il était temps d’affronter la réalité, ses joues avaient séché et ils se quittèrent. Ils se promettaient de se revoir demain, pour que Max et Jon puissent passer un petit moment ensemble. Elle profiterait de cette journée pour s’éloigner de Léo, elle en avait besoin. Se rendant compte qu’elle allait venir les mains vides, elle allait rentrer dans une superette mais tout était fermée. Un passant l’avertissait de se mettre à l’abris, la tempête arrivait. Il ne fallut que quelques minutes pour que le vent se lève et qu’Alba n’eut d’autres choix que de se protéger dans la 1ère auberge qu’elle trouva. Il y régnait une douceur chaude, un feu de cheminée, des gens souriants. Elle fut accueilli avec tant de gentillesse, profitant de ce qu’on lui offrait. Elle se réchauffait près du feu, une tasse de chocolat bouillante dans ses mains. Ses yeux se perdaient sur le feu crépitant, et ses pensées volaient vers Léo et son couple. Elle pleurait une nouvelle fois.
La nuit commençait à arriver et il fallait rester l’intérieur. Léo devait s’inquiéter ou peut-être pas finalement. Peut-être soupirait-il d’être enfin seul. Puis Jon prit toutes ses pensées. Il n’avait pas eu le droit à des bisous, la seule chose qu’il avait entendu de sa mère était le claquement de la porte. Un homme âgé d’une cinquantaine d’année se posait à côté d’elle. Il ne disait rien, mais juste sa présence suffisait à calmer la blonde. Puis elle finit par s’endormir. La nuit était déjà bien tombée quand elle se réveillait, et la tempête avait laissé place à un froid glacial. « Je dois absolument rentrer. » Répondait la jeune femme alors qu’on lui proposait une chambre. Dehors, le vent glaçait Alba. Elle n’était qu’à dix minutes, mais tout son corps avait eu le temps de se refroidir. Mais peut-être valait-il mieux affronter ce froid que le regard glacial que Léo lui offrait quand elle poussait la porte de leur chalet. Il lui parlait de Jon et tout la culpabilité montait en elle. « Je ne voulais pas … Il y a eu la tempête et je me suis mise à l’abris. » Elle se devait de se justifier parce que jamais elle n’aurait laissé son fils tout la soirée. Elle passait à côté de lui, déposant sa veste. « Je vais le coucher. » Son petit Jon avait grandit, mais elle ne se lassait pas des moments où elle le portait dans son lit. Elle sentait le regard de son amant derrière elle. Il ouvrit à peine les yeux et elle déposait un léger baiser sur son front. « Je t’aime mon Jon ! » Puis elle quittait sa chambre, retournant dans le froid du reste du chalet. « Concho est en ville avec son fils et c’est un de meilleurs amis de Jon. Je pense que je vais passer la journée avec eux, ça fera plaisir à Jon. » Elle avait lâché ça comme une bombe. Leur mot était parfois si dur et plus violent que leur regard. Elle ne voulait pas lui faire du mal, mais aujourd’hui elle ne savait plus communiquer avec lui. Alba soupira. « On devrait aller dormir. » Concluait-elle.