biome fest ✩ johanna

Ainsi donc, il y avait une exposition des peintures d’un artiste local au jardin botanique. C’était une bonne chose pour deux raisons - premièrement, ça me permettrait de sortir un peu et de voir quelque chose de nouveau, même si je n’y connaissais pas grand-chose en peinture ; et deuxièmement, c’était sans doute un sujet digne d’intérêt pour Bowen Radio. Evidemment, il ne s’agirait pas de simplement y aller et d’enregistrer ma voix alors que je commente à quel point les tableaux sont beaux - parce que, ben … ça me semble assez évident. D’une part c’est subjectif et, de l’autre, parler d’un art strictement visuel à la radio, c’était d’un intérêt assez limité. Enfin, à première vue. Parce que s’il y avait une chose que je pouvais faire, c’était donner envie à mes auditeurs d’aller voir tout ça par eux-mêmes.

Je me rendis donc sur les lieux avec déjà une très bonne idée de ce que je voulais faire. Poser des questions aux visiteurs ; savoir leur ressenti sur les œuvres, ce qu’ils pensaient de l’artiste et de son travail, ce genre de choses. Essayer de bien vendre l’événement, pour résumer. Mon intérêt à moi là-dedans ? En plus de me fournir un peu de matière pour ma Revue de la journée, si ça s’avérait être une promotion efficace cela donnerait peut-être l’idée à d’autres événements du genre de faire appel à moi (enfin à Bowen Radio surtout) pour refaire la même chose de façon plus … officielle, et donc lucrative. Vous comprenez ce que je veux dire ? Alors ce serait dommage pour moi de manquer une telle opportunité. Bien que ce serait difficile, l’exposition devant apparemment durer deux semaines.

Bref. J’entrai dans le jardin, après m’être assurée auprès de la réceptionniste que j’avais bien le droit de faire ce que je prévoyait - j’avais des principes, quand même. Et puis je risquais des ennuis si je ne l’avais pas fait. Pas de problème, m’avait-elle répondu, tant que je ne prenais pas de photos ou de vidéos, sinon il me fallait demander une autorisation auprès de … abrégeons, vous voyez le genre.

Putain, qu’est-ce qu’il faisait chaud ! c’était prévisible bien sûr, il faisait toujours chaud (ou presque) à Bowen et en plus on était dans une serre, mais tout de même. C’en serait presque insupportable. Bon … j’étais habillée assez légèrement, avec des couleurs claires et je ne comptais pas rester plus longtemps que nécessaire mais il fallait tout de même que je fasse attention à moi. Je commençai à déambuler dans la serre, prenant mon temps pour ne pas trop me fatiguer, m’arrêtant de temps à autre pour contempler plus longuement quelque peinture que je trouvais intéressante. Je l’ai déjà dit, je ne m’y connais pas beaucoup mais je pense pouvoir dire que c’est plutôt joli. Et … il se dégage de tout cela une atmosphère très particulière, aussi. Entre le soleil qui tape fort, la lumière, l’odeur des plantes qui se mêle aux couleurs vives des tableaux … bon sang, si seulement je pouvais faire ressentir ça à mes auditeurs de cette nuit ! mais je n’avais que le son à ma disposition. Mon micro dégainé, je le testai rapidement et me mit en quête d’un curieux qui serait disposé à répondre à quelques questions.

Mon regard est presque aussitôt attiré par une grande blonde chapeautée. Enfin … pour être plus exact, disons que c’est la personne qui me semble le plus immédiatement disponible. Parce que mine de rien il n’y a pas foule et que la plupart des autres visiteurs sont visiblement venus en couple ou en groupe d’amis, donc plus susceptibles de me rembarrer et plus difficiles à gérer aussi. Je me dirigeai donc vers la blonde, sourire aux lèvres et en évitant qu’elle se retrouve tout de suite avec mon micro sous le nez, ce serait trop intimidant.

« Bonjour ! », la saluai-je avec enthousiasme avant de me présenter. « Je m’appelle Johanna Jacobs, de Bowen Radio. Je fais un petit reportage sur l’exposition, je recueille les avis des visiteurs, tout ça … vous permettez que je vous pose quelques questions ? »

Penelope & Johanna