Le travail manuel est une lecture sans fin ft Elias Rutkowski

Mon ancien coloc a un tempérament de merde, il ne faut pas passer beaucoup de temps avec lui pour le comprendre, en revanche, ces bons côtés sont plus difficile à cerner, mais je les connait et malgré toutes ces tentatives pour me repousser, je ne peux pas les oublié. Ce type, aussi bougon et agressif soit-il, reste mon ami. Un ami qui a besoin d’aide, visiblement et qui refuse de l’admettre. Il a raison sur un point, je ne peux le forcer à accepter les soins à l’hôpital, mais je ne peux me résoudre à le laisser se débrouiller seul avec une blessure qui avait l’air bien plus sérieuse qu’une simple égratignure. Une dispute qui avait mal tourné disait-il. Rares sont les « simples disputes » qui impliquait des couteaux cela dit. Je soupire.
— Un jour, tu vas finir par ici rester, Man’, sérieux… 
Je soupire longuement, puis me gare sur le parking de l’hôpital. Je pose mon poignet sur le volant et me tourne vers mon ancien coloc.
— Mon meilleur pote est médecin…je peux lui demander à lui, si tu veux pas te laisser soigner à l’intérieur.

Est-ce qu'il va finir par y rester un jour ? Peut-être bien... Et peut être même qu'il y aura plus de monde à son enterrement qu'il ne l'aurait jamais imaginé, car ils sont malgré tout nombreux à avoir si s'attacher à cet étrange personnage. Il fera toujours mine de ne rien voir, mais il sait que contrairement à beaucoup de personnes, il n'est pas aussi isolé qu'il le laisse croire. L'inquiétude d'Elias, il ne sait pas et ne veut pas la gérer. S'il rebondit là-dessus, s'il essaie de rassurer, ça ne sera que plus suspect de sa part. Quand Manwë vous rassure, il est certain qu'il prépare un autre coup foireux qui pourrait bien lui coûter la vie. C'est que le luthier, il s'en fiche pas mal de mourir...

Le véhicule se stationne devant l'hôpital, ce fut au tour de Man' de soupirer avant de plonger ses yeux verts dans le regard de son ancien colocataire. L'espace d'un instant il a hésité, il aurait pu juste l'envoyer chier une fois de plus, ou accepter son aide... Celle de son meilleur pote, mais être redevable : non merci. Il avait déjà quelqu'un qui le soignait à l'œil, pas la peine de cumuler les personnes impliquées dans ses embrouilles. " C'est bon. J'ai rien à cacher tu sais... " Il se demande bien à quoi pense Elias, peut-être comme tous les autres qui pensent le connaitre, il le considère peut-être comme ces types qui se prennent une balle et qui ne vont pas à l'hôpital de peur de voir débarquer les flics. C'est le cas parfois... Mais pas pour cette plaie. " Je suis juste pas un de leur grand fan, hm... Bref... " C'est pas le moment pour lui de raconter sa vie, c'est jamais le moment pour ça avec Manwë de toutes manières.

Man ne pensait pas que ça l'affecterai autant qu'il quitte leur collocation, il ne s'attendait pas plus à de chaleureuses retrouvailles, un juste milieu peut-être... Ceci dit, il sait avoir un talent de dingue pour énerver les gens. " J'vais me débrouiller et toi, tu te démerde pour retourner au magasin récupérer ta caisse, la mienne reste ici. Ça te passera l'envie de me faire chier... " Pour récupérer ses clés, il tend la main comme il peut tout en continuant d'appuyer de l'autre sur son épaule, lui adressant son fameux sourire de petit enfoiré de première, des fois qu’il viendrait à Elias l’idée de s’attendrir…

Dire que je m’inquiète pour Manwë est un euphémisme. Je sais que j’ai tendance à être une tête brûlée moi-même et qui m’arrive de me foutre dans le pétrin, mais Manwë est champion de sa catégorie. Sans compter qu’il a tendance à négliger sa santé, ou à prendre les pires décisions pour lui. Mais au fond, qui suis-je pour le jugé. Je lui propose de le conduire à Jules, sachant pertinemment que mon ami d’enfance saurant prendre soin de mon ancien colocataire sans émettre le moindre jugement, ni lui poser de question intrusive. Néanmoins Manwë refuse, prétextant qu’il n’est simplement pas un grand fan du corps médicale. Je soupire, puis finis par détacher ma ceinture pour ouvrir la portière. Puis, un pied dehors, je me tourne vers mon ancien coloc.
— Prends soin de toi, et…si jamais tu veux te faire payer une bière, tu sais où me trouver.

On peut clôturer peut-être ?