Fallait que ça tombe sur toi.. (Jules)

Il était à peine 8h du matin quand Nevaeh passait la porte du journal. Elle aimait particulièrement arriver en avance le matin. Elle pouvait poser ses affaires, prendre son petit café et surtout écouter sa musique dans ses écouteurs sans fils pendant tout ce temps. Tranquillement, elle rangeait ses affaires sur son bureau. En début de journée, tout était parfaitement rangé. Les post-it en haut à gauche, les stylos en dessous, son clavier bien droit, la souris à côté et surtout son triple expresso dans sa tasse Tardis qu'elle aimait particulièrement.
Alors qu'elle chantait à tue-tête, une main se posa sur son épaule. Évidemment, elle sursauta. C'était son patron qui lui faisait signe de baisser le volume. Elle rougit, inévitablement en retirant son écouteur.
« Bonjour patron, désolée... Je pensais être seule pendant encore un moment. Vous allez bien ? »
Il secoua la tête et lui rappela que dans une heure, il y avait une réunion générale. Elle hocha la tête, mais elle ne s'en souvenait plus. Elle attrapa son carnet, ses stylos de notes et alluma son pc.

***

«On va faire simple. Laurence, et Drew vous allez à Chamonix pour couvrir l'événement ! Je veux des photos, des interviews, je veux du croustillant.»
Nevaeh ouvrit grand les yeux, elle n'était pas sur le projet ? Alors que c'était celle qui avait probablement le plus d'expérience sur ce genre d'événement et encore plus dans les déplacements. Elle allait ouvrir la bouche quand, leur patron d'un geste de la main la fit taire.
«Keynes et Rutkowski, vous couvrirez le départ. Prenez bien soin de noter le nombre de participants, leur ressentir. Des photos et les avis des gens. Je compte sur vous. »
Nevaeh gigotait sur sa chaise. Elle était outrée. Déjà, elle n'avait pas eu le voyage à proprement parler et puis, elle se retrouvait coincé avec cet idiot de Jules. Elle en avait la nausée.
«Vous êtes sûr qu'il n'y a pas une erreur ? Je veux dire... Enfin, je pense que je suis celle qui a le plus d'expérience en déplacement et puis, je suis multitâche. Je peux aussi prendre les photos et...»
Encore une fois, il la fit taire d'un geste de la main. Qu'avait-elle bien pu faire pour qu'il ne lui fasse pas confiance à ce point. Elle lança un coup d'œil à Jules qui avait l'air de s'en moquer totalement, ou peut-être même de se réjouir intérieurement que Nev ait été mise sur la touche. Elle lâcha un râle de colère, rassembla ses affaires et quitta la pièce. Elle s'installa finalement à son bureau, enfonça ses écouteurs dans ses oreilles.
Elle envoya un mail à Jules. Tu n'aurais pas pu m'aider non ? À croire que ça te fait plaisir qu'on bosse ensemble ? Au moment où elle allait fermer l'ordinateur, elle remarqua qu'elle venait d'envoyer une pièce jointe à Jules. Une pièce jointe qui ne lui était pas du tout destiné, évidemment. Elle aplatit sa main contre son front et soupira. C'était trop tard, maintenant, évidemment, c'était tombé sur lui.. Elle retourna tristement au coin café prendre une pause. Cette réunion avait tout de même duré plus de deux heures.

Spoiler:

Il était tôt, quand tu avais passé les portes du journal de Bowen. Alors tu allais directement à ton bureau pour allumer ton ordinateur et tu faisais abstraction de tout. Ton café sur le côté de ton bureau, tu ne vivais que pour ça ce matin. Il mettais un peu de temps à s’allumer et tu tapais légèrement contre l’unité centrale avec ton pieds pour qu’il se dépêche. « Keynes, on frappe pas le matériel, c’est retenu sur salaire si c’est cassé » avait hurlé ton boss alors qu’il était un peu plus loin. « Pardon, chef » dis-tu avec une petite voix désolé.  Il avait l’habitude que tu fasses des conneries. Tu prenais une gorgée de ton café et finalement il s’allumait. Vous aviez une réunion sur les évènements de Chamonix, l’échange du maire tout ça tout ça. Et dieu sait que t’avais pas envie d’aller en France. Alors t’espérais secrètement rester sur Bowen. (…) Une heure plus tard, la réunion commençait. Tu croisais le regard de Nevaeh en entrant dans la pièce et tu savais qu’elle t’avait dans le collimateur. Même si Elias et Avery t’avait presque pardonné, tu savais que la tâche serait plus compliqué avec la grande soeur Rutkowski. Quand ton patron annonçait les gens qui allaient en France, tu soufflais de contentement. Tu voulais rester pour Charlie et puis tu avais encore des souvenirs de ta mère qui te hantait. Donc ce pays, tu allais le fuir encore un moment. Mais quand on te disait que tu allais faire équipe avec Nevaeh, tu ne pouvais pas rester comme ça. « Nan mais quand vous dites travailler ensemble, on est pas obligé de le faire tout le temps ensemble, non ? » demandas-tu avec un sourire un peu gêné. Le patron te regardait avec des gros yeux, un peu énervé alors tu ne relevais pas. Elle semblait aussi ravie que toi. Super. Tu rejoignais ton bureau après la réunion et tu te sentais totalement stupide. T’avais pas envie de travailler avec elle. Quand tu revenais à ton bureau, tu voyais que tu avais reçu un mail. Nevaeh. Elle était rapide celle-là. Alors que t’apprêtais à répondre à son mail, les yeux levé vers le ciel, tu remarquais la pièce jointe à son mail. Tu lisais cette dernière et tu en pouvais pas t’empêcher de pouffer de rire. Tu la cherchais du regard et elle n’était pas dans l’open space. Alors tu allais la chercher à la machine à café, y’a que là qu’elle pouvait être. Quand tu l’apercevais, tu allais prendre un café et tu lui lançais. « J’te pensais pas aussi sentimentale, Rutkowski » dis-tu en insérant la pièce dans la machine. Après avoir sélectionné le café que tu voulais, tu te retournais vers elle. « Mais c’est pas à moi qu’il faut avouer tes sentiments, tu crois que ce fameux Allen se doute de quelque chose ? » demandas-tu avec un sourire en coin.

Nevaeh espérait que Jules ne fasse pas de commentaire sur la pièce jointe qu'elle lui avait envoyé. Elle espérait secrètement qu'il ne la lirait pas non plus ou du moins qu'il s'arrêtait quand il se rendrait compte qu'elle n'était pas pour lui. Hélas, non, il fallait bien que ça se passe ainsi. Elle était déjà bloquée avec lui pour un article à la noix, mais en plus de cela, elle se retrouvait dans une situation plus que gênante avec le mec qu'elle détestait le plus au bureau. Certes, il ne lui avait rien fait personnellement, mais, qui osait s'en prendre à Woody savait parfaitement que l'ainée de sœur Rutkowski allait lui tomber dessus. Et si ses bébés frères et sœurs avaient passé l'éponge, il n'en serait pas si simple avec Nevaeh qui envers et contre tous, pour toujours et à jamais, servirait en priorité les affaires de son frère. Woody était un modèle pour elle, ils avaient partagé tellement de choses qu'il ne pouvait en être autrement. Certes, elle avait peut-être fait un écart de conduite avec son ainé, certes, elle l'avait peut-être laissé tomber face à CJ, mais il ne pouvait en être autrement pour les autres. Surtout pour Jules. Alors quand il venait là, à se moquer d'elle comme s'ils étaient proches, Nevaeh ne put s'empêcher de pester. « J't'en pris Keynes, on ne peut pas faire comme si tu n'avais rien vu, tu veux ? J'ai pas envie de discuter de ça et encore moins avec toi. C'est du passé, j'avais juste besoin d'extérioriser, elle aurait jamais dû sortir de mon disque dur. » Elle soupira tristement, et se retourna pour boire son café appuyé contre le frigo de la cuisine. Elle n'avait pas vraiment envie de lui parler, elle n'avait pas vraiment envie de parler à qui que se soit en vérité. Elle était déçue et elle ne comprenait pas comment elle avait pu en arriver là aux yeux de son parton. « Écoute, on va faire ce truc à la noix, on va se comporter en adulte et après ça, on se parlera plus point. Entre toi et moi, c'est strictement professionnel. Pas de blague perso, pas de discussion sur nos vies. Je n'ai clairement pas envie de nouer des liens avec toi. » Au moins, elle était claire. Il n'y avait pas beaucoup de personnes qu'elle détestait, pourtant, Jules était clairement l'une de ces personnes et elle avait du mal à se dire qu'il pouvait en être autrement un jour.

Bien évidemment que tu avais lu le message dans la pièce jointe de Nevaeh. Et bien sûr que tu allais la chambrer avec ça. Si c’était toi qui avait fait une faute de la sorte, elle t’aurai surement emmerdé là-dessus. Alors tu n’allais pas laisser passer une occasion pareille. Quand tu te dirigeais vers la machine à café, tu avais remarqué qu’elle était là aussi alors tu ne pouvais t’empresser de commencer à la taquiner. Mais elle semblait vraiment désemparée. « All right, all right » dis-tu avec un sourire en coin. Tu attendais que ta boisson sorte de la machine et rapidement c’était le cas alors tu attrapais le petit gobelet qui venait de sortir. Quand elle te proposait de faire cet article en tant que professionnel et de plus jamais se parler, tu te tournais vers elle, un peu énervé. « Ecoute, Nevaeh, j’vais être très clair avec toi » dis-tu en posant ton gobelet sur le comptoir. « J’ai merdé, d’accord. Avec ton frère, avec ta soeur, j’suis au courant et j’en ai parlé avec eux. Ils m’ont pardonné. Tu peux pas faire la même chose ? » demandas-tu en prenant le verre et en le portant à tes lèvres. Tu prenais une gorgée de ton café avant de le reposer et de reprendre rapidement, alors qu’elle n’avait pas eu le temps de rétorquer quoi que ce soit. « Ton frère et ma soeur se fréquentent, enfin je sais pas si c’est toujours d’actualité mais même… On peut essayer de s’apprécier ? Je veux dire, éviter de se crier dessus pour des conneries comme celle-là ? » demandas-tu ensuite à la jeune femme. Tu venais de vider ton sac, ça faisait du bien. Et quoi qu’elle dise, au moins tu pouvais avoir le mérite d’avoir essayer d’arranger les choses avec la grande soeur des Rutkowski.

Il était clair que Jules avait compris le message, il était clair qu'il l'avait mal pris aussi. Ça, en vérité, Nev s'en moquait totalement. Tout ce qu'elle voulait, c'était la paix, d'autant plus quand elle voyait la tête de Jules. Elle se disait parfois que si Woody et Charlie avaient dû avoir cet enfant, elle aurait dû se coltiner la face de plouc de son frère pendant encore un moment. Imaginez le pire, s'ils les avaient choisi tous les deux comme parrain. Rien que l'idée donnait la nausée à Nev. Ok, elle était protectrice envers sa fratrie, mais n'avait-il pas un peu raison dans le fond ? Ça lui faisait si mal de dire cela, mais après tout, il avait blessé ses deux petits bébés. Et même si Elias n'en avait rien à faire de rien, ça comptait pour Nev. Qui était-elle si elle ne protégeait plus sa famille ? « Le problème avec toi Jules, c'est que t'as rien dans la tête. Tu penses que te pointer là avec ta belle gueule et ta bouche en cœur ça va suffire à effacer ce qui s'est passé ? Tu protèges ta sœur comme je protège ma famille. Tu devrais être bien placé pour comprendre. » Et vlan ! Il ne l'avait pas volé celle là. Et après tout, il devait quand même reconnaître qu'elle avait raison. Certes, il était tous les deux un peu excessifs en matière de protection, mais il devait bien se l'avouer réciproquement , ils avaient les mêmes intentions. Hélas, dans le fond, cet idiot avait bel et bien raison. Ils étaient tout de même un peu liés. Certes, cela n'enchantait pas la brune, mais qui l'empêcher de faire semblant ?« Abuse pas non plus. Je veux bien essayer de te tolérer, mais, n'en demande pas trop non plus. » Lança-t-elle comme une lame tranchante. Elle piquait l'aîné des soeurs Rutkowski, mais, c'était aussi ce qui faisais tout son charme. Elle attrapa sa tasse de café et s'avança vers son bureau. L'avantage d'être Nevaeh Rutkowski, c'était qu'elle pouvait jouir d'un avantage que peu avait dans cette boite. Un ordinateur portable . Pour la plupart, ils étaient équipés de vieille tour qui avait peine à s'allumer parfois, mais, en étant mobile comme Nev, on avait certains avantages. Elle débrancha donc son ordinateur pour aller s'installer sur le bureau juste derrière l'écran de Jules. C'était un pas comme un autre, une façon de faire comprendre au jeune homme qu'elle acceptait les conditions du contrat. Hélas, elle le savait, si elle voulait en finir au plus vite avec cet article, il fallait qu'elle s'y mette au plus vite.  

Tu te sentais forcément vexé par les paroles de la brune. Oui, tu te pointais comme ça avec ta belle gueule mais t’essayais d’arranger les choses. Déjà, on va pas te retirer le fait que tu te sois excusé envers Avery et Elias. Et ça t’avait couté de le faire, mais tu l’avais fais parce que c’était stupide. Stupide de ghoster tes anciens amis parce que leur frère sortait avec ta soeur. Stupide de croire que ça changerait quelque chose. « Je veux juste que ça se passe bien Nevaeh ! C’est tout » dis-tu en soufflant. « En effet, j’le comprends bien » ajoutas-tu quand elle te disait que tu savais bien ce que c’était de protéger sa famille. Elle était comme toi, prête à se battre corps et âmes pour sa fratrie. Et c’était quelque chose que tu respectais chez elle mais tu ne voulais pas lui dire. Manquerait plus qu’elle croit que tu l’apprécies ne serait-ce qu’un minimum. « J’veux juste qu’on fasse ça bien, et sans s’entretuer » soufflas-tu en prenant une gorgée de ton café. Alors que la jeune femme partait de son côté, tu restais quelques instants à côté de la machine, l’observant de loin. Elle prenait son ordinateur portable pour venir se pointer devant ton vieil ordi tout pourri. Ça c’est presque de la provoc’ mais on ne va rien dire pour ne pas vous engueuler encore une fois. Tu te dirigeais vers ton bureau où la machine était encore entrain de mouliner et ça te gonflait. Mais bon, déjà que tu n’étais pas là à temps complet, tu n’allais pas non plus demander des avantages. « Par quoi on commence ? » demandas-tu à la brune, guettant sa réaction. Vous n’alliez pas devenir les meilleurs amis du monde mais tu voulais juste faire cet article vite mais surtout bien. Et vous étiez deux très bons journalistes tous les deux, il n’y avait pas de raison que les gens n’aiment pas ce que vous écrirez ensemble.

Il fallait qu'elle prenne sur elle, il fallait qu'elle soit plus intelligente et surtout qu'elle se souviennes comment elle aurait pu réagir à l'époque avant tout ces problèmes. Avant de n'être plus que l'ombre d'elle-même. Alors, elle avait décidé que s'en était assez des disputes avec Jules, du moins pour aujourd'hui. Il était certain qu'elle prendrait un malin plaisir à le remettre à sa place à chaque faux pas, a chaque mot débile qui sortirait de sa bouche, mais une chose était sûre, elle ne s'énerverait plus contre lui. Dans le fond, sa relation avec le jeune homme lui rappelait en un sens celle qu'elle avait eue avec Allen. Ce côté à toujours s'envoyer des piques et ne supporter aucune de ses manières de genre qui ont l'air d'avoir toujours la vie facile. Ce n'était peut-être certes pas le cas de Jules, mais il en fallait du culot pour demander à Nevaeh Rutkowski de ne pas sortir les griffes quand il s'agissait de sa famille. La brune devait au moins reconnaître que le jeune homme avait du cran. Parfois, elle oubliait qu'il n'était pas si jeune que ça. Qu'il n'était pas de la génération de ses cadets, mais plutôt juste avant, un peu plus proche de la sienne. Alors peut-être après tout, qu'ils avaient un peu plus en commun que voulait bien le reconnaître Nevaeh. « Pour être honnête avec toi, j'en ai aucune foutue idée. Je me sens assez mal d'avoir été mise sur la touche. » Voilà même qu'elle se confiait à lui, comme quoi, il pouvait s'en passer des choses dans cette journée et le pire, c'était qu'il n'était même pas midi encore. « Je te propose déjà qu'on réfléchisse aux questions comment on organise ça ? Plutôt une question à chaque participant ou plusieurs questions à chacun ? » Elle tentait de le faire participer parce qu'après tout, son idée première était de faire le boulot de son côté sans en parler à son collègue juste parce qu'elle n'avait pas envie d'échanger avec lui. Hélas, elle se rendait bien compte qu'elle n'avait plus vraiment le choix.

Vous n’étiez pas si différent avec Nevaeh, c’est peut-être pour ça que vous aviez du mal à vous entendre au travail. Tu respectais énormément le travail de la journaliste, là-dessus tu ne pouvais rien dire. C’était une des plus anciennes reporter du journal, et tu trouvais ça admirable. Mais tu ne le dirais pas trop fort, tu veux pas lui donner autant d’importance et qu’elle se sente supérieure. Vous vous retrouviez devant ton bureau, parce que la jeune femme avait emmené son ordinateur portable devant ta grosse tour un peu nulle. Vous échangiez alors des paroles et pour une fois, c’était pas cinglants. Tant mieux, ça veut dire que vous alliez rapidement avancer et en finir avec ça. « J’avoue avoir été surpris que tu ne sois pas prise pour y aller, non plus » soufflas-tu simplement. Nevaeh était toujours le genre de personne à partir à l’étranger pour couvrir des évènements majeurs et tu avais trouvé ça dingue qu’elle ne parte pas. Ça t’aurait fait des vacances, en tout cas, de pas la voir au bureau et de ne pas faire cet article avec elle. « On pourrait faire deux ou trois questions par personnes, comme ça on aura plus de matière pour l’article » proposas-tu en commençant à noter sur ton petit carnet. Dans ce carnet, tu avais toutes tes idées, que ce soit pour les articles mais aussi pour les idées de vidéos youtube que tu faisais chez toi, dans le côté personnel de ta vie. Ensuite, tu cherchais sur le net à quoi ressemblait la ville où allaient aller les habitants de Bowen pour l’hiver. Tu connaissais brièvement Chamonix, puisque tu y avais déjà été quand tu étais en France. « Tu connais Chamonix, sinon ? » demandas-tu simplement en levant les yeux vers la brune.

Entendre Jules dire qu'il était surpris donna un peu de baumes au cœur de la brune. Elle sentait que quelque chose n'allait pas et il faudrait qu'elle se rende dans le bureau du parton un de ces quatre, histoire de mettre les choses au clair avec lui. Il était évident que Nevaeh ne se ferait pas prier si elle cherchait un nouveau travail hélas, elle était aussi très attachée à son journal. Elle y avait fait ses débuts et elle avait survécu à tous les départs des anciens, elle était restée alors que le bateau coulait comme un bon capitaine. Cela dit, elle n'était pas capitaine et le boss savait lui rappeler. « J'imagine qu'il a voulu laisser sa chance à d'autres. Ou alors il veut me punir d'un truc, me rappeler ou est ma place, j'imagine. » Elle balança sa main dans l'air après avoir lâché un « Changeons de sujet. » Oui, ça lui paraissait pas si mal, ils devraient faire vite, histoire de ne pas embêter les gens dans leur montée, mais, deux ou trois questions, ça semblait correcte. À moins qu'ils tombent sur une Nevaeh adepte elle aussi du monologue à rallonge. L'idée la fit sourire, mais elle nota le tout sur son pc comme Jules le faisait sur son carnet, elle trouvait cela drôle qu'il note tout sur papier, mais elle comprenait que certaines personnes préféraient les feuilles à un écran. Pour certains, c'était plus simple ainsi. Elle, elle savait que son écriture rapide était illisible en revanche, elle avait une très bonne vitesse de frappe, de plus elle aimait le fait que ses notes soient liées à son ordinateur comme à son téléphone et comme elle avait toujours ou l'un ou l'autre sur elle, c'était pratique. Nevaeh finit par secouer la tête face à la question de Jules « Je suis allée à Paris et à Avignon, mais je ne suis jamais allée visiter les montagnes. Il parait qu'elles ne sont pas mal, mais tu sais, je ne tiens déjà pas sur mes jambes alors skié... » Elle se mit doucement à rire. Elle-même était étonnée de discuter si facilement avec Jules. Peut-être après tout, qu'ils arriveraient à s'entendre suffisamment pour écrire cet article après tout.« Et toi alors, tu as vécu en France pas mal de temps non ? » Demanda-t-elle en tournant sur sa chaise, la tête appuyée sur le dossier comme si elle était en train de se souvenir de ses mois en France, un peu perdu dans ses pensées.  

Tu pensais que Nevaeh partirait avec toute l’équipe qui s’envolait vers Chamonix afin de faire l’article. Notamment ça t’aurait fait des vacances, mais aussi tu savais que c’était elle qui avait le plus d’expérience dans ce domaine là, les séjours à l’étranger. Alors forcément, tu avais été surpris d’entendre que vous étiez ensemble sur cet article. « Je vois pas pourquoi il ferait ça » dis-tu en haussant les épaules. On sentait qu’il y avait une tension qui avait légèrement disparue entre vous. C’était peut-être le temps de mettre les choses de côté, de laisser couler la haine qui était toujours présente entre vous. Elias et Avery avaient réussi à te pardonner, peut-être que Nevaeh le fera aussi un jour ? Mais en attendant, vos relations sont strictement professionnelle et ça s’arrêtera là. Pour faire la conversation, tu lui demandais si elle avait déjà été à Chamonix. Tu riais légèrement quand elle te disait qu’elle ne tenait pas sur ses jambes. Non pas pour te moquer, bien sûr, mais elle en riait elle aussi alors pourquoi pas toi. « Je vois le genre » dis-tu avec un sourire en coin. Tu faisais quelques recherches sur ton ordinateur en même temps que tu discutais avec l’australienne. « J’ai vécu à Paris pendant plusieurs années, j’y ai fais mes études de journalisme là-bas » répondis-tu simplement à la brune avant de reprendre. « Et je connais assez bien la station de ski de Chamonix, j’y suis allé quelques fois pour skier mais surtout pour profiter de l’air de la montagne » avouas-tu avec un léger sourire. C’était pas très conseillé de faire du ski, mais tu en avais quand même fait pas mal et tu étais assez doué. Ce qui était conseillé pour toi c’était l’air frais de la montagne pour tes poumons endommagés.