maybe it was our time to shine (nevallen)

Longtemps tu avais hésité à prendre contact avec Nevaeh. Longtemps tu t’étais mis dans la tête que votre histoire n’était qu’une nuit dans les bras l’un de l’autre, des âmes perdues qui avaient besoin de réconfort. Alfie n’avait jamais su cette histoire. Tu savais que ça briserai quelque chose entre vous trois et c’était bien la dernière de tes envies. Mais CJ, par contre, avait été mis au courant. Un soir bourré, désespéré de ne plus plaire à Andeana, de ne plus être celui qu’elle aimait pendant votre séjour à paris, tu avais fini par avouer à ton ami que tu avais couché avec son ex. C’était tordu, dit comme ça. Mais c’était la vérité. Tu n’avais pas eu de ses nouvelles depuis que tu avais quitté l’Australie. Sur un coup de tête, tu avais laissé la gérance de ton snack-bar à quelqu’un et tu avais mis les voiles. Tu avais laissé derrière toi toute une vie. C’est ce dont tu avais l’impression. Mais dernièrement, cette vie était revenue te mettre une gifle en pleine gueule. Nevaeh venait de t’envoyer une lettre, te confiant tous ses regrets et tous ces non-dits entre vous. Et la surprise avait été folle quand tu avais vu ses mots. Et si en fait, je laissais croire que je te détestais tant c'est parce que au fond, je t'aimais peut-être un peu plus que je ne voulais le dire. Ah. Tu l'avais pas vu venir celle là hein ? qu’elle avait écrit. Tu tombais dénue en lisant ce passage. Non, c’était impossible. Nevaeh Rutkowski ne pouvait pas avoir eu des sentiments pour toi. Enfin c’est pas ce que tu pensais. En y réfléchissant, il aurait pu se passer quelque chose de beau entre vous. Même s’il y avait un paquet d’obstacle entre. Tu te souviens notamment de cette soirée sous la pluie d’étoile, romantique à souhait, où tu lui avais fais presque tomber son appareil photo au dessus de la falaise. Il fallait que tu lui répondes mais tu ne savais pas vraiment comment.

Quelques jours plus tard, te voilà dans un avion pour l’Australie. C’est un peu beaucoup quand même, non ? Mais tu avais une excuse. Alix, ta petite soeur, était DJ et elle mixait dans une grosse soirée organisé sur Bowen. Vous aviez vécu là-bas tous les deux, c’est pour ça qu’elle t’avait proposé de venir y passer quelques jours. Toi, tu passais ton temps à voyager depuis que tu avais quitté l’Australie. Et puis, tu pourrai y recroiser tes amis : Freja, Tahlia, et tous les autres. Dans l’avion, tu passais en revue toutes les choses que tu aurai pu dire à la jeune Rutkowski. Et les 9 heures de vol avaient été peu suffisantes pour ça. Oui, seulement 9 heures car tu te trouvais à Bangkok avant de faire escale à Bowen.

L’avion avait atterri à Sydney, t’avais pris un bus pour rejoindre Bowen et aller retrouver ta soeur. C’était ton excuse. Mais tu n’allais pas y aller de suite. Ton bagage sur l’épaule, tu arrivais à ta ville de coeur quelques heures plus tard. Tu avais loué un airbnb charmant aux abords de la plage. On va pas se le cacher, tu allais profiter aussi des vagues en tant que surfeur. Tu y posais tes valises et tu prenais un Uber pour rejoindre les bureaux du Bowen Independant, le journal de la ville, celui où bossait Nevaeh. Quelques minutes plus tard, tu te retrouvais devant l’entrée et tu ne savais pas si tu allais rentrer ou non. Tu préférais attendre encore un peu devant le bâtiment, profitant de ce moment pour allumer une cigarette et faire les cent pas.

@Nevaeh Rutkowski

Les mots de Jules résonnaient dans la tête de la brune depuis des jours, depuis des jours, elle entendait la voix exaspérante de cet idiot de Jules tourner en boucle dans sa tête « Mais c’est pas à moi qu’il faut avouer tes sentiments, tu crois que ce fameux Allen se doute de quelque chose ? » Bien sûr que non, il ne se doutait de rien, on parlait d'Allen après tout. Elle secouait bêtement la tête devant son ordinateur après avoir levé la tête vers Jules. Elle avait envie de le gifler de lui avoir fait penser à ça. Enfin, après tout, c'était elle qui avait envoyé la lettre par "erreur" à son collègue. Et si, elle avait eu besoin que quelqu'un lui dise quoi faire ? Et qui mieux qu'une personne hors de tout ça pour la conseiller. Après tout, il ne savait même pas qui était Allen. Non, c'était stupide, c'était une simple erreur. Et surtout, elle aurait choisi mieux pour faire cette erreur si jamais. Pour être honnête, elle avait même la lette, à la main de sa petite et fine écriture, elle l'avait plié délicatement et enfermé dans une enveloppe. En fait, même l'adresse et le timbre était déjà collé. Elle ne savait même pas s'il vivait toujours à cette adresse, elle ne savait même pas s'il allait la recevoir un jour, mais elle allait l'envoyer. En sortant du boulot, elle la déposerait dans la boite aux lettres juste à l'extérieur.

Voilà que des jours étaient passés, sans nouvelles. Il fallait s'en douter. Après tout, elle connaissait le jeune homme. Après tout, il était parti sans un mot, sans une lettre rien. Qu'en avait-il à faire de la brune ? Elle n'était qu'une parmi tant d'autres. Après tout, elle n'était que la meilleure amie de son meilleur ami. Stupide. C'était quoi cette idée de merde? se dit elle. Maintenant, elle en voulait à Jules de lui avoir dit ça. Certes, il n'y était pour rien, la décision, elle l'avait prise seule. «Je vais manger dehors. On se revoit à 14h pétantes» lança-t-elle à son allié d'article, d'un ton menaçant. Il pouvait être certain qu'à 14h01 elle l'appellerait s'il n'était pas là.
Elle attrapa son sac, retira la pince dans ses cheveux et dévala les escaliers, elle avait besoin de prendre l'air, de sortir, de respirer. Cette ambiance de travail était pesante. Elle sortit de l'établissement à toute vitesse. Aveuglée par le soleil, elle percuta un homme qui la rattrapa aussitôt. Stupide. Idiote. « Je suis vraiment désolée je... ALLEN ! mon dieu, je me suis fait une commotion cérébrale, ou je rêve. Non.. C'est bien toi ? » Demanda-t-elle en relevant les yeux vers l'homme qui la tenait encore dans ses bras. Bon sang ! Comment cela était-il possible ? Allen, était là, face à elle. Ou tout du moins, contre elle. Avait-il eu sa lettre ? Il était là pour ça ? Pour lui dire de ne plus jamais lui écrire. Non, il ne se serait pas déplacé pour si peu. Peut-être était-ce un fabuleux hasard ? Tellement de questions se bousculaient dans la tête de Nev. Elle ne perdit cependant pas une seconde avant de le serre contre elle à son tour. Si c'était la dernière fois qu'elle pouvait le faire, alors autant en profiter. « Qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait une éternité ! Qu'est-ce que tu deviens ? Comment tu vas ? Oh pardon... Je parle trop... Encore. Elle baissa la tête et s'écarta légèrement de son emprise. Après tout, il n'avait même pas eu le temps de répondre à sa première question qu'elle lui avait vidé l'intégralité de son cerveau.

La décision avait été rapide à prendre. Alix ne savait pas quelle était la raison de ta venue mais tu lui avais soufflé que c’était pour la voir jouer. De toute façon, c’était sa jumelle qui lui dirait, parce que c’est elle qui avait reçu la fameuse lettre de Nevaeh. Et elles ne se cachaient rien toutes les deux. Mais tu avais aussi envoyé un message à Freja pour lui dire que tu étais en ville, et à d’autres de tes amis pour les revoir. Aujourd’hui, à cette heure précise, tu te consacrais à la jeune Rutkowski. Il fallait que vous vous parliez. Et par lettre interposée, c’était impossible. Tu ne te voyais pas lui envoyer quelques mots, tu avais besoin de la voir. Surtout pour savoir si c’était vrai ou non. Peut être qu’elle se payait ta tête, mais tu n’en avais pas vraiment envie. Et puis, on le sait très bien, t’es pas très doué dans l’écriture de tes sentiments.

En arrivant à Bowen, tu scrutais par la vitre du bus les changements de la ville. Tu étais parti il y a  deux ans maintenant, forcément que des choses avaient changées. Mais tu y retrouvais toujours ce pourquoi tu aimes tant cette fille. Les paysages, les habitants, la plage, tes amis. C’étaient les raisons qui t’avaient fais aimé cet endroit. Et même qui t’y avais fais retourné à chaque fois. Bowen était si accueillante, si bienveillante. Et tu profitais de la voir défiler devant tes yeux, un sourire nostalgique sur le coin des lèvres.

En arrivant sur les lieux du travail de la brune, tu avais hésité un instant à entrer. De ce fait, tu avais allumé une cigarette en faisant les cent pas devant l’entrée. Et si elle n’était même pas là ? Tu n’y avais pas vraiment pensé, pour toi c’était logique. Alors que tu finissais ta clope, tu la jetais dans le cendrier pour finalement prendre ton courage à deux mais et faire ton entrée dans le bâtiment. Tu n’avais pas vraiment eu besoin de le faire, parce que quand tu voulais mettre un pieds a l’intérieur, une belle brune te rentrait dedans. Comme quoi, le hasard fait bien les choses. Alors qu’elle manquait de tombé, tu l’avais rattrapé et tu lui avais souris, une fois que tes yeux aient croisés les siens. « Parce que tu rêves de moi ? » demandais-tu avec ton air charmeur comme tu sais si bien le faire. Nevaeh te connaissait par coeur, et tu savais qu’elle allait se moquer de toi par la suite. Enfin tu t’en doutais. La jeune femme te serrait dans ses bras, pour savoir si tu étais réel ou non. Tu serrais donc son étreinte. Qu’est-ce que ça faisait du bien de la voir. « Je vois que tu parles toujours autant, ça ne change pas, ça » dis-tu avec un léger rire. « Ma petite sœur joue dans une soirée sur Bowen, cette semaine, elle m’a proposé de venir pour la voir jouer, alors j’me suis dis pourquoi pas » commenças-tu a expliquer a la brune. « Et puis, j’étais à Bangkok, c’est que 9 heures de vol c’est pas très loin » dis-tu avec un léger rire. Ok, c’était pas la porte à côté, mais tu te devais de venir. Après cette lettre, cette invitation de ta petite sœur, c’était une pierre deux coups. « Et puis, j’me suis dis qu’il fallait qu’on se parle, toi et moi » finis-tu par dire avec un léger sourire.

Nevaeh le savait d'avance, elle ne serait pas à l'heure pour reprendre son job. Et puis zut, elle n'était jamais absente, arrivait plus tôt que tout le monde et partait après les autres, elle pouvait bien louper une demi-journée de travail. Enfin, après tout, elle n'en savait rien, il passait peut-être juste lui faire un coucou. Ou même pas en fait, c'était peut-être juste un curieux hasard.
Et puis la plénitude avait envahi la brune. Son ami était là. Et même si ce n'était pas pour elle, elle pouvait au moins profiter de le voir un peu. C'était si rare les moments où il était là physiquement. " Bien évidemment Allen, tu ne quittes jamais mes rêves " dit-elle d'un ton si sarcastique que même les oiseaux avaient compris. Et puis elle tira la langue quand il fit allusion au fait qu'elle parlait beaucoup. Elle était nerveuse. Nerveuse, maladroite et gênée. Elle ne comprenait pas la situation, avait 1000 questions qui se bousculaient dans sa tête, mais pire encore, elle n'avait pas le contrôle de la situation et ça, Nevaeh en avait horreur.
Finalement, il lui annonça qu'il était là pour voir sa sœur et qu'il venait de Bangkok, il n'avait donc, probablement pas eu la lettre. Tant pis. Elle était à la fois déçue, mais aussi quelque part un peu soulagée. Elle ne savait pas ce que cela aurait pu changer entre eux. " Génial ! Mais t'aurais quand même pu prévenir que tu rentrais ! J'aurais pu me dégager un peu de temps pour qu'on puisse se voir. " Lança-t-elle en même temps que son poing dans l'épaule de son ami.
Le truc avec Allen, c'était qu'il était souvent trop plein de spontanéité, et que parfois, elle ne savait pas trop comment prendre les choses avec lui. " Bon, t'as bien une heure ou deux à me consacrer quand même ? " Elle trépignait d'impatience, mais surtout, elle avait faim ! D'ailleurs, son ventre se fit entendre comme s'il insista à sa place pour qu'Allen partage un repas avec elle.
Et puis le voile se leva, il lui dit qu'il fallait qu'ils discutent. Elle se balança d'un pied à l'autre et ses joues prirent une teinte rosée, immédiatement. " Qu'on parle de ? " Demanda-t-elle hasardeuse comme si elle ne savait pas de quoi il voulait parler. Et puis ses mimiques et son visage l'avait déjà trahi depuis longtemps. Sa gorge se noua et instantanément, elle regretta d'avoir envoyé cette lettre au brun. Il allait la remettre à sa place, doucement, gentiment, mais il allait le faire. Ce n'était pas ce genre d'homme et encore moins avec elle. Après tout, s'il avait dû se passer un truc, ça aurait été fait depuis longtemps. Et revoilà le moulin à vent. Elle était plantée là, à l'entrée de l'immeuble de son entreprise sur le point de prendre le vent le plus monumental de sa vie. Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Après tout, dans cette lettre elle parlait au passé non ? Alors pourquoi cette boule au ventre. A croire qu'elle ne l'avait jamais vraiment oublié cet idiot d'Allen et a en jugé par le bruit que faisait son cœur - d'ailleurs, la brune était presque sûre que le brun pouvait l'entendre de là où il était - ce n'était peut-être pas autant de l'histoire ancien qu'elle voulait bien le croire.

C’était avec un sourire sur les coin de tes lèvres que tu accueillais la brune dans tes bras. Tu avais longtemps pensé à ce moment pendant tes heures de vol. Puis surtout, tu avais lu et relu cette fichue lettre qu’elle t’avait envoyé. Enfin qu’Alana t’avait envoyé par la poste, à ton adresse à Bangkok. Tu lui faisais une blague, que tu faisais si bien avec elle, et que tu avais toujours fait. Ces blagues de charmeur, ces petites attentions drôles, tu ne pensais pas qu’elles auraient pu faire de l’effet sur la brune. « I knew it » dis-tu avec un sourire de vainqueur, avant de rire. Son ton sarcastique te faisait encore plus rire, on peut même dire qu’il t’avait manqué. Mais c’est pas vraiment pour ça que tu étais là, à la base. Quand elle te disait que tu aurai pu la prévenir de ta venue, tu ne pouvais t’empêcher de lâcher un rire un peu gêné, frottant ta barbe de trois jours avec ta main droite. « Ça aurai pas eu le même effet si j’aurai prévenu » dis-tu avec un sourire en coin. « Et puis j’ai prévenu des gens, quand j’suis sorti du bus tout à l’heure, j’voulais te faire la surprise » avouas-tu à la brune avec encore un sourire. C’est vrai que tu aurai pu lui dire que tu venais mais elle ne t’avait pas dis qu’elle allait t’envoyer une lettre te révélant qu’elle avait pu avoir des sentiments pour toi. Qu’elle avait des sentiments pour toi ? Tu ne savais pas vraiment où elle en était et puis tu étais parti il y a un moment. « Bien sûr, j’ai tout le temps que tu m’accordera » avouas-tu simplement. T’avais fui ce moment quelques jours avant de te décider à sauter dans un avion. Ta vie avait été compliqué au moment de partir de Bowen, ta mère malade était décédé et tu avais pris ton passeport pour partir à l’autre bout du monde. Canada, Brésil, Pérou, Japon, Singapour et puis Vietnam. Tu ne t’étais pas vraiment posé quelque part, parce que tu avais peur de réfléchir à tout ce qu’il venait de se passer dans ta vie. Andeana avait mit un terme à votre relation d’un point final, ta mère n’était plus de ce monde, déjà ça, c’était beaucoup. Tu la voyais innocente quand elle te demandait de quoi tu voulais parler. « Nev… j’ai reçu la lettre » soufflas-tu en reprenant un minimum de sérieux. Elle devait se dire que si tu étais à Bangkok tu ne l’avais pas reçu mais malheureusement, ou heureusement, pour elle, ta petite soeur te l’avais renvoyé à ton adresse du moment. « Depuis quand tu écris des lettres ? » demandas-tu pour détendre un peu l’atmosphère, avant de passer aux choses sérieuses.

En tout cas, la surprise avait été réussi puisqu’elle ne s’attendait vraiment pas à te voir en ville, à Bowen. Et tu n’avais pas prévu d’y foutre les pieds non plus. C’est elle qui t’a poussé à y aller, avec sa fichue lettre. Fichue lettre parce qu’elle t’avait retourné la tête. « Alors allons manger » dis-tu en lui faisant signe de te guider. Non pas que tu avais besoin d’un guide dans cette ville, mais tu la laissais choisir où elle voulait aller. Après tout, tu venais de bouleverser sa journée. Elle sortait son téléphone pour dire à son patron qu’elle ne reviendrait pas de la journée et tu attendais. « Tu me connais, chez moi c’est la pizza pour toujours » dis-tu avec un léger rire. T’aurai même pu aller dans ton propre snack mais non, c’était pas forcément une bonne idée. Quand tu lui évoquais la lettre, elle commençait à changer de sujet, te proposant d’en discuter plutôt au restaurant au lieu d’ici, devant son boulot. « Je reste la semaine et je repars après, à Bangkok ou à Singapour, je sais pas encore » dis-tu avec un léger sourire. Tu n’avais pas envie de partir mais ta vie n’était plus à Bowen désormais. Peut-être qu’un jour, tu y reposerai tes valises, il ne faut jamais dire jamais. Tu avais tellement fait d’aller-retour ici, les gens étaient habitués à ce que tu t’en ailles et que tu reviennes. « Ecoute, j’suis retourné à Naples, pour être au chevet de ma mère malade. Et puis… elle est décédée. Ça a tout chamboulé et j’suis partie faire ce que je fais de mieux. Voyager » dis-tu avec un léger sourire. Ce que tu savais faire de mieux c’était fuir. Mais bon, ça elle le savait déjà. « Et toi alors ? » demandas-tu à ton tour. Vous vous dirigiez vers un restaurant que tu connaissais qui était pas trop mal, que tu appréciais bien. C’était pas les meilleures pizzas de la terre mais c’était pas mal. Vous vous installiez à une table et tu pris place devant la brune. Quand elle passait commande pour une bière assez forte, ça te faisait rire. « La même chose s’il vous plaît » demandas-tu avec un léger rire. Le serveur s’en allait, il vous laissait avec les cartes sur la table pour que vous fassiez votre choix. Puis, c’est là qu’elle commençait à te sortir son monologue. Elle te parlait de sa rupture avec CJ, de ses choix un peu merdiques qu’elle a pu faire avec ça et tu écoutais tranquillement. T’avais pas le temps d’en placer une. En même temps, Nevaeh Rutkowski est la reine de la discussion. Quand elle te disait que vous étiez ami simplement, tu savais qu’elle pensait que tu allais lui foutre un vent. Alors tu posais une main sur la sienne, sur la table. Mais en voulant dire quelque chose, le serveur revenait avec vos bières. Il vous laissait encore un peu de temps pour choisir et tu pouvais enfin dire quelque chose. « Oui on est amis Nev, mais on est des amis qui ont couché ensemble. Déjà, c’est pas rien » avouas-tu avec un sourire en coin. « Mais pourquoi tu ne m’en as pas parlé avant, pourquoi t’as tout gardé pour toi ? Je sais que j’étais à fond sur Andeana, que j’vous ai soulé avec Alfie avec ça mais… » dis-tu en laissant ta phrase en suspens. Tu ne savais pas comment la terminer. Tu pris une inspiration avant de reprendre. « Mais qui te dit que c’était pas réciproque ? » demandas-tu à la brune.

Il restait une semaine, c'était long une semaine et à la fois très court. Elle serra un peu plus fort son bras autour de son ami, comme s'il venait de lui dire qu'il partait tout de suite. « Une semaine, ce n'est pas très long quand on sait que tu dois voir la moitié de la ville » Dit-elle en roulant des yeux. Évidemment, elle faisait référence aux nombreuses conquêtes de son ami, mais aussi à leurs amis en commun. À cet instant, elle aurait aimé qu'Alfie soit là aussi, qu'ils puissent partager une soirée ensemble tous les trois comme au bon vieux temps. Et puis elle l'écouta parler de son retour à Naples et du décès de sa mère. « Oh Allen, je n'étais pas au courant. Je suis vraiment désolée pour toi... Vraiment. » Il changea vite de sujet, comment lui en vouloir. Ça ne devait pas être simple de perdre sa maman. Plus Nevaeh y pensait plus elle se demandait comment elle aurait réagi à sa place. Peut-être de la même façon, elle serait retournée faire le tour du monde probablement. « Oh moi ? La vie, tu sais... » Le restaurant n'était pas si loin, ils y arrivèrent assez vite et c'était tant mieux. Même elle trépignait d'impatience à l'idée de lui parler de cette lettre. Après tout, il valait mieux en finir vite, au mieux, ils pourraient passer l'après-midi à boire des bières et a parler de leurs voyages.
Il se moquait d'elle quand elle commanda une bière, évidemment, il devait sentir le malaise qu'elle éprouvait parce que pour elle, c'était d'avance une déception qui allait mettre fin à ce repas. Cependant quand la main de l'italien se posa sur la sienne, les yeux de Nev firent des aller-retour entre ces mains devant eux et les yeux de son ami, comme si les regarder à plusieurs reprises ferait changer la disposition de leurs doigts. Et finalement, les mots du brun sortirent de sa bouche et venaient frapper la brune en plein cœur. Crac. Comment avait-elle pu passer à côté de ça ? Elle qui était en temps normal si fleur bleue mais parfois aussi tellement naïve que oui, une chose pareille aurait pu lui passer sous le nez sans qu'elle ne s'en rendent compte. Et même si ses yeux avaient roulés avec force quand il parla encore pour la 1000 fois de leur nuit ensemble, elle ne pu s'empêcher de sourire. « Tout simplement parce que j'en avais pas conscience et puis y'avait CJ, notre amitié tout ça, je veux dire. Comprends bien que si j'avais ouvert les yeux, je ne t'aurai pas laissé t'enticher de la première venue ! Et puis comment j'aurai pu savoir que c'était réciproque Allen. Ce n'était tellement pas l'image que tu donnais. » Elle secoua la tête à plusieurs reprises. « Enfin pas l'image d'une personne avec qui on pouvait avoir une relation stable. Et puis Andeana a changé ton petit cœur tout froid et moi bah » elle fit mine de vomir. Bien sûr qu'elle avait été jalouse de la jeune femme à l'époque, bien sûr qu'elle s'était caché derrière le fait qu'elle n'entendait que le nom de la jeune femme à longueur de temps. Qu'avec Alfie ils avaient même tourné ça a la dérision mais au fond, tout ce qu'elle avait fait, elle ne savait même pas pourquoi elle l'avait fait. « Ose me dire que tu m'as déjà vu autrement que l'amie avec qui tu as couché. Allen, ça n'a pas de sens. T'avais la moitié de la ville à tes pieds, pourquoi tu te serais arrêté sur moi, hein ? » Et pourtant, elle serra ses doigts entre ceux de son ami, comme s'ils avaient toujours eu une place privilégiée dans la main de l'un et l'autre. Un peu comme si les astres, c'étaient enfin alignés pour qu'il puisse enfin se retrouver au chaud l'un près de l'autre. « Come on, ne me fait pas croire une chose pareille, je n'aurais pas dû t'envoyer cette lettre. J'aurais dû me douter que tu te moquerai de moi. » Elle lâcha la main du brun et elle prit sa bière, la cogna doucement contre celle de son ami. Santé. lança-t-elle avant de boire une grande gorgé de son liquide doré. Comme si elle avait besoin de cette gorgée pour que la réalité soit plus simple à accepter.

C’est vrai que vu les gens que tu avais à voir en ville, une semaine pourrait paraître très court. Mais tu n’avais pas envie de t’éterniser, de peur de rester dans cette ville. Même si elle avait tout ce que tu aimais, cette petite ville perdue d’Australie. « Je sais, mais t’es la première personne que je vois » dis-tu avec un sourire en coin. Tu avais énormément d’ami dans ce coin, tu savais que tu allais être overbooké pour la semaine même si tu voulais prendre du temps pour toi et aller surfer. Tu avouais ensuite à la brune ce qui t’avait fait quitter la ville, et que tu n’étais pas revenu : le décès de ta maman. « Elle était très malade, j’en ai parlé à presque personne mais… c’est vrai que ça a accéléré mon départ de Bowen » avouas-tu avec un demi-sourire. Tu étais encore très touché par la disparition de ta maman, c’est pour ça que tu changeais rapidement de sujet, ne voulant pas t’éterniser là-dessus. C’est pourquoi tu retournais la question à Nevaeh qui laissa sa phrase en suspens. Rapidement, vous passiez la porte du restaurant et on vous installé à une table. Alors que vous vous asseyiez, tu commençais à parler des choses sérieuses. La véritable raison de ton passage en ville. Elle était cette raison là. Enfin, surtout la lettre qu’elle t’avait adressé. Tu lui confiais un bref instant que les choses entre vous auraient pu être plus simple, qu’elles auraient pu marché si vous vous étiez donné une chance. Et tu voyais le visage de ton amie se décomposer à tes mots. Tu attrapais sa main, posée sur la table, pour lui montrer que tu étais sincère dans tes propos. Ensuite, tu lui demandais pourquoi elle avait caché ça, pourquoi il avait fallut que tu l’apprennes dans une lettre. Quand elle parlait de CJ, ton visage se crispait, tu savais qu’il était au courant de votre brève relation et qu’il ne l’avait pas forcément bien pris mais il avait fait tout comme. « Je sais » soufflas-tu simplement. Quand à son tour elle mentionnait Andeana, et le fait qu’elle t’avait changé, tu lâchais un petit sourire. Alfie et Nevaeh s’amusaient constamment à te charrier là-dessus, d’ailleurs. Mais bon, tu savais qu’ils te soutenaient quoi qu’il arrive. Vous étiez des amis proches, tous les trois, et ils étaient toujours derrière toi quoi qu'il arrive. « Alors je te le dis » soufflas-tu simplement. Tu avais déjà imaginé ce que ta vie aurait pu être si tu étais avec elle, ça aurait été tellement plus facile. Même si elle n’était pas de tout repos, Nevaeh. « Parce qu’on se connait par coeur, Nev, voilà pourquoi ! Tu sais ce que j’aime, tu sais qui je suis. J’ai pas besoin de jouer un jeu avec toi. J’ai pas besoin de jouer les séducteurs, j’ai juste besoin d’être moi-même » dis-tu rapidement, pour te justifier. La main dans celle de la brune, tes doigts entrelacés aux siens. A ses mots, tu ressers tes doigts entre les siens. « Mais j’me moque pas de toi ! A quoi ça me servirait de faire ça ? » ajoutas-tu en guise de réponse avant de reprendre. Elle séparait vos mains pour prendre son verre et tu l’imitais, tête baissée. Tu trinquais avec elle, un petit sourire sur les lèvres avant de porter la boisson à ta bouche.

Le coeur de Nevaeh battait si fort qu'elle avait l'impression qu'il pouvait se décrocher de sa poitrine à tout moment. Elle sentait ses joues rouges et son sang circulait dans ses veines. Son cerveau était embrumé, comme si elle allait faire un malaise. Respire bécasse, il n'est pas en train de te demander en mariage ! Et puis tout ça, c'était du passé, ils parlaient d'une époque si lointaine que Nev en perdait la notion du temps. Elle n'avait qu'une envie, retourner à cette époque. Après tout, tout y était plus simple. Woody était bien moins malade, elle n'avait pas fait toutes ces erreurs dans sa vie et surtout, elle avait Allen à ses côtés. Elle se plaisait à croire que la vie aurait pu être si différente avec lui. Elle connaissait son ami, elle savait, il ne l'aurai pas fait tourner en bourrique comme l'avait fait CJ. « Stupide. On était si stupide, imagine la vie qu'on aurait mené hein ? » Soupira-t-elle, elle attrapa les deux mains de son ami, les serrant fort dans les siennes. Elle s'était un peu calmée, elle avait confiance en Allen, elle savait qu'il ne mentait pas. À quoi bon de toute façon ? « Mais ça n'aurait pas changé grande chose. Tu serais retourné chez toi, tu m'aurais brisé le cœur et ça ne te fait pas revenir à Bowen, aujourd'hui, pour autant » elle haussa les épaules mais elle n'avait pas lâché ses mains. « Je pense que tu me détesterais à cette heure. Notre amitié serait partie en fumée et on ne t'aurait juste jamais revu à Bowen.. » Elle fit un petit sourire triste. Après tout, elle était convaincue d'être devenue une mauvaise personne, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Si elle avait envoyé cette lettre à Allen, déjà, c'était parce qu'elle s'était trompée de pièce jointe, mais avant toute chose, c'était parce qu'elle était suivie par une psy formidable qui lui avait ouvert les yeux. Enfin, c'était merveilleux tout ça, mais, l'aîné des sœurs Rutkowski savait parfaitement que si elle demandait à son ami de rester, il ne voudrait pas. Toute sa vie était ailleurs et elle le comprenait. « Tu sais je.. euh.. Si tu ne sais pas où dormir cette semaine j'ai.. enfin, j'ai toujours une chambre d'amis » Lança-t-elle un peu au hasard tout en se grattant l'arrière de la nuque. Heureusement pour elle, le serveur venait montrer le bout de son nez. Nev soupira discrètement derrière son menu en espérant qu'il ne réalise pas vraiment ce qu'elle lui avait dit. Elle désigna la pizza au serveur du bout du doigt. Avec tout ces noms dans tous les sens, elle ne se risquait pas à essayer de prononcer un de ces mots, à coup sur le brun serait prit d'un fou rire rien qu'en entant son accent. Elle reporta son attention vers son ami, elle le connaissait, Allen, elle savait qu'il n'allait pas louper cette occasion. S'il devait choisir entre un hôtel ou une chambre dans la maison de son amie, a coup sur il choisirait la chambre d'ami. Et puis ça permettrait à Nev de voir un peu plus le brun pendant son séjour. Elle recevait rarement du monde chez elle alors, Allen était un invité de choix.

Tu ne savais pas vraiment comment dire les choses mais Nevaeh était quelqu’un d’important dans ta vie et tu voulais qu’elle le sache. A un moment donné, il se pourrait que tu ai eu des sentiments pour elle. Notamment ce soir là, un soir de St-Valentin où vous vous étiez retrouvés sous la pluie d’étoile à discuter de tout et de rien. Tu y avais pensé, à ce que tu vives une histoire avec la brune. Mais ça t’était échappé de l’esprit après, n’ayant pas le courage de lui dire. Finalement, cette lettre avait bien fait d’arriver jusque’à toi. « Oui, j’imagine, ça aurait pu être quelque chose de beau » dis-tu avec un sourire en coin. Même si ça aurait été super bizarre parce que vous êtes des amis proches. Mais vous auriez pu essayer pour voir. « Avec des si on pourrait refaire le monde, on ne le saura jamais. J’aurai eu une bonne raison de revenir à Bowen après le décès de ma mère » dis-tu en haussant les épaules, simplement. « Ça c’est faux, Nev, tu le sais. J’ai toujours de bonnes raison pour revenir à Bowen et tu en fera toujours parti quoi qu’il arrive. J’aurai détesté que notre amitié s’envole en éclat comme ça » ajoutas-tu en levant les yeux au ciel. Tu étais dans l’incertitude, dans ce moment où tu imaginais toutes les possibilités qu’il y aurait pu avoir. Une belle histoire ? Une famille ? Vous vous seriez détesté ? Tu ne peux pas le savoir, maintenant. C’était donc difficile de parler des choses potentielles qui auraient pu arriver si vous vous étiez mis en couple. Alors qu’elle te proposait de dormir chez elle cette semaine, le serveur arrivait avant que tu ne puisses lui répondre. Elle se cachait derrière son menu et tu esquissais un sourire. C’était du Nevaeh tout craché, ça ! Alors qu’elle commandait son plat, tu la regardais demander au serveur de lui apporter ce qu’il y avait sur la carte. Elle ne voulait pas prononcer un mot italien devant toi et ça te faisait sourire. Tu commandais à ton tour une calzone avant de donner ta carte au serveur et qu’il s’éloigne. « J’ai loué un air bnb pour la semaine, en bord de mer, ne t’en fais pas pour moi » dis-tu avec un sourire en coin avant de prendre ta bière pour en boire une gorgée. Tu la posais sur la table et tu lui adressais un autre sourire. « Mais ça n’empêche pas qu’on peut se voir même si je ne dors pas chez toi » ajoutas-tu avec ton sourire charmeur que tu sais bien faire.

Il était réconfortant, il était doux et gentil, mais elle était aussi réaliste par moment, elle savait qu'elle avait changé, qu'elle était devenue cette personne qu'elle-même détestait. Elle était sortie avec l'ex de sa meilleure amie, elle s'était disputée avec Woody comme une gamine, elle ne faisait plus attention à sa fratrie et elle se contenter de bosser à longueur de temps. « Tu es adorable Allen, mais j'ai beaucoup changé depuis que tu es parti. Depuis le départ d'Alfie et celui de CJ. J'ai beaucoup voyagé, je me suis enfermée dans le boulot et je suis revenue pour n'être que l'ombre de moi-même. » Elle haussa les épaules. Il s'était passé tant d'années depuis qu'il était rentré chez lui, tant de choses. Et même si leur amitié est probablement plus forte que cela, elle avait déjà du mal à se supporter elle-même, comment pouvait-il en faire autrement.

Elle avait décidé de vite changer de sujet, c'était plus simple après tout. Nevaeh n'avait même pas envie de parler de cette lettre à la base. Elle ne pensait pas qu'il la recevrait, encore moins qu'il serait là pour en parler. Même si elle n'était pas la raison de sa venue. La brune avait tout de même décidé de s'accaparer un peu son ami, d'où l'idée de lui proposer une chambre dans sa maison. Après tout, à l'origine, cette chambre était pour Alfie, quand il décidait de venir lui rendre visite, mais il ne l'avait pas fait souvent et puis, plus du tout.  « Oh, très bien, j'avais peur que tu sois SDF d'où ma proposition » lança-t-elle un peu déçue voilà pourquoi elle camoufla cela avec de la taquinerie. Et puis Allen était Allen et sa réponse n'aurait pas du étonné l'aîné des sœurs Rutkowski. « J'aurais dû m'en douter de celle-là » dit-elle en roulant des yeux. « But come on mi amor. Tu sais encore comment faire avec une femme qui a de vraies attente ? » Demanda-t-elle comme un petit air de défis. C'était plus pour lui rendre son petit clin d'œil que pour officiellement l'invité dans son lit. Heureusement pour elle, leurs plats venaient d'arriver et c'était tant mieux. Elle avait l'impression d'enchaîner les bourdes aujourd'hui. Elle se sentait comme une gamine, elle ne savait pas comme s'exprimer. Alors, après quelques bouchées de sa pizza, elle fixa son ami un instant. Elle allait dire un truc si énorme que même, elle, ne savait pas pourquoi elle allait dire ça. Elle allait se lancer dans une tirade dont elle seule connaissait le secret. Le genre de tirade ou les gens se demandaient parfois s'il lui arrivait de respirer. « Allen, je.. Je ne sais pas comment j'ai fait toutes ces années pour rien voir, je ne sais pas comment j'ai pu être autant dans le déni. Si je t'ai envoyé cette lettre c'est parce que je me suis dis qu'au point où on en était, ça pourrait pas être pire, que je n'avais rien a perdre. Et je ne sais pas si c'est l'euphorie du moment ou si c'est simplement le fait de te voir en sachant qui me rends comme ça mais.. Je » Badaboum, elle venait de basculer à force de se balancer sur sa chaise, elle venait de tomber comme elle seule, aussi, savait le faire. Elle n'était pas passée loin de la connerie. À croire que son cœur entier lui avait lui-même dit de ne pas continuer dans cette voie. Stupide idiote. C'était peut-être la bière qu'elle avait bue ou juste qu'ils avaient parlés de ça, ou le fait qu'il soit ici, les souvenirs qui remontent. Elle ne savait pas. Elle était juste là, allongée sur le sol et elle n'osait même pas se relever, comme si rester par terre lui retirait la honte qu'elle éprouvait à cet instant.

Elle avait raison, tu ne savais pas qui elle était après deux ans sans donné de nouvelles. Elle avait changé, surement, mais c’était toujours la même personne à tes yeux et ça, ça ne changerait pas. Elle t’expliquait que depuis sa rupture avec CJ, elle n’était que devenu l’ombre d’elle-même. « Il s’est passé quelque chose de si grave que ça ? » demandas-tu curieusement. Après tout, tu n’avais pas eu vent des exploits de la brune pendant ton deuxième tour du monde. Gentiment, elle t’avait proposé de t’héberger chez elle, dans sa chambre d’ami mais tu avais déjà anticipé les choses en réservant un appartement pour la semaine. Tu en voulais pas la déranger et puis tu ne voulais surtout pas débarquer comme un fleur, sans plan pour dormir. « Ne t’en fais pas pour moi » dis-tu avec un sourire en coin. Tu récupérais ta bière pour la porter à tes lèvres. Quand elle roulait des yeux à ta phrase de séducteur, tu ne pouvais t’empêcher de rire. Elle s’y attendait, elle le savait. « Tu me connais par coeur » dis-tu en riant toujours, posant une main sur ton torse. Elle reprenait rapidement en te challengeant du regard et tu pris une mine faussement offusquée. « Toutes mes partenaires ont été plus que satisfaites, madame Rutkowski et toi aussi j’te rappelle ! » dis-tu toujours avec la même tête. Puis tu riais pendant que le serveur vous emmenait les pizzas que vous aviez commandé. Après quelque bouchées, la jeune femme commençait à faire un petit monologue. Tu l’écoutais tendrement jusqu’au moment où sa phrase se coupait parce qu’elle tombait à la renverse sur sa chaise. Pendant l’espace de deux secondes, tu ne pouvais pas t’empêcher de rire avant de te lever et d’aller vers elle pour l’aider à se relever. « Tu t’es pas fais mal ? » demandas-tu à la jeune femme en reprenant un peu de sérieux. Tu étais à genou à côté d’elle et tu voyais que tout le restaurant s’était retourné devant vous, surement à cause du bruit de la chute de ton amie. « Tu voulais attirer toute l’attention sur toi, c’est ça ? » demandas-tu avec un sourire en coin.

« Garde juste en tête que j'ai plus trop l'impression d'être moi-même ces derniers temps » elle haussa les épaules, c'était compliqué à expliquer et pourtant, elle était sûre qu'il pouvait comprendre, mais elle n'avait pas vraiment non plus envie de s'étaler sur le sujet. Elle avait fait beaucoup d'erreurs et elle ne se reconnaissait pas vraiment elle-même. Elle prit une gorgée de sa bière pour mettre fin à cette discussion-là, elle n'avait pas non plus envie qu'il la voit comme étant la dépressive de service parce que même si elle n'avait pas toujours fait les bons choix, Nevaeh était l'optimisme né et cette image-là, elle n'était pas prête à y renoncer.
Elle le regarda tendrement quand il lui dit qu'elle le connaissait par cœur. Oui, à une époque, elle le connaissait si bien, oui à une époque, elle savait anticipée le moindre de ces mouvements, mais, ça faisait longtemps qu'il ne se voyait plus. Pourtant, elle ne put s'empêcher de pouffer de rire quand encore une fois, il faisait référence à cette nuit. « Excuse-moi, c'était peut-être y'a trop longtemps, je ne m'en souviens pas. » Elle savait parfaitement qu'il allait réagir à sa phrase, mais les pizzas arrivaient et ces choses-là, ça se mangeait chaud. Il fallait dire que Nevaeh adorait être elle, elle s'aimait et elle avait confiance en elle-même si ces temps-ci étaient difficiles, elle savait que ce n'était que passager, encore fallait-il avancer maintenant. Et cela voulait aussi dire se replonger dans les moments pas toujours très cool de sa vie ou ces échecs qu'elle n'a jamais très bien vécu comme sa relation avec Allen par exemple. Et puis tout se passait très vite dans sa tête, avant qu'elle ne s'en rende compte elle était allongée par terre et Allen était à côté d'elle. « Tu me connais, tu sais que j'adore attirer l'attention ! Vas-y moque toi, je n'ai rien de cassé, je crois. » La brune secoua la tête et donna un petit coup dans l'épaule de son ami. Après quoi, elle referma sa main sur son épaule pour s'en servir pour se redresser. La sœur Rutkowski se disait qu'elle serait bien rester un peu plus longtemps au sol histoire d'attendre un peu que tout le monde l'oublie. Le karma, se pensa-t-elle, elle qui allait dire une bêtise si énorme.

Visiblement, elle n’avait pas envie de parler de ce qu’il lui était arrivé il y a quelques mois. Ça semblait être un sujet tabou, surtout quand elle mentionnait avoir été l’ombre d’elle-même. Alors tu n’insistais pas même si tu t’inquiétais pour ton amie. Elle semblait être très touchée. Tu faisais une petite vanne sur votre histoire d’un soir, histoire de la faire rire et ça marchait plutôt bien. D’ailleurs, elle te renvoyait un pic là-dessus. C’était bien votre relation ça. : des chamailleries à longueur de temps. « Oui, bien sûr, tu vas me faire croire que tu as oublié cette nuit géniale » dis-tu en levant les yeux au ciel à ton tour avant de rire. Tu te doutais bien qu’elle avait oublié, puisque tu n’étais plus là pour la lui rappeler à longueur de journée. Tu t’amusais à lui répéter pour faire des blagues là-dessus, c’était un petit jeu entre vous. Mais tu n’avais jamais pensé qu’elle avait plus de sentiments que ça. Ce n’était peut-être pas lors de cette coucherie, mais plutôt après. Puisque vous aviez mis les points sur les i en affirmant votre amitié. Et puis, tu étais toujours aussi éperdument amoureux d’Andeana, c’était un moment d’égarement. Mais en creusant plus loin, on pourrait aussi dire que c’était parce qu’elle te faisait de l’effet, la Rutkowski. Alors qu’elle était entrain de parler, la brune tombait à la renverse de sa chaise et tu laissais échapper un rire. Mais tu allais quand même voir si elle ne s’était pas fait mal. « Je vois ça » soufflas-tu toujours en riant. Tu la laissais s’agripper à toi pour se relever et se remettre sur ses deux pieds. Une fois que c’était le cas, elle prenait la chaise pour s’assoir et tu repartais sur la tienne. « Je te laisse finir ce que tu avais à dire » dis-tu avec un sourire en coin. Elle était prête à te confier quelque chose mais n’avait pas eu le temps de finir, et pendant son discours ton coeur battait à la chamade. Tu avais besoin de savoir quels étaient les mots qui suivaient.