hot - you just have to go with the waves (malias)

Tu as passé ta journée complètement déconcentré à ne faire que penser à ton rendez-vous de ce soir. Parce que c’est bien un rendez-vous non ? Tu te demandes si tu ne te fais pas trop d’idées. Tu n’as fait que voguer entre la joie et l’inquiétude depuis que tu as parlé à Elias hier, juste avant de t’endormir. Heureusement, tu n’avais pas une grosse journée de manipulation de prévue au laboratoire, sinon tu es certains que tu aurais eu tout à refaire, voir même que tu aurais cassé quelques fioles. Tu as passé une partie de la journée à exploiter tes résultats, sans vraiment avancer, le regard perdu sur ton écran d’ordinateur, à surveiller l’heure constamment. Tu n’as pas rien fait non plus, mais tu as connu plus productive comme journée. A 17h, tu attrapes ton sac et tu quittes le laboratoire pour faire un crochet par chez toi, te changer et récupérer des affaires. Cela fait un moment que tu n’es pas allé surfer. Tu n’es pas le genre d’australien qui passe sa journée à la plage, en train de surfer sur les vagues. Toi tu aimes bien y aller mais surtout pour jouer et composer tranquillement dans un coin. En plus là vous avez prévu de faire du kitesurf, si les conditions le permettent, une première pour tous les deux. En arrivant sur place, un peu avance car trop impatient, même si stressé, tu envoies un message à Elias pour indiquer ta position, devant un loueur de surf. Tu en envoies un deuxième, précisant le nom du loueur, parce qu’il n’est pas le seul à border la plage.

Cela faisait quelques jours maintenant que j’étais tombé sur le profil BBT de Manny, et peut-être pouvais-je même compter en semaine. Et depuis tous ce temps, je ne pouvais m’empêcher de penser à lui en souriant. Ce mec me faisait du bien. Pour de vrai. Je trouvais apaisant d’être en sa compagnie, comme je le lui avais dis la veille, au téléphone. Il avait le don de me communiquer un calme qui était rare chez moi. Il savait mettre un couvercle sur cette colère qui m’habitait toujours, depuis des années, et l’empêcher d’exploser.
Je quittai le chantier du jour aux alentours des 16h45, le temps pour moi de passer à la coloc, pour prendre mes affaires de surf et me poser un peu. 18h approchant, je pris le chemin de la plage et reçus, à ce moment-là, un sms de Manny m’indiquant le loueur qu’il avait choisi pour notre session de kitesurf. Je ne tardai donc pas à le rejoindre, un grand sourire accroché aux lèvres.
— Alors ? T’es prêt ? fis-je en arrivant vers lui.

Tu ne restas pas seul bien longtemps, Elias arrivant quelques instants après que tu lui ais envoyé ton sms. Tu étais content de le voir, tu lui souriais aussi. « Oui, j’ai hâte ! » Tu es du genre plutôt aventureux, tu aimes bien tester de nouvelles choses, te découvrir des passions que tu abandonnes dans la foulée. Un peu comme en amour, tu ne restes pas longtemps sur la même chose, tu craques et l’instant d’après te voilà parti sur une nouvelle activité. Ton côté timide empêche les gens de voir cette partie de toi, qui reste toujours en retrait par rapport à ta timidité qui elle, ne part jamais. Et même si tu n’es pas un grand fan de surf, tu as hâte de tester le kitesurf et tu te dis que ça sera peut-être l’occasion pour toi de te détendre en la présence d’Elias, d’être concentré sur autre chose que sur lui pour te laisser un peu plus aller et être vraiment toi-même. « On n’est pas obligé d’aller là...je sais pas quel loueur est le mieux. » Quand tu dois louer un surf, tu as toujours des amis plus expérimentés que toi qui ont leurs habitudes dans l’un ou l’autre des loueurs.

Si de prime abord, Manny et moi étions différents, nous avions ce point commun d’être curieux de tout. J’aimais découvrir de nouvelles choses et mon attrait pour l’élément eau me dirigeait souvent vers ce genre d’activité. C’était même étonnant que je n’ai jamais essayé le kitesurf. J’étais néanmoins heureux de pouvoir le faire aujourd’hui avec Manny. Nous nous étions vu chez lui, à chaque fois, cette sortie en pleine air changé un peu et puis…la perspective de retrouver le jeune homme trempé après la kite, en combi et essoufflé par l’effort ne me déplaisait pas le moins du monde.
— Ici c’est très bien, validai-je quand Manny évoqua le loueur.
Il y en avait plein sur la plage, et au fond, ils se valaient tous. J’avançai pour demander un moniteur et un équipement. On nous octroya une jeune femme, Rosie, qui nous expliqua comment manier la voile et qui nous arnacha suffisamment pour qu’on puisse pratiquer en toute sécurité. Elle nous montra comme fléchir les genoux, comme diriger le kite et après quinze minutes sur le sable, nous pûmes enfin nous engager sur l’eau. J’étais prêt à me laisser porter par les sensations, mais, en réalité, c’était bien plus difficile qu’il n’y paraissait, même pour quelqu’un qui, comme moi, était habitué au surf classique. Cela n’avait strictement rien à voir. Après plusieurs gamelles dans l’eau, je me posai sur le sable, rejoignant Manny, m’étendant sur le dos, près de lui.
— Putain, c’est chaud ! Tu m’étonnes que les kitesurfeurs ont des abdos en béton…ça tire de ouf ! fis-je en mettant ma main au niveau de mon ventre.
J’aurais des courbatures le lendemain, à coup sûr.

Elias approuva le choix du loueur et vous voilà partis pour votre première expérience de kitesurf. Une monitrice vous expliqua comment faire, les gestes et tout ce qu’il faut savoir. Tu essayais d’écouter au mieux pour retenir les instructions à mettre en application plus tard mais tu as toujours une attention fluctuante, surtout lorsqu’il s’agit seulement d’écouter. En plus avec Elias à côté de toi, tu penses à tout un tas d’autres choses que du kitesurf. Une fois les explications terminées, il fut temps pour vous de vous lancer dans les vagues. Vous ne en sortiez pas trop mal mais forcément vous êtes tombés plusieurs fois. Tu essayais de penser au maximum au kitesurf pour ne pas être trop déconcentré et tomber toutes les trente secondes. Parfois tu jetais des coups d’œil vers Elias pour voir comment il s’en sortait et juste pour le voir aussi, mais à chaque fois ça te déconcentrait et tu finissais par tomber dans l’eau. Mais ça te faisait rire, t’étais bien là à essayer de dompter les vagues sans trop y arriver. Au bout d’un moment, tu rejoignis la plage pour faire une petite pause, essoufflé par l’effort. Tu t’allongeas dans le sable et le jeune homme vint te rejoindre. « Oui, ça a l’air si simple quand ils en font. » répondis-tu le regard fixé vers le ciel. Pourtant on ne peut pas dire que vous soyez pas musclés mais entre la musculation et le kitesurf, il y a quand même une petite différence. « Mais peut-être qu’en maîtrisant mieux, ça tire moins. » Comme vous débutez vous avez peut-être plus besoin de compenser votre manque d’expérience par vos muscles.

Le Kitesurf, c’était physique, on ne pouvait plus en douter. Cela n’avait rien à voir avec le surf classique, qui demandait un coup de main lui aussi. Et si j’étais loin de maitriser ce sport après une séance, cela m’avait donner envie d’en faire plus. Je n’étais pas du genre à lâcher prise après une séance, aussi bancale est-elle pu être. Au contraire, j’aimais persévérer. Plissant les yeux pour regarder Manny, aveugler par le soleil et l’eau salé qui tombait sur mes cils, je souris.
— On y arriva ! assurai-je, encore essoufflé par l’effort.
Je me redressai sur les coudes et observai l’horizon un instant. Je n’avais pas compté les minutes depuis que nous étions dans l’eau mais le ciel commençait à se coloré d’orangé et de rose. J’adorais ce moment de la journée, encore plus quand je pouvais le passer dehors, en bonne compagnie. La combinaison me collant à la peau, j’enlevai le haut savourant l’air frais sur ma peau. Après un instant, je me relevai complètement et tandis la main à Manny.
— Viens, il faut qu’on plie les voiles.
Je l’aidais à se redressai puis m’avançant vers ma voile pour dégonfler le boudin et la plier. Jetant un oeil à Manny, je ne pus empêcher un sourire malicieux de se peindre sur mon visage.
— Manny ?
J’attendis qu’il relève le visage vers moi, mon sourire s’élargissant de plus belle.
— T’es canon.

Tu retenteras peut-être l’expérience du kitesurf plus tard, pourquoi pas, surtout si Elias te le propose, tu ne pourras pas lui dire non. Tu devrais peut-être faire un peu plus de surf aussi, tel un véritable australien. Tu pourrais apprendre à aimer ça. Mais tu ne vois pas trop où tu pourrais caler tout ça sans mettre un peu la musique de côté et ça c’est inimaginable pour toi. Le soleil commençait à se coucher, tu aimes bien ce moment, tu trouves ça beau, en général ça t’inspire des chansons plus mélancoliques que celles que tu peux composer en journée, lorsque le soleil est encore haut dans le ciel. Tu te redresses un peu, pour regarder avec Elias l’horizon avant qu’il ne parle de ranger votre matériel. Tu hoches la tête, attrapant sa main avec un sourire timide pour te relever. Il en profite pour retirer le haut de sa combinaison et tu détournes rapidement le regard pour revenir à ton kitesurf. C’est une chose de le voir nu chez toi, s’en est une autre avec des gens autour qui pourraient deviner que tu n’es pas indifférent à son charme. Tu te concentres sur ton pliage de voile, essayant de te souvenir des instructions de la monitrice. Concentré sur ta tâche, tu entends à peine Elias t’appeler. Tu relèves la tête puis tu souris devant son compliment. Tu es toujours gêné par les choses qu’il peut te dire. « Merci...toi aussi. » réponds-tu timidement. Tu dois retourner à ton pliage qui ne ressemble pas vraiment à celui qu’a fait votre monitrice en vous l’expliquant. « Ça ressemble à rien. » dis-tu d’un air triste.

Manny n’était pas encore tout à fait à l’aise avec mes compliments, mais il les acceptait, c’était déjà une étape de franchie. Un sourire aux lèvres, je continue de replier ma toile, essayant tant bien que mal de me rappeler des instructions de la monitrice. Manny et moi arrivons à un resultat assez approximatif, mais je décrète que cela fera l’affaire.
— Ca ira, je pense. On n’est pas encore des pros, fis-je de bonne humeur.
Le sport avait tendance à me détendre, à canaliser mon énergie débordante - et parfois destructrice -, à cela s’ajoutant la compagnie de Manny, je passais un agréable moment. Je me débarrassai complètement ma combi, me retrouvant en short de bain, et la rangeai dans mon sac étanche, me faisant un mémo mental pour ne pas oublier de l’étendre sur le balcon en rentrant. Puis, Manny et moi primes le parti de marcher un peu sur la plage, bercés par le bruit des vagues et la lumières rosée du soleil couchant. Je jetai un oeil vers lui. Avec ses cheveux mouillé et l’eau encore dégoulinante sur son torse musclé, je le trouvai plus sexy que jamais.
— On se pose là, deux secondes ?demandai-je.
L’endroit n’était pas désert, il y avait encore du monde sur Horsesshoe bay à cette heure-ci, mais le coin que j’avais désigné était relativement calme. Et j’avais besoin de ça, d’un peu de tranquillité avec lui. Je m’assaillai donc à même le sable, les yeux rivés sur l’horizon, laissant Manny prendre place à côté de moi, puis, n’y résistant pas, je me penchai pour embrasser son cou et récolter, au passage, quelques goutes d’eau salée sur sa peau.

Elias non plus ne s’en sortait pas parfaitement avec sa voile, ça te rassurait un peu de ne pas être le seul à avoir du mal à tout bien ranger et à ne arriver au même résultat que votre instructrice. Tu souris avant que vous ne partiez en directement de la location pour rendre votre matériel. Tu en profitas pour retirer ta combinaison et te retrouver, comme ton comparse, en maillot de bain. Vous continuez ensuite à marcher sur la plage tous les deux, alors que le soleil continuait à descendre dans le ciel, plutôt romantique comme moment. Enfin dans l’idée, parce que toi tu n’arrives pas vraiment à te concentrer pleinement sur l’instant, ayant un million de choses qui traversent ton esprit. Ton regard se perd dans les vagues, par moment tu te demandes s’il est toujours à côté de toi. Tu es souvent dans ta bulle, tu oublies le monde autour de toi alors il n’est pas rare que tu n’entendes pas les gens te parler, les agaçant par la même occasion. Tu n’entends pas Elias te demander si tu as envie de t’asseoir avec lui, tu réagis seulement lorsque tu le sens s’asseoir. Tu hoches la tête en venant te mettre à côté de lui, dans le sable. Vous êtes dans le genre de coin où tu aimes bien jouer de la guitare, un peu à l’écart du reste, tranquille. Tu te demandes si tu n’es pas déjà venu là d’ailleurs, mais tu ne retiens pas vraiment les endroits où tu vas pour jouer, tu te balades au feeling et quand tu te retrouves dans un coin sympa, tu t’arrêtes. Tu te sens apaisé après la séance de kitesurf qui t’a vidé d’une partie de ton énergie. Tu ne dis rien, fixant les vagues de l’océan et le soleil qui n’est plus perceptible, laissant seulement des traînées de couleurs dans le ciel. Tu sens la bouche d’Elias dans ton cou, surpris tu ne peux t’empêcher de rire. « Désolé...ça m’a chatouillé. » expliques-tu en te mordant la lèvre. « Mais j’aime bien quand même. » ajoutes-tu, pour ne pas qu’il pense que tu aimes pas. Tu attrapes sa main pour venir la glisser dans la tienne, sur le sable.

L’air était chargé d’iode et avait tendance à m’apaiser. C’était agréable. Ce moment de la journée figurait parmi mes préférés et le partager avec Manny avait quelque chose de particulier. Je ne m’étais pas vraiment poser la question de si ce rendez-vous était un date ou non, j’avais simplement eu envie de le voir, de partager quelque chose, en l’occurence le kitesurf, avec lui. Assis face au coucher de soleil, le moment était doux. Je me penchai pour embrasser la nuque de Manny et sa réaction me fit rire.
— Pardon, dis-je en riant. Mais si t’aime bien, ça va alors…
Je le gratifiai d’un sourire taquin, avant venir retrouver son cou, déposant un baiser plus délicat cette fois, je migrai sur son épaule pour aspirer quelques gouttelettes d’eau de mer.
— T’étais magnifique, tous à l’heure, dans l’eau…j’aimerais que tu sois comme ça tout le temps avec moi.
Autrement dit, lui-même, complètement lui-même. Sans contrôle. Je déposai un baiser sur son épaule, le regard tombant sur la mer.
— Et c’est dommage que t’ai pas pris ta guitare, regarde-moi ce spot de fou…

Tu te sentais plus à l’aise que les autres fois, tu sentais que peu à peu, tu te sentais mieux, moins stressé, moins gêné. Tu n’arrives pas totalement à être celui que tu pourrais être avec tes amis les plus proches, mais tu n’es plus le type apeuré au moindre regard qui n’arrive pas à aligner deux mots. Ta confiance en toi s’étoffe un peu, tu es un peu fier d’avoir un peu surmonté ta timidité. Tu ne sais pas si ça durera, si ça ira encore mieux ensuite, s’il y aura une suite même ou si avec d’autres personnes tu seras comme avant ou si tu gagnes en confiance globalement et pas seulement en présence d’Elias. Même si ces baisers te chatouillaient par moments, tu aimais bien. Il te parla de ta manière d’être lorsque vous faisiez du kitesurf, de ce moment où tu étais bien, où tu riais sans vraiment te préoccuper du reste. « J’aimerais bien aussi...mais...je choisis pas trop. » expliquas-tu maladroitement. Si ça ne tenait qu’à toi tu serais un type confiant, le genre qui a plein d’amis, qui est le centre de l’attention dès qu’il va quelque part. Mais ça ne se décide pas comme ça, tu ne peux pas te lever un matin et te dire : aujourd’hui je suis hyper confiant en moi, je vais pas stresser dès que je vais parler à quelqu’un et je serai un type trop stylé. Mais il y a du mieux, tu arrives à juste te sentir bien lorsqu’il te fait des baisers dans le cou et pas complètement stressé comme ça a pu être le cas la première fois. Tu en profites pour lui caresser la main, avant de lui répondre « Oui, c’est vrai. Mais ça aurait été compliqué avec le kitesurf. » Hors de question pour toi de la laisser dans un coin, tu serai bien trop stressé à l’idée qu’on te la vole ou qu’il lui arrive malheur. « Une prochaine fois. » oses-tu dire, avec un sourire.

Le chemin vers la confiance en soi était long et semer d’embuches qu’on plaçait parfois soi-même sur notre route, et au fond, ce chemin là n’avait jamais vraiment de fin. C’était l’histoire d’une vie. D’ailleurs, les apparences étaient parfois trompeuses. Si je parlais fort, que je paraissais à l’aise la plupart du temps, cela n’enlevai pas mes faiblesses. Si je n’avais jamais continué mes études d’ingénieur, c’était justement par manque de confiance, parce que je ne m’en pensais pas capable…mais ça c’était une facette de moi que je ne montrais que rarement. Mes failles, je les gardai au fond de moi, enfouis sous quelques couches épaisses qu’il était plus facile de montrer.
— Ca viendra, dis-je à Manny en lui souriant.
J’étais persuadé qu’il finirait par s’ouvrir doucement à moi, peu à peu, sans se brusquer. Et j’étais prêt à attendre, parce que j’étais persuadé qu’il avait un trésor en lui. Un trésor qui ne demandait qu’à être découvert.
Face au coucher de soleil et à ce moment doux, je confiai à Manny qu’il aurait été idéal de sortir sa guitare et de jouer un morceau.
— Une prochaine fois, t’as raison.
Ma bouche touche posé sur son épaule, je levai le regard pour observer son visage, et la sérénité qui semblait le gagner. Ce moment était simple et pourtant, il me rendait heureux. Comme un petit morceau d’éternité.
— Ca te dit de sortir ce soir ? En boite, je veux dire…Adam & Yves, tu connais ?

C’est vrai que si tu avais eu ta guitare, là, tu aurais bien joué un morceau. Enfin, c’est à peu près vrai peu importe où tu te trouves. Tu aimes jouer, tous les jours. Surtout chez toi et à la plage mais tu aimes aussi les repet’ avec le groupe, les concerts aussi où tu te lâches complètement et où ta timidité reste loin derrière. Il n’est pas rare de te croiser avec un instrument dans le dos tellement tu te trimballes souvent avec. Mais tu n’as rien pris pour cette fois, parce que vous aviez prévu une activité qui ne t’aurait pas permis de garder un œil sur ton instrument, ce qui est inconcevable pour toi. Tu tiens bien trop à tes guitares et tes basses pour les quitter des yeux, tu les bichonnes. Mais là tu n’as pas besoin de jouer pour te sentir bien, tu peux juste profiter de ce moment avec Elias, le bruit des vagues en fond et le coucher de soleil pour vous accompagner. Il te propose de sortir en boîte, avec lui tu supposes et évoque le Adam & Yves. « Oui...mais je sors pas beaucoup en boîte. » Tu as bossé à celle qui se trouve près de la plage pendant tes études, avant de partir pour le Chiki Boom alors tu la connais bien. Pour autant tu n’es pas un client régulier, loin de là. Tu n’es pas très bon danseur, ni très avenant alors quand tu y vas, c’est parce que des amis proposent et que tu ne dis pas non mais souvent tu restes un peu dans ton coin, à écouter la musique qui ne te plaît pas plus que ça.

J’ai conscience que c’est une étape, sortir en boite, se montrer ensemble, même si nous n’avons encore posé aucune étiquette sur notre relation, ce n’est pas anodin. Du moins, cela implique d’être à l’aise avec l’idée. Je connais le caractère timide et discret de Manny et je n’ai pas envie de lui imposer ça, s’il n’en a pas envie. Ce qui m’importe surtout, c’est de passer une soirée agréable avec lui. J’avais envie de changer, de le voir en dehors des murs de son appartement, mais au fond…je m’en fichais bien, tant que j’étais avec lui, tout m’allait.
— On n’est pas obligé de sortir si t’en as pas envie, si c’est pas ton truc, je comprends. On peut faire autre chose, proposai-je. T’as envie de quoi ?
J’avais envie qu’il se sente à l’aise surtout, qu’il soit en confiance total. Sortir en boite ou non, au fond, ça n’était pas tellement la question.

Voir Elias en dehors du confort de ton petit appartement te fait un peu flipper. Pas parce que tu serais mal à l’aise avec lui en public, il te faudrait sans doute un petit temps d’adaptation mais ça irait. Non, plutôt parce que tu as peur qu’il te laisse pour aller vers quelqu’un de plus intéressant. Lorsqu’il est venu chez toi, tu avais moins de concurrence directe. Tu avais tout de même peur qu’il parte d’un moment à l’autre, parce que tu l’ennuyais ou parce qu’un type moins timide que toi lui aurait envoyé un sms pour passer la soirée avec lui. Si vous allez en boîte tu es sûr que tu finiras tout seul dans un coin et que lui s’amusera bien avec un autre gars. Mais tu ne lui dis pas, parce que tu n’as pas envie qu’il s’imagine que tu ne peux pas te passer de lui ou des trucs du genre. « Si j’aime bien sortir. » Tu ne restes pas tout le temps chez toi, tu aimes bien faire la fête avec tes amis mais là c’est différent. « J’ai envie qu’on soit tous les deux. » Tu ne sais pas où, ni pour faire quoi, même si ça tu as bien des idées, mais tu as juste envie d’être avec lui et qu’il n’y ait personne pour te le voler.