little sister knows best (enzo)

À peine rentrée de voyage de noces, la réalité venait me péter à la figure. J’avais passé la matinée à la boutique où la clim’ avait décidée de me lâcher, en plein mois de Mars où, en Australie, les températures extérieures étaient intenables. J’avais tenu jusqu’à 10h30 avant de capituler, mon magasin souffrirait aujourd’hui d’une fermeture exceptionnelle, tant pis. Je n’attendais aucune livraison, aucun client ne devait passé récupéré sa commande aujourd’hui, et avec cette chaleur les passants étaient, de toute manière, moins nombreux. Inutile donc de m’infliger un calvaire. Je fermai donc la brocante et, à la place de prendre le chemin de chez moi, j’empruntai plutôt celui du centre ville, à deux pas de la boutique. Enzo était probablement chez lui à cette heure-ci, je savais qu’il travaillait de nuit et ses matinées lui servaient parfois à rattraper son manque de sommeil. Possédant encore les clefs de l’appartement, que j’avais partagé avec mon jumeau jusqu’à ce que j’emménage avec Livio, je n’encombrais pas avec la sonnette et grimpai directement les escaliers. Quand je passai le pas de la porte, je compris de suite qu’Enzo n’était pas seul. Des vêtements éparpillés sur le sol indiquaient le chemin vers la chambre de mon frère, comme les bouts de pain du Petit Poucet, en légèrement moins mignons cela dit. Un sourire amusé barrant mon visage, je claquai la porte d’entrée plus fort qu’il n’était nécéssaire, puis me dirigeait vers la chambre, d’un pas lourd, pour que personne ne loupe mon arrivé. J’ouvris la porte à la volée, et me parant de mon meilleur jeu d’actrice, je lançais :
— Comment oses-tu me faire ça Lorenzo ! À MOI ??!
Mon frère et sa conquête de la vieille sursautèrent d’un seul coup dans le lit et je dus déployer des trésors de concentration pour ne pas rire. Je cassai ma voix, exprès, comme si j’étais sur le point de pleurer.
— Tu m’as dit HIER que tu m’aimais et…tu me fais ça…
Mon jumeau comprit mon manège très vite et me lança un regard sur lequel je ne m’attardai pas, sans quoi je me sentais capable d’exploser de rire et ça n’était pas le but de la manoeuvre. La fille me regardait avec des yeux écarquillée, comme un lapin prit dans les phares d’une voiture. Elle m’y un temps à réagir avant de s’excuser platement et de disparaitre, récupérant maladroitement ses vêtements sur le sol. Elle fut étonnement rapidement pour une nana à moitié à poil réveillé en trombe par une folle sortie de nulle part. Quand la porte fut claquée, je lançai un regard de biais à mon jumeau, souriant victorieusement.
— J’ai pas menti, dis-je espiègle, tu m’as dis que tu m’aimais dans ton sms hier
Je pouffai doucement, puis m’éloignai de la chambre pour prendre la direction de la cuisine.
— Je prépare du café, lançai-je assez fort pour qu’il m’entende.
Dans le placard, j’attrapai la cafetière moka, et commençai à remplir le petit réceptacle de café moulu.

@lorenzo luciano