your smile's forever in my mind and memory (fauve)

Ces derniers jours avaient été éprouvants. Tu avais été admis à l’hôpital un certain temps, car tes poumons commençaient à lâcher et ne pas fonctionner correctement. Après une semaine de traitement intensive, tu avais pu sortir de cet endroit qui te fou la chair de poule. Mais tu savais que ça commençait comme ça, et ça finissait dans un cercueil quelques mois plus tard. En essayant de ne pas penser à ça, tu avais pris un congés au boulot, historie de profiter et de faire ce que tu voulais. Mais il fallait que tu ai les pieds sur terre. Mais aussi il fallait que tu préviennes ta soeur jumelle et ça, c’était pas une mince affaire. Il y avait déjà beaucoup de choses dont elle devait s’inquiéter. Faire le deuil de son bébé pas encore né, c’était déjà quelque chose et tu ne voulais pas l’inquiéter encore plus. Aujourd’hui, c’était un belle journée ensoleillée à Bowen. Tout ce dont tu avais besoin pour te remonter le moral. Alors tu étais partie de ton bureau pour écrire ailleurs. Assis sur une table dans un parc, tu avais écris un nouvel article sur lequel tu bossais déjà depuis un certain moment. Ton boss t’avait demandé de couvrir la piètre actualité de Bowen alors c’était sur le festival geek du mois de mars que tu avais décidé d’écrire. T’y avais été, quand même, pour être un minimum informé de tout ce qu’il y avait et comment ça s’était passé. Quelques interviews, quelques informations de la part des organisateurs, tu avais tout dans ton petit carnet fétiche. Alors tu remettais au propre tes idées, un peu vieux jeu d’utiliser un papier et un crayon pour un journaliste mais ça te permettait de te remettre les idées en place avant de pondre l’article final qui serait publié dans le Bowen Independant. Pendant que tu écrivais, tu levais les yeux de temps à autre pour voir les gens à travers tes lunettes de soleil. Ton regard s’éternisait sur une jeune femme que tu connaissais bien, mais que tu avais fuis pendant des années par peur de l’attachement. Baissant les yeux vers ta feuille et ton tas d’affaire sur la table, tu espérais qu’elle ne t’ai pas remarqué.

@Fauve Fitzgerald

Quand tu avais fais tes interviews pour ton article, tu avais interrogés beaucoup de couple. Ça te faisait sourire d’en voir autant, passionné par les même choses. Mais de ton côté, tu t’interdisais l’amour. Non pas parce que ça faisait mal, que c’était dangereux, tout ce genre de bullshit. Parce que tu ne voulais pas t’accrocher avant de passer l’arme à gauche. Cette putain de maladie venait jusque’à t’emmerder dans tes histoires de coeur, dans tes sentiments quelqu’ils puissent être. Il a fallu une fois, que tu goûte à ce danger, ce sentiment que tu t’interdisais pour y tomber accro. C’est pour cette même raison que tu l’avais quitté, aussi. Parce que tu étais devenu fou de cette fille et que tu ne voulais pas lui faire du mal. Quelle belle idée de merde. Au final, tu avais fais du mal à tout le monde en partant loin d’elle. Ses courbes, son regard, tu t’en souviendra toute ta vie. Tu pensais à elle. Et quand tu pensais à elle, tu la voyais dans tes pensées. Cette femme que tu voyais, assise dans l’herbe avec son bouquin, tu te disait que ça ne pouvais pas être elle. Tu ne savais pas si tu devais la rejoindre ou rester là, assis sur ta pauvre table à continuer d’écrire. Bien sûr, ton esprit était totalement ailleurs et il était perdu. Tu faisais semblant d’écrire quelques mots pour avoir l’air de travailler et d’avoir la tête occupée. Visiblement, c’était impossible. Quand tu baissais la tête vers ta feuille, un seul mot y était écrit, et ça n’avait pas de sens avec la phrase. « Fauve » soufflas-tu comme pour toi-même, lisant le mot que tu venais d’écrire. Tu regardais ensuite la blonde, qui semblait être dans sa lecture, elle autant que toi peu concentrée.

Elle était là, elle. Dans ton champs de vision, il n’y avait rien à part Fauve. Comme si elle était entourée d’un halo de lumière et que plus rien autour de toi n’avait de sens, comme si plus rien n’existait. Tu avais essayé de reprendre ton travail, pour avoir l’air un peu occupé, pour ne pas pensé à elle et qu’elle ne capte pas ton regard insistant sur elle. Mais non, tu étais ailleurs, tu n’arrivais pas à écrire à part son prénom qui était venu inconsciemment s’écrire sur la page blanche avec tes quelques mots gribouillés pour ton article. Ça remontait loin, il y a sept ans, mais c’est comme si c’était hier. Tu effaçais son prénom de ta veuille comme tu pouvais, avec la gomme de ton crayon à papier et tu essayais d’écrire à nouveau. Mais rien ne marchait, rien ne voulait sortir de ton esprit. Le pire, c’est quand elle arrivait vers toi, pour te saluer. Tu posais ton crayon sur la feuille, et tu espérai qu’elle ne voit pas le bazar que tu avais foutu sur cette table de pique-nique, même si c’était évident. « Salut » soufflas-tu avec un sourire en coin. Tu enlevais tes lunettes de soleil qui était sur ton nez pour la voir correctement. Elle n’avait pas changée, elle était fidèle à elle-même, toujours aussi belle. « Comment tu vas ? » demandas-tu, un mince sourire se dessinant sur le bord de tes lèvres. Tu essayais de rassembler ton bordel, étant juste obnubilé par la blonde en face de toi. Sa présence te déstabilisait, tu ne savais pas comment lui parler, comment tu devais t’excuser pour la fuite que tu as pris, pour le mal que tu as fais. Mais tu allais faire de ton mieux pour ça, pour t’aider à avancer. Elle n’en avait peut-être plus rien à faire de toi, elle ne voulait peut-être pas te parler gentiment, juste te lancer des injures à la tronche. Tu t’attendais à tout, parce que tu ne savais pas comment appréhender cette conversation.

Tu lui avais tout pris. Son coeur, sa première relation charnelle, sa première relation tout court. Et qu’est-ce que tu avais fais de ça ? Tu l’avais laissé derrière toi, prenant tes jambes à ton cou pour fuir cette histoire qui commençait à prendre trop de place dans ton coeur. Tu n’avais jamais su, si tu étais amoureux ou non, puisque c’est un sentiment que tu t’étais toujours interdit de le ressentir, de l’être. L’amour c’était un sentiment auquel tu t’opposais. Pourquoi tomber amoureux de quelqu’un si tu pouvais mourir du jour au lendemain ? Fauve connaissait ta maladie, elle savait que ta vie ne tenait qu’à un fil. Mais ça n’excusait pas ton comportement envers elle. « Ça va, ça va » dis-tu simplement. Mensonge, ça faisait déjà quelques jours que tu ne te sentais pas bien, et tout avait commencé quand tu avais été admis la semaine passée à l’hôpital. Tes jours étaient comptés, tu le savais, tu le sentais. « Sept ans » soufflas-tu en baissant les yeux. Tu savais qu’elle t’en voulait, et elle en avait tous les droits d’ailleurs, tu ne le contesterais pas. Ce sourire qui arborait ses lèvres te faisait du bien autant qu’il te faisait du mal. Tu ne voulais pas tomber de nouveau dans cette spirale infernale avec elle. Quand elle pointait du doigt la place libre sur le banc en bois sur lequel tu étais assis, tu enlevais ton sac à dos. « Oui bien sûr, assis-toi » dis-tu en posant ton sac devant toi. Tu en profitais pour le remplir de tes affaires qui jonchaient la table, pour faire un minimum de place et avoir l’air plus rangé. Les mots qui devaient sortir étaient plutôt : excuses-moi, j’suis désolé, pardonnes-moi. Mais non, tu n’y arrivais pas. Pourtant, tu les pensais, elle ne méritais pas d’avoir souffert, elle ne méritais aucun mal, cette femme.

Elle était là, planté devant toi et tu ne savais que faire d’elle, de sa présence. Comment se faire pardonner de cette fuite, de ce couple brisé par ta faute ? Tu cherchais les mots. Mais elle commençait par te dire que tu pouvais lui parler. Surement avait-elle vu les cernes autour de tes yeux, ton teint blafard mais elle te connaissait vraiment par coeur celle-là. Alors ça devait être quelque chose qu’elle ressentait, qui émanait de ton corps. « C’est rien, j’viens de passer une semaine à l’hôpital » dis-tu en secouant la tête comme si ça allait t’enlever les pensées négatives de ce dernier. L’hôpital, elle savait mieux que quiconque que tu détestais cet endroit, qu’il te foutait les jetons. Cette maladie te bouffait, ton corps certes mais aussi ton quotidien et tes relations. La preuve, elle avait avalé ta relation avec Fauve et tu étais parti pour la laisser en dehors de tout ça. Tu t’étais juré de ne plus jamais tomber amoureux de personne d’autre, de ne plus ressentir ce genre de chose pour quelqu’un. Voilà qu’elle posait la question fatidique. Elle n’avait rien fait dans cette histoire pour que tu t’éloignes et que tu la quitte, comme ça, du jour au lendemain. Alors que vous aviez un belle relation ensemble, t’avais tout foutu en l’air avec un coup de téléphone en lui annonçant que c’était fini. Quel sombre idiot. « Tu me croiras jamais si je dis que c’est pas toi, c’est moi » dis-tu avec un léger rire nerveux, passant ta main dans ta nuque. Tu reprenais un peu de sérieux, les yeux rivés sur le banc et pas sur elle, un peu honteux de ton comportement. « J’ai pris peur… à cause de… tu sais » soufflas-tu en laissant un moment de blanc. Tu reprenais rapidement en levant les yeux vers elle, prenant une grande inspiration. « A cause de la maladie. Je connais pas mon espérance de vie, je l’ai déjà beaucoup trop dépassé et… j’avais pas envie de te laisser seule comme ça, du jour au lendemain » avouas-tu à la blonde. Ton coeur battait la chamade, on aurait presque pu l’entendre au loin. C’était bien la première fois que tu disais ça à voix haute. Tu n’avais confié ça qu’à Léo, il y a quelques mois. Et il était le seul à savoir à quel point cette maladie te rongeait pour ça. « J’ai préféré arraché le pansement assez vite, avant que… » dis-tu en laissant ta phrase en suspens, parlant avec les mains. T’arrivais pas à le dire. Depuis cette histoire avec Fauve, tu avais enchaîné les relations sans lendemains, les sex-friends et ça t’allait très bien.

Lorsque vous étiez ensemble, elle t’avait beaucoup épaulé lors de tes séjours à l’hôpital, mais aussi quand tu étais forcé à être sous oxygène constamment. C’était bien quelque chose qui avait failli arriver après ton séjour à l’hôpital mais tu refusais de te trimballer avec ça partout, tu avais juste ça chez toi, pour ne pas que ça t’encombre mais surtout pour ne pas qu’on te fasse les gros yeux et qu’on parle de toi dans la rue. Certes, tu parlais de ta maladie librement, sur les réseaux sociaux mais le regard des gens était souvent pesant et c’était généralement pour te juger. Quand la main de la blonde venait se poser sur la tienne, tout un frisson parcourait ton corps. « Merci » soufflas-tu avec un sourire sur le bord de tes lèvres. « Tu dois avoir changé de numéro en sept ans quand même, pas sûr que j’ai toujours le bon » dis-tu en laissant échapper un petit rire de ta gorge. Tu entrelaçais tes doigts entre les siens et bordel, ça te faisait du bien. Fauve était bien la seule femme à pouvoir te faire sentir de la sorte, rendre l’affection qu’on pouvait te donner. La jeune femme te demandait ce qu’elle avait bien pu faire pour te faire partir, quelques années auparavant et tu lui sortais un baratin habituel c’est pas toi c’est moi qu’on sortait toujours dans ces cas-là. Elle venait presque t’engueuler en te disant que c’était votre histoire même si c’était ta maladie. « C’est vrai » murmuras-tu en baissant les yeux vers vos mains. « J’ai tellement eu peur de te blesser si jamais… si jamais ça devait se finir autrement que j’ai préféré faire ça vite » dis-tu en te mordant la langue. Tu t’en étais voulu pendant des années, et même maintenant encore tu t’en veux, de l’avoir quitté sur un simple coup de téléphone. « J’ai jamais eu envie d’arrêter » dis-tu en levant les yeux vers elle, pour qu’elle voit à quel point tu étais sincère. Certes, ça t’avait fait peur parce que tu n’avais jamais ressenti ces sentiments pour quelqu’un d’autre et à 21 ans, c’était la première fois pour toi que tu tombais véritablement dans la spirale de l’amour. Tu avais connu des filles avant elle, et même après. Mais aucunes d’entre elles n’avaient réussis à te rendre de la sorte, avec des sentiments profonds et sincères.