cause you had a bad day (auvio)

Je sauce le restant de pesto dans mon assiette avec la penne qu’il me reste. Livio et moi n’avons pas échangé un repas si glaciale depuis longtemps. Pour ainsi dire, je ne suis pas sûre qu’il y ai jamais eu une telle froideur entre nous, même au moment de la naissance de Leandro où les choses étaient un peu tendues. J’avale la fin de mon repas que je n’ai clairement pas apprécié à sa juste valeur - car, soyons clairs, mon pesto est à tomber -, puis me rince la gorge avec une gorgée d’eau. Le silence me pèse, mais la dispute que nous avons eu dans l’aprés-midi par sms est encore trop fraiche pour qu’on espère crever l’abcès si rapidement. Ma chaise grince quand je la recule. Mon assiette en main, je me racle la gorge pour attirer l’attention de Livio. Il lève le nez de son téléphone, ses yeux bleus que j’aime tant me fixent aujourd’hui sans la moindre émotion.
— Tu as fini ?
Son assiette est vide et d’ailleurs, je n’attends pas qu’il me réponde. Je me lève et me saisis de ses couverts pour les placer dans le lave-vaisselle. Marlowe traine dans mes pattes, déçu que j’ai oublié de lui faire lécher les restes. J’annonce que je monte prendre une douche, et, sans un regard, je m’éclipse.
Moins de cinq minutes plus tard, je me retrouve à essorer ma culotte menstruelle dans le lavabo qui se fait le réceptacle d’un nouvel échec. Je sais que je ne devrais pas raisonner comme ça, que c’est culpabilisant, pour moi, pour Livio, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir mal et d’appuyer encore sur ce point douloureux avec tout le poids du jugement que je me donne. Ce sang qui s’écoule avec l’eau est le témoin qu’aucun enfant n’a fait son nid dans le creux de mon ventre. Encore une fois, il me faut essuyer la déception. L’échec. Ce n’est pas de ma faute, ni celle de l’homme que j’aime, ni celle de personne en réalité, pourtant, je ne peux m’empêcher de m’en vouloir, de lui en vouloir à lui et à la Terre entière.
Encore un nouveau cycle de perdu.
Encore une tristesse infinie, encore la douleur.
L’eau devient claire, pourtant mes doigts se crispent sur le tissu imbibé, et je craque. Mes larmes dégoulinent sur mes joues et jusque dans mon cou. Je plaque une main sur ma bouche pour ne pas réveiller mon fils, ni alerter Livio, puis essaye de calmer la crise. Les mots de Livio me reviennent, et ceux qui me percutent le plus sont ceux qui concernent Leandro. Il est arrivé sans qu’on y pense, sans qu’on ne prévoit rien. Par magie, simplement. Pourtant, aujourd’hui rien n’est simple. Pourquoi ? Pourquoi cela ne peut pas être aussi simple ? Aujourd’hui, je me sens vide, incapable de créer la vie.
Je me rassérène, la douche aidant, puis enfilant un t-shirt informe et trop grand appartenant sans doute à la garde-robe d’adolescent d’Enzo - une manière de me donner de la force - je rejoins Livio, au rez-de-chaussée. Dans le salon, il s’est allumé son jeu vidéo, casque sur les oreilles. Je ne peux pas lui en vouloir de chercher à relâcher la pression. Je ne dis rien. Je vais me préparer une bouillotte d’eau chaude à la cuisine puis je rattrape le salon pour venir m’asseoir devant la table basse où mon puzzle en court est déplié. La bouillotte contre mon ventre, je me penche pour essayer de repérer des pièces qui pourraient s’assembler quand, au bout d’un moment, je soupire longuement. Je me tourne vers Livio, dont le regard est rivé sur l’écran.
— Tu pourrais enlever ton casque ? Si tu ne mets pas le son trop fort, ça ne réveillera pas Leandro, et ça te sortirait de ta bulle un peu…
Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. Je n’ai pas voulu m’adresser à lui comme à un adolescent, je fais preuve de maladresse et je m’en veux aussitôt. J’aimerais lui dire que je me sens seule et que j’ai besoin de lui, mais rien de tout ça ne franchit la barrière de mes lèvres.

@livio manzoni

Que se passait-il pour qu'une telle froideur se dégage d'Aura et Livio ? A partir de quel moment les non-dits avaient altéré leur relation ? Ils en arrivaient à ce point après trois mois de mariage. Qu'en sera-t-il dans dix ans ?! C'était bien la première fois qu'ils se disputaient de la sorte. Bien sûr, ils s'étaient pris la tête à de nombreuses reprises, leurs caractères explosifs se confrontant avec vigueur. Mais une dispute de la sorte, ce n'était jamais arrivé. Mais sans doute devaient-ils passer par là, parce que c'était le commun de tous les couples. L'esprit ailleurs, Livio avait le regard rivé sur son téléphone. Depuis que Aura était rentrée à la maison, il n'avait pas décroché un mot, hormis le quelques banalités qui concernaient Leandro. Oui, il a bien dormi chez la nounou. Il a mangé des carottes et des pommes de terre, ce midi. Oui, il a bien pris son bain. Sa dent a percé, c'est pour ça qu'il était ronchon hier. Quand le petit avait été couché, c'était d'autres banalités qui avaient pris place. Tu peux faire cuire les pâtes ? Je m'occupe du pesto. C'est prêt. Puis le repas s'était déroulé dans un silence plus que pesant. Seules les bêtises de Marlow et Minerva donnaient un peu de vie à ce repas bien trop silencieux. D'ordinaire, ils auraient évoqué leur journée, leurs mésaventures ou au contraire, les bonnes nouvelles. Ils auraient rigolé des aventures de Leandro, lui qui avait l'âge où chaque jour il apprenait une chose nouvelle. Ils auraient savouré ce dîner préparé avec amour par son épouse. Puis, après leur dîner, ils se seraient installés sur le canapé, Aura venant se blottir tout contre lui pendant qu'ils lanceraient leur épisode de série. Oui, ils auraient passé une bonne soirée. Là, l'ambiance était toute autre. Livio scrollait Instagram sans fin, regardait les réels qui s'enchaînaient, montrant des plats bien gras, des enfants qui enchaînaient les bêtises, ces parents aux cernes marquées qui montraient leur vie quotidienne en la tournant en dérision, et ces jeunes qui faisaient les imbéciles devant la caméra. Ses gestes étaient purement automatiques. Son cerveau, lui, tournait en boucle encore et encore. Ce fut la voix d'Aura qui vint le sortir de sa fausse contemplation des réseaux sociaux. Il hocha la tête pour dire qu'il avait fini, la laissant prendre son assiette pour qu'elle puisse la mettre dans le lave-vaisselle. A son tour, il se leva, s'affairant à débarrasser le reste de la table puis à nourrir les animaux qui commençaient à quémander. Alors qu'Aura lui souffla qu'elle allait prendre une douche, il la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse de la pièce. Il avait envie de la rattraper, de remettre sur la table tout ce qui avait été dit cet après-midi, d'oublier cette dispute qui n'avait pas lieu d'être, qui était stupide, de la prendre dans ses bras. Il avait chacun leur tords, oui, mais pour l'instant, aucun d'eux n'était prêt à faire le premier pas. Cela l'écorchait vif, évidemment. Il détestait être en froid avec Aura. Il détestait lui faire du mal. Il détestait quand leurs mots dépassaient leur pensée. Il détestait la putain de fierté qu'il avait et qui l'empêchait, finalement, de se mettre à nu et dévoiler toute cette souffrance que cette dispute occasionnait. Elle avait peut-être raison, Aura. Il n'assumait pas ses paroles. Il n'était peut-etre qu'un lâche (bien que ceci, c'était lui qui l'avait avancé). Lâchant un long soupir, il traîna des pieds jusqu'au salon où il alluma sa PS5, lançant le jeu qu'il y avait dans la console sans réelle envie. Casque sur les oreilles, il se renferma davantage dans sa bulle. Enfin, c'était ce qu'il croyait. Quand Aura revint vers lui, il lui jeta un bref regard, la laissant reprendre son puzzle là où elle l'avait laissé la veille. Livio reposa ses yeux bleus sur l'écran, faisant mine de s'intéresser à la partie qui se déroulait mais qu'il perdit très vite. Il recommença une nouvelle partie, ses doigts s'acharnant sous la manette qui, pourtant, ne lui avait strictement rien fait. Et de nouveau, ce fut la voix de Aura qui l'extirpa encore de ses pensées. Il souleva le côté de son casque afin d'entendre ce qu'elle lui disait. Mais peut-être aurait-il dû ne pas entendre ce qu'elle disait. Il arqua un sourcil ayant la terrible l'impression qu'elle le reprenait tel un adolescent qui restait terré dans sa chambre H24. C'était drôle (ironique, plutôt) surtout quand on savait que, quelques mois, auparavant, elle lui avait pris la tête parce qu'il lui aurait – soi-disant – parlé comme à une gamine. Il faillit lâcher un oui maman, qui clairement, aurait agi comme de l'huile sur le feu. Mais comme il n'avait pas envie de s'abaisser à une telle mesquinerie, il haussa simplement les épaules et après avoir lâché un soupir, il répondit : « Pour quoi faire ? Pour qu'on reste là, l'un à côté de l'autre sans se décrocher un mot ? » Il daigna enfin poser son regard sur elle, ses yeux étant irrémédiablement attirés par la bouillotte qu'elle avait sur le ventre. Il savait ce que cela voulait dire : elle avait ses règles. Et si cela était normal pour n'importe quel couple, cela avait une autre saveur pour Aura et Livio. Cela les ramenait vers la cause de leur dispute : les essais bébé. C'était bête comme cette bouillotte, objet si banal, les fragilisait encore un peu. C'était encore un essai infructueux, un nouvel essai qui n'aboutissait pas. Et si pour Livio, cela ne représentait qu'un petit échec - ils avaient tout le temps pour que ce soit positif - il se doutait que, pour Aura, qui mettait toute son âme et ses espoirs dans chacun de leurs essais, c'était une déception de plus. Face à ce constat qui le minait bien plus qu'un essai raté, il retira son casque et la regarda, la douceur enveloppant cette fois son regard si bleu « Tu les as ? »

Ca n’est pas juste de lui parler de la sorte, je le sais, je culpabilise aussitôt que les mots sortent de ma bouche, mais je ne parviens pas à les retenir. Sa réplique sèche me fait l’effet d’un coup de poignard. Si ça fait aussi mal, c’est justement parce que j’y reconnais l’amère vérité.  Nous n’avons pas grand chose à nous dire ce soir. Et peut-être, en effet, vaudrait-il mieux que nous gardions le silence. Au ton que nous avons, je devine que la tempête n’est pas loin et j’ai le sentiment qu’elle a besoin de sortir. Livio et moi ne pouvons contenir plus longtemps nos rancoeurs stagnantes. Je soupire longuement, puis serre les dents sans lui répondre. Je me tourne à nouveau vers mon puzzle, mais n’arrive à m’y concentrer qu’à moitié. Je sais que je prends tout cela bien trop à coeur, que mes réactions sont disproportionnées et qu’elles rendent malheureux l’homme que j’aime. J’en prends conscience aujourd’hui. Pourtant, je ne peux pas ignorée la douleur qui me serre le ventre à chaque fois que mes règles tombent. Sans doute suis-je un peu exigeante envers moi-même, envers Livio, envers nous, mais je ne parviens pas à le maitriser. Il faudrait que j’en parle sans doute, que j’évacue cette culpabilité qui me tenaille.
Je cherche une pièce manquante quand la voix de Livio me parvient à nouveau. La maladresse de ses mots m’agace. Iritée, je le suis déjà depuis un moment, et si mon mari n’a rien dit qui puisse me mettre en colère, je pars pourtant au quart de tour.
— Fais pas semblant de t’y intéresser, je réplique, acerbe, j’ai bien compris que ça te faisait chier de parler de mon cycle…

Le pauuuuuvre

D'ordinaire, il y avait les silences pesants. Mais dans le cas présent, c'était plutôt le silence salvateur, celui qui représentait le calme avant la tempête. Même s'ils ne s'adressaient pas la parole, on sentait l'électricité dans l'air, la tension qui transparaissait au travers de leurs visages fermés, de leurs regards froids et leurs muscles qui se contractaient dès que l'un prenait la parole. Ou pour Livio, dès que Aura l'infantilisait totalement. C'était plus un manque de tact, un besoin d'attention – peut-être – plutôt qu'un reproche qu'une mère pourrait faire à son ado, mais clairement Livio n'avait pas la patience et la clarté d'esprit pour se pencher vers la première solution. Aussi répliqua-t-il sèchement, même si – admirons-le – il prit quand même le temps de retirer son casque. Aura ne répondit rien mais il sut bien vite que sa réponse ne lui avait pas vraiment plu. Pourtant, quand Livio remarqua la bouillotte sur le ventre de son épouse, il fut prêt à mettre de l'eau dans son vin. Mais il ne le fit pas de la bonne façon... Aura se braqua, lui lançant une réplique cinglante qui fit dégoupiller Livio : « Arrête de suite ! » Il posa brusquement sa manette de PS5 sur la table et reprit : « Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit ! Ce n'est pas ton cycle qui ne m'intéresse pas, c'est ta PUTAIN d'obsession qui m'énerve ! » Apparemment, il n'assumait pas ses mots, mais là, clairement, il lâchait tout ce qu'il avait sur le cœur. « J'en ai marre de cette putain de culpabilité que tu te mets dessus, que tu me mets dessus, que tu nous mets dessus quand ça ne marche pas ! J'en ai marre de voir cette pression que tu te mets comme si tu n'étais qu'une machine à faire un bébé. J'en ai marre de voir cette déception chaque mois, de te voir te faire du mal et souffrir à chaque cycle perdu. » Il n'était pas aveugle, Livio. Même s'il ne disait pas grand chose, il remarquait que ça n'allait pas. « Ça fait trois mois que tu as arrêté la pillule ! Trois mois seulement, Aura. Ça peut prendre du temps avant de relancer la machine ! » Trois mois, finalement, ce n'était pas grand chose. C'était juste trois essais loupés. « Franchement, si ça nous fragilise de la sorte, on arrête tout maintenant ! Basta così ! »

En ce moment, le dialogue est compliqué avec Livio. Quand il n’est pas au point mort, il devient chaotique. Ce soir ne fait pas exception, je sens venir l’orage, je le provoque même un peu. Je prends des raccourcis, je pique Livio là où ça fait mal. Je sais qu’il va dégoupiller, et peut-être en ai-je besoin, de cette discussion, même si elle se présente de la manière la plus houleuse. J’ai besoin de casser les non-dits, de jouer carte sur table une bonne fois pour toute, et je ne suis pas déçue. Livio lâche les cheveux, et peut-être avais-je sous-estimé ce qu’il retenait jusqu’alors. Je prends tout de plein face, le laissant sortir tout ce qu’il a à sortir. Cela me fait mal, mais au fond c’est peut-être ce que je cherche, ressentir autre-chose que la deception et le vide. Je serre les dents, le laisse finir, mais sa dernière phrase me déchire le coeur.
— Tu…tu veux arrêter ? je répète, interdite.
L’idée me glace, tandis qu’un sentiment de trahison me saisit le corps. Comment peut-il me dire ça…il l’a souligné lui-même, cela ne fait que trois mois qu’on a commencé les essais bébé.
— T’es sérieux Livio ?
La colère s’empare de moi, si bien que je me lève d’un coup, laissant la bouillotte chaude tomber à mes pieds.
— Je suis toute seule à me poser les questions, à me demander ce qu’on ne fait pas bien…pourquoi ça ne marche pas et toi, tu veux laisser tomber à la première difficulté ? Tout ça parce que…attends, comment tu as dis ça…parce que t’as « l’impression d’être un donneur de sperme » ? C’est ça ? C’est NORMAL de regarder les périodes de fertilité quand on est en essais bébé, Livio ! Je ne suis fertile que deux ou trois jours par mois…c’est facile pour toi, tu l’es tout le temps !

 Plus jeune, Livio était connu pour ses pétages de plombs. Il suffisait parfois d'un seul mot pour qu'il dégoupille. Mais avec Aura, il avait appris à prendre sur lui, à être patient, à encaisser parfois plus qu'il ne le fallait. Mais ce soir, c'était la goutte de trop. Il sentait les provocations de sa femme, tant et si bien qu'il finit par lâcher prise et évacuer tout ce qu'il avait sur le cœur. Elle qui lui reprochait de ne pas assumer ses propos se trouva bien servie. Il lâcha tout, vraiment tout et cela montra qu'il en avait gros sur le cœur. Sans doute ne s'attendait-elle pas à un tel flot de paroles, à toutes ces reproches qu'il lui balança à la tête sans vergogne. Elle ne répliqua rien, le laissant cracher tout ce qu'il avait à déverser, sans la moindre hésitation dans ses mots, avec un ton déterminé. Ce fut sa dernière phrase qui fit réagir Aura, se doutant que cela avait pu la surprendre. C'était ce qu'il attendait. Il attendait de la faire réagir, de lui montrer qu'en agissant de la sorte, ils étaient plus près de l'abstinence plutôt que de la création d'un bébé. « Ouais, je suis sérieux ! Si c'est comme ça au bout de trois mois seulement, bah ouais, je préfère tout arrêter. » Non, il n'avait pas envie d'arrêter, mais il n'avait pas envie de perdre sa femme. Malgré tout, cela n'eut pas l'effet escompté. Au lieu de comprendre son signal d'alerte, Aura laissa la colère prendre le dessus. Il la regarda se relever d'un bond et exploser.  « Ce n'est pas le fait de regarder les périodes de fertilité qui me gêne ! » siffla-t-il entre ses dents. « C'est le fait que tout tourne autour de ça ! Limite, je ne peux plus te toucher tant que tu n'es pas en période de fertilité ! Y a plus que ça dans ta tête, dans ma tête, dans notre couple. On ne partage plus rien hormis ces conversations sur les essais bébé. » Il extrapolait peut-être un peu, mais il y avait du vrai dans ses mots. « On se pose trop de questions, justement, et ça, clairement, ça me les brise. Sérieusement, on ne peut pas laisser les choses se faire un peu plus naturellement ? Tu verrais que ça se passerait bien mieux ! »

Je savais pertinemment que Livio allait partir au quart de tour, et sans doute une part de moi avait besoin que cela explose, quitte à ce qu’on se fasse mal. Cette douleur là était supportable en comparaison à celle qui me serrait le ventre depuis quelques semaines. Cette douleur là pouvait effacer le reste, au moins le temps d’un instant. Je ne m’étais pas attendu, toutefois, au coup de poignard que je reçus dans la poitrine. Quand Livio me confirma qu’il voulait bel et bien arrêté les essais, je sentis une douche froide s’abattre sur moi et fus incapable de répliquer quoi que ce soit. Je restai muette, toisant mon mari avec incompréhension. Puis il continua, revenant sur les périodes de fertilités qu’il trouvaient trop envahissante, ou du moins, le fait que j’y fasse attention. Il me livra à nouveau ce qu’il avait sur le coeur. Sa dernière phrase m’arracha un rire bref et sans joie.
— Parce que tu penses avoir la solution ?rétorquai-je en croisant les bras sur ma poitrine.   T’as raison oui, il suffit d’arrête de se foutre la pression, je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt !
Mon sarcasme me brûle les lèvres. Je m’entendis parler et je me détestai pour ça. Je soupirai bruyamment, puis passant à côté de Livio, je m’aprêtai à quitter la piece avant de lâcher.
— Je vais me coucher, j’ai pas envie de dire des choses que je pourrais regretter…