make it stop, it won't last much longer, i wanna get away but i can't escape (nastya)

Encore une journée entre ces foutus quatre murs blancs. Tu savais que tu allais encore y rester un moment mais ça faisait bientôt un mois que tu étais là, à attendre une greffe de poumons pour survivre à cette putain de maladie de merde. T’aurai bien aimé avoir une réponse rapidement, mais non, on te laissait dans l’incertitude, le doute planait mais l’épée de Damoclès au dessus de ta tête commençait à descendre au fur et à mesure. Tu n’avais pas le droit de sortir de ta chambre, ou du moins sans un masque à cause des microbes et autres pathogènes. Aujourd’hui, t’avais péter les plombs. Après une brève venue de ta soeur avant son travail, tu avais décidé de sortir de la chambre. T’étouffais dans cette pièce blanche, vide et triste. Tu avais pris un masque, enfilé un t-shirt et un jogging, tu avais pris ta perfusion et tu étais sortie de cet endroit en évitant le plus possible les médecins. Après tout, t’étais peu discret mais tu te fondais bien dans la masse.

Après avoir fait deux fois le tour de l’étage, tu te sentais faible et fatigué. Tu t’étais laissé glissé contre un mur, dans un coin, à bout de nerf. Tu avais ce sentiment que tu allais y passer, que c’était bientôt pour toi l’heure de la mort. Malheureusement, tu n’avais pas de date limite et tu ne savais pas quand ça allait arriver. Tu avais peur. C’était bien la première fois de ta vie que tu avais aussi peur. Alors les jambes recroquevillés contre toi, tu enlevais ton masque pour prendre une grande bouffée d’air. Et c’est là que les larmes arrivaient. Tu te sentais seul, détruit et surtout triste. Tu faisais genre que tout allait bien devant tout le monde alors que non, tu te sentais misérable.

@Nastya Kheinov

Il y avait ce sentiment de haine, de tristesse mais aussi de grand désespoir qui planait autour de toi. Tu te sentais seul comme jamais. Même si tu ne l’étais pas. Certes, tu avais un entourage assez conséquent : beaucoup d’ami, ta soeur jumelle. Mais c’était pas suffisant. Tu ne connaissais personne qui partageait cette peine dans le coeur, ce sentiment que tu allais pouvoir partir d’un moment à l’autre. Tu te laissais glisser le long d’un mur, dans un coin. On aurait dit une scène d’un mauvais film. Alors tu commençais à pleurer dans ton coin, c’est le cas de le dire. Tu avais enlever ton masque, que tu gardais toujours dans ta main au cas où un médecin arrive. Mais ce n’était pas un médecin qui arrivait mais une jeune femme brune. Tu ne l’avais jamais vu dans le service. « Non non non ! Surtout pas un médecin, s’il vous plait » dis-tu lui en lui implorant, les deux moins jointes. Puis tu te rendais compte que tu n’avais pas ton masque sur la bouche alors tu le mettais rapidement. Tu savais que tu pouvais faire peur à voir mais c’était pas vraiment ce que tu voulais. T’avais besoin d’un contact avec quelqu’un, quelqu’un autre qu’une infirmière. « J’suis désolé, j’veux pas vous faire peur, ça va j’vais bien » dis-tu en essuyant tes larmes derrière ton masque. Même si bon, ça se voyait que tu n’allais pas bien. Même quelqu’un qui ne te connaissait pas pouvait le voir que tu étais vraiment mal et que tu te sentais à six pieds sous terre.

Tu avais mis un peu de temps à voir la jeune femme se poster devant toi, debout à paniquer de te voir comme ça. Et te voir l’implorer de ne pas appeler les médecins, ça avait du lui faire encore plus peur. Evidemment, tu en avais rajouté une couche en mettant ton masque sur le visage. Quel idiot, elle devait surement avoir peur de voir un patient hors de sa chambre, comme ça, entrain de pleurer dans un coin. Elle confirmait qu’elle n’appellerai pas les médecins et ça te soulageait. Tu reprenais un peu tes esprits, t’asseyant en tailleur quand tu voyais qu’elle prenait place en face de toi. « Oui, mais ça va aller, promis » dis-tu simplement, essuyant une dernière larme qui roulait sur ta joue. Les jours se faisaient de plus en plus long, tu sentais que la fin approchait mais tu ne voulais pas le dire. C’était comme si c’était évident, comme si quelque chose te le disait au fond de toi. La brune prenait un masque dans la boîte sur le chariot à côté d’elle et le mettait. « C’est préférable… j’ai la mucoviscidose » soufflas-tu avec un léger craquement dans la voix en donnant le nom de ta maladie. T’avais réussi à vivre plutôt bien depuis le début de ta vie, mais ça s’empirait. Peut-être que c’était le cap de la trentaine qui approchait et qui te faisait peur ? Surement. Mais en tout cas, quelque chose n’allait vraiment pas. « Vous avez surement mieux à faire » soufflas-tu simplement en jouant avec tes doigts. « Et j’pense qu’on peut se tutoyer » dis-tu avec un léger rire un peu gêné, qu’on pouvait voir à travers ton masque. Tu levais les yeux vers elle, tu ne l’avais jamais vu dans ce service, tu te demandais bien qui est-ce qu’elle pouvait aller voir.

C’est sur que t’avais besoin de compagnie. Autre que tes Charlie préférées, autre que les médecins et les infirmières. Mais malheureusement, tu n’y avais pas trop le droit. Quand les Manzoni venaient te voir, ça te changeait un peu les idées mais c’était toujours différent. Entre ces quatre murs blancs, tu étouffais, t’avais besoin de t’échapper. Conduire ton vieux tas de ferraille vers la mer, ou bien flâner dans un parc, c’est ça que tu voulais. De l’air frais. Telle la Madone, une jeune femme s’était approchée de toi, voyant que tu étais dans le mal et que tu avais besoin d’un peu de compagnie. Elle s’était adossé au mur opposé au tien, elle avait aussi pris un masque en voyant que tu remettais le tien sur ton visage. « Merci » soufflas-tu simplement. Tu pensais pas qu’elle resterait là, à côté de toi pendant que tu étais entrain de te morfondre sur ton pauvre sort. Mais non. « Jules » dis-tu avec un sourire, même s’il ne se voyait pas à travers ton masque. Nastya, tu ne l’avais encore jamais vu dans les environs. Pourtant, tu avais passé tellement de temps dans cet hôpital que tu connaissais tout le monde. Tu connaissais même les cantinières qui te mettaient toujours du rab quand elles servaient des aubergines. Bref, c’était pas vraiment ça le sujet ! Tu ris légèrement à sa blague quand elle parlait des murs blancs de cet endroit. « J’avoue que c’est pas dingue » dis-tu en passant ta main sous tes yeux, pour sécher tes dernières larmes. « J’préfèrerai être dehors et cueillir des luzernes, j’avoue » ajoutas-tu avec un léger rire.

Coincé à l’intérieur de cet hôpital, ça t’angoissait vraiment. Tu te sentais seul face à au monde, face à la vie, en fait. C’est par tristesse et désespoir que tu étais tombé le long du mur de l’hôpital alors que tu avais quitté ta chambre sans autorisation. Les larmes aux yeux, cette jeune femme était venu à ta rencontre, voyant que tu n’étais pas dans ton assiette. C’était rapidement que tu remettais un masque sur ta bouche pour ne pas attraper les microbes qui pouvaient se balader dans l’hôpital. Après t’être calmé, tu posais les yeux sur cette brune qui s’était posé en face de toi, un masque sur le nez elle aussi. Les couloirs étaient déserts, on aurait pu croire à un mauvais film d’horreur. Et elle te faisait la conversation. Elle avait surement mieux à faire que de te parler, elle avait une peluche en main alors tu imaginais qu’elle venait voir quelqu’un. « En effet, c’est une fleur » dis-tu avec un sourire. Tu te demandais bien d’où elle pouvait venir parce que son accent n’était pas si prononcé que ça, même si on devinait facilement qu’elle n’était pas de ce pays. On dirait que Nastya avait pour projet de te faire sourire parce qu’elle te proposait de te faire une couronne de ces fleurs et que ça t’irait surement très bien. « Ça serait trop génial » dis-tu avec un sourire. Rien que de voir une fleur ça te ferait du bien. Enfermé dans des murs blancs, à voir des tubes, des perfusions et des médecins, c’était une horreur. Heureusement pour toi, tu étais bien accompagné quand même avec ta soeur, tes amis et tout ton entourage. Tu jouais nerveusement avec tes mains et tu levais les yeux vers la brune. « Tu viens voir quelqu’un à cet étage ? » demandas-tu avec une petite voix. Tu ne voulais pas vraiment la déranger alors qu’elle avait surement quelque chose à faire.

Ça faisait du bien de parler à quelqu’un qui n’était pas du monde hospitalier, quelqu’un juste de passage comme ça dans ta vie. « C’est un deal que j’accepte avec plaisir » soufflas-tu avec un sourire en coin. Elle était une bouffée d’air frais qui débarquait dans ta vie quand tu étais le plus en détresse. Les murs de cet hôpital t’angoissait à mort et tu avais peur d’y finir tes jours. Mais ça, tu ne le disais à personne et tu gardais tes peurs et tes angoisses pour toi tout seul. Tu demandais alors à la brune si elle venait voir quelqu’un à cet étage. Forcément, elle n’allait pas venir se balader avec un ours en peluche dans les couloirs d’un hôpital pour le plaisir. Enfin, si c’était le cas, tu ne comprendrai pas. Tu souriais quand elle te disait qu’elle se ferait un plaisir de rester un peu plus longtemps avec toi. « J’en serai ravi aussi » répondis-tu avec un petit sourire. Tant que tu ne te faisais pas cramer par une infirmière, tu avais tout le temps de rester ici à papoter avec elle encore un moment. Tu la voyais regarder son ours en peluche, cherchant un nom pour ce dernier. « J’avoue que j’suis pas très fort pour ce genre de choses » répondis-tu avec un rire avant de reprendre. « Jules c’est un super prénom sinon » dis-tu en hochant la tête avant de rire légèrement. Ça faisait bien des heures que tu n’avais pas ri, et c’était une bonne chose que ça sorte enfin.