these shallow waters never met what i needed (niels).

L'heure tournait, s'appropriant son emploi du temps qui défilait alors que son coeur ne battait que pour retrouver son âme-soeur. Arrachée par la distance qui cherchait à amoindrir son contact pourtant essentiel, elle avait continuellement peur de le perdre dans ses échecs. Elle avait tenté de s'octroyer la journée de leur anniversaire de mariage, se butant à ses exigences qui ne lui donnaient que la possibilité de s'offrir une soirée en sa compagnie. C'était déjà ça, même si ce n'était jamais assez pour cet amour qui continuait de s'embraser, léchant les plaies de son manque pour les ouvrir davantage. Elle avait tout fait dans les règles pour retrouver le plus vite possible son mari, travaillant vite et efficacement pour qu'il n'y ait aucun problème pour le retrouver alors qu'il l'attendait, lui qui leur avait encore une fois organisé une soirée pour parfaire leur retrouvaille. Sur le point de partir, elle prit sa veste, rapidement retenue par Nick qui l'informa que sa journée n'était pas finie, qu'il fallait qu'elle attende son collègue avec lequel elle opérerait son dernier shooting. Secouant la tête, elle refusa, informant Nick qui était déjà au courant qu'elle était attendue, lui-même lui disant qu'il était sur la route et qu'elle pouvait au moins patienter.

"Bébé, y'a un problème, mon collègue est pas encore arrivé, et j'ai pas le choix que de l'attendre puisqu'il vient de loin et qu'il est sur la route... Il a eu un retard d'avion. J'pensais qu'il viendrait pas mais si... J'suis désolée, je fais au mieux et au plus vite. A tout à l'heure, je t'aime fort. "

Qu'elle vint écrire par SMS, le coeur à l'envers, révulsée de devoir attendre cette personne juste par ce que le rendez vous avait été fixé des mois à l'avance.

- S'il est pas là dans dix minutes j'me barre, affirma-t-elle, pointant son regard sérieux dans celui de Nick. Non tu partiras pas, pas si tu tiens à ta carrière. Quand tu t'engages Aelya, c'est pas pour planter les gens parce qu'ils ont du retard. T'aimerais qu'on te fasse ça toi ? Alors que t'as fait quinze heures de vol ?

Elle soupira, levant les yeux au ciel, priant intérieurement pour que les étoiles lui viennent en aide.

Attends-moi mon amour,
Parce que moi, en mon être entier,
Je t'aimerai pour toujours.

Ses lèvres s’étaient étirées dans un sourire satisfait lorsqu’il découvrit le lieu qu’il avait réservé, décoré pour l’occasion aux couleurs de leur amour, les murs eux-mêmes respirant ce lien qui les unissait et qu’ils fêtaient aujourd’hui. Il s’était démené après chaque journée de travail pour préparer cette soirée discrètement, donnant de l’importance à chaque détail pour voir les yeux de son amour briller, lui qui ne se nourrissait que de son bonheur, à l’origine même du sien. Il l’aimait de tout son être, de chaque cellule qui le constituait et qui vibrait sans cesse pour elle, Niels qui mettait tout son cœur dans la préparation de cette soirée qui ne représentait qu’une infime partie de leur amour infini. Apprêté pour l’occasion, il lui avait envoyé l’adresse du lieu où elle était censée le rejoindre après le travail, Niels fignolant les derniers détails pour que tout soit parfait quand elle arriverait. Les premières minutes s’étaient écoulées rapidement, son esprit emballé par l’excitation de cette soirée qu’ils avaient attendu, jusqu’à ce qu’il ne remarque qu’une demi-heure était passée depuis qu’il était arrivé, Aelya n’étant toujours pas présente. Il avait senti son portable vibrer, redoutant dés lors ce message qu’il allait lire et qui ne présageait rien de bon, lui qui était malheureusement trop habitué aux changements de plan imposés par le rythme d’Aelya. La déception s’était lue sur ses traits au moment où il découvrit les mots de son amour qui lui confirma ce qu’il avait craint depuis le départ. « Putain mais fallait qu’il soit en retard aujourd’hui… Bébé, tarde pas trop s’il-te-plaît… C’est notre soirée. Je t’aime. » Répondit-il, enragé à l’idée de la savoir sur place alors que son coeur lui criait de le rejoindre, affamé par ce manque insoutenable dont ils étaient les premières victimes. Il avait reposé son portable, soupirant de frustration alors qu’il avait bataillé pour l’avoir quelques heures pour lui, se rendant compte que tout partait une nouvelle fois en fumée. L’heure s’était mise à tourner, laissant Niels en proie à ses doutes, une partie de lui finissant par comprendre qu’Aelya ne viendrait pas ce soir, que son travail s’était une énième mis en travers de leur relation. La colère le rongeant, il fit valser l’un des vases contenant des roses qu’il avait acheté pour l’occasion, laissant résonner le bruit du verre qui se fracassa en mille morceaux sur le sol où jonchait le reflet de son désarroi. Laissant tout en plan derrière lui, il reprit la route pour rentrer chez eux, rebroussant chemin sans même prévenir Aelya, lui qui avait atteint ses limites ce soir, cette ultime déception ayant réussi à réduire à néant ses derniers espoirs. Parce-qu'il l’avait compris ce soir, que plus rien ne serait comme avant, que son monde ne tournerait plus autour de lui.

Le coeur troublé par le rythme frénétique de l'adrénaline qui pulsait dans ses veines sous l'effet du stress, elle en venait à bouffer ses lèvres, à regretter d'avoir mis ce jour en échec alors qu'elle était la victime dans cette histoire habillée par la défaite. L'air renfrogné inscrit sur son visage à la réception du message de son âme-soeur, c'était sa patience qui était mise à rude épreuve alors que les aiguilles défilaient, animant ses traits d'une certaine pâleur. Une heure était passée et cette étape n'avait toujours pas été marquée par l'arrivée de son collègue, Aelya qui perdait espoir de le voir trépasser la porte, prête à plier bagages lorsque quelques minutes plus tard, il arriva, mettant à mal sa volonté de partir alors qu'elle se devait de travailler, ne cachant pas sa frustration vis-à-vis de son retard. Pris par l'élan, elle n'eut pas le temps d'avertir Niels, préférant finalement se mettre à l'action le plus vite possible pour en finir le plus tôt possible, rejoignant sa voiture lorsqu'elle eut finit, prenant la direction du lieu où Niels était sensé l'attendre. Mais elles se buta à une porte fermée, peinant à comprendre ce qu'il se passait alors que le lieu semblait désert. Elle appela Niels, tentant d'avoir des explications alors qu'il ne lui répondait pas, se mettant à penser qu'elle avait encore une fois bien fauté.

Bébé, j'essaye jusqu'à m'en griller les ailes,
Je me consume dans ma peine,
Mes yeux, qui n'arrivent plus à percevoir,
La lueur du Soleil, la lueur de notre espoir.

Elle reprit la route pour se rendre chez eux, déduisant dans son silence qu'il avait dû rentrer bien qu'elle en avait aucune certitude. Le coeur battant à lui rompre les côtés, elle se gara, constatant que la nuit avait encore une fois bien avancé pour leur envie de profiter de l'un et l'autre. Elle ouvrit la porte de manière hésitante, s'enfonçant dans leur maison, son regard ricochant tout autour d'elle, à sa recherche.

- Bébé... T'es où... ? J'suis désolée... J'ai fait ce que j'ai pu...

Pardon d'avoir fauté.
Pardon de t'avoir brisé.
Pardon de ne pas te mériter.

Les minutes défilaient et son espoir se mourrait dans un long silence, lui qui aurait sûrement voulu faire taire ses doutes et être encore plus patient. Mais cette fois-ci, il se rendait compte qu’il en était incapable, que le manque d’elle était devenu trop insoutenable, faisant vriller ses pensées enragées par cette soirée gâchée, tombée à l’eau, comme toutes les autres qu’ils avaient voulu programmer. Ce soir, il prenait conscience qu’une étape de plus venait d’être franchie, qu’en plus d’être prédominante dans leur quotidien, la carrière d’Aelya avait acquis une importance qui dépassait maintenant leur relation, leur faisant perdre l’équilibre. Sa rage avait explosé sans qu’il ne puisse la contenir, Niels se retrouvant seul au milieu du carnage qu’il avait crée, dévasté par l’issue de cette nuit qui aurait dû être magique. Le coeur trop lourd pour émettre le moindre mot, il s’en alla, n’ayant plus de force pour l’attendre, lui qui aurait pensé que cette soirée aurait été différente, que cette date aurait compté plus qu’une autre. Et il se rendait compte qu’il s’était trompé. Après quelques minutes, il rejoignit leur maison, le visage fermé, attristé et résigné par cette impasse dans laquelle ils perduraient, Niels laissant son portable vibrer dans sa poche, sans même daigner le regarder. Parce-qu’il savait que ce soir, il aurait encore le droit à des excuses, à des explications qui faisaient sens mais qu’il n’avait plus la force d’entendre. Ce soir, il abandonnait. D’une main, il détacha les boutons de sa chemise, regardant tristement son reflet dans le miroir, celui d’un homme qui perdait la face, d’un être vidé par la détresse. Il entendit la porte claquer, fermant les yeux en entendant les paroles de celle qu’il avait attendu, avançant les mains dans les poches dans le salon, le regard éteint par la désillusion. « Mais c’était pas assez. On est passés après. Comme la dernière fois, comme toujours. » Lâcha-t-il, un sourire triste venant mourir sur ses lèvres, lui qui ne parvenait même plus à expier la colère qui avait nécrosé son coeur. « Tu sais… En fait, je sais même plus ce qu’on doit faire, je sais plus où est-ce qu’on va… où est-ce que tu vas. » Souffla-t-il, se tournant vers la baie vitrée d’un pas lent, ses yeux cherchant désespérément la réponse à ses questions. « J’aurais jamais imaginé penser ça, mais j’suis en train de douter… Parce-que si même toi tu tiens pas tes promesses, en qui je peux avoir confiance au final ? » Lâcha-t-il, conscient que ses mots résonnaient comme un abandon.

Et c'était la neige qui tombait sur son âme, et c'était la peine qui brisait la porcelaine de son visage, elle qui avait tout de suite compris qu'il ne l'avait pas attendu lorsque ses mains firent face à une porte fermée, la mettant directement au pied de ce mur qui semblait infranchissable. Elle avait essayé, elle avait échoué, comprenant finalement qu'il n'y avait pas de solutions à leur problème, qu'ils ne pouvaient tout avoir, ni tout vouloir. Prenant la route vers leur villa, elle sentait son coeur défaillir sous l'effet des épines qui s'incrustaient une à une dans son organe détruit d'où coulait une hémorragie de regrets. Elle avait mal dans le creux de sa chair qui se putréfiait dans son manque, elle qui sentait bien que cet énième faux-bond pouvait avoir raison de leur équilibre déjà bancal. Et elle avait peur de la suite, craignant finalement de rentrer pour se confronter au courroux de son époux, celui qu'elle n'était pas prête à lâcher bien que la vie malmenait leur relation. Appuyant avec hésitation sur la poignée, elle rentra dans le lieu, cherchant du regard Niels qui l'avait planté juste avant, comme elle l'avait fait avec le poignard qui s'érigeait en sa vie professionnelle. Ses yeux trouvèrent le sien alors qu'il vint à sa rencontre dans le salon, la mine résigné, appelant la sienne à le mimer.

- Ca a jamais été de ma faute ! Comment j'peux affluer quand j'suis tenue par des engagements ? Se défendit-elle. Où je vais ? J'suis où là ? Il me semble que je t'ai prévenu moi, que j'avais un problème. Toi tu m'as fait venir sans me prévenir. Et pourtant j'suis là quand même, à chercher de me justifier pour une chose dont j'suis pas responsable, soupira-t-elle, suivant sa silhouette qui se posa devant la baie vitrée, son coeur faisant un bon dans sa poitrine à ses mots qui la blessaient. D'accord donc en fait toi t'as le droit d'avoir ta patronne qui te harcèle sexuellement, c'est ok, par contre moi qui aie des engagements c'est pas ok, lâcha-t-elle dans un rire sarcastique, à la merci de sa rage qui commençait peu à peu à se nourrir de cette blessure qu'il venait d'ouvrir. Va au bout de ta pensée Niels, qu'on en finisse. C'est soit mon job soit toi ? C'est ça que tu veux me demander ? Il faut que je quitte mon job pour rester au petit soin de mon pauvre mari qui lui par contre peut garder sa connasse de patronne ? De quel droit t'oses me parler de confiance alors que t'as laissé trainer cette histoire avec ta responsable ? J'fais tout ce que j'peux. Mais c'est jamais assez, ouais je sais. J'suis habituée. Mais pourtant, j'en fais des efforts. Toi, t'as préféré enterrer ton affaire plutôt de quitter ton job. Sauf que moi j'ai accepté, même si ça me coûte, même si ça me brise.  

Pendant des jours, il s’était imaginé cette soirée, visualisant Aelya devant lui, son regard amoureux ne quittant pas le sien, leurs corps se cherchant dans une danse qui leur aurait rappelé celle qu’ils avaient partagé le soir de leur mariage. Et il s’était tellement idéalisé cette nuit que l’idée de savoir qu’Aelya avait une nouvelle fois privilégié son travail lui donnait la nausée, Niels ne parvenant plus à patienter après ces longues minutes où son coeur s’était empli de regrets et vidé d’espoir. Comme une lame qu’on avait planté dans son myocarde, il avait l’impression de saigner abondamment, titubant sur le chemin de leur relation qui restait pourtant sa seule raison d’exister. Mais ce soir, les doutes avaient pris l’ascendant sur le reste, poussant Niels à rentrer chez eux, comme un premier aveu de son abandon. Affaibli et résigné, il n’avait même pas su exploser de rage devant le regard d’Aelya, trop blessé pour perdre encore plus d’énergie dans une bataille qui semblait perdue d’avance. Il entendait ses explications, celles qu’il n’avait cessé d’écouter ces derniers temps, Aelya lui faisant comprendre une nouvelle fois qu’elle ne pouvait pas se permettre de tout envoyer valser lorsqu’elle travaillait. « Parce-que quand tu me promets d’être là à une soirée, c’est pas un engagement non plus ? » Lâcha-t-il, détestant comprendre que ses mots avaient moins de valeurs lorsqu’il s’agissait d’eux. « Peut-être parce-que je t’ai attendu plus d’une heure et que t’es jamais venue. Mais t’as raison, c’est moi qui abuse. » Soupira-t-il, s’éclipsant devant la baie vitrée, le regard perdu sur le ciel parsemé d’étoiles, Niels sentant son coeur battre aux mots qu’il expia, prenant conscience de la portée de ses paroles. Il la laissa s’expliquer, le ton de sa voix brisant ses dernières défenses, lui qui se sentait défaillir sous le poids de ses mots. « Je sais pas ce qu’il faut que je fasse… Partir pour que tu te rendes compte de ce que ça fait d’attendre quelqu’un à longueur de temps, partir pour que tu comprennes que ça a jamais été des billets qui nous ont rendu heureux. Ouais, peut-être qu’il faut que je m’éloigne de toi pour ça… » Expia-t-il, ses blessures se creusant en lui, marquant son être entier qui se consumait sous cette décision qu’il était en train de prendre. « C’est pas un ultimatum que je te mets. Ça en sera jamais un. J’voulais simplement que tu trouves un équilibre, mais ça a jamais été le cas. Et je sais que c’est pas de ta faute, parce-que tu vois ce métier comme l’opportunité de ta vie. Mais j’ai pas l’impression d’arriver à me faire une place dans tout ça. Toi t’avances et moi j’te ralentis. » Lâcha-t-il, sur un ton étonnamment calme pour quelqu’un qui sentait son monde s’écrouler sous ses pieds.

Déphasée par leur emploi du temps qui cherchait à les briser, elle s'en allait vers l'impossibilité de le retrouver, voyant leur lien s'effriter à mesure que les exigences de son travail pleuvait sur son âme esseulée. Elle essayait de faire de son mieux pour solidifier leur relation, mais son mieux n'était toujours pas assez, elle qui voyait ses efforts s'écrouler lorsqu'elle se rendit compte de cette porte fermée, à l'image du coeur de Niels qui s'était consolidé derrière les barreaux qu'elle allait essayer de briser, de faire fondre pour le ramener contre elle. Elle n'avait pas prévu qu'il serait aussi distant, se confrontant à sa froideur qui lui glaça les os, son regard qui le détaillait ne voulant qu'en vérité oublier tout ça pour sombrer dans ses bras. Elle avait déjà mal de ne pas pouvoir recoller les morceaux qu'elle avait maladroitement cassé, se rendant compte que depuis toutes ces années passées à ses côtés, elle n'était toujours pas capable de ne pas laisser son instinct de destruction semer le chaos qui lui collait à la peau.

- Mais, on t'as jamais parlé d'imprévu ? Tu crois vraiment que c'était volontaire ? Demanda-t-elle, secouant la tête, trouvant presque ça ridicule de devoir se justifier alors qu'elle n'y pouvait rien. J'ai jamais dit que t'abusais ! Il me semble que contrairement à toi, j'te rejette pas la faute, j'essaye d'être la plus patiente possible, se défendit-elle, fronçant les sourcils alors qu'il s'agissait là de son procès, ses émotions devenant aussi tranchantes qu'une lame de rasoir, sa tirade terminant de l'achever un peu plus, elle qui sentait son coeur se tordre dans son plexus. Mais... T'es important ! Tu l'as toujours été. T'as pas besoin de partir pour que je le comprenne, j'crois que j'ai assez souffert sur ce point là, non ? C'est pas toi qui a du vivre y'a pas longtemps ton coma ! Mais sinon à part ça, je souffre pas assez, t'as raison, continue, railla-t-elle dans un rire sarcastique. Bébé... Redescendit-elle, s'approchant de lui pour prendre ses mains dans les siennes, son regard appelant le sien pour s'y fondre, ses yeux perlant d'amour, de tristesse, de peur, parce qu'elle comprenait qu'elle était entrain de le perdre. J'peux pas me relever à chaque fois... Pas sans toi... Tu m'as jamais ralenti, tu fais que de me faire avancer... Si vraiment y'a que ça, oui, je plaque tout... Si vraiment t'en peux plus j'suis prête à faire ça pour toi... Simplement moi je t'ai jamais fait sentir qu'il fallait que tu fasses un choix...  Soupira-t-elle tristement, dépitée, déprimée, à la merci de l'obscurité qui la happait. Je peux pas sans toi... Tu le sais... Ca me tue de m'imaginer sans toi... Ajouta-t-elle. Je t'aime... Je t'aimerai toujours et j'ai essayé de te le prouver, mais on fait pas toujours ce qu'on veut... S'il était arrivé à l'heure, j'aurais pu venir. Mais tu vois, j'ai l'impression que je me suis fait écarteler dans tout ce qu'on me demande... Et je pensais que t'aurais pu comprendre.

Il était dépassé par cette situation qui lui échappait et sur laquelle il n’avait, en réalité, jamais eu le contrôle. Il détestait l’idée qu’Aelya soit traitée comme un pantin à qui on demandait l’impossible, lui qui ne pouvait s’empêcher de regretter l’époque où ils ne vivaient que pour eux, dans une situation financière plus que bancale, certes, mais dans un flot d’amour qui aurait pu soulever la planète entière. Niels avait maintenant l’impression d’errer dans un monde qui lui paraissait étranger, tentant de trouver ses repères dans le noir le plus complet, se rendant compte que la main d’Aelya lui échappait peu à peu. Et il était terrifié par cette situation, lui qui aurait voulu la ramener à lui, contre son coeur qui n’attendait qu’elle en permanence, se butant à ses responsabilités professionnelles qui ne cessaient de les éloigner. « Ça l’est jamais, je le sais bien. Tu les choisis pas. Mais ils sont quand même là Aelya, et ils prennent le dessus sur tout. » Lâcha-t-il, son ton marquant sa résignation, son abandon qu’il ne parvenait plus à repousser. « C’est moi qui manque de patience, j’y arrive plus… » Souffla-t-il, le myocarde altéré par ces mots qui se butaient à cette impasse dans laquelle ils se retrouvaient piégés, Niels lui soufflant son désarroi, évoquant la seule solution qu’il avait trouvé pour qu’ils puissent se rappeler de l’essentiel. « J’fais pas ça pour que tu souffres, j’essaye de trouver des solutions bébé ! Ça m’amuse pas de t’attendre tous les soirs, à me demander si tu vas rentrer, si on va passer la nuit ensemble, si je vais te croiser au moins une fois en vingt-quatre heures. Tu souffres, mais moi aussi. J’ai l’impression de te perdre… J’ai jamais voulu ça, mais j’peux pas continuer comme ça… » Souffla-t-il, la voix vacillante, troublée par l’émotion, par la rage qu’il avait envers toutes ces personnes qui lui avaient dérobé son plus beau trésor. Il cilla en la voyant avancer vers lui, la laissant prendre ses mains dans les siennes, son regard captant le sien qui lui faisait perdre pied, lui qui aurait eu envie de la serrer contre lui pour l’éternité. La gorge nouée par ses mots, il secoua doucement la tête, sa main quittant la sienne pour venir se poser sur sa joue. « J’te demande pas de tout plaquer pour moi… J’le veux pas, parce-que ça te rend heureuse tout ça, t’as trouvé ta voie mon amour… » Murmura-t-il, avançant doucement vers elle pour déposer ses lèvres sur son front, sa main toujours posée sur sa joue. « On referait le monde avec des si bébé… Je t’attendais ce soir, parce-que c’était important, bien plus que tout le reste… J’pense qu’on a besoin tous les deux de prendre du recul, chacun de notre côté… » Lâcha-t-il, relevant le visage de son amour vers le sien, brisé par la peine qu’il lisait dans ses yeux, celle qui était le parfait reflet de la sienne. Doucement, il approcha ses lèvres des siennes pour les compléter dans un baiser doux qu’il se força à écourter pour ne pas s’éterniser contre elle. « Je t’aime toi et que toi, pour la vie. Mais j'veux agir avant que ça soit trop tard alors... j’vais faire mes affaires et partir… J’veux qu’on fasse le point, et c’est pas en se prenant la tête tous les soirs qu’on y arrivera. » Ajouta-t-il, rompant le contact avec elle, tentant de ne pas se noyer dans la douleur atroce qui l’empêchait de respirer, Niels finissant par lui tourner le dos pour rejoindre la chambre et leur dressing, empilant ses affaires dans son sac.

Dévorée par les remords, elle s'effondrait dans ses torts, peinant à rattraper la lumière qui semblait se faire plus rare au-dessus de sa tête, ses yeux fixant avec amertume ce ciel qui se couvrait, annonçant les éclairs qui menaceraient de réduire en cendres leur relation qui ne voulaient que s'étendre. Elle dérapait sur cette pense qui ne faisait que de se creuser, l'attirant en son creux pour la plonger dans le néant qu'elle ne connaissait que trop du bien lorsqu'ils se séparaient. Elle plissa ses lèvres à ses mots, incapable de le contredire malgré le fait qu'ils devaient simplement faire avec parce que la cadence de son travail ne se réduisait pas.

- Bébé... On peut y arriver... On est plus forts que ça... Ajouta-t-elle, tentant de rattraper son regard pour lui faire entendre raison, elle qui ne voulait pas tout abandonner, qui désirait rester à ses côtés. Je sais très bien que tu souffres... J'aurais aimé t’éviter ça, j'aime vraiment pas savoir que ça peut te toucher à ce point... Mais j'suis prête à continuer et à faire mon max moi... Même si je sais que c'est jamais assez... Soupira-t-elle, résignée, comprenant que dans l'histoire, il n'y avait plus qu'elle qui pouvait se battre pour les amener vers la lumière, elle qui avait fait le choix de ne pas le blâmer pour le fait de rester travailler avec sa responsable qu'elle ne pouvait pourtant pas accepter, Aelya tentant de le rattraper en allant prendre ses mains dans les siennes, son regard se voulant plus doux, plus plaintif. Mais j'peux pas avoir trouvé ma voie si c'est sans toi... J'peux pas m'épanouir si t'es pas là... Avoua-t-elle, les yeux baignés de larmes, sa main sur sa joue la faisant frissonner alors qu'elle comprenait où doucement mais surement, il l'amenait. Je suis désolée... Tu sais très bien que je l'attendais autant que toi cette soirée... Putain j'le hais ce fouteur de merde, lâcha-t-elle, la mâchoire serrée, consciente que de toute façon si ça n'avait pas été lui, ça aurait été autre chose qui se serait encastré dans les rouages de son quotidien compliqué, ses lèvres sur les siennes donnant cette impression d'adieu qu'elle ne savait apprivoiser, ses larmes roulant silencieusement sur ses joues, teintant ce baiser de sel. Me laisse pas bébé... J'veux pas être sans toi... Tout mais pas ça... Tenta-t-elle de le retenir, son coeur terminant de se flétrir à ses derniers mots. Je peux pas t'empêcher de faire ce qui est le mieux pour toi si c'est que tu veux, mais... Je t'aime amour, plus que tout... J'arriverai pas à me reprendre si tu restes loin de moi... Continua-t-elle, passant ses mains sur ses joues noyées de larmes. Tu irais où... ? J'veux pas que tu me quittes...

Il n’avait jamais souhaité en arriver là, lui qui avait à chaque fois voulu y croire, fondant ses espoirs dans les mots de son amour qui l’avait toujours rassuré. Mais malheureusement, il s’était rapidement rendu compte qu’ils s’enlisaient tous les deux dans des sables mouvants, leur quotidien prisonnier de ce cercle vicieux qu’ils ne parvenaient plus à briser. Il avait mal de l’admettre, mal de devoir prendre cette décision pour leur bien, lui qui était convaincu que s’il ne le faisait pas maintenant, la chute n’en serait que plus mortelle pour eux. « J’ai essayé… J’arrête pas d’essayer Aelya… Mais ça tourne en rond, et tu sais aussi bien que moi que ça se calmera pas… » Lâcha-t-il, évoquant sa carrière en pleine ascension, lui qui assistait impuissant à l’explosion de sa notoriété, Aelya cumulant les contrats qui fleurissaient chaque jour, l’empêchant de trouver un équilibre sain avec sa vie amoureuse. « Ce qui me fait le plus mal, c’est de voir qu’on s’éloigne… C’est inévitable, nos rythmes de vie sont incompatibles, même si on essaye, y’aura toujours quelque chose pour se mettre entre nous… » Souffla-t-il, brisé par ce constat, brisé par ses mots et sa volonté de se battre encore. Mais en réalité, Niels savait que la balle n’était plus dans leur camp, que le mal était déjà fait bien qu’ils avaient lutté contre l’inévitable en pensant pouvoir le semer. Ses mains s’étaient retrouvées dans les siennes, ses yeux ternis par la peine et la douleur qui envahissaient l’entièreté de son âme trouvant les siens. « C’est ce que tu fais déjà mon amour, sans t’en rendre compte… » Cilla-t-il, sa main caressant lentement sa joue, lui qui tentait de lui expliquer les raisons de sa décision. « C’était important aussi, j’le comprends… » Murmura-t-il, n’ayant aucune envie de la blâmer alors que ce moment était tout aussi compliqué à gérer pour elle que pour lui, Niels avançant son visage vers le sien pour lui offrir un dernier baiser noyé de cet amour qui ne périrait jamais, son coeur se brisant à l’entente de ses sanglots qui finirent de l’achever. « Bébé… S’il-te-plaît… J’veux juste qu’on gâche pas tout et ça doit passer par là… » Lâcha-t-il, sa voix se brisant alors qu’il s’éclipsa pour rassembler ses affaires. « J’serai jamais loin, tu le sais… J’suis qu’à toi mon amour, ça sera toujours le cas, parce-que je t’aime et que je t’ai choisi pour la vie… Mais on peut pas continuer à se faire du mal comme ça, on avancera pas… » Tenta-t-il d’expliquer, à court de souffle tant la douleur l’empêchait de respirer. Il se redressa à ses mots, finissant de fermer son sac, rongé par les larmes qu’il voyait sur ses joues. « Je sais pas encore… J’ai pas forcément envie de m’incruster chez Milo et Az. Je vais trouver quelque chose. » Répondit-il, faisant quelques pas vers elle, ne pouvant s’empêcher de venir essuyer ses larmes. « J’ai pas envie de partir non plus mon ange… Mais crois-moi, j’fais ça pour nous, parce-que j’ai pas envie de te perdre… » Souffla-t-il, ses yeux perlant d’émotions, Niels qui se forçait à rester fort pour ne pas s’effondrer. « Prends soin de toi… Fais-le pour moi… » Il entendit Hank venir jusqu’à eux, tentant d’avoir leur attention, Niels baissant tristement les yeux vers leur chien. « Prenez-soin de vous mes amours… »