you're the one that i want (vikey)

Le timing ne pouvait pas être plus pourri et mon karma aussi. Quand j’ai match avec Mikey, il y a un bon petit moment maintenant, je me disais que c’était vraiment un gars cool et qu’il pourrait peut-être y avoir un truc, que ma poisse amoureuse et mes plans foireux seraient derrière moi. Mais non, car malgré notre super date à Chamonix, les choses ne sont pas allées comme je voulais ensuite. Tout ça à cause d’Elmo qui n’est pas foutu de prévoir les choses à l’avance et qui voit son visa se terminer sans solution rapide pour le renouveler. C’est comme ça qu’on s’est retrouvé à vouloir faire un mariage blanc pour sauver ses fesses. Je crois qu’à ce moment-là je me rendais pas compte des démarches administratives et du temps qu’il faut pour se marier à quelqu’un, surtout lorsque cette personne n’a pas la même nationalité. Moi qui pensais être vite débarrassée de ça, c’est raté. Du coup pendant ce temps-là j’ai continué à parler à Mikey parce que clairement il me plaît et que j’ai pas franchement envie de louper ma chance à nouveau. Je voulais lui dire pour Elmo et notre mariage arrangé mais je ne savais pas vraiment comment aborder la chose. Surtout que j’essaie de faire gaffe pour pas qu’on se fasse griller et que tout soit ruiné. Le destin m’a filé un coup de pouce en se trompant de destinataire pour un faux message amoureux destiné à mon cher coloc et meilleur ami et surtout futur faux mari. J’ai bien été obligé de tout révéler à Mikey si je voulais pas que notre histoire se finisse aussi mal. Après un moment de jugement que j’ai pas des masses apprécié, on a fini par s’arranger un rendez-vous en vrai, pas par téléphones interposés. Chez lui c’est plus simple puisqu’il peut plus facilement être seul que moi avec mes deux colocs dont un dont je suis prétendument amoureuse. Après une journée à bosser sur mon projet qui avance à petit pas, j’arrive chez Mikey, à l’heure, j’ai hâte de le voir, d’éventuellement lui donner plus de détails s’il en veut et de juste être avec lui. « Salut. » je lui dis avec un sourire désolé quand il m’ouvre la porte. Justement je lui tend une petite peluche qui tient dans ses mains un cœur où il est noté i’m sorry. Ça fait très cliché teenage movie mais j’aime bien. « Il en avait pas avec marqué : désolé de pas t’avoir dit que je me marie pour de faux avec mon meilleur ami. »

Je sais pas trop ce que va donner cette soirée, ce qu’on va se dire. Après avoir mis les choses au clair au téléphone, je me dis qu’il n’y a plus rien qui nous empêche d’aller plus loin et j’avoue que ça me fait sourire rien que d’y penser. On se parle depuis décembre tous les deux et depuis décembre je pense à ce qu’il pourrait se passer si jamais je ne devais pas jouer les petites copines pour Elmo. Sans ça j’aurais pas eu à lui offrir une peluche clichée. Enfin si, j’aurais peut-être dû parce que même sans le mariage je ne m’attends pas à ce que ma vie amoureuse soit un long fleuve tranquille surtout quand je vois toutes les merdes qui ont pu m’arriver par le passé. Je sens quand Mikey m’ouvre qu’il est pas comme d’habitude, je sais pas comment le décrire mais il y a un truc différent par rapport aux autres fois qu’on s’est vus. Je sais pas si c’est parce qu’il est encore énervé à cause du mariage ou s’il y a autre chose. « Et puis celui-là il est multi-tâche, ça fonctionnera pour tous les trucs que j’aurais à me faire pardonner. » Je lui dis avec un sourire. Il me dit qu’il pensera à moi en le voyant et je trouve ça mignon, même si j’espère qu’il pensera à moi en bien. « J’espère que tu me jetteras pas de mauvais sort. » Si ça se trouve il va la transformer en poupée vaudou et je peux dire adieu à tout potentiel espoir d’une vie tranquille sans trop de dramas. Il met un moment avant de me laisser rentrer, je me demande s’il a vraiment envie que je sois là ou s’il a accepté de me voir uniquement parce qu’il ne voulait pas dire non. Je ferme la porte comme il me le demande. Il en profite d’ailleurs pour savoir si je veux boire ou manger un truc, tout en s’éloignant vers la cuisine. « J’te fais peur ou quoi ? C’est quoi le truc, tu as pas envie que je sois là ? Tu peux me le dire tu sais. » Je suis pas du genre à y aller par quatre chemins donc s’il y a un truc qui va pas je préfère qu’il m’en parle, que je parte éventuellement si c’est ce qu’il veut plutôt qu’il me fuit.

J’espère que je n’aurais pas trop à m’excuser auprès de Mikey à l’avenir parce que j’ai pas envie que notre histoire se résume à des conneries de part et d’autres. « Mince, c’était mon plan mais maintenant je vais devoir trouver autre chose. » Je lui réponds avec un sourire. Il me rassure qu’à moitié quand au vaudou, les menaces mystiques planent toujours sur mon futur. Si ça se trouve mon karma de merde en amour vient d’un type qui aurait mal pris un non et qui depuis s’acharne sur une poupée à mon effigie pour que je ne connaisse jamais le bonheur amoureux, ça expliquerait pas mal de choses. « Très rassurant ! » Je lui dis avant d’entrer. Je sens que Mikey n’est pas comme d’habitude, je saurais pas dire comment mais il est bizarre. Et plutôt que d’attendre mille ans pour en parler, je préfère mettre les pieds dans le plat direct. Et puis j’ai bien assez tourné autour du pot avec lui, en lui cachant les choses à propos d’Elmo et de notre mariage blanc, je dois bien arrêter maintenant. Il me rassure en me disant qu’il a envie que je sois là. Ok donc je le fais peut-être pas flipper ou alors il est hyper bizarre et du coup ça serait à moi de flipper. Mais par contre je le rends nerveux. « Ah ! Faut pas. » Je lui réponds en riant. Je sais que parfois les gens peuvent me trouver un peu intimidante parce que je dis ce que je pense et que j’hésite pas à m’imposer quand il faut. Il résume notre situation et ça me fait sourire. Oui, on s’apprécie tous les deux, je le sais, il le sait aussi à présent. Je trouve drôle le fait qu’il ait envie de m’embrasser mais qu’il ne le fasse pas, peut-être par peur d’être un boulet comme il le dit ensuite. Je me rapproche et dis « Tu seras un boulet si tu m’embrasses pas alors qu’on en a tous les deux envie. » J’attrape sa main pour le rassurer. Il a pas à paniquer, même si moi aussi je sens tout l’intérieur de mon ventre qui est en train de jouer des maracas parce que ça fait une éternité que j’attends ce moment.

J’espérais que cette soirée se passe bien, comme toutes les autres qu’on a pu passer tous les deux ces derniers mois. Mais j’espérais plus que ça aussi, que les choses prennent une tournure différente. A chacun de nos rendez-vous j’ai esquivé le moment de s’embrasser parce que je voulais pas le faire en lui cachant des choses, même si j’avais envie qu’on le fasse. J’aurais pu tout lui avouer plus tôt, j’ai un peu attendu d’être devant le fait accompli mais j’avais peur. Au final, je n’avais pas vraiment de raisons, même si on s’est un peu embrouillés, il a compris. S’il y avait dû se passer quelque chose avec Elmo, ça se serait fait il y a des années, pas maintenant et c’est pas un faux mariage qui y changerait quelque chose. Je le vois stresser, j’essaie de le rassurer même si intérieurement je sens aussi une pointe de nervosité en moi. Si je ne l’étais pas du tout je pense que je l’aurais embrassé à peine après qu’il ait ouvert la porte. Mais une partie de moi doutait et doute toujours un peu que ce soit ce dont il a envie. Enfin jusqu’à ce qu’il me le dise, que c’est ce qu’il veut. Je me rapproche de lui et il se rapproche aussi, on n’a jamais été aussi proche de ce moment. Ma main dans la sienne, il entremêle nos doigts. On continue à se rapprocher, doucement, presque trop mais je patiente parce que je ne veux pas gâcher ce moment tant attendu depuis des mois à cause de mon impatience. Finalement nos lèvres se touchent et je sens tout mon corps se relâcher et la joie me parcourir. Enfin ! On l’a mérité ce baiser. Alors j’en profite au maximum en glissant ma main dans ses cheveux. Je ris nerveusement comme une gamine de treize ans qui vit son premier baiser, sans doute aussi dû au fait que depuis notre rencontre et l’accord avec Elmo, survenus à quelques jours d’intervalle, je n’ai pas franchement embrassé grand monde, si ce n’est personne, à part Elmo pour la crédibilité et ça n’avait clairement rien à voir par rapport au feu d’artifice que je suis en train de vivre. « Tu fuis plus maintenant ? » Je lui demande en souriant.

Je n’imaginais pas d’autre issu possible à notre rendez-vous que celle-là. Je vais enfin pouvoir arrêter de bassiner Elmo avec le fait que toute cette histoire de mariage à la con m’empêche de vivre ma grande histoire qui pour une fois était à portée de main. Il me remerciera sans doute d’avoir envoyé le sms à la mauvaise personne pour qu’il n’ait plus à m’entendre me plaindre à longueur de journée de devoir repousser gentiment Mikey alors que je ne veux juste que l’attirer à moi. Mais quand on s’embrasse j’oublie tout le reste autour et toutes les choses qui me prennent la tête en ce moment. Il semble qu’au moins un point trouve sa résolution en cet instant. Quand on se sépare, enfin c’est vite dit puisqu’on reste collés l’un à l’autre, nos bouches distantes que de quelques centimètres pour respirer un peu d’air frais, je ne peux m’empêcher de le taquiner. Je n’ai pas envie qu’il fuit et je n’ai pas l’impression qu’il veuille le faire ou alors il se débrouille comme un manche pour le montrer. Je hoche la tête à sa réponse. « Sûrement une sage personne qui t’a dit ça. » Oui je me lance des fleurs mais bon on aurait pu continuer encore pendant plusieurs minutes à tourner autour du pot si je ne lui avais pas dit les choses avec franchise. Enfin si je lui avais dit toute la vérité bien plus tôt à l’heure qu’il est on n’en serait pas à notre premier baiser. Enfin j’imagine, j’espère qu’il y en aura d’autres après celui-là. Il me demande si je voudrais qu’il fuit. « Non, j’pense qu’on a eu assez notre dose d’amants maudits comme ça. » Je lui réponds en souriant avant de me pencher à nouveau vers lui pour l’embrasser. Si la sensation est moins nouvelle, elle reste tout de même exquise. « J’ai envie qu’on passe notre soirée dans les bras l’un de l’autre à s’embrasser à intervalles réguliers. » Comme deux adolescents qui viendraient enfin de s’avouer leur attirance mutuelle.