keep making me laugh, let’s go get high. (francisco)

keep making me laugh,
let’s go get high

C'était rare que Charlie se sente aussi détendue avant un date. Il fallait dire que les atomes crochus s'étaient révélés dès le départ de leur conversation sur le Bowtie, entre Francisco et elle. La conversation avait été si naturelle, qu'ils avaient parlé de se voir sans même réellement mettre le mot de rendez-vous dessus. La brunette, d'habitude toujours un peu nerveuse avant ce type de rencontres, à vérifier son apparence devant le miroir une heure avant, et essayer six tenues différentes, était cette fois réellement excitée à propos de ce date, plus officieux qu'officiel. Il devait en faire rêver plus d'une, ce gars, avec son physique avantageux et typique du surfeur australien qui se prend pas la tête, et ses origines brésiliennes. Mais ce qu'elle avait adoré, Charlie, c'était son humour. Elle avait l'impression d'avoir trouvé son âme-soeur en termes de vannes pourries – et pourtant très recherchées, si si. Il lui avait proposé un cadre idyllique pour se voir, en plus, mettant à disposition son van, convenant de se retrouver au bord d'un coin reculé de la plage, que seuls les Boweniens connaissaient. L'enthousiasme de Charlie n'avait pas manqué, et ce qu'elle avait déjà vu de lui en stalkant son Instagram lui vendait du gros dream. Elle avait donc quitté l'hôpital aussi tôt que possible, pris une douche rapide et enfilé un short en jean et un simple top surmonté d'une chemise ouverte. Ses boucles brunes indisciplinées au naturel, elle avait pris les transports pour arriver à la plage et puis marché jusqu'au point de rendez-vous, par des sentiers détournés, où le peuple se faisait déjà bien plus rare. Elle avait hâte, elle sentait qu'ils allaient bien s'amuser, et étonnamment, c'était un peu le seul sentiment qui primait, contrairement à d'habitude. Elle se demandait s'ils allaient lancer un feu de camp, ou faire des galipettes dans le van. Ou aller nager nus. Ou juste boire et chiller. Franchement, tout lui allait. Arrivée sur le banc de sable reculé, jouxtant une crique et quelques arbres touffus, elle repéra le véhicule comme vu sur les réseaux sociaux, et s'en approcha en sautillant, sa légendaire énergie pétillante au rendez-vous. « Toc toc toc ! » fit-elle en frappant doucement de son doigt sur la carrosserie.

Francisco n'était pas le genre d'homme à stresser avant un date. Premièrement, car il avait toujours eu cette ouverture naturelle envers les gents, cette aise à leur parler, à les regarder droit dans les yeux, à les tutoyer comme s'il les connaissait depuis toujours ; sans doute, cela venait de ses origines brésiliennes, cette aise à vouloir embrasser tout le monde, sans discrimination, sans opprobre?

Et puis surtout, car Xico n'avait absolument aucune attente, outre que celle de passer un agréable moment.

Ce jour-là, c'était Charlie qu'il avait invité dans sa bulle de petit paradis. Elle travaillait avec des gosses, à l’hôpital. Elle semblait ouverte au camping, aux feux de camp, à l'ambiance des plages sauvages. Pas mal. Depuis qu'ils avaient matché, leur humour débordant les avait connectés instantanément et s'il y avait une certitude ce jour-là, c'est qu'ils allaient au moins BIEN rire.

En cette fin de journée, il avait décidé un peu sur un coup de tête de sortir son tapis de yoga (il finirait à temps de l'heure plus ou moins fixée avec Charlie, certainement?), histoire de progresser un peu plus sur ce « sport ».  Préférant les activités plus intenses, il se plaisait à faire croire qu'il n'en avait pas grand besoin. Quoiqu'il puisse dire, c'était une activité qui assouvissait quelque chose en lui, quelque part - et à laquelle il se dédiait chaque fois plus fréquemment.

Lorsque quelqu'un frappa doucement sur la carrosserie, Xico s'apprêtait à enrouler le tapis de mousse pour le caser à l'arrière du van. Juste à temps de ne plus être surpris torse nu. Vêtu d'un haut, d'une couleur qui rappelait le plus beau bleu de la mer - et de shorts simples, cheveux sauvages rattachés à l'arrière de sa tête, Xico ne répondit pas tout de suite. Ce son ne lui était pas étranger du tout, tout le monde semblait se plaire à toquer sur sa maison à roues.
Lorsqu'il contourna le véhicule pour vérifier qui était là, son visage s'ouvrit en un grand sourire.

" Ah! Voilà donc la femme frappante. " annonça-t-il de sa disposition irrésistible, approchant la jeune femme  -déjà pour la taquiner- mais surtout, pour lui faire finalement face. Elle était ravissante, un beau sourire aux lèvres, les yeux pétillants. Xico aimait bien ces gens qui irradiaient d'une positivité rare. Elle semblait plus petite qu'il ne l'avait anticipé, maintenant qu'il était arrivé à sa hauteur, mais cela ne le gênait aucunement.  " J'peux te prendre dans mes bras? Ou tu vas m'agresser? " Posture de grand géant, il n'y avait rien de forcé dans ses gestes, mais demander n'était jamais de trop ; si elle acceptait l'étreinte, il émanerait tout juste cette envie naturelle de partager de l'affection physique, un geste surtout fraternel et purement chaste.

" Alors, pas trop de soucis en chemin? Pas difficile de me retrouver? Désolé si tu m'as appelé, j'ai pas mon portable sur moi. D'ailleurs je sais plus où il est.  " Tâtonnant ses poches, son gadget n'était définitivement pas là.

@Charlie S. Meers

Le garçon apparut à l'angle du van, comme sorti de nulle part, et Charlie l'accueillit avec ce sourire radieux qui pouvait ensoleiller toute une plage, celui qu'on lui connaissait bien. « J'aurais même dit renversante, mais t'es toujours debout, alors... J'dois me surestimer. » répondit la jeune fille avec une conclusion des plus naturelles. Alors qu'il venait la saluer, ce moment généralement un peu awkward dans un premier date, que Charlie ne savait jamais vraiment anticiper, Francisco coupa court à toute réflexion superflue en lui demandant s'il pouvait la prendre dans ses bras. Et c'était génial, aux yeux de la brunette, comme point de départ. C'était vrai, pourquoi on se demandait pas ça plus souvent, aussi gentiment et ouvertement, quand on rencontrait quelqu'un ? Parce que Charlie, les câlins, elle adorait ça. « Bien sûr ! T'inquiète, j'ai laissé mes scalpels à la maison. » le rassura-t-elle, de cet air extraordinairement sérieux qu'elle empruntait à chacune de ses blagues poussée trop loin, mais son regard conservé cette lueur malicieuse, alors qu'elle rejoignait Xico pour une étreinte pleine de chaleur, comme s'ils se connaissaient depuis des lustres. Puis, ça se refusait pas non plus, d'être dans les bras de ce mec quelques secondes. Parce qu'elle profita bien de sentir ce premier contact avec sa peau chauffée par le soleil et de découvrir son odeur de plage de sable blanc. Mais trêve de fantasmes, l'heure était surtout à un moment agréable et habillés, pour l'instant en tout cas. « Aucun souci, j'ai un GPS dans la tête ! » Affirmation totalement fausse, c'était surtout qu'elle connaissait bien sa ville natale, c'était plus sur sa mémoire qu'elle comptait que son sens de l'orientation. « Ah ben heureusement que je t'ai trouvé alors, j'aurais pu marcher jusqu'à Brisbane. » plaisanta la jeune fille, passant une main dans sa cascade de boucles brunes.

hj: