You are my high (chalian) - (hot)

Par principe, ils ne se disaient pas (encore) je t'aime mais ils se le montraient un bon nombre de fois dans la journée. Elle, en le collant un peu trop. Lui, avec son regard désarmant.  Secrètement Charlie avait la sensation d'être prisonnière de Julian, parce qu'elle n'arrivait fichtrement pas à s'en détacher. Si ils se disputaient, ils se retrouvaient la minute suivante. Aussi était-ce pour cela qu'elle avait préféré fuir sans rien dire, quelques mois plus tard. Mais là, elle en était incapable, envoûtée et séduite par son mentor.

Accrochée à ses lèvres, ses yeux convulsèrent. A l'arrière-boutique, tous deux s'étaient cachés dans un coin derrière les cartons. Il l'avait porté sur l'un d'entre eux, lui qui s'était placé dans le creux de ses cuisses. De quoi la rendre complètement dingue. On ne devrait pas... commençait-elle par dire dans un souffle, alors qu'elle-même promenait sa bouche sur son cou, pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Entre eux, c'était ainsi tout le temps. Le feu et la glace. Surtout le feu. Charlie s'embrasait dans les bras de Julian.

@Julian Bratford

Elle. Avec le temps, tu avais fini par ne plus savoir te passer d'elle. Son odeur. Le toucher de sa peau. Son murmure à ton oreille. Elle. T'en avais presque oublier comment vivre sans elle. Elle. Elle était devenu le centre de ton existence, bien trop vite. A en oublier tes obligations en tant que patron. A en oublier que t'étais pas censé coucher avec tes employés. Ni même en tomber amoureux, mais ça, tu ne l'avouerais jamais. Pas même sous la torture de ses baisers. T'étais pas de ceux-là. De ceux qui s'attachaient, oui. Mais pas de ceux qui l'exprimaient. T'avais déjà essayé, une fois. Et tu t'en étais mordu les doigts.

Et pourtant, te voila emprisonné par ses bras. Son corps contre toi. Ses lèvres glissant sur ton cou. Tes mains remontant lentement le long de ses cuisses, jusqu'à ses hanches. On ne devrait pas... L'une de tes mains qui se séparent de ses hanches pour venir encadrer son visage et la forcer à te regarder On ne devrait pas faire quoi ? que tu demandes d'un air malicieux. de ton regard, la mettant au défi de s'en aller. un fin sourire taquin sur les lèvres. toi et moi, y'a rien de mal à ça. tes lèvres qui fondent sur les siennes, qui les mordillent légèrement, comme si l'embrasser n'était pas assez. Tes lèvres qui glissent sur sa peau, jusqu'à son oreille, alors que ta main glisse le long de sa gorge, caresse sa poitrine et vient se loger dans son dos pour la plaquer un peu plus contre toi tandis que ta langue titille le lobe de son oreille et qu'un murmure s'échappe à ta bouche mais, tu peux retourner travailler si tu veux.

@Charlie Keynes

Sans le savoir, ils jouaient un jeu dangereux. Charlie ne pouvait plus se passer de ses baisers. Il fallait bien en profiter, elle qui avait mis plusieurs mois avant qu'il ne cède à ses avances. Julian savait comment, où et quand la titiller. Il la connaissait depuis peu et pourtant il maîtrisait tous les points faibles de l'ex étudiante. Il baladait ses mains partout sur son corps. Son cœur s'emballa très rapidement quand il glissa jusqu'à sa poitrine. Troublée, elle eut du mal à reprendre la parole. Alors ordonne-moi d'y aller défia-t-elle à son tour, mais sans assurance dans la voix. Car elle avait aucune envie de retourner pâtisser, elle préférait accaparer les lèvres du pâtissier. L'appel du désir était trop grand. Ondulant ses hanches pour le sentir un peu plus bas, elle remonta le pan de sa robe et de son tablier jusqu'à sa taille, ne laissant plus rien deviner sur ce qu'elle portait en dessous. Une culotte en dentelle d'un rouge cerise. Ou sinon... Elle s'interrompit et se pencha sur son oreille. T'as pas envie de moi? demanda-t-elle dans un murmure, d'une toute petite voix innocente. Qu'est-ce que c'était bon de se sentir désirée. C'était quand il était en elle, qu'elle ressentait le plus cette sensation d'être aimée. Il la possédait, Charlie.

Alors ordonne-moi d'y aller sa voix mêlée de défi et d'incertitude t'arrache un sourire amusé. t'étais du genre à aimer les défis. à en jouer, quitte à te bruler les ailes. j'pourrais t'ordonner de faire bien des choses, mais pas ça. tes lèvres glissent lentement contre sa gorge, l'incitant à se courber vers l'arrière pour te laisser embrasser sa clavicule. ta bouche glissant inlassablement le long de son décolleté alors qu'elle remontait lentement sa robe pour offrir à tes yeux la vue de ses sous-vêtements. ce rouge qui te faisait un effet que tu ne tarderais plus à dissimuler. léger soupir qui s'échappe à tes lèvres. Ou sinon... ses lèvres qui plongent jusqu'à toi pour effleurer ton oreille, pour y glisser quelques mots loin d'être innocents, pour le simple plaisir de voir cette lueur de désir danser dans tes yeux T'as pas envie de moi? ton regard qui plonge dans le siens. la protubérance dans ton pantalon qui enfle un peu plus alors que tu te noies dans l'océan de ses yeux. des yeux qui feignent l'innocence. j'ai envie de toi, charlie. je te veux mienne. ici et maintenant. tes mains qui glissent le long de son dos pour te permettre de la saisir et de plaquer un peu plus son bas ventre contre ton entrejambe à l'étroit dans ton jean, pour qu'elle sente combien tu la désirais. j'pense pas pouvoir me passer de toi un jour que tu murmures, comme si le désir que tu ressentais pour elle te rendait soudain plus romantique que d'accoutumée. tes mains qui caressent la dentelle, qui titillent l’élastique enserrant sa taille. tes doigts qui s'y agrippent alors que tes lèvres fondent à nouveau sur son décolleté.  

@Charlie Keynes

Le soulagement et à la fois l'excitation quand Julian lui insinue qu'il pourrait l'ordonner à faire autre chose. Il leur suffisait de peu pour épicer cette tension entre eux. Le contact de ses lèvres sur sa peau la fit frissonner, laissant échapper des souffles chauds de plus en plus incontrôlés. Charlie qui adorait jouer, se voyait perdre à chaque fois, ne résistant jamais aux charmes de Julian.Son regard. Ses baisers. Sa bouche. Il la saisit et elle le sent. Dur. Fort. T'es en train de me rendre dingue, Julian lui dit-elle, d'un ton suppliant. Il avait déclenché le niveau supérieur, la chaleur montait d'un cran. Les joues écarlates, elle l'entendit dire qu'il ne pensait pas pouvoir se passer d'elle un jour. Son bas ventre gronda davantage de désir sur ses mots. Il se montrait doux et ferme à la fois, qualités qui le représentaient si bien. Ses mains caressaient alors la dentelle rouge, elle échappa un rale de plaisir alors que son visage s'enfouit contre sa poitrine. Ses doigts à elle glissaient dans ses cheveux, mais n'avaient pas la force de le redresser. Il la possédait toute entière.  J'en peux plus, s'il-te-plait, regarde l'effet que tu me fais chuchota la blonde, qui était quasi dénudée. Leurs mouvements avaient fait descendre les bretelles de sa robe, révélant le téton de son sein gauche.

Tes doigts qui font glisser le tissus de dentelle rouge le long de ses cuisses, puis de ses jambes. Lentement. Tandis que ta bouche s'attarde sur la peau de son cou, glisse sur ses clavicules, sur ses épaules, comme si tu voulais gouter chaque parcelle de son épiderme. Comme si tu découvrais son corps pour la première fois. T'es en train de me rendre dingue, Julian Tes lèvres contre sa peau. Ta bouche ravageant son épiderme. De baisers. De caresses. Les bretelles de sa robe qui glissent sous ta fougue, révélant sa poitrine, que ta main droite vient saisir fermement pour permettre à tes lèvres de venir s'y poser. Lentement. Délicatement. Ta langue qui roule contre son téton jusqu'à le sentir durcir progressivement. J'en peux plus Ta main gauche qui fait davantage glisser sa robe, puis qui quitte son corps pour venir se poser contre ta taille pour déclipser ta ceinture et ouvrir le bouton de ton jean. T'en peux plus ? Tu veux que j'arrête peut-être ?! que tu murmures, ta bouche toujours collée à sa poitrine.

@Charlie Keynes

Lentement, tel un doux supplice, il faisait glisser sa dentelle rouge jusqu'à ses jambes et continue de poser sa bouche partout sur son corps. Bientôt Charlie se retrouva presque nue face aux baisers fougueux de Julian. Il saisit sa poitrine avec fermeté et elle ne put s'empêcher de laisser échapper des gémissements. Il la rend dingue, elle le lui dit, et si elle disait ne plus en pouvoir ce n'était pas pour qu'il arrête mais pour qu'il continue. Tu sais bien que non répondit-elle, presque implorante. Bien sûr, qu'il le savait. Autrement son corps entier ne réagirait pas à chacun de ses gestes, de ses caresses et de l'emprunte de sa bouche. Son téton durcissant progressivement alors que sa langue ne cessait de l'entourer. Le bruit de sa ceinture. Il l'enlevait. L'effet fut immédiat. Une vague de chaleur envahissait son bas-ventre. Charlie ne se contrôla pas ; gémissement, encore.  Et si on nous surprenait? demanda-t-elle dans un murmure. Il n'y avait pas de peur dans sa voix, au contraire. Elle prenait goût à cette montée d'adrénaline. Ses mains cherchaient à l'aider à descendre sa braguette, comme pour accélérer la cadence de leurs mouvements.  Mais avant qu'ils n'aillent plus loin, elle l'accompagna à se redresser pour que leurs visages soient à la même hauteur. Elle planta son regard dans le sien et ouvrit la bouche, hésitante, pour finalement se raviser et ne rien dire. C'était fou mais ce fut souvent dans ces instants de pur désir qu'elle avait simplement envie de lui dire je t'aime.

Et si on nous surprenait? qu'est ce que cela changerait ? en cet instant, tu te sentais bien, comblé. tu ressentais cette sensation de plénitude et de bonheur que tu espérais pouvoir durer toujours. en cet instant, tu doutais que quoi que ce soit puisse venir briser cette sensation de bonheur que tu ressentais. tu doutais que quoi que ce soit puisse, un jour vous séparer. tu doutais même que vous ne vous en rendriez compte si quelqu'un venait à entrer dans la réserve alors que vous étiez en pleine étreinte. en cet instant, tu comprenais pourquoi il avait fallu que tu repartes à zéro, pourquoi il avait fallu que tu aies le cœur brisé, pourquoi il avait fallu que tu goutes à l'amer saveur de la rupture. pour la rencontrer elle. pour pouvoir être avec elle. et qu'importe si quelqu'un vous surprenez, jamais rien ne vous séparerait... vous étiez le yin et le yang. le jour et la nuit. la douceur et l'impulsivité. vous étiez complémentaire. vous vous complétiez, formant un tout, l'un ayant sans cesse besoin de l'autre pour se sentir complet et épanoui.

ses mains qui s'agitent pour venir t'aider à faire glisser ton jean. ses mains qui, lentement remontent pour t'inciter à lui faire face. pour venir plonger ses yeux dans les tiens. pour te regarder, droit dans les yeux. ses lèvres qui s'entrouvrent et tremblent légèrement. l'hésitation dans son regard bleuté. ses lèvres qui cessent tout mouvement, les mots refusant de sortir. Ta main qui vient se poser sur sa joue. Ton pouce qui caresse le dessin de sa bouche. Un léger sourire qui se dessine sur ton visage. tu te veux rassurant. comme si tu savais ce qu'elle allait dire, ce qu'elle voulait dire, comme si tu voulais lui faire comprendre qu'elle n'avait pas besoin de le dire. parce qu'il ne s'agissait que de mots, et tu n'avais pas besoin de les entendre, tu les lisais là, en cet instant, dans le bleu ardent de ses yeux. et tu savais que les tiens répondaient par le même amour qui te consumait de l'intérieur.

Ils restèrent ainsi, les yeux dans les yeux pendant un moment, le souffle coupé. Aucun mot ne sortait de leur bouche et pourtant leur regard sous-titrait avec évidence ce qu'ils pensaient. Ces deux-là commençaient à s'aimer. Julian ne regardait aucune femme avec tant de douceur que Charlie et pour cela, elle se sentait exceptionnelle. Son mentor  devenait tellement plus ces derniers mois, qu'elle frôlait souvent la limite entre leur vie intime et leur vie professionnelle. Ses collègues pouvaient spéculer autant qu'ils voulaient, Charlie n'éprouvait aucune gêne. Au contraire c'était bon de jouer avec le feu, elle pensait même naïvement contrôler la situation, contrôler ses sentiments. Cependant quand elle se refugiait dans les draps/bras de Julian, elle se retrouvait dans une bulle. Si des bruits de pas venaient d'arriver, ni l'un ni l'autre ne les avait entendu. La blonde s'aggripa alors à Julian, attirant son corps contre elle. Elle l'embrassa de nouveau, comme si le manque de ses lèvres s'était fait trop ressentir. Ses baisers avaient un goût d'évasion, qui lui paraissait impossible de s'en détacher. Elle sentit le membre de Julian contre elle et c'est qui la fit détacher ses lèvres des siennes. Mais au même moment, Charlie fut brusquement surprise car une silhouette venait d'apparaître derrière le dos de Julian. Il s'agissait d'une de ses collègues, qui semblait trop abasourdie pour dire quoique ce soit. Charlie qui était tout aussi abasourdie qu'elle, ne parvint pas à aligner deux mots correctement. Ju... Julian... Amb... Amber... Là... balbutia-t-elle, les joues devenant écarlates.

tes yeux qui se perdent dans les siens. son regard dans lequel tu pourrais te noyer. elle, pour qui ton cœur bat. tu ne sais que trop qu'elle a raison, qu'on pourrait vous surprendre. mais, tu t'en fiches. en cet instant, tu te fiches pas mal des conséquences, de ton statut et du siens, de votre relation patron et employée qui pourrait en pâtir. elle. son corps. ses baisers. sentir sa peau contre la tienne. c'est tout ce qui compte en cet instant. t'as envie d'elle. envie de la sentir contre toi. envie de sentir son corps se cambrer sous tes caresses. envie d'entendre ses gémissements à son oreille. et les conséquences, elles ne sont qu'hypothétiques pour le moment. inexistantes. il n'y a qu'elle et toi, que toi et elle. le reste du monde n'existe pas, n'existe plus. elle est ton monde tout entier. et qu'importe si le reste du monde continue de tourner.

elle. ses mains qui s'agrippent à ton corps, qui t'incitent à t'approcher d'elle. ses lèvres qui viennent se poser contre les siennes. ta langue qui vient caresser la sienne, la titiller. et ton membre qui se dresse un peu plus, qui vient contre elle, qui cherche à entrer en elle. sensation qui l'incite à se séparer de toi. alors, tu sens son corps tout entier se recroqueviller. tu lis la panique sur son visage alors qu'elle se blottie contre toi, comme pour se cacher. alors, tu comprends, avant même qu'elle ne dise quoi que ce soit. tu sais. tu sais qu'une tierce personne se trouve dans la pièce, et soudain, tu te souviens. tu te souviens que le monde ne s'est pas arrêté de tourner. tu te souviens que tu as d'autres employés. tu te souviens de tes responsabilités, et des conséquences que cela pourrait avoir. ce simple moment. les conséquences sur ton image, sur celle de Charlie. sur sa réputation. les cancans qui risquaient d'être murmurés en votre présence. ce qu'ils pourraient signifier. la remise en question de ses compétences en tant que pâtissière.

Tu ne prends pas la peine de te retourner, te contentant d’attraper ton pantalon pour le remonter jusqu'à ta taille. le voile de désir dans ton regard a disparu, remplacé par cet éternel voile de froideur et d'indifférence. une de tes mains vient simplement se poser sur la bretelle de la robe de charlie pour la remettre à sa place, sur son épaule, avant de revenir à ta taille pour boutonner ton pantalon. tu devrais retourner à ton poste, charlie! que tu ajoutes, simplement, comme si de rien n'était.

Il faisait vibrer chaque partiel de son corps. Julian  savait toucher à chacun de ses points faibles en commençant par la façon dont il la dévorait des yeux. C'était comme si ils étaient sous une autre dimension, que chaque geste lui faisait l'effet sensoriel de frôler l'orgasme à tout moment. Cette tension, ce désir, ces sentiments... ce tout, la mettait dans tous ses états.

À vraiment deux doigts de faire l'amour dans la réserve, si leur collègue ne les avait pas surpris, Julian et Charlie auraient sans aucun doute cédé à la tentation. L'apprentie pâtissière ne savait pas comment réagir, elle qui était gênée. Mais la réaction de Julian la toucha en plein coeur. Il avait de nouveau ce regard froid et indifférent. Le patron venait de remplacer l'amant enflammé. D'un air couroucé,  Charlie se rhabilla et tourna aussitôt les talons sans chercher à lancer une dernière attention envers celui qui venait d'éveiller mille désirs en elle. Le restant de la journée fut difficile, parce que Charlie et Julian dut travailler ensemble comme si de rien n'était. La tension pesait lourde. Très lourde. Charlie tenait à cœur à ce qu'elle reste bien à sa place d'apprentie en continuant de se surpasser dans la confection des pâtisseries. Elle faisait tout pour ignorer son boss, ne serait ce que croiser un seul de ses regards. Puis alors que les heures passaient, les deux amants finirent par se retrouver de nouveau seuls. Charlie rangeait son plan de travail avec acharnement. Au bout d'un moment d'hésitation elle lança un regard féroce vers Julian. C'était quoi ton numéro de tout à l'heure? T'as honte de moi? rétorqua-t-elle d'une voix tremblante, encore sous le coup de la colère.

tu n'avais jamais été un homme romantique, ni vraiment très attentionné. Tu n'avais jamais appris à montrer tes sentiments. T'étais juste cet homme au visage fermé. Cet homme qu'il pouvait être difficile de rencontrer et d'apprécier. Parce qu'il fallait passer outre la carapace derrière laquelle tu t'étais emmuré. Barricade si bien gardée que même ceux qui avaient su y entrer en étaient bien souvent chassés. Et Charlie ne dérogeait pas à la liste. Elle avait beau connaitre le Julian qui pourrait, surement, un jour lui avouer combien il l'aimait, elle ne pourrait, surement, jamais le dompter. Parce que tu n'avais jamais appris. Parce que ton père ne t'avait jamais montré comment aimer. Comment exprimer autre chose que de la froideur et de la distance. Parfois, dans tes nuits d'insomnie, tu en venais à te comparer à lui, meurtri par la honte de cette ressemblance qui faisait de toi le digne fils de son père. Cet homme que tu avais tant haït. Cet homme qui ne t'avait jamais rien montré d'autre que du mépris.

Alors, pour ne pas déroger à ta ligne de conduite habituelle, tu redeviens cet homme froid et distant que rien ne semble être capable d'atteindre. Pas même la situation actuelle, aussi malaisante soit elle. Pourtant, la seule chose à laquelle tu es capable de penser en cet instant, c'est bien à Charlie. La crainte qu'elle passe pour une fille facile qui couche avec son patron pour se faire un nom, pour graver les échelons. Mais, tu n'en montres rien, te contenter de t'éloigner d'elle, de faire comme si de rien n'était. Comme si rien ne s'était passé. Comme si vous n'étiez pas sur le point de vous dire combien vous vous aimiez, et de vous témoigner cet amour. La froideur de ta réaction. Éclair glacial. Ton corps qui s'éloigne du siens, avec dédain et indifférence. Comme si rien de tout ça n'avait existé. Comme si elle ne comptait pas. Mensonge. Mais tu ne sais pas faire autrement. Tu n'as pas appris à montrer quoi que ce soit d'autre que ce visage indifférent. Tu lui fais comprendre qu'elle doit retourner à son poste. Le patron qui refait surface. Celui que tu es. Celui que tu aurais du rester. Ici. Dans ton établissement. Charlie qui s'habille en toute hâte et qui s'éloigne. Tes paupières qui se ferment alors que tu te retrouves seul à présent. Seul avec tes pensées et une certaine forme de culpabilité. Tu sais que tu l'as blessée. Comme ton père avait si souvent blessée ta mère. Le flot des pensées. Le doute. La culpabilité. Tes yeux qui s'ouvrent à nouveau. Ton regard qui balaie la pièce. Cette pièce où tout était si différent quelques instants auparavant. Léger soupir qui s'échappe à tes lèvres avant que tu ne te décides à t'extraire de la réserve, à ton tour.

La journée n'en est que plus longue. Des regards que tu évites. Celui de Charlie. Celui d'Amber. Faire comme si de rien n'était. Garder une certaine distance. Un certain professionnalisme. T'évites de prononcer le moindre mot, te concentrant sur ta cuisine. Fusillant du regard ceux qui se permettent de chuchoter sans la moindre discrétion. Tes mots qui piquent plus que d'accoutumée. La moindre action de travers et tu pestes des reproches. Frustration. Culpabilité. Honte.

Et puis, la fin de journée arrive. Le dernier client qui quitte la boutique. T'essaies de te montrer poli, le saluant alors que tu refermes la porte derrière lui, avant de retourner dans la cuisine où Charlie s'affaire à ranger avec fougue. Tu te surprends à la regarder faire, te demandant comment un si petit bout de femme peut dégager autant de haine à l'encontre d'ustensiles de cuisine. Et soudain, elle lève les yeux vers toi. Un regard empli de colère et de rancœur. Alors tu ne t'en sens que davantage coupable, mais tout ce que tu es capable d'exprimer, c'est un profond soupir. C'était quoi ton numéro de tout à l'heure? T'as honte de moi? Nouveau soupir alors que tu te décides enfin à avancer dans la cuisine pour vérifier que tout est en ordre. Et puis soudain, tu poses les paumes de tes mains contre un plan de travail, dos à elle, et tu te surprends à te demander ce que tu pourrais bien répondre à ça. Si il y a quoi que ce soit à répondre à ça. Parce qu'elle devrait te connaitre depuis le temps. Savoir qui tu es et comment tu fonctionnes. Mais apparemment, non. Alors, sur un ton calme et impassible, tu te décides enfin à répondre. Mon numéro ? T'attendais quoi d'moi ? On est sur notre lieu de travail, et j'suis ton supérieur, tu t'attendais à quoi exactement ?

Julian montrait son deuxième visage, celui du boss froid et distant. Si autrefois Charlie l'avait trouvé attrayant, désormais elle détestait ce type. Elle préférait clairement celui qui lui la soulevait derrière la réserve, en lui parsemant de petits baisers sur sa peau. Celui qui la dévorait des yeux. Celui qui la faisait sentir unique et exceptionnelle. Là en l'occurrence, Julian sauvait son image en se comportant de la manière le plus indifférente envers Charlie. La journée fut donc éprouvante. À la fin de la journée, alors qu'ils se retrouvaient enfin seuls, elle ne put se maîtriser ; il fallait qu'elle lui dise quelque chose. Alors qu'elle mettait toute son énergie à nettoyer le plan de travail, elle lui demanda des comptes. Pourquoi avoir réagi comme si elle était une abjecte personne? Avait-il honte d'elle, de leur relation? Julian, égal à lui-même ne se montra pas tendre dans sa réponse. Il soupira et resta dos à elle. Crescendo, Charlie sentit une vague de colère la submerger. Tu es mon supérieur ? répéta-t-elle en haussant le ton, suivi d'un rire jaune, ancré de rancœur. Elle se rapprocha de Julian, rompant la distance qu'elle s'infligeait à respecter jusqu'à présent. C'est ce que tu penses quand t'es en train de me baiser? Que tu es mon supérieur? s'énerva-t-elle alors que des larmes commençaient à monter. Blessée par l'attitude indifférente à son égard, la jeune femme était sur le point de craquer. Elle puisa toutes ses forces pour contenir ses larmes. Hors de question qu'il la voit pleurer.  Je suis quoi moi, Julian? Qu'est-ce que je suis pour toi? exigea-t-elle de savoir avec force, comme si la réponse à sa question résoudrait tout le mal qui pesait sur son cœur.

Tu es mon supérieur ? L'intonation dans sa voix. Ce ton employé. La colère qui s'en dégageait. Tu pouvais la percevoir alors qu'elle te déchirait l'âme. Tu savais que t'avais merdé, d'une certaine façon. Tu savais que tu l'avais blessée, que ce n'était pas les mots qu'elle avait envie d'entendre. Peut-être aurais-tu dû t'excuser, lui expliquer ce que tu ressentais, que c'était elle que tu cherchais à protéger. Peut-être aurais-tu lui dire combien tu l'aimais. Mais tout ça, t'en étais bien incapable. Tout ça, tu ne le savais pas le faire. Une simple excuse pourrait pourtant changer bien des choses. Un simple petit mot. A peine quelques lettres. Mais tu n'en fais rien. Tu laisses ce rire mauvais qui s'échappe à ses lèvres te dévorer le cœur alors que tes épaules s'affaissent légèrement, le missile ayant touché sa cible. C'est ce que tu penses quand t'es en train de me baiser? Que tu es mon supérieur? Tes paupières qui se ferment légèrement, le temps de te recomposer alors que l'intonation de sa voix laisse présager les larmes qui rouleraient bientôt sur ses joues. La colère teintée de douleur. Oh Charlie, si seulement tu savais combien je t'aime. C'est la seule chose à laquelle je suis capable de penser. Nuit et jour. Mais tu n'en dis rien, te contentant de serrer la mâchoire, comme pour retenir ces mots qui veulent t'échapper, ces mots que tu souhaiterais tant être capable de prononcer. Alors seul le silence fait échos à ses larmes. Seul l'indifférence semble répondre à son appel. Et toi, tu te contentes de rester là, comme si t'en avais rien à faire de son appel, de sa supplique, de son besoin de te l'entendre dire. Tu restes là, le cœur en miette alors que tu ne sais que trop qu'il ne te suffirait que de dire quelques mots. Tu avais si souvent vu ta mère pleurer en attendant un geste de ton père. Tu l'avais si souvent vu attendre un simple mot de sa part. Tu lui en avais si souvent voulu de ne lui avoir jamais donné ce qu'elle attendait. Et te voila aujourd'hui, digne héritier de cet homme que tu avais si souvent détesté... Pourtant, les mots sont là, ne réclamant qu'à s'échapper à ton cœur, à tes lèvres. Pardonnes-moi, Charlie. Je t'aime et je ne souhaite qu'une chose, te tenir dans tes bras chaque seconde de chaque jour, jusqu'à la fin de mes jours....

Je suis quoi moi, Julian? Qu'est-ce que je suis pour toi? Ton cœur comme enfermé dans un étau. Tes poings qui se referment. Lutte intérieure. Ne te retourne pas, Julian. Tu ne veux pas voir la peine que tu lui infliges. Tu ne veux pas la voir traverser un océan de doutes que tu as causé. C'est quoi le problème exactement, Charlie ? Qu'est-ce que tu veux que j'te dise ? Qu'est-ce que t'attends de moi, hein ? Sans t'en rendre compte, t'as fini par te retourner, pour lui faire face, pour faire face à cette douleur que tu as causé. Pourtant, tu ne prends pas la peine de réparer les choses. Tu ne prends pas la peine de répondre à une simple question. Préférant la blesser que de t'exposer.

Tu es tout pour moi, Charlie.