i will live a thousand million lives (conja)

Les mots te manquent pour décrire cette situation complètement surréaliste. Est-ce l'univers qui a décidé de te jouer un tour en menaçant de te prendre trois des êtres les plus importants de ta vie : Conchobáhr, Woody et ton bébé ? Par chance, les trois sont encore en vie mais tu n'es pas certaine de connaitre toutes les séquelles de cet accident. Le personnel médical n'a pas voulu t'en dire trop sans que tu ne saches réellement pourquoi. Quoi qu'il en soit, on t'a averti du réveil de Conchobáhr, deux jours après le tien. Après l'accident, tu as dormi pendant de longues heures, ce n'est que le lendemain que tu as repris connaissance en espérant que tout ceci n'était qu'un mauvais rêve. Malheureusement, la réalité t'a frappée de plein fouet en sentant une douleur irradier dans ton épaule. Une entorse, selon les médecins. Rien de trop grave, juste handicapant quand on sait que tu es enceinte et que ton corps est déjà affaibli par la grossesse. Hier, à l'hôpital, c'était la première fois que tu sentais bouger ton bébé. C'est comme si c'était sa manière à lui de te dire "je suis là maman, je vais bien". Tu ne t'es jamais sentie aussi soulagée et complète à la fois. Ce bébé vient vraiment illuminer chaque moment de ta journée, même les plus sombres. Bref, après avoir appris que tu pouvais aller voir ton meilleur ami, tu t'es précipitée dans sa chambre. Enfin, précipitée, c'est un bien grand mot puisque les douleurs de l'accident sont bien présentes un peu partout dans ton corps. Mais tu es arrivée sans trainer, en tout cas. « Concho. » Souffles-tu en entrant dans sa chambre et en marchant jusqu'à son lit pour venir l'enlacer. Tu grimpes à ses côtés, posant ta tête sur son épaule. « Comment tu te sens ? Tu as mal ? J'ai eu si peur pour toi... » Finis-tu par dire en baissant la tête, repensant à l'accident.

@Conchobáhr Rosenbach

Des bribes de l'accident continuaient à me revenir, comme des flashs d'images, de courtes scènes, qui s'ajoutaient au puzzle incomplet. Pippa m'avait aidé à recoller quelques morceaux, aussi, parce que même en n'étant pas là elle avait été là, d'une certaine manière, c'est sa voix qui m'avait bercée jusqu'à ce que le crash prenne toute la place. Je m'étais d'abord souvenu de son message vocal et de la pointe d'inquiétude que j'avais ressentie en entendant ses paroles. Elle avait voulu me parler de quelque chose et j'avais passé proche de ne jamais pouvoir avoir cette conversation avec elle. Finalement, nous l'avions eue. Elle était enceinte. Pippa était enceinte. Un peu plus et je décédais sans le savoir, la laissant complètement seule là-dedans. Rien que de m'imaginer ça, mon corps tremblait. Nous en avions parlé en long et en large et finalement elle avait dû quitter. Me replongeant dans cette pesante solitude, dans cette confusion par rapport à mon état, par rapport à celui de Freja, mais au moins j'avais maintenant un espoir auquel me raccrocher. J'étais encore en train d'essayer de donner un sens aux derniers jours lorsque Freja entra dans ma chambre, sur ses deux jambes, une épaule immobilisée. Je me relevai difficilement, usant mes bras pour me hisser plus haut vers la tête du lit. « Freja. » Déclarais-je, surpris de la voir debout. Ma voix était encore rauque de l'intubation trachéale, mes cordes vocales ayant des lésions. Une infirmière m'avait dit que ça pourrait prendre quelques jours à guérir.  J'enlaçai ma meilleure amie avec soulagement. « Je ... Je ne sais pas comment je vais. » J'avais répondu la même chose à Pippa plus tôt. Je me sentais encore trop confus pour mettre des mots sur mon état. Et puis, il y avait trop d'incompréhension encore par rapport à l'état de mes jambes, que je n'arrivais pas à bouger, et que je sentais à peine. « Et toi, t'es ... T'es debout. C'est bon signe, ça, non ? » Je voulais qu'elle me rassure, qu'elle me dise qu'elle allait bien, qu'elle n'avait rien.