say something (perlia)

Cela faisait maintenant quelques semaines qu'il y avait eu cette soirée qui avait tout changé entre eux. Si d'ordinaire, ce rapprochement aurait effrayé Tahlia, elle se sentait étrangement sereine face à cette nouvelle proximité qui s'instaurait entre eux. Peut-être était-ce simplement parce qu'ils ne mettaient pas de mots sur leur relation. Ils se laissaient porter à leur rythme, sans avoir à se coller d'étiquettes. Et cela faisait du bien de profiter de l'instant, sans parler de choses trop sérieuses. Pourtant, Tahlia s'attachait à Percy. Elle le savait, elle le sentait. Elle appréciait les moments avec lui, ses baisers, ses caresses, sa peau contre la sienne, les nuits blottie dans ses bras. Elle aimait leurs conversations. Elle aimait découvrir et partager ses intérêts. Mais malgré tout cela, il y avait ce petit quelque chose qui empêchait la brune de foncer la tête la première, qui pouvait tout changer du jour au lendemain. Elle en avait parlé avec April, April qui l'avait poussé à en parler avec Percy. Mais jusqu'à présent, Tahlia avait toujours repoussé le moment. Par peur, sans aucun doute. Peur de tirer un trait sur ces moments qui lui faisaient tant de bien. Mais ce soir, alors qu'elle était chez lui, tous les deux sur le canapé, l'esprit de la brune tournait en boucle. Elle n'était pas du tout concentrée sur le film qu'il avait lancé. La tête posée sur l'épaule du britannique, ses doigts caressant l'avant-bras du beau brun, presque tendrement, elle pourrait simplement profiter de l'instant et mettre des oeillères une soirée de plus. Mais cette fois, Tahlia se redressa et rompit le silence : "Percy, je peux te poser une question ?" Elle se tourna vers lui et l'observa de ses grands yeux verts : "Comment tu la qualifies, notre relation ?" C'était peut-être abrupte, inattendu, mais c'était dans ces moments-là que c'était le plus vrai. "Et sois sincère, je veux vraiment que tu dises ce que tu en penses..." lâcha-t-elle avec un sourire pour montrer qu'elle était prête à tout entendre. Elle était même prête à entendre qu'elle n'était qu'un passe-temps. Il fallait qu'elle sache, qu'elle sache tout pour qu'à son tour, elle lui confie ce qu'elle avait sur le coeur.

Votre relation avait évolué, avec Tahlia. Et tu étais bien heureux de ça. La soirée chez elle que vous aviez passé il y a quelques jours t’avait tellement rendu heureux. Après des années à vous tourner autour, vous aviez fini par sceller cette drague lors d’une soirée romantique. Il était temps, selon toi. Depuis, vous aviez pu passer des moments ensemble, plus intimes qu’avant, sans jamais mettre de mot sur votre relation. En tant que gros romantique que tu es, tu voulais la considérer comme ta copine, comme ta moitié. Même si ce n’était que le début, tu voyais Tahlia d’une autre façon maintenant. Depuis tout ce temps, tu voulais que les choses se passent ainsi. Lors d’une soirée chez toi, pendant que vous regardiez la télévision et que la brune se trouvait entre tes bras, tu la voyais se lever et te regarder dans les yeux. « Tout ce que tu veux » dis-tu avec un léger sourire. Mais la question qu’elle se posait, c’était un peu la même que la tienne. Où en étiez-vous ? Quels étaient les mots qui qualifiaient votre relation ? Avec un sourire en coin, tu te mettais à lui répondre. « J’ai envie de dire qu’on est… un couple ? » dis-tu simplement avant de reprendre. « C’est quelque chose qui me travaille un peu aussi, alors autant être honnête à 100% » continuas-tu en marquant après un petit moment de pause. « Mais j’ai envie de me lancer dans cette aventure avec toi, j’ai envie qu’on ne voit personne d’autre et qu’on soit tous les deux, rien que tous les deux » finis-tu par dire avec un léger sourire. Puis tu reprenais ton sérieux, tu te mordais la lèvre en attendant sa réponse mais tu te permettais de rajouter quelque chose. « Seulement si c’est quelque chose dont tu as envie » soufflas-tu en te mordillant la lèvre.

Cela aurait pu être une soirée simple, où elle aurait simplement apprécié se réfugier dans les bras de Percy. Mais il semblait qu'elle avait autre chose en tête. Et là, tout sentait la conversation sérieuse. La façon dont elle s'était redressée, la façon dont elle le regardait, la mine concentrée qu'elle affichait. D'ordinaire, Tahlia fuyait ce genre de conversations parce que cela ne la réussissait pas, parce que cela éveillait des craintes enfouies. Mais ces deux dernières années, elle avait évolué, gagné en maturité. Elle avait besoin de mettre des mots sur ce qu'elle vivait avec Percy, peut-être parce qu'en sa compagnie, elle se sentait plus que bien. Depuis son retour à Bowen, la brune avait laissé une place grandissante au jeune britannique, faisant tomber peu à peu les barrières. Mais il en restait une, bien persistante. Visiblement, elle ne semblait pas être la seule à se poser des questions. Cela travaillait Percy, aussi. Pourtant, quand il évoqua le mot couple, elle sentit une once d'angoisse l'effleurer, comme à chaque fois que cela devenait sérieux. Mais quand on regardait ses dernières relations, même si cela l'effrayait de s'investir dans une relation, elle avait toujours foncé la tête la première. Elle avait souffert, oui, mais elle avait aussi connu des moments de bonheur qui lui donnaient envie de se relancer sur le plan sentimental. Et Percy était celui avec qui elle pourrait tout à fait se jeter dans le vide. Elle le laissa alors parler, lui confier tout ce qu'il avait sur le coeur, avec honnêteté et détermination. Il lui montrait qu'elle était celle qu'il voulait et étrangement, cela lui faisait un bien fou d'entendre de telles paroles. Elle ne s'engageait pas toute seule dans une telle voie. April avait peut-être finalement raison. Peut-être que Percy Armstrong était suffisamment fou pour vouloir s'engager avec elle. Alors qu'il termina de parler, un léger sourire se dessina sur les lèvres de la brune en entendant sa dernière phrase. "J'en ai envie aussi." avoua-t-elle, d'abord. "Je suis bien avec toi. Déjà avant ces dernières semaines, ça me faisait du bien quand tu étais dans le coin, mais j'avoue que j'apprécie encore plus tout ce qu'il se passe pour nous depuis quelques jours." Elle tenait à lui montrer qu'il était important à ses yeux. Mais très vite, on sentit quand même qu'elle n'était pas des plus sereines. Ses mains trituraient nerveusement l'un des fils qui dépassaient de la couture du coussin à leurs côtés. Son regard se détourna un instant de Percy. "Tu as été honnête, il faut que je le sois aussi avec toi." Elle ne savait pas comment le dire, comment en parler. "Tu sais ce qu'il s'est passé pour moi, il y a maintenant deux ans. Tu sais à quel point ça a été difficile de se relever. Mais j'ai réussi. Et disons qu'un projet m'a énormément aidé à me recentrer, à me replacer." Elle avait parlé de son projet à très peu de personnes et c'était face à Percy qu'elle se sentait le moins sûre d'elle. "J'ai décidé de me lancer dans une PMA depuis quelques mois. J'ai rencontré les médecins et j'ai fait tous les examens nécessaires. Je suis à deux doigts de la dernière étape, Percy." L'étape de l'insémination, cela allait sans dire. Les yeux posés sur lui, elle guetta sa réaction. "Tu es arrivé au moment où je ne pensais absolument pas à m'accrocher à quelqu'un. Et c'est dur, parce que je ne sais pas quoi faire. Ce projet, j'y tiens, j'y tiens même énormément. Et à côté, je tiens à toi." Il était là, tout le dilemme. "C'est là que tu vas t'enfuir au plus vite, non ?" conclut-elle, effrayée d'entendre sa réponse.

Cette conversation, tu ne l’attendais vraiment pas venir aussi vite. Quoi que, si tu en avais envie. Il fallait clarifier la situation. C’était bien beau de faire des déguisements assortis pour Halloween, de regarder des films lovés dans les bras l’un de l’autre. Mais il te fallait du concret. En étant un éternel romantique, et britannique qui plus est, tu avais besoin de savoir. Tu voulais savoir. Que Tahlia emmène cette discussion, ça te serrait un peu l’estomac parce que tu avais peur de la réponse qu’elle allait te donner. Et si tu n’étais qu’une distraction pour elle ? Si tu n’étais pas quelqu’un de sérieux pour elle ? Tu allais rapidement le savoir de toute façon.

Dans son discours, tu étais bénéfique pour elle, alors un sourire se dessinait sur ton visage. Tu étais heureux d’entendre ça. Mais il y a toujours un mais, sinon c’est pas drôle. Et effectivement, il y en avait un. Tu ne disais mot, tu préférais la laisser parler pour attendre de voir à quel sauce tu allais être mangé. Elle te parlait alors de sa fausse couche, il y a deux ans. De cette dépression dans laquelle elle avait été. Tu le savais, tu la côtoyais de temps en temps à ce moment là mais vous n’étiez pas proche comme vous l’êtes maintenant. Mais ce sont les mots suivant qui t’ont percutés le plus. Elle s’était lancé dans une PMA. Whoa. Tu étais très heureux pour elle, mais… parce qu’il y a toujours un mais. Mais qu’est-ce que ça signifiait pour vous ? Allait-elle avoir un enfant seule mais être avec toi ? Tu as toujours voulu avoir des enfants, c’est certain. Et même maintenant, tu en veux plus que jamais. Quand elle te demandait si tu allais fuir maintenant, un léger rire sortait de ta gorge. Tu venais attraper ses mains et relever son menton pour qu’elle soutienne ton regard. « Je ne pourrai pas m’enfuir loin, maintenant que je suis prêt de toi. Ça serait complètement dingue » dis-tu avec un sourire. Puis tu rassemblais rapidement tes mots en tête pour lui répondre. « Je suis très heureux que tu te sois lancé là-dedans, Tahl’. Je me doute que ça doit te faire du bien, ce projet et que tu te sentes épanouie à l’idée d’avoir un deuxième enfant » ajoutas-tu avec toujours ce sourire sur les lèvres. « S’il faut t’aider, je t’aiderai. S’il faut te soutenir, je te soutiendrai. Je… » dis-tu en marquant un temps de pause. Comment lui dire que toi aussi tu voulais des enfants, toi aussi t’aimerai t’embarquer là-dedans ? Mais c’était trop tôt dans votre relation pour dire quoi que ce soit. « Moi aussi je tiens à toi, et je ne veux que ton bonheur. Alors je ne partirai pas loin d’ici » finis-tu par dire en prenant ses mains pour les apporter à tes lèvres et déposer un baiser dessus. Le charme à l’anglaise, que voulez-vous ?

Il la laissait parler, lâcher tout ce qu'elle avait sur le cœur, dévoiler cette vérité qui rythmait sa vie depuis des mois, maintenant. Elle en avait parlé à Leti, à April, à Freja, à ses parents, même. Mais pour la première fois, elle redoutait la réaction de son interlocuteur. Ses amis, sa famille la soutenaient. Mais pour Percy, avec qui elle était aux prémisses d'une relation, qu'allait-il advenir ? Qu'allait-il penser de son projet ? Allait-il trouver sa place dans une histoire comme celle-là ? Tahlia allait avoir sa réponse bien rapidement. Il ne comptait pas s'enfuir. « Tu crois que rester, ce n'est pas dingue aussi ? » demanda-t-elle, presque rhétoriquement. Oui, c'était dingue. Complètement dingue, même. Mais pourtant, Percy assurait sa place. Il voulait une place près d'elle. Il était heureux pour elle. Il voulait la soutenir. L'aider. Disait-il cela pour garder contenance ou était-il sincère ? Elle l'observa, esquissant un sourire quand il déposa un baiser sur ses mains, de manière si romantique. Elle avait envie de croire qu'il était sincère. Mais pourquoi faisait-il cela ? Tant de questions qui tournait encore dans sa tête, inlassablement. Et puisqu'il fallait être honnête – et parce que dans l'esprit de la brune, tout était chaos, la poussant à parler encore plus à cœur ouvert, sans raisonner ses idées – elle confia : « Tu sais ce qui est fou aussi, quand tu parles d'aide, c'est qu'à l'origine, je... je voulais te demander si tu voulais être le géniteur. » Quoi, quoi, quoi ? Et elle osait l'annoncer comme cela ? C'était Tahlia dans toute sa splendeur, qui débitait ses mots plus vite que ses pensées. « Et puis il y a eu ce qu'il y a désormais entre nous et ça a tout remis en question. Et maintenant, je viens à me demander ce qu'il faut faire. » Elle s'arrêta un instant, avant de reprendre : « Tu te vois vraiment auprès de moi alors que j'ai déjà un enfant ? Alors que je suis dans un processus pour en avoir un autre ? Tu penses vraiment pouvoir trouver ta place alors que tu pourrais, je ne sais pas, trouver bien mieux, construire une vie de couple avec une autre? » Elle conclut alors : « Je te laisserai la place que tu voudras, que tu veuilles continuer avec moi, ou non, ou juste de temps en temps. » Elle n'avait plus trop son mot à dire de toute manière, c'était elle qui amenait les problèmes.

Cette nouvelle était sans précédent, tu ne t’y attendais pas. Mais tu voulais montrer à l’australienne que tu serai là pour elle quoi qu’il arrive. Cependant, tu avais toi aussi un désir d’enfant. En même temps, du haut de tes 36 ans, tu te disais qu’il était peut-être temps d’en avoir avant qu’il ne soit trop tard… Tu ne voulais pas être ce vieux père dont on a honte à l’école, même si seul ton désir était d’être père. Et tu savais que c’était aussi le souhait de Tahlia, d’être mère pour une seconde fois. Sa fille la remplissait de bonheur, tu le savais, tu le voyais. Et tu en étais jaloux quelque fois, d’ailleurs. Mais tu ne voulais que son bonheur, qu’elle soit heureuse. « Si, mais un peu moins » soufflas-tu avec un léger rire. Tu serai stupide de la laisser partir, alors que tu as mis tant de temps à la séduire. Mais c’était aussi dangereux de rester. Mais… je me fie du danger, que tu te disais à toi-même. Quand elle te disait qu’elle voulait te demander d’être le géniteur de cet enfant, tu lâchais ses mains l’espace d’un instant. « Vraiment, moi ? » demandas-tu en te pointant toi-même, comme si tu n’y croyais pas. Puis tu écoutais ses doutes et ses peines, mais tu voulais les dissiper. « Tahlia… » soufflas-tu avant de reprendre. « Oui je veux rester à tes côtés même si tu as déjà un enfant, un enfant que j’adore ! Je veux rester avec toi même si tu comptes avoir un autre enfant. Qui a dit que la vie de couple c’était facile, hein ? » demandas-tu avec un léger rictus en fin de phrase. Mais tu revenais sur tes envies à toi et il fallait que tu lui en parles. C’était le moment, il faut dire. « Mais… moi aussi j’ai toujours voulu avoir des enfants. J’ai toujours voulu élever mes enfants et… et je sais pas si c’est ce que tu veux en me demandant d’être le géniteur de ton futur bébé… » finis-tu par avouer, te mordant la lèvre, un peu gêné.

Il fallait être complètement fou de vouloir rester à côté d'elle. Elle avait l'impression d'être inconstante. Elle avait l'impression de ne pas donner une place conséquente dans sa vie aux hommes qui la fréquentaient. Elle se disait presque qu'elle n'avait plus le droit d'être aimée, d'être choyée. Alors, oui, c'était complètement dingue qu'il veuille rester alors qu'elle avait des projets bien à elle. Mais peut-être était-ce cela dont elle avait besoin ? D'un homme qui savait ce qu'il voulait et qui était là à venir démonter sa carapace de pierre pour se trouver une place. Mais avant que Tahlia ne s'en rende compte – et qu'elle l'accepte – il y avait encore du chemin à faire ! Pourtant, elle savait que Percy n'était pas une rencontre comme une autre. Elle ne le mettait pas dans le même panier. Il semblait d'ailleurs surpris par ses mots. Gênée par la tournure de la conversation, elle se devait néanmoins d'être honnête. « Oui... toi. Regarde-toi, Percy, tu as tout pour toi. Tu es brillant, tu es déterminé, tu es bienveillant, charismatique. Tu arrives à fédérer les gens. Et quand tu rentres dans une pièce, je ne sais pas, il y a quelque chose qui émane de toi qui fait que les gens se tournent vers toi naturellement. Je crois que tous les parents verraient en toi le gendre idéal pour ses filles. Je ne comprends toujours pas pourquoi tu es célibataire. Mais ça m'arrange, parce que je t'ai un peu pour moi ... » dit-elle, avec un large sourire. Elle l'avait un peu pour elle, oui, pour le temps qu'il voudrait. Par respect pour lui, Tahlia se devait de lui dire dans quoi il s'engageait. Elle était déjà maman, elle voulait un autre enfant qu'elle voulait seule. Ce n'était pas le contexte idéal pour créer une histoire à deux. Mais Percy semblait en avoir pleinement conscience. Elle le laissa parler, se contentant juste de répondre doucement : « Là, on complexifie encore plus la vie de couple. » En revanche, la suite, elle ne l'avait pas vu venir. Rares étaient les fois où Percy se confiait sur ses projets de vie. Elle ne savait pas trop ce qu'il s'était passé dans sa vie, réellement, mais elle savait qu'il avait souffert. Et elle n'avait pas tenu à creuser davantage, se disant qu'il se confierait à elle quand lui le voudrait. Alors, l'entendre parler de ses envies, aujourd'hui, lui faisait chaud au cœur. Même si cela remettait en question ses propres projets. « Je n'en sais rien, Percy. A l'origine, c'était seule que je voulais élever cet enfant. » commença-t-elle à dire. « Si on va au bout de la chose et que ça ne fonctionne pas entre nous – parce qu'au fond, on ne connaît pas totalement – on se retrouverait avec un petit complètement tiraillé entre ses parents ! L'autre solution, ça serait d'abandonner mon projet et nous donner une chance. » Ses yeux s'humidifièrent à cette idée-là, elle qui s'était préparée à avoir prochainement un petit bébé. Mais si ça fonctionnait, ça repousserait simplement de quelques temps. Mais elle avait surtout peur que ça ne fonctionne pas et qu'elle ait perdu la seule possibilité d'avoir sa famille. « Et sinon, c'est d'en rester là, parce que je ne veux pas te mettre des bâtons dans les roues. Tu mérites d'avoir ta petite famille. » Elle marqua un temps d'arrêt : « C'est con, mais cette solution-là, je ne l'aime pas. »

Toutes ces révélations ce soir, c’était peut-être un grand tournant dans votre relation. Celle que tu n’attendais pas, celle que tu ne pensais jamais avoir de nouveau. Mais tout ce que te disait Tahlia, ça sonnait comme une fin en soi. Mais tu ne voulais pas, tu ne pouvais pas. Il était hors de question de la laisser filer, pas après toutes ces années où tu avais essayer d’entrer dans son coeur. Les compliments qu’elle te faisait te gênaient, tes joues prirent une teinte légèrement rosée et tu détournais ton regard un instant, le sourire aux lèvres. « Tu dis n’importe quoi » soufflas-tu avec un rire un peu nerveux. Tu reposais ton regard sur elle, le sourire toujours aux lèvres. Un sourire heureux, bienveillant, et sincère. « T’es une femme extraordinaire, je crois qu’on te l’as pas assez dit dans ta vie » soufflas-tu simplement, le regard planté dans le sien. « Je ne suis pas toutes ces choses que tu dis, mais toi par contre, tu l’es. T’es une femme géniale, en or, une beauté sans nom. C’est à toi qu’on devrait demander ce que tu fais seule, mais je suis sûr qu’un tas de mec te courent après. La chance que j’ai de t’avoir près de moi, je crois que je viens de m’en rendre compte » ajoutas-tu en te mordillant la lèvre inférieure. Le projet de bébé de la jeune femme, ça changeait toute votre relation. Mais tu voulais surmonter ça. Malgré tout, tu avais toi aussi ces idées et ces envies d’enfant. Tu les avais toujours eu dans ta vie. Qu’elle pense à toi pour concevoir ce bébé, ça te faisait un bien fou, ça te montrait à quel point elle tenait à toi. « C’est sûr… » dis-tu en baissant les yeux. Elle mettait les choses au clair, de ce qu’il pourrait se passer si jamais ça ne se passait pas bien entre vous. C’était du bon sens, de penser à ça si jamais ça ne se passait pas comme vous l’entendait, dans votre relation. Un enfant n’était pas un jouet, il fallait penser à sa stabilité. Et elle avait déjà un enfant d’une autre union, un enfant qui vivait chez papa et chez maman. « Tu vois, j’ai pas envie d’arrêter quoi que ce soit entre nous mais j’ai pas non plus envie de te priver de ton envie d’être mère une seconde fois. Ça serait cruellement égoïste de ma part de faire ça. Je veux juste que tu sois heureuse, quel que soit le choix que tu feras par la suite. Je ne veux pas te forcer à rester près de moi si c’est pour que tu sois malheureuse de ne pas avoir eu un deuxième enfant… » dis-tu à la jeune femme en attrapant ses mains dans les tiennes. « Elle me plaît pas non plus cette solution, mais je ne veux pas t’empêcher d’être heureuse… » soufflas-tu en relevant les yeux vers elle.

Elle avait parlé à cœur ouvert. Elle lui avait dit tout le bien qu'elle pensait de lui. Le voir détourner timidement le regard, les joues légèrement rosées attendrirent totalement la brune. Il ne semblait pas croire en ce qu'elle disait. Il n'avait décidément pas conscience de ce qu'il était. « J'aimerai bien que tu puisses voir à travers mes yeux la façon dont je te vois. » ajouta-t-elle, déterminée à lui montrer que ce qu'elle disait n'était que la vérité. Mais au lieu de l'accepter, Percy détourna la conversation en lui vantant, à son tour, la manière dont il la voyait. La jeune femme l'écouta, sans broncher, mais son regard exprimait la vive émotion qu'elle ressentait à l'instant. Cela faisait toujours un bien fou d'entendre ça, oui. Elle esquissa un sourire et rebondit à sa façon : « Si vraiment il y avait un tas de mecs, je m'en serai fichue. Il n'y en a qu'un qui m'intéresse. » Et c'était lui. Lui, même si les projets de la brune risquaient de tout foutre en l'air. Ses projets qu'elle expliqua sans occulter les solutions qui se présentaient à eux. Percy sembla comprendre le bon sens qu'elle mettait quand elle parlait de cette vie qu'ils pourraient avoir avec un bébé au milieu. « Si je m'écoutais, je foncerai. Mais il y a aussi la raison qui penche dans la balance. » confia-t-elle avec un sourire. Restait à savoir ce qui primerait : le risque ou la raison. Elle l'écouta ensuite parler de sa vision de la situation, du fait qu'il ne voulait pas être une entrave, qu'il ne voulait pas qu'elle se force  à rester près de lui, si c'était au final pour être malheureuse. Il mettait ses besoins en avant. Mais être en couple, c'était aussi des compromis. Et pour cela, Tahlia savait qu'elle avait beaucoup à gagner. Entendant sa dernière phrase, leurs mains liées, elle murmura : « ça sonnerait presque comme une rupture. » Alors qu'ils parlaient à peine de se mettre ensemble. L'évoquer provoqua comme un déclic en elle. « Dans les deux cas, ça me ferait mal. » Qu'elle n'aille pas au bout de sa PMA, ça lui ferait mal. Abandonner ce qu'elle vivait avec Percy lui ferait mal. Alors que faire ? « Est-ce qu'on ne se laisserait pas un peu de temps pour réfléchir à tout ça ? Toi comme moi ? Je ne veux pas prendre de décision, là, maintenant. Je veux... juste passer du temps avec toi. »

Elle avait parlé librement, de ses sentiments, de comment pouvait évoluer votre relation, si relation sérieuse il y avait. Toi, la seule chose que tu voulais, c’était le bonheur de Tahlia. Parce que clairement, tu commençais à tomber amoureux, parce qu’à force de se tourner autour pendant des années, tu avais développé des sentiments pour elle. Et maintenant que vous pouviez être ensemble, il y avait quand même quelques obstacles entre vous. « Et j’aimerai que tu te vois à travers les miens, Tahl’ » dis-tu simplement avec un sourire en coin. Il n’y a qu’une chose qui importait mais ça n’était pas la solution finale. « C’est donc l’élu ? » dis-tu avec une pointe de malice. Quand elle te parlait de raison, ça sonnait en toi. Oui, elle avait le droit d’arrêter tout ici pour continuer son processus, son envie d’avoir un deuxième enfant. Tu ne pouvais que comprendre. Tu serai là pour la soutenir mais malheureusement, pas comme son petit-ami mais simplement comme son ami. Toi aussi, tu voulais des enfants, et tu commençais à te faire vieux. Malheureusement, on ne fait pas un enfant comme ça, surtout quand on est un homme. « Je comprends » soufflas-tu simplement. Mais tu essayais de la rassurer, comme tu le pouvais. Mais ça te faisait un pincement au coeur de te dire que tout pourrait s’arrêter à cet instant, maintenant. Tu ne le voulais pas, loin de là. Mais si c’était la solution, tu l’accepterai. « J’ai pas envie que ça sonne ainsi… » dis-tu en posant une main sur la sienne. Et toi aussi ça te ferai mal, dans les deux cas. Parce que même si vous continuez votre histoire, elle ne sera peut-être pas heureuse sans son potentiel futur enfant. Et si vous arrêtiez, tu aurai le coeur brisé. « Ça me paraît être une solution sage de faire comme ça » dis-tu avec un sourire en coin avant de reprendre. « Mais quoi qu’il arrive, je te soutiendrai toujours, d’accord ? » ajoutas-tu avec un regard bienveillant envers elle.

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Ils avaient parlé à coeur ouvert, de leur relation, de leur vision du futur, de leurs projets individuels et communs. Et c'était bête, mais certains de ces projets ne concordaient pas les uns avec les autres. Ils parlaient à peine de leurs sentiments qu'ils entrevoyaient déjà la fin de cette relation. Cela dépendrait du choix de Tahlia envers ce projet de PMA qui lui tenait tellement à coeur et qui ne laissait pas vraiment de place à Percy. Pourtant, il y avait une once d'espoir qui persistait : il voulait des enfants, lui aussi. Et qui sait, elle serait peut-être la bonne. Il serait peut-être celui avec qui elle aura un enfant. Mais à cet instant, c'était encore tout neuf et ce n'était pas le moment d'aborder de telles questions. C'était bien la preuve que Tahlia avait mûri. Elle redressa un regard triste vers Percy alors que leurs mots sonnaient presque comme une rupture. "Je n'en ai pas envie, non plus." elle n'avait pas envie de penser à cela, pas ce soir. Elle voulait juste profiter de l'instant présent, profiter de lui, se blottir dans ses bras et sauver la soirée après cette discussion bien profonde. Elle lui rendit un semblant de sourire, hochant la tête quand il parla de solution bien sage. Ils avaient le temps de réfléchir à ce qu'ils devaient faire. Peu importe le choix, Percy lui fit comprendre qu'il serait là, malgré tout. Peut-être pas avec le même statut, mais là tout de même. Ces mots lui firent un bien fou. "D'accord." souffla-t-elle, touchée. "Tu sais que l'inverse est tout aussi vrai ? Je serai toujours là." ajouta-t-elle en le regardant intensément, pour lui montrer qu'elle comptait rester dans les parages, même si leur relation prenait un autre tournant. Puis elle retourna se blottir dans ses bras, afin de retrouver sa chaleur qui l'enveloppait et qui lui rappelait une chose : elle était bien avec lui.

Fin