Set Fire To The Rain (Perlia)

C'était la semaine de Carter. Thaïs était chez son père et Tahlia avait donc toutes ses soirées. Pour une fois, Percy ne travaillait pas le soir. Alors, ils s'étaient retrouvés chez le britannique, pour une soirée en amoureux, bercée par un repas commandé et une soirée Netflix. Alors qu'ils s'apprêtaient à terminer l'épisode de la série qu'ils regardaient, la sonnette retentit. Blottie contre lui, Tahlia regarda l'heure sur son téléphone et releva la tête vers son petit ami. "ça doit être le livreur !" dit-elle en se redressant sur le canapé, afin de laisser le jeune homme se lever pour récupérer leur commande. Elle salivait déjà face au repas qui arrivait, s'empressait de parler de tout et de rien, avant de de retrouver ses bras. Oui, cela aurait été la soirée idéale. Mais très vite, une notification apparut sur le téléphone portable de Percy, accompagnée de la petite sonnerie annonçant un texto. Elle n'était pas du genre à regarder les portables, Tahlia. Mais inconsciemment, son regard se porta sur le mobile et le nom apparaissant sur l'écran attira automatiquement son attention. Mona. Mona ? Son ex ? Celle avec qui il n'avait (soi-disant) plus de nouvelles ? Ce fut la douche froide pour Tahlia. Quand Percy réapparut dans la pièce, la commande en main, la brune se renfrogna aussitôt. Elle le laissa poser les sacs sur la table basse devant eux et attendit qu'il reprit place à ses côtés. Là, froidement, elle annonça : "Tu as reçu un message..."

C’était trop beau. Cette relation avec Tahlia que vous aviez commencé était belle. Peut-être trop belle ? Non, chassons ces idées noires. Vous viviez une belle histoire, le genre d’histoire dont tu as rêvé pendant des années et finalement, il a fallu que tu arrives dans cette ville pour qu’elle soit vraie. Vous passiez une petite soirée ensemble ce soir, à base de série et de plats livrés. Que demander de plus ? Pas ce qui allait suivre en tout cas… Alors que la brune était blottie contre toi, vous entendiez la sonnette de la maison. C’était surement le livreur comme elle te disait. Alors tu lui embrassais le front avant de te lever pour aller chercher votre nourriture commandée. « Deux plats merveilleusement cuisinés pas par mes soins » dis-tu en revenant dans le salon avec les poches Uber Eats. Mais elle ne t’attendait pas avec un sourire, prête à manger. Tu t’asseyais à côté d’elle en posant les deux sacs sur la table jusque’à ce qu’elle te dise que tu avais reçu un message. Interloqué, tu récupérais ton téléphone pour regarder. En effet, tu avais bien reçu un message et c’était un message de ton ex, Mona. Oh non non non… C’était pas le moment pour ça. « Elle m’a envoyé un message ce matin déjà, j’ai pas répondu » soufflas-tu pour être honnête avec elle. T’allais surement en prendre pour ton grade parce que tu ne lui avais pas dis avant. « Reviens, j’ai compris la leçon, je t’aime, et tout ce genre de choses » dis-tu en lisant le message à haute voix. T’étais juste soûlé parce que tout se passait bien dans ta relation, et voilà que l’autre idiote revenait pour y mettre son grain de sel.

Ça aurait pu être une bonne soirée. Oui, ça aurait vraiment pu l'être. Mais un message venait à tout foutre en l'air. D'ordinaire, elle se serait fichue du message, même si ça venait d'une femme. Mais cette femme là, ce n'était pas n'importe qui. C'était Mona, l'ex de Percy. Celle qui lui avait fait du mal, oui, mais celle avec qui il était resté tant d'années. Ce n'était pas une histoire anodine et c'était ce qui effrayait Tahlia. Ce fut la douche glacée pour la brune, dont le visage se ferma aussitôt. Trop de questions lui venaient en tête. Tant de doutes aussi. Quand Percy arriva près d'elle, les mains pleines de victuailles qui ne lui donnaient même plus faim, Tahlia aborda le sujet finement, sans aller directement au front. Elle regarda son petit ami prendre le téléphone, circonspect. Elle voulait voir sa réaction, voir s'il y avait une quelconque once de culpabilité ou de gêne en lui. Rien de tout ça,ce qui aurait dû rassurer Tahlia. Mais les mots qu'il eut lui donnèrent un sacré revers. "Ah ok, ce n'est pas le premier message..." Son regard s'assombrit de plus en plus alors qu'il lui disait tout ce que Mona lui racontait dans ses messages. C'était la grande déclaration. Le genre de déclaration qui n'aidait pas Tahlia à se rassurer. Elle haussa les sourcils et croisa les bras contre sa poitrine, dans une position de repli. Et elle posa la question qui lui brûlait les lèvres : "Ça fait combien de temps qu'elle a repris contact avec toi ?" Pour elle, ça ne pouvait pas dater d'aujourd'hui, ce serait un putain de mauvais timing. Il y avait sûrement plus que ça...

Cette soirée n’allait pas prendre la tournure que tu pensais. Tu pensais que ça allait être une de ses soirées romantiques que vous aviez l’habitude de faire tous les deux, commander un bon petit plat et regarder une bonne série. Mais pendant que tu récupérais les plats, tu avais reçu un message de quelqu’un dont ut ne voulais pas parler et surtout de qui tu ne voulais pas avoir de nouvelles. Et c’est ça qui allait plomber votre soirée. Alors que tu posais les plats sur la table, tu prenais ton portable que Tahlia te tendait pour lire le message qu’on t’avait envoyé. C’était ton ex, Mona, celle qui t’avait trompé alors que tu allais la demander en mariage. T’avais pas vraiment envie de renouer contact avec elle. Les messages avaient commencés dans la matinée mais tu n’avais même pas pris le temps de répondre, et tu n’en avais pas envie. « C’était un seul message, et je n’ai pas envie de parler avec elle ou d’avoir de contact avec elle » précisais-tu à la brune. Le message, tu le lisais à haute voix, de façon naturelle. Mais tu faisais ça parce que ça ne te touchait pas vraiment. Ça ne t’atteignait même pas. Mais tu ne pensais pas à ce que l’australienne pouvait ressentir de ça. « Ce matin, j’ai reçu un message. Dans la semaine, un numéro inconnu m’a appelé mais je n’ai pas eu de message donc je ne sais pas si c’était elle ou pas » dis-tu en haussant les épaules. Tu voyais bien qu’elle était entrain de se renfermer, Tahlia. Et c’était pas le but. Alors tu posais ton téléphone sur la table et tu t’asseyais près d’elle. « Elle compte pas pour moi cette fille, tu sais ? J’m’en fiche, ses mots me touchent pas. Je ne l’aime plus, c’est toi que j’aime » soufflas-tu comme pour la rassurer. Ça ne marcherai peut-être pas mais tu allais essayer quand même de la rassurer.

Il avait fallu un message, un foutu message pour que leur douce soirée se volatilise comme par magie. Tahlia savait que cette Mona avait énormément compté pour Percy, au point qu'il avait été prêt à lui faire sa demande en mariage. Même si leur histoire s'était mal terminée, elle avait été une de ses plus longues histoires. Et c'était peut-être cela qui la déstabilisait pleinement. Ce n'était pas le premier message que Mona envoyait, et si Percy semblait prendre la chose sereinement, ce n'était pas le cas de Tahlia. "Et tu ne peux pas lui dire que tu es avec quelqu'un et qu'elle te foute la paix, plutôt que de faire celui qui ne voit rien et la pousser à continuer à t'envoyer des messages ?" Si Percy était plutôt partant pour faire le mort, Tahlia, elle, préférait clairement qu'il aille au front. Alors qu'il revint s'asseoir près d'elle, Tahlia reposa son regard énervé sur lui. Et elle entendit ces mots. Ces mots qui devraient la rassurer. Cette déclaration qu'il lui faisait, en quelque sorte. Il ne l'avait jamais dit à haute voix, vraiment. Qu'il l'aimait. Elle sentit son coeur réagir à ces mots, mais ses autres émotions l'empêchaient de s'en contenter. "C'est ton ex, Percy. Ton ex avec qui tu voulais te marier ! Comprends que ça me fait quelque chose, parce que je sais qu'elle a compté pour toi. Et voir qu'elle t'envoie des messages, comme si rien n'était, comme si c'était hier que vous vous étiez quittés, ça me déstabilise. Et qu'en plus de cela, le découvrir par surprise et constater que tu ne semblais pas vouloir me le dire... bah ça m'énerve, ouais, ça m'énerve." Il était là, le problème. Allait-il lui dire qu'il recevait ces messages ? " Il faut qu'elle tombe au moment où je doute de nous, de ce qu'on est." Elle baissa le regard, attristée d'avoir à dire cela. Mais peut-être que c'était l'occasion de mettre le doigt sur ses craintes, sur ses peurs...

Mona ne valait plus rien pour toi, elle était devenue insignifiante. T’avais réussi à monter une belle vie à Bowen. La gérance d’un bar, tes frères qui t’avaient rejoins sur le continent, et puis la fille de tes rêves. C’était bien Tahlia, la fille de tes rêves. Et l’idée de la perdre ça te briserait le coeur. Mais elle avait réussi, ton ex, à mener une discorde entre vous deux et ça te tuait. Alors que tu lisais le message à haute voix, tu ne te rendais pas compte de l’impact que ça avait sur la brune. « Même si je lui dis ça, elle continuera quand même » dis-tu en soufflant. T’avais juste à la bloquer pour qu’elle te laisse tranquille. Mais on va pas se mentir, ça fait du bien à l’égo de la voir ramper vers toi comme ça. Tu prenais place à côté de l’australienne sur le canapé, en lui disant qu’il n’y avait qu’elle dans ta vie mais elle ne réagissait pas aussi bien que tu le pensais. « Oui j’ai voulu me marier avec elle mais j’ai tiré un trait sur elle quand je suis arrivé à Bowen et ça tu le sais parce que même avant qu’on soit ensemble, j’te l’ai dis ! J’veux plus d’elle, de cette relation toxique, j’veux cette relation saine, avec toi » ajoutas-tu simplement. T’avais beau te défendre, ça ne marchait pas. Mais les mots suivant de Tahlia te brisaient le coeur. « Tu doutes de nous ? Et ça t’allais pas me le dire si j’avais pas reçu ce message ? » demandas-tu sur un ton un peu plus inquiet, en colère aussi.

Tahlia avait beau savoir que Percy avait tourné la page avec son ex, apprendre que cette dernière revenait à la charge la mettait dans une position inconfortable. Si Percy semblait serein et droit dans ses bottes face à cela, Tahlia se sentait bouillir comme un volcan prêt à exploser. Elle avait du mal avec cette nonchalance qu'il affichait face à ce message, face à son manque de réactivité. Pire encore. Il estimait que parler de sa relation avec Tahlia n'arrêterait en rien Mona. Ce qui mit un petit coup au cœur à la brune. « Tu peux au moins le faire par respect pour moi, pour notre relation. » commença-t-elle par dire, étonnée que l'idée ne lui passe pas par là tête. Il se cachait derrière cette excuse, comme quoi elle continuerait quand même. « Je suis désolée, mais avec le téléphone, maintenant, tu peux couper tout contact avec quelqu'un. A moins que ça te plaise de la voir revenir vers toi. » Elle avait beau se douter qu'il ne retomberait pas dans les bras de Mona – enfin, elle l'espérait – cela remettait quand même en question ce que Tahlia était pour Percy. Elle l'écouta parler ce qu'il voulait et de ce qu'il ne voulait plus. Il ne voulait plus de Mona. Il voulait Tahlia. « Je sais que tu me l'avais dit. Mais jusqu'à présent, tu n'avais plus eu aucune nouvelle d'elle.  Alors, je sais pas, ça peut peut-être te remuer, te pousser à te poser des questions, maintenant qu'elle est là, de retour. » Au fond, elle ne savait pas ce qui pouvait se passer dans la tête et dans le cœur de Percy. Il y avait des histoires comme ça, qui marquaient à jamais. Mais tous ces mots arrivaient un peu trop tard, les doutes de la brune enfin révélés. Elle sentit l'inquiétude, une once de colère aussi, dans l'attitude du britannique face à cette révélation sortie du cœur. « Ce n'est pas le genre de conversation qui se dit entre un plat commandé et une série Netflix. » bougonna-t-elle, d'abord. Non, ça venait quand il y avait un obstacle. Elle se tourna vers lui, de façon à être plus précise dans ses mots. « J'aime être avec toi, Percy. Mais je ne sais pas, j'ai l'impression qu'on n'avance pas de la même manière. J'ai peur d'aller trop vite par rapport à toi. » Elle marqua un pause afin de mettre ses idées en ordre pour mieux en parler : « J'ai laissé ma PMA de côté, je t'ai présenté Thaïs, la personne la plus importante pour moi. Tu connais mes amis, mes colocs. Je te parle même de te présenter mes parents. Et je me rends compte finalement que moi, je n'en sais pas tant sur toi. Tes frères, je les connais, parce que l'un est le mec de ma pote, l'autre était le crush de mon autre pote. Je connais ton entourage au Wojna's parce que j'y traînais avant que l'on ne soit ensemble. Tu ne me parles pas de Bristol. De tes parents. De qui ils sont. Comment ils sont. Tout ce qui fait ton histoire, quoi. » Elle s'arrêta un instant, avant de reprendre : « Même Alexis en sait plus que moi parce que ton frère l'a amené en Angleterre. » Ce n'était pas une compétition, loin de là, mais cela avait immiscé ces doutes. « Je ne te le reproche pas, je ne veux pas que tu le prennes ainsi. Je sais que tu as souffert, et peut-être que tu te protèges. Mais je crains juste d'avoir une longueur d'avance sur toi. Depuis Ciàran, je n'avais pas fait confiance à un homme. Et toi, t'es arrivé, et je suis en train de te tout te donner de moi. Et ça me fait peur. » Il était là le problème. Elle avait peur de trop se donner. Et de finalement, stagner.

Tu n’avais pas réalisé à quel point ça pourrait affecter Tahlia que ton ex petite amie te recontacte. Parce que pour toi, tout était terminé, pour toi c’était une personne qui n’existait plus dans ta tête et encore moins dans ton coeur. Non pas que tu lui aurait caché indéfiniment mais tu ne voyais pas l’utilité de lui dire de suite. Tu voyais bien que votre couple n’était pas au meilleur de sa forme, tu le sentais. Mais tu faisais abstraction en te disant que tout irait pour le mieux au fur et à mesure du temps. « C’est pour ça que je réponds pas, parce que je veux pas d’elle, je préfère être avec toi, tu es mille fois mieux qu’elle, c’est toi qu’j’aime Tahl’ » dis-tu simplement avant de reprendre. « Non, ça me plaît pas, au contraire, ça me fatigue qu’elle revienne comme ça. J’ai plus envie d’avoir de liens avec elle, plus envie d’avoir de contact avec elle » soufflas-tu pour terminer. Tu te laissais tomber sur le canapé, ton téléphone étant posé sur la table tu le récupérais et tu bloquais le contact de Mona. Ensuite, tu tournais l’écran vers Tahlia pour le lui montrer. « Comme ça, elle ne reviendra plus jamais. J’veux plus entendre parler d’elle » dis-tu d’un ton assuré. Mais ça ne passera pas comme ça, tu es naïf Armstrong. « Bien sûr que non je me pose pas de question, au contraire, ça me conforte dans mon idée que j’en ai terminé avec elle, point barre » dis-tu en haussant les épaules. Pour toi, c’était réellement de l’histoire ancienne et tu ne voulais plus avoir affaire à elle. Quelque chose bloquait Tahlia, alors tu la poussais à te dire ce qui n’allait pas dans votre couple selon elle. C’était clairement pas le moment, mais tu voulais savoir, t’étais curieux de savoir ce qu’il se passait. Et là, tu l’écoutais parler, et parler, encore et encore et tu posais ta main sur ton front, t’enfonçant dans ton canapé. Puis quand elle avait fini, tu te redressais, un peu sur le ton de la colère tu lui répondais. « Parce que j’ai pas de liens avec mes parents ! Parce que mes parents m’ont fait vivre un enfer quand ils ont divorcés, que j’ai du m’occuper de Gal et de Kay tout seul, parce que j’ai pas bien vécu mon enfance, voilà pourquoi je parle pas d’eux. J’les aime, ce sont mes parents mais j’suis bien en étant loin d’eux. Bristol… Bristol j’ai pas envie d’y remettre les pieds, ça me rappelle de mauvais souvenirs, ça me donne pas envie. J’suis bien ici à Bowen, avec mes amis, mes frères et toi. Oui, Kay a emmené Alexis à Bristol, j’suis désolé de ne pas répondre à tes envies là-dessus mais franchement ma famille se résume à mes frères et basta » répondis-tu un peu de façon colérique. Tu prenais ensuite ton visage dans tes mains, toujours assis sur ce foutu canapé. « J’veux ps que tu crois que j’te cache, c’est juste que mes parents sont… intrusifs, qu’ils sont trop sur mon dos vu que je suis l’aîné, c’est qu’ils en demandent trop. J’ai encore eu droit à ma mère au téléphone l’autre jour qui m’a demandé pourquoi j’avais pas encore d’enfant et que c’était grave qu’à 36 ans je sois pas marié » repris-tu en te calmant légèrement.

Elle l'écoutait parler de Mona, sans que cela ne la rassure, ni ne la calme réellement. Ce fut uniquement quand il prit son téléphone et qu'il décida de bloquer le numéro, qu'elle commença à baisser la garde. "Eh bien, il a fallu attendre que je tape une crise pour que tu la bloques enfin." Mais ça tournait en boucle, dans son esprit. Parce qu'au fond, il n'y avait pas que cela. Le retour de Mona, ça venait appuyer sur ses doutes, ça venait les rappeler à elle, alors qu'elle tentait d'en faire l'impasse, alors qu'elle voulait se dire que c'était vraiment sérieux entre eux. Mais à cet instant, elle n'arrivait plus à garder le masque. Et Percy le remarqua. Alors qu'il lui demanda sur quoi portait ses doutes, elle lâcha les vannes. Cela sortit tellement naturellement qu'elle ne réfléchit même pas, si la forme y était ou non. Visiblement, elle ne devait pas y être puisque très vite, la colère de  Percy se mit à ressurgir. Il détruisit en quelques mots tous les arguments de Tahlia. En quelques phrases, elle en sut plus qu'en ces derniers mois de relation. "Tout ça, tu aurais pu me le dire ! ça aurait évité tous ces quiproquos. C'est à croire que... que tu n'as pas confiance en moi. " répondit-elle en se braquant un peu. Il avait fallu attendre que les doutes arrivent pour qu'il se confie à elle. Il avait fallu attendre qu'elle croit qu'il la cachait pour avoir la vérité sur ces parents intrusifs. Il avait fallu attendre qu'elle le pique un peu pour qu'il dévoile toute ce qu'il avait en lui, cette colère qu'elle ne lui connaissait pas. Elle ne voulait pas aimer un Percy parfait. Elle voulait aimer ses cassures et ses cicatrices, aussi. Alors que le ton redescendit un peu du côté du jeune homme et qu'il confia cette pression qu'il avait sur les épaules, du fait d'être l'aîné, Tahlia se calma à son tour : "Le mariage, ce n'est pas gage de bonheur, d'amour ou de réussite. Et pour le coup, tes parents en sont un bon exemple." Tahlia et son tact légendaire. "Et le reste, ça t'appartient. Si tu as envie de faire un gamin à 45 ans, tu le feras à 45 ans. Et si tu n'en fais pas, ça sera ton choix, Percy, pas celui de tes parents. Et tu leur diras. Faut arrêter avec cette charge mentale." Après,cela ne lui laissait pas vraiment de place à Tahlia, dans toute cette histoire, mais pour l'instant, elle préférait abdiquer. Elle reprit, en baissant le regard : "Je me doutais que tu avais mal vécu le divorce, mais je ne pensais pas à ce point." Alors qu'elle reposa son regard sur lui, elle ajouta : "Je suis désolée si ça t'a piqué de trop, si ça t'a fait du mal ou que ça t'ait mis en colère. Mais si on veut que ça marche entre nous, faut que tu comprennes que je peux aussi être là pour t'écouter et te soutenir." Peut-être que cela viendra avec le temps, avec la confiance qu'il lui portera. Ou non.

T’avais fini par bloquer le numéro de ton ex-fiancée et tu l’avais montré à Tahlia. Tu voulais pas qu’elle se sente menacé et encore moins par Mona, puisque tu ne pensais plus du tout à elle. Tu soufflais brièvement avant de te relever du canapé et de t’assoir convenablement sur ce dernier. T’avais fini par avouer à Tahlia pourquoi tu ne parlais pas de ton enfance, pourquoi tu ne parlais pas de tes parents à la jeune femme et pourquoi Kay avait emmené Alexis à Bristol et toi tu ne l’avais pas fais avec Tahlia. Il était le petit dernier, l’enfant du divorce donc l’enfant que tes parents ont chéris même si c’est toi qui t’en ai le plus occupé, un peu comme avec Gale d’ailleurs. Mais ils avaient pas compris, tes parents. Et pour ça, tu leur en voulais un peu. C’est un peu à cause de c’la que t’étais parti voir le monde, seul. « C’est pas que j’ai pas confiance en toi » commenças-tu par dire en soufflant avant de reprendre, levant les yeux vers elle. « C’est juste que j’veux pas que tu me voies comme ça, quelqu’un qui ne considère pas sa famille à part ses frères. J’ai honte de pas autant aimer mes parents, même s’ils ont fait le maximum qu’ils pouvaient… » ajoutas-tu, laissant un moment de blanc. « Même s’ils auraient pu faire un peu plus quand même » finis-tu à demi-mot. Tu voulais être parfait pour la brune, tu voulais pas lui montrer tes faiblesses. C’était compliqué, c’était délicat. T’aimais pas montrer tes défauts et tout ce qui t’entoure. C’est bien pour ça que tu n’avais rien dis sur ta famille et ton ressenti sur cette dernière. « Oui, je sais, t’as raison… » soufflas-tu en regardant la brune. Pour toi, ton happy ending, elle était avec elle, et tu voulais lui faire comprendre. Mais là, t’étais démunie, t’étais clairement à nu devant elle et t’avais pas l’habitude. Mais comme elle te disait, elle était là pour t’écouter et t’épauler aussi. C’est comme ça que marche une relation de couple. « Je sais que j’m’enferme trop et j’devrai pas… J’m’excuse, Tahl… » soufflas-tu simplement.

Elle l'avait faite dégoupiller, Percy. Mais au fond, c'était peut-être ce que Tahlia avait recherché. Percy était parfait. Il était sérieux, attentionné, doux. Il n'avait jamais un mot plus haut que l'autre. Tant et si bien que Tahlia se demandait s'il était réel ! Ils étaient à un stade de leur relation où elle voulait quelque chose de plus profond, où elle attendait plus de lui, où elle voulait savoir qui il était vraiment. Alors, oui, elle avait peut-être appuyé là où ça faisait mal, le poussant à tout lâcher d'un coup. D'un côté, elle s'en voulait de l'avoir forcé à lui lâcher tout ça - alors qu'il ne le voulait peut-être pas - mais d'un autre, elle avait l'impression de le connaître un peu plus. Elle avait l'impression d'être un peu plus dans sa vie, d'une autre manière que la femme avec qui il passait des bons moments. Alors qu'il retrouva son calme, Tahlia fronça les sourcils alors qu'il lui confia ne pas vouloir qu'elle le voit comme ça, à ne pas considérer sa famille. "Mais moi, j'ai envie de te voir comme tu es, Percy. En vouloir à tes parents, ça ne fait pas de toi un monstre. C'est le gamin blessé qui parle, là." Il les aimait, ses parents, cela se voyait. Mais il y avait aussi ses blessures et toute cette rancoeur qu'il gardait en lui. "Tu as essayé de leur en parler, de tout ça ? Du fait qu'ils auraient pu faire plus ?" C'était le genre de sujet bien délicat. Mais les parents n'étaient malheureusement pas éternels. S'il y avait la chance de pouvoir alléger les blessures du passé, il fallait en saisir l'opportunité, même si ce n'était pas agréable à dire et à entendre. C'était ça, aussi, la famille. Et peut-être que sa mère ouvrira les yeux, peut-être qu'elle se rendra compte des mots, des attentes pesantes qu'elle envoyait à Percy. Oui il n'était pas marié et n'avait pas d'enfants. Mais il avait décidé, un jour, de partir loin, seul. Il avait décidé de prendre sa vie en main, de voir du pays, pour finalement trouver son bonheur, là où il avait choisi de rester. C'était beau de voir son enfant heureux, peu importe le statut matrimonial. Puis Percy reprit la parole, admettant qu'il s'enfermait. Et il s'en excusa. Elle ne s'était pas attendue à ça. Et forcément, l'émotion gagna son regard si vert. Elle tendit la main vers lui, ses doigts glissant dans sa chevelure avant de redescendre sur sa joue qu'elle caressa tendrement. "Tu as le droit d'avoir tes secrets et tes mystères, aussi." Fallait juste qu'elle comprenne que ce n'était pas la mettre de côté. "Je m'excuse d'être un peu trop exigeante. Et de ne pas le montrer de la bonne manière." C'était ça aussi, un couple, c'était assumer ses torts.

T’avais finalement ouvert toutes les valves. Et tu avais tout balancé à Tahlia. C’était pas plus mal, d’ailleurs. Il fallait bien que tu t’ouvres. Et que tu racontes à l’australienne comment tu avais vécu ton enfance. Tes parents, oui bien sûr que oui tu les aimes. C’est évident. Mais t’en as tellement bavé que c’est dur pour toi d’en parler. Tu es toujours en contact avec eux, t’as tout fait pour t’excuser de ton silence radio quand tu étais avec Mona. Maintenant, vous aviez des échanges toutes les semaines mais ça restait juste pour parler d’eux ou de tes frères, tu t’étalais pas trop sur ta vie. « Non jamais, j’ai tout gardé pour moi. Même les garçons ne savent pas tout ça » dis-tu en soufflant. Tu n’avais jamais parlé à Gale et encore moins à Kay que la place que tu avais dans cette famille et de ce que tu en avais ressenti pendant toutes ces années. Une fois dit, ça concrétisait encore plus la chose. Mais ça faisait du bien de parler à ta moitié de tout ce genre de chose, comme si tu enlevais un poids de tes épaules. Tu t’étais excusé, d’avoir tout gardé pour toi. Et tu voyais dans les yeux de Tahlia qu’elle était surprise de tes mots. Mais bon, c’est vrai, t’as voulu être parfait, sans défauts pour elle alors que tu es loin d’être parfait. Elle passait sa main dans tes cheveux puis sur ta joue. Tu souris au contact de sa paume contre toi. Une fois qu’elle s’était excusé aussi, tu tournais la tête pour embrasser l’intérieur de sa main avant de prendre la parole. « T’es pas exigeante, tu veux juste me connaître plus et je peux comprendre » soufflas-tu simplement. « J’aurai du te raconter tout dès le début » ajoutas-tu avec un sourire un peu triste. Tu voulais que cette relation fonctionne, que tout aille pour le mieux avec Tahlia, et tu savais que maintenant, tu allais devoir faire des efforts pour t’ouvrir un peu plus à elle.

Il avait tout lâché. En quelques mots, il avait dévoilé l'une de ses blessures : ce divorce douloureux, la place qu'il avait eu envers ses frères, et la place qu'il donnait désormais à ses parents. Et le pire, c'était qu'il gardait tout pour lui. "Tu te sentirais capable de leur en parler ? A tes parents ?" Pour ses frères, le dialogue serait plus simple parce que les trois avaient vécu la même chose, pas à la même échelle, certes. Kay était l'enfant du divorce, mais lui aussi n'avait jamais connu ses parents ensemble. En parler aux parents, c'était une autre paire de manche. "Peut-être que ça arrangerait tes liens avec eux. Tu ne peux pas garder ça pour toi, Percy. Surtout que c'est normal de mal vivre un tel événement." Puis elle le questionna de nouveau : "Ils sont déjà venus vous voir à Bowen ?" Leurs trois fils avaient été là, au même moment. En tant que parents, ils auraient peut-être envie de voir là où vivait leurs progénitures. Alors qu'il s'excusa de ne pas s'ouvrir à elle comme il le faudrait, Tahlia fut touchée par l'attention. Et elle s'excusa à son tour. Un léger sourire prit place sur ses lèvres quand il embrassa la paume de sa main. Elle relâcha sa joue, haussant les épaules à ses mots. "Oui mais j'ai l'impression de t'avoir forcé à tout lâcher et ça, je n'aime pas. Si tu ne me l'as pas dit, c'est qu'il y avait une raison qui t'appartenait et je ne me dois pas d'interférer dans tes choix." Alors qu'il lui souffla, avec un sourire triste, qu'il aurait dû tout lui dire dès le début, elle rétorqua aussitôt : "Bah non, ce n'est pas le genre de chose que tu lâches à la première venue." Au tout début, rien ne présageait que cela allait fonctionner entre eux. Il n'avait donc pas à lui lâcher de telles choses. "J'ai compris maintenant, je te laisserai le temps." Ils n'allaient pas à la même vitesse, tous les deux, il fallait juste qu'elle l'accepte.

Tu ne t’étais jamais vraiment livré comme ça, même avec ton ex. C’était la première fois que tu disais à voix haute ce qu’il se passait dans ta tête et comment tu te sentais vis à vis de tes parents. Elle avait appuyé sur un bouton sensible, Tahlia. Mais ça faisait du bien de tout déballer. « Je sais pas, j’pense qu’il le prendrai mal. Donc il faut que j’arrive à tourner ça comme il faut » dis-tu en haussant les épaules. En parler à tes frères, ça serait surement plus facile. Elle était bienveillante envers ton ressenti. Même si quelques minutes plus tôt c’était mal parti, elle comprenait maintenant pourquoi tu te sentais de la sorte. « Non, aucun des deux n’est jamais venu à Bowen » soufflas-tu avant de reprendre. « Ma mère dit qu’il fait trop chaud en Australie pour l’anglaise qu’elle est et mon père, pour le peu que je converse avec lui, m’a déjà dit qu’il ne supporterait pas le temps de trajet » ajoutas-tu simplement, un peu blasé. Tu pouvais comprendre, ils étaient plus tout jeune tes parents. Mais ça t’aurait fait plaisir qu’ils viennent au moins une fois. Tahlia avait eu ce geste tendre contre toi, tu avais embrassé la paume de sa main délicatement avant qu’elle ne la retire. « Non, c’est juste que… j’assume pas de ressentir ça pour mes parents » ajoutas-tu en plantant ton regard dans le sien. C’est bien pour ça que tu ne disais rien à personne sur le sujet. Elle avait compris que c’était compliqué pour toi, que tout lâcher n’était pas une mince affaire. Et elle te disait qu’elle te laisserait le temps avant que tu te confies sur autre chose que ça. « Merci… » dis-tu en attrapant une de ses mains, doucement. « Mais tu peux me poser toutes les questions que tu veux, j’essayerai d’être le plus transparent possible » ajoutas-tu pour lui montrer que tu voulais aussi faire des efforts.

Pour une fois, il s'était exposé à elle. Et elle avait pris l'ampleur de ses cicatrices. C'était juste dommage qu'elle ait dû en arriver là pour qu'il se confie à elle, c'était sûrement son principal regret. Mais maintenant, la discussion était plus calme. Tahlia, avec son œil extérieur, tentait même d'apporter son soutien. Elle n'en avait peut-être pas le droit mais elle lui confiait ses pensées à ce sujet. Il ne pouvait pas garder tout cela indéfiniment. « Tu es un homme réfléchi, Percy. Si tu dois le faire, je sais que tu le feras de la bonne façon, avec les mots qu'il faut. » Il n'était pas impulsif, Percy, ou alors elle n'avait pas encore vu cette facette de lui. Elle se doutait bien qu'il trouvera la forme nécessaire pour ne pas culpabiliser ses parents, mais pour faire passer son message dignement. Encore fallait-il qu'ils arrivent à se voir ! Les parents de Percy n'étaient jamais venus à Bowen, trouvant tout un tas d'excuses. « Pour le temps de trajet, je peux comprendre. Mais pour la température, il y a quand même des périodes où l'on souffle ici. » C'était la vraie Australienne qui parlait, là. « Et toi, Bristol, c'est vraiment mort pour que tu y retournes ? » Elle s'interrompit, songeuse : « Mouais non, sachant que tu souffres déjà de la situation, ça rajouterait une couche si tu te retrouves dans un endroit dans lequel tu ne te sens pas bien. Faut que tu trouves un endroit neutre ou que tu arrives à les convaincre que Bowen n'est pas si terrible. » Si un jour, il avait sa propre famille, ses parents ne viendraient donc jamais ? Après avoir caressé ses cheveux et sa joue, Tahlia plongea son regard dans le sien alors qu'il lui confia ne pas assumer ce qu'il ressentait pour ses parents. « Pourtant, c'est ton ressenti. Ça t'appartient, Percy, et tes raisons de ressentir ça sont parfaitement légitimes. Je suppose que ce n'est pas facile d'être l'aîné, mais ça doit l'être encore plus quand on se retrouve entre ses parents, en plein divorce. » Elle lui adressa un sourire, tentant de le rassurer : « Mais tu les aimes, ça se sent. Tu as le droit de ne pas être toujours en accord avec eux ou avec ce qu'ils ont fait. Ils ne se sont probablement rendus compte que tu as souffert de tout ça. » Après, être parent, ce n'était pas si simple non plus. Les erreurs étaient faciles à faire. Alors qu'il lui prit la main quand elle lui annonça qu'elle lui laisserait le temps, elle fut touchée par sa réponse, par son envie de répondre aux questions qu'elle pourrait avoir. « J'y penserai. » Elle resta un moment dans ses pensées, avant de demander : « Si, j'ai peut-être quelque chose qui me vient, là . ça t'est arrivé aussi d'avoir des doutes sur ce qu'on est ? » Ils arrivaient à un stade où leur relation se faisait plus concrète, faire le point ne pouvait pas faire de mal. Parce qu'elle n'était pas parfaite, Tahlia, non plus. Et c'était sûrement le meilleur moment pour se réajuster.