the most wonderfull time (concho, pippa & polly)

Le « pop » caractéristique du bouchon de champagne qui saute, le sourire heureux de mon père qui rempli la première coupe qu’on lui tend, un fond musical, le sapin illuminé…aussi loin que je me souviens, les Noëls chez les Burnett ont toujours ressemblé à ça. Ma soeur Peony est avec ma mère, en train de farfouiller dans nos boites de photo de famille, tandis que ma tante tâche de calmer l’enthousiasme débordant des jumelles, mes cousines de quinze ans. Non, ce n’est pas encore l’heure d’ouvrir les cadeaux, on n’a même pas encore trinquer à l’apéritif ! Je suis blottis contre Conchobáhr, sur le canapé, alors que mon père nous rejoint avec deux coupes de champagne à la main. Lorsqu’il me tend la mienne, je réalise que cela va être compliqué pour moi d’attendre le dessert pour annoncer ma grande nouvelle. Je jette un regard discret à ma soeur, Polly, assise dans un fauteuil non loin de nous, avant de tourner mon regard vers mon amoureux. Je pose ma flute sur la table-basse sans rien dire, espérant ne pas attirer l’attention, puis, sans le vouloir et de manière totalement inattendue, ma mère me fournit la diversion parfaite, poussant un cri de surprise et brandissant une photo déniché dans l’une des boites.
— Oh mais j’avais oublié cette photo ! s’écrie-t-elle en se rapprochant pour me tendre le cliché, vous étiez déjà siiiii mignons à cet âge-là !
Sur l’image, Concho et moi, adolescents, sommes collés l’un à l’autre. Nous avons quatorze, ou quinze ans tout au plus, et je suis littéralement pendue au cou de mon meilleur ami, embrassant sa joue alors qu’un sourire radieux fend son visage. Je montre la photo à mon amoureux, amusée et émue à la fois. Plus de quinze années nous sépare de cette photo et pourtant, l’alchimie qui se dégage des deux adolescent transparait à travers la photo, comme si l’évidence était déjà là, à l’époque. Il y avait une personne qui avait été capable de le voir, avant nous-même. Je lève un regard complice vers ma petite soeur, comme pour lui dire en silence qu’elle avait eu raison sur toute la ligne, depuis le début.
Mon père termine de servir le champagne et lève sa coupe.
— Il est temps d’ouvrir les festivités, dit-il avec un large sourire, joyeux réveillon à tous ! C’est un plaisir que d’avoir, ce soir, mes trois filles magnifiques réunies sous mon toit. Conchobáhr…je crois que je dois te remercier pour ça, en parti.
Le clin d’oeil appuyé que mon père lance à mon amoureux, me fait lever les yeux au ciel et lâcher un rire. Papa n’a pas pu s’empêcher de louper mon manquement de ces deux dernières années. Mon ex-mari ne s’entendant pas avec mes parents, j’avais malheureusement loupé les deux réveillons précédents. Mais je comptais bien me rattraper, ce soir, avec une nouvelle qui, je le savais, les surprendrait autant qu’elle les mettrait tous en joie.

@conchobáhr rosenbach & @polly burnett

Je n’avais jamais connu ça, moi. Des Noëls comme ceux-là. Enfant, je les passais avec ma mère et c’était pas mal ça, nous deux dans le salon, à déballer les cadeaux (généralement un ou deux sous le sapin), et elle qui faisait sans doute semblant de recevoir les bricolages que je lui faisais gamin. J’en gardais quand même de beaux souvenirs, de ces Noëls avec ma mère, parce que même s’ils étaient simples, sans artifices et sans surprises, nous étions tous les deux. Après son décès je n’avais plus eu de Noël familial. Je n’en avais plus, de famille. Enfin, pas pendant longtemps. Maintenant j’en avais une. J’en avais plusieurs, même. J’avais la petite famille recomposée que je formais avec Zelda. J’avais mes enfants – dont un qui se préparait dans le ventre de Pippa, pour mon plus grand bonheur. Et puis j’avais la famille de Pippa. Polly et Peony m’avaient accueilli à bras ouverts, elles me connaissaient depuis tellement longtemps de toute façon, c’est comme si ma place avait toujours été là. C’est Pippa et moi qui avions mis trop de temps à le réaliser, à le concrétiser. Les parents de Pippa avaient eu la même réaction, le même accueil, encore plus enthousiastes, même. Je sentais qu’ils étaient ravis que leur fille et moi formions un couple. Ils seraient encore plus débordants de joie en apprenant la bonne nouvelle que nous avions l’intention d’annoncer ce soir ! D’ailleurs il serait difficile d’attendre jusque-là, s’il fallait esquiver toutes les coupes de champagne de papa Burnett. Je me penchai à l’oreille de Pippa : « J’ferai semblant de me tromper de coupe et je boirai la tienne aussi … » Je souris, avant de tourner vivement la tête en entendant le cri de la mère de Pippa à propos d’une photo de la boîte-souvenir. Je souris tendrement en regardant le cliché que la blonde me montra. « T’étais pas en couple avec euh … what’s his name, à ce moment-là ? » Soulevais-je, parce qu’il était vrai que nous n’avions jamais eu de bon timing, Pippa et moi. Malgré l’évidente connexion, nous avions eu tellement d’autres histoires avant que la nôtre ne débute officiellement. Il n’y avait qu’à penser à Liam, à qui mon amoureuse était liée pas plus tard que l’année dernière. Nous nous étions finalement trouvés, mais nous en avions mis, du temps et essais-erreurs. Visiblement, le père de Pippa était plus que satisfait du revirement de situation, lui qui je savais maintenant, n’avait jamais vraiment apprécié Liam. Ou l’absence de Liam, plutôt. Absence qui venait avec celle de leur fille, par moments. Il le laissa d’ailleurs comprendre dans son discours, en me lançant un clin d’œil pour rendre ça encore plus évident. Je ris. « À la base on voulait rester à la maison pour jouer à Mario Party mais Polly nous a forcés. » Mentis-je, en plaisantant, jetant un regard amusé à la jeune sœur de Pippa avec qui je m’entendais plutôt bien. Ça faisait du bien, cette légèreté de Noël. Avec mon accident, mon mois passé en fauteuil roulant - ce fameux fauteuil qui m'attendait d'ailleurs toujours à côté du canapé, puisque je n'avais pas encore retrouvé toute ma mobilité du bas du corps -, il faisait bon de se retrouver dans cette ambiance festive.

Polly adore Noël, il faut dire que chez les Burnett c’est une fête qui ne passe pas inaperçu. Ayant toujours été très proche de sa famille, c’est une occasion pour tous de se retrouver autour d’un bon repas, dans une ambiance festive et chaleureuse, pour s’échanger des cadeaux et discuter. Si la tradition a perduré, ces deux dernières années ont été un peu particulières avec l’absence de Pippa, Liam n’ayant pas de supers relations avec les parents Burnett. Polly non plus d’ailleurs, elle a toujours été team Concho de toute façon, mais elle a surtout toujours voulu le bonheur de sa sœur alors si elle était heureuse avec ce type, ça allait à la rousse qui n’est pas du genre à faire des histoires, mais elle n’était clairement pas une grande fan du choix de sa sœur surtout si cela voulait dire ne plus la voir à Noël. Heureusement cette année, tout le monde est là, même Concho, ce qui semble ravir tout le monde. Ayant aidé à préparer la table et le dessert, Polly profite de son repos pour lire un peu dans un fauteuil en face de sa sœur et son petit-ami. Elle a sorti pour l’occasion une robe légère, temps australien oblige, à carreaux rouges et verts, ambiance Écosse et Noël au coin du feu et porte sur sa tête un serre-tête avec des oreilles de cerfs et du houx. Heureusement que les Burnett n’attende pas un dress code très sophistiqué car polly ressemble davantage à un lutin du père Noël qu’à un mannequin invité à une soirée post-Oscars. La jeune femme posa la coupe de Champagne servie par son père et vit sa sœur en faire de même. Elle en connaît la raison et tenir sa langue est pour elle une torture depuis plusieurs semaines tellement elle a envie de partager la bonne nouvelle à tout le monde, y compris sa famille, mais elle ne va certainement pas voler l’annonce à Pippa. Lorsque sa mère revient avec une photo, Polly se lève pour aller voir la tête de sa sœur et Concho enfants, à une époque où elle venait d’entrer à l’école et même si elle n’avait que cinq ou six ans à ce moment-là, faisait tout pour passer du temps avec Pippa et son meilleur ami à l’époque, qu’elle trouvait trop stylés. C’est un peu plus tard qu’elle a voulu les mettre ensemble à travers divers stratagèmes sans y parvenir. « Vous êtes toujours très mignons ! » ajouta Polly, voyant le regard de sa sœur sur elle. Oui elle avait raison depuis tout ce temps, ils étaient faits pour être ensemble. « Alors que t’étais là toi quoi ! » s’insurgea la jeune femme à propos de Concho quand il évoqua que Pippa était en couple avec un autre à ce moment-là. Ce n’est un secret pour personne que parmi les petits-amis de Pippa, Concho est son préféré sans aucun doute. « Je suis tellement contente que tout le monde soit là aussi. Joyeux réveillon ! » annonça Polly, reconnaissante de voir toute sa famille réunie. Quand Concho déclara que c’était Polly qui les avait forcé à venir, elle fit une mine outrée avant de répondre en riant « Je retire ce que je pense, t’es pas le petit-ami de Pippa que je préfère. » Sur ce elle alla dans la cuisine pour attraper deux plateaux de petits-fours qu’elle posa sur la table basse autour de laquelle tous les invités s’étaient réunis, s’asseyant dans les canapés, fauteuils et chaises disposées tout autour.

Le réveillon chez les Burnett, c’est quelque chose ! La magie de Noël est distillée partout, et ça a toujours été comme ça, aussi loin que je me souvienne. Je n’arrive pas à croire que j’ai loupé ça, ces deux dernières années ! Principalement pour ménager la chèvre et le choux, entre mon père et mon ex-mari. Liam n’avait jamais été très famille, quant à mon père, il n’avait jamais vraiment compris mon mariage. Je ne pouvais pas le blâmer sur ce point, les circonstances avaient été particulières.
Oui, cela me fait du bien de retrouver l’ambiance chaleureuse de la maison familiale ce 24 Décembre, en particulier après le mois de Novembre que nous avons vécu, Concho et moi. Nous avons eu notre lot, et cette soupape est plus que bienvenue. Je coule un oeil tendre vers mon amoureux au moment où il me glisse à l’oreille qu’il fera en sorte de boire ma coupe de champagne à ma place, histoire d’éviter les soupçons, le temps qu’on trouve le moment parfait pour annoncer ma grossesse à ma famille. Seule Polly est dans la confidence, puisque que c’est à elle que je me suis confié en premier, mais ce soir, c’est le moment de lever le voile sur ce récent bonheur qui nous comble, Concho et moi.
— On va espérer que mon père ne m’en serve pas plusieurs d’affilé, je souris, en embrassant la joue de mon amoureux avec tendresse.
La photo souvenir dénichée par ma mère vient soudain accaparer toute l’attention. Concho, sur un ton espiègle, en profite pour me lancer une petite pique. Je souris, puis le regarde de biais, faisant mine de réfléchir. C’est pile à ce moment-là que ma soeur en rajoute une couche. Je lève les yeux au ciel tout en m’esclaffant.
— Oui, bon…j’ai mis du temps, c’est vrai ! je leur accorde, mais j’avais besoin de ça pour laisser notre amour fleurir, je rajoute en battant exagérément des cils.  
Je ris, puis retrouve mon sérieux au moment où mon père porte son premier toast de la soirée. Concho, en profite pour répondre sur le ton de l’humour, charriant Polly au passage. J’adore cette complicité que mon amoureux parvient à créer avec ma famille, tant mon père que mes soeurs. Avec ma mère aussi le courant passe, et ça me fait un bien fou. Je me sens comblée. Cette bouffée d’allégresse me fait songer que le moment est parfait pour notre annonce. Je coule un regard gorgée de tendresse vers Conchobáhr alors que mes lèvres s’ourlent d’un sourire. J’attrape sa main, en embrasse le dos avec amour, puis me tourne vers mes parents. Ma tante, et mes cousines nous ont rejoint, de même que ma soeur, Peony, qui s’est assise à côté que Polly.
— Concho et moi, on a…quelque chose à vous annoncer, je commence en prenant une grande inspiration.
Toutes les têtes se tournent vers nous, mais je ne me débine pas. J’ai si hâte de partager notre bonheur avec les gens que j’aiment. Je n’aurais pas cru en être là un jour, et pourtant, rien ne me parait plus réel que cet instant, tout en me donnant la sensation d’être sur un petit nuage.
— On attend un enfant !

« Ouais, il risque de m’aimer un peu moins si j’commence à raconter n’importe quoi après cinq flûtes. » Lâchais-je à voix basse, un sourire amusé aux lèvres, penché vers Pippa. Je me redressai après un doux baiser. J’avais vu Polly se tortiller, presque, sur son fauteuil, dès que Pippa avait posé sa coupe de champagne sur la table basse et que nous nous étions lancés un regard complice. Je savais que Polly était au courant à propos de la grossesse et je la devinais donc impatiente qu’on en fasse la grande annonce. Je lui lançai un regard dissuasif, l’air de dire tiens ta langue, avec le sourire quand même. Heureusement qu’on nous amena ces photographies du passé et que notre attention en fut accaparée. Polly et Peony regardaient elles aussi, par-dessus notre épaule, cet instant capturé. Il nous rappelait, à Pippa et moi, l’évidence qui s’était présentée à nous au cours de la dernière année. « Je sais pas si je qualifierais ça de mignon … » Dis-je en me pointant sur la photo. Mes cheveux étaient catastrophiques. Je portais un t-shirt troué vers le bas et non, ce n’était pas encore stylé, à l’époque. Et évidemment, on voyait déjà que j’allais être en surpoids. Je savais bien que ce n’était pas la fin du monde, que ce gamin que je voyais avait surtout manqué de confiance alors que je pensais avoir manqué de beauté ou whatever. Mais cette image désagréable de moi-même me restait gravée en tête. Surtout parce qu’entre dix et seize ans, surtout, les jeunes peuvent être méchants, et qu’on m’avait bien fait comprendre que je n’étais pas la norme, acceptée. Ça change une estime de soi. « Mais ouais, j’étais là ! Condamné à la friendzone. » Je ris. Je m’en étais finalement sorti, de cette friendzone. À plusieurs reprises d’ailleurs. Je m’en étais sorti autant avec Ally, qu’avec Zelda et Freja. Maintenant avec Pippa. J’espère que le même sort n’était pas réservé à notre relation. « De toute façon depuis qu’on est adultes, y’a pas grand chose qui pouvait laisser croire que ça fonctionnerait un jour entre nous. » Elle s’était mariée, moi j’avais eu des enfants avec deux autres femmes. Rien ne laissait présager que notre amour de jeunesse reviendrait en force après tout ça. Comme quoi la vie réserve parfois de belles surprises, aussi. Comme ce bébé que nous attendions, d’ailleurs. Mais avant l’annonce, le toast de papa Burnett ! J’en profitai pour charrier un peu Polly. Sa réplique me fit rire. « Ah non ? Ce serait lequel alors ? » Je les avais à peu près tous connus, hormis ceux qu’elle avait pu avoir pendant que j’étais à Melbourne pendant six ans. J’étais curieux de connaître mon remplaçant dans le top 1 de Polly ! Cette dernière s’éclipsa par la suite le temps d’aller chercher des petits fours. Maintenant que tout le monde était réuni autour de la petite table du salon, Pippa m’attrapa la main. Mon coeur s’accéléra tout de suite. C’était le moment. Je la regardai en souriant, ce sourire s’agrandissant lorsqu’elle lâcha la grande nouvelle à la famille. Je regardai tout le monde un à un, guettant les réactions.

Parfois un peu trop obstinée, surtout lorsqu’il s’agit d’amour et des histoires des autres, Polly a toujours eu dans un coin de sa tête l’idée que Pippa et Concho finiraient ensemble. Même quand rien ne semblait pouvoir les réunir, elle a gardé espoir, glissant toujours au détour d’une conversation l’idée qu’il y aurait pu avoir quelque chose entre eux. A défaut de vivre de nombreuses histoires, ce qui lui convient bien, s’épanouissant dans ses amitiés, Polly aime se concentrer sur celles des autres. Et pourquoi vouloir en particulier que ce soit Concho qui soit avec sa sœur ? Il y a tout un tas de raison. Déjà, elle l’a beaucoup vu lorsqu’elle était petite, ils étaient toujours fourrés ensemble et dans son imaginaire d’enfant, deux personnes qui passent leur temps à traîner ensemble, vont forcément finir ensemble, surtout s’il s’agit d’un garçon et d’une fille. Depuis elle s’est déconstruit sur cette question, découvrant qu’un homme et une femme peuvent être amis, très proches même, sans qu’aucune attirance amoureuse n’existe entre eux, tout comme deux hommes ou deux femmes peuvent très bien être amis en voulant plus. Et il y a plus que ça, Concho, même si comme Pippa, il était parfois agacé d’avoir la petite sœur dans ses pattes, il ne l’a pas rejeté comme ont pu le faire certains autres copains de Pippa, pas franchement fan de cette petite sœur un peu trop bavarde, un peu trop grosse, un peu trop tout. Elle s’est un peu vu en le meilleur ami de l’époque de sa grande sœur, c’est peut-être ça qui a fait qu’il a toujours été le number one pour elle. Eux n’avaient plus grand espoir qu’il y avait quelque chose de possible entre eux. « Je n’ai jamais perdu espoir. C’est toujours à la dernière saison que les héros se mettent ensemble de toute façon. » expliqua Polly avec son optimisme presque sans faille. Face à la petite pique du petit-ami de Pippa, la jeune femme répliqua qu’il allait perdre son statut de petit-ami préféré de sa sœur. Joueur, Concho la questionna sur son remplaçant. « Euh...Will ? Y’en a pas un qui s’appelait Will ? » questionna-t-elle en tentant de trouver un homme qui avait été plutôt acceptable. Pas Liam en tout cas, c’est certain, même si elle ne le détestait pas autant de ses parents. De toute façon Polly ne déteste pas les gens, enfin très rarement. Si vous êtes détesté par Polly Burnett il s’agirait de sacrément vous remettre en question ! Après avoir été chercher les petits fours, tout le monde se réunit autour de la table basse pour prendre l’apéro. Pippa en profita pour annoncer la grande nouvelle, pour le plus grand soulagement de Polly qui faisait son possible pour ne pas gaffer. Les félicitations fusèrent dans tous les sens. « Félicitations ! » dit-elle aussi même si la surprise était moins importante pour elle. Peony, assise à ses côtés remarqua bien que sa surprise n’était pas si authentique et la questionna du regard. « Oui j’étais au courant, Pip’s me l’a dit et je voulais te le dire mais je devais tenir ma langue. Désolé d’avoir fait genre que j’étais trop occupée pour te parler depuis quelques semaines, mais je sais que j’aurais pas pu tenir ma langue. » expliqua la jeune femme à sa grande sœur.

De tout temps, Primrose avait toujours adoré Noël avec son lot de surprises et friandises, ses films et ses cadeaux réconfortants. C'était pour elle une période de l'année où de belles choses pouvaient se passer et où les souhaits pouvaient se réaliser. Bien sûr, son cas n'avait pas connu pareille merveille mais elle y croyait pour les autres. Quand bien même craignait t-elle pour son propre avenir amoureux, elle n'en demeurait pas moins soucieuse et admirative des autres. Ce soir, elle était d'autant plus heureuse de partager ce repas avec ses deux sœurs, Pippa et Polly sans oublier Concho. Figure rassurante, il avait adossé un rôle de substitut au grand frère bien qu'il n'en était un que pour elle et non pas pour Pippa. Dans certaines discussions avec sa sœur, elle avait évoqué cette ambiguïté qui entourait la belle complicité que partageait l'aînée des Burnett avec le jeune homme sans qu'il ne puisse y avoir une quelconque étiquette en Cr sens. Ils étaient des amis du moins c'est ce qui portait à croire bien au début.

Primrose avait sûrement cultivé, à l'image de sa sœur une certaine adoration pour ce couple qui n'en était même pas un en espérant qu'il se construire, qu'il naisse sous leurs yeux. Aujourd'hui, il était clair que cette vision n'était plut hypothétique, elle existait réellement. Ce que dit Polly alors était touchant et Prim ne pût s'empêcher de rebondir dessus. " Bien dit Polly, je suis d'accord avec toi.".

Elle la laissa ensuite se dépatouiller avec le fameux beguin enfantin de Pippa sans intervenir. Il était aussi plaisant de voir le lien qui pouvait exister entre Concho et Polly et surtout de voir comme il lui était facile de rebondir, de rigoler avec elles. Il était naturel de converser avec lui, il faisait partie de la famille depuis toutes ces années. Il était le meilleur ami incontournable, il devenait le petit ami idéal. Tandis que les petits fours faisaient les yeux doux à la blonde pour la pousser à consommer, elle résista quelques secondes. Elle qui était gourmande, elle allait se servir quand soudain, Pippa annonca une nouvelle... extraordinaire. Sa grossesse. Mais comment ?? Pourquoi ??

Sa cadette la devança dans les félicitations, ce à quoi Primrose releva la tête, les sourcils arqués. Comment pouvait t-elle être si mesurée dans ses congratulations ? Cela paraissait trop... calculée. Son expression était telle que Polly s'expliqua aussitôt. Ainsi, elle le savait mais elle réalisait encore plus son incapacité à se taire. Elle avait beau être surprise de cette magouille, elle se moqua gentiment de sa sœur. "En même temps, tu as été réaliste. Je sentais bien que quelque chose te turlupinait alors tu as bien fais de ne rien dire... Tu dois te sentir soulagée !" dit t-elle en posant son bras sur elle.

Elle se tourna vers Pippa et Concho, les larmes aux yeux. L'émotion s'etait emparée d'elle. Foutue sensibilité quand tu nous tiens." Félicitations ! Je suis si heureuse pour vous !!! ". Oui c'est ça elle était aussi émotive que surexcitée. Elle s'enfila deux petits fours, trop pressée d'en savoir plus. "Alors alors, comment vous allez faire ? Vous allez l'appeler comment ? Ohh je sais déjà ce que je veux lui acheter comme cadeau !". Easy la Burnett mais elle était déjà sur une autre planète. Heureuse de devenir tata, encore plus de savoir sa sœur comblée. Cadeau pour voir éclore un nouveau ou une nouvelle née pour agrandir la famille.

Je levai les yeux au ciel en écoutant Conchobáhr et Polly plaisanter sur ma vie amoureuse. « Will, ça compte pas » je protestai alors. « On n’était même pas vraiment ensemble, il était là que pour les mois d’été de toute façon ! » Mais le temps n’était pas vraiment à ces bavardages-là. Il y avait un sujet plus important que j’étais à la fois impatiente et nerveuse d’aborder. J’allais exploser si je ne lâchais pas l’info. Littéralement. Concho et moi avions convenu d’attendre la soirée du réveillon de Noël pour annoncer la nouvelle de ma grossesse à ma famille, parce que cela nous semblait un moment parfait, mais cela avait été plutôt difficile de tenir ma langue jusqu’ici. Seule Polly était au courant car elle avait été témoin de mes premiers doutes, avant même que mon test de grossesse n’affiche un résultat positif. Ma petite soeur, pour autant, avait, elle aussi, réussi à ne rien ébruiter.
Une fois l’information lâchée, je demeurai silencieuse, dans l’attente des réactions autour de nous. Il y eu un silence, surement dû à l’assimilation de la nouvelle avant que les exclamations de joie ne viennent le rompre. Mon père vint nous embrasser tour à tour, Concho et moi, puis ce fut au tour de ma mère de nous prendre dans ses bras. Polly nous félicita avec un regard complice, avant d’avouer à Prim qu’elle avait été dans la confidence. Je penchai la tête vers ma cadette, désolée d’avoir gardé un tel secret pour elle. Cependant, elle ne semblait pas le prendre mal, je lus de l’émotion sincère dans son regard lorsqu’elle vint nous féliciter à son tour. « Merci, c’est…complètement inattendu, mais ça nous remplit de joie ». J’eus à peine le temps de finir ma phrase que Primrose nous assailla de questions. Je lâchai un rire, tout en serrant contre moi le bras de Concho. « C’est encore tôt, on ne pourra connaitre le sexe du bébé que d’ici deux mois environs et…pour le reste, on se laisse encore du temps. » En vérité, nous n’avions pas vraiment pris le temps de nous poser pour parler de tout ça. Le mois de Décembre ayant surtout été consacré aux rendez-vous médicaux de Concho, et aux miens. Tout ça était un vrai bouleversement, mais cette grossesse ne faisait que commencer et je me disais que nous avions encore le temps. Je coulai un regard tendre sur mon amoureux, puis me penchai pour embrasser sa joue. « Voilà une belle occasion d’ouvrir une autre bouteille ! » nota mon père en se dirigeant vers la cuisine. « Pippa, jus d’orange ? ». Je fis une grimace qui fit rire mon père. « De l’eau gazeuse, plutôt, au moins, il y’aura un peu de bulles ! »

Je jetai un regard surpris à Polly lorsqu’elle parla des héros qui ne se mettent ensemble qu’à la fin. Primrose appuyait ses propos, en plus. « On est à la dernière saison, alors ? C’est positif, ça ? » Demandais-je en arquant un sourcil, quelques secondes, un peu confus mais un sourire au coin des lèvres. Si c’était la dernière saison, cela signifiait sûrement, aussi, que les réalisateurs allaient clôturer ça sur un and they lived happily ever after ou bien feraient un bond dans le futur pour montrer comment tout se terminait bien pour les protagonistes. J’espérais que c’était ça. Que la vie me laisserait enfin tranquille et que je pourrais vivre ma petite histoire d’amour avec Pippa sans que le prochain drame ne nous attende au coin de la rue. « Bon tu vois, Will, il compte pas ! Alors c’est moi le numéro 1 ! » Lançais-je fièrement alors que Pippa s’était empressée de rabaisser cette relation du passé. La vérité était que j’avais été jaloux de ce Will, parce que lorsque l’été venait, je savais que je perdrais ma meilleure amie. Je le gardai bien pour moi, ce détail-là. C’est moi qui attendais un enfant avec Pippa. Pas lui. D’ailleurs, le temps était venu de l’annoncer, cette belle nouvelle-là. C’est ma petite amie qui se lança dans les mots, et j’accueillis avec plaisir le flot de bonheur et de félicitations qui s’en suivirent. Passées les explications entre les trois sœurs, à propos du fait que Primrose avait été laissée dans le noir, cette dernière vint me prendre dans ses bras et nous assaillit de questions, Pips et moi, la bouche pleine de petits fours. Je m’en pris un au passage, me penchant et tendant le bras vers le plateau, laissant le spotlight à Pippa d’abord. « On n'a même pas parlé de si on voulait le connaître, le sexe du bébé, en plus. » Réalisais-je à voix haute, lançant un regard à Pippa. C’était sans doute plus facile pour moi à imaginer, j’avais déjà un gars et une fille, alors pour le troisième, je voulais bien me garder la surprise. Mais ce ne serait peut-être pas le cas pour la future maman. J’aurais aimé aller aider papa Burnett à la cuisine quand il s’en alla ouvrir une seconde bouteille, malheureusement ma mobilité réduite m’empêchait de m’impliquer comme je l’aurais voulu, ce soir. Je restai assis sur le divan, posant ma main sur la cuisse de Pippa.

Dans la tête de Polly, les fins de série, c’est une belle fin heureuse, parce qu’elle n’aime pas franchement les catastrophes et les histoires qui finissent mal. Donc dans sa tête, la série Concho & Pippa en est à sa dernière saison, avec en épisode final la naissance de leur enfant. Pas question de faire des saisons supplémentaires pour rajouter du drama et étirer en longueur une série qui a déjà bien assez duré ! « Pour moi c’est positif. Fini les dramas ! » répondit-elle à Concho avant de cependant le taquiner avec Will, un obscur ancien petit-ami de vacances de Pippa, même si celle-ci ne le comptait pas vraiment comme un petit-ami. « Pour moi ça compte, donc c’est lui mon number one ! J’me demande ce qu’il est devenu... » se questionna-t-elle en faisant ressortir sa curiosité mal placée. Elle n’avait pas pensé à ce Will depuis des années, ayant un peu oublié son existence parmi tous les gens qui défilent à Bowen, mais maintenant elle a envie d’aller vérifier ce qu’il devient, histoire de savoir si Pippa a fait le bon choix (elle l’a fait, Polly reste une shipeuse du poncho bien sûr). Alors qu’elle aurait pu aller faire ses recherches sur son téléphone afin de calmer sa curiosité, Pippa annonça la grande nouvelle, qui surprit un peu la rousse que les autres convives. Elle s’excusa auprès de Prim’ de ne rien lui avoir dit, ayant eu peur de faire une bourde ces derniers temps, évitant de parler à sa sœur pour ne pas faire une boulette et spoiler la grande annonce. Celle-ci ne lui en voulut pas, comprenant bien qu’à sa place il lui aurait été difficile de tenir sa langue. « J’ai fait au mieux mais franchement j’avais peur à chaque minute de t’envoyer un message pour te dire : pips est enceinte, omg omg omg. » lui dit-elle en riant, ayant vérifié plusieurs son téléphone pour s’assurer qu’elle ne lui avait pas envoyé de message mais qu’il ne s’agissait seulement de son imagination. L’attention se tourna bien sûr vers le couple, qui fut assailli de questions. « Vous n’êtes pas obligé de choisir le prénom en fonction du sexe du bébé. Moi j’propose Ariel, Emery ou même Peyton, si vous voulez continuer la tradition des Burnett...Oui j’ai eu un peu le temps de réfléchir à la question. » avoua-t-elle en souriant, ayant été sur quelques sites de prénoms quelques temps après l’annonce de Pippa. Alors que la précédente bouteille venait à peine d’être servie, papa Burnett proposa d’aller en ouvrir une nouvelle, pour fêter ça, typical papa Burnett ça ! « J’vais finir à dormir dans mon fauteuil avant d’avoir mangé si ça continue ! » Elle se pencha pour attraper un petit four, histoire d’avoir un petit quelque chose dans le ventre et éviter que l’alcool ne lui monte trop vite à la tête.

Ca alors, Pippa était enceinte. C'était aussi impromptu qu'inattendu, même si cela ravivait une joie en Primrose, une de celles qu'elle avait dans ses beaux jours. Les dernières actualités n'avaient pas été particulièrement bonnes pour elle ces jours ci - surtout sentimentalement parlant - alors c'était avec un sourire et un bonheur inégalé que la blonde affichait sa réaction. Certes, elle pouvait paraître disproportionnée mais qu'importe : sa soeur aînée méritait le meilleur et qui plus est, elle était avec un homme formidable. L'occasion ultime d'ouvrir une bouteille : oups sans alcool bien sûr. Ils semblaient ravis, sur leur petit nuage sans réellement réaliser. C'était peut être encore frais, il fallait régler des choses mais ils ne semblaient pas rentrer dans les détails. Après tout, Primrose le comprenait tout à fait :ils n'avaient pas à exposer des choses aussi privées avec elles, ils parlaient déjà de l'avancement et du sexe du bébé, c'était bien assez. Quand sa soeur cadette lui exprime comme il était difficile de garder le secret, la jeune femme pose une main sur son épaule en riant. "Ah je t'imagine bien te retenir d'envoyer un message! Comme tu as su garder le secret, bravo soeurette!". Elle était reconnaissante envers Polly d'avoir su ne rien rapporter alors qu'elle-même aurait eu bien du mal à le garder pour elle. A l'évocation des prénoms, la jeune femme brandit son verre. "Ariel quelle belle idée, j'approuve! Moi je n'ai pas encore réfléchi, il faut que je brainstorme...". Pressentant la deuxième bouteille qui s'ouvre, elle approche son verre pour participer avec sa petite soeur. Elle regarde les amoureux et les yeux brillants, leur demande. "Vous allez chercher un nouveau nid douillet alors?"