Ice Queen | Aleksandra & Tyler

Même si l’air était doux en cette fin de décembre, j’étais surpris en entrant dans le château de glace du froid ambiant qui y régnait. Probablement à grands renforts de climatiseurs, mais ce n’était pas le moment de jouer au militant écologiste. Même si j’aimais travailler la terre et être respectueux de ce qu’elle m’offrait contre mon dur labeur, je n’avais jamais été un extrémiste en la matière. La curiosité m’avait même fait arriver en avance et comme j’avais donné rendez-vous à la romancière à l’intérieur, je n’hésitais pas à entrer sans attendre pour m’imprégner des lieux. Il y a une heure encore à peine, j’étais au milieu de mon champ à tenter de faire redémarrer ce fichu tracteur qui faisait encore des siennes, ce rendez-vous était providentiel pour se changer les idées. Une chemise à carreaux et un pantalon noir, ma tenue était soignée et cette rencontre inattendue m’avait mis de bonne humeur. Mon carnet à dessins dans la main, je commençais à explorer les différentes salles du château, un vrai labyrinthe où l’on pouvait se perdre et flâner, et puis soudain quelqu’un frappait sur mon épaule par surprise et je me retournais. Le même sourire que sur sa photo, son allure virevoltante se matérialisait devant moi.
— Aleksandra ! Enchanté de te rencontrer. Disais-je en l’embrassant sur la joue. Bon et bien je crois que c’est toi qui me doit un gage…
Ses grands yeux verts pétillants étaient magnifiques et dégageaient beaucoup de bienveillance. Dès ce premier regard, j’étais à l’aise et j’avais hâte de la découvrir. De la normalité. Voilà ce dont j’avais besoin. Il ne s’était passé que quelques semaines depuis que Mercedes avait mis fin à notre relation. Les journalistes, les paillettes, le luxe, je n’étais pas du même monde que la pilote de F1, notre histoire était vouée à être éphémère, mais ça ne m’avait pas empêché de me sentir à nouveau seul une fois le clap de fin arrivé. J’avais l’impression d'enchaîner les échecs amoureux, mais je n’avais pas le choix que de mettre un pied devant l’autre.
— Alors ? Je n’ai pas l’air d’un pychopathe ? En tout cas tu n’as pas l’air trop folle, malgré ton avertissement. Plaisantais-je en référence à nos premiers échanges sur le chat.
Un sourire taquin accompagnait ma question et j’espérais qu’elle ne répondrait pas par l’affirmative, grattant ma nuque en signe de nervosité exagérée.
— On fait le tour avant d’aller boire un verre ?