wishing us beautiful moments, treasured memories, and all the blessings a heart can know (aisling)

C'était bien ça qui inquiétait la blonde, que son amoureux ne se rende pas compte à quel moment ce serait trop, ou qu'il s'en rendez compte seulement trop tard. Evidemment, elle ne pouvait pas se comporter comme sa mère, mais sa santé lui importait. Et, quelque part, il était aussi têtu qu'elle. Elle déposa un baiser sur sa tempe avant de plonger son regard clair dans le sien.

-Tu as promis, fais bien attention.

Mais l'heure n'était pas à penser à ces choses d'adultes, un peu trop sérieuses, presque inquiétantes. Non, ils étaient tous là pour se détendre et s'amuser, et surtout, amuser les filles. Il n'en fallait pas beaucoup à Harper pour faire de grands sourire et gazouiller des pseudo-mots. Aisling ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait tout pris de son père pour ça. Elle acquiesça d'un signe de tête à la proposition d'Isaiah, Siobhan était également partante et Harper ne pouvait pas protester. Ils s'installèrent donc tous ensemble dans la petite salle de projection. La blonde avait la main de chacune de ses filles dans les siennes. Ils admirèrent donc, le petit dessin animé, le père Noël, les rennes, les cadeaux... Harper riait aux éclats, Siobhan souriait d'admiration. La blonde serra davantage les mains de ses filles et vint déposer un baiser sur la tête de Siobhan. Elle était heureuse. Elle le sentait, vraiment, elle ne se souvenait pas la dernière fois qu'elle avait pleinement ressenti cette émotion. Elle tourna son regard vers Isaiah, un sourire aux lèvres, un sourire qui ne trompait pas.

-Alors, est-ce qu'on va chercher les rennes du Père Noël dans la galerie ?

Il hocha la tête, Isaiah, après qu’Aisling ait déposé un baiser sur sa tempe, lui réitérant de faire attention. Le surmenage ce n’était pas que pour les gens de professions libérales qui sont au bureau même la nuit sous une pile de dossiers. C’était aussi pour les passionnés. Isaiah était un passionné. Et il avait beau aimer tout ce qu’il entreprenait, il restait un humain et son corps, un corps qui pouvait se fatiguer, et pour son esprit c’était pareil. N’ajoutant rien de plus à ça, Isaiah proposa plutôt d’aller regarder le court-métrage animé qu’il vit annoncé sur l’un des murs qu’ils longeaient. Les grands bancs n’étaient pas les plus confortables, ils recréaient des blocs de glace, avec des couvertures de fausse fourrure - en tout cas, Isaiah l’espérait en inspectant le matériel - étendues dessus pour un peu de coussinage. Heureusement qu’ils ne resteraient pas assis des heures durant. Le petit film était d’une quinzaine de minutes. De toute façon, aussitôt les dessins animés débutés, aussitôt Isaiah oublia son mal de dos. Les filles étaient juste beaucoup trop drôles, précieuses. Harper riait à chaque scène et Siobhan souriait, concentrée au maximum sur l’histoire. Puis, Aisling semblait tout simplement heureuse, et ça, c’était la plus belle image qu’Isaiah pouvait imprimer dans sa tête. La femme de sa vie avec les deux petites têtes blondes à ses côtés. Sentant sans doute le regard de l’artiste sur elle, elle tourna la tête vers lui et ils s’échangèrent un sourire, le même genre de sourire, qui respirait le bonheur. Les lumières se rallumèrent à la fin des crédits du film. « Il y a les vrais de vrais rennes du Père-Noël ? Je veux absolument voir Comète ! Et toi, Sio ? » Évidemment elle s’élança en s’exclamant vouloir voir Rudolph, c’était peut-être le seul dont elle se souvenait sur les neuf. En tout cas lui ne s’en souvenait certainement pas à son âge, il ne les avait appris que récemment, en lisant des livres pour enfants, justement. Tous les quatre se dirigèrent vers la galerie, enthousiastes.

Aisling n'aurait jamais imaginé vivre ce genre de moments. Il faut dire que quand on est jeune, on ne se projette pas forcément jusque-là. Avec une personne aimée et des enfants. Surtout pas la jeune femme indépendante et caractérielle qu'avait autrefois été la blonde. Elle n'avait jamais voulu aimer mais maintenant elle ne pourrait plus s'en passer. Elle ne pourrait plus se passer de lui. Et quand elle y pensait sérieusement, ça lui donnait un peu le vertige. Mais son regard dans le sien, son sourire, ça lui suffisait pour ne plus penser à rien d'autre qu'à l'instant présent.

Le film prit fin, l'instant aussi. Mais la blonde n'en était pas moins heureuse pour autant, Siobhan avait l'air tellement enthousiaste. Elle rit et lui emboîta le pas alors qu'elle s'élançait dans les allées à la recherche des rennes, ayant un peu peur qu'elle disparaisse entre deux paires de jambes.

-Doucement Sio', ils ne vont pas se sauver.

Elle attrapa la main de la blondinette et tourna la tête pour attendre qu'Isaiah les rattrape, avant de la relâcher.

-Hm... Je ne sais pas lequel est mon préféré moi. Je vais voir lequel est le plus beau.

Elle eut un léger rire et leva la tête vers Isaiah.

-Et toi, pourquoi Comète ?

Lorsque le film prit fin, le groupe fut directement à la recherche d’une prochaine activité. Il y avait tant à faire dans le château de glace, aussi bien en profiter toute la journée ou jusqu’à ce que les filles s’épuisent. Si Harper commençait à chigner de fatigue à un moment ou à un autre, ce serait le temps de rentrer pour la sieste. Puisqu’elle avait encore le grand sourire au visage, Isaiah et Aisling les motivèrent à aller voir les rennes du Père-Noël. Siobhan n’avait pas vraiment besoin d’être convaincue, en fait, elle s’élançait déjà à travers les allées, ne sachant même pas où se trouvait la galerie. Aisling la rattrapa rapidement et Isaiah les rejoignit avec Harper dans les bras. Avec un sourire amusé et pas du tout sérieux, l’ébéniste secoua la tête et leva les yeux au ciel à la réponse d’Aisling. « Si superficielle. » Il plaisantait, évidemment. Le rire d’Aisling fut remplacé par son renvoi de question. « Les autres rennes, c’est le plus rapide, le plus beau, le plus fort. J’ai jamais eu envie d’être le plus de quoi que ce soit. Comète, il apporte le bonheur aux enfants. C’est une bien meilleure qualité, je trouve. » Est-ce que cette réponse allait vraiment étonner Aisling ? Probablement pas. Elle l’avait sans doute deviné d’elle-même, si elle connaissait un minimum les grandes caractéristiques des rennes du Père-Noël. Après, s’il y avait des détails obscurs qu’il ne connaissait pas, il se pourrait qu’il change d’avis, mais dans les grandes lignes c’était en Comète qu’il se reconnaissait le plus. Ce n’est pas pour rien qu’il voulait bâtir un jardin fantastique aux filles, et faire rêver bien plus d’enfants encore avec ses livres pour enfants.

Elle rit alors qu'il jugeait son critère de choix superficiel. Il l'était. Les rennes du père Noël n'était pas quelque chose qui l'avait particulièrement transporté quand elle était petite, alors elle avait du mal à choisir un préféré. Aisling, elle était plus Maléfique quelque part. Elle sourit, lorsqu'il conclut que pour lui, la meilleure qualité était de rendre les enfants heureux. Est-ce que quelque chose pouvait être plus Isaiah que ça ?

-Ca te ressemble bien.

C'était quelque chose dont elle n'était pas capable, la blonde, donner du bonheur aux autres. Mais Isaiah, lui, irradiait tout ce qu'il touchait, de bienveillance et d'amour. Même elle. Un tour de magie.

Ils arrivèrent finalement dans la galerie où était exposés les rennes, et Siobhan s'agitait déjà tout autour. Elle la surveillait d'un œil, tout en gardant sa main dans celle d'Isaiah.

-Moi je crois que j'ai toujours voulu être la plus intelligente. Et la plus libre. C'est pour ça que je n'aurais jamais pensé avoir cette vie là.

Quelqu'un qui l'aime et des enfants.

Elle releva son regard bleu vers lui.

-Qu'est-ce que tu m'as fait, Isaiah Gartshore-Nairn ?

Isaiah n’aimait peut-être pas tout le côté de surconsommation de Noël, temps durant lequel les personnes plus démunies s’appauvrissaient encore plus juste pour faire comme tout le monde, juste pour alimenter la machine eux aussi. Cependant il aimait quand même la magie entourant cette fête. Toutes les fêtes. Si ce n’était que de lui ces fêtes n’existeraient que pour leurs histoires, pour l’imaginaire dans lequel étaient transportés ceux qui y croyaient. C’était beau. Simple. Il n’y avait qu’à regarder Siobhan courir dans la galerie des rennes, et Harper s’émerveiller devant les animaux, pour comprendre que c’était du bonheur à l’état pur. L’artiste tourna la tête vers Aisling alors qu’elle admettait avoir toujours voulu être la plus intelligente et la plus libre, ce qu’elle ne jugeait pas transposable à sa vie actuelle. « Peut-être que je t’ai juste permis de comprendre que l’amour, ce n’est pas synonyme de s’enchaîner. Que tu peux être amoureuse, maman, et libre. » Ils avaient peut-être davantage de responsabilités en ayant des enfants, mais ça ne les empêchait pas de choisir. De choisir ce qui était le mieux pour leur famille. De choisir ce qu’ils voulaient faire de leur temps, de leur vie. De choisir la prochaine aventure. « Tu n’es peut-être pas la plus libre, mais sens-tu que tu l’es quand même ? » Demanda-t-il, soucieux. Il ne voulait surtout pas qu’elle se sente brimée, dans cette vie.

Isaiah avait sans doute raison. Elle avait toujours associé l'amour à des chaînes. Parce qu'on se liait, pour la vie, ou pour un bout de vie, à une personne. Parce qu'elle avait toujours eu l'impression que sa mère avait enchaîné son père avec son amour, alors que pourtant, lui aussi débordait d'amour pour elle. Et sans doute que si ça n'avait pas été le cas, il ne serait pas resté auprès d'elle, et qu'elle n'aurait pas existé. Oui, ses parents ne l'avaient pas voulu, mais ils l'avaient gardé parce qu'ils s'aimaient. Et elle n'avait jamais manqué d'amour. Pourquoi donc avoir eu l'impression que son père était emprisonné, alors que tout le monde était heureux ? Elle ne savait pas d'où venait ce sentiment de culpabilité qui était né quand on lui avait raconté l'histoire de sa conception. Et pourquoi elle avait décidé de vivre en opposition avec tout ça.

-C'est vrai. Mais peut-être que c'est parce que je suis tombée amoureuse du plus insaisissable des hommes.

Elle eut un petit rire avant de poser son regard sur Isaiah, puis ses filles. Oui, elle était heureuse elle aussi, c'était indéniable. Pourquoi, rejeter tout ça ?

Isaiah était, certes, quelqu'un de tout à fait abordable, seulement, il avait le bougeotte, c'est en ça que lui aussi, il était cet être libre. Pourtant, il ne semblait jamais s'être posé les mêmes questions qu'elle. Pourquoi ? Pourquoi était-elle si soucieuse de ne jamais s'attacher à personne ? Est-ce que c'était une question d'âge, de maturité ? Vu le comportement de Perry, elle tenait peut-être là une partie de la réponse.

Mais avec cette discussion, elle se rendait compte qu'Isaiah commençait à s'inquiéter. Ce n'était pas ce qu'elle cherchait à faire. Elle se mordit la joue, puis fit mine de réfléchir. Elle regarda la petite tête de Siobhan qui slalomait entre les sculptures et les gens.

-Et bien... Disons que je ne peux pas me permettre de faire des bêtises devant elles.

Elle sourit et attrapa la petite main d'Harper dans la sienne.

-Si vous saviez...

Dans le cas d’Isaiah c’était pourtant tout le contraire. Ses parents avaient décidé de s’aimer, plutôt, ce qui selon Isaiah n’était pas possible. On ne décide pas d’aimer. On aime et c’est tout. Mais ses parents avaient juste suivi les conventions, les attentes familiales, avaient décidé d’aimer dans la même catégorie sociale plutôt que d’aller visiter ce qu’ils appelaient “d’autres mondes”. Cette personne n’appartient pas au même monde que nous, Isaiah”. Cette phrase, il l’avait tellement entendue. Cette phrase l’avait convaincu que le monde dans lequel il avait grandi n’était donc pas le bon. Lui avait envie d’appartenir à partout. Et il avait rapidement compris, de toute façon, qu’il n’y avait bel et bien qu’un seul monde. Il y avait juste, dans ce monde, des gens qui préféraient vivre avec des œillères, du haut de leur tour d’Ivoire. Jamais il ne deviendrait comme ses parents. Lui, il allait aimer. Fort. « Insaisissable ? » Demanda Isaiah, surpris mais amusé aussi de ce qualificatif. Il s’imaginait être le contraire d’insaisissable. « Pourtant, toi non plus t’as pas eu à m’attacher. » Il sourit. Il ne devait pas fuir tant que ça. Pas autant qu’il avait pensé, parfois, que cette vie n’était peut-être pas celle qu’Aisling avait voulue. Lui aussi avait un peu changé ses plans. Mais ça l’inquiétait, tout d’un coup, qu’elle ne se sente pas libre dans sa propre vie. « Ça dépend lesquelles … » Ils en feraient, des bêtises, en famille. Il n’en doutait pas. Ce serait bien plus drôle ainsi. « Et pour les autres … Quand elles ne sont pas là … Fais-les. Ne te retiens pas. » Un peu comme ils s’étaient laissés aller, au festival du cidre, tout près de la Grosse Mangue …

Isaiah ne semblait pas tout à fait d'accord avec son qualificatif. Pourtant, Aisling le trouvait assez approprié. Isaiah n'était pas quelqu'un qu'on saisissait. Il était quelqu'un qui choisissait les personnes auprès desquelles il voulait rester. Un peu comme un chat, en quelque sorte. Elle esquissa un sourire à cette idée, elle l'imaginait très bien, en chat.

-Si je t'avais attaché, ça n'aurait pas marché.

Elle regarda un instant Harper avant de lever de nouveau les yeux vers son amoureux.

-Mais je t'empêche quand même d'aller où tu veux quand tu le veux, non ?

Evidemment, elle ne l'avait forcé. Mais le fait de l'aimer, d'avoir un enfant... Il était, en quelque sorte, condamné à rester auprès d'elle. Bien qu'elle ne l'empêcherait jamais de faire des excursions où il voudrait, ça n'aurait probablement jamais la même ampleur qu'auparavant.

Elle leva ses yeux clairs vers Isaiah, essayant de savoir à quoi il pensait quand il parlait de bêtises qu'elle pourrait faire, même devant les filles. Et ne put s'empêcher de rire quand il ajouta qu'elle devait en profiter quand elles étaient absentes. Elle regarda sa petite tête blonde courir au milieu des gens, continuant de la surveiller en évoquant un sujet que les petites oreilles chastes de sa dernière ne pouvait saisir.

-Tu crois qu'on serait capable de reprendre de l'ecstasy et... continuer ce qu'on avait interrompu à l'époque ?

tw : mention de drogues

Aisling marquait un point. Si elle l’avait attaché, il aurait tout fait pour s’évader. Il avait choisi de rester plus longuement à Bowen. Il aurait pu suivre Ezekielle lorsqu’elle avait pris ce poste de journaliste à l’étranger et qu’elle était repartie faire le tour du monde pour travailler. Il aurait pu repartir de lui-même, en solo, parce qu’à la base il s’était promis des années et des années d’errance. Jusqu’à ce qu’il se sente prêt à mettre un pied à terre. Il avait été prêt plus tôt que prévu. Lorsqu’Ezekielle était partie, Aisling et lui n’étaient pas encore un couple et pourtant, c’est comme s’il savait déjà, Isaiah, que sa place était ici auprès d’elle. Elle ne l’avait pas attaché, c’est lui qui avait décidé de rester. « C’est vrai. » Lui concéda-t-il avant de réfléchir quelques secondes à sa prochaine question. « Est-ce que j’aurais voyagé un peu plus si je n’avais pas eu notre petite famille ? Peut-être. Sûrement, oui. Mais je serais toujours revenu ici, ça c’est certain. Je pense que ma maison elle pourrait être à peu près n’importe où, mais moi j’ai envie qu’elle soit ici. C’est tout ce qui compte je pense. » Voyager lui manquait, mais il en avait tellement profité, il avait encore la tête pleine de souvenirs. Et il n’était pas trop tard pour recommencer. « Quand les filles seront un peu plus vieilles, on pourra leur faire découvrir un peu le monde, aussi. » Il sourit. Ils regardèrent un moment les filles, elles, elles faisaient bien des bêtises, devant eux. Ils pouvaient s’autoriser les mêmes choses, jusqu’à un certain point ! Ce qu’Aisling avait en tête, c’était l’ecstasy, et le chaud souvenir de cet après-midi sur un high de drogue et d’envie. Il sourit, les joues légèrement rougies par la chaleur. « Je ne vois pas ce qui nous en empêche … Si on fait garder les filles pour la nuit, je trouve ça très responsable. » Responsable de prendre de l’ecstasy ? Ça ne sonnerait pas correct dans les oreilles de tout le monde mais pour Isaiah et Aisling, c’était une idée assez excitante.

Les yeux bleus d'Aisling se levèrent vers ceux d'Isaiah. C'est vrai que chacun pouvait décider d'où se situait sa maison. On l'oubliait parfois. On restait dans le pays dans lequel on était né. Ou bien, celui dans lequel on avait une opportunité d'emploi. Mais elle ne connaissait pas grand monde qui choisissait de lui-même, en quelque sorte, le pays où il voulait vivre. Isaiah pourtant, était comme ça. Elle finit par esquisser un léger sourire.

-Est-ce que tu sais pourquoi tu es attaché à cet endroit ?

Bowen avait-elle un charme particulier qui les attirait ? Ou était-ce plutôt les amis qu'ils s'étaient fait ? Les liens qu'ils avaient tissé ? Aisling aussi aurait pu partir d'ici, et pourtant, elle s'y sentait bien. Elle qui était pourtant, auparavant, du genre à ne pas s'attacher, à disparaître du jour au lendemain, à pouvoir tout plaquer en un claquement de doigts.

-Oui, j'ai beaucoup voyagé avec mes parents quand j'étais petite... Où est-ce que tu aimerais les emmener ?

Elle esquissa un sourire et vint glisser son bras autour d'Isaiah, posant la tête contre son épaule.

-Il va falloir qu'on trouve quelqu'un pour se dévouer alors...

tw : mention de drogues

À la question d’Aisling, Isaiah la regarda avec un sourire et les yeux légèrement plissés. « Tu me poses vraiment la question ? » C’est ici qu’ils s’étaient rencontrés. C’est ici que leur belle histoire avait vécu ses balbutiements et sa grande floraison. C’est ici qu’il avait bâti, pour la première fois, quelque chose qui ressemblait réellement à une famille. Bien plus que ce qu’on lui avait offert en Nouvelle-Zélande. « En vérité il y a deux raisons. La première, c’est toi, évidemment. Là où est ta maison j’en ferai la mienne. La deuxième, c’est les gens, les gens qui viennent de partout dans le monde, les gens qui partent ailleurs n’importe où, je trouve que c’est une ville très éclectique. On ne s’en douterait pas aux premiers abords. » Isaiah il pouvait donc voyager, en quelque sorte, même en restant à la même place. Toutes ces personnes étaient riches de différences dans l’histoire, la culture, les passions, les connaissances. Cela ne l’empêchait pas, cependant, de vouloir continuer à voyager … avec Aisling, Siobhan et Harper. Un peu plus tard. Dans quelques années. « Partout ? » Répondit-il en riant. « J’aimerais qu’elles voient et qu’elles s’imprègnent de différentes cultures dès un jeune âge. Et toi ? Tu voudrais leur montrer quels endroits ? » Des voyages ils passèrent rapidement aux drogues, ce qui était un changement de sujet assez particulier mais les connaissant, ce n’était rien de surprenant. « On oublie Perry en tout cas. » Il avait appris sa leçon, Isaiah. « Est-ce que tu crois que Nora accepterait ? »  Elle n’avait jamais babysitté les filles mais il y avait une première à tout. Et puis, elles n’étaient pas difficiles. Sinon, ils pourraient toujours demander à Nelligan et Lily-Anaëlle (hihi).

Un sourire, à la fois amusé et taquin, se dessina sur les lèvres de la jeune femme. Elle haussa doucement les épaules, l'incitant à développer ses propos. Elle glissa, presque timidement, mais surtout tendrement, sa main dans la sienne. Ses yeux clairs se posèrent sur lui, un sourire sur les lèvres.

-Alors notre maison est un peu partout, pas vrai ?

Puis ses yeux balayèrent les lieux autour d'elle et elle hocha la tête.

-C'est vrai, on a tous les deux fait énormément de rencontres ici, dans une si petite ville. Et on y est resté, aussi. Bowen doit avoir un charme particulier, pas vrai ?

Elle avait un trouvé emploi ici, et c'est aussi pour ça qu'ils s'y étaient ancrés, mais si elle avait voulu partir, elle en aurait sans doute trouver un ailleurs. Bowen avait indubitablement su exercer son charme sur les deux personnes sans attache qu'ils étaient à l'origine.

Elle ne put réprimer un léger rire alors qu'Isaiah hasarda un "partout". C'était, au yeux de la blonde, un peu ambitieux.

-Il va falloir commencer quelque part !

Aisling prit le temps de réfléchir à la question. Elle n'avait pas une idée vraiment aboutie, une réponse toute faite.

-Et bien j'ai surtout voyagé en Europe, donc j'aimerais leur partager ça. Mais je n'ai pas d'idée précise.

La France ? L'Italie ? L'Allemagne ? Il y avait tellement de possibilités.

Leur conversation dévia sexualité et même chemsex. Si ça n'avait jamais été une pratique courante pour Aisling (enfin, la consommation de drogue en tant que tel, si), disons que sa complicité avec Isaiah lui faisait envisager la chose comme une expérience agréable. A sa remarque sur Perry, elle haussa les épaules.

-Il n'est pas obligé de savoir ce qu'on fait entre nous, hein.

Elle n'avait pas l'intention de raconter ce genre de détails à Perry. Ils n'avaient plus ce genre d'intimité. A l'évocation de Nora, elle hocha doucement la tête.

-Et bien je pense qu'elle pourrait, mais ça risque de la stresser un peu. Enfin, je pense. Ca ne coûte rien de lui demander !

tw : mention de drogues

Dès qu’Aisling glissa sa main dans la sienne, Isaiah se tourna complètement vers elle, enlaçant ses doigts dans les siens. Il sourit en élaborant un peu plus sa pensée, nommant ces deux précieuses raisons qui faisaient que Bowen, c’était un peu sa maison, désormais. La blonde avait cependant raison, leur maison était un peu partout, avec cette vision. « Là où on la voudra. » Acquiesça-t-il en hochant doucement la tête. Bowen avait son charme, c’était indéniable. Était-ce parce que son maire était particulièrement - trop - impliqué dans la vie sociale de ses habitants ? Était-ce parce qu’une force d’attraction inestimable entraînait des arrivants des quatre coins du monde ? Était-ce seulement la popularité du surf, des plages de sable fin et du soleil à l’année ? L’Australie regorgeait pourtant aussi de raisons de vouloir éviter le continent en entier, notamment ses quelques espèces de bestioles qui déclencheraient des crises de panique chez plus d’un. « Ce serait intéressant d’ailleurs de comprendre pourquoi … pourquoi cette ville plus qu’une autre. Tu connais pas un sociologue qui se pencherait là-dessus ? » Demanda-t-il à Aisling, blaguant à moitié seulement. Il blaguait également à moitié quand il affirma vouloir voyager partout avec leurs enfants. Ils n’auraient pas assez d’une vie, d’autant plus qu’Isaiah approchait la mi-trentaine. Il lui faudrait seulement transmettre son amour de la découverte aux filles, afin qu’elle poursuive ce grand projet, par elles-mêmes. « C’est un bon départ, l’Europe. » La Roumanie, la Slovénie, les pays nordiques … Isaiah revivait déjà tellement de souvenirs. La conversation suivante aussi, puisqu’ils avaient pas mal consommé par le passé, tous les deux. Ils s’étaient un peu calmé là-dessus depuis que deux enfants vivaient sous leur même toit. « Certes. » Ils n’auraient qu’à dire à Perry qu’ils se réservaient juste une petite escapade à deux. Il n’y avait rien d’étrange à ça. En même temps, s’il se passait quelque chose, il faudrait sans doute que la personne en charge des enfants soit au courant que ni Aisling ni Isaiah ne serait vraiment en mesure de prendre les choses en main. Nora semblait une meilleure option. « Ouais, et pis sinon, on trouvera bien. » Conclut-il pour le moment. Ils avaient le temps d’en reparler et de le proposer aux personnes désignées.

Aisling gardait son sourire alors qu'il confirmait que leur maison serait là où ils voudraient. Ca avait quelque chose de rassurant. Elle pouvait être susceptibles de bouger avec son travail, la recherche n'était pas un domaine facile. Et peut-être qu'un jour, oui, ils se rêveraient d'une vie ailleurs. La plus grosse difficulté, au fond, c'était Siobhan -même si rien n'avait empêché Perry de retourner aux Etats-Unis au moment où sa mère était malade.

-J'ai soudainement envie de réfléchir à un million de possibilités !

Elle eut un petit rire, le genre de ceux qu'il n'y avait que Isaiah qui pouvait les déclencher. Ceux qu'on ne lui connaissait pas, parce qu'elle était souvent bien plus râleuse que rieuse.

Les mains sur les hanches, Aisling fit mine de réfléchir. Pourquoi Bowen ? Quelque chose faisait le charme de cette ville, c'était certain. La blonde n'était pas capable de mettre le doigt dessus, c'est comme si tout le monde arrivait ici par hasard et y restait... Comment le hasard pouvait-il autant converger ?

-Moi je pense que c'est ta présence ici qui donne une force d'attraction hors du commun à cette ville !

Elle eut un sourire taquin avant de se faire plus sérieuse.

-J'essaierai de me renseigner.

Evoquer le sujet de la drogue... et du sexe, ça, ça ressemblait beaucoup plus à la Aisling que tout le monde connaissait. Et ils semblèrent trouver une belle idée d'amusement tous les deux, même si les détails restaient à peaufiner. C'était aussi une façon pour la blonde de ne pas perdre son identité... Et de retrouver tous les moments magiques qu'elle avait pu avoir et qu'elle avait encore avec Isaiah. Elle hocha donc doucement la tête.

-Oui, je ne m'inquiète pas.

La main toujours dans la sienne, ils poursuivirent leur visite, ne perdant pas Siobhan de vue.

-En tout cas, je ne suis pas déçue, on voit que vous êtes beaucoup à avoir travaillé.