quand on a que l'amour - (elias & manny)

C’est la première fois de ma vie que le 14 Février est synonyme pour moi de St Valentin. Cependant, si, en effet, je m’apprête à vivre quelque chose d’inédit, la soirée s’annonce particulière pour d’autres raisons. Cela faisait maintenant plus de deux semaines que je n’avais pas vu Manny. Cette soirée, qui devait être au départ un moment fun et romantique, se transforme en retrouvailles. Manny est à Bowen depuis deux jours, et pourtant, nous ne nous sommes pas encore vu tous les deux. Pour cause, la dispute qui nous avait ébranlés a eu besoin d’être digéré. J’ai hâte de revoir le musicien, autant que je suis anxieux. Je sais que nous devrons avoir une discussion, et, si je dois être parfaitement honnête avec moi-même, je rêve d’une soirée simple avec mon copain, quelque chose de doux et j’espère que notre conversation ne ruinera pas cela. Je récupère le numéro et le double de la clef du igloo qui nous a été attribué, puis me dirige vers celui-ci, nerveux comme avant une premier rendez-vous. Le glisse mes clefs dans la serrure, avant de constater que la porte est déjà déverrouiller. Je la pousse, le coeur battant, puis entre dans l’igloo. Une fois la porte refermé, je me retrouve dans le noir complet. Voilà qui risque d’être pratique. Le prospectus parlait d’une expérience insolite, je ne m’étais pas attendu à ça. « Manny ? » je fais en laissant un petit rire s’échapper. « Tu es là ? J’te jure que je savais pas que c'était dans le noir… C’est con, j’me suis fais beau. »

@manny garcia

Tu as l’impression que les derniers jours ont été si longs, le temps est passé si lentement. Tu n’as fait que te raccrocher à l’idée de la Saint-Valentin et à l’espoir d’y retrouver Elias sans vraiment être convaincu qu’il viendrait. Ton voyage au Portugal ne s’est pas terminé sur une note positive, non tout s’est passé dans le flou et tu n’es même plus sûr de tout, tu as du mal à discerner la réalité du reste. Tu as pris quelques jours de congés en plus, n’ayant pas la force de reprendre le travail à ton retour. Tu es resté chez tes parents, profitant de la présence de tes frères et ta sœur pour encore quelques jours avant que chacun ne reparte. Tu ne voulais pas retourner chez toi et sentir le vide, les souvenirs d’Elias partout. Au moins chez tes parents, tu ne le vois pas dans chaque recoin même s’il occupe tout ton espace mental depuis plusieurs jours. Bella a bien essayé de te rassurer en te disant que s’il te quitte pour ça c’est un con et il te mérite, tu as bien du mal à l’écouter. Alors quand la fameuse soirée de la Saint-Valentin arrive, tu es fébriles. Tu te prépares, essayant d’avoir une tête acceptable malgré ton épuisement et toutes les larmes que tu as versé. Tu arrives en avance, si bien que tu ne peux pas encore accéder à votre lieu de rendez-vous, alors tu attends, complètement stressé. Finalement tu te retrouves dans un igloo, dans le noir et tu attends à nouveau. Au moins si votre rendez-vous a lieu dans le noir, il ne verra pas ton état plutôt lamentable malgré les vêtements propres que tu as enfilé. Lorsque tu entends la porte s’ouvrir, tu sens ton cœur battre encore plus vite, te demandant si c’est possible de mourir d’une crise cardiaque alors que tu es en bonne santé. Tu entends sa voix mais tu demandes tout de même « Elias ? » complètement pris par l’émotion, te demandant si maintenant tu hallucines et tu entends des voix. Toi le noir ça t’arrange bien parce que tu passes par tous les états possibles et ta panique semble être perceptible même sans lumière. Tu t’approches, te prenant le coin de la table au passage « Aïe ! » dis-tu tandis que tu cherches à tâtons la localisation d’Elias. « Tu...es venu. » dis-tu, la voix tremblante. Tu n’es pas complètement rassuré, ne pouvant t’empêcher de te dire qu’il est peut-être venu pour te quitter de vive voix, ou pire qu’il te quittera demain, pour ne pas le faire le soir de la Saint-Valentin.

Je pense encore beaucoup à cet appel paniqué de Manny, sa difficulté à m’expliquer ce qui s’était passé ce soir là, pendant son séjour au Portugal, et la colère qui m’avait pris sur le moment. Je m’en veux encore d’avoir réagi de la sorte, mais je suis littéralement sorti de mes gonds ce soir là. Les choses, malgré tout, se sont apaisées depuis et la perspective de fêter la Saint Valentin avec mon amoureux me réjouit. C’est la toute première fois que ça m’arrive et si je n’ai jamais été un grand fan de ce genre de fête, je dois avouer que cela a tout de même quelque chose agréable. Je n’ai pas vu Manny depuis près de trois semaines maintenant, ça commence à faire long. J’ai hâte de le retrouver, de le prendre dans les bras, de me laisser enivrer par la fragrance sucrée de sa peau. J’arrive au château de glace et la réceptionniste m’indique que mon compagnon est déjà arrivé. On m’indique ensuite un numéro d’igloo et je suis surpris, en y pénétrant, de constater que celui-ci est complètement plongé dans le noir. À croire que les organisateurs ont pris le terme de « blind date » vraiment au pied de la lettre. J’appelle Manny qui me répond aussitôt. Un sourire ourle mes lèvres, puis je lâche un léger rire, en l’entendant se cogner. Même dans le noir, sa maladresse légendaire me charme. « Tu t’es pas fait mal ? » je demande tout en le cherchant à tâtons. « Oui je suis venu, tu le vois bien…enfin, tu l’entends. » Je m’avance, puis percute son corps. Je tends le bras et tombe sur le sien. Ma main se saisit de son épaule. « Tu es là » je déclare. « C’est chelou d’être dans l’obscurité comme ça. Je veux te voir moi…tu m’as trop manqué. » Me guidant au toucher, je remonte ma main vers sa nuque, puis sa joue que je viens caresser du pouce. « J’ai envie de t’embrasser…j’ai le droit ? »

Il a l’air beaucoup plus détendu que toi, tu es une véritable boule de stress et d’émotions sur pattes. Tout se chamboule dans ta tête lorsqu’il te parle, que tu te tentes de le rejoindre à l’aveugle en te prenant le coin de la table. Il te demande si ça va. « Ça va. » mais la douleur du choc s’entend dans ta voix. Tu auras un bleu, tant pis, t’as l’habitude de te prendre dans des trucs et d’avoir des bleus pour des raisons inconnues. Tout ça est vite oublié lorsque tu arrives à sa hauteur, ne sachant à présent plus quoi faire. Tu imagines le pire et au fait qu’il te larguer pour la Saint-Valentin, dans le noir en plus. Au moins il ne te verra pas pleurer, c’est déjà ça. Il avance à son tour, te cherchant à tâtons avant que tu ne sentes sa main sur ton épaule, qui remonte ensuite jusqu’à ta joue. Tu ne bouges pas, tu as cette vague d’émotions qui te fige complètement, qui te paralyse, presque comme la première fois qu’il s’est approché de toi et que tu as fini complètement paniqué dans ta salle de bain. « Toi...aussi. » réponds-tu en tentant de maintenir un rythme respiratoire normal et te détestant d’être aussi angoissé. Pas question de finir en tremblant dans un coin à cause de la panique ! Il te demande s’il peut t’embrasser et tu hoches la tête avant de te rappeler qu’il ne te voit pas et même s’il a sa main sur ton visage, un hochement de tête n’est peut-être pas très explicite alors tu lui dis « Oui.. » mais avant que vos lèvres ne se rencontrent tu lui demandes « Est-ce que tu vas me quitter ? Aujourd’hui ou demain ou dans quelques jours parce que tu veux pas me quitter pour la Saint-Valentin ? » Tu as parlé très vite, laissant la panique ressortir et préférant ne pas être bercé d’illusion. Tu préfères qu’il te quitte maintenant et que tu te retrouves seul plutôt qu’il attende et que tu saches ensuite qu’il avait l’intention de le faire depuis des jours.

Quelque chose ne va pas, je le sens avant même que sa voix ne me le confirme. Je le sens crispé, comme s’il redoutait quelque chose. Je fronce les sourcils, ma paume figé sur sa joue. Je ne fais presque pas attention à son « oui », ce qui me touche davantage, c’est l’anxiété dont ce dernier semble emprunt. La question que formule Manny ensuite manque de me faire avaler ma salive de travers. « Te quitter ? » je répète dans un souffle. « Mais non, qu’est-ce qui te fait croire que… » Je claque ma langue d’agacement. « Rah…attends, j’peux pas parler de ça dans le noir ». Ma main quitte la joue de Manny pour venir récupérer mon téléphone dans ma poche arrière. Je déverrouille l’écran puis actionne la lampe torche. « Oui, je sais, c’est tricher, mais je m’en branle. Toi et moi c’est plus important que leur règle à la con. » Je lève les yeux vers le visage de Manny que la lueur de mon portable éclaire enfin. Un sourire se hisse aussitôt au coin de mes lèvres. « P’tain, ce que t’es beau » je lâche tout de go. J’attrape sa nuque et attire Manny à moi pour venir coller mes lèvres aux siennes. Il m’a trop manqué, je devais commencer par là. Je quitte sa bouche, tout en restant tout près de son visage. « Je compte pas te quitter, Manny. Je suis fou amoureux de toi, et ça changera pas. » Je lui souffle tout en ancrant mon regard dans le sien. Mon sourire s’élargit tandis qu’un air espiègle habille mes traits. « Par contre je compte bien te montrer que j’embrasse mille fois mieux…non un million de fois mieux que cette fille » Comme pour illustrer mon propos, je m’avance encore et capture une nouvelle fois ses lèvres, venant aussi les caresser du bout de ma langue brièvement avant de m’éloigner à nouveau « J’ai jamais été jaloux avant, et je déteste ça…mais je crois que ça a été plus fort que moi… » Je l'embrasse une nouvelle fois, sentant une douce chaleur grimpé en moi alors que j'intensifie mon baiser davantage encore que les deux autres.

Tu préfères être fixé plutôt que bercé d’illusions, tant pis si ça fait mal mais tu préfères te faire larguer pendant un date romantique de la Saint-Valentin plutôt que de t’imaginer pendant tout le repas qu’il va le faire et finalement avoir raison. Alors tu rassembles toute la force que tu possèdes pour lui poser la question, avant que vous vous embrassiez, sinon ça serait trop dur de lui poser après, tu serais à nouveau sur ton petit nuage et tu n’aurais pas envie d’en descendre. Il te répond immédiatement et tu le crois, parce que tu crois en sa franchise, tu te dis qu’il aurait pu te le cacher si tu n’avais rien dit mais là son non te semble bien trop honnête pour être un mensonge alors tu le crois. Tu souris lorsqu’il sort son téléphone pour vous éclairer, cassant toute l’image du date dans le noir complet. Mais toi tu t’en fiches un peu de ce genre de règles, tu vas pas l’empêcher de mettre de la lumière s’il a envie, surtout que tu as des choses à te faire pardonner alors tu le laisses faire. Et puis ce n’est pas comme si vous étiez des inconnus tous les deux, tu l’as déjà vu son visage. Mais là le revoir, ça te fait des tourbillons dans le ventre, parce que ça fait plus de deux semaines et parce que tu pensais jamais le revoir, du moins pas comme ça, pas en étant toujours son copain. Tu rougis à son compliment, le noir aurait dû éviter qu’il te voit rougir ! Mais comme il t’embrasse tout de suite, il n’a rien dû voir. Retrouver ses lèvres te rassure et te fait à nouveau fondre, ça y’est, le petit nuage est à nouveau là, tu l’avais prédit, fallait que tu poses ta question avant, ça aurait été bien trop dur à présent. Une nouvelle fois il te rassure. « Moi aussi. » dis-tu seulement avant qu’il ne te parle du baiser que tu as pu avoir au Portugal. Tu aimerais lui dire qu’il n’a pas de concurrence clairement mais il t’embrasse avant que tu aies pu dire quoi que ce soit et c’est pas toi qui va t’en plaindre. Tu es heureux qu’il soit heureux de te revoir et après un baiser plus intense, tu viens te coller dans ses bras, le repas attendra un peu. Tu sens tout le stress redescendre, d’un coup, et les larmes te monter aux yeux suite à toute cette montagne d’émotions. Tu vas vraiment te mettre à sangloter dans ses bras ? Oui. « J’aurais été jaloux aussi. » dis-tu entre les larmes. Tu aurais même été plus jaloux mais tu n’aurais pas réagi comme lui, tu aurais été triste plutôt qu’énervé et tu aurais remis la faute sur toi et ta confiance se serait complètement envolée. « Et...tu sais, je me souviens plus du tout du baiser alors t’as pas à t’en faire. » Cet instant est très flou pour toi et la qualité du baiser n’est clairement pas un élément que tu as retenu. Tu essuies tes larmes, retrouvant peu à peu ton calme.