Quand tu avais tout prévu, mais quand fait ça se passe pas comme prévu (Bàhr)

Des jours étaient passés, puis s’étaient transformés en semaine. J’avais un peu perdu le compte même s’il ne m’aurait suffi de consulter un calendrier pour me rendre compte du temps que j’avais laissé s’écouler depuis ma soirée avec Zelda. Je me souvenais parfaitement de la date, de l’endroit, de nos chansons, de nos baisers. Nos nombreux baisers qui pourtant ne me semblaient plus assez maintenant que je m’ennuyais autant d’elle. Pourtant, j’en avais vécu, des trucs, dans les dernières semaines. Sans doute pour m’occuper la tête, justement, même si ça n’avait jamais été volontaire. C’est comme si, après ce changement dans ma relation avec Zelda, j’avais tenté de la mettre dans un coin de ma tête en attendant d’y voir plus clair. En attendant d’être bien certain de ne pas être en train de faire une grosse connerie qui me ferait risquer de perdre l’une de mes meilleures amies. Mais j’étais lent à la détente et j’avais préféré aller foutre la merde dans le cœur d’autres filles avant de comprendre que ça ne m’aiderait pas. J’avais eu la tête comme une girouette, avec ce qui s’était passé avec Hanna, Lilas, Phoebe, Scarlett, et même cette Lou Belle rencontrée quelques soirs auparavant. Sans oublier que Zelda n’avait jamais quitté mes pensées, même si j’avais tout fait pour me changer les idées. Comme si je n’étais pas prêt à être prêt. C’était con, pas vrai ?

Pourtant, quand mon téléphone vibra et que je lu le prénom de mon amie qui s’affichait au-dessus d’un texto m’avertissant de sa visite ce soir, je commençai à sourire tout seul dans l’appartement. Ça tombait bien. Ce soir, c’aurait dû être soirée en tête à tête avec Gamborlim, mon carlin. Maintenant, la belle rouquine s’ajouterait au tableau, et j’avais déjà le cœur qui s’agitait. Je changeai au moins dix fois de vêtements, hésitant entre me la jouer j’avais pas vu ton texto, j’suis encore en pyjama, sorry, ou j’sais que tu allais passer mais je suis resté très décontracté parce qu’on est amis ou finalement je me suis bien habillé parce qu’on se revoit pour la première fois depuis notre baiser et je tiens à faire bonne impression. J’y allai finalement pour un compromis entre la deuxième et la troisième options. Quand on toqua à la porte, je me dirigeai vers celle-ci sans plus tarder, puisque de toute façon Gamborlim me tuait déjà les tympans avec ses aboiements. Y mettre fin le plus vite possible. Aux battements effrénés de mon cœur, aussi, tiens. J’ouvris la porte et me trouvai face à une Zelda habillée d’une robe bien décolletée qui me fit chavirer d’un coup sec. « Je vais bien, et toi ? » Demandais-je, tentant de rester cool malgré la nervosité et l’excitation. Je la guidai jusqu’au salon même si elle savait bien le chemin et qu’on voyait le salon depuis l’entrée de toute façon. Je m’assis à côté d’elle, à une distance normale pour deux amis, deux amants peut-être. Je ne sais pas. Quel soulagement quand Zelda prit la parole la première, parce que moi, contrairement à elle, je n’avais pas pris le temps de répéter quoi que ce soit dans ma tête. Trop occupé à choisir mon linge. « Tu m’as manquée aussi, Zelda. Énormément. » Je soupirai en baissant les yeux. « Je suis vraiment désolé d’avoir comme … disparu de la map. Je sais pas trop comment justifier mon silence, en plus … » Je déglutis, avant de relever le regard et d’enfin soutenir celui de la rouquine. Mais elle avait baissé sa tête à son tour. « Je pense que j’ai un peu eu peur … parce que je savais pas vraiment comment gérer ce qui s’est passé … et ce que j’ai ressenti. » Avouais-je. Entre Zelda et moi, ça avait toujours été bien honnête. Il n’y avait aucune raison pour que ça change maintenant.

Il y avait cette distance, et surtout cette retenue, entre Zelda et moi. Comme si nous ne savions plus où on se situait, entre l’amitié platonique ou bien les baisers échangés selon notre envie. C’était exactement ça, en fait. À force de sautiller d’un côté et de l’autre de la ligne, et bien elle était devenue bien floue, cette ligne. C’était sans parler du temps qui s’était écoulé depuis cette soirée-là, cette nuit où tout avait changé. Évidemment que les semaines qui nous séparaient de ce moment-là rendaient ces retrouvailles encore plus étranges. Pour briser la glace toutefois, et aussi pour ne pas tourner pendant trente ans autour du pot alors que nous voulions sans doute tous les deux le fracasser, ce pot, je me lançai dans des excuses. Je n’arrivais peut-être pas à justifier mon silence, mais j’arrivais à demander pardon pour lui. Et à avouer mes peurs, aussi. « Ouais, toi aussi t’es un peu … perdue ? Par rapport à ce qui s’est passé ? » Osais-je demander. Et si elle ne savait pas gérer mais pas pour cette raison-là, alors tant pis. J’aurais au moins partagé le fait que moi, j’étais complètement confus. Mon cœur battait d’un côté puis de l’autre mais surtout droit devant, vers Zelda. Cette dernière s’approcha alors de moi et me demanda ce que je voulais qu’on fasse, ce que je voulais qu’on soit, en quelque sorte. Je la regardai, haussant doucement les épaules, jusqu’à ce que je ris légèrement quand elle me parla de se regarder dans le blanc des yeux pour voir qui de nous deux les clignerait en premier. « Avec la robe que tu portes j’crois pas être capable de te regarder dans le blanc des yeux très longtemps … » Je rougis, baissant d’abord les yeux vers là, puis les détournant ailleurs en réalisant que ce n’était pas plus approprié. « Désolé, t’es juste … très belle là-dedans. » Je ris encore, avant de la regarder. Dans les yeux. « J’ai pas vraiment envie qu’on arrête là, pour être bien honnête … Mais j’ai envie de garder notre belle amitié aussi. Tu crois que c’est possible de faire les deux ? » Je ne savais pas de quelle manière, en étant amis avec les baisers en plus (et plus encore peut-être), ou en étant un couple et de bons amis à la fois.

Plus Zelda et moi parlions, plus la distance un peu trop respectable entre nous me déplaisait. J’aurais voulu me rapprocher d’elle, j’aurais voulu briser cette glace qui semblait s’être montée contre nous depuis cette dernière soirée qui remontait déjà à bien des semaines. Mais je savais qu’il valait mieux parler sérieusement de ce qui s’était passé et de ce que nous voulions faire de ce changement dans notre relation avant de nous plonger encore une fois dans le vide, dans le noir. Après avoir relevé le fait que sa robe ne m’aidait pas à me concentrer sur cette conversation et avoir empourpré mes joues par la même occasion, un silence s’installa. Ouais, avec ce commentaire à la con, j’aurais dû m’attendre à une telle réaction. Je soupirai presque imperceptiblement, avant de finalement reprendre la parole pour mettre un terme à ce malaise grandissait en moi, entre nous. « C’est vrai, c’est ce qu’on dit. » Je souris, baissant un moment les yeux, cherchant mes mots. J’aurais bien aimé lui sortir un autre proverbe pour expliquer ma pensée, mais j’étais loin de connaître assez bien ma langue pour en sortir d’autres aussi vite. « Mais j’ai peur qu’on se retrouve avec rien quand même, malgré la tentative. » Et je préférais avoir notre amitié que n’avoir rien. Zelda reprit alors son sérieux et me dit que depuis notre soirée alcoolisée mais aussi passionnée, elle avait envie d’être dans mes bras. D’être avec moi. Je souris légèrement, mon regard s’illuminant en la regardant s’approcher de moi. « J’y pense aussi souvent … » À nos baisers, à nos regards qui s’enflammaient. J’avais beau avoir eu des histoires avec bien des filles, des amies, depuis cette soirée-là, il n’y avait pas une nuit où j’avais pu m’endormir sans songer à Zelda. Cette dernière posa finalement ses lèvres sur les miennes, et toute la tension entre nous depuis nos retrouvailles explosa. Je passai une main dans ses cheveux avant de la laisser glisser le long de son dos pour ensuite la presser contre moi. Si je n’écoutais que mon corps, tout irait bien plus vite, trop vite peut-être.

Nous étions très probablement en train de sauter dans le vide, sans vraiment savoir ce qui se trouvait en-dessous, mais au fond n’était-ce pas là tout le plaisir de vivre ? De ne pas savoir de quoi demain serait composé, de ne pas savoir où nos pas nous mèneraient. Dans mon adolescence, je nageais dans cette incertitude avec une certaine peur, une crainte que ce qui m’attendait me ruinerait, mais ce soir en présence de Zelda, cette incertitude était plus douce. Certes, certaines appréhensions demeuraient, puisque je ne voulais pas la perdre comme amie, mais ce n’était tout de même pas un sentiment désagréable que de m’abandonner à cet imprévu. Quand ses lèvres touchèrent donc les miennes, enfin, de nouveau, je ne reculai pas. Mieux encore, je m’avançai vers elle, contre elle. Mes mains dansaient avec sa peau, sur ses courbes, et j’apprenais à la découvrir sous un angle que je n’avais jamais osé imaginer avant ma rupture avec Ally. « Tant que tu t’mets pas à me cracher des boules de poil dessus … » Répondis-je à sa remarque sur ses éventuels ronronnements. Je la regardai avec un sourire amusé et conquis, le regard brillant dans le sien. Zelda se releva de sa place sur le divan et vint se poser à califourchon sur moi. Je l’enveloppai de mes bras et recommençai à l’embrasser alors qu’elle m’enlaçait. « Je suis bien aussi … » Et je l’étais. Bien. Juste bien. Pas d’autre complication, pas d’autre questionnement. Plus maintenant. « Je pourrais rester comme ça toute la nuit … » Avouais-je avec un sourire, l’embrassant sur la joue, puis à la limite de sa mâchoire. Une partie de moi aurait voulu que ce souhait se réalise, d’ailleurs. Et que cette nuit ne se termine jamais.

Je sentais sa peau frissonner sous le contact de mes bras. Chaque nouvelle parcelle de son corps que je parcourais réveillait tous les sens de la belle rouquine. Nos visages à une proximité enivrante, je me laissais aller à mes envies, embrassant tantôt son nez, tantôt ses lèvres, toujours le même sourire comblé aux lèvres. Si j’avais pu comprendre plus tôt à quel point cela pouvait être simple, dans les bras de Zelda, je m’y serais abandonné depuis bien plus longtemps. Toutes mes autres relations me semblaient si compliquées, d’une manière ou d’une autre, chacune à leur façon bien unique. Celle-ci, toutefois, me paraissait saine et simple. Si je mettais de côté mes peurs de perdre notre amitié si chère à mon cœur, je pouvais me laisser aller à un bonheur que je n’aurais jamais cru avoir. « Juste dormir ? » Relevais-je de ses paroles, arquant légèrement un sourcil. Pour ma part, le simple fait de l’avoir dans mes bras, contre moi, réveillant des désirs qui m’étaient jusqu’à maintenant inavoués envers elle. « Finalement, ça ne change rien, tu vois. On est nous-mêmes, mais … ensemble. » Nous n’avions pas à peser nos mots, nous n’avions pas à mettre de côté ce brin de folie qui nous qualifiait si bien, nous n’avions pas à devenir amants plutôt qu’amis. On pouvait aisément allier les deux, visiblement, et c’était ce qui me mettait si à l’aise tout d’un coup. On s’était posé bien trop de questions, au fond. Ce soir, je ne m’en poserais plus. Alors plutôt que de me dire que nous devions prendre ça tranquille, lentement, je soulevai légèrement Zelda rien que pour mieux l’allonger sur le fauteuil, et je m’allongeai par-dessus elle prenant bien soin de ne pas y mettre tout mon poids. Je l’embrassai avec plus d’ardeur et d’envie, plus de désir et d’excitation. Après tout, Zelda et moi nous connaissions depuis belle lurette maintenant. Ce n’était qu’un pas de plus à franchir, une nouvelle manière d’apprendre à se connaître sous toutes nos coutures.

Le haussement d’épaules de Zelda et, surtout, ses petites pommettes qui devinrent toutes roses me firent rapidement comprendre que je n’étais pas le seul, d’entre nous deux, à avoir envie d’aller plus loin ce soir. La chaleur était déjà à son comble, se glissant entre nous comme pour chauffer nos corps encore plus qu’ils ne brûlaient déjà. D’ailleurs, Zelda ne tarda pas à constater à quel point ma peau bouillait d’envie pour elle. Je souris en la regardant, rompant nos baisers le temps de ce regard qui voulait tout simplement tout dire. « C’est à cause de tes cheveux … » Blaguais-je sur sa chevelure de feu, parce que même dans un moment pareil, j’arrivais à dire des âneries. Surtout quand je me trouvais avec Zelda. Elle me mettait à l’aise en un claquement de doigts, je n’avais rien à craindre avec elle. Nous pouvions passer de l’humour au désir dans le temps de le dire. D’ailleurs, me voilà qui recommençait à l’embrasser alors qu’elle enlevait ses chaussures et mon haut. Je m’empressai à mon tour de retirer sa robe, sa magnifique robe qui, malgré qu’elle m’offrît une vue sur son décolleté, me permettait encore mieux de contempler son corps une fois retirée. Je la laissai glisser à côté de moi, et le tissu termina sa course au sol, devant le divan sur lequel nous étions étendus, de plus en plus vulnérables face à l’autre. Alors que je laissais ma main caresser son entre-jambe d’abord par-dessus sa culotte, et ensuite à même son corps après avoir faufilé mes doigts derrière le tissu, je regardai Zelda sans pourtant arrêter mes gestes. « Tu m’dis si je vais trop vite … » Murmurais-je doucement. Et, évidemment, je parlais bien du contexte en général.  

Un sourire se dessina sur mes lèvres. « Fais gaffe, moi j’les chasse, les sorcières. » Et je ne dirais pas à voix haute ce que je leur faisais, aux sorcières, une fois que je les avais capturées. Mais Zelda en serait très bientôt témoin, à voir comment les choses avançaient, à sentir la température monter comme elle le faisait. Nous nous débarrassions de tout le superflu qui empêchait nos corps de se retrouver l’un contre l’autre, nous nous embrassions avec toute la passion retenue pendant des années sans même qu’on en ait conscience. Ma main se fraya un chemin jusqu’aux sous-vêtements de Zelda, que mes doigts arrivèrent à écarter sans trop de mal pour rejoindre sa peau, son sexe. Alors que je lui laissais la possibilité de mettre les freins, là, maintenant, la rouquine décida plutôt de m’encourager à continuer, autant en paroles qu’en gestes. Je m’exécutai donc, laissant mes doigts caresser son entre-jambe afin de sentir l’excitation à son comble chez elle. Chez moi, le désir se faisait déjà sentir contre elle, et dans mon regard. Le divan n’était certes pas l’endroit le plus confortable, mais j’étais bien trop perdu dans mon envie pour m’en soucier réellement. Zelda ne semblait pas non plus gênée par le manque d’espace et de confort. Après quelques minutes à se caresser et s’embrasser, nos corps mis à nus l’un devant l’autre, je passai enfin à l’acte, entrant en elle. Un soupir d’exaltation s’échappa d’entre mes lèvres alors que je commençais doucement à lui faire l’amour, m’enivrant de son parfum, de sa chaleur, de son regard. D’elle toute entière.