Punk à chien ft. Maddie Reynolds

J'trouvais rien à redire aux mots de Manwë. J'étais tout à fait d'accord et la pire de mes blessures résidaient bien là : l'absence d'un père. Ma mère m'avait tout offert, elle m'avait aimée et choyée comme personne mais elle n'avait jamais pu refermer définitivement la plaie de l'abandon. Manwë m'avait proposé un câlin du chien. Ca m'avait fait sourire mais en vrai, j'avais besoin de réconfort à cet instant. Il s'était sûrement senti obligé d'me proposer une alternative, les larmes qui coulaient sur mes joues, c'était lui qui les avait provoqué en parlant de mon père. J'lui en voulais pas, il ne pouvait pas savoir. Et puis, quelque part, ça avait permis qu'on se trouve enfin un point commun. Probablement le seul mais c'était pas rien. J'm'étais approchée de lui, donnant des caresses au chien. Et puis, j'avais posé ma tête sur sa clavicule. Quelques secondes. Je sentais qu'il me rendait ce petit geste d'affection en sentant sa main puissante se poser sur ma omoplate. J'inspirais profondément. J'sentais bien que c'était pas vraiment naturel, mais c'était plutôt instinctif. J'quittais cette petite étreinte et j'essayais mes larmes. Ca m'avait fait du bien et sa réponse m'arracha un rire entre coupé de mes derniers sanglots. "J'vais prendre ça pour un compliment." J'avais voulu me frotter à plus fort que moi, en me prenant pour une petite caïd. Vous savez, les petits chiens se sont toujours ceux qui aboient le plus fort et très souvent ils le font sur des plus gros qu'eux. Mais finalement, le masque était tombé et Manwë avait trouvé ma faille. Il aurait pu l'utiliser pour me faire du mal, mais non, il avait choisi l'humanité et avait compati. A sa manière. Mais c'était déjà ça. Je souris à ses mots. C'est vrai que j'm'étais défendu comme j'avais pu mais il avait fini par me mettre KO. "J'suis encore une gamine, tu l'as dis toi même. C'était hier que j'me biberonnais aux Disney. Alors que toi, ça doit remonter à un peu longtemps quand même." Je souris en plissant un peu les yeux. J'cherchais plus à le tacler méchamment, c'était presque .. affectueux? Je finissais une bonne fois pour toute de dégager les larmes qui avaient mouillées mes joues. Je soupirais un grand coup et j'plongeais mon regard dans celui de Manwë. "J'crois qu'on s'est tout dit, Manwë Druid-Keynes. Alors à une prochaine fois peut-être." Je souris, je marquais une pause et je rajoutais "à moins que t'es un autre truc affreux à me sortir, après le coup du père, ça va être difficile de trouver mieux." Je souris encore, plus sincèrement que toutes les fois précédentes. Fallait que je file mais j'étais attirée comme un aimant par le magnétisme de Manwë.

Il avait simplement haussé les épaules lorsqu’elle déclara prendre sa remarque comme un compliment. Il ne fallait sans doute pas pousser jusque là, mais il ne chercha pas à la contrarier puisque cette phrase avait une note d’humour.  

“ T’as pas idée… “ Il n’avait regardé que peu de dessins animés, parfois chez Knox qui avait absolument tout. Le brun ne connaissait même pas tous les classiques, il s’en fichait pas mal. Il ne pensait pas que regarder pendant une heure et demi une bande de chats BCBG traverser Paris ou suivre les aventures d’une princesse qui vit avec sept petits bonhommes changerait grand chose à sa vie. “ Peut-être une prochaine fois alors… Mais, pourvu que non. “ répondait-il avec un léger rictus (enfin un sourire !) parce qu’il pensait bien qu’une jeune femme comme celle-ci avait autre chose à faire que trainer avec un vieux grincheux comme lui. “ Mais si ça doit se présenter, Manwë, ça suffira. “ Le luthier ne portait plus le nom de son père depuis des années, mais la vérité était qu’il n’était pas plus fier de porter celui de sa mère… “ Allé, fous le camp Maddie. “ Dit-il en lui faisant un petit geste détaché avant de lui adresser un rapide clin d ‘oeil. Bon sang de jeunes !

Il aurait pu lui donner un petit conseil, comme de ne pas parler aux inconnus, mais ça ferait beaucoup trop paternel et… Elle avait sans doute eu sa dose pour un moment.

Ses yeux verts l’observaient s’éloigner alors qu’il se motiva enfin à rentrer chez lui, des fois que quelqu’un d’autre aurait la mauvaise idée de venir lui causer… Ne manquerait plus qu’il ait un deuxième ‘calin’ dans la journée. Rentrer chez lui avec le chien, retrouver sa téquila et qui sait de quoi demain sera fait, chaque jour suffit sa peine.