It's been a long day without you, my friend (Andrew)

Aujourd'hui, nous étions mardi. L'un de ces mardi gris qui peu à peu annonçaient la fin de l'été. Mais une touche de couleur brillait encore dans cet atmosphère grisâtre. Tahlia avait entre ses mains un bouquet de fleurs. Un bouquet de fleurs destiné à une personne bien précise. Aylin. Aylin qui reposait désormais à jamais à Bowen. Poussant le lourd portail grinçant du cimetière, Tahlia marcha le long des allées, le seul bruit de ses pas crissant sur le gravier brisait le silence. Elle arriva bien vite devant la dernière demeure de sa si chère amie. Elle n'était pas venue ici depuis longtemps. Bien trop longtemps. Mais aujourd'hui, elle avait sentie le besoin de venir ici. Comme pour se rapprocher d'elle. Elle n'était pourtant pas croyante, Tahlia. Elle n'imaginait pas forcément une suite après la mort. Mais à cet instant, elle avait envie d'imaginer qu'il restait quelque chose d'Aylin par là, ailleurs que dans sa tête, dans ses souvenirs et dans son coeur. "Hey." souffla-t-elle, doucement, posant délicatement le bouquet sur la pierre froide en marbre. "Tu dois sûrement te demander ce que je fais là. Après tout ce temps..." Elle ne savait pas pourquoi elle parlait à haute voix, mais elle sentait le besoin de s'adresser à elle. "Je n'ai pas eu une vie facile, ces derniers temps, et je me suis peut-être un peu renfermée sur moi-même." Elle marqua une pause avant de reprendre : "Tu me manques, Aylin. Tu me manques terriblement. J'aurai tant aimé que tu sois encore là, toi et ta bonne humeur. Que tu rencontres ma fille. Qu'on devienne des adultes accomplis. Ensemble." Sa voix se rompit sur les derniers mots. "Et surtout... je voulais m'excuser. Pour mon absence. De n'avoir été là pour Andrew. Je sais que je t'avais toujours dit que je serai sa deuxième paire de yeux après toi." Cela avait été comme une promesse, une volonté de prendre soin du jeune Parish quand Aylin ne le pouvait pas. "J'ai complètement loupé." conclut-elle, avec dépit, avant d'être interrompue par d'autres bruits de pas. Tahlia tourna la tête, ses yeux verts se posant sur la silhouette qui arrivait à son tour. Hasard ? Coïncidence ? C'était Andrew qui se tenait là. "Salut." murmura-t-elle avec douceur. "Je suis venue déposer quelques fleurs. Mais je vais te laisser la place..."

Tahlia était plutôt du genre à célébrer la vie. Les souvenirs, elle les avait dans la tête, dans le cœur, gravés à jamais. C'était rare qu'elle vienne se recueillir devant les dernières demeures de ses proches, mais aujourd'hui, elle avait ressenti le besoin d'être au plus près d'Aylin, pour s'excuser de ne pas avoir été là dernièrement, pour Andrew surtout, d'avoir mis de côté son souvenir. C'était aussi la vie, c'était aussi le processus difficile du deuil. D'abord mal-à-l'aise, Tahlia se laissa alors aller et parla à voix haute. Elle parla de ce qu'elle avait sur le cœur, sentant celui se délivrer peu à peu d'un poids qui la hantait. Il y avait encore du chemin, évidemment, mais peut-être que cette visite d'aujourd'hui aurait encore plus de poids qu'elle ne le pensait. En effet, une silhouette apparut dans sa vision. Andrew. Le dernier maillon de ce trio qu'il formait. Celui qu'elle avait abandonné, oui, c'était le mot qui lui venait en tête quand elle pensait à lui. Ils se regardèrent, probablement aussi gênés l'un que l'autre, Tahlia étant prête à lui laisser la place, comme s'ils n'étaient plus capables de communiquer. Mais pourtant, Andrew lui affirma qu'elle pouvait rester. Il lui laissait de la place. A sa question, elle secoua négativement la tête. « Non, je ne suis pas venue ici depuis très longtemps. Trop longtemps, même. » Probablement depuis la dernière fois qu'elle avait vu Andrew. D'ailleurs, le jeune homme la questionna sur ce temps qui s'était passé depuis leur dernière rencontre. Cela ne se comptait pas en semaine ou en mois, mais bien en années. « ça doit bien faire deux ans. Au moins. » Le dire à voix haute rendait le constat encore plus difficile. Il avait traversé une période difficile. Elle aussi. Et cela les avait éloignés.. Aujourd'hui, ils se retrouvaient ici, en n'ayant pas trop changés, peut-être avec quelques rides en plus sur le visage. Et c'était fou, mais c'était libérateur de l'avoir là en face d'elle. Même si la gêne se lisait sur son visage, elle était heureuse de le voir. « Comment tu vas... Après tout ce temps ? » s'enquit-elle, non pas par politesse, mais avec un vrai intérêt. Certains diraient que ce n'était peut-être pas l'endroit pour faire la conversation, mais Tahlia se disait que si. Ils étaient là, tous les trois. Et Aylin avait été leur point commun, celle pour qui leurs chemins se recroisaient désormais. Joli signe, non ?

Deux ans, c'était si long et si court à la fois. C'était long quand on pensait à la disparition d'Aylin, au vide qu'elle avait laissé. C'était court quand on regardait tout ce qu'ils avaient vécu pendant ces deux années. Andrew était rentré dans un établissement psychiatrique pour sa dépression, Tahlia avait perdu son enfant. Plutôt que de confronter leurs douleurs, ils s'étaient éloignés. Le voir ici, aujourd'hui, face à elle, laissait un peu de gêne, oui, parce qu'il y avait plein de non-dits. Mais cela lui faisait du bien de le voir, de le voir sourire aussi. « Je n'en ai pas demandé, non plus. » lui dit-elle pour le rassurer. Ils avaient chacun leurs tords. Elle le laissa poser les fleurs sur la tombe d'Aylin, ce dernier lui avouant qu'il venait ici tous les mardis. « On... on me l'a dit, oui. » Et peut-être qu'inconsciemment, elle avait choisi ce jour pour venir parce que c'était un mardi et qu'il était peut-être temps de le recroiser. Elle l'écouta parler, se confier sur la douleur qui était toujours là, sur le manque d'Aylin qui était toujours aussi vibrant. Son cœur se serra encore plus quand il parla de son psy, des groupes de discussion, de tout ce qui lui permettait de rester là. « Le temps ne guérit pas une telle absence et la douleur qui va avec, ça l'apaise un peu, mais ça reste toujours là. » Dans la tête, dans le cœur. En disant cela, on sentait que ce n'était pas une phrase bateau lancée à la va-vite, on sentait que ses mots, elle les ressentait, elle aussi. Elle le comprenait. Elle voulait lui dire de continuer d'aller de l'avant, de continuer à voir ce maudit psy, qu'un jour la vie lui paraîtra de nouveau un peu plus douce. Avec le temps. Elle avait envie de lui dire tout cela, mais c'était difficile ici. Tout comme c'était difficile de parler d'elle. Elle hocha doucement la tête en réponse à ses derniers mots : « J'étais partie. Mais je suis revenue. Ma fille avait besoin d'être plus près de son père. » Entre autres. Bowen, c'était chez elle. Elle avait beau fuir la ville, tout la ramenait toujours ici. « Tu... enfin... tu crois qu'on pourrait parler de tout ça devant un café ? Si ça te dit, bien sûr. Après que tu aies passé un peu de temps ici. » Elle ne voulait pas troubler sa visite auprès d'Aylin, mais elle savait aussi que c'était le moment ou jamais.

En effet, le temps ne guérira jamais une telle blessure, mais Tahlia, elle, espérait que les années s'écoulant apaiseraient quelque peu la douleur, même si cela sera toujours présent. « Ou la rendre plus acceptable. » Et encore le mot n'était pas le plus approprié. « Il faut se dire que toi, tu es là. Il faut avancer. Pour elle. Pour son souvenir. Pour toi. C'est ce que Aylin aurait voulu, tu sais. » Il y avait énormément de bonté dans les mots de Tahlia, parce qu'elle avait vécu la même chose que lui. Elle avait perdu la chair de sa chair, ce petit bébé qui n'avait jamais vu le jour mais qu'elle avait porté en elle, imaginé, rêvé pendant plus de 5 mois. Elle s'était écroulée, Tahlia, suite à cela. Et même si aujourd'hui, c'était encore difficile, elle regardait sa fille, son aînée et avançait. D'ailleurs, Thaïs fut le prochain sujet de conversation. « Elle a eu 3 ans en février. Avec son père, disons que ça va, on se parle surtout vis-à-vis de la petite. Il a eu un deuxième enfant, dernièrement. Je pense que ça a un peu chamboulé Thaïs, mais ça va mieux. » Elle aurait aimé que Aylin et Andrew voient la petite grandir. Elle aurait aimé qu'ils fassent partie de sa vie. Mais le destin en avait décidé autrement. Et si avec Andrew, ils avaient peut-être perdu du temps, rien n'était perdu et Tahlia le fit comprendre en l'invitant à boire un café. Elle sourit et hocha la tête à la réponse du jeune homme. Elle était heureuse qu'il accepte. « Oui, on peut y aller maintenant. » Elle jeta un dernier coup d'oeil vers la tombe de son amie, se promettant qu'elle ne mettrait plus autant de temps avant de revenir ici et commença à tourner les talons. Au bout de quelques instants, Andrew lui demanda si cela la dérangeait qu'il fume. « Non, ça ne me gêne pas. » Elle refusa néanmoins la cigarette qu'il lui proposait. « J'ai énormément diminué ma consommation. Maintenant, c'est uniquement que je suis en colère ou stressée que je l'apprécie. » Point positif : elle n'était à l'instant pas stressée de la situation. Elle regarda Andrew lever les yeux vers le ciel, suivant son regard et observant l'étendue grise au-dessus d'eux qui présageait, effectivement, une belle pluie. Alors quand il lui proposa Imogen, Tahlia esquissa un grand sourire : « Mon ami Jake était le gérant d'une des boutiques, alors oui, je connais bien. Alors, ça me va totalement. » L'un des salons étaient d'ailleurs à deux pas d'ici. Et en effet, c'était bien mieux qu'un bar. « Tu... tu as eu des soucis avec l'alcool ? Enfin... si tu veux en parler. » se permit-elle de demander. Après tout, il lui avait lancé une perche. Et cela l'éviterait de faire des gaffes, si prochainement, elle envisageait de l'inviter à boire un coup.

Un monde qui n'a pas l'air de me comprendre non plus. En entendant cette phrase, Tahlia grimaça. Un, parce que cela faisait toujours mal d'entendre une telle phrase, surtout venant d'une personne qu'elle appréciait (ce qui la rendait encore plus démunie). De deux, parce qu'elle comprenait totalement cette phrase. Elle aussi, elle avait parfois l'impression que le monde ne la comprenait pas. Mais elle arrivait quand même à rebondir. Elle lui adressa un sourire bienveillant et murmura : « Moi je te comprends. » Elle n'avait pas l'image de l'asocial bizarre, loin de là. Elle connaissait son histoire. Elle connaissait son caractère. Et même s'il l'avait repoussé à quelques reprises, alors qu'il était au plus bas, Tahlia était encore là aujourd'hui. Leurs chemins se rencontraient de nouveau et elle ne comptait pas fuir. Ils avaient beaucoup de choses à rattraper. La fille de Tahlia en faisait partie. « Non, ce n'est pas facile pour elle. Jusqu'à maintenant, elle était la petite princesse. Mais elle s'y fera. Tous les enfants s'y font, je crois. » Tahlia était fille unique, elle n'avait donc jamais connu cette situation. Dans tous les cas, Thaïs resterait sa princesse, la prunelle de ses yeux. Alors qu'il lui proposa d'aller chez Imogen, Tahlia apprit qu'il connaissait la fondatrice, avec qui ça ne s'était pas très bien passé. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » demanda-t-elle, curieuse, alors qu'ils prenaient la route vers la pâtisserie, leur choix final au détriment d'un bar. Andrew semblait fuir les endroits de beuverie. Et pour cause, il était abstème. « Je comprends. » dit-elle, sincère. « J'ai aussi eu... quelques travers ces dernières années et je sais à quel point c'est facile de sombrer dans tout ça, pour tout oublier quelques instants. » Elle regarda son ami, reprenant : « Mais tu as fait un bon bout de chemin, tu as pris un beau recul sur la situation. » C'était important de le dire, c'était une façon de lui montrer qu'il avançait, à son rythme, à sa façon, mais il avançait. A1ors qu'ils arrivèrent à la boutique, qui arborait une nouvelle décoration, probablement pour un événement particulier, avec des éléments argentés et iridescents, ils regardèrent d'abord la vitrine pleine de gourmandises. Elle rit aux paroles d'Andrew : « C'est tellement beau qu'on a envie de tout prendre ! Je ne sais pas pour toi, mais en vieillissant, je deviens de plus en plus gourmande. » Sûrement parce que les problèmes étaient plus grands et que son cerveau réclamait bien du sucre. « Je crois que je vais me laisser tenter par une tarte au citron meringuée et un bon thé. » Oui, il valait mieux qu'elle choisisse maintenant avant de changer d'avis.Alors qu'ils s'installèrent à une table, Andrew posa LA question. La question qui la mettait mal-à-l'aise. Il n'était pas au courant. Tahlia esquissa un sourire gêné et répondit : « Je me suis faite suspendre de mes fonctions, il y a trois ans, maintenant. » Elle avait honte de le dire. Surtout que sa suspension avait donné matière à clabauder, à commérer sur les raisons de celle-ci. Elle avait tout entendu, Tahlia. « Je me suis faite virer parce que j'ai... fait disparaître quelques preuves. Mais ça m'a permis de sortir quelqu'un d'un sale réseau, alors je ne le regrette pas. » Elle ne dira pas non plus qu'elle avait récidivé, mais là, ça avait été pour l'amour de sa vie. Pour cet italien qui avait tout retourné dans sa vie et qu'elle avait bêtement laissé partir. "Mais des fois, ça me manque. J'ai l'impression de ne plus être utile, de ne plus savoir quoi faire de ma vie." se confia-t-elle néanmoins avant de reprendre : « Et toi, tu as toujours ta boutique ? »

« Andrew... » souffla-t-elle, un sourire sur le bout des lèvres quand il affirma ne pas avoir été cool avec la propriétaire d'Imogen. « Y a des caractères, comme ça, qui ne sont pas faits pour coller... ou au contraire, y a des caractères explosifs qui peuvent ensuite virer sur autre chose. » De l'attirance, notamment. Pour certains, ça devait être explosif. Mais Andrew, pour l'instant, se focalisait plutôt sur la vendeuse. « Essaye de ne pas te mettre la vendeuse à dos, non plus. Là, Charlize te détesterait encore plus ! » rit-elle de bon cœur. Elle reprit néanmoins son sérieux quand il lui avoua espérer un jour se faire pardonner. « De l'eau a coulé depuis, non ? Peut-être que tu peux juste aller la voir et lui dire simplement pardon. Pas de besoin de grands discours, ni même de faire de chichis. Dis juste l'essentiel. » Ce n'était que son avis, mais elle avait souvent opté pour l'essentiel dans sa vie et cela avait fini par fonctionner. Arrivés près de la boutique, ils finirent par entrer et faire leurs choix.Andrew posa alors la question sur son emploi. La question qui remuait encore l'estomac de Tahlia. Sa voie, elle l'avait trouvé. Et elle l'avait perdu. Elle haussa les épaules. « Bah c'était ma voie. Ce métier, je veux dire, je l'aimais tellement. Mais d'un autre côté, maintenant je me dis que j'ai ma fille, je pense que si j'avais continué dans cette voie, j'aurai été un peu plus... frileuse. » Il y avait quelqu'un qui l'attendait à la maison, maintenant. Policier, malgré tout, restait un métier dangereux. Il fallait qu'elle pense à sa fille, avant tout. La vendeuse vint les servir, cette dernière échangeant un sourire charmeur avec Andrew. Tahlia lança un regard complice à son ami, amusée. Elle le remercia quand il paya les consommations. La prochaine fois, ça sera pour elle ! Maintenant, c'était à lui de parler de son job, de cette boutique dont il était pleinement devenu propriétaire. « Je suis si heureuse pour toi. » Cette boutique, c'était son bébé. Mais ses prochains mots l'intriguèrent. Un job ? Pour elle ? « Bah là, en ce moment, je suis agent d'accueil au Cabaret Délirium, mais je travaille beaucoup en soirée. Thaïs va bientôt rentrer à l'école et je crains de ne plus la voir comme je le souhaite. » Elle regarda Andrew, intriguée : « Tu me proposerais quoi ? »

Pauvre vendeuse qui n'intéressait visiblement pas Andrew. Tant pis pour elle. Au fond, Tahlia avait espéré avoir un petit potin, quelque chose qui lui montrait qu'Andrew avançait, qu'il s'autorisait un peu de compagnie dans sa vie. Mais rien de tout cela. Elle n'était pas du genre à se dire qu'il fallait à tout prix être avec quelqu'un pour être heureux, loin de là. Mais il avait le droit d'attirer le regard, Andrew. Parce que derrière son visage renfrogné, il y avait quelqu'un d'exceptionnel. La conversation suivante n'était pas des plus agréables non plus, puisque cela parlait du travail de Tahlia. Déjà qu'elle n'arrivait pas à garder un mec, elle n'arrivait pas non plus à garder un boulot ! Depuis qu'on l'avait mise à pied, à la police, elle tournait en rond et enchaînait les boulots qui ne lui plaisaient pas. Mais au fond, pourrait-elle vraiment retourner vers son métier de policière, qui la faisait tant vibrer ? Sûrement pas. Parce qu'il y avait Thaïs. Elle hocha la tête aux mots d'Andrew. "Oh oui, tout change quand tu as des enfants... Je sais que je ne pourrai plus être aussi tête brûlée que j'ai pu l'être avant Thaïs." Elle s'était assagie, Tahlia, énormément. Peut-être qu'elle préférait quelque chose de plus posée - qui la contentait moins, certes - mais qui lui permettrait de nourrir sa fille, de l'élever comme il se doit, tout en étant disponible pour elle. Andrew semblait avoir une proposition pour elle. Son employé était parti, quelques mois auparavant, et il se trouvait dorénavant seul à la boutique. Elle esquissa un léger sourire amusé quand il lui dit qu'elle pouvait même jouer aux flics s'il y avait des vols. "Faudra pas me reprocher de mettre le client à terre, alors." dit-elle en plaisantant. Elle avait des notions de ce côté-là, Tahlia, ne l'oublions.pas ! Elle se fit néanmoins plus sérieuse en reprenant : "ça me touche beaucoup, ce que tu proposes. Je serai partante pour faire un essai. Pour voir si ça me convient, si je peux vraiment t'aider. Et si à toi aussi, ça te convient que je bosse avec toi." Il n'y avait pas qu'elle dans l'histoire. Elle ne voulait pas gâcher leur relation parce qu'ils n'arrivaient pas à bosser ensemble. "Je pourrai faire l'essai quand ?"

"Si c'est mérité, je ne me gênerai pas !" dit-elle en riant, joyeusement. Mais si elle pouvait éviter d'avoir recours à ce genre de comportement, ce serait bien mieux. Bowen était une petite ville, des vols, il y en avait toujours eu, bien sûr, mais si cela pouvait ne pas se produire chez Andrew, ce serait déjà une bonne chose. C'était bête mais en parlant de cela, c'était comme si elle se voyait déjà bosser pour lui. Pourtant, il y avait encore du chemin à faire, faire un essai et si cela était concluant, elle allait devoir démissionner au Delirium. Elle aurait peut-être quelques semaines de transition avant d'intégrer pleinement le nouveau post. Mais ils n'en étaient pas encore là. "On peut faire une journée, ça ne me dérange pas. Thaïs est chez la nounou, et je bosse en soirée au Délirium. Pourquoi pas lundi prochain ?" Elle aurait pu proposer le samedi, jour où il avait peut-être le plus de monde, mais ce ne serait pas des plus judicieux pour Andrew de s'occuper de la formation de Tahlia et des clients. Sans doute valait-il mieux un jour plus calme pour qu'il lui explique tout ce qu'elle devait savoir. Elle hocha la tête à sa question, esquissant un sourire : "Si tu n'as pas changé de numéro depuis, j'ai toujours le tien, oui. Le mien aussi n'a pas changé." Elle garda son sourire sur les lèvres. Cet essai, ça la bottait énormément. L'avantage, au moins, c'est que Tahlia et Andrew se connaissaient depuis des années. Ils connaissaient le sérieux et les compétences de chacun. Sans doute n'auront-ils pas trop de difficultés à s'accorder. "On se confirme ça, de toute façon." Ils continuèrent à discuter devant leurs pâtisseries, à voguer d'un sujet à l'autre, naturellement. Il y avait comme un goût d'avant, si ce n'était que la troisième chaise était (et resterait, malheureusement) bien trop vide...

Fin