Rock and roule ft. Archie Harding

Ses antidouleurs étaient puissants, très puissants. Ces derniers jours, ils semblaient insuffisants, ses efforts chez le kinésithérapeute l’épuisaient et réveillaient toutes ses douleurs. Agacé du manque de résultat face aux efforts considérables que lui demandait le simple fait de rester debout, statique. Marcher oui… On le lui avait promis. C’était beaucoup trop long, il s’accrochait à cet espoir, celui de pouvoir marcher à nouveau, librement. Courir un rêve, il n’en était pas là. Oui, il fantasmait à l’idée de pouvoir s’asseoir sur les toilettes sans que ça soit toute une expédition, pouvoir se lever de son lit en moins de cinq minutes, prendre sa douche sans devoir s’asseoir sur un tabouret de bain… Oui, le grand Theodore Kelly en était réduit à ça, c’était si douloureux… Tellement inacceptable.

Par orgueil, il n’avait pas contacté son médecin pour lui signaler ses douleurs, il n’avait pas non plus avertis sa famille beaucoup trop présente. Il s’était contenté de prendre une double dose. Il avait beau avoir un QI exceptionnel, le petit génie ne prenait pas toujours les meilleures décisions. Loin de là… Les maths lui étaient plus évidentes.

Ces derniers temps, il se rendait régulièrement au bord de mer, comme pour ajouter davantage de nostalgie. La surface était plane, il arrivait bien à diriger son fauteuil roulant et il pouvait rester des heures à l’extérieur, pour profiter de la sensation d’être en vie, tout simplement. Les médicaments l’avaient engourdi et il avait fini par s’endormir.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, Theodore découvrit un paysage magnifique mais… Nocturne. Il consulta sa montre pou découvrir qu’il n’était pas loin d’une heure du matin. Il peinait à émerger, mais il se dirigea en direction de l’abris de bus et sans surprise, il n’y avait plus de transport pour le ramener chez lui. Il se projetais mal dans l’idée de faire tout le trajet, il avait déjà bien assez de difficultés à rouler comme ça… Passer un coup de fil à son frère ? Riche idée oui, si seulement il n’avait pas laissé son portable chez lui, pour avoir la paix. Rappel au QI exceptionnel cité plus haut…

Cela lui prit une bonne demi-heure pour arriver devant l’un des rares endroits encore animé à cette heure-ci. Il fixa la devanture avec scepticisme, il n’avait aucunement envie d’être là. Aucune. Il n’avait pas sa place dans un endroit où les gens se servent de leurs jambes pour danser… Lui était là, cloué dans cette maudite chaise roulante… Mais il trouvera bien quelqu’un avec un téléphone à lui prêter, non ? Ou mieux… Quelqu’un pour le conduire ?

Theodore se présenta au bouncer qui le détailla du regard avant de faire signe à son collègue. Le brun mit ce comportement sur le dos de son handicap, ce qui le mit en rage, intérieurement. Quand soudain…

- Mais oui t’as raison ! C’est Teddy Kelly ! J’adore ce que vous faites ! Je suis venu vous voir au moins 4 fois au Délirium ! On peut faire une photo ?

C’est qu’avec ce foutu fauteuil roulant, il en oubliait parfois qui il était. Curieusement, cela lui fit un bien fou et il accepta, se détendant malgré lui avant d’entrer dans le club. Il avait songé au téléphone du videur, mais il commençait à croire en la possibilité de trouver une âme charitable et non imbibé d’alcool pour le raccompagner. Sacré mission en vue…

Il se frayait un chemin, très péniblement à cause du revêtement du sol plutôt glissant, vers le bar duquel sa tête ne serait clairement pas de niveau… Trop occupé à se dirrectionner il ne vit pas cette personne arriver et tomber assis sur ses genoux. “ Euh… Bonsoir. “ Qu’est-ce qu’il aurait pu dire d’autre ? Qu’il regrettait à cet instant de ne pas être paraplégique, parce que ce poids sur ces jambes lui faisait atrocement mal ? Ouais… Mais c’était un poil déprimant. “ Je ne vous ai pas fait mal ? “ Demandait-il avec sympathie. Peut-être que la culpabilité lui fera oublier la douleur ? D'ailleurs, celle-ci s’estompait finalement à sa grande surprise.

Tes anti-douleurs à toi, c’est la drogue que tu consommes depuis des années, depuis ton adolescence. Ta maladie est plutôt psychique, tu souffres d’une grande dépression dont tu nies totalement. Pour toi, tu vis ta vie comme n’importe quel homme. Et pourtant vu de l’extérieur, on dirait de toi que tu es celui qui aime se briser, se détruire toujours plus, toujours plus loin. Pourtant ton nom en indique long, Hardin comme les hôtels Hardin’s, endroit luxueux où de nombreuses personnalités connues dans le monde y sont allé au moins une fois dans leur vie, si ce n’est pas plusieurs fois. Tu viens d’un monde luxueux à Sydney, pourtant tu es là à Bowen à devoir t’entretenir en travaillant en tant qu’agent de sécurité au night club d’Adam et yves, et vendre de la drogue dans d'autres boîtes de nuit pour ne pas te faire virer dans la tienne. Si tu en es arrivé là, c’est parce que tu as fait exploser cette prison au barre doré, tu as retrouvé ta liberté en n’ayant plus l’honneur de porter le nom de Hardin mais aujourd’hui tu ne sais pas quoi en faire. Le seul fait est que tu es tombé fou amoureux de Maddie, un ange dont tu ne comprends pas ce qu’elle fait avec toi.

Ce soir, elle n’est pas avec toi, elle n’a pas voulu t’accompagné, et tu le regrettes mais tu n'as pas d’autre choix que de respecter son choix. Ce qui au fond de toi provoque toutefois des doutes, te demande si elle ne fréquente pas un autre homme, si elle ne réfléchit pas à comment te quitter. Alors tu te mets la tête à l’envers, tu consommes plus que tu ne le devrais. Tu as pris un rail de cocaïne, tu as consommé un joint juste devant la boîte de nuit, la discrétion n’étant pas ton fort en tout cas pour ce qui est de toi. Finir en prison, cela t'importerait que peu. Tu as vendu la consommation que tu devais pour le soir, il faut dire que tu as ta clientèle maintenant au bout d’une douzaine d'années que tu es revendeur. Quelques femmes ont bien essayé de te draguer, de te chauffer pour que tu fasse la marchandise gratuite, mais tu es ici pour te faire de l’argent et surement pas pour te retrouver avec une femme autre que la tienne sur les genoux.

Ce dont tu ne t’attendais pas, c’est quand te rendant au bar pour commander un whisky te retrouver sur les genoux d’une personne en fauteuil roulant. Elles font partie des personnes que tu respectes encore, mais tu ne comprends pas ce qu’il peut bien faire ici. Si tu aurais pu reconnaître que c’est une personne à la reconnu international, un illusionniste. Tu ne le sais pas, tout simplement parce que tu ne te préoccupe pas de ces personnes de ton ancien monde, tu es sur terre et tu connais bien plus les personnes que tu fréquentes à te souvenir de petit détail sur eux, plutôt que de t'intéresser à un monde centré sur l’argent. Bien qu’il ne l'est peut être pas.

S’il se sent gêné tu l’es d’autant plus parce que tu aurais pu faire attention et que tu te retrouves sur les genoux d’une personne présentant un handicap. Tu te relèves aussitôt car tu ne souhaite pas lui faire mal, bien que tu ne sais pas s’il sent ou non ses jambes. “Bonsoir” Réponds-tu simplement. “Euh.. non, non t'inquiète pas, puis je sens plus grand chose à cette heure là.” Que tu avoues alors même si le silence aurait mieux valu. “Mais toi, ça va ?” Tu te demandes réellement ce qu’il fait ici, car en boite de nuit il est rare de faire attention au personne avec un handicap, ce que tu regrettes. “Tu as besoin de quelque chose ? Enfin je veux dire, je sais pas, tu sais ici les personnes sont un peu brutal.”

La douleur fut vive, elle s’estompa rapidement, puis picota un peu lorsque le jeune homme se releva, comme piqué par des aiguilles. Teddy eut un léger sourire, il aurait sans aucun doute eut la même réaction à sa place. La réponse de son interlocuteur attrista l’illusionniste, assez navré qu’un beau jeune homme - en tout bien tout honneur - se sente déjà éteint et à ce point esquinté par la vie. Depuis qu’il était dans ce fauteuil, Theo regardait le monde d’un œil moins optimiste qu’il ne l’avait toujours fait. Le brun avait toujours forcé sur sa bonne humeur, parce qu’il avait décidé d’être heureux après avoir été aux premières loges des désastres que peut causer le chagrin lorsque son père est décédé dans sa jeune enfance… Il s’était intoxiqué au bonheur, ne s’autorisant jamais à être malheureux. Lorsqu’il se sentait mal, il avait trouvé un moyen addictif de rebooster l’adrénaline et sa joie : les jeux d’argent. Ceux-là mêmes qui l’avait cloué dans un lit d’hopital et même dans le coma durant des mois entiers. Malgré tout cela, Theodore n’avait jamais pleuré son état actuel, pourtant il y avait de quoi face à tant de douleurs et d’incertitudes. Il refusait de s’effondrer, de lâcher prise.

“ Moi ? Ouais… Ça roule. “ Il lui adresse un pauvre sourire, désabusé lui-même par la plaisanterie. Theodore pensait simplement se détourner du gaillard, non pas qu’il ne l’intéressait pas, mais il désirait tant rentrer chez lui et à en juger par la dimension des pupilles de l’inconnu, celui-ci ne pourrait lui servir de chauffeur. Néanmoins, celui-ci semblait se soucier sincèrement du magicien. “ J’ai eu mon lot de brutalité, c’est ça ? “ Répondait-il sans agressivité, toujours avec son pauvre sourire blasé qui tentait vainement de feindre la sympathie.  Il avait un peu envie de lui dire qu’il en avait un peu assez d’être pris pour une petite chose fragile, mais perdre patience ne lui apportera rien. “ J’suis complètement défoncé… Aux médocs. “ Ça lui fait mal de l’avouer, mais il sait qu’il n’est pas dans son état normal et le pire… C’est qu’il avait encore mal. “ Il faut que j’essaie d’appeler un Uber qui prend les fauteuils roulants, c’est pas gagné. Ou que j’trouve une âme charitable pour me conduire ou pousser cette saleté jusqu’à chez moi parce que je n’ai… Plus aucune énergie. Mais… Ça va. “ Il se sentait tellement pathétique, il se sentait si contrarié par lui-même qu’il ne se rendait pas même compte que ses mains tremblaient furieusement.

Il était à bout de force même s’il faisait tout pour le dissimuler, il s’exprimait convenablement, ne louchait pas trop et gardait le dos droit malgré tous les efforts que cela demandait. Teddy avait tout donné pour rouler jusqu’à ce club. Il se sentait tellement réduit, au-delà de sa dépendance physique… Incapable de résoudre seul son errance, c’était une grande première. On lui mâchait tout depuis des mois, il rouspétait souvent de ce fait, mais seul… Il devait admettre qu’il n’était pas à ce point capable de se débrouiller. Alors, il se décida de tenter sa chance. “ T’as un téléphone ? “ Il souffla péniblement lorsqu’il remarque les spasmes dans ses mains, il se mit à les fixer avec une concentration inutile puisqu’il ne pouvait avoir aucun contrôle sur lui, il gaspillait son énergie mentale à cet instant. " Fais chier... "Ça le rendait dingue d’assister à ça, ses mains étaient l’essence même de son travail, de son existence. Il préférait perdre à jamais ses jambes si seulement il pouvait se débarrasser de ce phénomène intermittent. Si seulement l’on pouvait choisir son état de santé à la carte, ce serait bien plus simple alors encore une fois, dans son for intérieur… Il se maudissait d’avoir survécu à cette agression, il se maudissait de ne pas être tout simplement mort.

Tu dois avouer que tu ne t’attendais pas réellement à cette réponse, elle a tellement d’humour que tu ne peux t’empecher de rire. “Pardon, mais tu as beaucoup d’auto-dérision.” Que tu lui dis, après tout c’est lui qui venait de te dire ça et non toi. Tu ne devais pas t’excuser qu’il soit drôle et pourtant tu le fais. Tu sens rapidement que l’humour dont il faisait preuve quelques secondes plus tôt a fini par s’envoler. Il a eu son lot de brutalité, tu ne pourrais pas lui répondre à cette phrase, tu ne connais pas la vie de cet homme qui semble un peu plus vieux que toi. D’autant plus que tu sais que lorsqu’on pense en avoir vu assez, d'autres problèmes arrivent. Tu en es la preuve vivante, lorsque tu as enfin eu ta liberté, toi qui n’attendais que ça dans ta cage dorée, voilà que tu as dû apprendre à te débrouiller seul. “Je ne sais pas, je pense que personne ne devrais voir ou avoir de brutalité.” Puis ce n’est pas ce que tu voulais réellement dire mais plutôt qu’avoir un fauteuil roulant dans cet endroit, ce n’est pas pratique, cet endroit reste une boite de nuit, probablement qu’un bar aurais été plus simple pour lui mais tu ne lui diras pas tu ne voulais pas l’offensé d’autant plus que tu ne l’avais déjà fait. Que l’on soit défoncé aux médicaments ou alors à la drogue comme tu l’es, c’est aussi dévastateur pour l’un que pour l’autre. Si pour sa part c’est pour oublier une douleur physique, pour ta part c’est une douleur psychologique. L’erreur que vous faites l’un comme l’autre, c’est que cela ne supprime pas le problème, il permet simplement de l’oublier quelques heures avant de repartir dans l’enfer de la douleur. “Il est probable que tu planes autant que moi, mec. J’en suis navré” Que tu lui dis pour le coup cela est réellement compatissant sans aucune once de méchanceté ou de pitié, simplement que n’importe quelle personne mérite mieux que vous. “Je te proposerais pas de ma merde, apres tout ton truc est peut être même meilleur.” Que tu lui dis, et pourtant ton job à toi c’est de vendre ton produit, c’est de te faire de nouveau client mais là non tu n'en as pas envie. “Ce que je peux faire, c’est soit te pousser jusqu’à chez toi ou alors te prêter mon téléphone.” Que tu lui dis, tu n’as pas envie de prendre le volant, tu sais que cela pourrait être fatal, faire d’autant plus de mal. Risquer ta vie ne te pose aucun souci mais la sienne, si. “Si tu veux on peux même essayer de faire connaissance, faire une course de rapidité ? Quoi que tu risques de dévaler plus vite que moi, ou alors je me roule en boule, ça peut être drôle non ?” Ce que tu peux en dire des bêtises, tu es réellement le roi. “Bien sur, mais il te faudra venir avec moi dehors, je ne suis même pas sûr qu’ici on capte correctement.” De plus il n’entendras pas correctement et ton micro ne fonctionne pas correctement, tu n’as pas les moyens de te payer un téléphone digne de ce nom, tu essaies déjà de survivre comme tu le peux dans ce qu’on appelle la communauté intentionnel dans ta toute petite chambre et cela depuis maintenant 6 ans, depuis qu’elle existe. Tu l’entends pestiféré tu le regardes et tu comprends exactement ce qu’il ressent à ce moment précis. Les spasmes, c’est aussi un fait de ton manque lorsque tu n’as pas pris de drogue depuis un certain moment. Quand tu ne peux pas choisir réellement ce que tu veux faire de ton corps, que tu ne peux pas fermer une main correctement, qu’elle ne suit pas les mouvements commandés par ton cerveau. “L’enfer sur terre ne devrait pas exister. Tu me permet de pousser ton fauteuil jusqu’à dehors et on trouve une solution ensemble ?” En espérant qu’il ne t'envoie pas sur les roses.

Bien que cela n’ait duré que quelques secondes, la gaieté de l’inconnu lui fit du bien. Rire de son handicap, susciter l’amusement tout simplement, ça le changeait radicalement de la pitié pesante. Les excuses donnèrent une fausse note à ce rire, comme si c’était un péché de s’être esclaffè sur sa condition. Le brun haussa les épaules quant au fait que personne ne mérite une quelconque brutalité. Le monde est violent, il l’a toujours su. Il avait perdu son père, son frère avait mal tourné et terminé en prison, son exe était morte et il s’était retrouvé avec une adolescente de treize ans qu’il ne connaissait pas avant et à présent ça… Il savait néanmoins qu’il n’était pas le plus à plaindre sur cette terre, cette capacité à relativiser, c’était sa force pour ne pas s’effondrer, quoi qu’il arrive.

Teddy esquissa un léger sourire concernant le fait qu’ils planaient tous les deux. Il n’avait jamais pris de substances, son addiction à lui, c’était l’adrénaline. Mais cloué dans ce fauteuil, difficile d’avoir sa dose de sensations fortes… “ Je ne te proposerai pas mes médicaments, j’suis pas pharmacien… Apparemment, toi si. Je laisse faire les professionnels. “ Il n’y avait pas de jugement dans ses paroles, ses mots étaient tintés d’humour, un humour de façade pour lui dire qu’il avait bien compris à qui il avait affaire. Un dealer, peut-être même un petit producteur d’herbe, la drogue ne dérangeait pas Theodore, il venait du monde du showbiz où il n’avait miraculeusement jamais prit un rail de coke. Les propositions et tentations avaient été multiples, il avait déjà fumé des joints, mais il n’avait jamais été plus loin. Il avait toujours voulu garder les idées claires, parce qu’il voulait être le meilleur et il l’avait été. Avant de n’être qu’un type en fauteuil roulant.

L’illusionniste fini par lui expliquer les raisons de sa présence ici plus en détail et lui demander s’il pouvait lui prêter son téléphone. Le plus jeune proposait de le pousser ou de lui prêter son téléphone, il songea bien sûr d’abord à tenter sa chance avec un Uber, pour limiter le dérangement, parce qu’il n’avait curieusement aucun préjugé sur son interlocuteur. La proposition de faire une course fit sourire Theodore, cela ne dura pas longtemps lorsqu’il constata les spasmes de ses membres supérieurs.

Le brun relève le regard, un soupçon étonné, vers le dealer qui restait là, malgré tout les signes que cette rencontre ne pourrait être que d’un ennui pour lui, venu se divertir en boite de nuit, il suppose, en plus de se faire du chiffre. Theo n’est pas un homme manipulable malgré sa condition physique, ça crevait les yeux, il ne serait pas un bon client pour lui d’une quelconque manière. Alors cet homme n’avait rien à gagner à lui rendre service. “ D’accord… “ Il opina lentement du chef, laissant l’homme le conduire à l’extérieur du club, ils passèrent à nouveau devant les bouncers qui le / les saluèrent avec un sourire qui ne faisait certainement pas partie de leur fiche de poste.

“ Merci. “ L’air frais lui faisait le plus grand bien, ainsi qu’un peu plus de calme, c’était assez assourdissant à l’intérieur. Lorsque les roues s’immobilisèrent, il put à nouveau voir l’homme s’était replacé face à lui, ce qui était bien plus commode pour discuter que d’avoir quelqu’un dans le dos. “ Je ne veux pas te déranger plus, c'est déjà cool de ta part. Enfin… J’aurai quand même besoin que tu contacte un VTC pour moi. “ Ses mains tremblaient et il ne voulait pas prendre le risque de faire tomber l’appareil plutôt vétuste que tenait le plus jeune. Sans toutes ces lumières stroboscopiques, il pouvait davantage détailler son interlocuteur, déterminer globalement ses origines ethniques et son niveau social, à en juger par l’état de ses chaussures. Il avait toujours été par défauts un grand observateur et analyste. Pour sa part, Theo ne risquait plus vraiment d’user ses baskets de marque… “ Je m’appelle Theo. Juste pour que tu m’appelle pas le type en fauteuil roulant... Et toi ? Sauf si tu préfère que je t’appelle Docteur en pharmacie ? “ Il avait eut sa dose de docteurs et d’infirmières ces derniers mois. Il précisa son adresse pour le VTC, sa maison n’était qu’à une vingtaine de minutes à pied de l’endroit où ils se trouvaient, mais il n’avait pas la force de s’y rendre, ses bras ne répondaient plus et il était tout simplement épuisé. Ne restait qu’à patienter, pas son fort, mais il était bien obligé d’apprendre à l’être un peu plus chaque jour.

Tu n’avais pas pu retenir ton rire, tu avais trouvé cette auto dérision tellement bonne que tu avais ris. Mais tu sais que cela ne se fait pas, en tout cas c’est ce que ton père te disait lorsque tu faisais partie de la haute société. Alors tu fini par t’excuser comme pour dire que tu es coupable de quelque chose. Tu n’eu pas de réponse sur le fait de la brutalité dans le monde et en réalité tu ne demandais pas non plus, tout ce que tu voulais c’est qu’il ne le prenne pas pour lui personnellement.
Tu apprécies cet humour bien qu’il soit décalé, il te fis savoir qu’il avait compris ce que tu revendais et que tu ne devais pas être à ton premier coup d’essai. Tu dois avouer que c’est la réalité, cela fait maintenant douze ans que tu revends. On peut dire que tu connais chaque molécule que contient tes produits, et chaque effet que font tes produits pourtant à tes yeux ce ne sera jamais assez. Il faut dire que tu consommes depuis tes quatorze ans, depuis que tu as décidé qu’il te fallait quelque chose pour supporter la pression qui était intense à la maison. “Vendeur d’évasion, je dirais.” Tu ne peux pas dire que tu sois pharmacien, puisque cela avant leur argent pense au bien-être du patient, toi tu t’en fiche qu’il meurt à cause d’une surdose, tu veux seulement l’argent et survivre. Il faut survivre au moins pour Maddie, alors il faut que tu te fasses de l’argent pour pouvoir lui vendre un peu de rêve, lui montrer que tu n’es pas qu’une merde avec un grand M. Sans argent, la seule chose que tu pourrais lui offrir c’est des nuits sous les ponts et tu n’es pas sûr que ce soit romantique. Bien que tu ne le sois pas.
Il finit par t’expliquer la raison du pourquoi qu’il est ici. Tu rigoles un peu avec lui mais tu n’eu pas de réponse, probablement le fait qu’il n’eut pas le temps de le faire puisqu’il fit pris de spasme musculaire. Un fait que tu connais dont tu as déjà été victime puisque ce sont les effet de la drogue, une fois que celle-ci est partie, ce que l’on appelle le manque.
Tu n’avais pas pensé une seule seconde vendre de la drogue à cet homme, après tout il se shoot suffisamment avec ses anti-douleurs. De plus, tu as déjà écoulé ta marchandise avec ta clientèle habituelle. Alors il finit par accepter de se laisser faire par toi, et tu finis donc par l’emmener à l’extérieur de la boîte de nuit. Le son qui hurlait encore quelques secondes auparavant dans vos oreilles se faisait moindre, désormais. Il te remercia, mais tu avais fait ça avec plaisir parce que être aimable et serviable font encore de temps en temps partie de ton caractère, de tes principes d’autant plus devant une personne présentant un handicap. Tu t’apprétais à sortir ton téléphone lorsqu’il te demanda si tu pouvais plutôt contacter un VTC pour lui. Cela fait des années que tu n’as pas contacter qui que ce soit pour t’emmener dans un endroit. Il faut dire que tu en as pas l’argent, alors tu te promènes plutôt avec ta vieille moto harley davidson sportster 883. C’est plus pratique pour se faufiler un peu partout. “Bien sur” Tu prends donc ton vieux cellulaire qui est en fin de vie, tu te rend sur leur site internet et tu commandes celui-ci le plus rapidement possible en indiquant le lieu précis de la boite de nuit. Par chance, à cette heure-ci ils ne sont pas encore pris d’assaut, il faut dire que ce ne sont ni les horaires d’ouverture ni de fermeture de boite de nuit. Tu avais aussi pris au préalable toutes les informations pour que le chauffeur puisse savoir où se rendre par la suite. Bien que l’homme aurait pu le faire lui-même une fois dans la voiture. Mais quitte à rendre service, autant le faire jusqu’au bout. “Le type en fauteuil roulant au moins j’aurai pu me souvenir mais ce n’est pas tres gratifiant, je peux comprendre, enchanté Théo. Docteur en évasion, s’il te plait.” Que tu dis en rigolant. “Pour ma part c’est Archie, mais tu peux aussi m’appeller Docteur en évasion ou le drogué qu’importe, personne connais mon nom ici. Au faite il arrive dans une quinzaine de minutes, tu veux que je reste avec toi ?”

Une fois à l’extérieur, il était bien plus aisé de communiquer. Theodore rêvait de son lit, pourtant il détestait cette chose médicalisée qui lui rappelait jusqu’à son sommeil qu’il était mal en point. Peu importait la compagnie de VTC, il laissait le plus jeune se chargeait d’en commander un pour venir le rapatrier chez lui. Uber était la plateforme la plus connue, mais il n’avait aucune préférence pour ce faire. “ Non, ce n’est pas très gratifiant. “ dit-il avec le sourire malgré tout, parce qu’il savait que c’était ce qu’il était, comme Archie était ce qu’il était. Son regard se ficha dans celui de son interlocuteur et lui demanda, sans jugement, sincèrement intéressé par la personne qui lui venait en aide même si cette interrogation n’attendait aucune réponse de sa part : “ Je croyais qu’un bon docteur en évasion ne devait jamais consommer ses propres produits ? “ C’est que dans son milieu, il en avait rencontré des vendeurs dans son genre, il ne pouvait pas prétendre ne jamais avoir gouté à rien, on ne peut pas dans le showbiz à Las Vegas et en sortir blanc comme neige, ce serait hypocrite de sa part de prétendre le contraire, mais il était surtout tombé dans les rouages des jeux d’argent que dans la drogue.

“ Je connaitrai toujours ton nom, Archie. “ Ses spasmes se calmaient enfin bien que ses doigts tremblaient encore un peu. “ Ça t’embêterai de… De te mettre à ma hauteur, que je te vois ?  “ C’était bizarre comme demande, la plupart du temps, il devait regarder les gens de bas, comme un enfant… Il détestait ça et il détestait bien plus quand les gens s’accroupissaient et lui parlaient comme à un môme.

Une fois qu’il put voir plus en détail le visage d’Archie, il pourrait le mémoriser comme promis. Est-ce que ce gars-là voulait en finir avec la vie ? Est-ce qu’il détestait à ce point son existence pour se détruire comme ça, consciemment, puisqu’il voyait bien dans quel état finissaient ses clients ? Il ne savait plus qui d’eux deux était le plus esquinté par la vie, bien que ça ne soit pas un concours, fort heureusement. Theodore le fixait, il le voyait réellement. Il avait appris avec son accident à regarder les gens avec sincérité. Sa main se tendit vers l’épaule du gaillard pour se poser sur cette dernière avec une poigne assez solide pour être réconfortante. “ Ouais… Reste avec moi. “ Pas parce qu’il en avait besoin en tant qu’handicapé, mais parce qu’Archie en avait besoin, en tant que personne isolée. Libre à lui d’interpréter sa réponse dans le sens qu’il le souhaitait, à qui avait réellement besoin de qui. Un léger sourire s’étira sur ses lèvres, alors il qu’il ôtait sa main de l’épaule de l’homme, lui laissant ainsi la possibilité de se redresser ou non.

“ Ils sont sympas tes tatouages. “ dit-il comme sorti de nulle part, pour donner plus de légèreté à cette conversation. En tant que tatoué, il savait que ça pouvait toujours faire plaisir, bien que l’on ne disait cela que rarement au sujet de ceux qu’il portait. Theodore avait gravé sur sa peau des formes très géométriques avec des significations bien à lui qu’il ne divulguait que très peu, pour ne pas se révéler, il les avait faits parce qu’il en avait eut le besoin, tout simplement. “ J’ai pas d’argent sur moi pour te rembourser le VTC, j’en ai chez moi si tu veux. Mais j’voudrais pas que tu prenne ça comme une invitation romantique de ma part... Surtout après le compliment que je viens de faire et t'avoir regardé dans le blanc des yeux ! Bordel... Quelle andouille je fais ! “ Theodore n’était pas de ce bord-là, mais c’était vrai que c’était étrange d’inviter un mec à la sortie d’une boite de nuit, alors il ne put se retenir de rire avec humeur et seigneur que ça faisait un bien fou de rire tout simplement à son tour.

Tu dois vraiment avouer que vous êtes mieux dehors pour avoir une conversation, bien qu’elle ne soit pas forcément très profonde. Quoique la légèreté cache une certaine profondeur qui vous dévoile l’un à l’autre. Sur ton vieux cellulaire qui a pour habitude de beugué mais tu n’as pas le moyen d’en racheter un, tu prend le premier site de VTC qui tombe, après tout tu n’en prend jamais et tu en as jamais appelé pour qui que ce soit. Mais tu comprends rapidement comment cela fonctionne, tu n’es pas encore totalement rouillé pour un ancien riche. Tu n’avais pas spécialement ta langue dans ta poche, et Théodore non plus d’ailleurs. Mais se voiler la vérité est elle mieux ? Est ce qu’on aurait pas plus l’impression que les personnes ont pitié de nous ? “Il paraît” Pour ta part tu as commencé à consommer bien avant de vendre, tu t’es retrouvé obligé de vendre pour survivre. “Après, je me demande comment ils peuvent parler de leur produits ?” En réalité, la meilleure façon d’en parler, tu le sais c’est de dire que c’est bon à jeter à la poubelle et autant se jeter d’une falaise que ça serait un gain de temps. Mais toi-même, tu ne le fais pas, tu ne sais pas pour quel raison mais tu te raccroches encore à la vie. Enfin à l’heure d’aujourd’hui, tu sais pourquoi, parce qu’il y a Maddie, une jeune brune qui a fait chaviré ton coeur qui fait que aujourd’hui tu n’es pas tout seul vous êtes deux. Tu sais quel tiens à toi, tu ne sais pas pour combien de temps mais en ce moment c’est le cas.
Il te fait savoir qu’il connaîtrais toujours ton nom, tu es obligé de sourire parce que pour une fois on ne t’oubliera pas ou alors on se souviendra pas de toi comme le gars qui vend de la drogue. Il te demande de te mettre à sa hauteur, alors même si par terre ce n’est pas spécialement propre, tout simplement tu te mets en tailleurs par terre. Cela te rend un peu plus bas mais au moins tu es bien installé. “Je suis pas le plus beau mais au moins tu sais un peu plus à quoi je ressemble.” Tu proposais à Théodore, s’il voulait que tu restes avec lui puisque maintenant l’uber arriverais dans une quinzaine de minutes, tu sais qu’à cet heure là il serait à l’heure puisqu’il n’y auras pas les bouchon de rentrer ou sorti de boite de nuit ou encore du travail. Il te fait savoir de rester avec lui, c’est donc ce que tu comptes faire d’autant que l’homme te semble amical, peut-être une personne qui pourrait t’apporter un véritable soutien mais tu finiras un jour par lui faire cesser cette envie parce que tu déçois toujours.
Tu souris lorsqu’on te dit que tes tatouages sont sympas, la plupart ont une symbolique à tes yeux. Bien sûr quelques-uns sont sur un coup de tête juste parce que tu aimais bien mais tu as tendance à plus être symbolique. "Merci les tiens aussi." Si on regarde chacun de tes tatouages alors on pourrait lire ton histoire. Mais ils sont aussi nombreux, tatoué de la tête, le cou, les mains, et tu sais que c’est loin d’être fini. Aussi une des raison qui fait que tu n’as pas les moyens de t’acheter un autre cellulaire. “Une invitation romantique ?” Tu le dévisages du regard mais plutôt dans l’intention de plaisanter, ne prenant pas les choses au sérieux. “Je suis pas sur d’avoir plus d’argent pour nous deux.” Tu ne peux pas dire que tu en auras pas assez pour lui puisque tu as fait plusieurs vente ce soir mais pas question de prendre l’argent pour t’y emmener toi. “J’ai une moto, si tu veux je te suis ou tu me donne ton adresse et on s’y rejoint ?”

D’abord un haussement d’épaules en guise de réponse avant d’ajouter “ Sans doute comme n’importe quel commercial j'imagine… “ Est-ce que l’on doit absolument tout tester soi-même pour le vendre ? Il n’en était pas convaincu, néanmoins, Archie faisait bien ce qu’il voulait. Theodore n’avait pas la prétention de tout savoir, il émettait des hypothèses, sans jugement, c’était seulement que ça le faisait réfléchir tout ça. Il s'intéressait à tout en général, mais il se doutait bien que si le jeune homme consommait se n’était pas uniquement pour être un bon vendeur, on ne la lui faisait pas à lui.

Le brun ne s’était pas attendu à ce qu’il s’installe au sol, mais ça faisait curieusement du bien de ne plus être regardé de haut, même, que les rôles s’inversent un peu. Il put ainsi détailler un peu plus nettement son interlocuteur et il fit maladroitement la conversation. A cette heure-ci et dans son état, il ne fallait pas trop lui en demander !

Un léger rire s'échappa de ses lèvres concernant une possible invitation romantique, c’était assez comique comme situation, il devait bien l’admettre, cela lui faisait du bien. “ Ne le prend pas mal… Tu crois que t’es en état de conduire ta moto ? “ Il ne doute pas qu’il soit un expert en la matière, mais ça, c’est jusqu’au jour de trop… Il suffit d’une nuit, d’un virage… “ J’m’en voudrais que tu te tue… Pire… Que tu finisses comme moi. “ Est-ce qu’il venait de verbaliser qu’il préférait être mort que d’être réduit à ce fauteuil ? Si l’on veut, même s’il ne le dira jamais explicitement, ce n’était pas rare qu’il regrette que l’on ne l’ait pas achevé, il s’est même senti en colère parfois, après ceux qui l'ont sauvé.

“ Je sais, c’est moche de me servir ça pour te convaincre de ne pas prendre le risque de conduire, mais j’commence à peine à expérimenter les avantages de mon nouveau statut d’invalide. “ Dit-il avec humeur, souriant à ses propres bêtises qui n’en étaient pas vraiment. Theodore  possédait néanmoins un autre argument pour empêcher ce jeune-là de risquer l’accident de la route, pour lui… Ça n’en valait pas la peine. “ Et puis, je suis à peu près certain que l’on soit une ou cinq personnes, le prix de la course reste le même. “ S’il faisait davantage attention à ses dépenses, il le saurait, mais il n’avait pas vraiment l’habitude de surveiller ce genre de choses, de l’argent il en avait en grande quantité et il savait qu’il n’était pas excessivement dépensier. Il n’était pas un flambeur, il se faisait plaisir, offrait à sa fille ce dont elle avait besoin et probablement bien plus encore… Bien trop.

Son regard s’orienta vers un groupe de jeunes qui sortaient du club en sautillant, visiblement un peu éméchés. Lorsque le VTC arriva sur la rue où ils se situaient, il les vit aborder le véhicule pour, de toute évidence, tenter de voler leur course juste sous leur nez ! “ Eh merde… “ Mais voila bien un autre de ses avantages d’être un infirme qu’il pouvait immédiatement tester : le sentiment d’impunité, d’invulnérabilité. Il s’en foutait complètement des risques pour lui-même. Qu’est-ce qu’on pouvait faire de pire ?

Il débloqua ses freins et trouva la force de mobiliser les roues de son fauteuil pour à la fois contourner Archie et rejoindre les jeunes qui parlaient tous en même temps. “ Hey vous !!! Faut pas vous gêner surtout ! Vous voulez pas aussi me piquer les roues de mon fauteuil aussi pendant que vous y êtes ? “ Il aurait un peu l'air bête s'ils lui faisaient un coup pareil, mais il faudrait vraiment qu'il tombe sur des personnes sans âme...

A cette question tu tiquas un peu, en état de conduire ta moto, c’est bien la premiere fois que l’on te pose ce genre de questions. Tu es toujours en état de conduire ta moto ou alors celle-ci est toujours capable de te ramener à bon port. De plus, tu t’es jamais posé la question et tu as fait des choses tellement plus risquées. Comme des courses de moto avec des femmes attaché à toi ou encore conduire les yeux fermés pendant 100 mètres. Il n’y a que deux mois que tu as choisi de freiner ta dépendance aux sensations fortes, bien que ce soit toujours compliqué, car lorsqu’on est accro on a du mal à s’en défaire. Mais il a raison, il suffit d’une fois d’une seule fois pour finir dans un piteux état. Il commençait même à te faire culpabiliser lorsqu’il te parle de son état à lui le fait qu’il préférait être mort qu’en fauteuil roulant. Tu ne sais pas pourquoi mais à cet instant tu aimerais prendre la douleur de Théodore pour que lui ne la ressente plus, mais ce n’est pas toi et ce ne seras jamais toi. Tu es déjà une autruche avec tes propres problèmes.

“Je confirme c’est moche ce que tu fais, c’est petit.” Mais tu sais aussi qu’il a raison, et que tu as rencontré la voix de la sagesse alors que tu ne l’ai pas, tu ne l’a jamais été depuis tout petit déjà. Puis il te sorti un second argument qui lui était réellement convaincant. Si le prix étaient inchangé pour un ou pour plusieurs alors pourquoi ne pas profiter pour une fois de se faire promener. Mais tu sais aussi qu’il te faudra retourner chercher ta moto, il te faudra revenir chez toi. Mais pour une fois, tu décides d’écouter l’homme. De plus, tu sais que tu pourras demander à une personne demain de te ramener sur les lieux. Pis si Maddie apprend que tu aurais pu profiter d’une course et que tu as préféré prendre la moto, risquer ta vie, tu te ferais appeler Arthur même peut-être le roi des crétins. Elle aurait raison mais elle même ne t’as jamais fait comprendre que ce n’était pas une bonne idée de conduire dans cet état. Il faut dire que vous vous détruisez tout en vous aimant. “Bon …” Tu n’eu pas le temps de répondre qu’un autre événement arriva, tu n’eu pas le temps de lui faire savoir que tu étais d’accord avec lui et que tu viendrais donc dans ce vtc.

Tu ne pouvais pas laisser un tel acte arrivé, tu étais présent et tu n’aimes pas spécialement l’injustice. Mais ce dont tu ne t’attendais pas c’est que Théodore réponde plus vite que toi. Il était déjà parti les rejoindre pour leur faire comprendre sa façon de penser. Tu te planta juste à côté de lui, faisant comprendre que si un de ses jeunes s’en prenait à lui, il s’en prendrait automatiquement à toi. Bien que en voyant son caractère, tu te demandes réellement s’il a besoin d’aide, mais tu serais prêt à répliquer. “ Je vous conseille de vous tirer de là parce qu’il est capable de vous lancer ses roues en plein milieu de vos deux yeux.” Parce que souvent dans les films ce sont les plus faible, les plus agile, ils ont le talent de déployer un autre sens comme Daredevil. “Et moi je ne vous sauverai pas la peau, au contraire je l’aiderais.” En espérant que les menaces étaient suffisamment importantes pour qu’ils choisissent de partir. De toute façon, dans l’état où ils se trouvent, ils ne chercheraient pas midi à quatorze heures.

Theodore était du genre assez prévenant, son état actuel ne changeait pas cela. Il était le parrain de l’association ‘sourire hôpital’ depuis une belle année, il avait côtoyé les accidentés de la vie par ce biais, mais son passage en tant que patient lui avait ouvert les yeux sur l’importance de la santé physique. Il se disait que la vie était injuste d’apporter ce genre de révélation qu’une fois qu’il est trop tard. Le plus dur le concernant, c’était cet espoir auquel il s’accrochait. Il n’était pas paraplégique, alors il bloquait sur l’éventualité qu’il puisse remarcher un jour. Ses chances étaient si faibles, mais puisqu’il y avait un espoir, il n'abandonne pas. Il ne faisait pas le deuil de sa vie d’avant, parce qu’il pensait pouvoir la retrouver, il n'adhère pas à l’idée d’une vie différente. Il attendait, travaillait pour avoir un retour à la vie normale, mais il était le seul à s’en faire cette illusion et désormais, il n'écoutait plus même les médecins qui lui disaient qu’un rétablissement relevait quasiment de l’impossible. Sans certitude implacable que c’était fichu, il refusait de se résigner.

Le magicien ne voulait pas qu’Archie risque sa vie en moto pour quelques dollars que représente une course en Uber. Il était prêt à avancer plusieurs arguments, même les plus malhonnêtes et culpabilisants pour l’autre. Le brun ignorait pourquoi, mais il avait prit en sympathie le dealer en quelques minutes à peine, sans le connaitre…

Des jeunes tentèrent de subtiliser leur VTC, Teddy n’hésita pas à aller à leur contact et leur faire savoir sa manière de penser. Il se pinça néanmoins les lèvres pour ne pas rire lorsque le second homme enchérit avec un lancer de roues sur ces maudits voleurs ! La bande qui leur faisait face était assez confuse face aux deux gaillards, assez pour qu’ils s’excusent et s’éloignent. Le chauffeur lui, était gentiment descendu du véhicule pour demander au magicien comment il pouvait l’aider à monter à bord. “ Vous m’avez l’air costauds tous les deux, j’pèse pas très lourd, vous n'avez qu’à me balancer à l’intérieur ! “ Riait le brun en mimant un geste d’un objet lourd lancé avec élan. Il s’en fichait pas mal, il avait tellement souffert ces derniers mois, qu’un peu plus ou un peu moins…

Sans être jeté comme un barbare, il fut finalement installé sur la banquette arrière. Il ne chercha pas à les aider, avec l’expérience il avait appris à se laisser porter car le contraire était surtout contre productif. Une fois assis, il attrape ses jambes pour les mettre à peu près dans l'alignement de son bassin. Le fauteuil fut plié et rangé dans le coffre et lorsqu’Archie le rejoignit il lui adressa un sourire rassuré de la voir là et non pas sur son deux roues. “ Ça t’arrive souvent de voler au secours des handicapés ? “ Ce mot dans sa bouche, ça lui faisait mal, mais il se faisait violence et en plus, avec le sourire ! “ Mais merci, j’peux m’estimer chanceux d’être tombé sur toi. “ Theo devinait sans mal que le jeune homme ne devait pas entendre souvent ce genre de phrase, il lui semblait bien seul.

Le véhicule se mit en route après que l’adresse fut indiquée au chauffeur, la course serait rapide d’après le conducteur. Avec les vibrations de la voiture, Theodore se sentait à nouveau somnoler, il était épuisé et avec le transfert fauteuil / voiture, il avait senti poindre un début d’hypoglycémie, il commençait à reconnaitre ce genre de sensations désormais.

En arrivant, il soupira, résigné à l’idée qu’il faille recommencer. “ Faudra pas faire trop de bruit, ma fille dort sans doute… “ Il s’en voudrait de réveiller Jenny à cause de ses conneries. Penser à Jenny pour oublier l’humiliation d’être à nouveau porté, extirpé du véhicule tel un corps objet. Son regard se perdait quelques secondes dans le vide, une brève absence après avoir retrouvé son fauteuil.

Ouais… La bonne blague qu’il remarchera un jour.

Il tendait la clé de chez lui à Archie, il lui faisait instinctivement confiance alors que la personne qui comptait le plus au monde pour lui dormait ici et qu’il n’était pas en mesure de la protéger. Sa maison était un pavillon résidentiel plain pied assez classique avec un grand jardin avec une piscine hors sol en bois pour sa fille ainsi qu’un trampoline dans lequel il ne pourra plus jamais bondir avec elle en riant comme deux idiots. Le voir chaque jour lui fendait le coeur… Il pourrait avoir beaucoup plus étant donné le contenu de ses comptes en banque, mais pourquoi faire ? “ Tu… Tu peux me pousser… S’il te plait. “ Demande-t-il finalement, la respiration saccadée par la honte et l’épuisement, incapable de faire avancer ses roues sur l’allée de la maison…

Tu étais surpris du courage de Théodore, il n’avait pas hésité à la rencontre de ces jeunes qui voulaient lui voler son VTC. Tu avais fait en sorte d’appuyer son acte mais tu savais aussi que tu serais le premier à le défendre si ses jeunes commençaient à être violent. La violence n’est pas quelque chose qui fait peur, des mauvais clients tu en as eu quelques uns mais tu fais toujours comprendre qu’on ne se joue pas de toi. Quitte à casser des genoux, briser des doigts. Tu arrivais toujours à obtenir ton but final et à te faire respecter en ayant l’argent que l’on te dois. Ce soir tu n’auras pas ce besoin de faire régner la peur par la violence, par le sang, les mots suffisent, lorsqu’ils partent tu finis par rire car tu dois avouer que tu ne t’attendais pas à une telle situation. Voilà qu’un second problème arrive, tu n’as pas demander un VTC spécial pour personne présentant un handicap, enfin tu ne sais même pas si cela existe, c’est rare que l’on pense à faire bien, on met tout le monde dans le même panier. Alors il faut improviser pour faire monter l’homme dans la voiture, le porter ou plutôt le balancer à l’intérieur selon ses paroles, pourquoi pas. C’est vrai qu'il ne semble pas très lourd. “Si t’es d’accord.” Que tu finis par dire. Tu finis par faire ce que l’on appel un transfert enfin plus exactement une sorte car cela doit être tout sauf médicale. Un homme de chaque côté, Théodore qui doit mettre ses bras au niveau du cou des hommes et voilà que vous arrivez à le déposer dans la voiture mais pas dans une douceur totale. On peux au moins dire que tu donnes de ta personne que pour une fois tu es humain, ce qui n’a pas été le cas depuis certainement des mois voire des années envers une personne que tu connais à peine.
“Au secours des handicapés, tu m’as bien regardé ? Tu m’as pris pour sœur Thérèse ?” Que tu dis en explosant de rire. C’est bien la première fois qu’on te prend pour une personne avec un cœur. En général, tu n’aides personnes, tu n’aides pas les grand mere a traverser avec leur courses, tu n’aides pas les personnes âgée à monter un trottoire un peu trop haut, tu ne donnes pas aux associations, tu ne donnes pas de petite pièce au sans domicile fixe qui dort dans la rue. Non vraiment ce n’est pas ta tasse de thé d’aider une personne mais ce soir c’est autrement. “Euuuh…” Tu en perds tes mots, il faut dire que tu es tout sauf habitué à recevoir des remerciements. On a beaucoup plus tendance à te mettre des bâtons dans les roues, faire en sorte que tu ne parviennes pas à ton objectif, voir même complètement à te rabaisser. “Chanceux je ne sais pas mais je sais pas pour toi ça me semblait normal.” Pourquoi pour lui ? Alors là il ne faudrait pas qu’il te pose la question car tu ne serais pas quoi y répondre. Ce soir, t’as un élan de bonté, qu’il en profite car il se pourrait que cela soit tout simplement unique. Puis la voiture se mit à rouler en direction du lieu donné, Théodore semblait un peu somnolant alors tu ne voulais pas l’enquiquiner, tu arrêtes la conversation ici et en profite pour regarder si ta belle dulcinée ne t'avait pas envoyé de message.
Une fille, ne pas la réveiller, tu regardes Théodore et tu te met à penser à quel âge pourrait avoir cet enfant. Tu ne sais pas et les mioches, c’est pas non plus ton délire. Même si tu n’émet pas qu’un jour ce soit impossible que tu es un enfant avec Maddie, mais il faudrait parcourir du chemin, énormément, beaucoup trop. Tu ne sais déjà pas te gérer toi même alors un enfant. “Elle dort toute seule ta fille ?” Que tu demandes comme question un peu bêtement.
En sortant du véhicule, tu aides Théodore avec son fauteuil roulant, puis il te tend ses clefs alors tu les prends, c’est la première fois que l’on te fais autant confiance. Tu dois avouer que cela te fait plaisir, te touche même. “Bien sûr” Tu le pousses en douceur, à la fois pour l’homme mais aussi pour cette petite fille qui dort à l’intérieur et qui aurait besoin de savoir que son père est en sécurité et surtout ne pas la réveiller. Tu finis par arriver à la porte d’entrée, pendant quelques seconde tu regardes la serrure pour deviner quel clé rentre dedans et du premier coup tu y parviens. “Tu veux que je t’attende là ?” Parce que tu ne voudrais pas être de trop.

Ce n’était pas dans la caractère de Theodore de prendre des risques physiquement, malgré ce que l’on pourrait penser de lui vu qu’il avait fini en fauteuil roulant. Il avait eu un coup de sang, comme on dit, lorsque les jeunes avaient essayé de subtiliser leur moyen de transport. Finalement, ils récupèrent le VTC et les deux hommes le chargent dans la voiture avec une délicatesse pondérée. C’est qu’à ce stade, il se fichait pas mal de sa douleur.

Le magicien pouffa de rire à la réponse concernant sa serviabilité. Il le remercia malgré tout, il ne savait pas comment il aurait pu rentrer chez lui sans l’aide du plus jeune. Il ne rebondit pas sur le fait qu’il prétendait qu’il n’aidait personne en temps normal, il peinait à le croire, mais il laissait faire. Le tatoué était peut-être tout simplement humble.

“ Oui, elle a presque quinze ans, c’est une grande. “ Bien qu’il n’avait pas vraiment eu l’occasion de la connaître lorsqu’elle était petite. C’était comme ça, mais s’il avait su, il aurait été présent, ça il le sait. Jamais il ne l’aurait abandonné toutes ces années. “ Je t’avoue que même si je suis là, comme je suis cloué au lit, je ne pourrais pas vraiment surveiller qu’elle ne fasse pas le mur ou que personne ne se faufile chez nous… Je suis obligé de lui faire confiance. “ S’il y avait le feu un jour, il ne pourrait même pas la sauver. Pour surveiller Jenny, il pouvait toujours installer un système de surveillance, mais il ne voulait pas être ce genre de père. Il savait qu’il n’était pas parfait, mais il faisait de son mieux pour elle. Il n’était pas à l'abri de mauvaises surprises… On ne l’est jamais.

Ils arrivent à la maison, c’était un soulagement pour le magicien que malgré la journée difficile, il soit arrivé à bon port.  Theodore demande au dealer de le conduire vers la porte d’entrée après lui avoir confié ses clés. “ Non, pousse moi à l’intérieur s'il te plait. “ Il allume l’interrupteur du petit couloir d’entrée, il fit signe au brun d’aller tout droit pour arriver sur une pièce de vie chaleureuse d’une atmosphère industrielle en bois avec un mur végétal et de nombreuses plantes. D’un geste, il désigne la partie salon et un placard qu’il ouvre péniblement pour chercher parmi les manteaux le sien. Dans une poche, il trouve enfin son portefeuille duquel il sort quelques billets, assez pour largement payer le trajet aller et retour.

La conversation se poursuit à voix basse. “ Tiens c’est pour toi, ne chipote pas sur le montant, tu vois bien que je m’en fiche. “ L’homme avait plus besoin de cet argent que lui, à son humble avis. Entre les billets, il avait joint sa carte professionnelle de directeur de l’escape game et d'illusionniste, mais il avait faufilé l’une des cartes sur lesquelles il avait noté son numéro personnel au dos.

Il usa de ses forces restantes pour faire tourner son fauteuil et à nouveau être face à son interlocuteur. “ Est-ce que tu veux boire ou manger quelque chose ? Peut-être juste… Un endroit tranquille où dormir ? J’te fais pas la charité, j’aimerais juste… Te rendre l’immense service que tu m’as rendu. Tu n’as pas idée à quel point j’étais désespéré de rentrer chez moi ce soir… “ Il ne le montrait pas, il avait un self control de fer pour avoir eu une longue carrière scénique, il fallait savoir manipuler son stress, sa peur, sa douleur…  “ J’m’y connais pas vraiment aux gens, mais je suis persuadé que tu n’es pas aussi nul que tu le crois, comme être humain. Pour toi, ça me parait évident.  “ Pour faire écho au fait que pour l’autre, cela a paru flagrant de l’aider dans ce bar…

Elle avait donc quinze ans, ce qui faisait d’elle en effet une grande, une adolescente, un adulte en devenir. “Honnêtement dans ton état ou pas, je pense qu’il est important de faire confiance à ses enfants.” Si ton père avait pu être comme ça, s’il ne t'avait pas privé de tout, alors tu aurais pris sûrement moins de liberté. “Tu es un bon père pour ce fait. Elle a de la chance.” Que tu lui admis, ce n’était pas seulement pour le rassurer sur son état et son rôle mais aussi parce que c’est ce que tu penses et tu ne te prives pas de lui dire. “J’avais un an de plus quand mon père m’a mis à la porte.” Une confession sur ta vie, que tu ne fais pas souvent. Tu n’aimes pas que l’on ait pitié de toi. Tu n’aimes pas non plus te remémorer ce souvenir qui reste à tes yeux douloureux.A sa demande une nouvelle fois tu t’exécutes le poussant à l’intérieur de chez lui, le menant à l’endroit précis où il le souhaite, et tu vois que désormais il a beaucoup plus d'aisance qu’à l’extérieur.Dans ta main se trouvait désormais des billets suffisamment pour payer à la fois le trajet des deux hommes mais aussi ton retour, et il restait encore de l’argent. Il te fit savoir de ne pas chipoter mais tu n’aimes pas que l’on te fasse l'aumône, mais est ce que Théo craquerait avant toi, tu n’y crois pas réellement, il a l’air aussi têtu que toi. Puis il pourrait le prendre mal, et ce n’est pas ce que tu veux, en voyant aussi les deux cartes, tu comprenais que tu n’avais pas envie de perdre une personne comme celle que tu venais de rencontrer. “Tu sais qu’un jour je te le rendrais ?” Tu ne sais pas comment mais tu sais que tu lui rendras l’appareil. Voulais tu continuer la soirée avec cette personne. C’est loin de ce que tu t’attendais en allant en boite de nuit. Toi qui voulait revendre, te mettre du son dans les oreilles et te défoncer. Voilà que tu avais ramener une personne présentant un handicap chez lui mais aussi à apprécier ce moment que tu trouves humain même chaleureux. Tu n’en étais pas à avoir envie de dormir chez lui, il faut dire que tu es un loup solitaire, tu dors que chez toi. Ce n’est pas spacieux, c’est même minuscule puisque c’est une simple chambre mais c’est chez toi. “Qu’as tu à m’offrir comme boisson ?” Tu dois aussi avouer qu’avec la défonce que tu as accumulée, tu as aussi le ventre qui gargouille te signalant de manger. “T’as envie de manger quelque chose toi ?” Les mots de Théodore faisaient écho dans ta tête, il était rare d’entendre que tu n’es pas si nul. Tu te souviens encore de ton père te traitant de minable et de bon à rien si souvent que ça a juste fini par rentrer dans ta tête. Aujourd’hui, tu te comportes de cette manière. Probablement que si tu avais eu un père qui ne voulait pas te modeler à sa façon, tu aurais pu devenir une autre personne mais désormais c’est trop tard. Tu ne peux pas te réinventer ou en tout cas tu ne serais pas comment faire, ni même comment commencer. Toutefois aider une personne dans le besoin et d’autant plus une personne en handicap, pour une fois cela t’avais parut une évidence. “Je sais pas, peut-être. Tu sais, je pense que ce qu’on m'a toujours dit.”

Faire confiance aux enfants, c’était quelque chose de difficile quand on est parent, parce que l’on veut que ceux-ci aient la meilleure vie, qu’il ne leur arrive jamais rien de grave. Néanmoins, il fallait se faire violence et accorder cette confiance. Il était curieusement touché, qu’un jeune encore inconnu il y a quelques minutes lui dise qu’il était un bon père. Peu de personnes lui avaient accordé ce titre jusque là. Alors il s’était contenté d'adresser un sourire reconnaissant à son sauveur du soir, pour lui témoigner sa gratitude d’avoir de tels mots à son attention. Parfois, aucun mot n’est à la hauteur des sentiments. Ce sourire ne dura pas, attristé d’apprendre qu’Archie avait été chassé de chez lui, il n’osait imaginer ce que l’on ressent dans ce genre de circonstances. “ Quoi qu’il se soit passé, c’était beaucoup trop jeune. “ Peu importe qu’il ait été un enfant difficile, c’était injuste et irresponsable de la part de son père. Dans sa voix, il était contrarié envers cet homme qu’il ne connaissait pas, mais qui avait fuit ses devoirs.

Ils entrèrent chez lui et Theodore se chargea de dédommager le jeune homme pour la soirée sans doute gâchée par sa présence, il n’en savait rien… Il le supposait simplement. “ Tu me l’a déjà rendu. “ assurait-il concernant l’argent contre les services rendus ce soir. “ Je sais pas, jette donc un oeil, je ne fais plus les courses… J’espère qu’il y a autre chose que du lait et du jus de mangue. “ Il n’aimait aucune de ces boisson tant consommées par Jenny. Il doutait que sa mère ait acheté de l’alcool, puisqu’il n’était pas sensé en consommé vu les quantités de médicaments qu’il ingère. Mais il devait bien rester des choses d’avant l’accident, mais le but de ce repas nocturne n’était pas vraiment de s’alcooliser après tout. “ Je serais pas contre une pizza ou des frites, à vrai dire, n’importe quelle cochonnerie du congélateur m’irait, toi aussi ? “

Une fois ces banalités dites, ils se dirigeaient vers la cuisine pour voir de quoi ils pourraient bien se sustenter. Le magicien glissa ce qu’il pensait de l’homme qui se trouvait chez lui. “ Si j’avais fais comme toi, je n’aurais pas vécu un centième de ce que j’ai eu la chance de vivre. Hm… J’parle pas de ça bien sûr. “ Il désigna avec un petit sourire la chaise roulante dans laquelle il se trouvait. Il se serait clairement passé de cette expérience là. Mais il avait toujours pensé par lui même, il avait toujours trop pensé d’ailleurs. “ Passe pas à côté de la personne que tu pourrais être à cause de personnes qui n’ont pas même idée de savoir qui tu pourrais devenir. “ Ce serait une belle erreur. Il voyait en Archie beaucoup de potentiel, mais il fallait que celui-ci l’accepte.

Il leva les yeux vers le contenu du congélateur, il désigna de l’index “ Prends la boîte au couvercle rouge, si c’est ce que je crois : on va se mettre bien ! “ Des burgers maisons qui dataient de la saison dernière, preuve que personne n’avait vraiment mis le nez dans les réserves depuis un moment, preuve que la maison avait été vide durant plusieurs mois… Il voulut s'approcher du four, mais les roues trop larges et la hauteur du four le rendait aussi ridicule qu’un enfant, il devait prendre sur lui pour ne pas enrager et s’efforcer de garder le sourire et ironiser “ En fait, mon pourcentage de survie dans ma propre maison est franchement pas élevé… Alors t’imagine dans un bar au bon milieu de la nuit ? “ Ça serait un calcul intéressant à faire, mais il n’y avait que Teddy pour trouver les maths passionnantes…