ari - i will battle for the sun

Un simple message d'Elias et ça avait suffit pour me faire vriller. "Tu devineras jamais qui est de retour en ville." Ari. Putain ce mec, j'ai tellement de choses à lui dire, tant de haine à lui envoyer à la tête. Il avait été un gouffre pour Avery, un puit sans fond de désespoir et il nous avait tous laissé dans l'incompréhension la plus totale. De savoir qu'il avait réapparu à Bowen, ces derniers jours, me remplissait de colère. Il fallait que je le retrouve et que je le mette en garde. Il était hors de question qu'il s'approche d'Avery, même pour une minute. Même si Elias m'avait dit qu'ils s'étaient croisé déjà, à la clinique. Je bouillonnais. Je devais le retrouver. Je ne réfléchissais pas trop dans ses instants, l'instinct fraternel que j'éprouvais pour Avery ne m'aidait pas à y voir plus clair. Sans réfléchir, j'étais allé chez lui, dans son ancienne maison, là où sa soeur et sa mère vivaient. Je m'étais présenté, calme, pour leur dire que je voulais revoir Ari. J'avais un peu menti histoire de ne pas les effrayer. Finalement, sa soeur avait vendu la mèche et m'avait indiqué son adresse. Je les remerciais et filais chez Ari. Je ne savais pas trop comment j'allais réagir en le voyant. Il avait brisé Avery mais il avait aussi brisé une amitié que nous partagions. Je l'aimais bien ce type avant, mais comment pouvait-il revenir la bouche en coeur, de cette manière. Il avait intérêt à avoir une sacrée bonne raison. Tête baissé, visage fermé, je filais sur ma planche de skate à travers Bowen à la rencontre de celui que je pensais ne plus jamais revoir. Une fois devant la porte, je tambourinais. C'était un peu violent comme approche, mais la colère m'animait et il fallait que je m'assure qu'Ari ne toucherait pas à un cheveux d'Avery.

@Ari Coleman

Il y a tout un tas de choses que je trouvais pénible dans la vie. Me lever le matin pour aller bosser, marcher en chaussette dans une flaque d'eau à la sortie de la douche, me rendre compte que j'ai oublié mes clefs à l'instant où je fermais la porte derrière moi .. mais il y avait aussi des choses plus sombres, plus graves qui arrivaient parfois. Alors oui, c'était pénible de repenser au fait que j'avais recouché avec Primrose, entre autres. Mais vous savez ce qui est plus pénible que tout? C'est de voir un proche souffrir. Ca, ça me déchire le coeur. Et Ari était la principale raison des douleurs d'Avery, des douleurs passées qu'elle avait su surmonter avec le temps. De savoir qu'Ari était de retour, dans cette ville, me mettait hors de moi. Je n'étais personne pour dicter les droits des allers et venues à Bowen, mais Ari était une exception. Il avait semé des larmes en partant d'ici, du jour au lendemain. Et on avait été nombreux à se retrouver bien seul face au désespoir de la belle Avery. Ari c'était aussi un ami, un véritable ami que j'appréciais vraiment. Avant qu'il disparaisse. Tel un fantôme. J'avais trouvé son adresse et j'avais tambouriné à sa porte. J'étais impulsif, beaucoup trop peut-être. Après tout, ces histoires ne me regardaient pas. Mais il était inconcevable que quelqu'un vienne troubler l'équilibre précaire qu'Avery avait enfin trouver. Ari ne tarda pas à ouvrir la porte. Il n'avait pas tellement changé depuis tout de temps. Mon regard était sombre. Il me salua l'air agacé que je vienne troubler la quiétude de sa soirée. Je restais sur le pas de la porte. Il me demanda comment j'avais trouvé son adresse. Mais tout ça, ça n'avait aucune importance. J'étais un peu plus grand que lui, mais pas suffisamment pour le surplombé, comme j'aurais voulu le faire. Je le pointais du doigt, la rage dans les yeux. "Je sais pas ce que tu es venu foutre ici à Bowen. Mais j'te préviens, tu t'approches pas d'Avery. Elle a pas besoin de toi. On a pas besoin de toi." Je parlais aussi bien pour elle que pour moi. Je ne répondais pas à sa question, ma colère ne me poussait qu'à une chose, être menaçant. Bien loin de ma personnalité habituelle.

Ari me fait face. Il semble agacé de ma présence ici, mais il n'a pas idée à quel point je suis agacé de la sienne à Bowen. Lui qui a disparu tel un fantôme il y a de ça plusieurs années, lui qui a laissé un grand vide dans la vie d'Avery et par extension dans beaucoup de celle de ses amis, se retrouvent aujourd'hui devant moi. J'ai de la colère pour lui, et elle ne tarde pas à exploser. Je ne peux m'empêcher d'être menaçant, de le pointer du doigt, et de lui dire ce que j'ai sur le coeur. Mes mots sont un peu rudes, mais nécessaires. Je veux protéger Avery, plus que tout. Et il est hors de question que Ari Coleman vienne mettre le bazar dans nos existences. Il semble calme, mais il prend le soin de venir sur le pas de la porte avec moi, comme pour éviter que quelqu'un à l'intérieur de l'appartement puisse entendre la conversation. Serait-il avec une fille ? Je m'en fou. La seule chose que je veux, c'est comprendre pourquoi il est parti et surtout m'assurer qu'il ne reviendra pas dans la vie d'Avery. Ari essaye de se justifier en disant qu'il est tombé sur Avery par hasard. Je ne sais pas si je dois y croire et pourtant il semble sincère. Je n'arrive plus à lui faire confiance. Je croise les bras moi aussi, je n'ai pas envie de me bagarrer avec lui. De toute façon, je ne sais pas me battre. Je veux juste impressionner. "Alors pourquoi t'es revenu ici ? Si c'est pas pour mettre le bordel dans la vie d'Avery, je ne vois pas." J'étais têtu et borné, et je n'arrivais pas à admettre qu'Ari puisse avoir de bonnes raisons d'être revenu à Bowen. Ari finit par s'excuser. Auprès d'Avery mais aussi auprès de moi. Il semble sincère, purée, ça n'arrange pas mes affaires. Je ne sais plus quoi penser. Je soupire, me calmant partiellement. "J'suis pas venu prendre des excuses. J'veux juste protéger Avery. Tu lui as brisé le coeur avec tes conneries, tu sais." Je marquais une pause puis je m'emportais à nouveau, parlant plus fort, sans pour autant être totalement animé par la colère. "Mais bordel, qu'est ce qui t'as pris de disparaître comme ça?" Si j'étais là, autant lui donner la chance de s'expliquer. Après tout, peut-être avait-il de bonnes raisons de s'être volatilisé du jour au lendemain.

La conversation était tendue. J'étais en colère. C'était une colère spontanée, et à vrai dire que je ne savais rien de l'entretien que Ari et Avery avaient eu ensemble. En fait, c'était surtout Elias qui m'avait envoyé un message, m'annonçant le retour d'Ari en ville. Je savais juste que Avery l'avait vu mais je n'avais aucun autre détail. J'étais du genre à foncer tête baissée, agacé de savoir qu'il était revenu et bien décidé à le prévenir qu'on ne voulait pas de lui, surtout pas dans le petit coeur d'Avery. C'était une réaction épidermique. J'avais été menaçant et puis parfois j'me calmais un peu. J'étais pas un furieux, je n'avais aucune envie de me battre avec Ari. C'était pas mon genre. J'voulais pas d'histoires. J'voulais juste qu'il reste loin. On avait assez souffert de sa disparition. Je secouais la tête, soupirant un peu. "J'espère juste que tu dis vrai. J'veux pas la ramasser à la petite cuillère, encore une fois." J'voulais bien marquer le fait qu'il avait détruit son coeur et je voulais qu'il soit conscient du mal qu'il avait fait. Il semblait tout de même assez lucide sur la situation puisqu'il s'était excusé, envers Avery mais aussi envers moi. J'étais son pote après tout, on avait passé des supers moments ensemble et tout s'était arrêté beaucoup trop brutalement. Ses excuses avaient eu l'effet de m'apaiser un peu. J'voulais pas hausser le ton et passer pour un aboyeur de première catégorie. J'lui avais simplement dis qu'il avait brisé le coeur d'Avery et il ne tarda pas à avouer qu'il savait qu'il avait merdé. Je l'écoutais puis reprenais la parole, un peu incisif. "Les excuses, ça fait pas tout." J'étais pas agressif, enfin moins qu'au début, mais j'étais encore sacrément énervé. J'lui avais demandé des explications, lui laissant le bénéfice du doute. J'l'écoutais alors, les bras croisés sur mon torse. Je disais rien, j'le laissais parler. Ce qu'il me racontait était difficile à encaisser. Il avait appris qu'il était père d'une petite fille qui se retrouvait sans sa mère. Il avait décidé d'aller à sa rencontre et n'avait pas osé revenir par ici. J'étais partagé entre deux ressentiments. La compassion d'abord, ce qu'il avait vécu ne devait pas être facile, et puis l'incompréhension aussi. "En fait, ghoster les gens et disparaître, c'est ta spécialité quoi." Ouais, bon c'était pas très gentil. Je soupirais, me rendant compte que j'avais été méchant. "Putain, désolé mec, j'voulais pas dire ça. Mais t'as reproduis la même erreur, deux fois. On était pote, il y avait du monde qui comptait sur toi ici, et on aurait pu être là pour toi tu vois." Je ne sais pas si Avery aurait accepté la situation, je ne sais pas si les choses auraient pu s'arranger, mais au moins, il aurait eu le mérite d'essayer. Ari devait se trouver dans une tempête émotionnelle assez intense, le tout avec un enfant à gérer. Je me rendais compte de ça, seulement maintenant. "Mais attends, ça veut dire que là, t'as genre, ton enfant, là, chez toi?" J'me rendais compte à quel point la situation d'Ari était complexe, j'essayais de composer avec tout ça. Très clairement, la colère était retombée, mais pas le sentiment de trahison. J'étais pas un mauvais gars, les gens avaient le droit à une seconde chance, à condition d'la mériter. Ari avait encore un long chemin à faire pour se faire pardonner, mais il fallait reconnaître qu'il avait des raisons d'avoir quitter Bowen. Il aurait pu le faire autrement. Très certainement.

Très clairement, j'oscillais entre la colère et la compassion. C'était déjà beaucoup mieux qu'au début où je n'avais été qu'aveuglé par la rage. J'étais parti bien décidé à lui casser la figure à Ari mais j'm'étais résigné. Déjà parce que je ne sais pas me battre. Ce qui constitue en soit une raison suffisante. Et puis surtout parce que Ari, ça avait été un pote. Un très bon pote. Le genre de gars qu'on aime avoir dans son entourage. Et j'pouvais me résoudre à lui en foutre une. Même si, avec son comportement passé, il l'aurait bien mérité. C'que je voulais surtout, c'était protéger Avery, m'assurer qu'il resterait bien éloigné de son petit coeur. J'crois que le message était passé et finalement, Ari avait réussi à me calmer, par son propre calme et ses explications. J'lui avais fait une sortie blessante avant d'me raviser et de m'excuser. J'étais sur un fil et j'aimais pas m'entendre être méchant de la sorte. Après tout, j'étais qui pour juger? Moi aussi j'avais fais des erreurs et je n'aimais pas trop qu'on m'les renvoie constamment dans la tête. Cela dit, je n'avais pas déserté Bowen du jour au lendemain. Ari avait beaucoup de choses à se faire pardonner. Mais il m'expliqua pourquoi il était parti. Et ça m'avait un peu radoucit. C'qu'il avait vécu, c'était pas commun. Mais j'lui en voulait d'pas nous en avoir parlé à l'époque. J'aurais pu être là pour lui, tout comme Elias et peut-être même Avery. Je l'écoutais, il s'en voulait, ça se voyait. Mais c'était fait. C'était sûrement trop tard. Je soupirais. "J'imagine ouais. Ca va être long voire impossible de réparer tes erreurs, tu le sais ça, Ari." J'pouvais pas lui dire que tout irait bien, ça serait un mensonge. Les blessures et les ressentis, ils étaient bien présents. J'pouvais pas redevenir ami avec lui, en un claquement de doigts. Mais après tout, est-ce que tout le monde n'a pas le droit à une seconde chance. J'm'étais définitivement radoucit, d'autant plus que j'avais capté qu'il avait sa fille là, juste derrière lui dans cette maison. J'étais bien heureux de ne pas l'avoir frapper ou hurler davantage. J'étais pas un monstre, j'aimais bien les enfants, j'étais moi même un oncle en admiration devant la fille de mon frère, alors j'me serais voulu de l'avoir effrayer. Je soupirais à ses mots. "J'suis bien content de pas t'avoir casser la gueule alors." Je lâchais un petit rire. Savoir qu'Ari était le père d'une petite fille, ça me faisait vraiment tout drôle. On était si jeune quand il était parti. "Putain, toi, Ari Coleman, papa. J'en reviens pas. Ca a du bien chamboulé ta vie quand même." J'étais songeur, j'sais pas comment je réagirais si une nana m'annonçait qu'elle était enceinte. En fin si, je sais exactement .. je serais un putain de lâche. Ari avait au moins le mérite d'avoir endossé ces responsabilités, tard certes, mais tout de même. Fallait bien lui reconnaître ça.

Plus le temps avançait et plus je devais me rendre à l'évidence. J'étais quand même content de savoir qu'Ari était revenu par ici. Parce qu'avant de disparaître comme il l'avait fait, on avait vraiment partagé une belle amitié. Les souvenirs étaient nombreux et souvent baigné de rires et de conneries. C'était ça, le vrai lien qui nous avait uni. Et puis, tout avait changé, du jour au lendemain. Il était sorti de nos vies, emportant avec lui tout les bons sentiments, tel un voleur. Ca n'avait pas été facile, pour personne et encore moins pour Avery. J'l'aurais toujours en travers de la gorge mais j'pouvais pas me résigner à n'éprouver que d'la colère pour Ari. C'était impossible. J'étais ce type de gars qui s'emporte très vite mais qui redescend en un battement de cils. Parce que j'suis pas rancunier. Pas le moins du monde. Cela dit, je ne perdais pas de vue le fait que Ari pouvait éventuellement refaire du mal à Avery. Ca, c'était hors de question que ça arrive. Mais quand il s'agissait de ma relation amicale avec lui, j'pouvais pas la piétiner comme ça. J'lui avais dis, droit dans les yeux que le chemin de la rédemption serait long, escarpé, peut-être même impraticable mais après tout, Ari avait le droit à une seconde chance. Je souris en entendant ses mots. J'imagine le chamboulement qu'il avait subi. J'pouvais pas ignorer ça et lui tourner le dos. C'était pas dans ma nature. Peut-être qu'Avery ou Elias m'en voudraient, mais j'pouvais pas refuser la perche qui me tendait. Tout le monde avait le droit à une seconde chance. Et c'était peut-être plus malin de renouer les liens, plutôt que de le laisser dans l'obscurité. Il avait sûrement besoin de ça Ari. Et puis, aussi, par extension, lui prouver mon soutient le dissuadera peut-être de venir trop mettre le bazar dans la vie d'Avery. Je souris. "Si c'est une proposition pour une petite bière, tu sais que j'sais pas dire non." La meilleure façon d'avancer, c'était de faire fi du passé. Ari rouvrit la porte qu'il avait prudemment fermée auparavant de peur de notre conversation dégénère, et j'le suivais à l'intérieur. J'avais une pensée pour Avery à ce moment. J'espère qu'elle ne m'en voudrait pas trop de sympathiser avec "l'ennemi". Mais, j'sais pas, d'le voir en face de moi, il semblait sincèrement désolé, il avait peut-être tout simplement trouver les bons mots pour apaiser la colère. "Et t'as réussi à trouver un boulot à Bowen alors?" J'voulais en savoir plus sur ce qu'il avait vécu pendant toutes ses années, mais j'voulais pas que ça se transforme en interrogatoire, alors j'lui posais plutôt des questions concernant son présent. Après tout, le passé était dernière nous, aussi douloureux qu'il soit.

Après quelques explications et devant la mine sincèrement désolée d'Ari, j'avais pas pu rester campé sur mes positions initiales. Ce qu'il avait fait, c'était il y a longtemps et j'avais cette tendance continuelle à croire à la seconde chance. Je n'étais pas un saint non plus, j'avais aussi par le passé fait des erreurs, et on ne pouvait pas continuellement ressasser tout ça. Fallait avancer. Et quand Ari m'avait proposé une bière, je n'avais pas pu refuser. La tension était largement redescendu et lorsqu'on entra dans l'appartement, un petit chiot fit son apparition. L'animal s'approcha de nous tout guilleret et j'pouvais pas m'empêcher de m'accroupir pour le caresser. Les p'tites boules de poil comme ça, j'pouvais pas résister. Je riais à son commentaire. "T'aurais du me sortir tout de suite ce p'tit chiot et j'aurais totalement oublié d'me mettre en colère." Je suivais Ari vers la cuisine, et il me tendit une bière. J'le remerciais d'un geste de la tête et acquiesçais quand il s'en alla quelques instants pour aller voir sa fille. Durant son absence, j'me laissais encore tenter aux yeux pétillants du petit chiot qui était constamment en demande de caresses et d'attention. J'me redressais une fois qu'Ari revenait. "Tout va bien pour elle?" que j'lui demandais, sans vraiment réaliser qu'il s'agissait belle et bien de sa fille.  J'écarquillais un peu les yeux en apprenant qu'il était devenu enseignant. C'était marrant de l'imaginer à la tête d'une classe d'élèves. Le sourire aux lèvres, j'plantais mon regard dans le sien. "Ah ouais, genre, les enfants c'est ta révélation quoi!" Je riais un peu, puis j'redevenais un peu plus sérieux. "Nan, mais en vrai, ça me fait plaisir de voir que t'as trouvé ta voie. C'est pas trop .. épuisant?" Moi, les enfants, j'les aimais bien. Mais de là à gérer une classe, c'était impossible. J'étais moi même un gamin. Je n'imagine même pas l'état d'une classe après mon passage. Je réfléchis un peu à sa question. J'crois que lorsqu'il était parti, j'étais encore avec Primrose. Ari m'avait donc beaucoup connu en couple. "Ca va faire deux ans que j'suis plus avec Prim'. On s'est séparé et depuis, c'est assez calme. Sinon, j'suis toujours dans la p'tite station service à la sortie de la ville, j'ai pas tellement bougé." Ari avait vécu tant de changement, et j'me rendais compte que moi, j'avais un peu stagné. Le temps passe si vite. Parfois, faire le bilan, ça me foutait un peu les boules, d'voir que j'étais toujours au même point. Je souris à Ari tout en levant ma bière vers lui. "On peut trinquer .. à ton retour et espérer qu'il soit le plus .. paisible possible, pour tout le monde." C'était une bonne manière de formuler mon véritable souhait qu'il reste loin d'Avery et qu'il profite de son côté pour se reconstruire. Nos bières tintèrent l'une contre l'autre et j'en buvais une gorgée. "T'étais où, du coup, ces derniers temps, avant Bowen?" C'était encore un peu flou dans ma tête le parcours d'Ari, et j'comptais bien éclaircir les zones d'ombre, histoire de comprendre au mieux ce qu'il avait traversé.

J'm'étais radoucit face à Ari. Parce que dans le fond, c'était un mec bien. J'en étais sûr. J'lui avais laisser l'occasion de s'expliquer et les raisons d'son départ n'étaient pas si improbables que ça. Il y avait une histoire d'enfant. Et j'pouvais tout à fait comprendre que ça avait beaucoup pesé dans la balance pour qu'il finisse par opter pour un départ. Cela dit, je gardais toujours en tête le mal qu'il avait fait à Avery et la façon très lâche dont il avait disparu de nos vies. J'étais pas rancunier, c'est pour ça que j'lui laissais une seconde chance. Me promettant d'le garder à l'oeil, lui et Avery. Il m'avait proposé une bière. J'pouvais pas refuser. C'était sympa de sa part de bien vouloir m'inviter chez lui après lui avoir un peu hurler dessus. Preuve que lui aussi voulait aller de l'avant. Il s'était absenté pour aller voir si sa fille allait bien. J'avais encore bien du mal à concevoir que Ari Coleman avait une fille mais j'allais bien finir par m'y faire. Je l'écoutais me parler de la parentalité. J'souris un peu, me rendant compte qu'il avait bien changé Ari, dans ce domaine là. "J'ai un peu du mal à concevoir tout ça, mais ouais, j'veux bien te croire sur parole." J'le sentais un peu plus apaisé Ari, plus responsable. J'apprenais qu'Ari était professeur des écoles et il me racontait que la première année était compliquée. J'aimais bien les enfants mais de là à m'occuper d'une classe entière, c'était largement au dessus de mes forces. Fallait une sacrée dose de patience, dont j'étais totalement dépourvu. J'lui avais confié que Primrose et moi n'étions plus ensemble. Les choses avaient un peu bougé de ce côté là et je haussais un peu les épaules à sa question. "C'est moi qui suit parti. J'l'ai un peu quitté du jour au lendemain. Ca a surtout été dur pour elle à vrai dire." Moi aussi j'étais pas un exemple quand il s'agissait de rompre des relations. J'avais peiné Primrose, par ma décision sortie de nul part. J'avais juste flippé de l'engagement. Finalement, on trinqua nos bières fraîche l'une contre l'autre, en souhaitant un retour paisible pour Ari. Et pour Avery par extension. J'pense qu'il savait que je garderais un oeil sur cette relation et que je n'étais pas le seul qui le ferait. Elias, le frère d'Avery serait probablement moins souple que moi. J'étais plutôt dans une réaction épidermique qui redescendait vite. Concernant le tempérament d'Elias, il était bien différent. Moins spontané mais très probablement plus incisif. Sans aucun doute. On discuta ensuite de ce que Ari avait fait durant son absence. J'écoutais tout attentivement. Ca n'avait pas du être évident de débarquer dans la vie de sa fille de cette manière, trouver sa place de père, se construire avec ça, c'était assez vertigineux. "T'avais pas eu de nouvelles de la mère de Joy avant tout ça?" J'comprenais un peu mieux tout ce que Ari avait vécu, le temps que ça avait pris. J'prenais une gorgée de bière. Avant de reposer la bouteille sur le comptoir. "C'est sacrément courageux ce que t'as fait pour ta fille. Plus d'un aurait détourné la tête face à cette situation." Je m'incluais totalement dans le panier, la responsabilité paternelle, c'était un truc qui me filait les jetons. Au plus au moins. J'pouvais au moins reconnaître qu'Ari, pour le coup, il avait été assez classe d'assumer sa fille de cette manière.