ari - i will battle for the sun

L'amour parental, ça me causait pas tellement. D'autant plus que j'avais moi même été abandonné par mon père à l'âge de 10 ans. Il nous avait laissé, ma mère, mon frère, ma soeur et moi. J'crois qu'à partir de ce moment, j'avais un peu perdu foi en l'amour que des parents pouvaient éprouver envers leurs enfants. Ma mère, elle était restée et elle nous aimait c'était certain. Mais je n'avais jamais revu mon père depuis. Dix-huit ans plus tard et j'avais encore du mal à accepter ce qu'il s'était passé. Alors devenir père, un jour, à mon tour, c'était très difficilement envisageable. Cela dit, j'étais quand même content de voir qu'Ari s'était découvert cet amour là pour sa fille. J'lui souhaitais qu'une chose : que ça continue ainsi. On en vint à parler de Primrose et j'lui avais avoué que j'avais été assez lâche avec elle, et que j'avais décidé de la quitter du jour au lendemain. Je haussais un peu les épaules à sa question. "Non j'regrette pas, même si c'est plus aussi clair que ça l'a été, ces derniers temps." On s'était retrouvé, le temps d'une nuit, et ça avait un peu mis de bazar dans ma tête depuis. J'arrivais pas tellement à dealer avec tous ces sentiments. L'amour, j'avais jamais été un très grand professionnel dans ce domaine. Mon comportement était toujours en dent de scie, oscillant entre des gestes tendres et des agissements digne d'un vrai petit con. Ari me confia ensuite la façon dont s'était déroulé sa vie à Brisbane, avec la rencontre de sa fille. Il n'avait jamais revu la mère de Joy. C'était assez tragique cette histoire quand même, pour la petite. "Et Joy, comment elle a vécu la disparition de sa mère?" Ari savait qu'il avait été lâche face à la mère de sa fille, comme il l'avait été envers Avery aussi. Je soupirais en écoutant ses mots. J'étais moi aussi lâche, à ma manière. "J'crois qu'on est un peu à un moment de notre vie où on doit prendre des décisions, et c'est pas toujours évident de prendre les bonnes." Ari avait sacrément des casseroles à se trimballer, mais j'étais qui pour le juger? A condition qu'il reste bien loin d'Avery, c'était ma seule condition. Ari avait eu moins eu le courage d'assumer sa fille. C'était peut-être là la preuve de courage la plus puissante qu'il pouvait faire. Ari semblait conscient des erreurs qu'il avait commise. "Tu sais Ari, si sur le moment ça te paraissait la chose la mieux à faire, alors faut pas avoir de regrets. Faut juste être conscient que tes propres actes ont des répercutions sur les autres." Après tout, nous étions tous libres de faire ce qu'on voulait de notre vie. Il fallait juste avoir conscience que la lâcheté, ça se payait toujours un jour ou l'autre. Les mots d'Ari me réchauffèrent un peu le coeur. J'lui souris. "J'suis content de l'avoir fait aussi tu sais. Pas mécontent d'voir la tournure de la situation aussi." J'désignais ma bière d'un geste de la main. "J'aurais bien été incapable d'te faire du mal cela dit." J'grimaçais un peu. Ari savait aussi bien que moi que j'étais absolument pas bagarreur. Un peu sanguin tout au plus. "Ca fait plaisir de te revoir ici. On a beaucoup de temps à rattraper." Je lui souris, presque amicalement. Ouais, Ari Coleman m'avait pas mal manqué durant toutes ses années, j'devais bien l'admettre.

J’pouvais que acquiescer lorsque Ari parla des exs. C’était jamais simple, toujours un peu emprunt de nostalgie, parfois un peu ambiguë, j’étais tout à fait d’accord avec lui. Cela dit, il se reprit un peu, se rendant bien compte que c’qu’il venait de dire ne collait pas tellement avec c’qu’il avait dit de sa situation avec Avery. J’espérais vraiment qu’il n’allait pas tenter de mettre le boxon dans la vie de la jeune femme. Elle n’avait pas besoin de ça. J’sais pas tellement comment se positionnait Ari par rapport à ça mais d’après ce qu’il m’avait dit, il tenterait de rester loin d’elle. J’me doutais bien, au fond d’moi, que c’était pas tout à fait la vérité mais j’pouvais pas juger sur quelque chose qui n’était pas arrivé. Mais j’manquerais pas d’lui en reparler si j’venais à apprendre des trucs en rapport avec Avery et lui. J’sais pas comment j’me positionnerais, faudrait que j’en parle avec Avery aussi, histoire d’voir comment elle vivait ces retrouvailles. Moi j’avais simplement foncé tête baissé lorsque j’avais reçu le message d’Elias, supposant qu’Avery n’avait pas envie de se retour mais en fin de compte, j’en savais rien. Peut-être qu’en parler à la première concernée, ça serait une bonne idée. J’étais quand même curieux de savoir ce que Ari avait traversé durant toutes ses années, sa paternité nouvelle, son engagement auprès de sa fille, tout ça, c’était honorable. Malgré la fuite qu’il avait faite au début. Ari me raconta un peu les début d’avec sa fille, difficile, vu la situation. Mais j’crois qu’il avait pris sacrément d’la maturité Ari, et ça me faisait quand même tout drôle d’le voir comme ça. Finalement, on continuait de boire nos bières, discutant un peu de tout ça, on était encore un peu sonné par cette altercation qui c’était terminée d’une manière plutôt douce. Dans le fond, j’étais content de retrouver Ari, j’pouvais pas me mentir à moi même. Ca avait été un super pote, un mec sur qui j’pouvais compter. On s’mettait d’accord mutuellement pour dire qu’on avait un sacré paquet de temps à rattraper. Ce n’était que le début de son retour, et j’avais la sensation qu’il comptait bien rester ici une bonne fois pour toute. J’sais pas si j’pourrais un jour lui refaire confiance, mais il avait le droit à une seconde chance. C’était à lui maintenant d’faire ses preuves. J’souris à ses mots. "Tu sais que j’suis toujours partant pour faire la fête !" Je marquais une pause avant de rajouter, plantant mon regard dans le sien. "Tu peux compter sur moi." Ca valait autant pour les fêtes que pour le reste. J’voulais lui montrer que j’lui tendais la main, et que j’étais prêt à faire table rase du passé. J’sais pas si j’pourrais le défendre face à Avery ou à Elias, mais je l’enfoncerais pas.  J’reposais ma bière vide contre le comptoir et j’tapotais mes mains rapidement dessus, l’air de dire "allé, je ne m’éternise pas". J’me redressais, m’approchant d’Ari en contournant le comptoir. J’tendais les bras vers lui pour venir lui donner une franche accolade ferme. J’lui donnais une tape dans le dos, amicale. Cette petite étreinte, elle était là pour sceller un truc. Pour fixer une bonne fois pour toute son retour. "Mec, on se revoit vite. T’as mon numéro. Re-bienvenue ici." J’lui souris, avant d’prendre la direction de la porte. "Bonne soirée avec ta fille et tu le sais mais .. tout est entre tes mains." J’lui adressa un petit signe de tête avant d’ouvrir la porte et d’la franchir. J’me retrouvais à l’extérieur, et j’pris la direction d’mon appartement. J’savais pas trop ce que tout ça donnerait par la suite, mais j’resterais attentif. Pour sûr.

FIN